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Le défi du samedi
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25 décembre 2010

Ultime pirouette (tiniak)

Je me serais bien volontiers payé sa tête !
Et devant vous, foule charmante,
ma vieille dame sous le bras,
n'en eusse encore aucun remords.

C'est que la peine la précède
dans un grand chariot surchargé
d'articles de supermarché
la Vieille devant qui l'on plaide :

« Si j’avais voulu me trouver,
  levé plus tôt, en bout de file,
  chère madame, en quel péril
  m'eussiez-vous promptement mené ?
  Vous n’avez pour unique objet
  que de m'être en tout point hostile...
  Passez donc ! Souffrez que je colle
  aux préceptes de mon école
  qui me pousse à vous rétorquer
  par quelque raillerie puérile :
  non, je n'ai rien à déclarer »


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18 décembre 2010

EDOUARD 37 - Opéra (tiniak)

Tout dépensé
me voilà riche
d’une Autre Terre en friche

Dire le jeu que c’est que ce
rire à se dépenser le Je ;
s’émettre
(un cri de fleur à la fenêtre ?)
en jurant ses Grands Yeux
vent debout sous l’essieu
du lent chariot qui vient de naître
et passe, sans chevaux ni maître
au feu

Avoir pour seul enfer « j’ai mieux »
(ah, l’écritoire laborieux !)
et comme paradis sur terre
d’obtenir un Non-Lieu
d’en être le dépositaire
d’y former quelques vœux
si gourmands que goûteux
puis, chacun d’eux les satisfaire
en creux

Valeur ajoutée, ton regard
qui m’invente un nom tous les jours

Il connaît tous mes noms de foire
à les pendre au fond de la cour

Dans la signature, une fronde
envoie tournoyer dans les airs
vers les fronts géants de ce monde
au prix de l’âme et de la chair
une volée féconde :
les fruits de l’Autre Terre abondent !

« Touchez ma bosse, mon feigneur »
(Il est dehors… avec son chien)
« Nous l’allons montrer : tout haleur… »
(Il a dépensé fontainien)
« Ah, c’est pas tout ça ; ‘faut qu’ j’y aille »
(Kessila dans l’ nœil, une paille ?)

11 décembre 2010

géodésir (tiniak)

Géométriquement telle
tangente exponentielle en fuite
des quadratures interdites
au seuil du grand cercle viral
mû par son vecteur animal
repoussant du plan l'horizon
entraînant les révolutions
où se confondent tous nos angles
que nul segment jamais n'étrangle
comme aucun théorème
ne résout l'équation : je t'aime.

4 décembre 2010

LETTRE AVEUGLE (tiniak)‏

Le temps m'aura manqué
    peut-être à l'abribus
    peut-être avant la pluie
peut-être au moment même où, se voyant réduit
à ce pli cacheté au sceau de l'abandon
il se préféra lettre
aveugle, sans fenêtre
et devoir s'en remettre à plus humble parti
sans autre garantie que sa destination
ne déroute un espoir
et se voie signifier fin de non recevoir

Au retour du courrier - voyez la bell' nature !
la valse des regrets tourne à l'investiture
et forme ces projets :

    Si j'avais le temps dans la poche
    je marierais Poucet à la Mouche du Coche
    qu'ils émiettent le mien sur la neige
    au passage fantoche de leur cortège

    Si j'avais le temps pour voyage
    attèlerais mon rêve à son fol équipage
    et d'en piétiner les firmaments
    confierais au chaos comme à la nuit je mens

    Si j'avais le temps comme rive
    clapoterais du pied dans sa fraîche salive
    et de humer au vent son haleine
    accorderais mon sang au chant de la sirène

Mais le temps, je l'ai dit, m'aura manqué ce soir
et je n'ai qu'une lettre sans nom dans la poche
Les fenêtres bientôt moucheront leurs encoches
en tirant sur la rue des plis de velours noir

20 novembre 2010

Jour naît (tiniak)

