Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 053 165
Derniers commentaires
Archives
19 décembre 2015

Blond vénitien (EnlumériA)

 

Le matin même, elle m’a dit comme ça : « J’ai une réunion ce soir. Il faudra que tu ailles chercher la petite à l’école. Et sois à l’heure. Ils ferment sans attendre. De nos jours, tu sais ce que c’est ! »

Ma journée s’est plutôt bien passée. Un collègue a organisé un pot. Pour la naissance de son fils. Un beau garçon de 3 kilos 7. Ah ! Qu’est-ce qu’on a rigolé. Le jeune papa, pour tout dire, il était un peu pompette. Il a pas fait grand-chose de l’après-midi. Moi non plus d’ailleurs. Vers 16 heures 30, je me suis préparé pour aller chercher Annie. Annie, c’est ma fille. Elle vient d’avoir huit ans. Une blondeur, comme sa mère. Blond vénitien ça s’appelle. Ça tire un peu sur le roux, enfin un genre de nuance, quoi.

Je suis parti en même que Fredo. C’est un chouette copain, Fredo. Ma femme l’aime pas trop. Elle dit qu’il a une mauvaise influence sur moi. Mais elle a jamais cherché à le connaître non plus.

Alors, Fredo, il m’a dit comme ça : « Allez quoi, viens prendre une bière, te fais pas prier.

Oui, mais moi, il fallait que j’aille chercher Annie. C’est ma fille Annie. Si vous saviez comme elle est blonde. Blond vénitien.

Et puis, Fredo, il a insisté : « Allez, viens boire un coup quoi. T’as bien cinq minutes. Une bière, juste une. Fais pas chier ! »

Au bout de la troisième tournée, je me suis rappelé d’Annie, à l’école. Annie, c’est ma fille, blonde comme sa mère. Et j’avais une demi-heure de retard. Putain ! Que je me suis dis. Je vais me faire engueuler. M’enfin, une demi-heure de retard, c’est pas la mort du petit cheval.

En même temps, une demi-heure, ça suffit pour qu’un chauffard, un alcoolo, perde le contrôle de sa caisse et percute Annie.

Annie, c’était ma fille. Une belle blonde vénitienne, comme sa mère. Avec une grosse araignée écarlate dans sa chevelure blonde.

Blond vénitien. Je vous l’ai déjà dit ?

Publicité
19 décembre 2015

A quoi ça sert que le fou d'uchronie se décarcasse ? (Joe Krapov)

louis-16-a-varennesUne demi-heure plus tard, on arriva dans un petit village appelé Varennes. Personne n’y reconnut le roi tant son déguisement de valet simple d’esprit, d’homme qui avait perdu la tête, était excellent.

Une demi-heure plus tard, le feu n’ayant pas pris sur le bûcher de Jeanne, on la libéra de ses liens et on lui promit la vie sauve contre la promesse qu’elle rentrât chez elle à Domrémy afin d’y garder ses brebis. « Il n’y a pas de raison que les générations futures vous fassent la fête le premier mai. Ce jour-là, c’est la fête du travail et vous, tout ce que vous avez décroché jusqu’à présent, c’est un CDD de porteuse d’armure. Retournez faire vos preuves sur le terrain, revenez à vos moutons et on en reparlera ensuite. Et arrêtez de jouer avec ce téléphone portable ! Dites-vous qu’il n’a pas encore été inventé à notre époque ! Ce doit être un patrouilleur du Temps qui l’aura égaré !» conclut le capitaine Anderson en la menant aux portes de Rouen.

Une demi-heure plus tard, on attendait Grouchy et ce fut lui qui arriva. « Il n’y avait pas de raisons que ce fût Blücher, surtout en période de soldes » commenta l’Empereur.

Une demi-heure plus tard, un nommé Ravaillac qui passait rue de la Ferronnerie glissa sur une merde de chien et s’étala de tout son long. Pour une raison inconnue de tous il avait à la main un énorme poignard sur lequel, dans sa chute malencontreuse, il s’empala. L’homme ignorait sans doute la chanson que le poète anglais Kevin Ayers interpréta jadis à l’Elysée Montmartre :

" La ville de Paris est très belle
Champs-Elysées, Tour Eiffel
Mais sur les trottoirs de Paris
Y’a quelque chose de pas joli :
Caca, caca, partout caca ! "

Une demi-heure plus tard, la Bastille était prise. La populace hurlait : « Libérez nos camarades ! » mais il s’avéra qu’à l’exception d’un aristocrate enfermé là en raison de ses écrits licencieux, lequel ne désira même pas sortir de sa cellule, la prison était vide d’occupants.
- Tout ça pour ça ? se demanda le peuple. Et pour que l’on construise ici un opéra très moche ? Non merci !
Et ils retournèrent tous prendre la diligence de 8 h 47 pour Domrémy. Là-bas ils s’y firent engager comme bouchers-dépeceurs dans la fabrique de gigots de moutons de la famille Darc.

Une demi-heure plus tard, l’empereur avait pris sa décision. Plus question de se faire sacrer ni d’enquiquiner les mômes avec cette idée folle d’inventer l’école. Il se planta des fleurs dans la barbe et partit élever des chèvres au Larzac. Peu lui importait désormais d’unifier l’Europe des Goths, des Wisigoths, des Ostrogoths et des ophtalmos joueurs de go. « Bien entendu, se justifia-t-il, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l'Europe !", "l'Europe !", "l'Europe !", mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. Et puis d’ailleurs, cabri, c’est fini ! ».

