L’Infirmière – Brigou
Madame Katia,
Quand j’ai parcouru votre lettre, tous mes souvenirs ont ressurgi…
En effet, c’est en 1942 que maman devenue veuve décide de me placer avec mes sœurs à l’orphelinat départemental.
Je me retrouve la plus jeune de l’institution. Ma sœur aînée veille sur moi mais je suis souvent malade. Je fais donc de longs séjours à l’infirmière où je retrouve Madame Mireille.
Très douce avec nous, toujours souriante, elle soigne nos petits bobos et Dieu sait qu’il y en a… et s’occupe de ceux qui sont alités pour des maladies plus sérieuses.
Tous les enfants la surnomment « la petite puce » ou « la pupuce » à cause de sa petite taille et de ses yeux ronds comme des billes.
Madame Mireille est dévouée, toute imprégnée de son devoir, elle ne quitte jamais l’infirmerie. Elle passe et repasse maintes et une fois au cours de la nuit pour surveiller tous ces petits malades. Elle fait de l’institution sa véritable maison.
Lorsque je l’évoque, je revois ce petit bout de femme, le cheveu grisonnant et légèrement ondulé, le regard indulgent. On ne savait pas lui donner d’âge. Mais dans ma tête d’enfant, je me disais qu’elle aurait pu remplacer n’importe quelle maman !
Pour finir je vous demande de ne pas brûler cette lettre et de la faire parvenir aux archives du département où elle aura sa place parmi tous les témoignages écrits par les anciens orphelins.
Je vous en remercie.
Solange.