Les ongles granuleux d'avoir creusé l'insaisissable
je caresse mon rêve à l'or infatigable
Qu'un embarras de firmament quitte enfin les toitures
Que cesse, incontinent ! cette déconfiture
    C'est que j'ai ouvert le coffret
    Maintenant, c'est à moi de jouer
    sans crayons ni peinture
mais de quoi raccorder au monde un autre devanture

    Et j'en sors
    (et j'en passe !)
    Et fi des silhouettes lasses
    (ou alors, dans un coin
     dévolu aux rhumes des foins)

À repeindre le ciel au gré de songes improbables
je puise en mon ivresse un camaïeu de sables
que je répands allégrement sur la toile nocturne
et pare de brillants son Ombre taciturne
    À moi ! tous les fous de Bassan
    Allons déloger l'océan
    de sa niche profonde
à la faveur des yeux fiévreux qui reluquent le monde

    C'est magie,
    mon trésor
    Prête-moi que j'en use encore
    et que j'aille rimer
    la faille aux mûres engorgées

Car c'est bonheur de dépenser tout ce monde réel
Délire ses fatalités,
c'est mon trésor ! et tout son miel
coule en chaque journée
une liqueur d'éternité

Coule, en chaque journée
une liqueur d'éternité !

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13 novembre 2010

TROP JUSTES NOCES (tiniak)

Un lapin - caractère inconstant dépourvu de morale,
fatigué de courir sa pareille ou la hase
et dépité d'entendre encor les mêmes phrases
« Oh ! tout doux », « Ah ? Déjà ? », « Pas ce soir, animal ! »
prit l'absurde parti d'aller contre nature
tester son appétit sur d'autres garnitures

Il eut d'abord les yeux plus grands que le civet
entreprit l'éléphante... mais... sans tabouret...
jeta son dévolu sur force mammifères
Passant près d'un étang couvert d'une ombre fraîche
il aperçut dans l'onde une carpe pimbêche

Le lapin s'avisa qu'à ce point d'exotisme
nul doute, il aurait là matière à se surprendre
Il observa la carpe et finit par comprendre
que de surcroît la bête est sujette au mutisme

« Le paradis existe donc sur cette terre !
fit-il en flagorneur rompu à l'exercice,
épousez-moi céans ; mettez pas au supplice
ce cœur qui bat pour vous et n'a rien d'autre à faire »

Qui ne dit mot consent, affirme le proverbe
Ainsi, carpe et lapin, fringués comme il se doit
déboulèrent bientôt à l'office des bois
elle, dans son bocal et lui, le cul dans l'herbe

Vint l'instant décisif à l'insigne sentence
« Voulez-vous pour époux... Toute votre existence ? »
Comme à l'accoutumée, la carpe ne dit mot
Le lapin trépignait... Ce suspens, c'était trop !
Il explosa : « Alors ? Tu réponds, nom de Dieu ! »
Et la carpe pimbêche de cligner des yeux

« Vous avez-vu ? c'est bon ? C'est bon, elle a dit oui »
plaidait sans conviction le lapin à l'office
L'assemblée, désolée, acquiesça au déni
que l'officier navré opposa au marri
Seul à se consoler, le sieur Lapin se dit :
« Boh ! 'tout' façon, j'aurais pas trouvé l'orifice »

6 novembre 2010

Frayures (tiniak)

Poussières, chapelure
de nos terres trop dures
vos amas que le vent soulève
ne peuvent pas se prêter au rêve
comme ce chapelet
de nuages mouvants
que je persiste à renouer
avec mes yeux, mes mains enfants
pour le plaisir étrange
de se prendre à frayer avec les anges

Montagne, césure
perditions d'aventures
ton collet s'offre des boas
que l'horizon ne t'envie pas
qui ceignent
la pelade à ton cou de vieille teigne

Aboie, chienne d'aurore
Ce n'est pas devant toi que s'égaillent ces ors
c'est plutôt qu'il leur reste à faire
en moins d'une journée
le tour de notre sphère
avant d'aller pleurer
à l'insu des étoiles
sur les landes, les mers et les bateaux à voile

