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Le défi du samedi
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11 février 2012

Déguisement (Mamido)

 

En courant d'air 

J’aimerais me déguiser en courant d’air…

 

Pour une soirée seulement

Pouvoir jouer les filles de l’air,

M’évaporer pour un temps,

Me mettre aux abonnés absents,

Ne plus répondre au téléphone,

Ne plus être là pour personne.

 

Je voudrais qu’on m’oublie, qu’on me lâche

Qu’on ne se repose pas sur moi pour la moindre tâche

Qu’on ne vienne pas se plaindre, me taper sur le système

Qu’on ne compte plus sur moi pour le moindre problème.

 

C’est ça oui, me déguiser en courant d’air !

Pour un soir seulement, jouer les filles de l’air

Quitter les habits noirs de mon triste univers

Jeter aux oubliettes la cape de mes soucis

De l’insouciance endosser l’égocentrique habit.

Me refaire une santé, recharger les batteries

Et au petit matin, revenir ressourcée

Toute ragaillardie, prête à tout affronter.

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4 février 2012

Cette ville qui est mienne… (Mamido)

mamido179

Ouf, ce qui est bien c’est que son nom ne contienne nullement cette lettre interdite de cité… pour ce texte uniquement, je l’espère.
Rive- de Gier, dernière commune, Sud/Est Loire (42), limitrophe avec le Rhône.

C’est une ville un peu morne, sinistrée économiquement. Il est perdu depuis fort longtemps, son triple « précédent du B », c’est sûr !

Heureusement, les gens d’ici sont gentils et ouverts, ils discutent et utilisent de drôles d’expressions, dont les mots bien de chez eux illustrent précisément ce qu’ils veulent dire. Leur voix, pour les prononcer, utilise des inflexions insolites qui leur sont spécifiques. Qui les entend, nul ne les oublie !
Un seul exemple, concis « Je suis coufle » (Je suis rempli de nourriture, mon ventre déborde, rien ne peut plus rentrer)

Rive de Gier est située en fond  de cuvette, entourée d’un écrin de verdure sur lequel poussent de nombreux vergers (pêchers, cerisiers, pommiers et poiriers essentiellement), et de monts ensoleillés dont le plus proche porte le nom d’une dune bien connue, situé près de Bordô, je crois.

Si je suis très heureuse de vivre ici, c’est que je suis d’ici, intensément, profondément.
Même si je suis née un peu plus loin (douze kilomètres !), en cette bonne ville de St Ch’mond, où un « coureur d’étoiles » qui écrit quelquefois sur le net, trouve ses origines. Plusieurs d’entre vous le remettront, nul doute.

Voili, voilou, je ne vois rien de plus qui puisse être exprimé sur cette douce cité qui m’est chère.
« Venez-y donc, vous verrez, vous serez les bienvenus !!! » (Le tout dit, bien sûr, sur ce ton insolite cité ci-dessus, si singulier que : qui l’entend, nul ne l’oublie…)

21 janvier 2012

La nuit je mens (Mamido)

 

Mamido177Quand je ne dors pas, la nuit, je me mens…

La nuit, tout est beau et tout le monde m’aime. Ou tout est noir et le mal rôde, c’est selon…
La nuit, la terre tourne comme je l’entends et les événements prennent le détour que je veux leur faire prendre. Et leur issue est toujours celle que j’ai décidée.
La nuit, je me mens…

Rêves roses ou pensées moroses, je vois la vie à travers un filtre que mon humeur et l’obscurité déforment.
A la loupe de mes songes, certains faits grossissent désespérément. D’autres sont dissimulés sous mes couvertures, parce que je les y étouffe, les repoussant du pied pour qu’ils ne ressortent pas.
Et alors, je fais l’autruche, la tête sous les draps.
La nuit, je me mens…

La nuit, je règle mes comptes avec le directeur, avec le conducteur de la voiture de devant, celui du bus, avec le piéton qui m’a traversé sous le nez, avec le gars des impôts, et celui du téléphone, la nana du supermarché, le voisin et les parents de mes élèves… avec mon mari aussi, et ma mère, toujours !  Mes idées sont claires et mes arguments affûtés. Je trouve comme ça, du premier coup,  la phrase qui tue et le mot qui fait mouche …
La nuit, je me mens…

La nuit, soit les problèmes sont insurmontables soit je trouve toutes les solutions.
C’est le casse-tête ou l’idée géniale !
La nuit, je suis tour à tour Caliméro ou  Wonderwoman !
La nuit, je me mens…

La nuit, je sais convaincre, charmer, expliquer, pardonner, me surpasser, aimer…
Je sais aussi mépriser, blesser, malmener, trahir et haïr…
La nuit, je me mens…

La nuit, je ris. La nuit je pleure. La nuit, je vis ou bien j’ai peur…
La nuit, je me mens…

Oui, quand je ne dors pas, la nuit,  je me mens !

31 décembre 2011

La ressemblance (Mamido)

Mamido174

… Tu vois, maman, ce qui m’a séduite chez Patrick, c’est son visage taillé en lame de couteau qui lui donne cet air si racé… Et puis, avec sa grande taille, reconnais qu’il en impose ! Quand il se déplace, sa silhouette élancée domine toutes les autres.
Et regarde comme c’est attendrissant de voir notre fille à ses côtés. Elle lui ressemble, c’est troublant !

