SHAZAMMM (Papistache)
P’tit Riton, quinze ans, s’astiquait d’importance, concentré par l’analyse sémantique du discours politique sous-jacent dans une copie pirate du dernier DVD de Zoli-Zola, star montante du X au Venezuela, quand, “SHAZAMMMM”, surgi d’entre ses doigts, apparut un génie de carnaval.
— Bonne zoirée. Ze souis le zénie Dadi, tou peux, zeune hidalgo, faire quatre vœux avant minouit. Deux zentils et deux zautres, oun pou moins.
A peine remontée la fermeture zip de son baggy, P’tit Riton, s’étant fait répéter le message, disparut dans la cage d’escalier, abandonnant, sur la moquette souillée, le génie Dadi et une foultitude de kleenex sales.
— Des gentils, ça va pas être facile dans l’quartier, mais des graves, faudra faire un tri.
*****
P’tit Riton se morfondait dans sa cellule quand Dadi — génie propulsé et, sinon collant, du moins un peu poisseux— se matérialisa à ses côtés.
— Oh, bouffon ! Pourquoi tu m’as j’té dans c’te galère. J’m’a fait pécho par les keufs. J’y ai fait tout comm’ tu m’as dit.
— Tou as fait tes quatre vœux ?
— Oui, j’m suis fait quat’ vieux comme tu m’as dit. Deux gentils, j’les ai soulagés d’leurs économies au distributeur en bas d’la gare et deux pas gentils, les deux clodos qui crèchent sous l’pont d’l'entrepôt. J’les ai fracassés d’la vie d’ta mère, y s‘auront besoin d‘un décodeur tout’ leur vie pour voir la lumière, eux, les zombis.
— Mais, Riton, qu’as-tou compris ? Yé né t’ai pas demandé de té faire des vieux, mais dé formouler des souhaits... faire quatre vœux.
— Oh, l’autre... l’empaffé. J’avais pas compris qu’tu parlais verlan. Quat’vœux ? Quat’ vœux ? VEU’CAT, alors ? Ben, c’est maintenant qu’j’en aurais besoin d’la veucate.
SHAZAMMMM !
*****
Maryse, avocate émérite au barreau de Rémalard, ouvrit des yeux étonnés.
— Eh ! Dadi, t’aurais pas sa fille ou sa p’tite fille à la vioque ?
SHAZAMMMM !
*****
Léa, béate avocate stagiaire, se retrouva un brin écrasée entre un guignol en partance pour le carnaval de Rio et un adolescent boutonneux à l'odeur aigre.
— Wow, on dirait la frangine à Zoli-Zola. J’voudrais qu’é’ soye ma copine, là, su’l’tarmac d‘la zonzon !
SHAZAMMMM !
*****
— Eh, M’dame attention, fourrez pas vos paluches par là. Eh, mais c’est trop brutal. Y’a qu’ma mère quand j’étais p’tit et moi qui touche à mon joystick. Non, faisez pas ça.... C’est dégueulass'... Pas avec la ... DADI ! ! ! Débarrasse-moi de c’te chaudass'...
SHAZAMMMM !