Une demi-heure plus tard, l’archiduc décida subrepticement d’annuler sa visite à Sarajevo et de venir chez moi pour fêter mon anniversaire.

Une demi-heure plus tard je tournai la dernière page de mon livre d’"Histoire de la France parallèle et par Toutatis". Je songeai que si j’en recopiais quelques passages piochés de ci de là, mon Défi du samedi serait vite écrit. Cela aurait pu sembler malhonnête mais j’eus l’idée d’entreprendre des recherches.

 

arrestvaren

Une demi-heure plus tard, j’étais complètement rassuré. J’avais découvert sur Internet qu’avec Gilles Debinche et Mick D. Bill, Toutatis était un autre de mes pseudonymes ! L’honneur était sauf.

Une demi-heure plus tard le royal carrosse s’enlisait dans la vase à Soissons. Pendant le désembourbonnage, un dénommé Clovis Trouille identifia une des passagères comme étant la reine Marie-Antoinette. Ce n’était pas malin non plus, en ces temps de disette, de s’empiffrer goulument de brioche sous le nez et la barbe des prolétaires.

 

Adieux de Fontainebleau

Une demi-heure plus tard, on annonça que tous les vols à destination de Sainte-Hélène étaient annulés. L’Empereur tenta alors d’échapper à ses gardiens. Il y laissa sa chemise mais parvint à s’enfuir et à regagner Fontainebleau.

Une demi-heure plus tard, Laure Manaudou exultait encore. C’est qu’on n’arrête pas aussi facilement qu’on ne le croit un orgasme familial et olympique.

Une demi-heure plus tard, le canard était toujours vivant.

19 décembre 2015

Retard (Marco Québec)

-          Bonjour monsieur.
-
          Bonjour, votre nom s’il-vous-plaît.
-
          Où suis-je?
-
          Vous êtes au ciel.
-
          Est-ce que je suis mort?
-
          Je suis désolé de vous l’apprendre, mais c’est bien le cas.
-
          Oh!
-
          Et votre nom, s’il-vous-plaît.
-
          Émile Larivière.
-
          Alors voyons cela. Larivière, Émile, Montréal, accident d’automobile, heure du décès : 16h02.
-
          Oh!
-
          Il est 16h32. Vous arrivez donc au ciel avec une demi-heure de retard, ce qui n’est pas du tout dans les normes, monsieur Larivière. Je vais devoir en référer à mon supérieur.
-
          Est-ce que votre supérieur, c’est Dieu?
-
          Vous blaguez, monsieur. Avec toute la bureaucratie qu’il y a ici, vous n’imaginez tout de même pas que Dieu soit mon patron. D’ailleurs, entre vous et moi, je n’ai pas encore rencontré Dieu.
-
          Oh!
-
          Avez-vous votre formulaire?
-
          Quel formulaire?
-
          Le Si-L.
-
          Je n’ai aucun formulaire.
-
          Non, mais ce n’est pas possible. Une demi-heure de retard et pas de formulaire.
-
          Je suis désolé, monsieur…
-
          Monsieur Lange.
-
          Oh!
-
          Attendez un instant. J’appelle mon supérieur… Pas de réponse évidemment. Depuis qu’ils leur ont installé des afficheurs, je les soupçonne de filtrer les appels.
-
          Monsieur Lange, est-ce que je peux aller à la salle de bain?
-
          Pourquoi donc?
-
          Bien, j’ai un peu envie.
-
          Non, mais je n’en crois pas mes oreilles. Vous voulez dire que vous n’avez pas eu la mise à jour préalable à votre entrée au ciel.
-
          Si vous le dites.
-
          Non, mais on se demande ce qu’ils font les fonctionnaires à l’accueil.
-
          Et pour la salle de bain?
-
          Vous allez devoir attendre.
-
          Oh!
Monsieur Lange appelle donc la secrétaire à l’accueil.
-
          Bonjour madame Marie-Ange. Ici Lange, au ciel. J’ai un type, un dénommé Larivière, qui nous est arrivé avec une demi-heure de retard. Il n’a pas son formulaire et on ne lui a pas fait la mise à niveau préalable. En plus, il croit que mon patron, c’est Dieu. Vous pouvez me dire ce qui se passe à l’accueil aujourd’hui.
-
          Vous n’êtes pas au courant?
-
          Au courant de quoi?
-
          Tout le personnel est en rencontre pour le lancement de la nouvelle planification stratégique. Vous n’êtes pas sans savoir que celle-ci revoit de fond en comble nos procédures et fixe nos nouvelles cibles de performance.
-
          Je n’ai jamais entendu parler de cela.
-
          Je peux les informer de cette faille dans leur plan de communication.
-
          Et qu’est-ce que je fais avec Larivière?
-
          La section des refoulés est déjà complète. Je ne vois pas d’autre solution que de le retourner sur terre. D’où vient-il?
-
          De Montréal.
-
          Laissez-moi vérifier. Pour Montréal, nous n’avons pas encore atteint notre quota de retour. Vous pouvez le retourner sans aucun problème.
-
          Je vous remercie, madame Marie-Ange.