23 octobre 2010

Tiniak PAS LIER (Tiniak)

Descendre
chercher là-bas au fond quelque chose à comprendre
sous la voûte, baisser l'échine
finir d'effeuiller capucines
genêts, soucis, coquelicots
l'autre main logée dans le dos
prête à tenir
si j'en venais à défaillir
la rampe d'escalier
dans le mur enchâssée
comme un bras de noyé
dans la vase du fleuve

J'ai compris, je remonte
au passage, m'arrête au palier de la tonte
y laisse quelques plumes
mais n'y veux pas traîner de peur que je m'enrhume

La nuque dégagée, je sens les courants d'air
me donner des frissons
me chanter haut et clair :
"N'as-tu rien oublié qui ne serve ton nom ?"
Misère !

Amour ! Je t'ai laissé par là, par don...
Revanche, tu campes sur d'autres rayons...
Mon sang ! Tu t'écoules bien plus profond...
Oubli, j'ai bazardé tous tes limons...
Ici, c'est vrai, je m'interroge :
Redescendre ou gagner à la loge
Et demander la clé du songe ?

Que faire en cet encombrement ?
Je redoute que l'échappée
en soit moins haute qu'à l'entrée
et sais n'en avoir mesuré
l'incidence en reculement

Monter !
Au fond, j'ai compris quelque chose
(elle aura servi, la démarche !) :
Est-ce qu'à lier, marche après marche
les cheminements intrinsèques
et prendre une tête pastèque
le front coincé à la trémie
je n'oublierai pas qui je suis
une fois lobotomisé
quel qu'en soit le développé
à la sortie de l'escalier ?

Allez, je vous donne la clé :
mon escalier est une armoire
je ne risquais que d'y tomber
d'étagère en âge... bonsoir.

(c'est pas que rester ne me tente,
mais dois déposer main courante)

7 août 2010

Colle & Question (Tiniak)

- Tu écris comme ça tous les jours ?
- Ben oui.
- Parce que tu t'ennuies ?
- Non, au contraire.
- Parce que quoi, alors ?
- Parce que sinon, je suis mort.
- Tu veux dire que tu en vis ? d'écrire comme ça ?
- Euh, oui. J'en vis. C'est exactement ça, oui.
- Tu en vis bien alors, au moins ?
- J'en vis... des vertes et des pas mûres... et ça me fait des confitures.
- Ah, bon ? Tu les manges ?
- Un peu, je les donne à goûter aussi.
- À qui ? Je ne vois jamais personne, ici.
- À qui passe au moment propice... ou par hasard - ce qui revient au même. Le plus souvent sans laisser de traces, juste un regard, du bout de la langue.
- Elles ont quel goût, tes confitures ?
- J'en ai au goudron ramolli
  d'autres aux puissantes saumures
  J'en ai avec des grains de rire
  d'autres au goût de déjà vu
  J'en ai des sucrées d'insouciance
  d'autres moisissent lentement
  J'en ai même d'inadvertance
  (mes préférées, bon an, mal an)
  J'en ai faites de branches d'arbres
  pleines d'oiseaux et d'écureuils
  J'en ai aux langoureux palabres
  à la cire, à la larme, à l'œil...
- À l'œil ? Bah ! Tu les manges avec quoi ?
- C'est vrai, j'en mange un petit peu
  avec une tisane à l'ombre
  avec un sandwich audacieux
  cuisse ferme et concombre...
J'en prends si m'en prennent l'envie, l'humeur
  parfois sur des tartines au beurre
  quelque fois même pour mon bain
(j'y trempe mon savon hautain, pour l'adoucir)
...mai, si tu veux savoir, je vais te dire :
je commence une collection qui sera d'une autre nature.
- Donc, tu arrêtes l'écriture ?
- Non pas, les confitures, oui.
- Et alors, quoi ?
- Je collectionne les mots dits.

- ... Fiou ! Eh ben, t'es pas couché !
- Non, mais toi, oui; bonne nuit.

