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Le défi du samedi
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16 janvier 2021

mantra (tiniak)

 मन्त्र

Kamasutra en un mantra ?
Sachant qu'il en faut pour sa chienne...
Il me vient des songes, paria !

Là, j'entends que tu me dis : pouce !
Oh, ne vais pas filer en douce...
Tu manquerais trop au festin

Poissant de tes doigts cet écran
Holistique, bien malgré toi
Où se loge ton sentiment ?
Ni dans ton ventre, ni ta voix...
Eh ! Profitons de ce moment !

Hare Ôm

tiniak ©2020 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Défi du samedi #646.

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9 janvier 2021

cruche crush cracks (tiniak)

 

Tant va la cruche à l'eau que l'onde s'en méfie.

C'est dimanche - et tous les jours, dis ! Oh, pas de chance...
Remisons la prochaine danse au cagibi !
Une... s'en vient, le cœur étanche et sans un pli
Caracole, poing sur la hanche et tout souris !
Harangue ferme à l'épiderme, l'oeil en transe...
Elle porte haut giron blème et francs épis

Catastrophe dans le quartier (on la connaît trop ?) !
Refrain connu, sans chansonnette : elle aura bon dos...
Un pas de deux, c'est bien le moins pour sa poitrine
Sans déconner ! Y a rien à j'ter; gérez vos égos !
Hisse ton port, eh ! sans effort, jusqu'à mes rapines

Comment s'en fiche, Mademoiselle En-Pire ?
Rire depuis ce palier, c'est encor le mieux...
Ah, m'est avis que lui chaut peu tous ces envieux
Chauds, les marrons ! Hauts les tétons ! et laisser dire...
K Lingerie, à Chamalièr's, c'est du sérieux !
Soyeux destin qu'en ces Frontin, ronds à plaisir

2 janvier 2021

Volubilis = Logorhée (tiniak)

 

Volubilis - vitamin', c'est !
...ai rencontrée cette Ipomée
(pas e-paumée du tout, du tout)
à cet endroit très singulier
dont elle a fait le boudoir fou
de paroles décomplexées

On y croisait, venant de blogs
aux contenus libératoires
nos désirs crus, quelques histoires...
elle était notre Sex-oh!-logue
avec le sien pour écritoire

Le lieu était si volubile
qu'il lui fallut déménager
persistant à dé-ménager
tous les sexismes imbéciles

Une femme et son compagnon
nous invitaient dans le giron
de leur idylle, à belle école

Brisant les codes hypocrites
de phallocrates anthracites

Il demeure où, le Verbe Libre ?

L'est bien possible que je craigne
qu'il se soit perdu comme un peigne
dans une vilaine doublure

Il me revient, de ces échanges
un espoir de légèreté
autant qu'un fond de gravité
minimaliste - pour le change !

Saurez-vous cueillir cette fleur
d'aller raconter vos ardeurs
intimes jusqu'au coup de fouet
(chacun le sien, pani pwoblem !)
à vous rengorger un "je t'aime" ?

***

La fleur, tu l'as bien regardée ?
Ajoute un 'e': c'est la félure...
Il s'y déploient tant d'aventures
que c'est bonheur à contempler

Où veux-tu nous coucher ce soir ?
...sur l'horizon, c'est trop facile !
...à l'orée d'oniriques moires ?
...sur un feuillet indélébile ?

Garçonne, fibre aux yeux jetlag
(et le soupir en bandoulière)
c'était quoi déjà, la dernière
foi qu'aura dérangée ta blague ?

Oh, ne m'en dis rien, s'il-te-plaît
sans viendre avec moi, au jardin
dont on sait tirer le bon pain
qui respire l'Humanité

Rêvons, r'à deux, d'autres blasphèmes...

"Hello, I love you, can you tell me your name?"

