C’te blague ! (Poupoune)
C’te blague !
- C’est l’histoire d’un mec…
- Ta gueule !
- Ben attends, j’ai à peine commencé !
- On la connaît ta putain d’blague !
- Tu sais même pas laquelle c’est !
- Tu racontes la même tous les jours…
- Ouais, mais hier il était pas là, Dédé, il la connaît p’t’êt’ pas, lui.
- Bien sûr qu’il était là, hier, Dédé, où tu voulais qu’y soit, sinon ?!
- Il était là hier ? T’étais là hier, Dédé ?
- …
- …
- …
- Ben y dort, on dirait. Quelle heure c’est ?
- L’heure de l’apéro. Allez, à la tienne.
- A la tienne… Et donc, le mec, y…
- Ah non, merde ! Arrête, j’t’ai dit ! J’veux plus l’entendre ta blague pourrie ! Elle est même pas drôle !
- Ah là t’es vache ! Elle est vachement marrante… Moi la première fois j’ai tellement ri qu’j’me suis pissé d’ssus !
- Tu t’pisses toujours dessus, Georges, et ça a rien à voir avec les blagues…
- …
- …
- …
- Allez, fais pas la gueule… Tiens, bois un coup.
- …
- Allez, bois, j’te dis, ça t’f’ra du bien.
- Pourquoi tu m’laisses pas la raconter, ma blague ?
- Oh merde, Georges, tu vas pas nous faire un fromage pour une connerie pareille ?
- Ben c’est toi qui fais un fromage ! C’est qu’une p’tite blague, pas un discours de deux plombes… j’vois pas c’que ça fait que j’la raconte.
- Ça fait qu’ça m’pète les couilles de t’entendre la rabâcher tous les jours ! J’en peux plus… tu comprends pas ça ?
- Non…
- Putain, Georges, t’es lourd…
- Mais enfin merde, qu’est-ce ça fait si j’prends cinq minutes pour la raconter ?
- Ça fait chier, Georges, ça fait chier…
- …
- Si au moins tu connaissais la chute…
- …
- …
- C’est l’histoire d’un mec, …
Echauffourée à la cour des miracles.
Deux SDF ont été retrouvés cette nuit, hilares, l’un baignant dans son sang et son urine, l’autre armé d’un tesson de bouteille. Il a été interrompu alors qu’il gravait sur le front de son acolyte ces mots mystérieux : « c’est l’histo ». Il n’a pas précisé ce qu’il comptait écrire. Un troisième homme, présent sur les lieux au moment des faits, semble n’avoir rien vu et rien entendu de la scène sanglante et n’a pas été capable d’aider la police. Aucun n’ayant porté plainte, les trois hommes ont été relâchés après une nuit en cellule dégrisement.