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Le défi du samedi
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7 mai 2022

L'embistrouille (Vegas sur sarthe)


Chez nous à 5 ans on était un beuzenot, à 10 ans on était un drouilloux
 et à 14 ans on était un beunet alors que les filles – les p'tiotes – l'étaient  toujours moins que nous.
J'ignore qui a dit que les mecs sont des nanas comme les autres mais vous allez voir que c'est faux.
Charlotte en avait eu vite assez de nos batailles de gratte-cul et du chapardage des prunes dans le verger du père Martenot ; faut dire qu'on se gueudait de ventrées de prunes à en chier partout et qu'on a recrépi plus d'une fois les chiottes municipales.
Et puis elle avait gagné en maturité – pas seulement sous son tee-shirt – en m'initiant à fumer du sureau et à en faire fumer aux crapauds jusqu'à ce qu'ils éclatent.
En plus de la clope on était remplacé nos verres de limonade par des galopins de blanc-cassis – en hommage au chanoine Kir qui veillait sur notre bonne ville bourguignonne – qu'elle piquait dans la cave de ses vieux en passant par la borgnotte tandis que je faisais le pet ; aussi était-on torchés bien avant l'heure.
 Nos vieux qu'étaient pas nés de la dernière rabasse nous filaient une bonne tisane de temps en temps mais on s'en remettait vite, la preuve qu'on peut avoir à la fois la peau tendre et la caboche bien dure.

Quand Charlotte m'a parlé de se mettre à la colle j'ai pensé aux drogues dures et je la savais capable de me forcer à dévaliser les petits pots dans  l'armoire de l'instit mais elle était tellement morte de rire que j'y comprenais plus rien.
J'ai senti l'embistrouille mais avant que j'aie pu jarter c'était déjà trop tard.
Elle a pris ma main et on est montés à l'arrière de la treue de ses vieux.
C'était une vieille demoiselle, une fourgonnette Juvaquatre qui dépassait pas le trente à l'heure mais on s'en foutait vu qu'elle roulait jamais plus d'une heure.
J'avais le virot – le mal au cœur si vous préférez –  quand elle a guidé mon doigt pour jouer avec son nombril …
C'était donc ça qu'elle appelait se mettre à la colle !

Sauf que c'était pas mon doigt, c'était pas son nombril non plus et elle s'appelait pas Charlotte mais Germaine.
La suite, vous la connaissez

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23 avril 2022

Du balai (Vegas sur sarthe)


L'évier déborde de vaisselle
et ça pue le chou de Bruxelles
le robinet bat la breloque
ce n'est pas moi c'est ma coloc

La maison est un lupanar
le rendez-vous de gros connards
des rosbifs et des amerloques
je n'y peux rien, c'est ma coloc

Le linge s'étale au balcon
des culottes et des pièges-à-con
des cœurs croisés d'une autre époque
je ne dis rien, c'est ma coloc

Un jour j'y mettrai le hola
j'en ai soupé de la smala
échevelée ou en dreadlocks
et je virerai ma coloc

 

16 avril 2022

T'as d'beaux yeux tu sais (Vegas sur sarthe)

 

« Ça a débuté comme ça » écrivait Céline dans son « Voyage au bout de la nuit ».

Ça a débuté comme ça sans qu'on sache pourquoi – les bigotes diraient par l'opération du Saint Esprit - dans une nuée de poussière âcre et ocre portée par une virginale brise matinale. Je sais, ça n'est pas très poétique mais à l'époque on ne faisait pas dans la dentelle.
On raconte que c'était le sixième jour et que ce jour-là naquirent de cette poussière âcre et ocre tombée des nues: Moi et Elle.

Ça a débuté comme ça à cause de tous ces piafs et autres bestioles à qui IL avait eu la bonne idée de dire "Soyez féconds, multipliez-vous" et qui forniquaient et niquaient fort du matin au soir.
Alors forcément ça nous a donné des idées à Elle et à Moi... surtout à Elle parce que moi je me serais contenté de faire la sieste toute la journée sous un pommier ou un figuier, mais c'était sans compter sur son baratin.

C'est elle qui avait créé le baratin, LUI en était incapable et préférait parler en paraboles … « ça porte plus loin » disait-IL.

J'ai successivement été intrigué, puis bercé, puis hypnotisé, puis saoulé.

