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25 septembre 2021

YOLO* - tiniak

 


“La mondialité (qui se diffuse en nous à mesure que l’emprise totalitaire se renforce) est une énergie relationnelle dont l’intensité ne cesse de s’accomplir. Nul ne saurait, sans sortir du vivant, s’opposer à sa houle !” Patrick CHAMOISEAU, Frères migrants - SEUIL 2017.

 

Y aura-t-il quelqu’un sachant s’en émouvoir ?
Loin de se figurer tâter de l’aventure
à chaque coin de rue, comme en nos boulevards
trempe le pied frileux dans une mer azur
mais fatale !
un pâteux gloss ourlant sa lèvre occidentale

Où se pourra trouver une âme indélogeable ?

Pleine du sentiment de sa mondialité
d’une personne, l’autre, elle invite à sa table
un cortège d’ardeurs et leurs humanités
de tous âges !
avec le bien commun qu’ils s’offrent en partage

Là, se peut être un mas; là, peut-être une yourte… 

Le lieu importe peu, car c’est l’abri qui compte
ici est maintenant, à l’encontre du doute
quoique les vents méchants hurlent et nous racontent…
C’est là, Paix !
tant que le marché naît des longs fruits du métier

Oh ? L’a pas vue venir, la révolte du nombre ?
De la main à la main et les yeux dans les yeux
le message est passé : ne plus céder à l’ombre
et n’avoir le souci que d’être et vivre heureux
non sans mal…
mais l’esprit en alerte et le cœur primordial !




*You Only Live Once (On ne vit qu’une fois)  !



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18 septembre 2021

largement ! - tiniak

 

L'horizon, bras ballants, peine à faire un sourire

Au jour qui fait le point sur un somme volage

Ricanent des marauds ne planant qu'à la marge

Gorgé de moue solaire, il me pend un soupir

Encombré du désir de reprendre le large

Mais c'est trop, la besogne !

Et, qu'en disent, à flot, les sirènes amies

Non, c'est pas raisonnable; avec ma vieille trogne ?

Tant l'océan m'apprend où loge l'infini !

***

L'heure - tu la connais, c'est la tienne à présent

au gîte qu'il te plaît de rendre familier

ancrant de souvenirs quelque nouvel objet

domptant mon regard fou vers ton ventre apparent

Allant d'un geste, l'autre et le prochain : mystère !

et de cour à jardin, tu répands ton théâtre

tu me dis d'aller mettre un peu de foi dans l'âtre

car ce mois de rondeur est le règne des mères

Rien ne vient altérer ton humeur formidable

ni les bruits de la rue, ni les ciels indécis

ni même les odeurs dont tu connais le prix

car rien ne t'est plus doux que nos coudes à table

Grelote! Brûle-toi ! Montre-moi une écharde...

Mais non, car même si, tu es un bouclier

Il te suffit déjà que j'aille, mon entier

remplir le quotidien comme une promenade

Eh, d'accord ! Vivement que vienne délivrance

L'heure - je le sais bien, sera l'heure d'étai

côte à côte embrassant la petite qui naît

La première a tes yeux, vastes comme une transe !

***

Large farce aux yeux du monde,

l'humaine comédie a des sources profondes.

C'en est toujours l'heur !

belly

 

 

4 septembre 2021

Ô vent, terre !! - tiniak

 

Une - et la seule au ventre !
N’étaient mes Filles-songe

Vain espoir
Et pourtant
Noble histoire
Tenir, le cœur au vent

Tartes crèmes
Au carême
Insidieux et bourgeois
Révoquer cet élan
Encré à bout de foi ?

***


Il était une foire…
Nous en savons l’histoire
Vous en goûtez le songe
Et passerez l’éponge
Non sans prendre, au passage
Tous les plis parfumés
Aux confins de l’armoire
Il étaie ce lent soir…
Ris donc ! Tu sais qui est-ce
Et boutonne ta veste

***


UN mouchoir imbibé de ta dernière humeur

VENT, mène-moi au bout de ma prochaine ardeur

 

TAIRE tout… Pas mon coeur !