Eh ! C'est si bon, nos maux croisés
qu'on dirait, par un fait expresse
jetés sur nos envies de liesse
et nos obscures satiétés

Elle aura bon dos, (ce printemps
où tomberont les masques vains)
d'offrir à chacun son parfum
la fleur offerte au sentiment

 

tiniak ©2020 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
(avec une pensée pour La Volu, un sourire pour MC Batgal)

19 décembre 2020

Trotte, hein ? - tiniak

 
Elle passe - et chaque matin, sauf le dimanche, la rue Bysskübe où je mansarde, nuit debout, avec des soupirs affectés... à un besoin d'écrire carabiné.
Elle passe, et selon la saison, les pognes dans un lourd manchon, ou quelque cubique carton - à chapeau ? là, sous le bras droit, ou le giron si peu voilé par un très vitreux chemisier.

Elle passe... Elle a belle allure; non seulement ce port altier qu'on lui connaît dans le quartier, mais aussi par son train vivace, que l'on pourrait croire enjoué, quand je sais bien qu'il fuit d'obscures menaces, pour sûr !

Elle est pas passée, ce matin, pourtant que l'on soit à lundi; j'en reste coi et sur ma faim... Poème en cours, donc pas fini ! Par contre, l'autre qui la suivait, assez souvent, semble l'attendre au carrefour. Peut-être s'est-il pris un four ? Peut-être n'a-t-il nul chagrin, mais des remords ? Attendez ! Je l'y vois encore, le front hésitant, la main courbe et le pas calqué sur le sien - oh, à distance... Peut-être pas si respectable, quand j'y pense.

Elle ne passa plus, c'est sûr : la saison a changé de murs. Et puis, au kioske à journeaux, flambant neuf, bardé d'oripeaux (qui font honneur au journalisme), s'affiche en Une un titre sombre, décliné par autant de nombres : un tueur signe ses forfaits - tueur de femmes, c'est plié ! narguant le Préfet, c'est certain, en le traitant de "vil trottin", dans chaque mouchoir, posé bien en vue sur telle victime du soir.

Elle a passé le fleuve ultime; j'en mettrais ma main à couper, si je n'avais ce verbatim à rendre pour me sustenter. Le poème ? Il est achevé, merci bien. Mais j'en veux faire une autre chose; pourquoi pas des lignes de prose, en origamis distillées ?

Elle sera ce papillon dans un champ d'herbes retournées, tandis que moi, là, je m'en sade. Et me trottine, au gré des toits qui m'en racontent, des rapines.
 
Des ans ont passés, là-dessus... Votre siècle m'a oublié. J'en respire pourtant le cru, rue Bysskübe, en mon pré carré.

12 décembre 2020

tiniak peut-il faire simple ?

simplicit - tiniak

 

Pour le droit à mourir dans la dignité

Seul, à son jour sans faim
Il lui pleut des besoins sans âge
Main sur le ventre et le regard au vague
Perdu dans un lent songe, si étrange que sage
Le voilà qui pleurniche et implore sa fin
Il est flou, car sans peur et pas même une rage
Son pouls n'en dit pas plus
Son calme, un contresens
Il réclame sa fin à une paire d'anges
Murmurant au plancher : "c'est bon, je suis foutu..."
Et s'en va, sans maudire, égailler son essence

Il a passé l'éponge
Main sur un autre songe et le regard aux vents
Plus question de tenir le décompte, à présent
L'heure est la mélodie qu'aucun soupir ne ronge
Il ne tend plus le bras
Car la pluie a cessé
Il est ange et se plaît à observer le monde
Tout y est bien rangé : les fourmis, l'ouragan...

 

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5 décembre 2020

...des goupilles - tiniak

 

...et puis ?

Si je la dégoupille
ta chère sérénade
là, sur la promenade
où tant d'ombres frétillent...
il en fait quoi, le vent ?

Vois, le fleuve à nos pieds
glissé dessous le saule
nous caressant l'épaule...
il est tout écaillé !

...alors ?

Que vaut cette broutille
d'être à nous chamailler
quelque oiseau empaillé
ou quelque autre vétille
à l'aune d'un plein chant ?

Roupie de sang sonné ?
Echo sans écuelle ?
Fuite sans courte échelle ?
Refus d'énamourés ?

...et quoi ?