Avec le recul je me dis que c'est vachement bien foutu ce baratin car c'est traître comme les RTT (les cocktails Rhum Téquila Tabasco).
Finalement elle a dit « T'as d'beaux yeux tu sais » et j'ai répondu « Embrasse-moi » sans savoir pourquoi.


Ça a débuté comme ça par des regards langoureux puis des chatouilles, des papouilles, des léchouilles enfin tous ces trucs en ouille que vous faites aujourd'hui machinalement, alors que pour nous c'était la première fois, la toute toute première fois comme couine Jeanne Mas.
Forcément on était maladroits et j'aurais bien voulu vous y voir mais ne vous pouviez pas y être puisqu'il y avait que nous et qu'il aura fallu tâtonner jusqu'au VIème siècle en attendant la parution reliée et beurrée sur tranche du kâma sûtra.


Alors on l'a fait sous son regard à LUI et je vous souhaite pas ça parce que c'est vachement gênant: c'était à l'Eden Park contre un arbre fruitier ou un figuier (peu importe) où s'était lové un serpent qui avait des bras et des jambes - oui, un serpent ça se love - bref je vous passe les détails de peur qu'on dise qu'au sixième jour on fumait déjà des herbes bizarres!

Ça a débuté comme ça sur les chapeaux - il n'y avait pas encore de roues -  et Eve a mis les bouchées doubles si j'ose dire puisque ça a continué comme ça ; tant bien que mal on a eu Caïn et Caha et puis Abel et sa jumelle De Cadix (rapport aux bouchées doubles).

Puis pour fêter mes cent trente ans on a fait Seth, ne me demandez pas pourquoi, je n'ai jamais été doué en prénoms ni en chiffres.
Après ça j'ai eu de plus en plus de mal à compter et il paraîtrait qu'aujourd'hui vous êtes près de sept milliards à vous regarder le nombril !
Ça ne risquait pas de nous arriver vu qu'Eve et Moi on n'a pas eu droit au nombril.

 

J'ignore comment tout ça va finir mais une chose est sûre : le baratin, ça marche et c'est héréditaire !

9 avril 2022

Fonction érogène (Vegas sur sarthe)


Bien que Germaine m'ait déconseillé d'y toucher sans sa permission j'avais compulsé ses Roberts  – deux beaux volumes au cuir fauve qui avaient perdu de leur fraîcheur au fil des ans sur les rayonnages de notre bibliothèque –  mais je trouvai enfin le mot que je cherchais, niché sournoisement entre asymétrique et asynchrone, deux mots aussi hermétiques que la petite culotte d'une rosière.
Je la tenais – ou plutôt je croyais la tenir – cette chose « qui tend vers autre chose sans jamais l'atteindre » comme disait Robert au cuir fauve et comme disait ironiquement Germaine lors de mes rares tentatives d'accéder à son point G !
Dans ces moments de grand désarroi les mots de Victor Hugo refaisaient surface : « Approcher toujours, arriver jamais »; il n'y a rien de pire qu'imaginer la barbe blanche de l'auteur des Misérables pour couper tout élan libidineux.

Qu'y a t-il de plus alambiqué que les maths à part les femmes ?
Je ne sais plus qui a dit qu'en mathématiques on ne comprend pas les choses, on s'y habitue et avec Germaine c'est pareil.
J'ai parfois l'impression d'avoir épousé une inconnue et de n'avoir jamais résolu l'équation ; heureusement que quand on aime on ne compte pas.
Il n'y a pas plus frustrant qu'une asymptote mis à part la savonnette dans le bac à douche et pas mal de Défis du Samedi.

Alors j'ai cessé de penser au dramaturge barbu et de chercher midi à minuit.
Quand Germaine me parle de ses problèmes de sinus ou de ses racines capillaires, je fais mine de l'écouter en souhaitant juste qu'elle ne prenne pas un jour la tangente ...

2 avril 2022

Mort subite (Vegas sur sarthe)

 
Dès sept heures au bistrot «Ici le brasseur sonne à la lie » l'ambiance est déjà animée.