-       Monsieur Larivière, les services d’accueil tiennent aujourd’hui une activité de formation de la plus haute importance. Voilà ce qui a occasionné tous vos petits ennuis.
-
          Oh!
-
          Nous allons devoir vous retourner à votre vie à Montréal.
-
          Mais il n’en est pas question, monsieur Lange. Je suis mort et je veux le rester.
-
          Que tout cela est embêtant!
-
          Moi je n’ai rien demandé. À vos services de trouver une solution.
-
          Qu’est-ce que vous faisiez comme travail à Montréal?
-
          J’étais consultant en gestion, en réingénérie des processus d’affaires, etc.
-
          Ah! Je vois. Je crois que j’ai une solution pour vous.

 

19 décembre 2015

GUI AMUSANT EN AMORCE (par joye)

vingt minutes après

12 décembre 2015

Défi #381

Une demi-heure plus tard .....

horloge

Nous attendons en temps et heures

vos participations à l'adresse bien connue :

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

Publicité
12 décembre 2015

Est-ce par hasard s'ils ont croisé ce regard ?

12 décembre 2015

Dans ton regard (MAP)

Dans ton regard

12 décembre 2015

Participation d'EnlumériA

Ses yeux dans son regard *

 

en01

 

 

Quelques jours après son déplorable burn-out, Lord partit faire une cure dans une maison de repos en Touraine. Le bougre avait freiné des quatre fers, prétextant je ne sais quel improbable ouvrage à terminer, je ne sais quelle démarche à effectuer. Plus question de rumeurs, juste un grand vide à combler. Il ne fallut pas moins que son médecin personnel, sa sœur et votre humble serviteur pour le convaincre. Je dois avouer que je m’étais muni, ce jour-là, de l’arme absolue. Arme n’étant autre qu’une lettre de Liliane, alias Ophélia, l’implorant de se soigner. Lettre que j’avais écrite moi-même, prenant soin de la parfumer du parfum de la drôlesse. Une petite tricherie bien innocente connaissant l’enjeu. Sachant que cette fille se contrefichait de Lord comme de sa première nuisette, je n’en ressens, encore aujourd’hui, aucun regret.

Bref ! Voilà ce cher convalescent en de bonnes mains. Je connaissais personnellement le psychiatre responsable de l’établissement, un ami de longue date rencontré certain soir de ripaille à Saint-Germain-des-Prés.

Au bout de trois semaines, mon ami, le docteur Gilson, m’informa du rétablissement de Lord. Rétablissement pour le moins inattendu, vue la gravité de son état. Comme je le pressais de questions, Gilson me répondit par une banalité sur l’amour où je ne sais quoi, puis il m’invita tout à trac à venir à la clinique … histoire de constater par moi-même certains miracles de la psyché humaine.

Assez curieux de nature, je ne tardai pas à me présenter à l’accueil de la clinique de La Fougère Fleurie. Gilson m’accueillit comme si nous ne nous étions pas vus depuis dix ans. Ça en faisait bientôt douze. Après m’avoir demandé des nouvelles de ma famille, s’être informé de l’hôtel où j’étais descendu – excellent établissement - et de mes éventuels projets matrimoniaux – non, toujours rien vraiment ? – il me permit enfin de voir Lord.

Comment vous dire ? Lord rayonnait d’un tel éclat qu’un artiste aurait aisément pu s’en inspirer pour peindre une Transfiguration. Après quelques mots de courtoisie et une invitation à dîner le soir même, Gilson nous laissa. Comme le temps s’y prêtait, nous sortîmes faire quelques pas dans le parc. Après les banalités d’usage, je m’enquis de ce brusque revirement de situation.

— Tu connais ma fascination pour le regard des êtres, répondit Lord. Mes interrogations perpétuelles sur l’origine de cette merveille de la création qu’est l’œil. Eh bien… comment te dire ? J’ai rencontré ici une femme dont le regard m’a envouté. Subjugué. – Il marqua un temps - Richard !

— Oui.

— Ça y est !

— J’en suis fort heureux. Et puis-je savoir ce qui est ?

— J’aime.

Mon sang ne fit qu’un tour comme on dit dans les romans de gare. Je m’emportai.

— Et c’est reparti ! Ne me dis pas que cette garce de Liliane occupe encore tes pensées. Ne me dit qu’elle t’a relancé jusqu’ici. Elle n’a qu’à faire comme son modèle, ton Ophélia en plastique, courir se foutre dans le premier cours d’eau venu et basta.

Lord poussa un profond soupir d’exaspération. Il me désigna un banc et m’invita à m’asseoir. Avec son index dressé et ses gros yeux, il me rappelait cet instituteur courroucé qui avait terrifié mes dix ans. Après un claquement de langue exaspéré, il m’enjoignit, avec le maximum de tact dont il était capable, de fermer ma gueule. (sic). J’obtempérai.

— La femme dont je vais te parler et la créature la plus merveilleuse qui n’ait jamais parcouru le monde. La reine des fées, à côté ? Une souillon. À l’instant même où j’ai croisé son regard, je me suis senti perdu à jamais. Tiens ! Tu vois Merlin, Viviane, la tour de vent, tout ça ?

— Mouais, répondis-je d’un ton maussade. Il m’arrive d’avoir quelques lettres moi aussi.