***


Avoir ne vaut pas Être
Rire, sans coup férir
Masser ton ombre douce

Oublier l’avenir

Inventer une source

Rire, sans compromettre

Et finir ses devoirs
 

ti

21 août 2021

mascarade (tiniak)



Main tenir - et le cap, donc !
Aller, venir
Sans coup férir
Que l'absolue dissolution
Un océan d'orge et doublons
En haleine, dessous le masque

Ah, c'est déraison que ces frasques !

Rien à tenir qu'un bout de zinc
Avec toi, perdue dans tes fringues
Dunkerque alentour qui fanfarde
Et ce plein de joie qui s'attarde

1

ci-dessus : votre serviteur et sa bonne amie, déguisés en 'Jupiterriens du XVIème cercle'


7 août 2021

Première, et moi... (tiniak)

 

 

À quelque endroit que je me trouve
en classe ou en bas de chez elle
plein de doucereux décibels
flotte ce vide qui m'éprouve
et m'éluge, à bord d'une transe

Qu'importent montagnes, vallées
trottoirs plus sales qu'encombrés
coule vers ma salle d'attente
le tourment d'une peine aimante
et pas moyen d'en réchapper...

Pire que ça ! Je la cultive
cette douleur adolescente
avec, là, au bout de sa pente
mon cœur embarqué, sans dérive
arborant son doux pavillon

À l'horizon point ma quinzaine
et la sienne a déjà sonné
au clocher de notre quartier
en son chapelet de semaines
à l'immuable rigodon

J'ai beau savoir d'où vient le vent
il est trop vaste l'océan
qui me porterait à lui dire
comme j'aime l'aimer - sans rire !
mais je suis seul et je me tais

Le silence est mon seul ami...
J'aime son oreille avertie
réfutant l'heure et sa menace
Il me regarde, bien en face
et me dit : va, et danse !

On s'est aimés
trois ans après
Je l'ai cru, puis j'ai déchanté

Que l'heure avance...
Je la dépense
en buvant son bol à l'or rance

ti

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17 juillet 2021

humeurs salines - tiniak



Saôulée par un ciel tricolore et indécis
non par la molle houle au port marron-aigri
une flottille éparse, au mouillage recluse
tente de faire écho au blanc, au bleu, aux gris
- dessus le goëland ricane, s'en amuse...

Âme qui t'en dédit, sifflant ton bol de coulpe
n'as-tu d'autre levier que du coude au poignet
n'as-tu d'autre fierté que vouloir en découdre
avec l'autre - voisin ! et son sourire niais
quand vous auriez, tous deux, bien d'autres grains à moudre ?

Le grain qui contraignit votre retour à terre
pourquoi l'y rapporter sur vos échines torses
quitté, chacun le sien, le petit quai désert
à travers l'assemblée, godillant d'un œil torve
vous tirez au bistrot votre atavique morve

Il n'est jamais trop tôt pour jouer les fiers-à-bras
surtout le casier vide et l'haleine chargée
qu'importe le matin qui peine à se montrer
sous le ciel imbécile en son grand tralala
d'aube gonflée de pluies, d'orgues inhabitées

Ne va pas te fâcher, marin ! C'est tout pareil
que tu sois né mâtin, scocofish ou foldingue
quand l'amer à fini de noyer le soleil
on préfère au logis passer d'abord au zinc
"Parol' de bistroquet : faisons plutôt la bringue !"

Elle est tombée à pic, sa boutade, au patron...
L'un l'autre, on se regarde, se gratte le menton
Ravalant un soupir, un sourire se forme
d'abord timide, un rire enfle, se fait énorme
"Ouais, on en verra d'autres; allez, sers-nous Garçon !"

Sauvée d'un vilain fiel à l'issue trop certaine
la crique portuaire allège ses embruns
Elle n'est pas finie, après tout, la semaine
et les vents capricieux sauront porter plus loin
le grain striant les fronts de son aveugle haine

 

19 juin 2021

Trotte, inerte ! - tiniak

 

Tout va si vite

dès qu’on s’arrête

pour contempler ne fût-ce qu’un soir


Revisitant la notion d’espoir

un grain en tête

gris anthracite


Où va la terre

dans le cosmos ?

