Leçon de choses (Yvanne)
Le Michou de chez Pénichou – 7/8 ans environ – garde les vaches dans le Pré Long près de la ferme de ses parents. Aujourd'hui, sa nouvelle amie la Parisienne Claudine – même âge - en vacances au village l'accompagne. Les enfants jouent dans le ruisseau, s'éclaboussent, courent après les libellules, attrapent des écrevisses.
Les vaches paissent tranquillement quand soudain l'une d'entre elles grimpe sur le dos de sa voisine.
Claudine, surprise et effrayée s'approche de son petit compagnon et hurle :
- Elles font quoi là ? Elles sont folles, tes vaches.
Michou éclate de rire et explique à Claudine, dans son langage fleuri de petit paysan que les mamans-vache manifestent ainsi leur désir d'un papa pour avoir ensuite un veau.
Claudine sent confusément que Michou sait des choses. Des choses intéressantes dont elle se doute mais qu'en petite fille bien élevée, elle ne peut éclaircir en posant des questions aux adultes ou à ses amies. Une idée lui traverse la tête. C'est le moment d'en savoir davantage.
- Ah ! Et comment il s'y prend le papa-vache ?
- Ben, il la b. tiens !
- Quoi ? C'est quoi ça ?
Michou rit de plus belle et se moque de la naïveté de sa copine.
- Tu veux que je te dise comment ? Je sais pas moi. Il la prend voilà tout.
Claudine est perplexe. Elle voit bien que Michou se paie sa tête. Elle n'insiste pas. Mais tout de même, au bout d'un moment elle revient à la charge.
- Alors, il est où son ombilic à la vache ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Comment tu dis ? Frolic ? Basilic ?
- T'es trop bête ! Om-bi-lic.
- C'est quoi ce machin ? Qu'est-ce que ça mange l'hiver ? demande Michou goguenard.
Claudine soulève son tee-shirt et exhibe fièrement son nombril, sûre d'elle et de son savoir.
- C'est par là que naissent les bébés. L'ombilic. C'est ma mère qui me l'a dit.
Michou est quelque peu décontenancé devant les affirmations de la gamine. Mais brusquement il se tord de rire :
- Elle se fout de toi, ta mère. Les bébés, même ceux des animaux, sortent pas par l'ombonilh, imbécile, mais par la fente...
- Quelle fente ? Il est complètement fou, s'exclame Claudine vexée.
Michou, madré pour son âge, voit là l'occasion de satisfaire une certaine curiosité. Un demi-sourire aux lèvres, il s'avance vers sa copine et lui souffle à voix basse – c'est comme ça que ça se passe dans son entourage -
- Baisse ta culotte ma jolie. Je veux bien la voir moi, ta foufounette et même lui faire un bisou.
Il n'en croit pas ses yeux. Il pensait que Claudine « jouerait les peureuses comme toutes les femelles « - c'est son père qui le dit – Mais non. La petite s'exécute sans un mot et se tient devant lui, bravache. Que faire ? Pour ne pas être en reste malgré une timidité soudaine, il descend son short.
Fort occupés par leurs observations réciproques, les enfants n'ont pas vu arriver la mère Pénichou. Cette dernière se met à crier :
- Ah, les polissons ! Je le savais bien qu'à Paris, on ne savait pas se tenir. File chez toi dévergondée. Je vais en toucher deux mots à tes parents moi quand ils viendront prendre le lait. Et toi, le Michou, grande bestiasse, tu vois pas que la Blanchette « est à bœuf » ? Totor va être content.Va me la chercher que le cul lui démange.