— Elle est belle, mais belle. Sa grâce, sa candeur, l’ourlet délicat de son oreille, l’or de sa chevelure, et surtout l’éclat merveilleux de ses yeux d’émeraude. Ces…

Et Lord continua d’énumérer les qualités ineffables de cette dulcinée toute fraîche tombée des cieux. Ce faisant, il passait sans transition de l’emphase la plus pesante à la mièvrerie la plus consternante. Dieu ! Que l’amour rend niais. Bon ! En attendant, il avait l’air heureux. N’était-ce pas là le principal. Cependant, je dois confesser qu’à la quatrième description de son regard, une sorte d’écœurement me submergea. Et puis de toute façon, il était presque l’heure de dîner. Je tapai dans mes mains.

— OK ! Ça va, j’ai compris. Je ne suis pas sourd et il me reste encore quelques neurones. Dis-donc ! T’as pas soif, toi ? Après cette péroraison. Et puis Gilson nous attend. Allez ! Roméo ! Tu me vas me présenter ta Juliette. Une image vaut mille mots. Yallah !

Et je repris le chemin de la clinique ; presqu’en courant dois-je préciser. À cette heure, j’étais totalement inconscient de ce qui m’attendait.

Gilson nous reçut dans un petit salon réservé aux visiteurs. Un peu plus coquet que le réfectoire pour ce que je pouvais en juger. Plus intime aussi. La table était dressée pour quatre. Vaisselle fine et bouquet de fleurs des champs. Je partageai un Martini avec Gilson. Lord, encore sous tranquillisants, se contenta d’un jus d’orange. Nous échangeâmes les banalités d’usage. Gilson consulta sa montre.

— Dites-moi, Lord. Elle n’arrive pas votre amie ? Rassurez-moi. Vous lui avez transmis l’invitation, n’est-ce pas ? Vous n’avez pas zappé ?

Lord ne répondit pas. Il inspectait le fond de son verre avec une attention suspecte. Une imperceptible inquiétude ombrait son front. Il demanda l’heure. Puis sans crier gare, il fit mine de sortir en maugréant un « Je vais voir ce qu’elle fait » blasé.

À cet instant même, la porte s’ouvrit sur la plus belle créature que j’eue jamais le privilège de contempler.

Le visage de Lord s’éclaira d’un sourire d’enfant. Il se redressa, fit une petite courbette, bredouilla, se redressa encore, indécis dans son comportement comme dans ses mots. Enfin, j’appris que l’élue de son cœur se prénommait Esther.

Nous nous mettions à table lorsqu’on servit l’entrée. Esther est assise en face de moi, épaule contre épaule avec Lord. Gilson devisait de tout et de rien. Je n’écoutais pas. Je dévisageai la jeune femme avec une acuité désordonnée. Une sorte de créature virevoltante balbutiait des paroles dérangeantes à l’orée de ma conscience. J’étais obnubilé par le regard d’Esther. C’est à peine si me parvenait le bavardage lointain de Gilson. Je plongeais à corps perdu dans l’œil de la Vouivre.

Et soudain, une épiphanie transperça mon intellect. Je réalisai je ne sais trop comment que Lord, dans son panégyrique, n’avait jamais mentionné le sourire d’Esther. À aucun moment. Étrange élégie amoureuse qui tait le sourire d’une bien-aimée. Son regard, son regard, son regard. C’était tout ce qui comptait pour Lord. Les yeux de la Vouivre vous dis-je. Ces escarboucles qui, l’espace d’un instant, m’avaient fasciné au-delà de toutes mesures. Ce regard qui avait faillit me perdre comme il avait perdu mon ami.

Ce fut, je crois, mon cynisme naturel qui me sauva ce soir-là. Cette lucidité glacée qu’on me reproche si souvent me préserva du regard de la gorgone.

Esther avait un bec-de lièvre. Et Lord, éperdu d’amour, ne le voyait pas.

 

* Allusion à une chanson de Nilda Fernandez. Mes yeux dans ton regard.

12 décembre 2015

Passage au festival par bongopinot

bo01

 

Un passage au festival

Art, ville, paysage

Avec un regard amical

Sur le court métrage

 

De Saguenay au Canada,

Landau en Allemagne,

Leyde au Pays bas,

A Bilbao en Espagne

 

Et dans bien d'autres endroits encore

Des rencontres des découvertes

Pour cinéphiles ou amateurs

Réunis pour des journées ouvertes

 

Film court en plein air

Ou bien dans les salles obscures

Fiction, animation, documentaire

Des petites séquences éclairs

 

De nouveaux talents sur la toile

De nouveaux réalisateurs arrivent

Émergeant de cette école

Avec des idées inventives

12 décembre 2015

Participation de Venise

Une céleste lumière d'ortie éclaire le vallon.
Les sommets s'élancent vers le ciel pour cueillir les reflets des étoiles qui sont tombées dans le néant .
Cette photo est la résidence secondaire des hommes dont l'âme s'est froissée comme du papier .

Ici on tire DIEU par la manche, pour qu' il pose sur la photo. Le voilà assis sur une chaise où la mort n'ose plus se rendre.


Cette photo, je le sais, ne durera qu'une seconde, le temps d'un passage d'écureuil.