Oui, c’est bien vrai qu’elle lui ressemble comme deux gouttes d’eau !
Dommage qu’elle n’ait hérité de son père que des détails physiques qui ne la rendent guère féminine. Ce visage anguleux, cette taille qui la fait dépasser de la tête et des épaules tous les garçons qu’elle rencontre. Elle arbore même cet air dédaigneux qu’il trimballe partout et qui m’a toujours agacée. Et en plus, ils ont tous les deux cette peau qui a le défaut de rougir au soleil et leur donne ce teint rosbif qui, tu l’admettras, n’a rien de seyant pour une jeune fille !

Tais-toi, maman ! Je sais bien que tu n’as jamais digéré que je me marie avec  Patrick. Mais ce n’est pas une raison pour passer ta rancœur sur ta petite-fille en la dénigrant de cette façon …

24 décembre 2011

La dînette (Mamido)

 La dinette

 

24 Décembre 1959, la petite Marie passe devant le bazar de la rue principale et comme tous les jours depuis un mois déjà, elle admire dans la vitrine la jolie dînette que le Père Noël lui apportera, c’est sûr, comme cadeau.

 

C’est une batterie de casseroles en aluminium, rangées par ordre décroissant. Une jolie cocotte et son couvercle les accompagnent. Le manche des casseroles, les poignées et le bouton du couvercle de la cocotte sont en bakélite, du rouge le plus beau que Marie ait jamais admiré !  L’ensemble repose sur du satin blanc, au fond d’une grande boîte au couvercle transparent, chaque pièce en métal brillant comme des bijoux dans leur écrin.

 

Marie a quatre ans et demi, une jolie queue de cheval, longue, épaisse et brillante, haut sur le dessus de la tête. Maman lui a tricoté un drôle de bonnet en laine, rouge, lui aussi, avec un trou qui permet de laisser sortir la queue de cheval. Les passants se retournent et regardent, amusés la mignonne petite fille et son drôle de chapeau.

 

Marie n’a parlé à personne de la dînette de ses rêves. Elle l’admire chaque jour en silence, elle patiente car elle sait que le Père Noël connaît tout des souhaits enfouis au fond de son cœur et qu’il ne manquera pas d’y répondre, demain matin.

Le soir venu, pour distraire sa petite fille énervée devant le sapin, maman lui demande ce qu’elle attend du père Noël et Marie livre enfin son souhait le plus cher.

 

Devant la mine figée soudain et le silence de sa mère, les explications embarrassées de mémé qui lui explique que, quelquefois, le Père Noël a du mal à exaucer les vœux des enfants qui ne les ont pas exprimés à haute voix ou par écrit, Marie se fait rassurante : « Il ne faut pas vous faire de souci, le Père Noël sait tout ! » Il n’y a rien d’autre à ajouter.

 

Et le lendemain, effectivement, pliée dans un beau papier brillant, Marie déballe la dînette tant espérée, devant le cercle de famille attendri. Et les gratifie même d’un triomphal : « Je vous l’avais bien dit ! » Elle garde, en ce jour et pour quelques années encore, une assurance tranquille au sujet de la magie de Noël.

 

13 Juillet 1970, Marie a quinze ans maintenant. Par défi, elle a coupé très court ses longs cheveux épais et brillants. Elle déplace un cou gracile et des membres interminables avec la grâce malhabile d’une jeune pouliche rebelle. « Ma petite araignée ! », se moque papa affectueusement. A ces mots, Marie lève les yeux au ciel, exaspérée : « Pfff, pauvre type ! »

 

Ce jour-là, Marie s’interroge  à haute voix sur le fait qu’elle n’arrive toujours pas à se débarrasser de cette batterie de casseroles en aluminium qui trône sur une étagère de sa chambre, empilées dans l’ordre décroissant et accompagnées de la jolie cocotte et son couvercle. Pourtant, elle a depuis longtemps liquidé ou donné ses autres jouets, y compris ce bon vieux Nounours ventru, qui protégea pendant presque dix ans ses nuits des cauchemars.

 

Alors, sa merveilleuse mémé aux cheveux de neige lui raconte comment papa lorsqu’il arriva du travail en ce soir de Décembre 59, trouva les deux femmes désolées de voir se détruire si tôt les rêves de leur petite fille.

 

Comment il refit aussitôt, au pas de course les trois kilomètres qui le séparait du village pour voir, du fond  de la rue, le rideau du bazar se baisser.

 

Comment, alors qu’il restait impuissant et à bout de souffle face au magasin fermé, il vit sortir, par la petite porte de côté, M. Flamand, pressé de rentrer chez lui fêter Noël en famille. Comment, devant les explications maladroites et suppliantes du jeune père, le vieux commerçant le fit entrer en maugréant par la porte de derrière dans la boutique, l’illuminant à nouveau de tous ses feux pour aller cueillir dans la vitrine la fameuse dînette et l’emballer dans un joli papier doré.

 

Enfin comment papa refit joyeusement le trajet de retour, le paquet doré protégé, sous sa canadienne, des flocons qui commençaient à tomber.

