Chapitre 9 (Epilogue) - Défi n°113, Où vont ces enfants... suite et fin.
Jules et Juliette se couchèrent tôt ce soir là. Pas qu'ils aient eu à l'esprit, comme ils l'avaient envisagés le matin sur le chemin du retour, de favoriser une nuit plus longue pour finir leur rêve respectif, mais tout simplement parce qu'ils n'en pouvaient plus. Leurs jambes ne les portaient plus et leurs yeux piquaient comme s'ils étaient pleins de savon.
Ils firent leur toilette, embrassèrent leurs parents avec toute l'énergie qui leur restait et allèrent se coucher à huit heures sans demander leur reste. Le marchand de sable ne fut pas long à passer et lorsque leur père alla les border environ une demi-heure plus tard, c'est une respiration lourde et profonde qui l'accueillit dans chacune des deux chambres contiguës.
Il ferma les deux portes et descendit l'escalier en silence pour aller rejoindre sa femme dans la cuisine dont il ferma la porte derrière lui. La soirée était chaude en cette fin du mois d'août et il n'était nul besoin de laisser monter dans les chambres la chaleur de la cuisinière, bien au contraire, il ouvrit même la petite fenêtre pour créer un léger courant d'air.
- Tu as vu comme leurs yeux pétillaient quand ils parlaient de leur week-end !
- Oui.
- Je n'ai pas put un placer une depuis que je suis rentré tellement ils parlaient sans arrêt.
- Et encore tu n'es arrivé qu'à sept heures, imagines moi, toute la journée avec eux, et la tyrolienne par ci et le feu de camp par là, pas une minute de répit.
- On va peut-être devoir manger des patates gralées pendant une semaine pour passer la rentrée mais ça vaut largement le coup quand on les voit aussi heureux tu ne crois pas ?
- C'est sûr. Et puis ça ne changera pas beaucoup de toute façon.
Ils éclatèrent de rire ensemble et la chienne se mit à aboyer de concert.
A peine endormis, les deux enfants sombrèrent dans un sommeil profond, aussitôt envahi par les rêves. C'est Jules qui le premier fut emporté par les bras de Morphée...
Le lieutenant Roste arriva au commissariat avec une mine dépitée et les traits creusés. Il avait passé la nuit dans sa voiture devant le siège de la BNG à surveiller d'éventuels allers et venues jusqu'à six heures, jusqu'à ce qu'une deuxième équipe de policiers en civil viennent le relever. La nuit avait été longue, pas un mouvement à signaler, pas une voiture n'était entrée ni sortie du parking et aucun piéton n'avait franchit les grandes portes vitrées automatique de l'immeuble. Le gardien avait fait ses rondes habituelles sans que rien ne vienne le perturber, un vrai métronome s'était dit le lieutenant.
- Bonjour Durand.
- Bonjour Lieutenant, bien dormi ?
- Très drôle Durand, t'as fait l'école du rire en plus de celle de gardien de la paix ?
- Oh vous fâchez pas Lieutenant, c'était pas méchant, un café ? Il y en a du tout frais !
- Excuses moi Durand, la nuit a été courte et il ne s'est rien passé, juste une sensation bizarre. Je veux bien ouais.
- J'vous amène ça.
Le lieutenant s'installa à son bureau, consulta rapidement les notes d'appels manqués et appela la patrouille en planque devant la BNG. Rien, toujours rien. Il était un peu plus de huit heures, les premiers occupants de l'immeuble n'arriveraient pas avant une heure.
- C'est ça les bureaucrates, se lamenta-t-il.
- Voilà vôt' café Lieutenant.
- Merci Durand.
- Vous avez parlé d'un truc bizarre tout à l'heure, c'était quoi ?
- Il ne s'est absolument rien passé cette nuit, que dalle, du coup j'ai pas arrêté de cogiter et plus je pensais à cette affaire plus j'avais la sensation de connaître notre ex disparue.
- Comment ça ? On sait son nom maintenant, soit vous la connaissez, soit vous la connaissez pas.
- Je sais Durand, je t'ai dit que c'était bizarre. Par moment c'était comme si... c'est difficile à expliquer.
Le lieutenant sembla se perdre dans ses pensées, Durand le laissa seul.
Juliette se retourna dans son lit, tira la petite couverture rose sur son oreille et ne bougea plus.
Max Eloie avait fini par passer la nuit chez son psy. Celui-ci refusait catégoriquement de la laisser rentrer seule dans son appartement, trop dangereux d'après lui. Il avait réussi à la convaincre de rester dîner et dormir chez lui en lui faisant miroiter un carpaccio de thon, des linguine del mare et un tiramisu au pain d'épices, le tout accompagné d'un merveilleux Chianti d’après lui, sans oublier la promesse de l'aider dès le lendemain matin à confondre ses employeurs.
- Vous avez bien dormi ?
- Très bien je vous remercie. C’est vraiment très gentil à vous de m’avoir hébergé cette nuit, en plus de l’excellent dîner. C’était la première fois que je dormais sur un futon, c’est remarquablement confortable et les estampes aux murs sont très comment dire... « gay ». Le psychothérapeute rougit légèrement.
- C’est bien normal et ce n’était vraiment pas grand-chose.
- Je ne crois malheureusement pas que tout le monde pense comme vous Jean François.
- Thé, toasts, marmelade ?
- S’il vous plaît, ce sera parfait.
Pendant qu’il préparait le thé et les toasts, la jeune femme ne dit pas un mot, des bribes du rêve qu’elle avait fait cette nuit lui revenaient.
- Voilà, lait, sucre ?
- S’il vous plaît, oui.
- Vous sembliez bien loin.
- Oui, je repensais au rêve que j’ai fait cette nuit, très étrange.
- Racontez moi ça, j’adore interpréter les rêves !