12 décembre 2015

Participation de Fairywen

Les secrets d’un regard d’or

 

La nuit était tombée depuis longtemps, mais de la lumière brillait toujours sous la tente du jeune archéologue. Fasciné par le cartouche qu’il avait trouvé, il ne pouvait se décider à reposer le fragment de pierres. Il ne vit pas la toile se soulever légèrement, livrant passage à une petite silhouette noire, qui sauta souplement sur son lit avant de s’y allonger.

De longues minutes s’écoulèrent dans le plus grand silence, puis le jeune homme s’étira pour détendre ses muscles fatigués.

— Je ferais mieux d’aller me coucher et de dormir un peu, soupira-t-il. La journée de demain sera longue.

Ce fut en se levant qu’il aperçut le chat couché sur le lit de camp.

— D’où sors-tu, toi ? fit-il en s’approchant.

Le félin se contenta de bâiller pour toute réponse.

— Tu sais, il va falloir que tu me fasses une place, quand même. J’ai eu une dure journée et j’aimerais bien me…

La voix du jeune homme mourut sur ses lèvres lorsqu’il aperçut le diadème orné d’un cobra dressé qui se trouvait sur son oreiller.

— D’où est-ce que ça sort, ça ?

Précautionneusement, il saisit le bijou pour l’examiner de plus près. L’objet était aussi beau que s’il venait juste d’être fabriqué. Il brillait doucement et il eut la surprise de constater qu’il était chaud au toucher.

— Ça alors… On dirait de l’or, et pourtant…

Aide-moi…

Le jeune homme sursauta.

— Qu’est-ce que… ?

Aide-moi…

Un mouvement sur le lit attira le regard de l’archéologue. Le chat s’était assis et le fixait sans ciller de ses yeux d’or aux innombrables secrets, tandis que son ombre grandissait pour devenir celle d’une jeune fille – ou d’une jeune femme, c’était difficile à dire. Le regard incrédule de Chad passait du félin à la silhouette féminine qui se dessinait devant lui. Il ne pouvait pas, ne voulait pas accepter qu’il existât un rapport entre les deux, et pourtant…

Je dois rêver, songea-t-il, j’ai dû m’endormir et je suis en train de rêver… L’ombre d’un chat ne peut pas être celle d’une jeune fille !

Pourtant, tout au fond de lui-même, il savait bien qu’il ne dormait pas et que ce qu’il voyait était bel et bien réel.

— Comment est-ce possible ? s’étonna-t-il à haute voix.

C’est possible parce que je le veux.

— Qui es-tu ?

Mon nom est Taanit. Je suis princesse au sein de mon peuple.

— Et comment un simple petit étudiant en archéologie pourrait aider une princesse ?

En acceptant de venir dans mon monde pour libérer mon frère et l’aider à retrouver son trône.

Les secrets d'un regard d'or

12 décembre 2015

Participation de Laura

Tant que tes yeux croiseront mon regard.
Tant que ton regard dira ce qui répare
Les nuages, les orages et les brouillards.
Tant que tes mains cherchent mes hasards.
Tant que mes yeux n’arrivent pas en retard
Au rendez-vous des amants paillards.
Tant que mes doigts rassemblent ce qui sépare.
Tant que tu entends sans soupirs mes mots bizarres.
Tant que mes étranges mots nous font un monde à part
Tant que tes yeux croiseront mon regard.
 
12 décembre 2015

Regards (Marco Québec)

-        Pourquoi me regardez-vous ainsi ? , dit la femme.

-        Qu’est-ce qu’il a mon regard ? ,  répondit l’homme

-        Je ne sais pas, j’ai l’impression que vous me regardez comme un phénomène ou comme une bête curieuse.

-        Et vous j’ai l’impression que vous me regardez de haut. Et j’ai le regard aiguisé, croyez-moi.

-        Sachez que je ne vous ai même pas adressé un regard, dit la femme.

-        Cette réponse embrume mon regard, répliqua l’homme.

-        Attention, je n’ai pas dit que vous n’étiez pas agréable à regarder.

-        L’homme la regarda alors droit dans les yeux et posa un regard neuf sur l’échange qui se déroulait. Il lui dit : Vous aussi, vous réjouissez le regard.

-        Puis-je apporter mon regard sur la situation ?, tenta-t-elle.

-        Tant qu’il ne s’agit pas d’un regard clinique.

-        Rassurez-vous, je ne suis pas médecin. Mais je crois que vous me regardez du coin de l’œil depuis un bon moment, monsieur. J’ai un regard d’aigle, vous savez.

-        Si vous l’avez remarqué, comment pouvez-vous affirmer que vous ne m’avez même pas adressé un regard ?

La femme soutint le regard de cet homme qui la regardait dans le blanc des yeux. C’est à ce moment-là que leurs regards se rencontrèrent.

Je ne vous raconterai pas la suite, car ils me regarderaient de travers. De toute façon, cela ne vous regarde pas.

Best regards.