« Salut Paulo, je t'en tire une petite ? »
« Ah ne me tente pas de bon matin ! »
« Aujourd'hui j'ai reçu d'la Turlutte et d'la Kékette Extra large »
« Déconne pas »
« Qu'est-ce que j'te sers alors, sans vouloir te mettre la pression ? »
« Mets-moi juste une portion de frites »
« T'es au courant du dicton connu comme le houblon ? »
« Toi et tes dictons … vas-y quand même»

« C'est pas les frites qui font grossir
mais c'est la bière qu'on boit avec »
« T'es pas drôle »
« Et celle-là ? Bière qui coule n'amasse pas mousse »
« Arrête ! T'as gagné … mets-moi une Fischer »
« Alors y faut que j'te chante ça :

Et je suis fie-er et je suis fie-er
et je suis fier de boire une Fischer »

« T'es pas drôle … heureusement que les bourguignons sont trop loin pour t'entendre»

«Au fait Paulo, tu sais que le vieux Willems a fait une mort subite ? »
« Willems le biérologue ? C'est son boulot la mort subite »
« Non Paulo. Il a vraiment cassé sa pipe »
« Vains dioux ! Remets-moi une Fischer»
« Et tu sais pas ce qu'y z'ont gravé sur sa tombe ? »
« Euh non »
« il a fait d'une bière deux coups »
« Et ben sa famille devait être affligée pour écrire ça »
« Non, y z'étaient Affligem »
« C'est pas marrant »
«T'as raison, c'est pas marrant »

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26 mars 2022

Le youyou pour les Nuls (Vegas sur sarthe)

 

Le youyou est la version anglaise du tutu français, du dudu allemand et du tyty polonais.
C'est aussi un petit perroquet du Sénégal bien que le petit perroquet soit également une voile de bateau carrée, voile dont s'affublent les femmes sénégalaises qui poussent des longs cris aigus et modulés de colère ou de désespoir appelés youyous quand leur barquette appelée aussi youyou se met à prendre l'eau …
Un youyou peut résonner très longtemps, la preuve en est qu'on peut encore entendre aujourd'hui celui de la chanson Musulmanes de Michel Sardou enregistré à leur insu en 1986 !
Ceci étant dit et au risque d'ajouter à la confusion, on notera le youyou tunisien, fameux beignet oriental fait de farine, œufs et orange qui vous clouera le bec pour un bon moment mais qui permet de colmater les trous des petites barques où se tiennent les femmes sénégalaises qui poussent des longs cris aigus et modulés de colère ou de désespoir appelés youyous mais ça on l'a déjà dit.
Bien que Pierre Perret ai chanté haut et fort « Tout, tout, tout vous saurez tout sur le youyou », et après avoir ramé sur les sites d'information concernés je crains qu'en fin de compte on ne nous mène en bateau.

 

 

19 mars 2022

Multi-technicien (Vegas sur sarthe)


Je venais de finir mon boulot quand sans avoir rien demandé on m'a invité à rejoindre le casert, le casernement comme ils disent ici.
J'ai à peine rangé tout mon matériel dans le coffin au bout du lit que j'ai eu droit à l'absorption.
Je craignais un bizutage mais l'absorption c'est de la rigolade; on m'a juste passé un seul bijou de famille au cirage permanent. C'est Germaine qui sera surprise.

Avec les cocons, mes voisins de promo, on apprend tant bien que mal la langue du « pays ».
Pour plateau il faut dire platal mais bizarrement pour crotale on dit crotaux.
Pour un bon coeff à l'exam on va faire des manip au labo … y paraît que l'exam final sera « chiadé » !
J'avais prévenu que j'étais le technicien mais le missaire – comprenez le commissaire – dit qu'on va m'apprendre à devenir un technicien poli.

Depuis qu'on m'a remis une épée qui s'appelle la tangente et un claque en forme de bicorne, on m'appelle conscrard, conscrit si vous préférez.
La tangente, j'ai vraiment envie de la prendre au plus vite.
Le week-end arrive et j'espère avoir une prolonge de sortie pour aller retrouver Germaine : on m'avait promis du X mais ici y a pas une seule nana !

Il serait temps que le pitaine réalise que j'étais juste venu réparer une fuite dans les gogs.