Marie écoute sa grand-mère, la gorge nouée,  le cœur battant, les yeux aussi brillants qu’en ce lointain matin de Noël où elle trouva la dînette sous le sapin. Elle découvre la magie de l’amour.

 

(Mon deuxième prénom, c’est Marie).

Mamido

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10 décembre 2011

Hasard ou destin ? (Mamido)

Mamido171

 

Lili a douze ans. Elle participe à la communion solennelle de sa cousine Babette.

En fin d’après-midi, au moment du mousseux et de la pièce montée, débarque une bande de joyeux lurons. Ce sont les copains d’Ecole Normale de Jean-Phi, le frère de Babette, qui viennent le récupérer pour une virée nocturne. Parmi eux, Christophe, un beau blond de dix-huit ans. Avant de s’en aller, les garçon animent un moment la fête de leur bonne humeur exubérante et trinquent avec la famille.

Ni Lili, ni Christophe ne se souviennent l’un de l’autre mais tous deux gardent un souvenir vivace de cet instant.

 

Hasard ou destin ?

 

Quelques années plus tard, Lili va chercher son frère au portail de l’école primaire. Jeannot ne tarit pas d’éloge sur son enseignant. Le maitre du petit garçon, c’est Christophe.

 

Hasard ou destin ?

 

Babette et Lili sont en Première et au bal du lycée, elles dansent toute la soirée.

Tandis qu’elles s’amusent comme des folles, Jean-Phi et ses copains, dont Christophe, trouvent cette soirée ennuyeuse et les filles bien trop jeunes. Après un dernier verre à la buvette, ils décident de partir s’amuser ailleurs.

 

Hasard ou destin ?

 

Lili a dix-neuf ans. Elle est institutrice. Elle débarque dans une école primaire afin d’y remplacer la maitresse du CP, en congé maternité. Christophe enseigne au Cours Moyen, dans la même école.

 

Et voilà qu’ils se plaisent au premier regard et se mettent à bavarder comme s’ils se connaissaient depuis toujours. C’est au hasard de leurs discussions, qui deviennent au fil du temps de plus en plus intimes et passionnées, qu’ils mettront à jour leurs précédentes rencontres communes.

Ces rencontres ne semblent avoir eu lieu que pour préparer celle qu’ils sont en train de vivre afin qu’elle soit la plus réussie possible.

 

Ils sont mariés depuis trente-six ans maintenant.

C’était leur destin, semble-t-il…

 

3 décembre 2011

« Un bébé ? Et moi, alors ?! » (Mamido)

 

 

Avec coeur

…Tel était le titre du mémoire professionnel de ma fille, Flo…

 

Dans le cadre de son métier de sage-femme, elle est souvent confrontée au désarroi des mamans attendant leur deuxième enfant.

« Comment rassurer les aînés quand ils ont peur de perdre notre amour suite à l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur ? » s’interrogent-elles. « Comment leur faire comprendre qu’on les aimera toujours autant ? »

 

Flo prend alors son feutre du plus joli rouge et dessine de beaux cœurs que les mamans pourront reproduire pour leurs enfants afin de leur faire comprendre que leur amour ni ne diminuera ni ne disparaitra à l’apparition du nouveau venu.

Ces dessins montrent que le cœur de la maman ne se partage pas en parts de plus en plus petites, au fur et à mesure que les nouveaux arrivants entrent dans la famille, comme seraient tentés de croire les petits jaloux. Mais, qu’au contraire, il a la capacité de se nourrir de cette nouvelle affection à donner et devenir de plus en plus gros afin que chacun puisse continuer à y puiser la part qui lui revient, quelles que soient les modifications familiales.

Flo a, je n’ai aucune peine à la croire, de très bons retours des mamans qui ont donné cette explication à leur aîné inquiet.

 

Oserais-je vous l’avouer ? Mon cœur de mère est gonflé d’amour et de fierté pour sa fille qui ne se contente pas d’être une professionnelle de la santé utilisant les gestes techniques avec une froide et précise compétence.

Et comme je suis heureuse de me rendre compte qu’elle y engage également toute son attention, sa bienveillance, son humanité, en se préoccupant du bien-être de la maman et du bébé non seulement lors de la naissance mais aussi après leur départ de la maternité. Qu’elle fait en sorte que ce bien-être puisse s’étendre également à tous les membres de la famille afin que l’accueil du bébé à la maison soit le meilleur possible.

26 novembre 2011

Nuit d'été sur la terrasse (Mamido)

Nuit d'été

Le sursaut vibrant du réfrigérateur et du congélateur lorsqu’ils déclenchent à intervalles plus ou moins réguliers…

Le bourdonnement de l’ordinateur sous tension…

Le grésillement du néon au-dessus de l’évier de la cuisine et celui des lampadaires allumés dans la rue…

Le tic-tac de l’horloge et le tintement des heures qui s’égrainent, lentement…

Un train qui entre en gare, dans la ville, là-bas…

Le flot incessant des voitures qui circulent sur le viaduc de l’autoroute, à deux kilomètres d’ici…

Le bruit sourd des pilons et le martèlement des presses qui montent de l’atelier en-dessous…

Une mobylette qui passe sur la route en pétaradant…

Le hennissement du cheval dans le pré du voisin…

Le hululement de la chouette, dans l’arbre à côté…

Le déplacement du hérisson dans les buissons, tout près…

Le vol des insectes qui  finissent en grillant dans la lampe allumée du salon…

Le ronronnement du chat, étalé sur le carrelage, à mes pieds…

 … Allongée sur une chaise longue, dehors sur la terrasse, dans l’obscurité, je guette la venue d’une hypothétique fraîcheur et, en attendant, je goûte le silence paisible de cette chaude nuit d’été.

19 novembre 2011

Bateau de gouttière (Mamido)

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Bateau de gouttière…

 

 

Mamido

 

 

 

 

Des mains du petit enfant,
Par un jour de grand vent,
Petit bateau de papier
S’est un jour envolé.

Petit bateau en l’air
A chuté sur le toit.
A travers la gouttière
A glissé jusqu’en bas.

Se retrouve sur l’eau,
C’est mouillé, pas très chaud,
Voudrait bien remonter
Mais ne sait pas grimper.

Et face à la gouttière
Voilà qu’il désespère…
Ne veut pas se noyer
Qui viendra le sauver ?

C’est l’enfant qui accourt
Et vient à son secours,
Heureux et rassuré
De l’avoir retrouvé.

 

12 novembre 2011

Le chef de gare est amoureux (Mamido)

 

 

 Le chef de gare est amoureux

Non, ça n’est pas moi qui le pense, c’est Jean Ferrat.

Dans cette chanson, tout a été dit sur le chef de gare, et avec tel talent !

Impossible de rivaliser, allez donc plutôt écouter 

http://youtu.be/_ysyW5uK_kg

5 novembre 2011

C’est par la fenêtre que l’on sort… (Mamido)

 

Fenêtre 3

C’est par la fenêtre que l’on sort lorsqu’on est enfant ou adolescent et que l’on veut échapper à la vigilance de ses parents.
A condition, bien sûr, que l’on n’habite pas trop haut.

Ainsi a fait Jéjé, notre fils, en de maintes occasions qu’il serait trop fastidieux de narrer ici. Sauf une, peut-être.

Jéjé a cinq ans, six peut-être…
C’est l’été, tout le monde est en vacances. Et nous, les parents, en profitons pour faire la grasse matinée. Nous ne nous levons guère avant neuf heures.
En ce temps-là, Jéjé est un lève-tôt. Réveillé vers six heures trente, il doit attendre plus de deux longues heures avant que nous soyons prêts à lui servir son petit-déjeuner.
Et c’est long, très long, trop long pour un petit garçon affamé comme lui.

Tous les matins, Jéjé s’ennuie en attendant dans son lit. Mais c’est un petit garçon plein de ressources. En ouvrant ses volets afin de pouvoir profiter de la lumière du jour pour jouer dans sa chambre, il s’est rendu compte que ses grands-parents, qui habitent de l’autre côté du jardin, se réveillent très tôt eux aussi. Il les voit écarter leurs volets. Il entend, par leur fenêtre ouverte, s’entrechoquer les bols sur la table du petit-déjeuner que dresse sa grand-mère. Il sent la bonne odeur du café, celle du pain grillé qu’elle prépare.

Alors, c’est plus fort que lui, un matin, il chausse ses pantoufles et, en pyjama, sort la tête première par sa fenêtre et, sans bruit, traverse le petit jardin. Les grands-parents voient avec surprise la frimousse de leur chenapan de petit-fils s’encadrer dans la fenêtre ouverte qu’il enjambe également. Il partage ainsi pendant trois semaines le repas du matin avec ses grands-parents. Mamie lui sert un onctueux chocolat  chaud, un jus d’orange et des « miel pops », ses céréales préférées à l’époque.

Une fois le ventre plein, Jéjé retourne dans sa chambre par le même chemin pour y attendre patiemment le réveil de la maisonnée. Puis, pour ne pas donner l’alerte sur ses escapades sans doute, il mange de bon appétit le petit-déjeuner que maman lui prépare, identique en tout point à celui de sa grand-mère.

Seule une conversation fortuite entre mère et fille sur les goûts de Jéjé en matière de céréales permettra de découvrir le pot aux roses. Mais cette discussion ayant lieu à l’automne, près de deux mois plus tard, Jéjé ne sera pas puni, seulement fortement réprimandé.
Fort de la certitude que ses parents ne rendent compte de rien lors de ses escapades, Jéjé réitérera, en de nombreuses occasions et pour des raisons variant en fonction de son âge, ses sorties.
La dernière a eu lieu en Juillet, cet été, lors d’une visite de Jéjé à ses parents.

Papa, pas plus inquiet que ça (Jéjé a trente-trois ans maintenant) demande en se levant, vers sept heures du matin, si c’est normal que Jéjé ne soit pas dans son lit. Maman, dont l’instinct protecteur et les angoisses au sujet de sa progéniture ressurgissent dès que l’un de ses petits dort sous son toit, se lève précipitamment en criant « non, ce n’est pas normal ! ». Comme au bon vieux temps, les images négatives se percutent dans son esprit : enlèvement, accident…
Mais elle n’a pas le temps de se faire du souci d’avantage car en ouvrant les volets et la fenêtre côté rue elle aperçoit le visage épanoui de son fils s’y encadrer. Dans ses mains, il porte un gros paquet de croissants et sous son bras deux baguettes.

C’est que, parfois, il arrive encore à Jéjé de se lever tôt et que le matin, il est toujours autant affamé !

22 octobre 2011

Pile à l'heure ( Mamido)

Selon ses explications après envoi de sa participation, Mamido s'est lancée "bille en tête dans un hors sujet" ... et voulait que l'on retire son texte mais à y bien regarder ... son attitude elle-même rentre parfaitment dans le thème "se tromper de date" alors voici son texte :

Rencontre

 

« Je suis en retard, je suis en retard. Je… suis… en … re… tard ! »

 

L’esprit en ébullition de Mélanie martelait cette phrase au rythme de ses enjambées, en grimpant les escaliers quatre à quatre. Elle avait rendez-vous, au deuxième étage, porte 212 pour son premier jour d’entrée en fonction dans son nouveau poste. Elle s’était égarée plusieurs fois dans les méandres du bâtiment de cette grande administration où elle avait été nommée avant de trouver, enfin, le bon chemin.

 

Elle était si préoccupée à l’idée de la mauvaise impression qu’allait produire son arrivée tardive sur son responsable et sur ses nouveaux collègues qu’au détour d’un couloir, elle percuta de plein fouet un homme qui arrivait en sens inverse.

 

Le nez dans sa chemise, le parfum de son eau de toilette l’enivra. Sous ses doigts, le tissu soyeux de sa veste l’apaisa. En levant la tête, le regard qu’elle croisa, à la fois caustique et malicieux, d’un vert profond, la séduisit. Sa voix grave et rauque, quand il lui demanda si elle n’avait rien, lui fit battre le cœur. Un court instant, elle oublia tout ce qu’il y avait autour d’eux. Le temps s’arrêta.

Puis, pendant qu’elle se dégageait, qu’elle bredouillait des excuses embarrassées, il reprit son cours.

 

Alors qu’elle reprenait sa course folle vers le bureau 212, Mélanie ne se douta  pas une seconde qu’elle venait de rencontrer l’homme de sa vie, celui avec lequel elle passerait le restant de ses jours.

 

8 octobre 2011

Défi 162 (Mamido)

Mamido162

Transmission de pensée ? Intuition ? Préscience ?...

 

  • Quand les pensées de ma fille ont cheminé avec les miennes et qu’on prononce ensemble les mêmes mots, au même moment ?
  • Quand je me dis qu’il y a longtemps que je ne n’ai pas appelé ma mère et qu’à ce moment-là, le téléphone sonne dans mes mains et c’est elle, au bout du fil ?
  • Quand je pense toute la journée à une amie, que je n’ai pas vu depuis longtemps et que je la rencontre, au coin de la rue ?
  • Quand je vais ouvrir la porte d’entrée sans raison particulière et qu’il y a derrière quelqu’un qui s’apprête à sonner ?
  • Quand, dans ma vie d’avant où j’étais instit’, je me disais tout d’un coup : « Tiens, il y a longtemps que tu n’as pas été inspectée ! » et que soudain, l’inspecteur se matérialisait à la porte de ma classe ?


J’ai dit ma fille, ma mère, une amie mais ça peut être aussi mon fils, mon mari, mon frère, ma belle-sœur, des amis ou relations… les situations sont elles-mêmes interchangeables : ma fille au téléphone, ma mère derrière la porte, des propos identiques prononcés avec mon mari…


1 octobre 2011

Le canard médecin (Mamido)

Canard médecin

Le patient est entré, il est passé rapidement devant moi, en disant : « Brrr, il fait un froid de canard, ici ! »

Puis, il a contourné mon bureau et s’est assis dans mon fauteuil.

« Alors, quoi de neuf, docteur ?! Que puis-je faire pour vous ? Je vous trouve la mine blême et le teint jaune… Mais asseyez-vous, asseyez-vous… Et dites-moi ce qui ne va pas. »

 

J’ai obtempéré, me percevant soudain comme un vilain petit canard dans mon propre cabinet médical.

 

L’animal avait l’air si sûr de lui, si à sa place à la mienne que je me suis senti brusquement patraque comme il me l’avait si bien fait remarquer. Et je me suis entendu lui demander, adoptant, dans mon inquiétude, la voix nasillarde du palmipède :

« Que me conseillez-vous, docteur ? »

 

« Je vous sens surmené. Vous êtes trop sensible à ce que vous disent vos patients à longueur de journée… Laissez glisser, laissez glisser… comme l’eau sur les plumes du canard ! » a-t-il ajouté, en ouvrant large le bec, hilare.

« Vous savez, faut pas vous biler, ce que disent ces gens, la plupart du temps, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Allez, rentrez chez vous, installez-vous dans un coin (coin ?) tranquille, pour y lire votre canard préféré. Un bon petit café, un pousse-café, peut-être,  rien de tel que de tremper un canard pour vous revigorer et vous faire prendre la vie du bon côté… Demain, il n’y paraitra plus et vous pourrez reprendre le boulot ! »

 

Là-dessus, il m’a raccompagné jusqu’à la porte, m’a serré la patte et a crié : « Au suivant ! »

 

Sur le trottoir, je me suis dit que Michel Audiard se gourait en déclarant « qu’un canard* c’est plus con qu’un dauphin, d’accord… mais ça vole ! »

Celui- là était très intelligent et il m’avait piqué ma place.

 

 

  • J’ai triché avec la réplique de Michel Audiard, extraite du film « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages », en fait c’est « Un pigeon, c’est plus con qu’un dauphin, etc… » Mais, avouez que « canard », ça allait mieux dans mon histoire, non ?
24 septembre 2011

26 Ballade de balades (Mamido)

Mamido
Village de Ste Croix en Jarez    (photo : (cyclocarte)
www.saintecroixenjarez.com

 

Laissez-moi vous conter la ballade
De mes balades dans le Pilat…

Traverser les digues du Rhône
Se promener au bord des lônes
A la nuit, observer l’activité des castors
Dans leurs terriers de l’île du Beurre
Ecouter le vent souffler dans les immenses peupliers
Où nichent, par dizaines, les couples de hérons cendrés
Au ras de l’eau surprendre le vol d’un martin-pêcheur
Et ensuite seulement, prendre de la hauteur,
Grimper à travers vignes, pour contempler d’en haut,
La majesté d’un fleuve et de ses calmes eaux.

Laissez-moi vous conter la ballade
De mes ballades dans le Pilat…

Pour voir sa chapelle, grimper à St Sabin,
Sur les pentes moussues, à l’orée des sapins
Au passage, découvrir quelques champignons…
Puis, dans les eaux chantantes d’un petit « rigolon »,
Apercevoir, fuyante, l’ombre d’un beau poisson.
Une truite, sans doute, que l’on viendra pêcher
Le lendemain matin, en toute tranquillité.
Enfin, le soir venu, redescendre à Véranne
Pour boire l’apéro, au frais, sous les platanes,
Au cœur du village, sur la petite place,
Où les gens se rassemblent, sur la terrasse
De l’unique café, tenu par deux copines,
Qui distribuent gaiement les bières et les chopines.

Laissez-moi vous conter la ballade
De mes balades dans le Pilat…

Du fond de la vallée, partir de Rive de Gier,
Suivre le Couzon et longer le barrage,
Pour monter jusqu’à Sainte Croix en Jarez,
Un ancien monastère transformé en village.
Après avoir musé au cœur de la chartreuse,
S’être laissé glisser du col de Pavezin,
Aller faire le marché, le samedi matin,
Sur la place des Croix, dans le vieux Pélussin,
Pour finir à Chavanay ou bien à Condrieu,
Le vin de par là-bas y est si merveilleux !

Je pourrais continuer sans fin la ballade
De mes innombrables balades dans le Pilat…
… Mais, pour cette fois,  je vais m’arrêter là !

 

17 septembre 2011

Le sens de l’orientation (Mamido)

mamido

Dans la nature, à pied, je suis nulle et je pourrais me perdre et tout un groupe avec moi.

Mais, mettez-moi une carte routière entre les mains, asseyez moi à côté du chauffeur dans une voiture, et là je me révèle un assez bon copilote, sachant vous trouver les itinéraires les plus courts, les plus rapides ou les plus sympas, en fonction de la demande.

Il faut dire que je pratique cette activité depuis mon plus jeune âge. J’étais malade en voiture et mes parents se sont rendus compte très vite qu’en m’asseyant devant et en m’occupant cela me passait. Aussi, c’est tout naturellement et par la force des choses qu’ils m’ont appris à lire les cartes routières et les panneaux pour donner les directions. Je suis douée pour calculer les meilleurs itinéraires et j’adore ça.

Et puis étudier la carte à la veille de partir, c’est déjà voyager un peu.

Bien sûr, dans mon zèle à vouloir à tout prix trouver l’itinéraire le plus court possible, j’ai quelquefois entrainé mes partenaires de voyage dans de drôles de situations : des petites routes de montagne, sinueuses et étroites, bordées par de profonds ravins au-dessus de gorges vertigineuses, dans des coins perdus et inquiétants, au milieu de nulle-part, qui, au lieu de nous faire gagner du temps, ont dangereusement fait chuter notre moyenne, sans compter qu’elles auraient pu nous faire chuter tout court !

Mais, il faut admettre que le plus souvent mes erreurs nous ont fait traverser des endroits superbes, des paysages d’une beauté sauvage, à couper le souffle, nous donnant, au passage, le sentiment exaltant de la découverte. Si bien qu’après m’avoir maudite, on finissait toujours par me remercier!

Depuis quelques temps déjà, je suis remplacée par la dame du GPS. C’est bien confortable. Je ne suis pas jalouse et, l’âge aidant, plutôt soulagée.

Mais, il arrive que quelquefois, cette mécanique à la voix sensuelle et grave, s’enraye.

Il suffit, par exemple, qu’il y ait des travaux sur l’itinéraire prévu et c’est l’affolement général. Il faut dire que la dame est têtue et obstinée. Elle ne supporte pas du tout que, soudain, vous ne l’écoutiez plus pour suivre la déviation. Elle veut, à tout prix, vous ramener dans ce qu’elle estime être le droit chemin, celui qui justement se trouve être en travaux. Elle vous martèle alors, d’une voix que vous trouvez, subitement, répétitive et désincarnée : « faites demi-tour dès que possible ! », « faites demi-tour dès que possible ! », « faites demi-tour…» Grrr !

Il arrive aussi que des améliorations routières n’aient pas été prises en compte par son programme obsolète. Il faut voir alors sa petite aiguille bleue affolée s’égarer et errer sur des voies inexistantes, alors que celle où vous roulez est tout ce qu’il y a de plus réel.

Enfin, il se produit, quelquefois, des bugs inexplicables. Ainsi, il nous est arrivé, dans la périphérie d’une petite ville de suivre un de ses itinéraires qui, sans cesse, nous ramenait au point de départ. Peu familier des lieux, il nous a fallu trois tours pour nous en rendre compte !

Dans ces cas-là, mon expertise et mon esprit d’initiative sont à nouveau requis. Je reprends la carte en main et trouve l’itinéraire bis qui va nous sortir de l’errance artificielle et obstinée dans laquelle dame GPS s’obstine indéfiniment.

Un conseil : ne faites jamais totalement confiance au GPS, ayez toujours des cartes routières dans la voiture. Et transmettez aux générations futures l’art du copilotage…

10 septembre 2011

Un nom curieux (Mamido)

Papoose 

Petit Cheval et Oiseau Indien étaient cachés depuis un petit moment déjà dans l’enclos, derrière le tipi de Nuage Noir. Celui-ci était revenu depuis la veille au sein de la tribu, ramenant avec lui une épouse étrangère… si étrangère qu’elle portait un nom qui ne voulait rien dire : Mary O’Donnell. Les deux papooses étaient curieux et impatients de voir celle qui portait un nom pareil !

 

Cheval Noir aurait voulu présenter sa nouvelle épouse à l’ensemble de la tribu, mais chef Plume d’Aigle avait refusé. Comment aurait-il pu faire découvrir cette femme au groupe sans ce nom qui définissait réellement la personne qu’elle était…

Il conseilla à Nuage Noir d’aller voir le chaman. Lui saurait trouver le nom de cette femme, celui qui permettrait à la tribu de la connaître au premier regard.

 

Petit Cheval et Oiseau Indien virent Nuage Noir et son épouse sortir du tipi pour se rendre chez le chaman. Elle était vraiment magnifique, elle marchait, droite, les épaules en arrière et la poitrine fièrement bombée. Elle avançait majestueusement à travers le campement, comme si aucun obstacle ne pouvait l’arrêter ou la détruire. On aurait dit une pirogue, fendant les eaux bouillonnantes et dangereuses du fleuve…

 

Nul ne sut ce qui se dit, ni quelle cérémonie s’effectua chez le chaman.

Plus tard, après que celui-ci se fut longuement entretenu avec Plume d’Aigle, la cérémonie de présentation commença. Le chef prit la main de la femme qui se tenait fièrement à ses côtés.

« - Voici l’épouse que  Nuage Noir a ramené de ses lointains voyages. Elle se nomme « Carène de Navire » et fait partie de notre tribu, à présent. »

 

Aussitôt des murmures d’approbation parcoururent les membres de la tribu qui entourèrent le jeune couple afin de le féliciter et que chacun puisse, à son tour se présenter à la jeune femme.

3 septembre 2011

Le mur. (Mamido)

C’était un vieux mur décrépi, lézardé, croulant sous le lierre. Par endroits, il était percé de trous béants et tout un pan s’était écroulé, en son milieu.

 

Pour les adultes, il représentait le mur de la honte, dissimulant aux regards la décrépitude et l’abandon d’un quartier dont la rénovation traînait en longueur.

Ils passaient rapidement devant, sans regarder. Ils nous interdisaient d’y aller, l’endroit était, parait-il, mal, fréquenté.

 

Mais, c’est bien connu, les enfants adorent franchir le mur de l’interdit !

Aussi, le mur servait-il de rideau au terrain vague où nous passions le plus clair de notre temps libre. Le franchir, c’était comme traverser une frontière magique derrière laquelle commençait un monde irréel où tout pouvait arriver. De l’autre côté, l’Aventure nous attendait.

 

C’est pour cette raison, qu’au moins une fois par jour, à la sortie de l’école, nous « faisions le mur » et nous nous évadions dans l’univers merveilleux des jeux que nous inventions.

Je devenais pilote d’avion de chasse et, entre deux loopings, franchissais avec brio et dans un bruit de tonnerre, le mur du son. Pour mon copain Léo, à califourchon en son sommet, le mur devenait celui du combattant. Dernier rempart contre l’invasion d’une horde barbare peuplées de cavaliers féroces et armés jusqu’aux dents, il le défendait, à l’aide de son fidèle dragon, l’épée à la main et à la tête d’une armée de chevaliers à l’armure étincelante.

 

Pour les plus grands, le mur servait de cible d’entraînement. Jets de pierres, tirs de carabines venaient encore en aggraver la décrépitude.

 

On dit que les murs ont des oreilles, peut-être des yeux aussi, pourquoi pas ?... En tout cas, s’ils pouvaient parler, sûr qu’ils en auraient des choses à raconter !

A longueur de temps, le nôtre recevaient les confidences, les promesses et les lamentations… Sur ses flancs s’imprimaient les injures, les serments et les rendez-vous…

 

L’endroit où il était en partie écroulé servait de banc aux amoureux qui s’y faisaient des déclarations. Premiers baisers, premières étreintes malhabiles s’échangeaient dans la fraîcheur d’un lit de lierre.

Pour les amours passagères et clandestines, pas tant de confort, les baisers fébriles, les étreintes brutales et rapides avaient lieu n’importe où, en position debout, contre la pierre sèche et rugueuse.

 

Puis un jour, plus de mur ! Les engins se sont emparés du terrain vague, une tour de trente-cinq étage y a poussé, comme un champignon.

 

Ce jour-là, nous avons dit adieu à une grosse partie de notre enfance.

30 juillet 2011

Dix-sept heures ... (Mamido)

Couple

Photo de Pierre Jahan

 

Dix-sept heures, une chambre. Au centre, un grand lit. Sur ce lit, un couple… Au milieu des draps froissés, deux corps au repos, la pose voluptueuse.

Devant la fenêtre, rien que le filtre du rideau, séparation fragile avec la vie du dehors et pour ces deux-là, pourtant, le sentiment d’appartenance à un univers rien que pour eux.

Le passage insidieux du soleil cependant, et avec lui, de la chaleur… une grande flaque sur le lit, un bain pour nos deux amants.

Plus de torpeur encore, de la béatitude sur leurs lèvres souriantes et dans leurs visages endormis… Le sommeil à deux, pour quelques minutes puis, au réveil, un regain de vigueur pour une ultime union, pleine de fureur…

Un subtil changement de la lumière du jour, annonce du soir. La disparition du soleil par derrière les toits, et avec, le rafraîchissement de l’air et l’apaisement des corps…

Cueillette rapide des vêtements, partout sur le sol de la chambre… Frôlements, doux échanges de regards, ébauches de caresses, soupirs de regrets…

Sortie dans les ruelles sombres et fraîches de la ville, main dans la main…

Sous le porche de la belle, un dernier et langoureux baiser…

Dans un souffle, une demande ou plutôt, une promesse : « Demain, dix-sept heures ?... »

 

16 juillet 2011

Les yeux verts de Mélusine (Mamido)

melusine

 

Elle portait sur toutes choses et toutes gens un regard vert et insondable qui impressionnait, jusqu'à l’inquiétude parfois, ceux qui nous rendait visite.
Elle aimait s’installer en hauteur et dominer la situation de son regard pur et inquisiteur, afin, j’en suis persuadée, d’être parée à toute éventualité et pouvoir prendre le champ nécessaire en cas de danger.

On la trouvait donc installée dans une des niches du buffet de la salle à manger… pas n’importe laquelle, bien sûr, mais celle qui, de par sa situation stratégique proche de la porte fenêtre [elle pouvait l’atteindre d’un bon] lui permettait d’échapper à ce qu’elle jugeait dangereux pour elle.

La plupart du temps, son fameux regard vert suffisait pour tenir à distance ceux qui ne lui étaient pas familiers. Pour faire bonne mesure, elle y rajoutait la pose immobile du sphinx, une attitude affectée mais élégante, poils minutieusement lustrés et queue épaisse arrangée avec raffinement autour d’elle. Tout ceci suffisait normalement à inspirer crainte, respect et admiration à ceux qui la rencontraient.

A ceux qui, téméraires ou inconscients, ne tenaient pas compte de ces signaux pourtant loquaces et osaient tout de même s’aventurer et empiéter trop avant dans son espace personnel, elle lançait des avertissements plus explicites. Un frémissement imperceptible de son long pelage soyeux et tigré, une brève agitation du museau, des moustaches et des oreilles, un léger mais impatient battement de la queue et… un lent rétrécissement  des yeux accentuant encore la menace de son regard de jade.

Et si l’aventurier sans cervelle persistait dans son avancée improbable, elle amorçait un feulement rauque et crescendo qui se terminait par un soufflement puissant, lancé avec une rapidité inattendue, en même temps qu’une patte aux griffes acérées.

Face au retrait stratégique de l’ennemi  rendu à plus de prudence, elle reprenait sa pose hiératique, comme si rien ne s’était jamais passé mais elle continuait à suivre du regard ses moindres mouvements avec vigilance. On n’est jamais trop prudent avec ces humains imprévisibles.

Avec ceux qu’elle connaissait et appréciait, son regard vert se pailletait d’or, sa pose s’alanguissait, son corps s’offrait aux caresses… et son ronronnement se faisait quelquefois si intense qu’on aurait dit celui d’une chaudière !

C’était une chatte de gouttière, mâtinée d’angora… Elle portait le nom d’une fée, Mélusine. Depuis quelques années déjà, elle a fermé les paupières sur son regard de velours vert et nous a quittés pour se retirer dignement au paradis des chats.

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