Défi de Tiphaine
Qu’est-ce qu’on se fait chier dans c’te zone… Y’a jamais rien à branler…
C’est naze, ça pue à mort, c’est merdique…
L’dimanche, on prend nos biclous et on va chez Fred, chez ouam ou chez Titi, on écoute des skuds, on boit le narpi de nos ieuvs, on fume des tarpés… Le lundi aussi… Ben les autres jours aussi…
Des fois, on va se baquer à la pistoche, quand i fait trop auch, mais ça schlingue à mort le chlore alors on se casse vite fait…
On se fait chier dans c’te zone de merde…ça craint du boudin…
Les meufs, c’est toutes des thons ou des cageots, pas un seul canon à galocher…
Bonjour l’angoisse…
Quand on n’était pas au chom’du, on prenait le reureu tous les matins, on matait les tronches des marlous, on s’marrait bien.
Là c’est la gerbe, on a niqué nos exams, niqué nos boulots, carrément, on n’était pas faits pour taffer…
Mais qu’est-ce qu’on se fait grave chier ici…
On va pas piquer les zomblous des branleurs de la haute, on va pas flinguer les patrons, on n’a pas les couilles pour ça…
On se fait iech, carrément…
Des fois, on croit au bonheur, mais l’bonheur, c’est rien qu’du chagrin qui se r’pose comme dit Léo.
Tiens, t’as qu’à voir, l’autre jour, avec Fred et Titi, on r’montait vers chez ouam quand on a croisé une vioque qui sortait du prisu.
Elle nous r’garde en souriant, pas nette la mamie, genre qu’a pas peur des loulous. Elle nous cause :
- Dites-moi, jeunes gens, vous m’aideriez à porter mes paquets jusqu’à chez moi, j’habite au cinquième étage ! En échange, je vous donnerai du shit !
Z’y va qu’on s’est dit, c’te vioque c’est le père Noël !
Tu penses qu’on lui a porté ses paquets, et vite fait, ses escaliers on les a montés en vitesse, fallait voir comment qu’ on y mettait du cœur à l’ouvrage !
La vioque elle suivait à p’tits pas, elle était contente, tu penses !
Elle a ouvert la porte de sa baraque, elle nous a dit de la suivre jusqu’à sa zinecui, ben nous on a suivi, on le voulait notre shit !
Elle a ouvert son frigo et là, elle a dit :
- Shit orange ou shit citron ?
Des fois, on croit au bonheur, mais l’bonheur, c’est rien qu’du chagrin qui se r’pose