- Je ne m’en souviens pas vraiment, mais dans les grandes lignes, j’étais allé voir la police et je suis tombé sur quelqu’un que je croyais connaître et cette impression persiste. Je n’arrive pas à voir son visage mais il me semble que nous avons une histoire commune. Pourtant je ne connais personne dans la police j’en suis sûre.
- Nous verrons ça plus tard. Quel est le programme pour ce matin ?
- Moi je vais à la BNG reprendre mon boulot comme si rien ne s’était passé et surtout sans faire allusion à VOYELLE, je fouille dans l’ordinateur et je les laisse venir. Vous, vous vous occupez de vos patients qui ont bien de la chance de vous avoir comme psy.
- Au moindre pépin vous m’appelez et ce soir je veux un rapport circonstancié dés que vous rentrez, c’est bien compris ?
- Chef ! Oui ! Chef !
- Très drôle... promettez le moi.
- Promis.
- Dans le dressing de votre chambre vous trouverez quelques vêtements qui devraient vous aller, ce sont comment dire, des déguisements... Il rougit à nouveau.
Ils finirent leur petit déjeuner en parlant de tout et de rien. Maxime trouva effectivement de très beau vêtements de femme, à peu près à sa taille. Après avoir chaleureusement embrassé son hôte, elle chercha une entrée de métro, s’y engouffra et quelques minutes plus tard, elle était debout, face à l’immeuble de la BNG.
La porte automatique, un rapide bonjour au gardien, l’ascenseur, la porte vitrée et la voix si naturelle et pourtant si artificielle.
- Docteur Eloie ? Veuillez regardez l’objectif en face de vous pour l’identification rétinienne s’il vous plaît.
- ...
- Un instant je vous prie Docteur Eloie.
- Un problème Saxo ?
- Pas du tout Docteur mais n’ayant pas été informé de la date exacte de votre retour, il me faut quelques minutes pour réactiver vos accès. Veuillez m’en excuser Docteur.
- Cela ne fait rien Saxo, je ne suis pas si pressé de reprendre, on finit par prendre goût aux vacances en fait, quand on en prend.
Quelques minutes passèrent effectivement avant que Saxo n’ouvre le sas. Le docteur Eloie soupçonna fortement l’intelligence artificielle d’avoir profité de ce laps de temps pour avertir les membres du conseil d’administration et surtout son cher patron.
Lorsqu’elle entra dans son labo elle ne remarqua quasiment aucun changement. Il ne faisait pas de doute que si elle n’avait pas recouvré la mémoire la veille, rien ne l’aurait choqué en revenant travailler. Tout ce qui pouvait de près ou de loin permettre de faire un lien avec une quelconque méthode pour produire de l’électricité avait disparu.
Elle alluma son ordinateur. Tous les répertoires ayant trait à Uwe Schröder ou aux bactéries qu’il avait étudié avait été supprimés, ne restaient que la partie traitement des déchets. Elle se demanda si VOYELLE se trouvait toujours dans le parking, mais impossible d’aller voir sans attirer immédiatement l’attention.
La porte s’ouvrit sans avertissement préalable. Il n’y avait pas cinquante personnes que Saxo aurait laissé entrer sans demander d’abord la permission au titulaire du labo, une seule en fait, Philippe Estrosi.
- Max ! Ma chérie. Tu aurais dû m’appeler, je serais passé te prendre ou j’aurais envoyé mon chauffeur. Comment te sens-tu ? Je vais appeler le docteur Thibaud, c’est lui qui s’est occupé de toi après ton malaise, je te conduirai à son cabinet dès qu’il m’aura fixé un rendez-vous. Il vaudrait mieux que tu rentres en attendant.
- Non, ça va, j’ai besoin de travailler, tourner en rond dans mon appartement ça me met les nerfs en pelote, tu me connais...
- Bien sûr, je comprends. Je passerai te prendre plus tard. Il déposa un baiser sur la joue de la jeune femme qui retint de justesse un frisson.
Le Président de la BNG sortit.
Elle passa le reste de la matinée à chercher les traces des autres immeubles que la fondation pouvait posséder ou d'anciennes recherches qui auraient été étouffées. Elle naviguait de répertoire en répertoire, de programme en programme, d'identifiants en mot de passe quand la voix de Saxo retentit dans le labo.
- Désolé Docteur Eloie, vous n'avez pas accès à cette partie de ma mémoire.
- Qui y a accès Saxo ?
- Désolé Docteur Eloie, je ne suis pas autorisée à vous communiquez cette information.
- Peux-tu me dire qui travaille ou a travaillé sur les nano-technologies alors ?
- Désolé Docteur Eloie mais ces informations ne sont pas en rapport avec vos recherches actuelles, je ne suis pas autorisée à vous les communiquer. Vous devez en faire la demande auprès du conseil d'administration.
La jeune femme sentait bien que des barrières avaient été établies pour garantir l'accès à tout ce qui pouvait raviver sa mémoire. Malgré ses connaissances en informatiques elle était certaine de ne pas pouvoir les franchir. Elle tenta le tout pour le tout.
- Et les oiseaux de nuit Saxo, cela te dit quelque chose ?
- ...
- Tu m'entends Saxo ?
- Les oiseaux de nuit font référence à un tableau de Edward Hopper Docteur Eloie, ainsi qu'à un épisode de la série télévisée Dead like me, le numéro douze pour être précise. Ces renseignements vous aident-ils Docteur ?
- C'est parfait Saxo, je te remercie.
Il y avait certainement un système d'alerte sur certains accès ou mots clés, elle n'allait pas tarder à voir débarquer son cher et tendre ou un de ses sbires. Il était temps de prévenir la police pour assurer ses arrières. Elle téléphona à Jean François pour lui demander de venir la chercher pour l'accompagner au commissariat. Elle avait besoin d'un soutien pour raconter son histoire et éviter qu'on ne la prenne immédiatement pour une folle, ce qui risquait malgré tout d'arriver faute d'éléments avérés.
Moins d'une demi-heure plus tard la porte de son labo s'ouvrait à nouveau sans préambule...
Le sommeil de Jules était plus agité, il se tournait et se retournait dans son lit en marmonnant des phrases inintelligibles.
Le lieutenant Roste était maintenant dans sa voiture à l'angle d'une rue qui le laissait dissimulé mais lui permettait de voir l'entrée du parking souterrain de l'immeuble de la BNG. Il était certain que si quelque chose se passait, c'est forcément par là que des personnes cherchant la discrétion passeraient. Il avait malgré tout laissé la deuxième équipe en planque devant la porte principale.
Quelques heures plus tôt, les deux policiers en civil, dissimulés dans une fourgonnette banalisée devant la BNG l'avaient appelé pour lui signalé que Estrosi venait d'arriver dans une grande voiture noire. C'était peut-être le début de la panique tant attendue dans la fourmilière. Il avait alors ordonné à l'un des deux hommes de se mettre en faction devant l'accès au parking. Celui-ci venait de l'appeler pour lui signaler le retour de Estrosi, accompagné de son chauffeur et d'un inconnu "musclé".
Juliette eut un sursaut dans son lit.
- Qu'on ne nous dérange pas Saxo.
Le président de la BNG venait d'entrée dans le laboratoire de Maxime Eloie, accompagné d'un homme grand, à l'allure très sportive, vêtu d'un costume sombre et dont le visage n'exprimait aucune émotion.
- Pourquoi ne m'as-tu rien dit ce matin Max ?
- A quel sujet Philippe ?
- Arrêtes ce jeu stupide Max, c'est puéril et insultant pour toi comme pour moi. Tu savais très bien que Saxo me transmettrait tes requêtes sur des sujets protégés. De quoi te souviens-tu ? Quand est-ce que ta mémoire est revenue ? A qui as-tu parlé, est-ce que tu as appelé la police ?
- Holà doucement... C'est vrai, mais je n'avais pas le choix, il me fallait quelques éléments avant d'aller voir la police, sinon ils m'auraient pris pour une folle bipolaire ou je ne sais quoi d'autre. Non, je n'ai encore parlé à personne.
- Comment ta mémoire est-elle revenue ?
- Je ne sais pas, peut-être que tes larbins ont mal fait leur boulot, peut-être que mon cerveau torturé à mieux résisté au lavage que d'autres. Il paraît que les cerveaux des chercheurs sont un peu comme ceux des fous, vous avez peut-être mal visé ! J'ai commencé à avoir des bribes de souvenir qui revenaient, puis j'ai consulté un psy parce que j'avais l'impression de devenir folle avec ces souvenirs en double et au fur et à mesure que je comprenais que je n'étais pas folle, les souvenirs fabriqués disparaissaient.
- C'est qui ce psy ? Son nom ?
- Ne t'inquiètes pas, il m'a juste aidé à ne pas sombrer dans la schizophrénie, il ne sait rien de ce qui m'est arrivé.
- On verra... Suis-moi sans faire d'histoire s'il te plaît et il ne t'arrivera rien.
- Non, vous allez juste me lobotomiser.
- Ne soit pas ridicule, tu sais très bien que je ne te ferai jamais de mal, ils vont juste remettre de l'ordre et ta vie, notre vie, recommencera sans plus aucun soucis.
Jules s'agita de plus belle.
La limousine aux vitres teintées venait de sortir au pas du parking, bien trop lentement, comme si le chauffeur faisait tout pour ne surtout pas attirer l'attention.
Au même moment Jean François sortait en courant de l'immeuble. Les deux agents en civil l'interceptèrent, ils l'avaient vu se garer en catastrophe sur une place pour handicapés, sortir de sa voiture et se précipiter dans l'immeuble et maintenant ça, un bien étrange comportement surtout dans les circonstances actuelles.
- Police nationale Monsieur, vos papiers s'il vous plaît. Le policier venait de sortir sa carte tricolore et la tenait à hauteur des yeux du psy.
- On a enlevé mon amie ! Il faut absolument que vous lanciez un appel !
- Calmez-vous Monsieur, qui a été enlevé ?
- Maxime Eloie, elle travaille ici pour la BNG et ils l'ont enlevé !
- Qui l'a enlevé ?
- Son patron ! Elle vient de m'appeler pour que je vienne la chercher pour aller au commissariat, elle savait qu'ils allaient venir. Vite s'il vous plaît il faut prévenir vos collègues, qu'ils la recherchent, ils vont la tuer !
- Suivez nous je vous prie.
L'agent sortit son téléphone et appela le lieutenant Roste.
- Lieutenant c'est Martin. On a quelqu'un qui sort de l'immeuble et qui dit que Madame Eloie vient d'être enlevée.
- Embarquez le et venez me rejoindre, je suis derrière la bagnole de son boss. Je roule sur l'avenue de la République... je prends la rue Weurt en direction du boulevard du Massacre. Attendez nous au rond point de la Légion, je demande des renforts.
- Compris, on arrive. Fais le grimper Roland on décolle !
La camionnette s'intercala entre la limousine et la voiture du lieutenant comme prévu au rond point de la Légion. Pendant presque une demi-heure les deux véhicules qui filaient la limousine inversèrent leurs positions pour ne pas éveiller les soupçons du chauffeur. Ils passèrent devant un café au style un peu vieillot, chez Phillies et enfin la limousine entra dans le parking d'un immeuble vieux et délabré qui semblait n'attendre que la démolition.
Le lieutenant et ses deux collègues allèrent se garer dans des rues perpendiculaires.
- Lieutenant Roste à Central, je demande du renfort pour une prise d'otage supposée. Je suis au cent douze de la rue Barbe, j'ai déjà les agents Martin et Arthur avec moi.
- Central, je transmets votre demande.
- ...
- Central, un groupe du GIPN va être envoyé sur place.
- OK bien reçu, nous allons essayer de récupérer des infos sur les lieux. Terminé.
- Central, bien compris, je transmets. Terminé.
- Martin ?
- Non c'est Arthur Lieutenant.
- Les renforts vont arriver, une équipe du GIPN. En attendant il faudrait récupérer des infos sur l'immeuble. Que l'un de vous deux aille faire le tour des commerces, des cafés.
- Entendu Lieutenant.
Juliette émit un gémissement puis un long soupir.
Une fois garés au sous-sol de l'immeuble, on conduisit Maxime Eloie jusqu'à l'ascenseur dont elle avait un vague souvenir. La porte s'ouvrit sur un pallier totalement délabré qui donnait l'impression que plus personne n'habitait là depuis au moins cinquante ans. Une petite dizaine de portes étaient toutes fermées. Ils se dirigèrent vers la plus crasseuse, jamais la jeune femme n'aurait osé toucher la poignée pour l'ouvrir mais personne n'eut à le faire, trois rayons laser rouges effectuèrent un balayage complet de leurs quatre personnes et la porte s'ouvrit automatiquement.
- Analyse biométrique de masse !
- Cette technologie devrait bientôt être fournie aux militaires pour la surveillance du territoire, les aéroports notamment. Comme tu le vois nous ne gardons pas tout pour nous.
- J'imagine qu'une startup est entrain de finaliser un produit basé sur la même technique et vous allez prendre le marché et la couler en même temps.
- ...
- Vous êtes vraiment des salops.
La porte se referma derrière eux. Ils se retrouvaient dans un sas. Aussitôt, des jets de gaz entrèrent en action. Une odeur âcre leur piqua les narines mais le temps de s'en rendre compte, un souffle d'air puissant les balaya de haut en bas pendant que le gaz était aspiré dans des grilles situées au ras du sol et qui n'étaient pas présentes à leur entrée. La porte devant eux s'ouvrit sur une sorte d'openspace. Une sorte car il s'agissait d'une grande pièce, en fait cela devait même être tout l'étage et peut être même les autres, ou chacun pouvait voir ce que faisaient les autres, mais au travers d'épaisses cloisons en une matière qui ressemblait au verre mais que la chercheuse imaginait plutôt comme devant être un polymère ultra résistant et totalement étanche au bruit, aux gaz et sans doute même la lumière était-elle filtrée.
Ils traversèrent tout l'étage pour arriver devant la seule pièce dont l'intérieur était dissimulé. Quand la porte s'ouvrit elle reconnut le fauteuil des oiseaux de nuit. Elle se débattit pour la forme mais la poigne du chauffeur et de l'athlète ne lui laissait guère d'espoir. Ils la plaquèrent contre le coussin, elle gémit, puis ils la sanglèrent et elle laissa échapper un long soupir...
Jules respirait maintenant très doucement, il avait les sourcils froncés.
L'équipe du GIPN était arrivée, six hommes avec du matériel digne de Mission Impossible. Accompagnés du lieutenant ils avançaient lentement vers l'immeuble, les deux agents de police restant à l'extérieur pour garder le psy et surveiller le parking.
Le lieutenant avait briefé le chef de groupe.
- Ces gars là font dans la haute technologie, il se pourrait bien que l'endroit soit truffé de caméras, de micros et de détecteurs en tous genres.
- Pas de problème, nous aussi on fait dans le hightech, on a des jouets sympatoches pour les repérer. Vous avez récupéré des infos sur l'immeuble ?
- Rien, tout le monde dans le quartier l'a toujours connu dans cet état avec toutes les ouvertures... fermées.
- Nous sommes en liaison avec le QG, au fur et à mesure que l'on progressera ils feront une reconstruction en trois D grâce aux scanners qui équipent nos casques. Ils pourront rapidement se faire une idée de la topologie et nous guider.
Un des commandos ausculta le hall derrière la lourde porte, RAS. Un autre aspergea copieusement les gonds avec ce qui ressemblait à du dégrippant pendant qu'un troisième crochetait la serrure. La porte s'ouvrit sans résistance et sans un bruit. Le hall était désert. Devant les sept hommes, une vieille cage d'escalier et une porte d'ascenseur.
Ils se mirent en file indienne et gravirent en silence les marches en marbre du premier niveau. A l'aide d'une longue perche télescopique, ils s'assurèrent du pallier du premier étage, RAS. Ils procédèrent ainsi, étage par étage, pallier par pallier, jusqu'au sixième. Là leur équipement détecta de l'électronique.
Au bout de quelques minutes, le QG leur envoya un plan virtuel de l'étage et du pallier avec une solution d'approche de La porte sans normalement entrer dans le champ de détection repéré.
Le chef de groupe indiqua rapidement au lieutenant sur un mini écran plat incrusté dans sa manche le chemin à suivre. Il lui montra également le plan supposé de l'étage, les personnes que les scanners radio avaient reconnu et la salle "aveugle". C'est notre objectif avait-il écrit sur son écran tactile. Le lieutenant acquiesça d'un hochement de tête, arma son Sig Sauer et se tint prêt.
Le front de Juliette perlait de sueur, sa respiration était haletante, sa tête balançait à droite puis à gauche.
Une silhouette blanche sans visage venait d’entrer dans la petite pièce. Tous les autres étaient sortis. L’inconnu s’activait au dessus d’un plateau recouvert d’un champ opératoire sur lequel se trouvait une petite boîte métallique, des cartouches d’air comprimé comme celles que l’on utilise dans les syphons en cuisine, une pince et une sorte de seringue munie d’une poignée.
Une des cartouches trouva sa place dans la crosse de la seringue, puis la silhouette ouvrit la boîte, saisit un flacon transparent et operculé qui trouva également sa place dans ce qui était maintenant un pistolet hypodermique à air comprimé.
Max tentait de toutes ses forces de se défaire des sangles mais rien n’y faisait, elle ne parvenait qu’à se blesser à cause du frottement avec le cuir.
Jules cria dans son sommeil.
Un des hommes du GIPN venait de terminer la pause de charges d’explosif sur la porte. Ils reculèrent tous dans un angle mort du souffle de l’explosion.
