Toi, ma soeur... (Zie)
Toi, ma sœur !
Mon cadeau est fin prêt. La boîte déposée
Au pied de ton sapin. Un peu de papier or,
Quelques rubans brillants, ont été disposés :
Le vingt-cinq au matin, quand plus personne ne dort,
Tes mains en les ouvrant pourraient être surprises,
De découvrir le vide, dans les paquets en cours.
Quelques mots maladroits diront cette méprise...
Point d’objets inutiles enrubannés d’atours.
Ce ne sont que des mots, des pensées malhabiles
Des regrets quelquefois et des reproches aussi :
A toi, ma grande sœur, douleur indélébile,
Qui ne veut pas de moi, dans ta vie, c’est ainsi…
Pourquoi ? Je ne sais pas. Le sais-tu seulement ?
Nos disputes d’avant ne peuvent conditionner
Nos vies de femmes, de mères. Que dire à mes enfants ?
Tu décides qui tu aimes, tu fais auditionner.
Tantôt frère, père et mère. Tour à tour tu rejettes
Puis réfléchis, reprends quand certains, repentis,
Sont venus se jeter, à tes pieds malhonnêtes.
Je t’ai cherchée longtemps, pourtant bien avertie,
J’ai essuyé ces portes que sur moi tu fermais.
J’ai attendu de toi, l’amour de cette sœur,
J’ai pardonné tes mots, tes envies de jamais
Et tant de moqueries offertes à ma candeur.
Tant de choses à te dire et ces regrets qui fusent
Donnant à tous mes mots, ce poids des temps amers
Des souvenirs absents, des souffrances qui usent
Des pensées qui se heurtent et tombent à la mer…
Je t’ai vue si jolie, si femme quand moi j’errais
Dans cette adolescence, tel un grand papillon,
Tu savais me narguer, et moi je me terrais
Dans ma chambre à écrire, la vie d’un chenillon.
J’enviais tout de toi, cette incroyable aisance
Cette façon aussi, dont maman te voyait !
Tes sentiments cachés, toujours mis à distance.
Mes émotions si claires, et qui tant me noyaient…
Tu avais en ton sein, la même dureté
Que j’ai vu si souvent dans les yeux de maman,
Et en toi point d’alliée, constamment rejetée !
Des tempêtes d’antan, je garde les tourments…
Les émotions me marquent, comme les gens et les mots
J’ai tant pleuré sur toi, sur cette porte close
De ce cœur invaincu qui refusait les flots
D’une vie débordante, recherchant une pause.
Je t’ai vue bien plus tard, changée du tout au tout
Tu t’es mise à marcher sur tes ailes fanées,
Les couleurs chamarrées ont viré d’un seul coup
Comme si le papillon était mort, sitôt né !
Et cette étrange place qu’aujourd’hui tu me laisses
Celle d’une étrangère, d’une autre que ton sang
Car tel un hérisson, dont les piques te blessent
Tu me veux loin de toi, ou tout près, autrement…
J’ai tant rêvé de toi. Cette sœur impossible !
Aujourd’hui, j’ai compris, que la vie est ainsi
Elle donne et reprend, automate impassible...
Moi ? Je reste là, moi et mon amour transi !
Mademoiselle Sourire (Zie)
Mademoiselle Sourire
Mademoiselle Zie du Soleil
1, avenue de la pluie
1190 Capitale grise
Le plat pays
Capitale du plat pays, tout gris, le 02/12/2009
A l’attention de M. Van Rompuy
Monsieur Van Rompuy,
J’ai suivi de près votre accession à la Présidence de l’Europe, heureuse qu’enfin on s’intéresse au problème récurrent du chômage et que quelqu’un propose de nouvelles perspectives aux demandeurs d’emploi, dont je fais malheureusement parti. J’applaudis des deux mains votre volonté de déployer un panel de métiers tournés davantage vers l'aspect social au vu d’une certaine morosité persistante dans ces temps de crise.
Je suis sociable et dynamique. J’ai participé activement à toutes sortes d'activités bénévoles telles que : animatrice de groupes d’enfants au sein du mouvement scout, puis dans le cadre d’activités manuelles pour adultes. Tout cela dans une ambiance chaleureuse et agréable. Je suis très organisée, de part mon métier d’assistante et j’aime le contact. Je dois dire que j’ai connu le fait de se morfondre dans un bureau quasiment toute la journée sans voir personne et cela, n'est plus pour moi ! J'ai vu, j'ai vaincu !