Main tenant, tu roupilles
Sous la mienne - grenade !
ta veine, camarade
me semble une Bastille
En suis-je l'assaillant ?

Je renifle ta baie
- juste à sa parabole...
et retourne à l'école
où Rien ne fuit Jamais !

...sans dec' !

C'est quoi, notre famille ?
Révisons nos paliers
pas à pas l'escalier
du front à la pupille
dans un regard aimant

Voici le menuet
qu'avancent nos charades :
nul besoin de pommade
mais d'un vibrant quartet !
 

28 novembre 2020

Balance Celle - tiniak

 

Ce mouvement
de balancier
naguère te faisait la fête

Dorénavant
dépense y est
négoces vains et maux de tête

C'est pas du jeu
qu'être à rebours
de chaque élan sentimental

Mouronne, feu
de mes débours
en suis pas fiévreux, j'en ai mal !

Voile carguée
(nul vent arrière)
et l'incurie des calmes plats

À balancer
(l'Une ou la mère ?)
s'égaillent tous les agrégats

En ai des aphtes
à tant maudire
la cataracte à l'œil aimant

Mais, si je cafte
- eh, quoi ? au pire...
Lui saura qu'Elle eut un amant

Pas si passive
dans la bluette
mais contractuelle pour Toujours

Passe, poussive
escarpolette
à deux pas de moi, dans la cour

 

1686330622[1]

14 novembre 2020

Acrimonie (tiniak)

 
A
ux branchies de la terre
s'étiole un vieux panache
- mon Moi de nain bravache en est tout dévasté
quand l'Art qu'on voit aux ciels ne veut rien pardonner
nul serment goût-de-miel
ni compulsivités

Crois-moi, c'est bien fini (même l'Année Prochaine...)*
tant l'humus a couvert chaque ban dévoyé
par les impunités de la nature humaine

Referont pas le monde (où niche l'univers)
pas ceux dont la chambrée n'est plus que devanture
ni les frontons austères
(quand les fourmis, peut-être, auront cette aventure...)!

Il en va des questions comme des pandémies :
maigres résolutions au courage en vacance
et la perte de sens... Fourrées ! Sous le tapis !

Mais, oh ! s'aimer au four que de plaider Toujours...
Et puis ? semer en corps encore une réplique ?
Eh ! Crottes...
La culotte au genou sitôt quittée la Grotte ?

Oh ! N'y soit - quand mâle y pense... qu'un peu de joies
humbles, dans le soupir qui enjambe une danse
Mais non, Ménon !
C'est Possession, en procession d'Appartenances
croissant de l'Une à Celui Qui
tend ses appétits à Fortune & Panse

N'était le ventre d'une femme
où peut se former de l'espoir...
à l'entrée comme à la sortie : rien de certain
au caractère - volontaire ? aléatoire ?... du festin ?
Et puis, (je vous l' demande un peu)
elle est fait' de quoi, Son Assiette ?

"Il en pose, de ces questions !!"
(elle, n'entend pas de réponse; pas une once)
Un chariot passe, un autre fronce et crie son nom
sur son mouvant nombril : "j'essuie !!!"
Mais rien que la merde à ses pieds sur le Pardi !

Et voici que la page tourne
(impavide sous l'horizon)
tandis que Bon Soufflet s'enfourne
avec la semaine à sa suite
(imprimée sur cartons d'invite)
avec un jet d'ancre... au citron ?
 

 

All aboard

tiniak ©2020 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

8 août 2020

tiniak... et l'âme erre

 
L
à, veille homme ! où l'âme erre...