Le chef de groupe décompta de cinq à zéro sur les doigts de sa main gauche. Le plastique fit voler la porte en éclat ainsi que le sas armé qu’elle dissimulait.
- GO ! GO ! GO !
Tout le groupe entra en se criant des infos sur ce qu’ils voyaient. La plupart des occupants du laboratoire se couchèrent après la déflagration, d’autres restèrent debout et mirent les mains en l’air.
Le chauffeur et le garde du corps qui montaient la garde devant la salle des oiseaux de nuit sortirent leurs armes et commencèrent à tirer sur les policiers. Deux rafales sifflèrent dans leur direction et ils s’écroulèrent.
Un message d’alerte retentit dans le casque des hommes du GIPN mais avant que l’un d’eux n’ait eu le temps de se tourner dans la direction indiquée, Estrosi qui venait d’apparaître fit feu à plusieurs reprises en direction du petit groupe.
Le lieutenant, sans casque sur les oreilles, qui avait entendu du bruit, s’était retourné plus vite, mais pas assez. Une des balles d’Estrosi atteignit un commando sous le bras et Roste à l’épaule avant que ce dernier n’est pressé la détente de son automatique ce qu’il fit malgré tout, vidant quasiment son chargeur de quinze balles dans la direction du tireur. Trois finirent par l’atteindre mortellement.
La respiration de Juliette était redevenue calme, elle semblait enfin reposée. Celle de Jules était hoquetante, à la limite de l’apnée.
Le lieutenant Roste se réveilla dans une chambre d’hôpital. Il était nauséeux, une vive douleur le lançait au niveau de l’épaule et il sentait une aiguille dans son bras gauche.
Il sentait une présence mais ne distinguait personne autour de lui, sa vision était encore trouble. Il entendait une respiration maintenant venant de la gauche. Il tourna doucement la tête et aperçut une femme allongée sur le lit à côté du sien.
- Ca y est, tu te réveilles enfin.
- Excusez-moi, on se connaît ?
- Un peu qu’on s’connaît, c’est mon sang qui coule dans tes veines.
- Pardon ?
- Je m’appelle Maxime Eloie.
Le lieutenant essaya de faire la mise au point sur ce visage mais ses yeux refusaient toujours de lui donner autre chose qu’un flou artistique.
- Vous allez bien ?
- Très bien, vous êtes arrivés juste à temps, cinq minutes de plus et je me retrouvais avec le QI d’une salamandre. Elle se mit à rire de bon cœur. T’imagines ça, une frangine amphibienne ?
- J’ai un peu de mal à vous suivre, désolé.
- Tu t’es fait tirer dessus par l’autre pourrit de Estrosi. Les gars du GIPN ont appelé une ambulance et m’ont sortit du bocal. J’ai été amené ici en même temps que toi, tu perdais beaucoup de sang. En arrivant à l’hôpital ils t’ont emmené tout de suite au bloc pour retirer la balle mais tu continuais à perdre du sang. Les chirurgiens ont continué l’opération et ont finit par arrêter l’hémorragie mais tu étais vraiment faible, du plasma ça fait pas tout.
- Pourquoi ne pas m’avoir transfusé avec du sang ?
- T’as pas le pot comme on dit, tu es AB négatif et ouais, il y a pas une personne sur cent qui peut te filer son sang.
- Qu’est-ce qu’on m’a fait alors ?
- Il se trouve que moi aussi je suis AB négatif et moi je le sais alors quand je les ai entendu en parler je leur ai dit et ils m’ont fait un prélèvement pour contrôler la compatibilité.
- Je comprends, nous sommes frères de sang alors. Doucement sa vue s’éclaircissait.
- Tu crois pas si bien dire frérot. Les analyses ont montré des caractéristiques étonnamment proches. Alors je leur ai parlé de mon rêve bizarre et ton collègue du commissariat...
- Durand ? Durand est venu me voir ?
- Oui c’est ça, Durand, gentil comme garçon. Eh bien il a parlé d’un truc étrange, que tu lui avais dit que tu me connaissais alors que tu ne m’avais jamais vu. Du coup ils ont fait des analyses un peu plus poussées et devines quoi ?
- Avec mon bol on a la même maladie orpheline ?
- Non mais tu chauffes. T’es orphelin ?
- Oui ?
- J’ai appelé mes parents et ils m’ont avoué que lorsque ma mère avait dix sept ans, elle est tombée enceinte, mais ils étaient trop jeunes pour assurer les besoins d’un enfant alors elle a accouché sous X...
Il voyait clairement le visage de la femme allongée sur le lit à côté du sien maintenant et ce qu’il voyait le stupéfiait, il aurait put être devant son miroir, les yeux, le nez, le menton, les tâches de rousseur, tout lui rappelait ses propres traits...
- Tu veux dire qu’on est frère et sœur ?
- Affirmatif frangin.
- C’est incroyable. C’est un rêve et je vais me réveiller.
- Alors réveilles toi tout de suite.
- Allez debout ! Debout fainéant c’est l’heure !
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Allez Jules, petit déjeuner !
- Oh arrêtes de me secouer comme ça Juliette...
À la croisée des chemins (Walrus)
Encore un pas et ils arriveraient au sommet du raidillon. Un pas ! Combien en avaient-ils faits depuis qu’ils avaient commencé à fuir, d’abord en courant, puis de plus en plus lentement au fur et à mesure que la fatigue leur alourdissait les jambes.
Encore un pas et il leur faudrait choisir car devant eux, par-delà la crête, le chemin se séparait en deux.
Le garçon, esprit simple, vous connaissez les mecs, se posait le problème sous forme d’alternative :
- À gauche ou à droite ?
La gamine plus subtile, comprit immédiatement qu’en dépit des apparences, il ne leur était pas offert deux solutions mais quatre : ils pouvaient aussi se séparer et retomber sur une question presque similaire : Qui à gauche ? (Qui à droite n’étant alors plus une vraie question, puisque dotée d’une solution implicite).