12 décembre 2015

Le petit chevalier (Pascal)


Les grandes pochettes des disques de ma mère ?... Mais quand elle avait le dos tourné, j’en faisais des pistes d’envol pour mes avions en papier, des tunnels pour mon train électrique du dernier Noël, des ponts solides, ceux enjambant les chaises, pour mes petites voitures !...
Dans ses trente-trois tours, pêle-mêle, il y avait de la Grande Musique, Schubert, Mozart, Beethoven, les Chœurs de l’Armée Rouge, Yvan Rebroff, des musiques folkloriques de pays lointains avec des tambours, des flûtes, des trompettes ; de la variété aussi. Piaf, Mouloudji, Brassens, Brel, tous ces fameux poètes musiciens, aujourd’hui immortels, se tenaient sur la tranche de leurs belles pochettes. Ici, Montand chantait Bruant ; là, Aufray chantait Dylan.

Pourtant, à mesure que je grandissais, ces emballages de disques avaient un intérêt différent que de celui de mes jeux de gamin. S’ils renfermaient leurs galettes musiciennes à l’abri de la poussière, j’en découvrais les images des pochettes avec une curiosité croissante. Un jour d’indiscrétion, cachée au milieu des autres, je tombais sur la pochette d’un trente-trois tours avec le visage extraordinaire d’une femme photographiée dessus…

En moi, il m’a semblé que, soudain, tout un mécanisme intérieur se mettait en marche ; c’était une machinerie supérieure, féroce, implacable, grandiose, qui jetait sans façon aux oubliettes tout ce que j’avais acquis ; j’étais incapable d’arrêter cet affolement en regardant simplement ailleurs. Subjugué, presque impoli, j’étais gêné de l’admirer sans façon ; j’étais terriblement ballotté dans un mélange de pudeur, d’effronterie, de courage, de curiosité, d’allant complètement séduit. C’était un désastre fabuleux…  

Avec ses yeux scrutateurs, elle m’avait totalement hypnotisé ; j’avais perdu tous mes repères de jeux. Tout à coup, mon enfance s’écroulait comme un vulgaire château de cartes aux réussites surannées ; je m’en séparais comme d’une chrysalide devenue trop petite pour toutes les émotions brutales qui m’assaillaient maintenant… Tout en moi était chamboulé ; elle accaparait mon attention. Pendant nos moments d’intimité, je prenais sa pochette sur mes genoux ; on se toisait longuement, elle voyait tout en moi et c’est toujours moi qui baissais les yeux. J’étais totalement bousculé par cet émoi grandissant. Confondu, j’étais ébloui…  

Sur une autre pochette de disque, il y avait un dos nu caché par un instrument de musique ; j’espérais qu’il soit le sien. Elle était si belle et je suis tombé amoureux d’elle. Elle était la Princesse de tous mes livres, la réalité dans la Vie ; à elle seule, elle était la quintessence de tout ce que je trouvais beau. La couleur de sa peau, l’immensité de ses yeux, ses cheveux arrangés dans des coiffures fluides, sa posture indolente. J’avais englouti toute mon imagination à son service ; elle était ma Passion et ce n’était pas un insipide dessin trompeur de Blanche Neige…  

Elle chantait bien ; ses trémolos cristallins perçaient mon coeur ! Je commençais à comprendre les paroles ou, du moins, j’en faisais mes traductions à la hauteur de mon assimilation d’argonaute. J’aimais tout ce qu’elle chantait ! Ses chansons étaient mon seul hymne ; je les connaissais toutes par cœur ! Moi ?... Moi, je voulais être Manchester et Liverpool ! Chasser Ivan et Boris ! Aller sur la montagne ! J’étais Tom !... Je voulais la réchauffer, je voulais rentrer dans son lit même si je ne savais pas encore ce que je devais y entreprendre !... Pour la première fois, j’aimais quelqu’un d’autre que maman ! J’étais divinement désemparé, courageusement couard, affreusement impudent jeunot…

Pourtant, je l’intéressais ! D’un bout à l’autre de la pièce, Elle me suivait du regard ! Je pouvais m’occuper avec un quelconque jeu de gosse, j’étais irrésistiblement attiré par sa pochette. Je l’affichais sur la pile des autres disques et je la contemplais longuement. Sur les photos, comme une inconsolable châtelaine, elle avait des pauses suggestives, languissantes et nostalgiques à la fois ! Elle ne souriait jamais ; elle avait l’air ailleurs ! Elle attendait que je la fasse rire ! Je devais la protéger, la défendre, l’amuser !... Je devenais un preux chevalier !...

Quand, sur le tourne-disque, j’écoutais une autre musique que sa voix ensorceleuse, il me semblait la tromper ! C’est pour cela qu’elle avait l’air si triste ! Je devais l’amadouer, la consoler, la bercer ! Alors, je frottais mon visage contre le sien ; sa joue était froide à cause du carton glacé ; je caressais son menton, je respirais ses cheveux « Festival »…

Et ses yeux ?!... Ses yeux !... Ils étaient deux pépites d’azur, sertis de charme incessant. Ses longs cils étaient comme des feuilles de palmier battant à l’air de mes soupirs  envoûtés. Ses yeux… J’allais m’y baigner pendant des heures de trouble incandescent. Dans ses prunelles brûlantes, je voyais la terre et ses continents, la mer et ses voiliers, le ciel et ses oiseaux. Ivre de ses voyages sidéraux, j’étais à la fois un cosmonaute, un conquérant, un découvreur d’îles enchantées ; je m’enfuyais de la réalité de la chambre, emporté dans des travers mirobolants, aux ombres ensorceleuses et aux échos enchanteurs…  
Dans ses yeux, elle avait accumulé tous les trésors du monde ; il y avait tout ce que je voulais voir ; elle décuplait mon imagination à l’infini ; elle était mes réponses à mes premières questions existentielles. Simplement de par le fait d’être présente au banquet de la Vie, elle donnait un sens à ma quête de l’Amour. Grâce à elle, je devenais un adolescent avide de sensations multicolores. La première fois que j’ai embrassé une femme sur la bouche, c’était la pochette de sa photo…

