RECLAMATION (Martine27)
A l'attention de Monsieur le Maire de Pedzouille les Bains
De la part de Madame la Baronne Cunégonde de Haute-Volaille - Neuilly
Cher Monsieur le Maire,
Mon époux le Baron et moi-même avions choisi votre si Charmante et si Pittoresque bourgade balnéaire pour nous ressourcer et nous reposer de notre Trépidante vie parisienne.
Nous avions, pour se faire, loué une Adorable petite bicoque de 100 m2 sise sur une île à l'écart des plages surpeuplées par le petit peuple et accessible uniquement par barque.
Nous pensions donc, en dépit du coût modeste de cette location (10.000 € la semaine) pouvoir bénéficier d'un minimum de quiétude qui nous eut permis, ainsi que je vous en entretenais plus haut, de nous aérer et de nous remettre de notre année consacrée aux conseils d'administration pour mon époux et aux bonnes œuvres et shopping pour votre servante.
Las !
Ce qui devait être une villégiature de rêve fut une catastrophe.
La chambre que nous avions choisie, pour reposer nos pauvres corps fourbus et nos âmes lasses, ne possédaient que de Modestes rideaux de soie qui n'occultaient point la lumière matutinale et nous obligeaient à nous lever à l'heure, vous en conviendrez aisément, Indécente de onze heures du matin.
Cet état de choses motive ma première plainte contre l'officine pharmaceutique de votre Charmant bourg.
Ayant oublié mon masque de repos, je fus horrifiée de constater que l'apothicaire de Pedzouille n'avait point en stock ce type d'article hautement Utile et Civilisé.
Bref !
Il me fallut bien faire contre mauvaise fortune bon cœur dans la mesure où la Civilisation n'était point arrivée à votre porte.
Non, ce qui motive ce courrier Indigné, voire Outré, vous me voyez fort Marrie d'employer des termes aussi Excessifs, c'est le sans-gêne Scandaleux de notre voisin le plus proche sis sur un escarpement rocheux en face de notre petit île.
Sachez Monsieur l'Edile que toutes les nuits ce Malfaisant, cet Ehonté, n'ayons pas peur des mots, s'amusait à faire clignoter une puissante lumière qui venait avec une régularité Horripilante éclairer notre chambre dépourvue, je vous le rappelle, de panneaux occultants.
De plus, étant des maîtres libéraux nous ne pouvions guère déloger nos domestiques des chambres que nous leur avions allouées et qui se trouvaient à l'opposé de ce Trublion.
Monsieur le Baron et moi-même pensâmes qu'il s'agissait d'un boite de nuit pour le vulgus pecum.
Nous cherchâmes donc à identifier ce Malappris !
Las à nouveau ! Nous nous heurtâmes à l'Incompréhension voire à l'Ignorance crasse et à l'Insolence de l'indigène tenant la poste, une certaine Madame Suzanne, ainsi qu'à ceux de votre propre secrétaire de mairie, vous me voyez profondément Navrée de devoir vous en réferer.
Je ne compris pas non plus pourquoi ces deux écervelées osèrent me rire au nez, oui Monsieur le Maire, me rire au nez !
Voilà Monsieur le Maire, j'espère de tout cœur que vous pourrez faire cesser cette nuisance qui troubla notre repos bien mérité et que vous sermonnerez d'importance l'employée territoriale sous votre responsabilité et la Dame de la poste par la même occasion pour leur manque de Courtoisie et d'Efficacité.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes très sincères et très distingués sentiments.
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De Monsieur le Maire de Pedzouille les Bains
A Madame la Baronne Cunégonde de Haute-Volaille - Neuilly
Chère Baronne,
J'ai lu avec Intérêt votre Missive de Réclamations qui a retenu Toute mon Attention.
Je ne puis, malheureusement, lui donner suite.
L'édifice qui vous causa tant d'Inconfort est le phare de la commune et ne peut être éteint, vous nous en voyez désolé.
Si vous revenez parmi nous lors d'une prochaine Villégiature, je me ferai une Joie de vous offrir, sur mes deniers Personnels, le masque de repos qui vous manqua tant.
Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Baronne, l'expression de mes sentiments Respectueux et Républicains.