L’empathie est une de mes profondes qualités et je rêve de trouver une activité permettant d’utiliser cette fibre. Je souhaite venir en aide aux gens, mettre un peu de gaieté dans leur morosité quotidienne et leur offrir un peu de chaleur. Durant la formation de secrétariat que j’ai suivi pendant 2 ans, notre professeur qui nous enseignait la communication avait insisté sur une chose fondamentale : « Mettez du sourire dans votre voix ». Ce qui est sûr c'est que je n'en manque pas et le donner aux autres, tel est mon avenir !
N’hésitez pas à regarder les pages qui suivent afin de vous familiariser avec mon parcours relativement tarabiscoté. Trouver son avenir dans l'ancienne Europe n'était pas chose aisée. Peut-être que cela va changer ? J'ai bon espoir...
Sachez que je me tiens à votre disposition pour vous exposer plus avant la teneur de mes motivations. Mais n’oubliez pas, mon sourire peut faire la différence !
Bien à vous,
Zie
La lutte est finie ! (Zie)
Je n’ai jamais été ce qu’on peut appeler, commode. Disons que je suis
plutôt du genre lunatique. Faut dire
qu’j’habite un plat pays désespérant et qui manque cruellement de lumière et accessoirement de soleil,
aussi. Je suis du sud, alors je lutte
contre une descente congénitale du moral dès que les nuages s’installent. Mais
ceci n’a rien à voir avec mon propos.
Du lundi au dimanche, c’était
surtout en voiture que ma lubie me
prenait… Ma luette se déliait à la
moindre contrariété, dans une musique qui n’avait rien d’un morceau de luth, si vous voyez ce que je veux
dire ! J’avais le verbe ordurier fort abondant, et ludique, qui plus est... J’y prenais presque du plaisir… Presque de
la luxure, mais faut pas exagérer…
Je suis sûre que cette activité de jurons instantanés aurait pu être lucrative. Le vocabulaire frisait la luzerne ! Heureusement que ces
phrases-là n’étaient pas lues !
Elles fusaient à vive allure, et moi, je restais planquée derrière ma lucarne bien fermée, même en été, des
fois que je me serai fait luxer
l’épaule ou la lunule par un plus
fou que moi… Mieux vaut se méfier ! Je m’égosillais, les lunettes de soleil plantées sur le nez,
même par mauvais temps, histoire que personne ne voie mes yeux révolvers.
Parfois, j’avais aussi la gestuelle prolixe d’une lutteuse ou d’une catcheuse… Ma caisse a gardé tant de traces de ces luttes !
Il paraît que ça me déstressait de passer mes nerfs sur le premier con
venu qui avait sa berline devant la mienne ! J’étais lucide, ça ne pouvait pas durer ! J’aurais fini pendue par les
pieds à un lustre ou insultée par un
dément lubrique ! Mais je ne
sais pas, comme par magie mes mauvaises habitudes m’ont quittée ! Parties, comme par enchantement ! Serait-ce
un lutin qui rôde ? Devrais-je
l’honorer comme il se doit, les lundis
de pleine lune ?
Honnêtement, ce n’est pas un luxe
d’être un peu plus détendue et lubrifiée
du gosier qui se met à chanter des ritournelles, presque gaiement, même dans
les pires embouteillages ! Enfin une lueur
d’espoir ça faisait belle lurette
que j’attendais cela : de simplement baisser les armes.
Vrai ! Même lui, mon
amoureux, ne me reconnaît plus !
Zélie, Tonton André et le Grand méchant loup (Zie)
− Miroir, mon beau miroir, dis qui c’est la
plus belle ? C’est moi, pas vrai ?, racontait Zélie, 4 ans et
demi, en se mirant dans son miroir. Ses petits doigts encore boudinés lissant
ses longs cheveux aux reflets dorés, tandis que ses pieds écrasaient prestement
sa robe jaune en satin effilée. Robe un peu trop longue, que sa cousine, après
bien des tergiversations, avait accepté de lui prêter, bien qu’elle ne lui
aille plus depuis bien des années, contre la promesse que Zélie jouerait le
chien, un peu plus tard dans la soirée. Son visage poupin se reflétait dans un
splendide miroir de princesse à coquillages incrustés offert par tati Linette
l’été dernier, à son retour de l’île de Ré et que son papa avait accroché
religieusement, pas trop haut sur le mur de sa chambre, pour qu’elle puisse s’y
admirer à loisir.
