Nous ont balancé un petit air de rebec
Laura ; joye ; Vegas sur sarthe ; Lecrilibriste ;
Walrus ; TOKYO ; Kate ; bongopinot ; Adrienne ;
Pascal ; Joe Krapov ; petitmoulin ;
Souffle de troubadour (petitmoulin)
Troubadour d'aujourd'hui
Il claudique sur le temps
En appui sur ses mots
D'orfèvre
Entre alarme et murmure
Il couvre de poésie
L'étendue du désert
Allège le fardeau
Chante le velours
Ou la toile rugueuse
Du jour advenu
Slameur du présent
Souffle de troubadour
Chanson bleue de troubadour ? (Joe Krapov)
Je suis allé lire les élucubrations de Madame Wikipe et j’ai encore appris des choses aujourd’hui.
Si j’écris des conneries en langue d’oc au Sud de la Loire et que je les fais chanter par d’autres, je suis un troubadour.
Si j’écris des conneries en langue d’oïl au Nord de la Loire et que je les fais chanter par d’autres, je suis un trouvère.
Si je chante les conneries des autres je suis un ménestrel.
Si je prétends être un baladin, madame Wikipe m’affirme que je suis un saltimbanque.
Je crois que je vais en rester à la définition du groupe Malicorne : « Nous sommes chanteu-eurs de sornettes c’est pour diverti-ir les passants et les fainénants ».
Voici donc spécialement pour vous une petite évocation médiévale signée Robert Marcy (Grand marcy, Robert !) chantée et jouée un peu plus sobrement qu’à l’accoutumée par Joe Krapov le trou… le bal… le mén… votre serviteur !
P.S. Les illustrations ont été recherchées chez M. Google-Images avec les mots-clé "style troubadour' et "troubadour".
Troubadour (Pascal)
Moi ?... Moi, je jouais de la guitare…
J’avais glissé mon capodastre sur la cinquième case pour ajouter plus de fluidité aérienne à ma chansonnette. Je déclinais quelques arpèges faciles en sifflant dans les blancs de la musique. Oui, c’était une belle ballade…
Dans la campagne à l’été jaunissant, un jeune couple se promenait tendrement.
Ils avaient entrelacé leurs doigts pour être certains de la perfection de leur arrimage en transpirations communes, et ils balançaient leurs bras à la cadence de cette musiquette si légère. Ils étaient beaux ces deux-là comme peuvent l’être tous les amoureux à l’aube naissante d’une passion débordante. C’était un instant magique et éternel avec l’étrange impression mémorable de vivre pleinement cette harmonie dansante.
C’est le genre de souvenir qui s’imprime en force heureuse dans l’intemporel savoureux avec son cortège de verts parfums florissants aux senteurs enchanteresses...
Rien ne dépareillait au tableau des réjouissances naturelles au pays de ces adolescents consentants. Parfois, ils se butinaient goulûment pour confondre le nectar de leur convoitise au bout de leurs lèvres brûlantes…
Moi ?... Moi, je jouais de la guitare…
J’avais dans les doigts le bon tempo et j’esquissais quelques pas de danse enjoués pour contourner élégamment des bouquets de fleurs des champs. Je les ai retrouvés, fuyant sur l’onde endormie, dans une barque languissante...
Elle laissait sa main courir le long du fil de l’eau et les vaguelettes naissantes perturbaient le miroir troublé par ces intimes vibrations caressantes. C’était une sublime figure de proue et j’admirais les tendres sourires réfléchis qu’elle laissait filer au gré de l’étang séduit. Sans manière, ils se posaient sur la berge et l’instant d’après, comme des bulles éparpillées, ils éclataient en rires balnéaires. Je suis sûr que tous les poissons montaient à la surface pour admirer cette sirène envoûtante ! Les grenouilles, les crapauds et tous leurs têtards devaient bien jalouser cette insaisissable beauté transformée en princesse illuminée, le temps coulant de cette excursion nautique ! Même les roseaux attendris se pliaient en longues révérences !...
