Un matin comme à l’ordinaire (rsylvie)
"Un matin comme à l’ordinaire" par rsylvie
je me lève,….
Quand soudain un éclair m’aveugle.
-« ...Tiens, va plutôt t’coiffer ! T’as vu ta tête » !
Les yeux encore éblouis, j’avance une main malAdroite vers le rasoir
« et merde, j’me suis coupé »
Vite trouver un pansement pour ne pas repeindre toute la pièce en rouge.
« L’est où cette putain d’boite à pans’ments » ?
-« L’est là » ! me répond une toute petite voix en me tendant le dernier.
« vous moquez pas. … soyez cool koi….
J’vois bien dans la glace que vous êtes pétés d’rire devant ma tête d’ahuri, mes cernes de lendemain de fête et l’étonnement de ma découverte.
A6A Dw6wI E9D
C’est bon, vous avez assez ri de moi, j’peux continuer ?
Merci »..
L’est pas bien grande ma p’tite voix,
Mais qu’est-c’qu’elle est belle,
....Et qui plus est, d’une gentillesse.
Que ça m’change de ma diablesse !
-« Beaujour Michel, veux-tu que je soigne ta coupure » ?
Intimidé par tant de douceur, j’acquiesce d’un haussement de tête et lui tend la main. Qu’elle prend aussitôt pour y poser délicatement ses lèvres.
Je suis au paradis.
-« 4 petits vœux pour toi, pour moi
4 petits souhaits pour moi, pour toi,
2 pour toi, pour moi
2 pour moi, pour toi »
susurre-t-elle à mon oreille
L’est pas bien grande ma p’tite voix,
avec elle, loin ... faire rien que ce que je veux
Serait merveilleux…
et me voilà rêvant d’île paradisiaque,
d’un lagon azuré où nous nagerions nus, sous le soleil…
tandis que la radio donnerait les chiffres gagnants pour le tirage du vendredi 13. Et cette fois je n’aurai pas égaré le reçu de loto.
L’auto !! ??? !!! ?? !!!
Houlala, 7heures 38, et je ne suis toujours pas lavé, habillé… ne parlons pas de petit déjeuner !Et le voisin qui doit faire les 100 pas devant sa sortie de garage. J’suis sur qu’un d’ces matins, je vais retrouver ma voiture à la fourrière. Il m’a déjà prévenu plus d’une fois « Vous verrez un jour. Ma bonté a des limites ». Maudit bonhomme, j’suis sure qu’il déteste les jeunes. D’ailleurs je n’l’aime pas non plus. Avec ses airs de s’croire plus important que chacun. Un jour, il se fera prendre à son propre jeu et c’est lui qui sera dans le besoin.
Sans plus attendre, j’me glisse dans mon costume trop sérieux pour un jeune diplômé du cirque et pas assez chique pour un futur candidat sur la liste des demandeurs d’emploi. Songeur et quelque peu rêveur (c’est pas tous les matins qu’un génie vous accompagne dès le réveil) je dévale l’escalier.........
Je cris, Sous la douleur du choc. C’est sur, vaut mieux regarder où l’on met les pieds quand on habite en pleine ville ....L’eurodateur ne semble pas avoir souffert, mais moi je suis dans un bien triste état. Les lunettes de travers, j’ai un verre de brisé et le front me fait beaucoup souffrir. « maudit soit le maire qui nous taxe tout l’temps. Qu’il aille au diable avec tous ses impôts indirects » pensais-je et puis autour de moi tous ces yeux illares
-« Un peu d’émoclar ? me dit mon p’tit doigt pansementé.
Tu sais bien qu’il ne faut pas mettre n’importe quoi, quand le corps saigne ».
Que j’ai de chance d’avoir ma p’tite infirmière de poche.
Pas plus grande qu’un pansement. Elle ne me quitte pas d’un.. .
-« pousses-toi dont » ? fait une voix familière.
C’est monsieur Minet, qui semble d’assez mauvaise humeur, à en deviner son impatience à me voir chercher ma clé de voiture.
« C’est bon Monsieur Minet, je l’ai … vous inquiétez pas, Je suis déjà parti.
Aur’voir Monsieur Minet, et encore merci ».
Quelle plaie pensais-je, en appuyant sur la pédale d’accélérateur.
8heures 30 le périphérique est bondé. ....D’un
mouvement ferme et décidé, je tourne le volant et prend la bande
d’arrêt d’urgence. Que j’enfile à une vitesse qui me laisse scotché au
siège tandis que la voiture avale le bitume. ....Après deux ou trois
slaloms et quelques têtes à queue, je me hisse à la hauteur de
l’embranchement d’une déviation qui me libère de la cohue, et arrive
sans encombre au parking de l’agence d’intérim.
Blanc comme un linge, je descends de la voiture en nage. Transpirant autant de peur que d’effroi devant l’ampleur de ce que je viens de faire. ....au détriment de toute notion de sécurité.
-« 4 petits vœux pour toi, pour moi
4 petits souhaits pour moi, pour toi,
2 pour toi, pour moi
2 pour moi, pour toi » chante une petite voix à mon oreille
alors que je franchis la porte de l’agence.
-« Monsieur Michel ? prenez un ticket et allez vous asseoir dans la salle d’attente » ! .... je m’assois et m’empare brutalement d’un magazine. Sur lequel je découvre, embarrassé, que le maire de notre bonne ville est mis en cause dans une sombre histoire de malversations et d’appel d’offres tronqués pour le marché de la mise en circulation des nouveaux eurodateurs de la municipalité.
-« 4 petits vœux pour toi,..... pour moi » chante une petite voix à mon oreille
Perdu dans l’étrangeté de mes pensées, je ne la vois pas arriver. Quand une femme m’interpelle pour me signaler qu’il n’est plus possible de me recevoir ce matin. Ni une ni deux m’en faut, pour être sur pieds ..... Et de me diriger vers la porte, d’humeur massacrante.
Quelle plaie cette ritournelle, pensais-je en moi même. Aussi collante que du sparadra.
Me voilà dehors, quand je me trouve face à Monsieur Minet.
-‘Monsieur minet ? vous ici, mais
-«Y a pas d’mais. J’ai été licencié ce matin, et je viens sans perdre de temps, m’inscrire afin de retrouver au plus vite un travail.
-« Vous aussi ! alors on est devenu collègue ?
-« Certainement pas », me répond-il quelque peu froissé par l’insolence de mes propos.
....
Au fait, mon doigt ne saigne plus,,, alors oust, à la poubelle l’urgo.
Vous me croirez si vous voulez.
Mais depuis, tout a repris son cours tranquille
Etrange, mais un de ces 4 faudra que j'aille faire un tour à la pharmacie du quartier, on ne sait jamais qu'il me faille une nouvelle boite de pansements !