− Non !, lui répondit sa cousine
Hortense, pimbêche assumée de 7 ans à peine et qui se croyait déjà descendante
des plus grandes lignées de reines du monde, toutes en même temps, s’il vous
plaît, parce qu’on ne parle pas de n’importe qui, « J’ai pas envie de
jouer à Blanche-Neige. C’est nul, Blanche-Neige ! Ma maman, elle dit que
c’est des histoires de poul’mouillées ! Attends, on va jouer à un autre
jeu. Tu as des peluches ? »
Zélie vida devant elle un grand bac de peluches
et en sortit sa préférée : le grand méchant loup. Elle avait pour habitude
de l’enfoncer tout au fond du bac, le soir, avant d’aller se coucher, histoire
de s’assurer qu’il ne viendrait pas lui croquer les doigts de pieds pendant la
nuit, comme lui avait raconté Tonton André, un jour de grande forme, voilà un
bail déjà. Lui, il avait bien rigolé, persuadé qu’elle n’avait pas compris ou
que la peur à cet âge-là n’existait pas. Mais il n’y connaissait rien, c’était
un vieux tonton célibataire, qui préférait courir la demoiselle, jeunette, de
préférence, que s’embêter avec femme et gosses. Ses neveux et nièces lui
suffisaient et pour chance, il en avait une ribambelle.
Zélie qui tenait sa perle de nounours dans sa
main la présenta à Hortense :
− Tu veux mon grand méchant loup ?
− Oui, bonne idée !, lui répondit
Hortense, tandis qu’elle commençait à se remuer les méninges pour trouver un
jeu intéressant. Sa mère ne lui lisant jamais d’histoires et la laissant la
plupart du temps jouer toute seule dans sa chambre, son imagination se trouvait
un peu courte et elle avait bien du mal à inventer.
Zélie, bien plus zélé qu’Hortense lui arracha
la peluche des mains et recommença sur son thème chéri de Blanche-Neige. Ses
parents lui avaient lu tous les contes possibles et imaginables, des vingtaines
de livres ou plus. Mais Zélie ne voulait rien entendre. Seule comptait
Blanche-Neige, c’est tout juste si elle n’était pas sourde aux autres histoires.
Elle attrapa son méchant loup fermement par la peau du dos et se posta devant
son beau miroir
− Miroir, mon beau miroir, où est la méchante
reine, tu sais, la sorcière moche ! Elle a donné la pomme avec du poison qui
a dormi Blanche-Neige. Il faut la punir pour la bêtise ! Zélie avait du
mal à prononcer distinctement tous les mots que sa tête voulait dire tout en
même temps.
C’est alors que Tonton André est entré. Il
écoutait depuis un moment sa petite nièce derrière la porte. Et il se met à
rire.
− Va moins vite, ma chérie, tu veux dire trop
de choses à la fois et tout se mélange !
Il s’approche de Zélie qui se trouve vexée. Et
regarde effarée le Grand méchant loup censé punir la sorcière de son méfait.
− C’est ça ton Grand méchant loup, ma
puce ?, demande-t-il en riant, on dirait un petit chiot tout mignon !
Fais-lui plutôt un câlin ! Tu sais que c’est un petit husky, tu sais les
chiens de traineau, qui vivent dans le froid, avec le Papa-Noël ?
− Non, c’est pas un chien, lui dit Zélie de
plus en plus zélée, c’est un loup et c’est toi qui me l’a donné pour qu’il me croque les pieds la nuit… Alors,
si c’est un loup, ça fait peur ! Tandis qu’elle dit ces mots, elle avance
et manque s’entraver dans sa longue robe brillante.
− Zélie, tu devrais enlever cette robe, elle
est trop grande pour toi, tu risques de tomber et de te faire mal, lui
conseilla Tonton André.
− Mais moi, je veux être grande, arrête de me
dire que je suis petite ! C’est pas très gentil, rétorqua la petite fille.
Tonton André se retourna. Quelle ne fut sa
surprise lorsque ses yeux se posèrent sur le miroir kitchissime de tata Linette,
de découvrir en lieu et place du reflet du craquant petit chiot, un loup
terrible, aux babines acérées, bavant et montrant les crocs dans une grimace
qui aurait effrayé l’adulte le plus incrédule qui soit prêt à lui bondir dessus.
Déstabilisé, il quitta la chambre sur le champ.
Ce fut ce jour-là que Tonton André fut
définitivement mouché.
Moralité : Une chambre d’enfants est un royaume aux mille surprises. Ce n’est pas là un endroit pour les grands. Des choses bien curieuses peuvent s’y dérouler. Laissez la magie opérer et affairez-vous donc à des occupations de votre âge… Il vous faut accepter qu’il y ait des choses qui ne vous regardent pas !