Vingt ans, le bel âge (Tiphaine)
En 2018, j’avais tout juste vingt ans. Vingt ans, il paraît que c’est le bel âge…
En 2018, il avait lui aussi vingt ans. Vingt ans que nous vivions côte à côte.
Vingt ans sans pouvoir se toucher, vingt ans à se regarder, vingt ans à s’aimer en silence, vingt ans à espérer…
En 2018, ils sont arrivés par surprise avec des tronçonneuses.
En 2018, ils ont coupé les arbres, pour commencer.
Vingt ans à accueillir les soupirs des amants, vingt ans à entendre les confidences, vingt ans à dérouler la vie des anciens, vingt ans à se faire chatouiller par les petites mains des enfants…
En 2018, ils ont décidé que tout ce qui était inutile devait être jeté.
En 2018, ils ont fermé le parc.
Vingt ans, il paraît que c’est le bel âge, est-ce le bel âge pour mourir ?
En 2018, ils nous ont posés sans ménagement l’un sur l’autre et ils nous ont abandonnés.
En 2018, nous nous sommes enfin retrouvés.
Vingt ans que nous attendions ce moment-là.
En 2018, nous avons fait l’amour au milieu d’un terrain vague.
En 2018, personne n’a rien remarqué.
Vingt ans…
Le bel âge…