Moi ?... Moi, je jouais de la guitare…
J’organisais malicieusement quelques sonorités harmoniques au diapason ému des deux tourtereaux enlacés. Je m’appliquais pour ne pas les surprendre mais ils dansaient sur la mélodie ! J’avais quelques frissons heureux d’être présent abstrait dans cette communion champêtre. Je les ai surpris dans une arène d’orge…
Les épis se hérissaient sur leurs tiges, trop fiers de pouvoir frotter leurs têtes piquantes sur le duvet des jambes de la belle. Ils dodelinaient allègrement sur son passage en remarquant ses tendres frissons et ils voulaient tous s’enorgueillir d’être les précepteurs de ses décorations évanescentes courant sur sa peau.
La belle passante s’était coiffée du chapeau de son galant pour cacher ses émotions rougissantes dans les ombres quadrillées de la paille tressée. Tremblante, elle l’avait rabattu prestement sur ses yeux fermés quand il s’est approché encore du côté tellement attirant de ses lèvres frémissantes…
Moi ?... Moi, je jouais de la guitare…
Je les distrayais avec ma gentille ritournelle et j’arrangeais d’autres couplets en cherchant des paroles d’invulnérables citadelles... Ils folâtraient tout autour de moi ou bien c’est moi qui les encerclais… Qui charmait l’autre ?...
Elle avait délaissé ses chaussures et j’aimais bien voir ses pieds nus se poser dans l’herbe comme deux colombes craintives sautillant dans la verdure. Ils se sont embrassés encore. C’était grâce au refrain poétique ou à l’ingénue rythmique…
Toutes les fleurs des champs penchaient leurs bourgeons en arrière pour participer à leur manière, au moment savoureux, à cette communion des cœurs. Les parfums se confondaient, les couleurs se mélangeaient à l’unisson, l’ambiance bucolique était teintée d’apnée frénétique…
Elle s’est adossée contre un grand arbre en cherchant à défroisser sa robe de dentelles mais l’amplitude feinte de ses gestes savants libérait les coins secrets de sa peau blanche aux regards gourmands de son presque amant…
Moi ?... Moi, je jouais de la guitare…
Ou bien je sifflais les mélodies, je ne sais plus… Je n’osais plus ouvrir les yeux car ils étaient partout, ces deux amoureux ! Pourtant fidèle, je m’appliquais à jouer cette rengaine avec d’autres attouchements essentiels le long du manche de mon instrument. J’avais tellement d’autres accords substantiels dans ma guitare pour qu’ils se disent « oui » à l’abri des regards…
Puis ils se sont aventurés plus loin dans le champ d’orge. Elle avait cueilli un coquelicot sauvage et elle l’apprivoisait dans sa main. Les pétales se déroulaient comme une robe de princesse, ils s’entortillaient en simulant une valse imaginaire, ils s’écartaient en sensations évanescentes ou bien… c’était ma chanson…
Parfois, elle riait encore quand un baiser trop fougueux la faisait chavirer entre les épis comblés. Même le soleil s’ingéniait à calculer ses effets de lumière quand elle se cachait sous le chapeau. J’aimais bien sa démarche assurée et ses courses hésitantes, sa prestance capiteuse de jeune fleur aimante sans caprice et ses gestes précieux de corolle offerte, sa timidité effrontée et son courage échevelé...
Elle a libéré les cheveux de son chignon défait puis, sous la même baguette de ce concert improvisé, ils se sont allongés sous les mèches blondes de l’orge intéressée. Ils construisaient un nid douillet en roulant entre rires et baisers… Le chapeau est tombé…
Moi ?... Moi, je jouais de la guitare…
J’entretenais la mélodie éthérée aux soupirs ardents et répétés des plaisirs des deux amants…
Moi ?... Moi, je fermais les yeux… Je jouais à perdre haleine…
Question musicale (Adrienne)
De samedi matin à vendredi soir, ça fait sept jours pleins que l'Adrienne se demande ce qu'elle pourrait bien raconter sur les troubadours sans faire un cours d'histoire littéraire.
