intérieurs nuit (tiniak)
Et puis ce fut le noir complet.
La lourde porte réputée inviolable avait cédé comme prévu. Il leur restait quinze bonnes minutes pour achever de boucler leurs trois sacs bourrés de coupures de dix, de vingt et de cent, puis déguerpir avant que le brouilleur de codes électroniques ne soit repéré pas la prochaine mise à jour du système.
Elle avait mis les petits plats dans les grands, c'était peu de le dire. Elle recevait quelques collègues et leur chef de département. Parmi ces huit invités, il y aurait le beau Sean. Tout était fin prêt, des petits encas au soufflet dans le four qui croûtait gentiment – thermostat six. Elle se résolut à passer sa dernière acquisition vestimentaire : une folie, bien sûr.
Ils s'embrassaient comme s'ils devaient mourir demain et leur baiser, parmi les tout premiers, leur promettait d'atteindre bientôt le septième ciel. D'ailleurs, ils s'élevaient en effet vers le cinquième étage, dans l'ascenseur cossu qui leur offrait enfin un peu d'intimité.
Il avait parié gros. Obligé. Ces gains lui rapporteraient de quoi se refaire et il était grand temps. Pour ainsi dire, il avait joué à quitte ou double. On approchait les toutes dernières minutes du match. Le score lui était favorable, mais de peu. Il tendit la main vers sa quatrième canette.
Elle refermait doucement la porte d'entrée en réprimant un gloussement de satisfaction. Mais le sourire qu'elle avait esquissé retomba devant le capharnaüm qui l'accueillait dans le couloir. Evidemment, ses mecs, mari et enfants s'en étaient donnés à cœur joie et lui laissaient le plaisir de remettre tout ça en ordre. Tenant du bout des doigts le bracelet que Pierre lui avait offert, elle se demandait si le mettre parmi ses autres bijoux constituait une cachette valable.
Elle enjamba un camion de pompier.
zip, poum, aïeeeeeeeuh !
ah nan, putain ! nan nan nan !
oh ? tsi hi.
et merde !
c'était qu... wiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii