Ont senti frémir leur âme de bûcheron
Laura ; joye ; Walrus ; Venise ; Kate ;
petitmoulin ; Emma ; Minuitdixhuit ;
bongopinot ; Joe Krapov ;
Plus on va vers le Nord, plus on se retrouve à l'Ouest ! (Joe Krapov)
C’est l’été, je crie « Pouce ! »
Il ne faut pas se faire de mousse
Et en boire une petite en douce !
Qu’elle soit brune, blonde ou rousse,
A la va comme je te pousse
Ou bien savourée avec fièvre,
Il faut bien y tremper sa lèvre.
C’est l’été, je demande : « Patron !
Il ne faut pas se casser le tronc !
Servez-moi un Perrier citron ! »
C’est l’été, je photographie,
Et je trouve sur mon chemin
Un jeune plaisantin d’Helvétie
Qui fait le même bouleau ( ?) que le mien :
La façon dont il voit la vie
Me rend mort de rire et songeur :
Il semble répondre au Défi
Avec cette photo de rongeur !
Connaît-il notre oncle Walrus ?
Est-il familier avec lui
Pour le portraiturer ainsi
En amusante compagnie ?
C’est l’été, la saison magique
Où l’on s’interroge à foison :
Que serions-nous si d’aventure
On nous supprimait sans raison
Nos fournisseurs de confitures,
Les aimables Suisse et Belgique ?
Devant cette nouvelle misère
Il nous faudrait noyer le chagrin dans la bière :
« Patron ! Le monde tousse !
Servez moi donc une autre mousse ! »
N.B. « L’Univers de la famille Wilhelm » est une exposition photographique vue avec un plaisir immense par votre serviteur-cycliste en la ville de Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Le travail photographique de John Wilhelm est visible, entre autres lieux, ici. L’abus de surréalisme est conseillé pour la santé : à consommer sans modération !
Un arbre sur mon chemin par bongopinot
Un arbre sur mon chemin
Qu’une douce mousse entoure
Délicate comme du velours
Une tendresse dans le matin
Il sent les rayons du soleil
La brise légère sur son écorce
Tout cela le renforce
Et tranquillement il s’éveille
Il ouvre ses branches à la vie
Il respire par tous ses organes
Et ses feuilles vertes planent
Absorbant la lumière ainsi il se nourrit
Quelques oiseaux sur lui se posent
Un écureuil fait de l’exercice
Agrippé solidement à l'écorce
Satisfait et à l’aise
Je viens souvent me ressourcer
En cet endroit plein de charme
Loin de la ville et du vacarme
De la pollution et de la foule stressée
Cet arbre sur mon chemin
Qu’une douce mousse entoure
Délicate comme du velours
C’est ma tendresse du matin
Tyrotrypophobie (Minuitdixhuit)
Bien sûr, a priori, cette image ne devrait pas susciter l’impression de peur, mais c’est bien de cela qu’il s’agit pour moi.
Déjà le cochon rose de la semaine dernière m’avait laissé un sentiment douloureux. J’aime le rose. J’aime les cochons, qui ne peut pas les aimer ?
Mais pas les bouteilles de gaz. Peut-être leur poids quand j’allais en chercher une chez monsieur Larby, l’Arabe du coin de Bab-El-Oued, « Larby, charbon, gaz et pétrole » en lettres rouges sur fond bientôt noircit. Peut-être leur bruit quand, dans les nuits, elles explosaient contre la devanture d’un Francaoui pro-FLN ou d’un Algérien pro-Français et que les gosses que nous étions entonnions en chœur « strounga ! » alors que nos parents terrorisés n’avaient même plus les forces de nous demander d’arrêter de chahuter en pyjama sur nos matelas à même le sol.
Voilà que maintenant le bon Walrus, Dieu des lettres dans la mythologie Outre Quiévraine (peu connue, je vous le concède) nous fourgue une pâte photographique assez confuse dont ressort, bien évidement un trou, ne me dites pas que votre œil ne s’y est pas posé directement.
40 ans de psychanalyse hebdomadaire m’ont coûté le prix d’une belle maison et sans doute donné la chance de rester en vie, avec à peu près de quoi résister pour les années à venir, si vous m’aidez.
Donc le trou.
Je ne vous parlerai pas de ma grande sœur, elle avait 14 ans, moi 7, et le jeu du docteur consistait, pendant la sieste familiale, à y introduire de petits objets, comme la tige de mon fanion du Racing Club d’Ameur El Ain, mais moi je n’étais pas trop d’accord et j’avais peur pour mon fanion. Pourtant je le faisais, ça la faisait trembler mais elle avait l’air d’aimer cela. Une grande sœur, c’est un modèle non ?