Nulle raison de s'amarrer
pas même aux féminins mystères
N'est que va-et-vient des marées

Il reparaît toujours, Ulysse
quand le long cours arrive à terme
au seuil que jamais ne dévisse
la tempête sous l'épiderme

Bienheureuse, la rêverie
le regard pris dans le lointain
qui s'invente des paradis
avec un fantôme à la main

Et comme il fait bon respirer
à pleins poumons, l'aire marine
avec son rivage à nos pieds
clapotant mieux qu'une comptine

Rappelle-toi au dernier vent
qui t'a rameuté un sourire
d'avoir aimé, intensément
au point d'en goûter le soupir

Ah ! Cette douleur à l'épaule...
Ce trouble confus au bas-ventre...
C'est là qu'il faut tenir ton rôle
et replacer ta joie au centre

C'est dans le cri des goélands
et ce qui grouille sous le sable
et chaque pli se déroulant
que tu te sais enfin capable

Toi ! Oui, toi... d'aimer sans conteste
le jour qu'il t'est donné de vivre
Le ciel peut bien tourner sa veste
l'âme t'es chère autant qu'un livre

Il reparaît toujours, Ulysse
quand le long cours arrive à terme
au seuil que jamais ne dévisse
la tempête sous l'épiderme

Offerte à aucun dieu, la crainte
a déserté, depuis longtemps
la nostalgie de tes complaintes
Restent tes cheveux dans le vent

Nuées changeantes à ton front
s'apaisent aux coins de tes lèvres
La mer se marre à l'horizon...
Tu n'en es rien moins que l'orfèvre

 

18 juillet 2020

620, t'au matin (tiniak)


Si s'en vint, au matin, là, Madame Du Parc
(le cul et le tétin aussi fermes que nus)
c'est qu'elle avait versé, de longtemps ! sa vertu
dans l'un de ces bassins qui plaisent aux monarques
- avec le gars Justin

Car, si c'est à la brune qu'on prend l'hiboux, la chouette
(pour se parer d'un masque ou d'une autre perruque)
l'humidité du soir l'indisposait à nuque
tandis que la rosée lui titillait la couette

Hélas, Ô jour funeste ! Point de Justin, à l'aube
(il avait ripaillé auprès d'autres julies)
et Madame Du Parc de ronger sa lubie
en cherchant, ci-devant, sur qui jeter l'opprobre
- à défaut de son gant

Et, faisant quelques pas, vit un particulier
(mis comme un roturier, mais pas dégueu, en somme)
employer son entier à lustrer une pomme
comme il se fût agi de l'or d'un bijoutier

"- Madame, je vous prie, accordez-moi le temps
de faire se présent à votre doux minois.
"- Monsieur, pour quelle affaire auriez-vous quelque voix ?
"- Oh, pas celle de plaire ! On me nomme Satan
et m'en vient vous quérir. "

Et Madame Du Parc de rire et se railler
chipant du familier la pomme de discorde
n'aura pas fait semblant, pleine bouche, d'y mordre !
Voilà ce que l'on dit de cette statufiée...

tiniak ©2020 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

10 novembre 2018

ECTOPLASMA SANS GAIN (tiniak)


Eh, p'tit bouchon ! C'est quoi ton nom ?
Si je souffle sur ta maison
tu vas me dresser un procès
au nom de dieu ou du progrès ?

Charline, ma très douce amie
qu'invoquez-vous sur ce parvis
sous le crachat de ses gargouilles
un ectoplasme aux pleines fouilles ?

Tergiversons... Tergiversons...
Mais quant à revenir au fond
Bertrand, quand t'as cogné
était-ce d'un esprit frappé ?

Où vous rendez-vous, mes jolies ?
A la prochaine Rave Party
pour que la Flakka vous tritouille
et qu'une ombre incongrue vous souille ?

Par égard - eh, par Toutatis !
pour votre délicieux pubis
à quoi bon l'offrir sur l'autel
d'un symptomatique Bruel ?

Lasse et gavée de vieux mensonges
passe au tableau l'humide éponge
et révoque tous ces fantômes
qui t'auront dit : "je suis ton homme.."

Ah, ça fait un peu mal au cul !
ces résurgences z'impromptues
liant désir à la mémoire
dans une même peur du noir

Si tu regardes 'Ghostbusters'
entends que tu y es ma soeur
et qu'il n'est pas plus doux supplice
que nous mettre, l'un l’autre, en lice !

