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Le défi du samedi
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1 juin 2009

JAMAIS QUITTES (tiniak)

Basse-Terre, le 13 août 1985.

Mon avion part dans trois heures de Point-à-Pitre.
Je regagne la métropole sans l'assurance de pouvoir revenir sous ces tropiques avant longtemps.
Je vais retrouver le temps qui court et les gens qui courent après lui. Je vais retrouver cette part de ma vie qui me définit davantage par ce que je fais que pour qui je suis... les "Bonjour, tu fais quoi dans la vie ?", ces passe-ports d'avant le passe-port, qui rassure les tribus, leurs propos "convenus", leurs sourires "entendus" et leurs idées reçues.
Je vais retrouver les arbres encerclés, les gazons crottés, les rives bétonnées, les nuages fatigués d'avoir couru le monde, venus se regrouper pour pleurer sur les toits la peine qu'ils ont d'avoir soudain si froid.

Alors, avant de partir, pour finir, je laisserai sur la table de chevet de cet hôtel propret, quelques signes, quelques lignes, pour ce qu'il me faut quitter.

__________________________________________________
jamais quittes

Crête où la terre se fait la dent
mollement contre le ciel gourmand
de flasques firmaments
mon pays dans le vent
un pied en mer, l'autre dans l'océan
je viens oublier le temps

si ta bouche parle bruyamment
et crache du soufre incandescent
c'est pour qu'un sable blanc
et rose et noir courant
tes rives alanguies dessous le vent
flatte et caresse tes flancs

Parfois dans la nuit s'élève un chant
groka, guitare et le pied dansant
l'âme et le rhum aidant
un rire éblouissant
moque le coq et le counyamaman
d'un égal et vif allant

Noirs sont les hommes dans l'ouragan
Verte la palme au lent mouvement
Rouges sont tous les sangs
sous la peau se mêlant
qui sous le madras ou le lin flottant
marche d'un pas nonchalant

Mon pays tu me prends
et, par toi je l'apprends
on ne se quitte jamais vraiment.

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Commentaires
J
C'est tres beau, tout ca, tiniak. Bravo.
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J
Ai o carai! (Usually said when someone gets pissed off. Means "f***!!!!")<br /> <br /> [Mézencore, tiniak !!]<br /> <br /> [...] When someone says this sentence, is usually being ironic. For example in a 2 men fight one says "Ai o carai..." the other should run.) <br /> <br /> Ouf, heureusement pour moi, chuis pas un mec !<br /> <br /> Mais pourquoi tant d'agression, tiniak, c'est pas bon pour l'estomac, justement...<br /> <br /> ;o)
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V
Le counyamaman est craquant !
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T
caraï, Joye!<br /> ié né soui plou trlès z'au fait dé ces soubtilités liquorleuses, vois-tou ?<br /> <br /> maaa... una menzana, por favor ?<br /> (I've tried lime in the coconut and, ouch! me belly aches ever since) tsee hee.
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J
Une de mes amies de Cuba m'a dit que la boisson Cuba libre n'existe pas. Son vrai nom est Cuba Mentira.<br /> <br /> ;-)<br /> <br /> http://listen.grooveshark.com/#/song/Put_the_Lime_in_the_Coconut/14143454<br /> <br /> Jolie, non ?
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T
@shivaya-warduspor : merci shivaya', j'aurais pas dit mieux. bisous à warduspor, hein. et le vice versa-t-il ?... oui bon, euh...<br /> <br /> quelqu'un aurait-il un cuba libre sous l'coude ?<br /> c'est pas pour emporter, non.<br /> <br /> @papistache : le jeune homme perdure jusque dans l'âge mûr... (quand l'un pousse un cri, c'est l'autre qui l'écrit) merci qui ? merci PoLésie !<br /> <br /> @les joli-filles du samedi : nan, mais ça va, j'ai compris, hein (n'allez tout de même pas en faire un poster, promis ?)<br /> <br /> @valérie : ça te vaudra trois heures de khôl sous les paupières, na!<br /> <br /> @Joe Krapov : nan mais... tu te rencontres ?<br /> <br /> @Tiphaine : est-ce poire, l'espoir ? ;-)
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J
Il n'y aurait pas moyen pour tiniak d'enjoliver son texte, même s'il voulait.
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S
le prochain comm' qui utilise ici le mot "joli" gagne une place de choix en qualité de victime expiatoire dans l'un des affreux trucidages pounesques dont la miss ci-dessus (s'étant livrée à un poussage de bouchon inconsidéré) devra bien assumer toutes les conséquences.<br /> <br /> oui, t'allais dire... ?<br /> hin hin.
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P
mais alors, tu es noir ???
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R
j'aime beaucoup cette présentation de ton ile<br /> c'est beau comme des mots d'amour<br /> oui, c'est ça<br /> tu l'aimes et nous donnes envie de l'aimer <br /> merci<br /> c'est magnifiquement comme écrit<br /> et les derniers mots de la fin<br /> tellement vrais.
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M
Entièrement d'accord avec Brigou. Impossible d'oublier sa terre natale ... Tu l'as parfaitement démontré dans ton poème Tiniak !
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B
Oserais-je dire aussi : très joli Tiniak :-)<br /> Quant à ta conclusion, c'est vrai qu'on ne quitte jamais son pays, ses racines !
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V
C'est moi, qui copie?<br /> Rho...
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P
C'est donc un jeune homme qui nous dit son pays au moment où il le quitte ; en dépit de la météorologie métropolitaine il a dû murir le jeune homme.<br /> Quel regard l'adulte devenu porte-t-il sur les écrits de ce mois d'août 85 ?
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J
Tiniak, je crois que j'ai aimé ses vers, que j'ai aimé ses airs et aujourd'hui je comprends pourquoi : c'est le plus présent des poètes de la négritude.<br /> Beau présent, vent puissant, mer qui invite à tout voyage et ce pitre sur la pointe qui nous fournit provisions, soleil et musique... On reviendra chez toi, c'est sûr. On ne Guadeloupera pas le prochain rendez-vous.
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J
y en a qui copient sur leur voisine, là.<br /> naaaaaah mé. c'est pas joli-joli, tout ça ; pour des samediennes confirmées.<br /> rôôôôh.<br /> <br /> ;-))
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V
C'est très joli, Tiniak.
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J
Très, très joli, Tiniak. Nous ferais-tu l'honneur de lire ton texte sur omnvoice, si ce n'est pas déjà fait ?
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T
J'aime beaucoup la conclusion, je l'espère même.<br /> Merci.
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