8 mai 2010

SUPERFLU-3 (tiniak)

À la table des physiciens
quoique la loi soit dure en maths
j'oppose trois et retiens qu'un
d'entre eux n'a rien du psychopathe

Pour s'affranchir de son passé
il se réfugia chez les fous
présupposant qu'à s'oublier
on y est mieux que n'importe où

Comme les mousquetaires quatre
le triumvirat découvrit
à ses dépens que leur psychiatre
était atteinte de folie

     ***

Violon, violoncelle et piano
divisez cinq cent quarant'deux
en virtuoses trémolos
au Pas du Loup Aimé de Dieu*

vous ne serez pas si enjoués
ni prêts d'emporter mes cinq sens
comme sait les entortiller
le Chœur de Camille et sa danse

Piano, violoncelle et violon
rangez donc vos épithalames
que les feutres de mon Chausson
polissent les yeux de madame

     ***

À la Trinité, j'aime autant
reporter aux calendes grecques
mes prières de mécréant
et autres vains salamalecs

C'est fatigue, l'affectation
qui projette sur le parvis
les simiesques génuflexions
trop éloignées des paradis

Pour mes appétits artistiques
je ne goûte plus qu'en peinture
- ah, beaux retables polyptyques !
les religieuses postures

     ***

La règle de Troie, sans Hector
pleuré par les yeux valeureux
d'Andromaque auprès de son corps
à mon avis n'aura pas lieu

de mener David au tableau
- puis de là, au musée du Louvre ;
imaginez Jacques-Louis petiot
séchant, comme sa bouche s'ouvre

et ne pouvant plus réciter
ce qu'il savait la veille au soir
des tables à multiplier...
les pains ? les poissons ? ... va savoir !

     ***

C'en est fini - j'entends qu'on souffle !
des clins d'œil artiste à l'histoire
je rentre mes rets de maroufle
aux mailles superfétatoires

En revanche - et grand bien nous fasse !
je me présente à vous ici
pour qu'on tire enfin la morasse
et mette les points sur les 'i' :

Quel mérite y a-t-il au vrai
à creuser sa tête à deux mains
des jours durant pour relever
un défi qui vaut trois fois rien ?

:P


*Wolfgang Amadeus, quoi.

1 mai 2010

Lettre à (qui vous savez) - tiniak

Miré, mis Rémi, ciré dos-là
Do mit la scie
Mi-sol, Sido
s'y mire et mit Rémi si raide au sol
Et m _ _ _ _ _ !
Là !

Le piano de la voisine
me rend d'humeur a _ _ _ _ _ _ _ _
dès qu'elle se met à jouer
la Lettre à - qui vous savez !

Qu'elle foire encor' ce do
et je grimpe à son é _ _ _ _
lui fais bouffer son piano
et peut-être d _ _ _ _ _ _ _ !

Mais étant c _ _ _ _ _ _ _
je reste ici plein de morgue
et relis pour me calmer
des vers de Jules L _ _ _ _ _ _ _

Et merde, si !

24 avril 2010

CHEMINS DE FAIRE (tiniak)

Une valise pleine, une valise vide et moi, seul au milieu
  de l'étape passée
  à l'étape prochaine
  le monde dans mes yeux attend que je traverse

Le vent couche la plaine
présage radieux pour la fin de semaine
  après le temps qu'il fit
  le temps qui se fera
  des jeux d'ombre nouvelle à chacun de mes pas
  qu'une ancienne rengaine a menés jusqu'ici
où mon petit chemin de traverse aboutit
à la croisée du choix
que propose une voie et son chemin de fer

Ici, je prends le risque et regarde en arrière...

  la main qui s'est levée défiant le tableau noir
  ne pourra pas donner sa joyeuse réponse
  un élan de savoir prend un coup de semonce
  et renfonce au vieux tas d'insatiables espoirs
  (n'était cette fenêtre à l'autre bout du soir)
  cependant qu'assombri à l'œil un sursis fronce

  assis à mon pupitre
  j'observe l'autre aller de sa voix au chapitre
  il faut grandir un peu
  bon... en attendant mieux, je peux faire le pitre