Alors il s'est passé exactement la même chose que dans la conversation qu'elle a eue, l'autre jeudi, avec son prof d'accompagnement musical:
- Qu'est-ce que tu aimes, comme chansons? demande-t-il, dans le but de trouver des musiques sur lesquelles s'exercer à faire des arrangements.
- Euh..., fait l'Adrienne, qui se met à réfléchir à toute vitesse sans réussir à rien sortir.
La ci darem la mano, est-ce que ça compte comme chanson?
Ou Voi che sapete che cosa è l'amor?
Non, bien sûr, ce n'était pas la question.
- Brel, peut-être? propose le prof, qui a visiblement fait l'effort de trouver un nom adapté au grand âge de l'Adrienne ;-)
- Ah oui! fait-elle, soulagée, Brel, Brassens...
Là, c'est au tour du prof de sécher. On ne peut pas lui en vouloir. D'abord parce qu'il est jeune et ensuite parce que pour connaître Brassens, il faut avoir baigné dans la culture française. Ce n'est pas son cas.
- Vous savez, dit l'Adrienne pour s'excuser, déjà à seize ans je n'étais pas normale, je préférais Mozart aux vedettes du moment. Je ne connaissais aucun des groupes que mes copines aimaient...
Il n'a plus rien trouvé à dire, le pauvre.
Notre Troubadour par bongopinot
Il vient d’un faubourg
Porte un pantacourt
Un pull un peu court
Une écharpe l’entoure
On l’appelle le troubadour
Il écrit au fond d’une cour
Il fait rimer son amour
En sifflant des bonjours
Il passe tous les jours
Il manie les calembours
Aussi bien que l’humour
Et la poésie de velours
De ses matins qu’il savoure
Sans trompette ni tambour
Il faudrait être sourd
À son amitié de toujours
Point besoin de discourt
À chaque appel au secours
Il prouve sa bravoure
Car très vite il accourt
On l’appelle le troubadour
Il écrit au fond de la cour
Il fait rimer son amour
En sifflotant des bonjours
Troubadour et sa troupe (Kate)
J'aurais pu n'en mettre qu'un
Troubadour
Qui parle d'amour
Mais ce n'est pas beaucoup un
OFF SESSION - Oldelaf: "La Tristitude"
J'aurais pu
Si j'avais su
Faire
Un abécédaire
Aède
Barde
Chantre
Duo
Eicher Stephan
Flûte
Griot
Harpe
Iliade
Johnny Cash
Keith Jarrett
La Castafiore
Mozart
Nina Simone
Orphée
Patti Smith
"Que reste-il de nos amours ?"
Rolling Stones
Scalde
Troubadour
U2
Van Morrison
Waltz
Xylophone
Yoddler
Zorba
Et la boucle, eh !
Aurait été bouclée !
J'aurais pu
Si j'avais su
Faire un scrabble
Mais pas capable
J'aurais pu
Chanter mes joies
Chanter mes peines
Si j'avais su
Trouver des mots de choix
Sur des musiques miennes
J'aurais pu
Si j'avais su
Faire un texte
Dans un contexte
De solitude
Sur fond de la force des habitudes
Mais tant de troubadours
Ont fair rimer
Amour avec tambour
Toujours avec aimer
Que non, je ne suis jamais seule
Non jamais seule
Il y a toujours une société
Des gens de la gaieté
EXCLU -- La tristitude spéciale Saint-Valentin par Oldelaf
Et la boucle, eh !
A-t-elle été bouclée ?
Troubadour (TOKYO)
Nous marchons dans les fougères sans savoir où dorment les troubadours.