Donc les trous.
Ah, oui, je ne saurais pas comment vous l’expliquer, tant cela peut paraître ridicule, c’était ceux du fromage. Bien sûr, si vous avez été élevés à la « Vache qui rit » des hypermarchés vous ne pouvez pas comprendre et je ne vous en veux pas.
Maman achetait le sien à la coupe dans le passage Franchet d’Espèrey chez la crémière « À la belle Lochoise ».
J’ai vu récemment à la télévision une publicité où un fromager de pacotille plantait une sorte de fanion du Racing Club d’Ameur El Aïn, mais avec une croix blanche sur fond rouge, dans le cœur d’une meule d’Emmenthal.
Je me suis alors remémoré cet autre passé douloureux.
Pour une raison que j’ignore (40 ans de psy sans aborder le sujet) ces trous, ces alvéoles, ces orifices, ces vides, ces non-existences que je découvrais quand ma mère me servait ma part, me terrorisaient…
Mais pas les trous dans nos murs, pas les trous des vitres explosées, pas les trous de la devanture calcinée de monsieur Larby, pas les trous béants des âmes survivantes, pas les trous dans ma tête.
À présent, j’ai bouché. Ça m’a pris du temps.
Participation d'Emma
Trou la la, making of :
1. la consigne est folle - fou > entonnoir, entonnoir > dans le trou, le trou = entrée du puits d'Alice, dans lequel tombent des personnages, surréalistes comme la consigne -
mais il faut une happy end, alors ils ressortent par un tunnel et remontent dans le tableau -
2. comme bande son s'imposait la chanson ancienne (?), du joueur de luth, vaguement égrillarde, dont le refrain est "trou la la" - interprétée ici par Patachou (une version un peu différente par Colette Renard ) , et dont le web propose une interprétation (années 60 ?) de joyeux amis canadiens , insérée ici parce qu'elle frise le surréalisme, elle aussi.
Je regarde le chêne (petitmoulin)
Je regarde le chêne
Couché sur le chemin
On pourrait croire qu'il dort
Qu'il a mis à sécher
Ses rêves détrempés
De longue nuit d'orage
Il porte en plein cœur
Une fureur de tempête
Quelques lambeaux de vie
Frissonnent encore
Dans l'épaisseur de son feuillage
Le ciel a déjà oublié son front
Le soleil renié son ombre
Les oiseaux l'ont quitté
Sans même un requiem
Sous un linceul de mousse
Son corps tout entier
Déroule sa plainte
Parcourue d'un regret
Que ne suis-je né
Roseau
En bois (Kate)
En bois
Végétalisons
Sur le chemin
Un tronc
Où est mon chien
Minéralisons
Dès le matin
Partons
Avec le chien
Herborisons
Sous les sapins
Par vaux par monts
Retrouver ce chien
Chemin de randonnée Saulzet-le-Froid (63), octobre 2017, photo de l'auteur
La langue d'arbre (Venise)
Assise au pied de ce tronc j’écoute la langue d’Arbre
Celles des acacias, des ormeaux, et des sycomores.Il y a ce matin dans les arbres tout l’alphabet du monde
Le thème astrologique du christ avant sa mort.
Pourtant la langue de bois rôde et cherche à faire taire les petits chanteurs à la croix de bois.
Cessez vos vaines promesses, vos impostures Hommes à la langue de bois.
Je suis impatiente d‘apprendre les mille langues d’arbres et de voir vos masques tombés.
On a perdu la langue d’arbre celles qui donnent les fruits sucrés, qu’on partageait avec le bouvreuil.
Alors comme une armée en déroute abandonnée à l’ennemi vous comprendrez vos paroles sans vérités déracinées de nos terres fertiles.
Puis il y a ceux qui n’ont jamais quitté la langue d’arbre et qui parlent sans qu’ils soient nécessaires d’en douter.
Cesses de préparez vos mauvais coups avec votre langue de bois, même les platanes dont le tronc est creux vibrent plus que vous et chantent à nos oreilles comme de vieux pèlerins.
Il est plus aisé de parler la langue de bois que d’être cet idiot du village qui parle la langue d’ARBRE.
C’est peut-être le métier le pus difficile !!
Avez-vous déjà rencontré l’idiot de votre village quand il vous dévisage et cherche en vous la langue veinée, marbrée des arbres ?
Ce soir j’observe les Margueritte piqués à la machine à coudre sur le tablier de ma petite fille. Elle Lit Racine, je découvre sur son visage de noix et sous sa peau ébène La Joie., la joie de parler la langue d’arbre.