Mais brisons là, car il est tard...
Halloween navre nos trottoirs
quand nos enfants veulent sourire
à l'enfant qu'il nous reste à dire

En nous... A eux... Au jour prochain
dont nous savons qu'on n'en sait rien
ça ! tant que la nuit nous embrasse !
dans un halo d'idées fantasques

 

 

gaena_pluie2

13 octobre 2018

Nancy’s journey (tiniak)

 

 

N’en ayant plus pour très longtemps

(tout simplement, la fin est proche)

les yeux dans un livre de poche

elle esquive ses sentiments

 

A la faveur d’un lent virage

couvert par un profond tunnel

elle arrange ses cheveux miel

prenant soin de corner la page

 

Nulle autre personne, alentour

n’aurait pu lire son dessein

dans la fraîcheur de son maintien

ni à son murmure velours

 

Ce n’est qu’à l’arrivée en gare

où, tous les plaignants rassemblés

et tous leurs propos recoupés

que l’évidence vint, trop tard

 

Y voir de quoi tirer leçon

j’en laisse le soin au jury

je réserverai mon parti

jusqu’à sa prochaine évasion

 

 

26 mai 2018

Origami honey (tiniak)

 

J-13, guéridon 8

Deux ans que je fréquente ce bar de quartier, dont l’ambiance familiale anime un public éclectique. Aux temps froids, je m’installe à ce guéridon dans un coin de la salle du fond, devant un verre de Chablis, de Cheverny ou de Mâcon, mon carnet de poèmes ouvert sous la main, avec vue sur le zinc et l’oreille aux aguets.

 

Ce jour-là, une nouvelle tête prit place au comptoir, au bout à droite. Plutôt jeune – disons, la trentaine, une silhouette féminine agréablement proportionnée habillée avec soin, une coiffure complexe encadrant un visage où persistait une rondeur enfantine; elle s’exprima avec discrétion pour passer commande et demander le quotidien local mis à la disposition de la clientèle. Dans son recoin, elle s’attela à composer le sudoku du jour. Une oie blanche dans l’agitation bruyante et familière des habitués qui l’observaient du coin de l’œil.

 

J-6, comptoir

Le printemps tarde, bien que l’on soit déjà passé à l’heure d’été depuis dix jours.

La « nouvelle » se révèle plus ouverte, pimpante et rigolote qu’il ne m’avait semblé. C’est la quatrième fois qu’elle vient. Nous nous sommes rapprochés autour du canard quotidien. A elle, le sudoku, à nous (Abel, un joyeux drille de retraité et moi-même) les mots fléchés, les mots croisés étant plutôt mon pré carré.

 

Nous sympathisons. Elle se prénomme Rébecca.

 

J-4, guéridon 16

Malgré un petit vent d’est un brin mordant, je m’installe en terrasse. Je suis fumeur, c’est pus commode. Rébecca m’y rejoins avec son tango-fraise, occupe l’autre chaise. Nous devisons. Cariste de son état, elle n’est pas dénuée d’un humour assez hommasse, goûte la blague salasse et lâche des éclats de rire spontanés, tonitruants, aux accents graves, l’œil coquin, la canine acérée. Rock’n’Roll, la poulette !

 

Ce soir, c’est vendredi. C’est « ma soirée ». J’anime le bar autour d’une sélection thématique de clips vidéos musicaux ou comiques. A cette occasion, le bar ferme plus tard. A dix heures, nous décidons, elle et moi, de prolonger la fête en ville.

 

Nous finissons la nuit chez elle, en toute amitié, échangeant des titres de pop music, de punk, de rap, même de musette – Rébecca ne buvait pas que du tango, elle le dansait aussi. Je la quitte en milieu de matinée après lui avoir rendu un petit service tandis que nous prenions un copieux petit déjeuner. Somme toute, elle n’était guère plus âgée que ma fille aînée. Sur sa table, dans un papier qu’elle a plié façon origami (un gallinacé !), j’ai laissé mon numéro de téléphone.

 

Jour-J, commissariat, salle d’audition 4

Dégoûté, fatigué, étourdi, tout à la fois, je signe ma déposition.

