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Le défi du samedi
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7 octobre 2023

Au piano, Germaine (Vegas sur sarthe)

 
Germaine a le don de me surprendre quand elle me lance depuis sa cuisine : « Ce soir, on se fait un bœuf ! »
Je m'apprête à filer pour dépoussiérer ma vieille Ibanez qui a bien besoin d'être accordée mais je me ravise : »On sera combien ? »
« On sera deux, pauvre pomme … toi et moi »
« Ah … c'est un duo, alors »
Germaine est perplexe : »Qui veux-tu qu'on invite ? »
«Ça va » et j'ajoute « tu joueras de quoi ? »
« Du piano de cuisson, mon bichon. De quoi veux-tu que je joue ? »
« De la mandoline par exemple »
« Evidemment ! Tu t'imagines que je vais couper les légumes avec mes doigts ? »
Je commence à n'y rien comprendre : »Tu crois pas qu'on aurait pu inviter un batteur ? Bébert par exemple »
« Un batteur pour du bœuf ? T'es vraiment nul en cuisine »
J'ose enfin : »Quelle cuisine ? »

Germaine soupire ...
Je m'éclipse et reviens avec ma guitare : »On commence par un pot-pourri ? »
« Un pot-pourri ? Il est temps que t'apprennes les termes culinaires mon bichon … sache qu'on dit un bouquet garni »
« Ah ouais ? T'en as d'autres comme ça ? »

« Si j'te dis Julienne ou Maryse, ça te parle ? »
Un peu que ça me parle ; si Germaine se décide à inviter deux copines notre jam-session ça va être du sport !
Germaine m'indique une sorte de pot qui déborde un peu comme ma  caisse à outils : »Rends-toi utile, attrape moi la Maryse »
« Hein ? »

Je sais d'avance comment ça va finir. Germaine va m'éjecter de son royaume pour m'expédier dans le mien, celui en forme de canapé et d'écran plat.

Des coups sourds me parviennent de la cuisine … Germaine doit taper le bœuf et je ne voudrais pas être à sa place


 

 

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7 octobre 2023

Au bœuf sur le toit ! (Lecrilibriste)


« Jam session » so british
trop académique affiche
«Au bœuf sur le toit »
Les clients sont rois

À la fin des numéros
Là, la fin arrive enfin
Le moment de faire un bœuf
Fait toujours un effet bœuf
A l’âme des afficionados

 Attiré par les projos
Faut y aller au culot
et s’emparer du micro
Se prendre pour Jacques Brel
Pour Brassens ou pour Bécaud
Sortir de l’incognito
Entonner les ritournelles
Star et compagnie
Tous Ensemble on s’enrichit
En face d’un public accro
Déchaîné dans ses bravos

« Jam session » so british
Trop académique affiche
«Au bœuf sur le toit »
Les clients sont rois


7 octobre 2023

Igor et Irma (Joe Krapov)

A part le fait qu’il le trouvait difficilement lisible, surtout à raison de quatre à cinq pages d’affilée, Igor Wagner appréciait Marcel Proust « pour le concept ».

- Nous sommes tous à la recherche du temps perdu, confiait-il parfois à Irma, la camériste de Madame Bianca. A l’arrière des berlines, dans l’ombre des vedettes qui attirent les projecteurs, nous vivons nos petites vies qui ne sont pas moins précieuses que les leurs. Les seconds couteaux sont aussi utiles que l’argenterie. J’accompagne l’Air des bijoux sans aucun accroc mais je ne prends pas autant mon pied que quand je fais le bœuf avec mes camarades.

- Le bœuf ? demandait Irma qui songeait justement à devenir végétarienne.

- C’est le nom qu’on donne aux jam-sessions. Des musiciens se retrouvent et jouent ensemble sans partition. On improvise chacun à son tour sur des accords.

- Ah oui, j’ai déjà entendu des choses comme ça en jazz. C’est trop long, ça me soûle. Chacun y va de son solo, le public applaudit l’artiste, aussitôt il y en a un autre qui se lève pour avoir sa part d'applaus et ça recommence de plus belle.

2023-06-11 Nikon 6

- C’est mieux sans public. Les jam-sessions c’est pour le plaisir de jouer entre musiciens. Je me souviens très bien, l’été dernier, j’étais allé dans une ferme en Bretagne car mon épouse connaissait l’agricultrice qui organisait une fête avec des conteuses et des groupes musicaux. Je me suis retrouvé dans une jam-session de joueurs de cora.

- Le supermarché ?

- La cora est un instrument africain, Irma ! 22 cordes ! Je ne te raconte pas la séance d’accordage. Les deux musiciens ne se connaissaient pas mais ils avaient eu le même prof. Ils ont joué dans le potager de la ferme, c’était le mois de juin, il faisait beau. C’était une musique lascive, formidablement calmante. Sont venus s’ajouter un musicien africain avec sa guitare folk, un accordéoniste breton et un joueur de trombone à coulisse. Magique ! J’ai tout enregistré mais quand moi-même je me suis lancé dans « Général à vendre » les piles de la machine sont arrivés en bout de course et on n’entend que le premier couplet.

- Vous n’êtes pas doué pour la technique ! On voit bien que vous avez juste cultivé un don.

- Un don paisible. Si tout le monde jouait de la musique, le monde irait peut-être mieux. J’ai quand même sauvé ensuite une espèce de bossa-nova sur laquelle on entend bien mes contrechants. Il faut dire que je suis un timide et que je ne fais pas d’esbroufe dans ce genre d’exercice. Par contre je n’ai pas raté la séance guitare et mandoline à la Fête de la musique, quelques jours plus tard. L’enregistrement est très bien ! Et ce Christophe, quelle pointure !

Irma l’écoutait d’une oreille distraite. Que Christophe chaussât du 45, elle s'en fichait bien. Elle, son truc, c’était le saut à l’élastique. La Proustitude et les jam-sessions de rattrapage de ce personnage plus que falot, vues du haut de la grue, c’était de la gnognotte ! 

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