Maintenant, je regarde à gauche et puis à droite...

  dans chaque main, je tiens la fille de mes rêves
  j'y renifle mon sang - il éclate de rire !
  quel que soit l'avenir, il n'est pas moins riant
  que les fruits dont la chair est gorgée de ma sève
  et parfument la nuit le vent qui souffle encore

  je connais mon trésor
  il a deux noms de plus aux flancs de sa voiture

Il est temps - ce me semble, qu'aussi bien je traverse...

  moi, les chemins de fer, je n'aime vraiment pas
  j'y fais un peu l'andouille et tombe à la renverse
  j'y plante mes valises
  là, sur le bas-côté de rouges friandises
  m'appellent sans détour et comme je me nomme
  libre, gourmand... un homme

17 avril 2010

CACASTROPHES (tiniak)

CACA BOUDIN

le popo de papa
vient après mon pipi
c'est mieux comm' ça
sinon, c'est cuit

sinon, ça ne va pas !

sinon rien ne va, pue
gâche mon chocolat
avant que je l'aie bu
et me coupe l'envie

      ***

CROTTE DE BEAT(nik)

"tout le monde il est beau
tout le monde il est gentil
le monde est beau
tout le monde il est gentil"

si le monde ment, merde !
j'en ai pris mon parti
je recueille dans l'herbe
mon bouquet d'aujourd'huis

      ***

MERDE ALORS

crottins crétins
crottinent dans le square
étrons, boudins,
merdes ostentatoires

talon, pointe, semelle, hélas
un pas soudain mal assuré
rappelle au moment de glisser
comme la vie est dégueulasse

      ***

FANGE VESPERALE

A l'horizon,
un ciel
chassieux
tire la chasse
et c'est
tant mieux

      ***

ÊTRE ON

Être On, c'est bien
c'est bien commode
ç'aurait mêm' du chien
n'était la mode

tous ces cancans qu'On se redit
diarrhéiques hypocrisies
c'est le fond des conversations
qui commencent toujours par "on"

et l'On n'étant pas très liseux
répand son lisier fangeux
oubliant dans ses pantalons
la raie qui mène au trou du fion

Voici que l’On chante en prison
Être On ! Être On, petit,
Pas maton !
É-hon ! é-hon !

10 avril 2010

absenthéisme (tiniak)

Même dans les matins les plus clairs
avec leurs chants connus des branchages
célébrant de la nuit le naufrage
et que s'éteignent tous les lampadaires

Même dans le pain frais sorti du four
ronde chaleur nichée auprès du ventre
sur le chemin qui sait par où l'on rentre
à la maison nue contre le jour

Même dans le vif éclat de l'œil
qui plaide encore un peu d'indulgence
au moment de suivre la cadence
et que les pieds s'attardent sur le seuil

Même dans le vent plein de renouveau
allant ranimer les parfums du monde
où les éléments sèment et abondent
à la faveur de l'humble et du beau

Je ne vois même alors qu'une absence
à douter même de l'existence

2 avril 2010

Olympiade (tiniak)

Je goûte mieux la chose simple
pour ce qu’elle vient compliquer
l’ordre de mes pensées
sur mon petit Olympe

Mais de tous les poisons du cœur
- de ceux qui vous pourrissent l’âme,
quel est celui, madame
qui vous assombrit l’heur ?

Car je vois bien à votre mine
à votre regard qui fulmine
que vous avez le sang
passé de rouge à blanc

Quand s’agissant de vous quitter
tout est alors si compliqué
que je ne sais que faire
pour ne pas vous déplaire

Où je retrouve mon Olympe
cueillir en son jardin aux simples
du piment

1 avril 2010

Kamikaze (tiniak)

Quatre centimètres plus bas
et c’en était fini
des youkaidi des youkaida
et de ces fantaisies
qui nous font la vie belle
enivrante et charnelle
propre à satisfaire à l’envi
les plus vifs de nos appétits
quel que soit sur l’échelle
le barreau où l’on prend appui