Le capitaine me dit, en manière de consolation, je suppose : « vous savez, M. Filoqueur, grâce à vous, nous aurons au moins la satisfaction d’avoir mis fin à ces arnaques en série ». La belle affaire ! En attendant, me voilà déplumé comme un canard à l’orange, moi ! Moi qui ai eu l’imprudence de payer un billet de train à Rébecca, pour « rejoindre (sa) mère malade, ce week-end », avec ma carte… sur son ordi…

 

Le lendemain, soit hier, dimanche à midi, je constatais avec stupeur que mon compte avait été proprement nettoyé ! « Filée » et « logée », mon Oie Blanche avait été prise en flag par la Brigade des Fraudes.

 

Dans la rue, je charge une play-list aléatoire pour regagner mon logis en me changeant les idées. Je t’en fiche ! Le premier titre qui déboule entre mes oreilles martèle : « Gimme all your money, and I’ll make some origami honey »… Le couac !!

 

31 mars 2018

Hors-la-loi (tiniak)


Le retour du printemps échauffant les esprits
tout concordait ici pour que bientôt ça barde !
Sans rien en dégonfler, on ouvrait les mansardes
les rideaux s'agitaient au souffle du pays
comme le linge écru déployé sur les fils
et les robes passant de blafarde en bavarde...
la pression demeurait palpable sous les ris

On en avait pourtant supporté, des bravades !
et des occupations ! des heurts et du mépris...
Mais il exagérait, l'autre Béni-Oui-Oui
à nous servir sa soupe aux relents de moutarde
car, à creuser un peu, sa morgue se lézarde :
l'était pas le dernier à téter du pastis
ni à tâter en coin quelque fesse gaillarde

Il s'était condamné en disant, à l'envi
conspuer nos valeurs, pisser sur la cocarde
et de fanfaronner de sa voix nasillarde
arguant de religion et de suprématie...
Ça n'a pas fait long feu ! Ça n'a pas fait un pli !
On lui a fait bouffer ses bottes, sa guimbarde
et le fameux Stetson à son front de Teddy !!

Non, mais…
Au pays du Horla !

 

25 novembre 2017

APPETITION (chansonge) par tiniak (86)


J'ai rêvé trop loin...
Je me suis perdu
d'horizons tordus
en soupirs en coin

J'ai rêvé de foires
aux lents rigodons
portant des chansons
au front de l'Histoire

J'ai rêvé trop fort
comme l'odalisque
devant l'obélisque
écoutant son corps

J'ai rêvé de mains
caressant l'Ailleurs
tel un orpailleur
en oublie sa faim

J'ai rêvé trop cher
un tissu de mots
qui ferait la peau
aux foudres de guerre

J'ai rêvé d'un jour
de belle facture
qui ferait le mur
pour vivre d'amour

Rêverais-je mieux
à l'économie ?
J'ai tant d'appétits
quand j'ouvre les yeux !

18 novembre 2017

CARNAGE (tiniak)


C'est mon terrain de jeu, ma cape, mon chapeau
la brume dans mons dos, le pavé sous mes pas
ce coin de rue obscur, la nuit et ses frimas
j'y promène ma joie et ma haine, au cordeau

Ah, c'est bon de sentir venir d'un pas serein
la promesse d'un sein qui n'a rien vu du monde
que des messes les saints, sans jauger leur faconde
à plier le genou quand on lui tend la main... !

Rigole, fais ton choix ! Moi, j'attends sous le porche
en me brûlant les doigts sur de tristes cibiches
dans l'attente fébrile d'une frêle biche
qui aura pris le métro quatorze, sans torche

Ne passe pas ici, quand j'ai trop faim de chair
ni ton dieu, ni ta mère et pas plus ton soupir
qui n'ont plus foi en toi, ne savent rien en dire...
Plus en saura ce mur quand sera faite affaire

Avec tes petits pleurs et tes cris étouffés...
Avec ta chair en sueur et tes yeux ébahis...
Avec ma Belle Horreur, là, sur ton clitoris...
Et le tout comme un lot vendu sur le marché !

Gargantua, redis-moi, c'est quand qu'on n'a plus faim ?
Mangées - toutes ! ses mains ? Quand il n'est plus d'espoir ?
En l'Homme, ses manies, ses manières du soir ?
Celles au dévidoir ? Ou celles du matin ?