Elle en fit part à son frère...
- Nous séparer ? Mais tu es folle !
- Non, si nous nous séparons, ils ne rattraperont peut-être qu’un seul d’entre nous...
- Et alors ?
- Eh bien, l’autre au moins ne devra pas manger ces foutus épinards !
Chapitre 8 - Défi n°113, Où vont ces enfants... (Fafa)
Les deux enfants marchaient en silence depuis presque une heure. La traversée du grand bois de Hunt les impressionnait toujours autant, surtout juste à la tombée de la nuit ou à la levée du jour comme ce matin. Mais l'approche de la petite clairière toute illuminée où les fleurs multicolores, épargnées par les rayons du soleil ardent de l'été par la frondaison des plus grands arbres, les accueilleraient bientôt, leur redonnait l'hardiesse de leur jeune âge.
- Ouf, je suis bien content qu'on en sorte enfin, déclara le plus grand, sans pour autant lâcher la main de sa petite soeur.
- Moi aussi, c'est pas trop tôt, lui répondit sa cadette.
- C'était vraiment chouette ce week-end en camp !
- Oui, super !
A l'évocation de ces deux jours et trois nuits passés au centre aéré du Grand Chêne, leurs yeux se mirent à pétiller et leurs pieds battirent le sol qui devenait de plus en plus dur et sec à mesure qu'ils approchaient de la Cour des Fées à un rythme plus soutenu.
Leurs parents les avaient conduit avec leur vieille R8 jusqu'à l'entrée de la l'allée qui menait au centre de vacances. Pas plus loin pour ne pas infliger une honte toute juvénile aux deux bambins.
- Amusez-vous bien mes chéris, renifla une dernière fois leur mère en les pressant jusqu'à les étouffer.
- Soyez sages surtout, leur lança leur père, et pour vos sacs, ne vous en occupez pas pour le retour, je passerai les prendre en rentrant de l'usine lundi soir.
La petite voiture avait redémarré alors que le frère et la soeur s'avançaient sans se retourner sur les graviers blancs qui menaient à l'ancien manoir reconvertit.
- Regardes les comme ils sont fiers ! Tu crois que tout se passera bien, ils sont assez grands ?
- Ne t'inquiètes pas, Jules veillera sur sa soeur, tu peux lui faire confiance. Et puis tes parents sont juste à côté et nous habitons de l'autre côté de la forêt...
La Cour des Fées n'était plus qu'à quelques foulées, la lumière se faisait plus forte et une légère brume commençait à s'élever des mousses qui couvraient les bords du sentier.
- J'ai adoré l'escalade dans les grands arbres avec les cordes, les ponts de singes, les passerelles et la tyrolienne. Il y en a qui ont eu peur mais pas moi, j'ai l'habitude de grimper !
- Moi ce que j'ai trouvé le plus amusant c'est le bal de samedi soir avec les costumes que nous avions fabriqué l'après-midi, surtout les jolis masques en papier mâché !
- Oui, c'est vrai que ça aussi c'était bien, mais surtout pour les filles.
- C'est ça, tu crois que je t'ai pas vu danser avec Marinette !
- Et alors, j'ai dansé avec d'autres filles aussi !
- Oui mais avec les autres t'étais pas tout rouge !
- Ca suffit, je te préviens t'as pas intérêt à le répéter.
- Sinon quoi ?
- Sinon rien, tu ne le raconteras pas et c'est tout.
- Bien sûr que non, tu le sais bien.
Enfin ils pénétrèrent dans la clairière, les grands chênes centenaires aux forment et aux ombres étranges, les feuilles mortes et sèches qui bruissent au passage du moindre petit animal, les cris d'animaux sauvages au loin, les buissons qui semblent vous suivre, toutes ces choses menaçantes étaient maintenant derrière eux. Les rais de soleil et l'air plus riche finirent de les ragaillardir complètement.
- On a bien mangé aussi.
- Oui ça peut aller...
- T'es toujours difficile de toute façon.
- C'est pas vrai !
- Si c'est vrai, la preuve, ce matin le petit déjeuner te plaisait t'en as repris.
- Et alors ?
- Alors rien, t'as eu bien raison et j'ai fait pareil d'ailleurs.
- J'ai bien dormi aussi, à part cette nuit.
- Moi pareil ! J'ai fait un rêve bizarre.
- Moi c'était pas bizarre mais c'était excitant.
- Je crois que c'est à cause de l'histoire à dormir debout que les monos nous ont raconté hier soir, elle faisait peur !
- Ouais, elle était trop bien, surtout la fin, j'ai fait un de ces bons quand ils ont crié tous ensemble !
- Moi aussi, j'avais encore le coeur qui battait quand je me suis couchée. C'était quoi ton rêve ?
Ils avaient presque fini de traverser le cercle quasi vierge de végétation, quelques mètres encore puis ce serait le bosquet de châtaigniers où ils allaient cueillir des girolles et couper des bâtons de marche ou des arcs et des flèches.
- J'étais un policier, un vrai hein, avec un pistolet, des menottes et tout et tout ! J'essayais d'attraper des méchants qui avaient enlevé quelqu'un à cause d'une voiture. Et toi ?
- Moi ça faisait un peu peur, j'avais oublié qui j'étais et j'essayais de m'en souvenir mais j'étais très jolie et intelligente.
- Et ça s'est fini comment, tu t'es souvenu ?
- J'en sais rien, je me suis réveillé en sursaut quand la sonnerie du réveil a retentit, l'histoire était pas finie.
- Moi pareil ! Je commençais à me rapprocher des méchants et vlan, le réveil, quel poisse. Peut-être qu'on va les refaire cette nuit et qu'on saura la fin...
- Ouais peut-être, faudra se coucher plus tôt pour avoir le temps d'aller jusqu'au bout...