Au grand dam de mes certitudes infantiles, et pour la première fois de ma vie, je mettais mon épée au service de la gent féminine ; tous mes sens étaient à ses pieds…
Je voulais tuer tous ceux qui lui feraient du mal ! Tous ceux qui la rendaient si lointaine sur ses photos cafardeuses ! Je voulais être sa barrette, son foulard parfumé, la moue heureuse au coin de ses lèvres, ses lunettes… Elle était le début et la fin du monde à la fois, mais surtout : la ligne de départ de la Grande Chamade. Ici, j’en fais le « sarment » : elle a pressé mon cœur aux Vendanges de l’Amour…
Avec elle, j’ai compris les éruptions, les raz-de-marée, les éclipses, les étoiles filantes, tout ce que ma mère ne pouvait pas m’expliquer avec ses mots rassurants… Je voulais porter haut son étendard ; j’aurais voulu tenir ses cheveux, être la montre de son poignet, connaître quelques accords de guitare pour l’intéresser ; je m’aiguisais à l’Amour… Boussole au Nord perdu, elle m’a donné le sens exalté de mes espoirs, la direction de mes quêtes, la vivacité enflammée de mes recherches, celle de mes futures folies aventurières… Entre nous, sur ce coin de feuille d’intimité, comme un oiseau se reposant sur sa branche printanière, je crois que je suis encore amoureux d’elle…

12 décembre 2015

Oh ce REGARD !!! (Walrus)

Ah, CE regard-là, tu veux dire, MAP ?


Le mien, celui que je porte sur le monde et qui, peut-être, le crée.
Car quand je ferme les yeux, le monde disparaît.
Si c'est pas une preuve ça !

wal

 

À moins qu'il s'agisse du tien, MAP, bienveillant, amusé
et prêt à saisir, dans le moindre détail, la beauté du monde.

map

 

N'empêche, si t'avais eu l'idée d'employer le pluriel,
 quel malheur nous aurions fait, tous les deux !

mapwal

 

12 décembre 2015

Expérience (Joe Krapov)

Il a suffi d’un seul regard pour qu’il comprenne et qu’il se dise :
« Cette souris est pour moi ! ».

Il a lissé ses moustaches, s’est approché de la table où elle trônait, traversant le halo des projecteurs dirigés vers l’orchestre.

Tout le monde a remarqué son complet gris bien coupé, son élégance naturelle, même elle, surtout elle, mais elle n’a pas laissé paraître le moindre signe d’émotion.

Elle était vêtue de fourrure blanche et cependant, il n’y avait rien d’affriolant ni de trop ostensiblement luxueux dans sa parure.
Personne n’aurait pu penser, en l’observant, que ce regard échangé entre eux avait fait naître chez elle, en écho, cette réflexion un poil scélérate : « Toi, toi, mon toi ! Si je te prends dans les mailles de mon filet, tu seras mon lion superbe et généreux mais tu ne m’échapperas pas ! »

Quand l’orchestre a entamé un tango, aucun des deux n’a pu ronger son frein plus longtemps. Il s’est approché encore plus, elle s’est levée, ils sont tombés dans les bras l’un de l’autre, ils ont dansé, presque immobiles, et dans le laboratoire silencieux, les chercheurs ébahis n’en sont pas revenus : l’expérience avait réussi !  

12 décembre 2015

Façon de dire (par joye)

À vue d'œil, le beau regard de Beauregard était un que je pouvais accepter les yeux fermés. Ce jeune homme avait bon pied, bon œil, et moi, alors, moi, disons que je n’avais pas les yeux dans le dos. Après tout, j’ai bien l’œil américain et non pas Made in France.

Donc, j’avais ce Beauregard à l’œil et j’avais envie de le lui dire entre quatre yeux.

Eh oh, ne me faites pas de gros yeux, vous ! Je m’en bats l’œil ! C’est que je n’ai pas froid aux yeux, c’est tout. Et puis d’ailleurs, je ne dormais que d’un œil…fallait que je lui parle !  Ça sautait aux yeux, quoi.

Alors, je pris rendez-vous avec ce beau Beauregard pour lui faire des yeux doux et lui dire qu’il m’avait tapé dans l’œil.

Eh bien, vous savez quoi ?  Il nia tout ! Tout !

- Te taper dans l’œil ? Jamais ! Je ne t’ai jamais touchée ! cria-t-il, tout en me faisant des yeux de merlan frit. 

Beurk !

C’était bien un poisson froid que je n’allais plus manger des yeux, je vous assure ! Bon, j’avais enfin les yeux en face des trous et je sus que j’avais mis le doigt dans l’œil. Oh !  Je n’en croyais pas les yeux. Mon beau Beauregard me sortait par les yeux. Et puis d’ailleurs, pour tout vous avouer, j’aurais dû regarder plus loin que le bout du nez. Parce que...