Eh, c'est bon de sentir, venir à petits pas
quelque nouvelle proie fleurant bon la chair fraîche
mais je regrette un peu de n'avoir pas la flèche
(celle de Cupidon) pour lui sonner mon glas

 

11 novembre 2017

Mâle et fils (tiniak)

Mâle & Fils, S.A. - DIRCOM

 

À l'heure où le hashtag « dénonce la grosse porcasse qu'il te plaira de vilipender pendant tes ragnagnas » atteint des sommets de laïks, d'échanges, partages z'et divers ritwittes sur la toile mal tendue - mais Ô combien fréquentée ! par la plupart des frustrés z'en tout genre que notre monde en déliquescence a fomenté en son sein véreux, une question se pose, là.
Non pas là, là !

Question t’en question : « Dites-voir donc... C'est quoi d'où que ça vient-il ces attaques répétées contre Mâle & Fils !?! Mmh ? »
Mâle & Fils ? Pensez ! Une société qui a fait ses preuves depuis… pfff… depuis, au moins l’âge des grottes décorées z’à la peinture à doigt – et avec quel doigté ! C’est dire !

Nah mé, sans dec' ! Depuis le temps que le droit de cuissage a survécu aux libéralismes z'à-tout-vat, que les joyeuses rapines de fin de siège perdurent durant les conflits z'armés (zarma !) qui agitent teu t’aujourd’hui moins les chroniques que la planète, et que les mains t'au cul (z’au Q ?) continuent de fleurir sur les trottoirs z'et avenues z'où transports tant commun (néanmoins pratiqués tant solitaire), vous croyez-t-y pas qu'il s'agit précisément d'une pratique ancestrale qui a fait ses preuves depuis des millénaires ? Voireuh bien plusse chez les millionnaires !! Hein ? Bon…

Alors, bon... Bon, bon, bon... Je dirais même : Oh ! hé ! Hein ? Bon !...
Le problème, il est : même si ça fait bonbon qu'on essaie de démontrer qu'aussi – hein ? eh ! oh ! z’ il y a toujours z'eu, et qu’y aura toujours, des z’aguicheuses pour rechigner après coups (portés, pourtant, t’avec un geste savant, acquis z'en des temps z'archaïques (cités plus z’haut) et conservé aux pris de longues luttes contre le Sur-Moi t’et les différentes morales z'afférentes aux systèmes sociaux (successifs z'et subséquents), je m'interroge, ben si ! Je m’interroge : « Pourquoi, eh… pürkwa tant d'émotion autour de billevesées après coût... [nnnnh, ghh !] après tout, fort t'anodines z’et plutôt enclines t’à démontrer que le lien social, fondamental z’et sépulcral qui nous… euh… lie, tient z'à très peu de choses, en vrai : quelques gestes, regards, paroles, frottis, commis dans l'effervescence de l'instant, quoi ! en toute spontanéité, quoi ! par quelque mâle (ou son fils), élevé par... une femelle, euh… une femme lelaquelle, par nature, n'a tant (Nathan ?) voulu, souhaité, porté à bout de sein, caressé de la main, que le bonheur, serein n'et bienveillant de sa progéniture ? » M’interrogé-je, Serge.

Hein ? 'pas con, la question !
Ben ? V’là qu’il neige ! C’est bonnard, ça, dis ! Une ou deux traces, et woup ! Je m’en vais charrier Magali (ma ‘tite stagiaire 95C) qui prend mes direux z’à la dictée (là, non, hein… je vous z’écris de mon plaint grais, en toute disgrétion), pour z’y souffler t’au moment de partir : « Ben, Magali ! M’ fais pas r’un flan… C’est-y que t’es ma girlie, z’ou nan ? »

Tu vois la finesse ? Hashtag « Mâle & Fils », wesh !

 

4 novembre 2017

Participation de tiniak

 

Ah, le sang d'Alezan, mon Isabelle !
(fallût-il que tu fusses bien cruelle)
se répand dans le champs de nos saillies
quand tu bailles z'et répètes : "Ba'hi..."