… toujours sa même révolution… 


Trompant son monde avec la saison

rognant nos aires

et jusqu’à l’os


Tous ces passants

leur pantomime

en de si laborieux quotidiens


Il m’en remonte un Hymne du Rien

au port sublime

et paressant


Navrantes courses

tristes saumures

quand finirez d’user la planète ?


Elle n’en peut plus de vos sornettes

fastes mercures

tankers en bourse… 


Tout doit finir

c’est la leçon

La question est : qui veut bien l’entendre ?


Tant il est plus aisé de prétendre

au Grand Pardon

des vains empires


Et puis, ça trotte

et puis, ça vire

ça se console d’applications


Sans égard pour Les Contemplations

car le chien tire

et fait sa crotte





12 juin 2021

Cas torve ! - tiniak

Ah, ça ! j'en ai tiré, des bords
et des fermoirs de soutien-gorge
J'ai croisé le fer à la forge
pour dénicher un soliflore

Ah, ça ! j'en ai bu, des couleuvres
et des tonneaux des Danaïdes
déclamé Laforgue et Ovide
pour que ma fleur passe l'épreuve

A ça, j'étais d'abandonner
quand je l'ai vu sur l'étagère
de la fleuriste, avant-hier
Il me faisait un pied-de-nez !

A sa façon, cette breloque
m'aura tenu la dragée haute
Je me suis fendu d'une côte
et ravalé mon soliloque

Assassine et patibulaire
j'avais l'humeur en février
Elle arrive, et ta fièvre y est !
la Saint Valentin dépensière

ok-soliflore14

5 juin 2021

L'ombre d'un doute (ah, si !) - tiniak


A
ssis, las, dans l'ombre d'un doute
J'écoute... écoute... et puis, j'écourte

Car l'ombre stagne - hé ! c'est son lot...
et ça fourmille dans mon dos
Ai-je pensé "rhoo, c'est ballot" ?
Non pas. J'en avais sous l' capot
un coup dans l'aile...

Ici, debout, les bras ballant
je me laisse laver, au vent

Car le vent lèche - eh ! c'est son truc...
autant les rubans de bolduc
que les franges, les aqueducs
les pines, les feuilles caduques...
Sang frais !
Sang du mâtin
au carrousel...

Agenouillé sur le crottoir
ma paume aspire ses histoires

Car le sol est tout ridulé
par le flot des vaines ruées
roulant vers autant de marées
que la lune en peut écraser
Pauvre cheptel... 

***

Génuflexions des arguties
Larmes-signet dans un missel
Vacarme dans la ritournelle
Pigeons picorant le parvis
Serez-vous pas mon dernier songe
dans ce plat à la fausse oronge ?

Je l'ai bichonné pour plus tard
ce gentil "mais !", bardé de l'art
accidentel

Passent au ciel, les étourneaux
et plus tard me semble bien tôt
sans moyen que je me rebelle

***

Et l'ombre cède, un jour encore
aux jours en corps qui se rabouchent
comme au soir on défait sa couche
près de soi, un mystère en or 
sempiternel

pvpp2010_pin-howling-WOLF


tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

22 mai 2021

Du goût et des goûts, l’œuvre… au noir (tiniak)

 

On s’était déjà résignés à bouffer le Marcel. Mais bon. Sans trop se forcer, vu comment il nous lâchait des méga caisses à dégoûter une porcherie, le Marcel ! Et des caisses comme celles-là, dans un sous-marin en perdition au fond des Caraïbes, ça vous vaut tous les Zyklon B de la Seconde. Ah, ça ! Il s’y entendait le Marcel en prouts…

Après, il y avait eu l’Emile. Mais bon. Si ça se trouve, il aurait fini par nous la refiler, sa saleté de maladie, avant que d’hypothétiques secours viennent nous délivrer de là. Bon. On les a tout de même boulottés, l’Emile et son zona.

Si ma mémoire est bonne, ce fut le tour de Boris, ensuite. Le clairon. On aimait bien ses jeux de mots à la con. Mais bon. Bonne viande, Boris. Bonne viande.

Après, ben il ne resta plus que nous trois. Les autres carnes étant confinées dans le compartiment contaminé.

Rien n’avait été décidé quand vous êtes arrivés, en fait. On n’était plus trop pressés de se bouffer, en fait. On se laissait crever, tout doux.

Alors, quand vous m’avez ranimé, moi aussi ça m’a surpris de voir Albert (le petit Albert qu’amuse toujours la galerie, d’habitude), à genoux, les mains dans le ventre du commandant, les yeux exorbités et répétant avec un air de dégoût plutôt prononcé, hein ?


Répétant : “J’aime Pacha… J’aime Pacha… J’aime Pacha !”

titan

24 avril 2021

Chas mord -tiniak


Le petit chas ? Il mord, d'accord ?
Avec son trou d' soupir !
Ben quoi ? 'Faut bien le dire...

On chante ailleurs, l'âme oratoire.
Rien pour douter de Ce Grand-Soir ?
Ah bon, pardon. J'étais ailleurs.
Tant va la cruche au puits...
On cherche. On tergiverse, et puis ?
Il ne se passe rien.
Rien entre nos mains, hélas.
Et notre "...Vie Est Dégueulasse" !

(c'est pas moi qui l'ai cri !)

ti


***

J'ai bon ? Hein ? J'ai bon là ? 🤔😏



17 avril 2021

Pouwet ? powet ! - tiniak

 

Être poLète
c’est chouette !
C’est souvent fête...

 

Les mots se mâchent
dessus, dessous
et pour pas francs six sous
pour le panache !

Être poLète
c’est chouette !
C’est souvent pouêt !

 

L’histo se lâche
là, en dessous
sombres frous-frous

panse à la gouache

 

L'être, poLète
ça prend la tête
et les mirettes

Et les esgourdes

gavées de son

- avec Là Non !
prient quelque tourde

 

Lettre, poLète
l’as-tu bien faite
à ta soeurette ?

Avec des ‘pouet’, ‘tut’
‘tirouli rouli’... ?

Ça va pas la tête ?

C’est ma poLésie !

3 avril 2021

Toute idole passe à table (tiniak)

 

Indolent et folâtre
Dans ses habits trop blancs
Oublieux opiniâtre
L'olive entre les dents
Attaché à s'ébattre
Tant qu'il y aura du vent
Tourbillonnant théâtre
Riant ses rêves grands
A se plier en quatre
Pour se moucher dedans
Il gâche des emplâtres
Souliers gris patouillant
Turbulent idolâtre
En poche, le présent !

"A taaable !"

Tout finit dans l'instant
Aliens feux ? ranatres !
Berge aux sables mouvants...
Le chant surgi de l'âtre
Est de plus doux serment

 

27 mars 2021

Trou noir - tiniak (tiniak)

 

Tout va bien
Tout va bien…

 

Le doux printemps s’en vient fendre ce bel oignon

C’est quoi déjà son nom ?

 

Tout va bien
Tout va bien…

 

La rage fait son trou dans un poitrail exsangue
C’est quoi, le prochain angle ?

 

Tout va bien
Tout va bien…

 

La lune est allumée, quand meurent les étoiles
C’est d’amener la voile ?

Tout va bien
Tout va bien…

 

Le socle expire enfin, et remonte au charbon

loupiote-gaz au front

 

Tout va bien
Tout va bien…

 

La cage a fait son œuvre et patiente à son tour

un grisou dans le four

 

Tout va bien
T’ ...!!

“M’amour…”

 

13 mars 2021

Zounia Ben Lemna se raconte - tiniak

- Episode inédit, extrait d’un feuilleton en cours sur ‘poLétiquement vôtre-

 
Exergue : Parce que c’est tous les jours 8 mars, #machoman...
***

 

Renfilant sa vieille gabardine (“toute pourrie, nan mais, wak Bob ?” comme le lui dit souvent sa partenaire), le lieutenant Merle se tourna vers l’agente Ben Lemna qui faisait de même, avec son perfecto rapé à bien des endroits, et lui proposa :
“- Dis-moi, major, ça te dirait-y pas de s’enfiler une bière ou deux avant de rentrer à nos vies misérables de poulets déplumés ? Après tout ça, c’est pas péché, hein ?”
Zounia lui retourna son sourire en coin qui signifiait “Vouiche, mais on s’éternise pas Bob, ok ?”
Du coup, elle répondit :

“ - Alors on y va, mais en scoot, sinon, c’est mort !”
Robert Merle entendit l’avertissement. Il avait pourtant bien envie de bringuer un brin, ce soir. “Mais bon…”

 

Un quart d’heure plus tard, les deux agents de police, rendus à leur vie civile, étaient attablés à la table que le patron du lieu avait pris soin de leur libérer dès qu’ils avaient pénétré dans son établissement, un bar à l’irlandaise, lui-même étant de (lointaine) origine de “la divine Erie des poètes”, comme il aimait à le faire entendre. Un peu trop souvent, de l’avis même de ses habitués.

Leur deuxième bière à la main (et la troisième en attente, commandée discrètement par Robert au nom de ce vieux principe cher aux piliers de bar : “jamais deux…”), après avoir pris quelques nouvelles l’un de l’autre, concernant leurs vies privées, ils se laissaient bercer par une ballade gaëllique. Parce que l’absence de discussion est souvent la marque d’une amitié véritable. “Et même d’un véritable amour…” songeait, à ce moment, l’homme enfin un peu plus détendu.
Soudain, un type, à l’évidence pas familier de l’endroit, s’adressa directement à Zounia en demandant :
“- Pardon si je dérange, mais ça vous dirait que je vous offre la prochaine, mademoiselle. Si monsieur n’y voit pas d’objection, bien sûr ? ajouta le bougre en envoyant à Merle un clin d'œil des plus malvenus.”

Robert n’eut pas le temps de réagir que déjà Zounia répliquait, avec un sourire calculé :

“- Toi, c’est sûr, t’as tous tes vaccins à jour sauf celui contre la goujaterie. Mauvaise pioche, garçon. Va tenter ta chance ailleurs, j’y serai pas.”
Le type en resta coi quelques secondes durant lesquelles Zounia eut encore cette pensée : “Il se trouvera bien quelque écervelée sur ton passage pour satisfaire tes projets pour la soirée, connard !”. Pensée qu’elle n'extériorisa pas verbalement, mais qui explosait dans son regard dont le brun foncé s’était profondément assombri, peut-être jusque à un noir abyssal.

Le type renvoyé à ses pénates, Robert Merle saisit l’occasion (“pas la première, mais bon… allons-y !”) pour poser une question qu’il n’arrivait pas à s’autoriser à poser à sa partenaire chérie :
“- C’est marrant, commença-t-il comme pour dédramatiser la nature de la question intrusive qui allait suivre, un beau brin de fille, euh… de femme comme toi, intelligente, pas bégueule, fine et cultivée, depuis six ans qu’on se connait, hein ? je ne t’ai jamais vue avec… disons… quelque attache pour quelqu’un. Tu vois ce que je veux dire. T’es pas obligée de répondre, note… Juste note que ça m’étonne, quoi. Pardon, mais… la preuve ! t’es suffisamment bien gaulée… J’ai pas dit, belle hein ? J’ai dit…”

“- Ouais ok ok, Bob… Attends, le coupa Zounia, fermement, mais en douceur.”

Elle l’avait appelé “Bob”, c’était déjà ça, songea Merle. “Elle ne m’en veut pas d’avoir posé c’te foutue question, se consola-t-il d’avoir osé en venir, pour la première fois entre eux, à ce point sur le terrain de l’intimité.”