Mais c’est à deux doigts du nombril
qu’une lame écourte ma vie
et me taille dans la largeur
quand, sous l’injonction de l’honneur
je souscris à ce que commande
l’ordre qui me met à l’amende
préside au sacrifice ultime
dans un acte digne et sublime
en un geste précis
j’exécute l’hara-kiri

31 mars 2010

Bon sang ne saurait mentir (tiniak)

« Bon sang ne saurait mentir »
avait coutume de nous dire
depuis son fauteuil en rotin
la canne calée sous le poing
le chignon terne et austère
notre fière arrière-grand-mère

Un vieux lorgnon d’entre-deux-guerres
aiguisait cet œil sévère
dont elle usait d’un air mesquin
glaçant nos mines de bambins
et fustigeant de son venin
les délires badins
d’un âge pré-pubère
à son goût par trop enfantin
et quelle n’appréciait guère

Quelque infamie congénitale
nous aurait donc voués au Mal
et prédisposés aux tourments
de la Grand-Mère Malesan ?

Après tout, quel revirement !

30 mars 2010

minéralostalgie (tiniak)

Un – lin ;
Deux – laine ;
Trois, ma folle a lié
pour me coudre des mitaines

trois petits filets

Trois petits filets de laine
pour un brin de lin
trouvé en fin de semaine
à Saint-Maximin

Dix – l’aube ;
Onze – l’eau de
mon petit matin
quand nous la verrons, Anduze
ne sera plus loin

Les bambous de ma cambuse
ma meilleure école
sous leur lumière diffuse
d’orient cévenole…

Nos départements de France
je les ai appris
sur la route des vacances
petit à petit

Ces trajets longue distance
en voiture, en train
forment à la tolérance
l’enfant citoyen

 

29 mars 2010

En un mot comme en sang (tiniak 1/10)

En un mot commençant par taire
- le fin mot de l’affaire,
vous en dire le cent
que votre sentiment
vous porte un vent par le travers
et vous mène au-devant
du mystère brûlant
qu’est cet astre au fond de mon vers
debout d’un seul tenant
longiforme dépositaire
inamovible secrétaire
de mes notes claires dans l’air vibrant 

Atmosphère, mon suaire
recueille mon sang volontaire
projeté depuis notre Terre
sur ton drap scintillant
qu’en un mot comme en sang
s’y inscrivent au ban
des aspirations fragmentaires
mes velléités parcellaires
de songes récurrents, stellaires
parcourant océans et mers
du coucher au levant

27 mars 2010

Ce petit pot de miel au bout du monde (Tiniak)

Sous la masse du ciel poisseux
où je ne gâche pas mes yeux
une terre en friche
j'y fiche mon pieu
en découpe les couvertures
toute une équipée de voilures
bientôt sous le vent
par tribord amures
bombe le torse et me force l'allure

Oui, je sais... je pars (encore !)
en quête de mon trésor

Un océan de lin m'adresse
un soyeux drapé de caresses
mon petit canot
s'y frotte les fesses
tandis que ma paume experte
en éprouve l'onde offerte
mon regard en brasse
la surface verte
où trace n'est qui ne courre à sa perte

Je ne suis qu'un météore
en quête de son trésor

   Mer ! Mer !
   Voici ton doux visage
   que borde le rivage
   de terres que je voudrais oublier

   Mer ! Mer !
   En dire davantage
   c'est remettre à l'ouvrage
   le forgeron de ton coffre à secret

Sur la vague caribéenne
l'esprit à vif et l'âme pleine
quittant l'océan
ses peurs et sa peine
mon voyage arrive à son terme
déjà s'étend la terre ferme
où gît mon trésor
dont l'or est en germe
et le miel appelle mon épiderme

   Terre ! Terre !
   Voici ton long rivage
   que borde le visage
   aux lèvres que je reviens aboucher

   Terre ! Terre !
   En taire l’alliage
   c’est garder le breuvage
   au doux giron de ton coffre à secret

   (ce petit pot de miel au bout du monde)

Je demeure promeneur
au milieu d’un champ de fleurs.

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