Le dernier homme (Moon)
Le dernier homme sur la Terre était assis tout seul dans une pièce. Il y eut un coup à la porte...
Tétanisé, lui qui avait bien compris que cette bombe à plasma ne pouvait avoir laissé beaucoup de vie sur la planète, il n’osait bouger. Il pensa que le vent avait soulevé un débris… Il resta assis triturant les cordons de sa combinaison. Il regrettait tellement son expérience… Bien sûr, ses théories étaient ainsi avérées mais avec qui partager ce triomphe maintenant ? Le prix de sa certitude était une épouvantable solitude.
Le bruit sur le devant du laboratoire se répéta. Cette fois, il sursauta !
Ce ne pouvait être une coïncidence. Il se leva, monta le bouton de volume du micro extérieur et entendit une sorte de souffle, comme un halètement… et un piétinement lourd.
Les caméras extérieures du laboratoire avaient été soufflées et seul le micro avait résisté. Il ne pouvait donc pas voir de quoi il s’agissait.
Le son qu’il entendait lui était pourtant familier mais la grande confusion dans laquelle l’explosion l’avait plongé l’empêchait de lier ce bruit à une quelconque réalité.
Il passa 4 ou 5 minutes à écouter et quand il comprit, incrédule, il se dépêtra de sa combinaison, passa sous le portique anti-radiations et ouvrit le sas. Il s’attendait à ressentir des effets secondaires, des fourmillements ou des maux de tête mais rien ne semblait se passer de tel. Il courut presque jusqu’à la grande porte, tourna le volant de déverrouillage et tira vers lui le lourd battant.
C’était bien ce qu’il avait supposé : un cheval se tenait là sur le porche bétonné, sellé, hagard et écumeux.
Comment diable avait-il pu survivre ?
Richard tenta de l’apaiser en tendant la main vers son chanfrein. L’animal recula brutalement prêt à se cabrer. Richard sifflota comme le faisait son grand-père à l’écurie. Le cheval tourna ses oreilles et sembla revenir à la conscience. Richard avança vers lui très doucement et lui flatta le col. Il lui fallut une demi-heure pour l’apprivoiser et, à ce moment-là, il put le monter.
L’animal partit alors ventre à terre et Richard fut bien obligé d’oublier les belles attitudes apprises dans son enfance. Il se vautra sur le dos du cheval et accroché à la crinière, il ferma les yeux pour ne pas voir les obstacles qui fonçaient vers lui. Le galop dura très longtemps aux yeux de Richard qui pensait idiot de mourir maintenant d’une chute de cheval.
Mais la bête, épuisée sans doute, s’arrêta devant un autre bâtiment du campus, déserté de toute vie lui aussi. Richard descendit avec bonheur, étonné une fois de plus d’avoir survécu et s’approcha de l’entrée du pavillon. Il lut : Unité de Cytologie. Son cœur se mit à battre à toute allure tandis qu’il poussait la porte… Une idée venait de lui traverser l’esprit. Il entra dans les chambres froides qui avaient continué de fonctionner et trouva ce qu’il supposait être là : un grand container cylindrique étiqueté « stockage d’ovules ».
Une nouvelle série d’expériences allait être nécessaire mais lui seul serait le cobaye cette fois…