...ce mec puait tout plein des dents !

Hélas, je n’avais plus que les yeux pour pleurer (enfin ça, ou bien je larmoyais à cause de son haleine assassine) !

Je me sauvai.

Mais motus, hein ? Si je vous avoue tout cela, c’est juste pour vos beaux yeux. C’est une vieille histoire, et je ne pense plus du tout à Beauregard.

Après tout, loin des yeux, loin du cœur. Sans parler des narines.

12 décembre 2015

T'as d'beaux yeux tu sais (Vegas sur sarthe)


Ça a débuté comme ça sans qu'on sache trop pourquoi - on dira par l'opération du Saint Esprit - dans une nuée de poussière âcre et ocre portée par une virginale brise matinale. Je sais, la poussière c'est pas très poétique mais en ce temps-là on savait pas faire dans la dentelle puisqu'on n'avait pas encore inventé la passementerie.
Il est écrit qu'on était au Sixième jour et que ce jour-là naquirent de cette poussière âcre et ocre tombée des nues deux homo sapiens: Moi et Elle.
Elle c'est Eve Sapiens et Moi c'est Rocco Sapiens et erectus si affinités... on n'a pas choisi, c'est LUI qu'avait décidé ça puisque c'était Sa volonté.
Je l'avais pas encore vraiment bien regardée mais j'me souviens parfaitement qu'Elle était en tenue d'Eve et Moi à poils.

Ça a débuté comme ça parce qu'autour de nous y'avait tous ces piafs et plein d'autres bestioles membrées à qui IL avait eu l'idée géniale de dire "Soyez féconds, multipliez-vous" et donc ils forniquaient du matin au soir vu qu'IL avait inventé la lumière et aussi les ténèbres.
Alors forcément ça donne des idées... surtout à Elle parce que moi j'me serais contenté de roupiller toute la journée sous l'pommier ou l'figuier, enfin l'arbre de Vie peu importe.

Ça a débuté comme ça par un regard qu'elle m'a lancé, un de ces trucs de séduction qu'elle avait dû trouver en feuilletant Genèse Magazine. On s'est regardés longtemps comme qui dirait entre quat' z'yeux vu qu'on était que deux.
Je sais pas c'qui m'a pris, j'lui ai dit machinalement: “T'as d'beaux yeux tu sais” et elle m'a répondu aussitôt “Embrassez-moi” comme si on avait besoin de s'vouvoyer alors qu'on s'connaissait depuis Eve et Rocco.
Je dis que le regard ça devrait s'manier avec précaution, c'est une bombe à retardement et ça fait dire n'importe quoi, des trucs qu'on peut regretter après... après y'a eu des chatouilles, des papouilles, des léchouilles enfin tous ces trucs en ouille que vous faites aujourd'hui machinalement, alors que pour nous c'était la toute première fois, toute toute première fois comme personne peut imaginer même pas Jeanne Mas.
On n'osait plus s'regarder, forcément on était maladroits.
J'aurais bien voulu vous y voir mais vous pouviez pas y être puisqu'y avait qu'nous deux et qu'il nous a fallu improviser jusqu'au VIème siècle après LUI en attendant la parution reliée soie naturelle et beurrée sur tranche du kâma sûtra.

On voit bien qu'celui qui a écrit  "Tous deux étaient nus, et n'en avaient pas honte" n'était pas à notre place à c'moment-là.  
Alors on l'a fait les yeux fermés sous son regard à LUI et j'vous souhaite pas ça parce que c'est vachement gênant: c'était à l'Eden Park contre un arbre fruitier ou un figuier (en tout cas ça grattait) où s'était lové un serpent, un dénommé Libido avec des bras et des jambes - parfaitement, un serpent ça se love - bref j'vous passe les détails de peur qu'on dise qu'au Sixième jour on fumait déjà des herbes bizarres!
Heureusement qu'IL avait instauré le repos le septième jour et que j'ai pu chômer et remballer mon matos derrière une feuille de vigne qu'il avait créée, en attendant la fin du ouiquande.

Et puis ça a continué comme ça et tant bien que mal on a eu Caïn et sa jumelle Caha et puis Abel et sa jumelle De Cadix puis pour mes cent trente ans on a fait Seth, me d'mandez pas pourquoi, j'ai jamais été doué en prénoms ni en chiffres.
Après ça j'ai eu de plus en plus de mal à compter mais je sais qu'aujourd'hui vous seriez près de sept milliards à vous r'garder l'nombril !
Ça risquait pas d'nous arriver vu qu'Eve et Moi on était des ventres lisses, on n'a pas eu droit au nombril.

J'sais pas comment tout ça va finir et s'IL est content de LUI au Paradis, mais si ça peut vous freiner un peu n'oubliez pas qu'ça a débuté comme ça... dans la poussière comme des bêtes, au milieu des chiures de piafs et plein d'autres bestioles !  
Alors un bon conseil: méfiez-vous des regards

5 décembre 2015

Défi #380

Oh ce REGARD !!!

Regard-sur-le-court-métrage-au-Saguenay-1

 

Nous attendons avec curiosité

vos coups d'oeil à

samedidefi@gail.com

A tout bientôt !

5 décembre 2015

S'en sont fait une belle jambe

Publicité
<< < 1 2 3 > >>
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité