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Le défi du samedi
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9 juillet 2011

Défi 1 (Mamido)

 

A se replonger dans les archives des défis, autant aller directement au plus profond !
On ne peut ensuite que remonter vers la surface…
En plus, je trouve ce défi très ludique, un peu comme un jeu de plage de magazine…

Défi 1 : Concocter vingt 'Allo-Ici'… Mamido
Le concept: Créer des mots-valises en joignant 'Allo' et 'Ici' phonétiquement à d'autres mots. Des jeux de mots, quoi!
Ex: Allautruche? Icigogne!

Halloween ?  Icitrouille !
AllAuxerre ? Isilence !
Allopération ? Icicatrice !
Allorange ? Icitron !
Allopéra ? Icinéma !
Allovale ? Icirculaire !
Allopposition ? Icitoyen !
Allopposé ? Icyprès !
Allauthentique ? Isilicone ! …ou… Isimili !
Allauberge ! Icivet !
Allocarina ?  Isifflet !
Allhôpital ? Isirop !
Alleau de Setz ? Isyphon !
Alleau gazeuse ? Isirop !
Alleau de pluie ? Iciterne !
Allaumonier ? Icistercien !
Allautomatisme ? Isystème !
Alloblique ? Isinueux !
Allocéan ? Isirène !
AllOlympe ? ICircée ! ou… Icylope !                              

Et deux de plus pour la route…

Alloreille ? Isignal !
Alloccitan ? ISibérie !

Enfin je ne résiste pas à détourner la consigne !

Allo… Cigare ? Non, icyclope !

 

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18 juin 2011

Le petit promontoire… (Mamido)

65467979[1]

 

Un petit promontoire
Au milieu de nulle-part…

Un balcon sans maison
Au milieu du gazon.

On grimpe l’escalier
Et l’on peut admirer :

Les vaches dans le pré
Et le taureau, zélé.

Des chevaux au galop
Lançant des gerbes d’eau.

Ou bien, des flamands roses
Qui, sur l’étang, se posent.

A moins que ce ne soit
Un bateau qui s’en va,

Sur une mer d’écume,
En cornant dans la brume.

Ce paysage dont la beauté te nargue
Cet éclatant pays, tu vois, c’est la Camargue.

Monte, viens vite, dépêche-toi,
De là-haut, la région s’offre à toi.

Ce petit escalier, grimpe-le sans façon.
Ce petit escalier qui te mène au balcon.

D’ailleurs, ce balcon qui sort de nulle-part,
Ce n’est pas un balcon, c’est juste un promontoire
Qui, quand tu es là-haut, élève ton regard.

 

4 juin 2011

Juste avant… (Mamido)

mamido

Vous m’offrez de remonter le temps ? Comme c’est gentil, aimable à vous !
Et, vous allez constater que je ne suis pas très exigeante et que ce n’est pas moi qui userai votre machine à remonter le temps pour une destination trop lointaine ou un trop long voyage.

Non, je ne désire pas embarquer pour le dix-neuvième siècle, ni pour le siècle des lumières et encore moins pour le moyen-âge. Car, même s’il s’y est déroulé des évènements passionnants, de grandes révolutions culturelles, intellectuelles, scientifiques ou industrielles, je ne désire pas y assister.

Voyez-vous, en ces temps-là, le monde n’était pas très agréable pour les femmes. Sous la coupe des hommes, sans aucuns droits, elles ne pouvaient accéder à aucunes fonctions autres que celles d’épouses et de mères, dont la destinée était de s’épuiser dans de nombreuses grossesses avant de finir par mourir en couches… Vous pensez que je noircis le tableau, mais pas tant que ça, en tout cas pas pour les femmes du milieu modeste dont je suis issue.

Non, moi, j’aimerais juste revenir aux années quatre-vingt.
J’ai une photo, là, sous les yeux. Je suis jeune, la trentaine triomphante, pas trop vilaine, ma foi. Les enfants sont « sortis du maillot », comme disait ma grand-mère. Assez grands pour se débrouiller, ils marchent, mangent seuls, dorment toute la nuit, on les comprend quand ils parlent. Ils poussent comme des champignons, sont joueurs, joyeux, drôles et rieurs. Et ils obéissent encore à peu près à leurs parents…
Et là, le bel homme au regard amoureux, c’est mon mari… Mmmmmh !

L’époque est belle et insouciante… Dans ces années-là, les lendemains chantent, enfin, c’est ce qu’on croit…
Nous nous levons, chaque matin, pour aller faire un travail que nous avons choisi et que nous aimons. Nous retrouvons des collègues qui, comme nous, apprécient ce qu’ils font. Nous avons le respect de nos chefs, de notre hiérarchie qui parait reconnaître notre travail à sa juste valeur.
Et, autant que je me souvienne, on bosse autant que maintenant, mais dans la bonne humeur et sans le stress.
Les journées sont plus longues, les semaines aussi, mais comme il y a du travail à côté de chez soi, on passe moins de temps dans les transports.
Les enfants vont à l’école le samedi matin, l’après-midi est consacrée au ménage, aux courses. Comme le week-end est court, pas de sorties aux destinations lointaines, fatigantes et coûteuses. Le dimanche est dédié à la famille, aux amis, au repos, aux petites promenades dans les environs.

On ne gagne pas des cents et des mille mais bien suffisamment, à deux, pour élever et gâter nos enfants, leur payer des vacances et même construire une petite maison, avec un jardin.

Mais ça, c’est avant, juste avant.
Juste avant que la vie et le monde ne deviennent si durs pour tous.
Juste avant que les riches et les puissants ne veuillent faire payer aux moins riches et moins puissants qu’eux le fait qu’ils aient osé espérer en des lendemains meilleurs.
Juste avant que dans le travail, pour ceux qui en ont encore, de nouvelles relations s’établissent basées sur la défiance et le mépris, la suspicion et le contrôle, la rentabilité et la compétition…  pardon, concurrence.
Juste avant que nos enfants ne grandissent et, avec eux,  notre souci de leur avenir et surtout la désagréable impression que leurs conditions de vie seront moins faciles, moins heureuses que les nôtres.
Juste avant que ne viennent le temps des disparitions et des deuils, l’avancée vers la vieillesse et le renonc…

Ah non, pas du tout !
Car avant de devenir une vieille dame indigne, laissez-moi être une cinquantenaire indignée, qui se battra toujours et ne renoncera jamais à ce que, pour les générations futures, des jours meilleurs arrivent et que les lendemains chantent…

 

28 mai 2011

Voyages, voyage… (Mamido)

 

Tout chez elle m’invite au voyage.

Lorsque je caresse sa peau chaude et dorée de méditerranéenne, je ressens la douceur du soleil de Toscane sur la mienne.

Sa bouche pulpeuse d’actrice de cinéma des années cinquante m’attire régulièrement dans un baiser à la fois langoureux et fougueux extrait d’un film hollywoodien dont nous serions les stars.
Je plonge alors mon regard dans ses yeux d’un vert profond comme dans un lac aux eaux mystérieuses et insondables et mes mains dans la cascade de sa longue chevelure bouclée. Et tel Jason, jadis,  j’y puise toute ma force et toute mon énergie.

Depuis des années, mes mains se perdent en suivant les courbes harmonieuses de son corps gracieux. Pourtant, je ne me lasse jamais de ce voyage à la fois toujours semblable et sans cesse renouvelé.

Je suis en terrain certes connu mais jamais conquis. J’explore donc, encore et toujours et je découvre à chaque fois, sur elle, en elle, de nouvelles plages où je me repose, de nouveaux dédales pleins de douceur et de senteurs enivrantes où je m’égare, encore et encore, voyageur insatiable.

Dix ans déjà que je suis arrivé chez elle, par hasard, juste pour une étape et que je m’y suis arrêté, explorateur infatigable de notre amour  intense.

 

21 mai 2011

Essais pour entrer en contact… (Mamido)

 

 

Hé, y a quelqu’un ???

… Apparemment, il n’y a personne ?

Allez, soyez sympa, si vous êtes là, répondez-moi !

Non, décidemment, il n’y a personne…

… Bon…

 

Alors, comme ça, à vous, il vous parle l’ordinateur…

… C’est bien !... Vous en avez de la chance !...

… Parce qu’à moi, l’ordi, il ne me dit rien…

 

De toute façon, c’est toujours pareil !

Quand j’ai besoin d’aide, personne ne répond.

C’est pas juste, j’peux compter sur personne…

Finalement, je dois toujours me débrouiller toute seule.

 

… Mais pas cette fois, parce que là, j’en ai gros sur la patate.

Je suis vraiment déçue… et découragée… fatiguée… sans idées…

La prochaine fois, peut-être ?...

 

Attendez, j’essaie encore une fois, on ne sait jamais… Des fois que…

 

 Hou_Hou

 

Hou, Hou, y a quelqu’un ???

Répondez !!!

 

Non… Bon… Tant pis…

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14 mai 2011

Fragile, l'instant où tout bascule ... (Mamido)

 

1 

L’instant présent »  Photo de Raphaële Colombi

 

http://in-errances.blog.lemonde.fr/files/2007/10/instant1.1193592235.jpeg

 

 

 

Fragile, l’instant où tout bascule…

 

Cet instant décisif où tout peut arriver,

Quand personne ne sait encore ce qui va se passer.

Le souffle suspendu, on guette l’évènement,

Notre avenir se joue, notre cœur le ressent.

 

Nos moindres faits et gestes auront de l’importance,

Et les mots prononcés, de lourdes conséquences.

Et l’on se sent fragile, face à notre destin,

Et l’on se sent fort, il est entre nos mains.

 

Et puis l’instant s’envole…  Voilà, il est passé…

 

Plus de retour possible, superflus les regrets.

Nos décisions, nos choix, il faut les assumer

Car dans cet instant fugace où tout a chaviré

Pour toujours et à jamais, notre sort s’est scellé.

 

30 avril 2011

Une nouvelle maison… (Mamido)

 

Jéjé a quatre ans et depuis la naissance de sa petite sœur, l’an dernier, le petit appartement de fonction au-dessus de l’école est devenu trop petit.

Un jour, au dîner, Papa a déclaré : « On va faire construire ! »

 

Depuis, avec Maman, ils passent tout leur temps libre à visiter des « pavillons témoins ». Jéjé ne sait pas trop ce que ça veut dire. Un jour, il les a accompagnés. En fait, ils sont allés chez un monsieur qui leur a fait visiter sa maison. Jéjé était déçu de ne pas avoir pu rencontrer les enfants de ce monsieur, il aurait bien aimé jouer avec eux dans leurs belles chambres.

 

Le soir, ses parents consultent des « plans ». Ils lui ont expliqué que tous ces petits carrés qui se touchent représentent les pièces de leur future maison.

« Tu vois, c’est comme si on soulevait le toit et qu’on regarde par-dessus… Là, ça sera ta chambre » a expliqué Papa, en montrant l’un des petits carrés.

Depuis, à l’école, Jéjé ne dessine plus les maisons comme avant. Il les dessine comme sur les plans. La maîtresse était très intriguée avant qu’il ne lui explique !

Plan

 

 

Un jour, ses parents les emmènent promener, sa petite sœur et lui, dans un grand pré plein de fleurs avec un cerisier dans un coin.

« C’est là qu’on va construire la maison » dit Maman.

 

Pendant que Jéjé ramasse un gros bouquet de fleurs et fait des roulades dans l’herbe, Papa marche à grands pas dans le pré, en comptant. Des fois, il s’arrête et plante un piquet. Plus tard, il relie tous les piquets avec de la ficelle puis, l’air satisfait, il déclare : « Voilà, c’est notre maison ! »

Jéjé, est inquiet, elle ne lui plait pas cette maison en ficelle, sans toit. Qu’est-ce qu’on fera s’il pleut ? Et puis, il ne veut pas dormir dans l’herbe, il y a plein de petites bêtes et ça pique !

 

Toutes les semaines, avec Papa, ils vont surveiller l’avancée des travaux La maison pousse comme un champignon. Finalement, elle a des murs et un toit. Jéjé est rassuré.

Il passerait des heures à regarder travailler les maçons et leurs gros engins : la grue, la pelleteuse, la bétonnière… Maman les lui a achetées, en jouet et Jéjé s’amuse à construire des maisons avec des kaplas pour y loger ses playmobils.

Construction_2

 

             C’est décidé, plus tard, il sera maçon !

La grande maison est terminée, on va pouvoir y habiter.

Dans le petit appartement, Jéjé court au milieu des cartons. Tous ses jouets sont emballés, il n’a plus rien pour s’amuser. Maman lui crie après, très énervée : « Jérôme, tiens-toi tranquille ! »

Ça calme Jéjé. Quand sa mère lui rend son prénom, c’est qu’elle est très en colère, il vaut mieux lui obéir.

 

Le dernier soir, il ne reste plus, dans la cuisine, qu’une table, quatre chaises, la cuisinière, le frigo et un peu de vaisselle.  Dans les chambres, tous les meubles ont disparu, hormis les lits. Ailleurs, tout est vide. C’est rigolo, ça résonne…

 

Le lendemain, très tôt, oncle Charles vient aider Papa à démonter et transporter ce qui reste avec son utilitaire. Mais Jéjé ne va pas pouvoir les aider car Maman les emmène, lui et la petite sœur, chez Mamie pour toute la journée.

Le soir, elle vient les chercher : « Le déménagement est terminé. On rentre chez nous ! » dit-elle.

A un moment, sur la route, Jéjé pense que Maman s’est trompée… puis il réalise que « chez nous », c’est la grande maison, maintenant.

MAISON_3

 

 

Dans sa nouvelle chambre, il retrouve tous ses meubles et ses jouets, installés. Ça sent une odeur bizarre. Le papier peint qu’il a choisi est drôlement chouette avec ses petits lutins et ses champignons !

Jéjé n’imagine même pas que, cinq ans plus tard, il suppliera à genoux ses parents de l’en débarrasser. Qu’il mettra plus de deux ans pour les convaincre et qu’il devra attendre une année entière encore pour que Papa, le mois de ses douze ans, mette le projet à exécution et ne remplace ces maudits lutins par des murs tout blancs.

 

Mais pour le moment, le petit Jéjé de quatre ans est content. Dans sa belle chambre toute neuve, il dort comme un petit loir, au milieu d’un parterre de champignons, en compagnie des petits lutins bleus.

 

Le lendemain matin, Maman, étonnée, regarde par la fenêtre car elle entend Jéjé qui parle dans le jardin.

Elle le voit assis sur le muret, à côté de la boite aux lettres, qui apostrophe tous les gens qui passent sur la route, devant chez eux.

« Bonjour ! Je m’appelle Jérôme, Jérôme Dubois, mais tout le monde m’appelle Jéjé. Et j’habite dans cette grande maison toute neuve, avec mes parents et ma petite sœur. Et ma petite sœur… »

La plupart des passants s’arrêtent, amusés et sous le charme, et engagent la conversation avec ce petit bonhomme si avenant.

 

Et c’est ainsi que, grâce à Jéjé, la famille Dubois n’a aucun mal à s’intégrer dans le quartier.

 

 

23 avril 2011

Allègres propos de comptoir (Mamido)

 

Vaches

 

« Il parait que le nucléaire, c’est pas si dangereux que ça… Ça serait plutôt les rôts et les pets du bétail qui le seraient …

Et encore, s’il n’y avait que les  pets et les rôts des bovidés !

Ça se voit qu’ils ne connaissent pas Marcel, ceux qui pensent ça ! A lui seul, depuis cinquante ans, Marcel a du détruire la moitié de la couche d’ozone… Et si on réfléchit bien, des Marcel, il y en a partout qui, comme lui, infectent l’atmosphère et détruisent à petit feu la planète.

… Alors, depuis le temps, on aurait tous du disparaître… Moi, j’y crois qu’à moitié à ces théories…

… D’un autre côté, imagine tout ce gaz gaspillé, si on pouvait le récupérer avant qu’il ne commette ses dégâts ravageurs. Pense à toute cette énergie qu’on récupèrerait, gratuite et entièrement naturelle avec ça !

Mon Marcel et ses semblables deviendraient des bienfaiteurs de l’humanité, des héros, les sauveurs de la planète. Ils pourraient prolonger la vie de l’espèce humaine sur terre de… dix siècles au moins… Non, non, je ne plaisante pas.

Je n’sais pas à quoi pensent les chercheurs, ils devraient se pencher sur la question…

 

Et aussi, y m’font rire les écolos avec leurs panneaux solaires ! Suis mon raisonnement : pour qu’ils chauffent correctement, il faut qu’ils soient au soleil, dans les pays où il fait chaud, donc… Enfin, réfléchis, t’es bête ou quoi… Dans ces pays, ils n’ont pas besoin de chauffage, alors, à quoi ça leur sert les panneaux solaires ?

Tandis que dans les pays où il n’y a pas de soleil, il fait froid, ça leur serait bien utile et là, le panneau, il ne chauffe pas !

Et la nuit ? C’est là aussi qu’on a besoin d’électricité, et les panneaux, rideau !

 

Enfin moi, pour c’que j’en dis, c’est histoire de causer… Pour l’éolienne, par contre, j’ai pas trop réfléchi à la question… »

 

Astrid écoutait distraitement sa copine Pépita qui papotait allègrement autour des propos d’un ex ministre qui, en son temps, avait voulu mettre les mammouths au régime.

 

Elle pensait à tout ce qu’elle entendait chaque jour à propos de la sécurité des centrales nucléaires.

La recherche des milliards pour renforcer le sarcophage de Tchernobyl, si ce site n’avait jamais existé, cet argent n’aurait-il pas trouvé meilleur emploi ?

Et à Fukushima, les économies de bout de chandelle faites sur la digue de cinq mètres au lieu des seize préconisés par les spécialistes n’avaient-elles pas participé à amplifier l’accident ?

Combien de morts inutiles et surtout parmi les pauvres gens pour permettre à ces riches consortiums de continuer à dégager, encore et encore, leurs colossaux bénéfices ?...

 

… « Eh ! Tu m’écoutes ?... Les éoliennes… Tu en penses quoi ?... C’est dingue, on dirait que ça ne t’intéresse pas, c’est pourtant grave et important !... »

 

 

16 avril 2011

Huit petits cœurs… (Mamido)

 

Huit petits cœurs bien au chaud dans leur château

L’un d’entre eux part pour Tokyo, sur son p’tit vélo.

Il n’en reste plus que sept.

 

Sept petits cœurs tous mignons dans leur maison

L’un d’entre eux part à Canton, dans son avion.

Il n’en reste plus que six.

 

Six petits cœurs  bien pépères dans leur chaumière

L’un d’entre très en colère, prend son fusil, s’en va-t-en guerre.

Il n’en reste plus que cinq.

 

Cinq petits cœurs sans tracas dans leur villa

L’un d’entre eux s’évade à Cuba, pour y danser la salsa.

Il n’en reste plus que quatre.

 

Quatre petits cœurs bien sereins dans l’abri, au fond du  jardin

L’un d’entre eux prend le  train,  destination Pékin.

Il n’en reste plus que trois.

 

Trois petits cœurs bien douillets dans leur chalet

L’un d’entre eux devient sorcier et s’envole sur son balai.

Il n’en reste plus que deux.

 

Deux petits cœurs bien peinards, en haut d’un phare

L’un d’entre eux s’en va sur la route des arts, en autocar

Il n’en reste plus qu’un.

 

Un petit cœur qui est bien surpris

De rester seul dans son petit nid.

 

J’aimerais pouvoir vous dire qu’il a attendu

Et que les autres petits cœurs sont revenus

Mais non, mais non,  parce que c’est bien connu

Toutes les histoires sentimentales

Ça finit mal…. en général.

 

 

9 avril 2011

Quand je ferme les yeux… (Mamido)

 

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Quand je ferme les yeux, la plupart du temps,  je vois de belles choses :
… Mes souvenirs d’enfance et de jeunesse…
… Mes chers disparus, tant aimés, qui me manquent chaque jour et qui viennent me parler et m’accompagner dans mes nuits sans sommeil…
… Les gens de ma famille et mes amis éloignés, que j’imagine, loin de moi mais heureux, vaquant à leurs occupations dans leur univers familier…
… Les lieux jadis visités, les bons moments qui s’y sont déroulés…
… Ceux où je ne suis jamais allée et qui me font rêver…

Mais quelquefois… souvent… il arrive que mes yeux se ferment sur mes pires terreurs, sur d’effrayants cauchemars, sans cesse renouvelés, sur des idées noires qui viennent m’obséder.

Toutes les mauvaises choses qui se passent dans le monde,  jour après jour, et que j’aimerais bien éviter de voir, s’imposent malgré moi, malgré tout, derrière mes paupières closes.

Et alors, là, j’ai l’impression que ma tête et mon cœur explosent. Car j’ai beau essayer, j’ai beau m’acharner à penser aux belles choses, rien n’y fait.

Et dans ces moments, je sais hélas, que même ouvrir les yeux n’arrangera rien.

2 avril 2011

Ouverture printanière (Mamido)

 

Printemps

 

A l’heure où la lune sort du signe des poissons,

Remplacée par le soleil dans leur constellation,

Ce jeune homme gracieux personnifiant le bel Avril

Porte chapeau de myrte et danse, le pied fin et agile

En hommage à Cybèle, mère de tous les dieux.

 

C’est sans aucun regret ni regard en arrière

Que l’on veut oublier, très vite, les rigueurs de l’hiver.

L’humeur est primesautière, légères les âmes sont.

Le long de la rivière, on se promène, on traîne, on traque le goujon…

Par sa belle musique, Avril nous emmène, il ouvre le chemin

A la douceur de vivre, la tendre pousse et le petit lapin.

 

 

Mais surtout, il ne faut pas se laisser endormir

Par son air engageant et sa douce chaleur

Car le grésil et le froid  peuvent encore surgir

De la grande besace de ce gentil farceur !

26 mars 2011

Au fond de l’encrier, il y a… (Mamido)

 

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Au fond de l’encrier, il y a …
… Une petite fille de trois ans qui fait sa première rentrée à l’école maternelle. Elle porte le beau tablier  à carreaux « vichy » bleus et blancs que sa maman a cousu pour la circonstance.
Une petite fille timide et malheureuse parmi les autres et qui pleure tous les jours pour aller en classe…
Une petite fille qui aime peindre, dessiner et écrire entre deux lignes l’histoire de Totolitoto, avec son crayon à papier.

Au fond de l’encrier, il y a …
… Une petite fille de six ans, qui dès son entrée au CP, se met à adorer l’école.
Elle vient de découvrir la lecture, les études et en est à jamais éblouie et changée.

Au fond de l’encrier, il y a …
… Une adolescente de treize ans qui décide qu’un jour elle sera institutrice, à l’école maternelle.
Que veut-elle réparer, elle qui,  petite, s’y est trouvée si malheureuse ?

Au fond de l’encrier, il y a …
… Une jeune fille qui réalise son rêve et qui pendant trente ans qui passent comme l’éclair, ira chaque jour dans les petites classes, raconter des histoires, lire des albums, apprendre aux tout-petits.
Les encres employées sont multicolores et ce n’est pas avec une plume qu’on les dépose sur le papier mais avec un pinceau, voir même un coton-tige !

Au fond de l’encrier, il y a …
… Cette dame dont les cinquante ans s’annoncent et qui décide brusquement de consacrer ses dernières années dans l’éducation nationale à l’aide aux élèves les plus défavorisés.
Avec eux, chaque jour, elle essaiera de délayer l’encre trop noire de leurs difficultés afin qu’ils trouvent  enfin du plaisir à lire et à écrire.

Au fond de l’encrier, il y a …
… Cinquante-trois rentrées des classes… pour l’élève et l’instit’…
… Cinquante-trois années scolaires bien remplies.

Et puis, l’an dernier, au terme d’une carrière qu’elle n’a pas vu passer, la dame a rendu son tablier et abandonné son cartable.

Elle aurait pu aussi laisser sa plume et fermer l’encrier…
Mais, impossible ! Car elle continue à écrire… pour le plaisir !

 

19 mars 2011

Défi 141 (Mamido)

MAMIDO141  L’homme en bleus.   Mamido

 

De nos jours, on voit peu d’hommes habillés en bleus de travail, sauf à la campagne ou sur les chantiers, peut-être. Et même, ces bleus-là ne sont plus bleus, ils sont gris, orange, verts… Leur forme a changé, également : la salopette s’est transformée en combinaison, avec des manches longues et de grandes fermetures éclair devant, pour pouvoir la quitter facilement.

Non moi, je vous parle du vrai bleu, celui que portait mon grand-père toute la semaine et qu’il ne quittait que le dimanche pour sortir et que dès qu’il rentrait il renfilait, pour ne pas abîmer ses « beaux » habits.

C’était un vêtement au tissu inusable, dont la couleur unique avait donnée son nom au vêtement. Certains hommes portaient la veste bleue, avec le pantalon assorti. J’ai vu quelquefois mon grand-père ainsi. Mais lui, la plupart du temps portait la salopette, très pratique avec ses nombreuses poches. J’aimais particulièrement la petite, sur le devant, pour le crayon à papier, et celle pour le mètre, sur le côté de la jambe.

Le crayon à papier ! Il avait une forme particulière : tout plat, il n’était fait que pour tracer des traits… Pour le tailler, mon grand-père prenait son canif et enlevait de grands copeaux de bois pour dégager la mine. Le mètre, de couleur jaune se dépliait et pouvait tout mesurer…

Je n’ai jamais vu mon grand-père sans ces trois instruments (mètre, crayon, canif) même à la fin de sa vie, alors que, depuis longtemps, il ne travaillait plus.

Dans les magasins, il sortait son mètre à tout bout de champ, pour mesurer la largeur de la lame d’un outil, celle d’un meuble ou d’un appareil qu’il voulait acheter. Quelques temps avant Noël, au marché, je l’ai même vu mesurer une dinde, pour rassurer ma grand-mère qui s’inquiétait de savoir si celle-ci allait rentrer dans la coquelle !
A la pêche, le mètre lui servait à mesurer les truites.
Et ma fois, il faut le reconnaître, un canif et un crayon, ça peut toujours servir !!!

De ses autres poches, il lui arrivait de sortir des objets plus surprenants tels qu’un tournevis, une clé à mollettes, de la ficelle, une pince coupante…

Et bien sûr, il y avait toujours son immense mouchoir blanc à carreaux bleu marine, aussi grand qu’un foulard, toujours propre et bien plié. Celui-ci, que ma grand-mère remplaçait tous les matins, surgissait toujours à point nommé pour essuyer mes larmes, panser mon genou couronné ou contenir les mûres et les fraises des bois glanées lors de nos escapades.

Aujourd’hui encore, il me suffit de fermer les yeux pour voir mon grand-père, habillé de son bleu, avec dessous un gros pull en laine tricoté par ma grand-mère et son béret vissé sur la tête. Bougon et taiseux, il n’était pas d’un abord facile, mais il ne protestait jamais quand la petite fille que j’étais, nullement intimidée ou rebutée par cet aspect sévère, lui saisissait la main.

C’est pour cela que dans mon cœur et à jamais, sur le chemin qui mène à la rivière, cheminent côte à côte, main dans la main et en silence, la petite fille aux longues nattes, dont la jupe plissée danse au rythme de leurs pas et l’homme en bleus.  

 

12 mars 2011

V’là le printemps, videz vos greniers, si vous en avez ! ( Mamido)

 

Il faut les voir à l’aube, les professionnels des vide-greniers, se précipiter sur les voitures qui arrivent sur la place. Ils vous font ouvrit le coffre de la voiture et à la lampe électrique, tels des pies, ils s’emparent à bon prix de tout ce qui brille, pour eux, comme de l’or.

Au grand étonnement du profane qui le vend et qui n’avait certainement pas conscience de posséder un tel trésor enfoui, au fond de ses placards ou dans son garage.

Car comme ne l’indique pas le nom de cette manifestation printanière, ce sont plutôt ces endroits qu’on vide de nos jours car des greniers, les maisons modernes en ont de moins en moins.

Les nouvelles maisons ont des combles encombrés de poutres de la taille d’une allumette et rangées en rangs serrés. Il est interdit d’y marcher et plus encore d’y entreposer du matériel.

Et les greniers des anciennes, rénovés, ont été aménagés. On ne peut y déposer, pour l’oublier, nul objet. Ni l’y laisser dormir pour qu’il soit retrouvé, longtemps après, souvent par un autre que soi. Un autre qui, sceptique, se demande qui a pu garder une telle cochonnerie et à quoi elle a bien pu lui être utile…

C’est peut-être pour ça que les vide-greniers fleurissent tellement au printemps, à notre époque.

Tout simplement parce qu’il n’y a plus de grenier pour y entasser tous nos vieux objets-souvenirs.

Ceux qu’on gardait parce qu’on pensait que « ça pouvait encore servir ».

Ceux qu’on gardait parce que, si on les avait jetés, c’aurait été comme si on avait perdu une part de soi-même, mais que dès qu’on les avait déposés dans un coin, on s’empressait d’oublier de façon définitive.

Ceux qu’on finissait toujours par jeter au rangement suivant…

 

5 mars 2011

Maracas ou taracas, à mon avis, faut pas qu’on se tracasse… Pablo, sers nous donc des margaritas !... (Mamido)

N’étant pas musicienne, j’avoue que ce dictionnaire percutant ne m’a guère « inspiré ».

Le seul article ayant retenu mon attention et attisé ma curiosité est celui consacré aux maracas.

J’y ai découvert l’origine de cet instrument et son changement d’appellation fortuit, lorsqu’au XVIIème siècle l’explorateur français Xavier De Belveau l’a ramené de Caracas, au Venezuela, où il l’avait découvert.
J’ai été amusée d’apprendre que ces instruments (puisqu’en principe, ils vont par paire) étaient appelés, dans leur pays d’origine, des racas.
Ce serait à cause d’une erreur de communication due à la barrière de la langue que ce nom s’est légèrement modifié par la suite.
Le vénézuélien, qui voulait faire connaître ces percussion à notre explorateur français, aurait dit, avec un fort accent espagnol et une méconnaissance de la subtilité des accords de nos adjectifs possessifs :
« Yé vais té jouer dé ma racas »
Interprété par notre explorateur comme : « Je vais te jouer des maracas »
Alors qu’en fait, notre ami vénézuélien, ayant confondu le « mes » et le « ma » voulait dire en réalité « Je vais te jouer de mes racas »

Les historiens des deux pays rapportent qu’il s’en serait suivi un dialogue quelque peu surréaliste, montrant bien la condescendance avec laquelle, à cette époque, les explorateurs français, considéraient les autochtones des pays qu’ils visitaient.
Le français, désignant les percussions : « Ah, maracas ! »
Le vénézuélien : « Non, pas ta racas, mais  ma racas ! »
Le français, sans plus approfondir et sûr de  lui : « Et bien oui, c’est bien ce que je disais !!! »

Et voilà comment Xavier De Belveau, qui séjourna dans de nombreux autres pays avant de rentrer en France dix ans plus tard, propagea, partout où il passa, l’utilisation de cet instrument ainsi que son appellation fallacieuse.
Cette appellation erronée mais devenue majoritaire et donc légitime revint tel un boomerang,  http://youtu.be/rWWt9C0_rSo, longtemps après  à Caracas, berceau de la création de ces percussions. Ce retour devait provoquer irrémédiablement la disparition définitive de l’appellation d’origine de cette désormais si célèbre paire de petites calebasses qu’on agite pour marquer un rythme. 

 

J’ajouterai que je  suis d’accord, également, avec les auteurs de ce dictionnaire lorsqu’ils déclarent que Serge Gainsbourg est l’un des compositeurs français du XXème siècle ayant le mieux su faire percuter les mots sur sa musique…

http://www.youtube.com/watch?v=7Lg-_ORf6W0

Ce n’est peut-être pas la chanson qui le démontre le plus, mais je trouve que le duo avec Jean-Pierre Cassel est tellement inattendu et si drôlement… sexy!

26 février 2011

Le lit de verdure… (Mamido)

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C’était un lit de verdure,
Nous y allions dormir.
C’était un champ de verdure,
Nous y allions courir.
C’était un nid de verdure,
Idéal pour nous y blottir…

C’était un écrin de verdure,
Avec, en guise d’entrée,
Un vieux portail rouillé.
Tour à tour, au fil des ans,
Nous y avions déposé
Nos joies et nos chagrins d’enfants,
Nos jeux de gendarmes et de brigands,
Et nos premiers émois, une fois adolescents.

Mais un jour, il a fallu se réveiller,
Nos pas ont ralenti et nous avons marché,
Ce merveilleux refuge, il a fallu quitter.
Nous avions grandi, l’innocence envolée.
Pourtant dans nos vies d’adultes,
Nous n’avons fait que revisiter
Tout ce que dans notre jeune âge,
Nous avions déjà joué.
Le travail, le mariage et aussi les bébés…
Les chagrins, les bonheurs,
L’amour et l’amitié…

Parfois cependant, dans nos songes,
Il nous arrive de retourner…
Dans notre lit de verdure,
Pour y dormir.
Dans notre champ de verdure,
Pour y courir.
Dans notre nid de verdure
Pour nous y blottir.

Mais en réalité, pas de retour possible,
Car notre coin d’enfance a disparu …
Dans un bruit de tonnerre,
Des bulldozers sont venus,
Casser le lit, détruire le nid,
Et mettre la terre à nu…
Et à la place de ce paradis perdu,
Une zone artisanale, ils ont construit dessus !

C’était un lit de verdure,
On pouvait y dormir.
C’était un champ de verdure,
On pouvait y courir.
C’était un nid de verdure,
On pouvait s’y blottir…

… Désormais il n’existe plus,
Que dans nos souvenirs !...

19 février 2011

Si un jour, les machines… (Mamido)

Les machines ?

J’essaie d’entretenir avec toutes celles qui sont à mon service des rapports cordiaux. Tant qu’elles veulent bien fonctionner et me servir dans tous mes besoins quotidiens…

Je pense être un bon employeur. Chez moi, les machines sont bien traitées. Je veille à leur confort, à ce qu’elles soient bien installées et à ce que leur entretien soit régulièrement effectué. Et surtout je ne leur demande que ce qu’elles sont aptes à exécuter.

Qui serait assez ridicule pour demander du café à une machine à laver ? Ou une photographie à un appareil téléphonique ?

A ce propos, je me méfie de ces entités multifonctions dont l’utilisation reste nébuleuse car leurs diverses possibilités se perdent dans les méandres énigmatiques de leur mode d’emploi, ne laissant nos esprits abusés n’en percevoir qu’une infime partie.

Je leur préfère, sans aucun doute, ces petites machines dont l’usage est clairement dévolu à une tâche unique.

J’exige de ceux qui m’entourent une parfaite maîtrise vis-à-vis de ces machines. Ils doivent rester polis et garder leur sang-froid en toute circonstance. Toute maltraitance doit être évitée dans le cas d’un éventuel dysfonctionnement. Chez nous, pas de coup de poing ni de coup de pied. Les injures sont interdites devant les appareils qui doivent être manipulé avec dextérité et douceur.

Tout cela bien que je soupçonne quelquefois de la part de ces serviteurs mécaniques une certaine mauvaise volonté à fonctionner correctement. Comment ne pas percevoir chez eux une certaine condescendance qui semble vouloir nous renvoyer à notre propre incompétence ?

Dès qu’une panne est détectée, le réparateur est convoqué et l’appareil est réparé, ce qui leur assure une certaine longévité.

Je suis un employeur assez constant et fidèle, je laisse mes machines me servir jusqu’à usure complète. Et j’avoue, sans complexe, être très attachée à celles qui m’ont rendu si longtemps service. Mais pas de sentimentalisme déplacé non plus. Lorsqu’elles ont fait leur temps je les accompagne sans tristesse à la déchetterie et je leur trouve rapidement une remplaçante, sans état d’âme.

Avouerais-je cependant que j’ai dédié, dans mon garage, un mausolée à celles dont je n’ai plus l’utilité mais qui fonctionnent encore. Pour moi, il est difficile de me séparer d’une machine « qui peut encore servir »…

Mais si un jour les machines devaient s’émanciper ? Si pour elles le temps de la servitude devaient s’achever ? Si un jour elles devaient prendre le pouvoir, j’espère qu’elles garderaient en mémoire mes traitements justes et bons, et qu’elles m’en sauraient gré…

12 février 2011

Petit tour d’in(tro)spection, à pied… (Mamido)

Ces derniers jours, j’ai fait travailler mes méninges d’arrache-pied pour essayer de trouver quelque chose à dire. Comme je sais que chaque participation au Défi du Samedi est attendue de pied ferme par tous, qu’on est jugé sur pied par ceux qui ont tendance à prendre toutes les consignes au pied de la lettre, je me suis dit que j’avais intérêt à faire des pieds et des mains, pour aboutir à un récit qui pourrait rivaliser, sur un pied d’égalité, avec ceux de mes compagnons de plume !

… Les pieds sur terre, je suis loin de les avoir… Il y a des moments où je perds tout contact avec la réalité. Tout pourrait bien s’écrouler autour de moi, sans que je m’en aperçoive.

Certains se rappellent peut-être de cette pub des années 70/80 (déjà si longtemps ?!) où un gars, en smoking blanc, mange du fromage à tartiner pendant que le décor s’écroule autour de lui… Et bien, si l’on excepte que je ne suis pas un homme, que je ne porte pas de smoking, on pourrait dire que c’est l’image qu’on peut avoir de moi, lorsque je m’adonne à la lecture ou à l’écriture… Le temps, l’espace, les sons autour de moi s’abolissent, les contingences matérielles n’existent plus.

« Tu as la tête dans les étoiles » disait mon père, indulgent (forcément, nous étions un peu semblables !) Mon mari, lui, n’apprécie pas du tout car, du coup, il doit tout gérer. 

Puisqu’on parle de mon mari… on peut dire que j’ai sans doute trouvé chaussure à mon pied puisque je marche d’un même pied (pardon, pas) depuis trente-six ans avec ce bonhomme, sans m’être lassée. C’est qu’un mec comme lui, je vous le dit tout net, ça ne se trouve pas sous le pied (là, j’aurais dit sabot, m’enfin, puisque ça sert mon propos..) d’un cheval !

Que vous dire d’autre ?...

… Je n’ai aucun sens des affaires. Côté finances, je me débrouille comme un pied. Que ce soit un placement, un achat, je m’arrange toujours pour payer le prix fort, je ne sais pas comment je fais. Du coup, je ne risque pas de vivre sur un grand pied !

… Je manque de confiance en moi, je suis très vite déstabilisée par l’opinion des autres…

Vis-à-vis d’eux, je ne sais jamais sur quel pied danser. J’éprouve cela comme un handicap, vraiment.

Ah, j’oubliais ! Je n’ai pas le pied marin, il me suffit d’entrer dans un port et de voir des bateaux, pour attraper le mal de mer !

Pour conduire, je suis plutôt pépère (mémère ?), jamais le pied au plancher. En toutes circonstances, j’adopte un train de sénateur, exaspérant les autres conducteurs.

Mis à part ça, ça peut aller, j’ai bon pied, bon œil, bien qu’à l’approche de la soixantaine, je porte des lunettes et j’aie de l’arthrose dans les genoux !

Par contre, depuis que je suis à la retraite, c’est le pied ! Rendez-vous compte, avoir du temps pour faire que ce qui plait… Car, même si j’aimais beaucoup mon métier, il faut reconnaître que ces dernières années, j’y allais en trainant les pieds.

Ah… Ne plus avoir à se laisser marcher sur les pieds  par … des casse-pieds, quel pied !

Maintenant, le matin, quand je me lève, je fais bien attention à comment je pose les pieds par terre : j’essaie d’éviter de poser le pied gauche en premier… et je ne sais pas si c’est ça, mais il est vrai que mon humeur s’en ressent.

 

5 février 2011

E.Hopper, 1938 : Compartiment C, voiture 193… … Fin du voyage, (Mamido)

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Seize heures trente. On était en Décembre, le soleil se couchait tôt.
Dans une heure le train arriverait en gare, pour une fois, il n’avait pas de retard.
Sans plus un regard pour le paysage, elle se replongea dans son dossier, ne pensant à rien d’autre…

… Elle travailla avec concentration sans se soucier du temps qui passait. Le train s’engagea dans un tunnel, sans qu’elle y prenne garde non plus. Brusquement, toutes les lumières du compartiment s’éteignirent, la laissant dans une obscurité totale.
Elle releva la tête, le cœur battant, et se dressa dans ce noir absolu qui l’angoissait plus que de raison.

Depuis l’enfance, elle vivait avec la peur du noir : la cuisinière avait cru malin de l’abreuver de contes effrayants peuplés de monstres, d’animaux de légende qui dévoraient les enfants. Ils accomplissaient les pires choses dans l’obscurité… Elle se souvenait en particulier d’une histoire qui commençait par « Il y a un loup dans ma cuisine », que la cuisinière lui avait raconté un soir d’orage, dans la dite cuisine. Le tonnerre résonnait, les éclairs jetaient des éclats de feu sur le mobilier, dans la pièce privée d’électricité, créant des zones d’ombres où elle avait bien cru voir l’animal maléfique, prêt à la dévorer.
Et lorsqu’elle avait voulu trouver réconfort et protection auprès de son père, celui-ci, au lieu de la prendre dans ses bras pour la calmer, lui avait déclaré, raide et guindé, en prenant un air compassé : « il faut vous montrer courageuse, ma fille, et apprendre à affronter vos peurs… » Puis il avait quitté la pièce, la laissant seule avec sa frayeur qui s’était rapidement transformée en panique.
Sa gouvernante l’avait retrouvée, recroquevillée sous la table et paralysée par la terreur. Elle avait du la cajoler de longues heures avant de la calmer. Depuis, même adulte, pour dormir, il lui fallait une petite lumière. Quelquefois, la lumière de la rue suffisait… la plupart du temps, cependant, elle laissait la lampe de chevet allumée, toute la nuit.

… Le train continuait à rouler, dans le noir complet. Comme elle regrettait maintenant de ne pas avoir de compagnon de voyage, dans cette voiture ! Quelle imbécile elle avait été, tout à l’heure, de souhaiter la solitude pour ce retour chez elle.
Brusquement, elle se mit debout, sentant la panique de son enfance l’envahir. Mais, cette fois-ci elle ne resterait pas tétanisée sans bouger. Elle décida d’aller vers une autre voiture, espérant y trouver la présence rassurante d’autres voyageurs.
Soudain, elle aperçut une lueur dansante, dans le couloir, à sa gauche. Celle-ci se rapprochait, projetant autour d’elle des ombres encore plus effrayantes que l’obscurité totale dans laquelle elle se trouvait précédemment. Sa panique monta d’un cran, la ramenant aux pires terreurs de son enfance. Elle allait crier, se mettre à courir quand elle entendit : « Je suis le contrôleur, Madame, nous subissons une panne de courant passagère, mais nous allons très bientôt sortir du tunnel et comme nous serons dans la périphérie de la gare de L., nous pourrons profiter de l’éclairage extérieur en attendant que la panne soit réparée… Est-ce que tout va bien ? » ajouta-t-il en dirigeant le faisceau de sa lampe électrique vers son visage.
Et tandis qu’il prononçait ces mots, le train déboucha hors du tunnel et ils se retrouvèrent baignés par la lueur des réverbères, installés tout au long de la voie.
Se maudissant pour sa faiblesse, la jeune femme balbutia un « oui, oui » pratiquement inaudible en rajustant son chapeau de feutre noir, l’abaissant un peu plus sur son visage afin de reprendre contenance et que le contrôleur ne puisse pas trop se rendre compte de son trouble. Elle le remercia, d’une voix encore enrouée par l’émotion puis se retourna rapidement vers son siège afin de pouvoir rassembler ses documents de travail et les ranger avant l’entrée en gare et l’arrêt du train.

Comme elle se rasseyait dans la pénombre, le courant revint, inondant le compartiment, d’une lumière blafarde et crue.

 

Si vous désirez connaître le début du voyage, il est publié sur le blog « Mille-et-une », sous le titre « Compartiment C, voiture 193 »

29 janvier 2011

Les fenêtres. (Mamido)

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Il faut qu’une fenêtre soit ouverte ou fermée, disait quelqu’un. Non, je me trompe, c’était peut-être une porte… Tant pis, disons  que c’est bien une fenêtre…
C’est la pensée qui me vient lorsque je me promène dans une ville ou un village. Si la fenêtre est fermée, on a tendance à passer son chemin…
Circulez, y a rien à voir, comme disait un autre…
Et encore, faut qu’il y ait des rideaux et que la lumière soit éteinte, empêchant d’apercevoir quoi que ce soit à l’intérieur. Sinon, je ne sais pas vous, mais moi, je ne peux pas m’empêcher de jeter un coup d’œil!
En quelques secondes, le temps de cet unique passage, on peut s’imaginer la vie des habitants, là, derrière la fenêtre entr’ouverte.
… C’est un salon, au mobilier suranné, deux gros fauteuils de cuir usé font face à la fenêtre. Des napperons au crochet recouvrent les accoudoirs. Dans un coin de la pièce, on entend le tic-tac d’une horloge, qui dit oui, qui dit non, comme dans la chanson de Brel.
Pour le moment, les deux vieux ne sont pas là.  La vieille est à la cuisine, elle prépare le repas de midi. Le vieux est au village, sorti acheter le pain et le journal. Au retour, il en profitera pour s’arrêter en douce au café du village où il boira en vitesse, debout au comptoir, un ballon de rosé, bien frais. Mais la vieille n’est pas dupe, elle sait. C’est qu’elle le connaît par cœur son vieux, et toutes ses petites manies qu’elle supporte depuis plus d’un demi siècle…
L’après-midi, une fois le repas terminé, ils s’installeront tous les deux, chacun dans son fauteuil, côte à côte. Le vieux s’endormira sur son journal tandis que la vieille prendra son crochet et de ses doigts noués par l’arthrose fabriquera, presque machinalement, un énième napperon, avant de s’assoupir, elle aussi.
Par la fenêtre entr’ouverte, les bruits habituels du village les sortiront de leur torpeur, peu à peu, sans à-coup.
… La cloche de l’église qui sonne seize heures, déjà… Le chien de la voisine, qu’elle sort pour sa promenade du soir… L’épicière qui monte le rideau de fer… Elle n’est pas pressée d’ouvrir, celle-là !...
… Un peu plus loin, les persiennes à moitié remontées s’ouvrent sur une grande salle carrelée. Au milieu, une imposante table de bois, flanquée de deux bancs immenses, occupe le terrain. Le désordre règne un peu partout. Des jouets jonchent le sol, des vêtements sont abandonnés sur les bancs, échoués derrière la porte, il y a deux cartables. Sur la table, un sac à provision déborde de provisions pas encore déballées et les restes d’un petit déjeuner attirent mouches et abeilles… De la fenêtre au-dessus s’échappe de la musique techno, deux voix jeunes s’interpellent, semblent se disputer… Soudain, un enfant plus petit se met à pleurer… Une voix douce et fatiguée le console… On entend un bébé gazouiller…
… C’est probablement une famille recomposée. Les parents avaient chacun un enfant lorsqu’ils se sont rencontrés, deux autres sont nés de leur union…  La maison est sans cesse remplie  de cris, de rires et de disputes…
Il y a aussi ces fenêtres qui se trouvent sur un trajet que l’on effectue régulièrement. Là, on apprend à connaître les gens peu à peu. Jour après jour, progressivement, on entre dans leur quotidien et ils nous deviennent familiers.
… Sur le rebord de cette fenêtre, se réfugient tous les chats du quartier. La grosse Mme Michel (ça ne s’invente pas !) les nourrit, les laisse entrer chez elle. Quand la fenêtre est ouverte, on peut les voir étalés partout, dans la cuisine, sur la table, sur les chaises… Mme Michel est seule, ses uniques compagnons sont les chats errants qu’elle recueille, qu’elle nourrit. On peut la voir leur parler à longueur de journée, alors qu’elle dédaigne les humains, ses semblables…
… Là, de beaux géraniums fleurissent à profusion et débordent sur la rue.  Ce sont ceux de Mme Fleury (ça ne s’inventent pas non plus !). Elle participe tous les ans au concours municipal des maisons fleuries. Elle a gagné plusieurs fois, j’ai vu sa photo dans le journal. Chez elle, il y a des fleurs partout : sur la tapisserie, sur la nappe, sur les tapis… Même ses robes sont parsemées de motifs floraux.
Son mari a un jardin, aux portes de la ville, un jardin ouvrier. Il fait bien quelques boutures pour sa femme, mais lui, ce qui le passionne, ce sont les légumes qu’il cultive en quantité et dont il fait profiter tout le voisinage….
… Juste à côté, les volets sont toujours fermés. Pourtant c’est habité, c’est sûr. A travers les claies des volets, on voit de la lumière. On entend de la musique aussi, de l’opéra. Mme Fleury dit que celui qui habite ici est un original, « un peu bizarre et dérangé du cerveau ». Il ne parle jamais à personne, ne sort jamais. L’épicier lui livre ses provisions, une fois par semaine. Il ne l’a même jamais vu, il sonne et comme personne ne lui ouvre, il pose le carton devant la porte et s’en va.
Les enfants du quartier prétendent que c’est un vampire, obligé de vivre dans le noir et qui ne sort que la nuit pour attaquer les gens et leur sucer le sang. Ils l’appellent Nosfératu, actionnent sa sonnette à tout bout de champs, parce qu’ils savent que personne n’ouvrira et que leur méfait restera impuni….
… Enfin, il y a la fenêtre de la chambre de Juliette, la belle Juliette. Tous les hommes guettent quand elle s’allume, le soir. Une foi, elle a oublié de tirer les rideaux et a commencé à se déshabiller. Certains ont pu l’apercevoir en soutien-gorge et en jupon avant qu’elle ne se rende compte de son oubli et rabatte brusquement le tissu fleuri sur son intimité, les laissant bouche sèche et cœur battant face à son ombre chinoise. Depuis ils attendent, en vain…
Finalement, en y réfléchissant bien, les fenêtres sont comme des vitrines, mettant en scène le théâtre de la vie, que ce soit pour une unique représentation ou pour un feuilleton, aux rebondissements multiples.

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