Ils sortaient du bosquet, la petite maison de briques rouges, réplique exacte, à l'exception du jardinet potager, aux deux maisons mitoyennes et à toutes les autres de la rue sentait bon la soupe entrain de mijoter sur la cuisinières à charbon qui faisait office de chauffage centrale. Leur chien Hercule les vit et vint les accueillir en aboyant. Leur mère apparut sur le perron de la porte de la cuisine.
- Mes chéris !
- Regarde Juliette, c'est Maman, j'ai hâte de tout lui raconter !
- Maman ! Moi aussi, preum's !
Ils partirent tous les deux d'un grand éclat de rire en courant dans les bras de leur mère qui pleurait de joie.
Voilà donc où allaient ces deux minots se dit Walrus qui les avait vu sortir du bois et les voyait maintenant enjamber la vieille palissade du fond de leur jardin.
Comme ça se trouve ! (Walrus)
Bien sûr qu'ils se tiennent la main ! Les enfants qui ont peur se donnent toujours la main... et ils serrent, fort !
Pas dû me fatiguer beaucoup cette semaine, je lisais justement "L'oiseau de mauvais augure" de Camilla Läckberg :
... Elle lui rappelait le conte qu'ils lisaient si souvent. Le frère et la sœur curieux qui s'égaraient dans la forêt. Qui étaient seuls et effrayés, prisonniers d'une vilaine sorcière. Eux aussi pourraient s'égarer dehors. Elle les protégeait. Est-ce qu'ils avaient envie de s'égarer ? Est-ce qu'ils voulaient risquer de ne plus jamais retrouver le chemin de la maison ? Elle les avait déjà sauvés de la sorcière une fois... Sa voix paraissait si petite, si triste quand elle répondait à ses questions par d'autres questions. Mais en lui, quelque chose le poussait à continuer, même si l'angoisse déchirait sa poitrine quand elle avait les larmes aux yeux et que sa voix tremblait.
L'attrait du dehors était si fort...
Ça barde ! (Walrus)
Bien sûr qu’ils ne se tiennent pas par la main !
Se donne-t-on la main lorsqu’on se dispute ?
Comment... vous n’avez pas le son ? Faudra moderniser votre ordi, hein !
Bon, je transcris :
- J’ai mal aux pieds !
- T’avais qu’à rester à la maison ! Et j' t’avais dit de mettre des baskets. Mais non, faut toujours que tu fasses ta mijaurée et t’as mis tes souliers neufs pour marcher dans les bois. Comme si t’allais y rencontrer le prince Charmant !
- C’est bien là que maman a rencontré papa...
- Ouais ! Et elle a vu le loup ! ... Enfin c’est ce qu’y en a qui disent !
- Y a des loups dans les bois ? Dans celui-ci aussi ?
- C’est façon de dire, t’es trop jeune pour comprendre. Et active, j’vais pas t’porter non plus!
Ils ont tourné le coin, le son est perdu...
défi et des garçons (Zigmund)
Depuis la parution de la consigne #113 "je tournais autour " en me gardant bien d'y toucher. J’étais tranquille, peinard, "bénaize" et v'la t’y
pas que Katyl vient me quérir pour une interprétation de son tableau et une
réponse au défi. Et la voilà qui parle de chevalerie, de relever le défi d'une dame de coeur ...aie ! et moi qui dans le sillage de Poupoune, mais sans son talent, nourrissais de noirs dess(e)ins pour ce tableau et les enfants.
Donc la question est « où vont ces
enfants ? »
1/ Mai 2012 : ils sortent de l’isoloir,
sont allés voter et se dirigent
-soit vers un avenir lumineux
-soit vers la frontière la plus proche
2/ ou peut être sont ce de jeunes moldaves, ou des roms à la frontière de la communauté européenne
3/Mais non, ils vont rejoindre les petites filles de Walrus dans leur cabane au bout du jardin.
4/ il n’y a plus de papier dans les toilettes...
5/ ils participent au tournage de la version
pour enfants de « Blair Witch Project »
7/ ils s'en vont porter une bouteille de Jasnières à leur mère-grand (parce que des petits pots de beurre, elle en a déjà un paquet et même que c'est pas bon pour ses triglycérides et son cholestérol)
8/ ils reviennent de chez leur ophtalmo préféré. Nous voyons le jeune garçon protanope* guider sa frangine myope vers l'opticien le plus proche.
(elle a cassé ses lunettes en jouant avec les petites filles de Walrus)
9/ honteusement soudoyés par l'ophtalmo ils s'en vont proposer à Walrus un rendez vous rapide chez le dit ophtalmo en échange d'une meilleure idée pour traiter cette consigne.
Je dépose aux pieds de Dame Katyl mes plus plates excuses pour le piétinement de cette consigne et de son tableau bucolique.
* voulant relever également la partie ophtalmolgique du défi, je suis allé puiser dans mes souvenirs et dans google les renseignements sur les anomalies de la vision des couleurs (pour briller en société dites dyschromatopsies)
en gros
-achromatopsie : maladie rare 1/40000=> vision en noir et blanc parfois(souvent?) associée à l'albinisme
-protanopie :atteinte de la vision du rouge
-deuteranopie :atteinte vision du vert
-tritanopie : atteinte axe bleu jaune (maladies acquises)
le dépistage le plus connu de la vision des couleurs est le test d'Ishihara.
Le daltonisme se transmet par les filles et atteint les garçons ...admirez le subtil retour au titre.
On nous cache tout ! (Walrus)
Pire, on ne nous dit rien !
Le titre de l’œuvre nous est inconnu.
Peut-être, après tout, l’artiste
n’a-t-elle pas jugé utile de lui en donner un. En bon Belge, je peux
néanmoins rêver qu’elle l’ait intitulé “Ceci n’est pas une forêt”.
Mais cela nous ramènerait au décor.
KatyL aurait réalisé, pour mieux berner
son monde, un décor en studio avec éclairage à base de spots et d’écrans
de réverbération, un peu comme certains suspectent la NASA d’avoir pris
les vues de la marche sur la lune dans un hangar du désert américain.