Tu m'as offert, pour un galop, une galoche
Je t'ai rendu ma sève foutraque et fantoche
Et quand j'ai dû quitter ta croupe mécanique
Alezan a surgi, hénissant : "tu la niiiiques ?!"

Oh, c'est trop d'imbroglio, cette histoire...
Je ne suis qu'un Tornado sur fond noir
recyclé pour honorer les juments
pas pour froisser mon vieux pote, Alezan !

Nan, c'est bon ! Ne viens pas m'aguicher par ici
Ne veux plus rien cambrer de mon anatomie
avant d'avoir logé - quelque en soit l'écurie
de mes pairs, la lignée, la longe et le frichti

Eh, va-t-en, Alezan, voir Isabelle
bailler ton ratelier pour ta femelle
Mais...? Tu ne bouges pas plus qu'un I-phone !
Oh, mon pauvre coursier, tu es atone...

17 janvier 2015

Participation de tiniak

Des branches et le jus

 

 

 

J'avais trois vers, là, sous la manche
l'un de travers et l'autre étanche
et le troisième un rien de biais
pour ne pas gâcher son effet
en fin de strophe
et clamer sous le Grand Dais Niais son apostrophe

Un regard plus loin a suffi
à flamboyer l'étrange cri
jailli de son puits vespéral :
"Où siège ton sentimental ?"
"Ici : ailleurs !
à ces endroits vraiment perdus pour les vains chœurs"

Sobre avarie de Vieille Branche
ployant sous d'octobreux dimanches
que fait ton nom dans mon sommeil ?
dans le capricieux appareil
de cet oubli
qui me donne à goûter au plus Bel Aujourd'hui

Ding ! Ding ! Ding ! Dong !

Oh, non ! Mais non, pas cette cloche...
Pas à moi... Rien ne s'effiloche !
que les graves amours humaines
faites pour endurcir la couenne
à en crever
la dernière toiture avant le plafonnier

Retour à la case des parts
prélevées sur le moindre hasard
que nous offre, au petit bonheur
la chance d'être à la même heure
la même joie
de cheminer, étonnés, sur la même voie

Alors qu'il n'est que leurre étrange
tout soudain, la vie nous démange
et nous recrache sur le lit
où se confondent nos oublis
nos molles chairs
pour qu'il soit plus aisé de les marquer au fer

N'est-ce pas ? N'est-ce pas, mon Cru
qui jetas tout ton dévolu
ton ardeur et mon dernier cent
dans le désintéressement
qu'elles en eurent
ces Voraces parées comme des créatures

Gloutonnerie des possessions
vidant les intimes passions
de leurs substances intrinsèques
Finis tous les salamalecs
on passe à table
et cette fois au titre de met périssable

En veux-tu des raisons d'aimer ?
choisis d'abord le bassinet
où rassembler tes vomissures
Carguée au mat toute voilure
attends que passe
à jamais l'envie de glisser à la surface

Sirote un jus d'orange amère en attendant
Appelle à toi quelque fluvial émolument
Nage sans bruit, que la vague même t'ignore
Gage les fruits de tes ordinaires débords
Une rythmique rogne éructe à son taquet
Il ne sera pas dit qu'elle fut sans objet
Nomme-la dans un fin et liquoreux murmure
Elle viendra, sanguine au ponant, l'épissure

 

 

25 octobre 2014

Participation de tiniak

Quand, énorme, vient la surprise
- qu'on se le dise et c'est tout vu !
un vent me prend par le joufflu

Il me massacre l'intérieur
pour y attiser des ardeurs
que je ne savais pas nourrir
sur le brasier de mes désirs

Tout oublié, mon nom, mon âge
m'emplis, me gonfle d'un orage
et fourbis un lent grondement
où s'accroît mon étonnement
de n'en pas maîtriser la cause

Maintenant, voici que j'explose
masquant mon trouble d'un éclat
de rire fou d'être encor là
la joue rougie d'inexpertise :
une fille m'a fait la bise !!


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