Que voulez-vous… (tiniak)
« - Oui, bonjour. C’est pour quoi ? je grogne poliment. »
Un hurluberlu, fagoté à la ridicule façon stagiaire échappé de Disneyland, les bras en croix sur un thorax digne d’un péplum des fifties, se tient dans l’encadrement de ma porte d’entrée.
Que voulez-vous, il y a des jours comme ça…
Quand il a sonné, j’étais à la bourre dans la salle de bain, la bouche pleine de dentifrice, un mouton de mousse à raser sous l’oreille gauche en train de gargouiller des « magnez-vous, les filles » à mes deux écolières. Je suis allé ouvrir en m’étant vaguement rincé, un peigne dans les cheveux et un pied sans chaussette.
« - Ordonne Maître, et que ta parole soit exaucée.
- Hein ?
- Ordonne Maître, et que…
- Oui ? Ben, je souhaite que tu disparaisses de ma vue, mon vieux. Et plus vite que…
Pouf ! Disparu, aussi sec !
Oui, non mais, comme je vous le dis : dans un pouf! nuageux et tintinnabulant, là, sous mes yeux incrédules.
Que voulez-vous, il y a des jours comme ça…
Tant que j’y suis, j’ouvre la boîte aux lettres d’où j’ai omis de relever le courrier de la veille.
Les plis dûment consultés, rassemblés sur le clavier fermé du piano droit, et repartis distinctement selon leurs destinataires dans la maisonnée, je remarque les petits billets qui tapissent le fond de la boîte.
Je suis sûr que vous avez les mêmes, déposés avec une assiduité déconcertante par un marabout sévissant dans le voisinage.
Sauf qu’à y regarder de plus près, il y en a un qui se distingue des autres, par sa couleur d’abord, sa texture cartonnée ensuite, et enfin par ce qui est écrit dessus en lettres scintillantes :
Né(e) un vendredi 13 ?
CE BILLET EST POUR VOUS !
Un génie se présentera bientôt à vous pour réaliser
quatre de vos vœux les plus chers.
Accueillez-le comme il se doit.
Ordonnez et soyez exaucé(e) !
Que voulez-vous, il y a des jours comme ça…