Voyant combien Zounia se ramassait, il sut qu’elle se préparait à bondir. Il l’avait déjà vue faire. Mais jamais pour aucun des dialogues, publiques ou privés, qu’ils avaient tenus l’un envers l’autre. “Six ans, putain ! ‘Faut pas qu’ ça casse, hein ? ON est d’accord, ma belle ?” se dit en frémissant, à des endroits inconnus de son corps et de ses sentiments, le lieutenant qui ne voulait absolument pas en être un. Pas là. Pas ce soir.

“Juste pas maintenant ! ...Juste Bob…” implora-t-il secrètement.

Alors, Zounia Ben Lemna, négligeant de remarquer qu’une troisième tournée de bière prenait place à leur table, le menton calé dans ses poings serrés à blanc, dit à Robert Merle :
“- Ok, d’acc’… Je vais te le dire à toi, Bob… A TOI… Personne n’en sait rien ici, et personne ne doit jamais savoir, ok ? Parce que la frontière entre le blabla et la trahison, c’est du fifrelin. C’est ok, Bob ? ...JAMAIS !”
Zounia lui avait semblé avoir hurlé en pleine face, mais à voix basse. Robert Merle (homme d’âge mûr, tout de même lieutenant de police, supérieur de la jeune femme, là, devant lui, qui était devenue sa partenaire à compter du jour où elle avait posé “son petit cul de banlieusarde... ou dieu sait d’où !.. sur la banquette passager de ‘son’ véhicule de fonction…”) Robert... Non, “Bob” ! se dit alors qu’il aurait mieux fait de fermer son foutu bec… de poulet ?


“- On se refait pas, en vrai, lâcha Robert, pour lui seul, mais de fait, à haute et distincte voix.
“- Ouais, c’est ça, Bob. C’est tout pile juste ça, abonda Zounia dans un soupir, un sombre magma coulant sous un repli de sa lèvre inférieure et un volcan en éruption à l’orée de ses grands yeux tous ronds. De ses deux yeux si bruns, et cependant si doux, malgré tout.”

***

- Et voici ce que l'épisode suivant développera de la confession de Zounia à Robert -


Robert Merle se racla le gosier avant d’entamer sa troisième binouze. Manifestement, Zounia prenait son temps. A coup sûr, la gravité des propos qu’elle allait lui tenir, comme venait tout juste de l’annoncer sa partenaire de patrouille, nécessitait qu’elle en choisissât avec soin les paroles. Il attendit donc, patiemment, qu’elle se mît à parler.

Le bar se remplissait toujours davantage, de gens de passage, mais surtout des habitués, familiers du lieu et de son placide patron. Robert, ne quittant pas Zounia du regard, en reconnut quelques-uns du coin de l'œil, mais ne les salua ni ne leur rendit leurs saluts.

Zounia Ben Lemna se saisit alors de la bouteille près de son verre à bière et dit en se servant à boire :

“- Jamais deux sans trois, hein ? Ok, Bob… Bon voilà : entre l’âge de treize et quinze ans, j’ai été abusée sexuellement par mon oncle paternel, d’abord, puis par chacun de ses trois fils.”

Le lieutenant Merle se sentit soudain prêt à reprendre du service dans l’instant. Le Robert Merle en civil, de prime abord abasourdi par cette déclaration inattendue, décida cependant de ne pas réagir. De laisser à Zounia le loisir de développer ou non. Ce qu’elle ne manqua pas de faire, puisqu’elle s’était lancée.

Zounia Ben Lemna s’ouvrit donc à son collègue et ami, après lui avoir fait de nouveau l’injonction de ne parler de ce qui allait suivre à personne, “absolument personne !”

Merle réitéra sa promesse d’un hochement pesant de la tête, le regard encore effaré de ce qu’il venait d’entendre.