Et le décor, j’en ai assez parlé pour l’instant.
Non,
en dignes humains convaincus d’être les nombrils de la création,
concentrons-nous sur ce qui nous semble tout naturellement devoir être
le cœur de l’œuvre : le couple de personnages.
Dès
le premier regard que j’y ai porté, une question m’a sauté à l’esprit et depuis me ronge. Mais rien n’y fait : je n’en trouve
pas la réponse.
C’est un peu comme si je me demandais si le canard chat de Schrödinger était toujours vivant (Le veau d'or, lui, je vous rassure, est toujours debout).
Là,
vous vous dites que je vous balade avec mon chat. Que je vous endors
alors que je ne me pose sans doute qu’une de ces questions stupides et
totalement dénuées d’intérêt n’ayant pu germer que dans mon
esprit malade.
Que nenni !
Allons,
ne me dites pas qu’elle ne vous est pas venue à l’esprit à vous aussi,
que vous n’avez pas comme moi été mis sous stress par l’angle de vue
ambigu qu’adopte l’artiste pour représenter son sujet et nous jeter ipso
facto dans la plus cruelle incertitude, la plus extrême angoisse, la plus totale consternation !
Car j’ai beau étudier la lumière, scruter les plus infimes détails, pousser l'agrandissement jusqu'à la pixellisation, (n’ayant qu’une reproduction de l’œuvre, il ne me sert à rien de la radiographier), rien à ce jour ne m’a permis de trancher :
Les enfants se tiennent-ils par la main ?
Ah ! Hein ?
Tant pis pour vous, il me faudra envisager séparément les deux hypothèses. Car nous ne sommes pas ici dans le monde quantique ou, plus précisément, au niveau quantique de ce monde.
J'ai bien étudié la question (Walrus)
... surtout la lumière.
Les
enfants, vus en contre-plongée, sont penchés vers l’avant car ils
terminent l’ascension du dénivelé. Leurs pieds entrent dans la lumière
et leurs ombres nous indiquent que l’éclairage vient de la gauche et
que le soleil est assez bas.
Il
faut donc, comme je l’ai supposé dans mon premier billet, que le
sentier tourne vers la gauche, faute de quoi la végétation cacherait
cette lumière que le buisson rose prend de plein fouet. À moins, bien
sûr, qu’il y ait sur la gauche une interruption du boisement, une zone
de coupe par exemple.
Ces
informations sont imprécises car l’orientation et la longueur des
ombres portées ne sont pas tout à fait pareilles pour tous les pieds. Il
règne donc sur la question un certain flou que nous qualifierons
d’artistique.
L’avant-plan,
lui, est plongé dans la pénombre des frondaisons, sauf le gros rocher à
droite qui bénéficie sans doute d’une trouée dans la canopée.
À
cause de l’ombre profonde du coin inférieur gauche et de la nature
rocailleuse du sol, je continue d’imaginer que la sente sort d’une
caverne ou, à tout le moins, d’un encaissement rocheux.
Reste
un mystère : si l’on constate une fois encore comme le vert va bien aux
rousses et que les modelés du bras et des jambes de la gamine
confirment l’orientation de l’éclairage au déboulé de la zone ombragée,
il n’en est pas de même pour sa chevelure. Dommage, car Vegas et moi y
aurions grandement apprécié un brin de flamboyance née du semi
contre-jour.
SAURONs-nous enfin quelque-chose ? (Walrus)
Et si le chemin ne
sortait pas d’un bois ?
L’avant-plan est fort rocailleux, pour
ne pas dire rocheux.
Ces blocs de pierre ne marqueraient-ils
pas l’entrée d’une caverne ?
Ou sa sortie, en l’occurrence.
Ces enfants sont des
troglodytes et ils vont se ravitailler dans le monde extérieur.
À moins qu’il ne
viennent ici nourrir régulièrement un vieil ours de leurs amis et qu’ils
ne repartent tranquillement, le cœur content du devoir accompli.
Mais sont-ce des
enfants ?
Peut-être
se trouvent-ils être des Hobbits sortant des mines de la Moria...
Comment ?
Et moi je suis un
Troll ?
Après
tout, tout est possible...
Les nuits dans le désert saharien sont glaciales (Papistache)
Défi #113 :
Cette semaine c'est KatyL qui nous propose un défi
d'après un de ses propres tableaux.
Elle nous demande :
"Où vont ces enfants ?"
Alors, réfléchissez, cherchez, entraînez-nous à la suite
de ce garçonnet et de cette petite fille ...
Ne vous perdez pas en chemin et envoyez vos
compte-rendus à samedidefi@hotmail.fr
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Les nuits, dans le désert saharien, sont glaciales
« Alors, le petit moulin, tout au fond de la mer, depuis ce jour, inlassablement, continue à moudre du sel et c’est pourquoi... »
— Gentil — mais ignorant — narrateur, permets que je coupe une rémige à ton aile.
— Qui es-tu ?
— Je suis le professeur Théodore Monod et je voudrais te dire qu’ [ il faut rompre avec cette croyance que le sel vient de la mer ; il y va ! ]
« Oh, merci professeur !
Tout s’éclaire.
Les enfants ne vont pas où l’image laisse penser qu’ils se dirigent.
Ils en reviennent !
Bien sûr : ce déhanchement !
Le poids du corps sur le talon plutôt que sur la pointe du pied.
Ils marchent à reculons !
Ils marchent ?
L’illusion aurait pu tenir si — gentil, mais niais, narrateur — tu avais rendu ta copie la semaine passée. Sers-toi de tes yeux !
Ces enfants n’ont pas bougé d’un millimètre depuis quinze jours !
Ils ne vont ni ne reviennent : ils jouent !
D’ailleurs monte le son et tends l’oreille ! »
Découvrez la playlist Comptines avec Les Momes Du Ce2