12 mars 2022

La guerre du wok (Vegas sur sarthe)

 

Quand il a débarqué à la maison j'ai craint que rien ne serait plus jamais comme avant.
Bien sûr il allait rejoindre hors de ma vue tous ces engins bizarres qui encombrent l'espace privé de Germaine – sa quitcheune comme elle dit – mais je savais bien que cela aurait des répercussions sur le contenu de ma gamelle.
C'était un wok! (Prononcer Ouoque, comme un renvoi ou une remontée gastrique)
Tous les mots de trois lettres qui valent plus de vingt points au scrabble ont toujours été pour moi une source d'angoisse.
Avec un nom pareil cette calotte pointue façon casque de samouraï ne pouvait que venir d'Asie. Je me suis bien gardé de l'essayer sur ma tête et Germaine s'empressa de l'emporter dans son camp retranché en m'envoyant me faire cuire un œuf.
Je ne risquais pas de la suivre dans son antre, ce lieu enfumé et nauséabond ne m'avait jamais inspiré confiance.
Elle avait osé brandir son ouoque et ses arguments d'une cuisine minceur, ennemis juré de l'andouillette XXL et du cassoulet que j'affectionne tant !
Une fois de plus la guerre était déclarée entre votre serviteur et sa femme à poêle.

J'ai battu en retraite en me réfugiant dans le salon derrière le rempart du bar aux liqueurs et mon stock d'amuse-gueules.
Je pouvais tenir le siège quelques heures avec tous les épisodes de Top Chef que j'avais enregistrés et je ne lui donnais pas dix minutes pour cramer sa recette et hurler au cessez-le-feu.
Et c'est ce qui arriva.
Vint l'heure des négociations … j'adore ces moments là que j'avais connus notamment lors de l'explosion de sa cocotte-minute et lors du grand bug de son robot cuiseur connecté.
Germaine agitait son tablier en guise de drapeau blanc, elle se fit câline, je lui tendis mon extincteur de voiture et elle ses lèvres boudeuses; la maison retrouva une paix précaire mais olympienne.

Bocuse disait « l'homme a toujours besoin de manger et de se reproduire, et dans les deux cas il faut passer à la casserole » alors de grâce, reprenez vos woks et on évitera les conflits ...

 

5 mars 2022

Quai des brumes (Vegas sur sarthe)

 

Ce matin-là je crus avoir été réveillé par les ronflements de Germaine, un bruit plus proche du soufflet de forge de Vulcain que du vrombissement printanier d'un cul-blanc … le cul-blanc n'est rien d'autre qu'un bourdon des jardins.

Je réalisai alors que ce n'était pas son habituel ronflement qui m'avait réveillé mais une douleur aiguë au cou, comme une piqûre confirmée par quelques taches de mon sang sur la couette.

 

J'enfilai mon slip et remontai mes mules – ou plutôt l'inverse – et fonçai à la salle de bains pour découvrir le carnage que me renvoyait la glace.

J'avais été mordu à la veine jugulaire, ce vaisseau favori qui permet aux vampires de vous pomper deux litres de sang dans la nuit.
A cette idée, je sentis flageoler mes guibolles, la tête me tournait et mon palpitant passa en surrégime !

Je m'étais toujours cru à l'abri de ce genre de mésaventure mais ni l'ail que j'avais mangé la veille ni le crucifix accroché au mur au dessus de Germaine n'avaient joué leur rôle protecteur.

 

Le bruit de moteur qui émanait de la chambre avait redoublé et je crus déceler un ricanement entre deux changements de régime.

Certes Germaine et moi avions dans la nuit fait œuvre de chair et promptement effeuillé le kamasutra mais mis à part une levrette, un rapide cheval à bascule et une esquisse de brouette japonaise, il n'avait jamais été question du baiser du vampire !

 

Je retournai dans la chambre. Il fallait que j'en aie le cœur net bien qu'un interrogatoire matinal soit totalement exclu après cette nuit agitée.

J'allais envisager un discret examen dentaire à la faveur de sa bouche grand ouverte quand Germaine entr'ouvrit un œil.

Ce n'était pas l'œil de ma dulcinée mais un horrible œil rouge, lumineux comme on en voit dans la version colorisée de Nosferatu et je remerciai le diable qu'elle n'en ait ouvert qu'un seul.

Quant aux doigts manucurés qui cramponnaient la couette, ils tenaient plus de la serre de vautour que d'une main féminine.

Que Germaine fut une femme fatale, je n'en doutais pas un instant mais une femme vampire ?

L'oeil rouge s'était éteint dans un soupir mais je constatai que le crucifix était de travers.
Je ne me souvenais pas avoir ébranlé le mur pendant nos ébats; j'ai toujours horreur de casser du matériel dans les rares moments où je bricole.

J'étais accroupi à repenser à tout ça en regardant dormir mon vampire quand elle ouvrit enfin la bouche pour dire d'une voix d'outre-tombe : »Qu'est-ce que tu fous là ? »
Ses paupières semblaient lourdes mais les deux yeux rouges étaient bien là.

Je ne sais pas ce qui m'a pris de dire : »T'as d'beaux yeux tu sais »
Avais-je rêvé ou avait-elle répondu « Embrasse-moi » à l'instar de Nelly dans Quai des brumes ?

 

Je m'enhardis à l'embrasser du bout des lèvres ; les siennes avaient un goût de soufre et ma douleur au cou avait disparu.

De sa serre de vautour, Germaine remit de l'ordre dans sa choucroute flamboyante et échevelée : »T'as pas encore fait le p'tit dej ? »

Je soupirai … j'avais retrouvé la vraie Germaine.

 

Elle ajouta, sarcastique : »Magne-toi Jean Gabin, j'ai rencard chez le dentiste ce matin »

 

26 février 2022

Un bug dans la Genèse 1.0 (Vegas sur sarthe)

 

 

 

Dans la nuit du cinquième au sixième jour, IL s'éveilla avec un mal de crâne carabiné, comme une tempête dans son cerveau embrumé.
IL se traîna à la porte de sa chambre de l'Eden hôtel – l'unique cinq étoiles des lieux – et jeta un œil au Judas avec une certaine appréhension.
Dans le ciel tout neuf son grand luminaire avait donné rendez-vous à son petit luminaire comme si le Malin avait piraté son interrupteur crépusculaire et dans ce flot de lumière crue IL découvrit le spectacle pathétique de toutes les bestioles qu'IL avait créées la veille en train de forniquer à tout va.
Au moins son fameux slogan « Croissez et multipliez-vous » avait été reçu cinq sur cinq et les bonobos n'étaient pas en reste.
La tempête qui redoublait sous son crâne venait probablement de ces RTT dont IL avait abusé, des cocktails Rhum-Téquila-Tabasco créés de la veille.
IL s'en enfila un avant de se recoucher.

 

 

Quand IL ouvrit les yeux il faisait grand jour … son grand jour, le jour du Seigneur et IL dit que c'était bien ; cependant IL lui sembla malgré la brume cotonneuse qui persistait sous son crâne qu'IL avait raté un épisode du feuilleton, voire plus.
IL chercha des yeux sa tablette ou plutôt ses tablettes sur lesquelles IL avait patiemment gravé sa Genèse 1.0 mais IL ne la trouva point !
Le malin avait-il pu faire main basse dessus pendant son long sommeil ?
IL jeta un œil au Judas pour la seconde fois et se figea.
Dans le hall de l'Eden hôtel se tenait un étrange petit bipède vert, d'un vert fluo, presque chlorophylle, qu'on appellerait plus tard le vert Adam.

 

IL dut s'asseoir un instant tant la surprise était grande.
« Bien trop de tabasco dans mon RTT » se dit-IL en se frottant les yeux.
IL se serait bien recouché puisque c'était son jour à LUI mais il y eut des coups légers contre la porte.
IL entrouvrit l'huis … qui d'autre que LUI aurait pu entrouvrir l'huis ?
Le petit bipède vert lui parut soudainement plus grand, perché sur d'affriolants escarpins en loup-bouquetins (mi-canidé, mi-chèvre pour les curieux).
Le bipède était nu comme un ver – en tenue d'Adam dirait-on plus tard – et sans se présenter il se mit à minauder : »Y aurait-il pas une piaule de libre dans ce garni ? J'me les gèle dans ce hall ouvert aux quatre vents »
Et dire qu'IL avait mis tout son cœur au deuxième jour pour créer les quatre vents, la mer, les golfes clairs et ses blancs moutons … bref.
A l'évidence IL constata que le petit bipède vert se les gelait bel et bien et dans sa grande bonté IL le fit entrer afin de lui proposer une feuille de vigne.
« Enfilez-ça » lui dit-IL et IL ajouta « Vous êtes seul ? » en réalisant l'incongruité de sa question.
« J'attends des clients » répondit le bipède « mais ça se bouscule pas »
« A qui ai-je l'honneur ? » demanda t-IL car il était temps de reprendre le contrôle des événements.
« Appelez-moi Adam » répondit le bipède « puisque c'est le blase qu'on m'a refilé »
IL soupira d'aise; Adam c'était bien puisque c'était son idée à LUI.
IL devrait juste corriger certaines petites choses, apporter plus de virilité à tout ça.
« Est-ce qu'il ne vous manquerait pas une côte ? » hasarda t-IL en croisant les doigts dans son dos.
« Certainement pas» s'offusqua le bipède « je suis parfaitement constitué de toutes les composantes de ma personne » et il ajouta « par contre vous avez l'air bizarre »
En effet tout était bizarre depuis … depuis deux jours.
IL avait bel et bien perdu les pédales et IL se surprit à proposer un RTT au petit bipède-vert-Adam qui l'accepta.
IL en prit aussi mais par pure politesse.
« Bien sûr y'a pas de Oui-Fi, ici ? » marmonna Adam.
IL ignorait qui était ce Ouifi et IL répondit au hasard «par contre j'ai plein de paraboles comme 'le fils prodigue' ou 'la brebis perdue ' »
« J'connais pas cette marque » répondit Adam en sirotant son cocktail de bienvenue.
Dehors, un sifflement lancinant se fit entendre.
IL jeta un troisième œil au Judas et vit ramper un immonde serpent devant sa porte et qui sifflait un air qu'on attribuerait plus tard à Jeanne Mas.
Ça sifflait comme ça : « Toute première fois, toute toute première fois » 

 

IL retourna s'asseoir afin de reprendre un RTT.
Là-haut dans une chambre le petit bipède vert s'emportait à nouveau «Nom de Dieu ! Y'a pas de réseau non plus »

 

IL avait créé tout son petit monde dans l'espoir que ça tourne rond, que chacun suive son chemin Caïn-Caha mais au vu des événements récents tout portait à croire qu'il allait falloir faire une croix sur Caïn …
« Faire une croix, quelle drôle d'idée » songea t-IL.
IL constata que le Nabuchodonosor de RTT était presque vide et réalisa que bien malgré lui IL venait de créer le bug.

 

 

 

 

 

12 février 2022

L'arrêt Galaad (Vegas sur sarthe)


Depuis que Jephté – le chef de bande des hommes de Galaad – a ouvert sa boîte de nuit branchée « L'arrêt Galaad » une foule se presse chaque soir pour s'y éclater jusqu'à l'aube.
Grâce à son légendaire pouvoir de persuasion Germaine a réussi à m'entraîner sur les rives du Jourdain mais si elle rayonne dans sa tenue de vestale du même tissu (la rayonne) j'ai plus l'air d'une vieille pétasse que d'un éphèbe dans une tunique bien trop courte pour moi.
Au bout d'une plombe on se présente enfin devant un cerbère taciturne qui se fend d'un rictus en découvrant mon accoutrement.
« Etes-vous Ephraïmites ? » aboie t-il comme tout cerbère.
« Non » répond Germaine qui a bien retenu la leçon.
L'écho de la fête nous parvient ...
« Aqaba, Aqabi
Aqabi où l'amour danse avec la nuit »

Derrière le cerbère on distingue un amas de corps enchevêtrés. « C'est ceux qui ont mal répondu aux questions» me susurre Germaine à l'oreille.
« Z'avez le code ? » éructe le cerbère taciturne.
Germaine opine du chef comme une première de la classe snobant ses copines devant la maîtresse ; elle déclame « Ciboulette ».
Le cerbère fronce les sourcils en portant la main au pommeau de son cimeterre.
J'ai comme une boule de kebbeh en travers de la gorge tandis que Germaine s'offusque: «C'est pas ça ? »
«Dernière chance » gronde le cerbère avec un clin d'oeil indécent vers Germaine, mais il me pointe du doigt et dit : «Vous ! »
C'est bien ma veine, ils ont dû changer le code.
J'interroge Germaine du regard mais elle a la tête ailleurs car dans la boîte de nuit ça chante à tue-tête :
« C'est pour les vivants
Un peu d'enfer
le Connemara »