Nous ne lisons plus de lettres d’amour, car eux seuls savaient tenir le feutre sur le papier.
Ils nous font les reproches que nous nous faisons.
Nous ne lisons plus de poèmes, les femmes adoraient les poèmes qu’ils leur adressaient.
Ils avançaient dans les rues sous d’amples chemises et toutes les ombres frissonnaient sur leur passage.
Ils gardaient les chansons qui parlent d’amour secret, ils arrachaient des grappes de glycines pour toucher nos âmes meurtries.
Nos vies sont étroites sans eux.
Nos vies sont comprimées sans leurs chansons.
Où dorment nos troubadours quand tout s’en va ?
Quand l’encre et le papier et la douceur du feutre sont devenus clavier et leurs échanges SMS.
J’en ai aperçu un l’autre fois à super U. Il dansait devant l’épicerie Rimbaud rayon charcuterie.
Et me voilà devant lui. Les miracles ne se reproduisent pas deux fois me suis-je dis.
Il vendait du boudin noir, mon troubadour, je me sentais un peu gêner à l’idée de rencontrer l’archétype du troubadour moderne celui qui avait traversé les siècles sans sourciller.
M’arrêtant un instant devant son visage à la blancheur pascale je me suis dit que s’il existait encore un troubadour c’était ici dans ce super U.
Et puis me suis dit pourquoi faire des lettres d’amour quand on sait faire du boudin noir d’accord je vous l’accorde il n’y a pas non plus un champ de fougère à ses pieds.
C’est alors que la caissière me dit ‘ ; dans l’éternité le temps n’existe pas. Ma première réaction a été de répondre /
Comment osez-vous vous approchez de moi comme ça sans bruit alors que je suis devant le dernier troubadour de notre époque.
He ma petite dame ce n’est pas un être venu d’ailleurs le vendeur de boudin
Je n’ai pas la moindre idée de ce dont vous parlez-lui rétorquais -je
ET si vous pouvez lire dans mes pensées alors vous devriez savoir ce que je fais ici
C’est alors que mon troubadour charcutier s’est penché vers moi en riant. il avait un regard libidineux en me proposant son boudin noir .
Pivotant sur un pied je me suis éloignée de lui à toute vitesse. Si jamais il me suit, je crie comme un putois.
Ce dégénéré, ce troubadour de mes deux la coquetterie t’a barré le chemin jusqu’à l’optométriste ça fait deux ans que je dois porter des lunettes
. Mais je vois le sourire de mon charcutier dans le brouillard/ Ma petite dame vous avez oublié votre boudin.
Je suis sereine comme une présentatrice à la télé en train d’annoncer une crise mondiale
Puis il se penche sur moi et murmure je ne crois pas que vous glisser dans mon pantalon soit une bonne idée ..
Je ne vous dirai pas ou a fini le boudin de mon troubadour. Mais pendant le chemin qui me menait au café je me suis demandé ce qui était arrivé aux troubadours qui dormaient dans les fougères.
Ce qui est sur c’est qu’ils ne sont pas à super U la prochaine fois je tente le rayon crèmerie à AUCHAN.;
Rondeau baladin (Lecrilibriste)
Pour être un bon baladin
il faut aimer les balades
avoir toujours un refrain
une histoire et une ballade
à conter au châtelain
Pour être un bon troubadour
il faut aimer l'aventure
bien savoir parler d'amour
et avoir très belle allure
pour être admis à la cour
Pour être un bon ménestrel
il faut écrire des poèmes
rythmés et spirituels
et avoir l'esprit bohème
pour faire jaillir l'étincelle
Pour être un très bon trouvère
Faut parler en langue d'oil
jongler, raconter les guerres
mais aussi faire le guignol
dérider les dignitaires
Et pour être chansonnier
il faut trouver les accroches
avoir l'esprit délié
pas la langue dans sa poche
pour clamer des vérités