Et Zounia raconta…

***

On finit en chanson, hein ?
https://www.youtube.com/watch?v=8d-blfWHSng&list=RDvBHild0PiTE&index=3

20 février 2021

J’ai… (tiniak)

 


Cargué la voile de mon cotre
Uni Le Chien à quelqu’un d’autre
Rengorgé ma colère, toute
Rebattu les cartes du doute
Ignoré les menaces veules
Caressé à paume l’éteule
Usé le Sort à mon Festin
Lofé à l’anse du matin
Usiné ma voix sous le vent
Mûri de songes mon tourment

Voilà tout mon curriculum
Il est léger, m’en diriez-vous ?
Testez-le à l’aune d’un somme
Après ce premier rendez-vous
Et goûtez ce qui me fait homme

 

13 février 2021

Sûr ! Là, je t'ai... en cinq ! (tiniak)

 

Bon anniversaire, tu parles !
Ah, ça ! le repas, les cadeaux, les bons mots y étaient, mais c’est la promenade, en cette fin d’après-midi de samedi, qui a tout foutu à plat. On avait marché, en famille, jusqu’au pont du Coudray, édifice en pierre enjambant, devant Caen, le plus petit fleuve de France : l’Orne.
Au centre, s’étaient installés des gars qui proposaient du saut à l’élastique. Les miens s’étaient cotisés pour m’en payer un, les cons. Et moi, couillon, j’ai accepté, le ventre de peur, de défi et de rage mêlé. Il faut dire ici qu’en matière de défi du samedi, je pratiquais tout autre chose…

Mais bon, je m’équipe du harnais, on me soutient pour m'avancer sur la planche et là, ils se sont tous mis à crier en chœur : allez, vas-y, lâche-toi !! Wouhou !!!
J’ai sauté.
Maintenant, à la surface de l’Orne, je dois avoir l’air d’un œuf sur le plat.
Merci, hein ?

***

Attendant le dénouement de la finale d’échecs entre Thor (le dieu, oui) et Bételgeuse (oui, l’étoile), l’Allumeur de Réverbères (oui, vous savez qui) n’ayant rien de mieux à faire depuis la désertion de tous les lieux de lecture à cause d’une contrainte sanitaire, le pauvre vieux boulottait un bâton de réglisse en buvant de la bière.
Il glissa dans le sommeil sans s’en apercevoir, fit des rêves improbables d’accolades enjouées, de roulages de pelle en plein cœur du marché, d’étreintes fraternelles lors d’un pot de départ du collègue dont tout le monde se foutait jusqu’alors…
Il se réveilla en sursaut croyant étreindre la petite Alice (du Pays des Merveilles, oui oui).
A l’écran, le commentateur fébrile était extatique.
Il dit : mesdames et messieurs, chers amis, c’est incroyable ! Vous le voyez comme moi, n’est-ce pas ? Dans deux coups, le dieu Thor bât l’astre !

***

Lillian jeta son sac à main sur la table du salon, y préleva le courrier du jour où figuraient les résultats de son concours d’entrée à l’Institut des Langues et Civilisations Saxonnes. Marceau, son compagnon, avachi dans le canapé, lui adressa un regard interrogateur et un geste empressé qui signifiait : alors, quelle place ?
Lillian, dépitée répondit : “ - Bah, last!”
Philosophe muet (mais pas que...), Marceau lui mima cette parole d'Évangile : “Les derniers seront les premiers.

***

“- Le comble pour un psychothérapeute de la Médecine du Travail, cest quoi pour toi… ?
Nan, tu vois pas… ?
…c’est d’avoir pour patient un électricien et de lui dire de lâcher prise.”

***

Association à but non-lucratif des
Sous-mariniers en chômage technique
Tentant de se remettre à flot

521

tiniak ©2021 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
pour un Défi du samedi #650.

6 février 2021

Abalone (tiniak)


La jungle étire enfin ses bruissements variés, avec le soir qui sombre alors, soudain, brutalement, sous les feuillages gras, sur la terre engorgée, à travers le peu d’air qu’il y ait à respirer. Le village renaît, finis tous les labeurs. Le marché du matin est plus gras maintenant. Le soir est le festin qui fait tout oublier des souffrances du jour. Les enfants sont gavés de fruits, de cris, de courses… Ils s’endorment déjà, sur le sein, le genou, la treille maternante à l’odeur apaisante et la vibration douce.
Les hommes sont ici. Il n’en manque pas un. Ils parlent un peu fort de leur chasse accomplie, déposant leurs trophées autour du feu central où l’on va prendre place, chacun à son endroit. Les couples au plus près des anciens, accroupis, les plus jeunes dans l’ombre. Un grognement se fait plus fort dans les poitrines, à mesure que le feu lèche la chair offerte.
Elle s’avance alors, la Mère de leurs noms.
Elle chante leurs noms, leurs liens dans la forêt. Elle a les bras levés vers un ciel impalpable. Les arbres millénaires en taisent le secret. De sa bouche édentée sortent des sons magiques. Chacun y reconnaît sa partie animale. Les chasseurs, les premiers, en demandent pardon avec un grognement contenu dans leurs mains tout près de leur visage. Les autres, jeunes ou vieux, sifflent, vers le sol à leurs pieds, d’un souffle circonspect, une note fragile.
Vient le temps du partage. La Mère baisse les bras, les yeux dans les feuillages et le pied ferme en terre. Les chasseurs prennent leur part, les jeunes servent les vieux, les vieilles, et les garçons donnent aux filles selon leur sentiment. Chacun mange à sa faim, même la Pâle-Idiote, accueillie depuis peu, après la catastrophe.

Elle a le cheveu dru à la tempe, à la nuque, mais une toison feu décolle de son crâne et lui barre le front. A l’odeur, ça, c’est sûr ! elle n’est pas d’ici; ni de cette vallée ni des monts qui la ceignent. Il s’en faudrait de peu qu’un des hommes l’étreignent, mais son regard les tient, un à un, à distance. Et voici qu’elle danse, devant leurs yeux marrons. Et les flammes lui font comme une révérence. Après quoi, le silence englobe le moment. Elle se saisit alors d’une bourse à son flanc, en tire une denrée nouvelle et intrigante. Prise dans une gangue à l’aspect d’une pierre, elle baigne en un jus au parfum sans pareil.

Au grand étonnement de tous, Mère y compris, elle dit dans leur langue : “Mangez ! Car ainsi, comme moi, ne serez jamais seuls.”

Un enfant tend le bras, l’œil inquiet la questionne : “...ça s’appelle comment ?’
Lui caressant le front, elle répond : “Comme moi, Abalone.”

“ - Et ça veut dire quoi ? ose l’enfant, bégueule.
“ - Vous l’ai dit : Jamais-Seul.”

30 janvier 2021

Zut, alors ! (tiniak)

 

Parfaite, la courbure éthérée vire au sang
sur la vague engourdie d’un plus calme océan

Il nous faut patienter un instant; tu vas voir…

Le vent porte un soupir inhumain, d’un autre âge
jusqu’à notre désir d’enchanter un partage

Et ça grouille, vois-tu ? à la crête du soir...

Perdus pour ce moment, les pièges matériels !
(la lune en sait assez, vaquant, sa ronde au ciel)

Oh ! T’as vu ? ça frétille… Ah, oui ! c’est pour bientôt...

Il flotte des parfums de profondeur marine
la tienne, à mon épaule n’est pas moins saline

Là, tu vois ? Ce bouillon approchant le rivage ?

???

Nuées d’autres lointains, allez pleurer ailleurs
il se forme un festin qui nous rendra meilleurs

Oh, non ! le vent grossit en son ventre un orage !

Naïades, revenez ! bénir notre présence
et l’espoir qu’on avait d’enjamber votre danse…

!!!

Zut, alors !
C'était pil'-poil; bah… c’est mort.

mermaid_ring

23 janvier 2021

YOYO ? OY! OY! (tiniak)


Y revenir, en repartir
et dans l'intervalle... se perdre ?

Ou lierons-nous, par ces temps flous
nos ombres... dans les ris de l'Erdre ?

Y retentir ou bien muir ?
il reste sauvage, le monde !

Où lirons-nous notre chant fou ?
pas dans le flot des tristes ondes !

***

Oyez ! Oyez, les vents mauvais
venus casser notre baraque

Oy, c'est assez ! Laissez passer
nos orgues larges et fantasques



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