A tue-tête ? A tue-tête c'est ce qui va m'arriver si je ne donne pas ce foutu code.
J'ignorais que les jordaniens connaissaient les lacs irlandais mais ça n'est pas ma priorité.
Instinctivement il me vient ail, oignon, échalote … Qu'est-ce qu'ils peuvent bien bouffer comme condiments dans le Galaad ?
Le cerbère n'est plus taciturne du tout, il a le cimeterre qui le démange alors va pour l'oignon puisque tout le monde sur terre mange des oignons.
Germaine me broie la main : »Dis quelque chose, on va pas finir sur ce tas de mecs »
J'ouvre la bouche.
Le cerbère a dégainé sa rapière tandis que dans la boîte ça crie : « And I'll survive, I will survive, hey, hey »
C'est plus fort que moi, je hurle : »Connards ! »
Avant de m'évanouir j'entends le cerbère dire « C'est ça »



Ma vestale échevelée est penchée sur moi : »Qu'est-ce que tu fous sur la carpette ? »
« Hein ? »
Je n'avais jamais remarqué qu'on possédait un tapis persan percé ...
« T'as encore fait un de tes cauchemars du samedi. Tu vas me faire le plaisir d'arrêter avec ces fichus Défis ! »
Je me mets à quatre pattes et je rampe nu comme un ver jusqu'à l'ordinateur.
Je n'ai pas l'air d'être mort et j'ai perdu cette ridicule tunique courte.
Je me connecte là où vous savez … pour une fois que j'ai une idée.


5 février 2022

Coin-coin cuisine (Vegas sur sarthe)


«Si j'avais eu un robot...  j'ai besoin d'un robot … quand j'aurai mon robot».
Combien de fois avais-je entendu cette litanie venant de la cuisine où Germaine officiait en légitime femme au foyer.
Si je m'étais finalement laissé convaincre c'est que Germaine sait être convaincante; donc après trois jours de grève du sexe je consentis à accéder à son désir d'adopter un robot.
Bien qu'elle partage la vie d'un esclave depuis quarante ans il lui fallait dominer en sus un androïde connecté, un engin « aux tomates » comme j'aimais lui faire remarquer avec cet humour qui caractérise son esclave de mari.
Ce à quoi elle répondait en affirmant qu'un robot ne cuisine pas que des tomates mais une foule de choses dont j'ignorais l'existence comme tout ce qui se cache derrière la porte de la cuisine.

Je me rendis sans grand entrain au rayon des robots d'un grand magasin où un spécialiste en robotique-informatique-bureautique-télématique – intitulé d'un badge au nom de J. Prévert – m'assaillit de questions saugrenues.
J'ignorais qu'il fallait une connexion internet dans une cuisine pour pétrir, concasser, mijoter, battre, fouetter, râper, trancher, émincer, mixer, émulsionner, me gonfler et me bassiner.
En fait un robot a beau être qualifié d'intelligent, il lui faut du wifi pour cogiter.

Quand on s'appelle Prévert, on ne devrait pas ignorer la célèbre citation  « le progrès c'est trop robot pour être vrai » mais ce spécialiste n'en avait cure et je me gardai bien d'étaler ma science.
J'appris une foule de choses comme le niveau sonore de 80 décibels d'un  robot en mode pétrissage, ce qui est bien inférieur à celui des grognements de Germaine en mode presse-purée manuel !
J'allais apprendre encore plein de trucs quand j'ai eu le malheur d'évoquer les Guides d'achat et les « communautés » d'utilisatrices sur internet !
J. Prévert – spécialiste en robotique culinaire – s'éclipsa en prétextant une urgence et je ne le revis jamais.
Livré à moi-même, encerclé par les bras, les spatules et les fouets d'une forêt d'androïdes connectés, j'échappai de justesse au lynchage en rampant jusqu'au rayon qui se trouvait être celui du Bien-être.

Là, entre un coussin de massage shiatsu et une lampe de luminothérapie, un joli petit canard rose, vibrant et sans fil me faisait de l'oeil.
Je m'assurai qu'il ne nécessitait pas de wifi et fonçait à la caisse.
Après tout, Germaine avait dit robot sans préciser culinaire … et puis un canard laqué – même rose – ça n'est pas hors sujet.

29 janvier 2022

Salade de fruits et légumes (Vegas sur sarthe)


On poireautait en rangs d'oignons depuis deux heures pour assister à une projection de « Pas de marche arrière pour les polochons », un navet que Germaine avec son cœur d'artichaut m'avait supplié d'aller voir, le genre de nanar à la noix qu'on produit en escomptant mettre un peu de beurre dans les épinards.
Un mioche poil-de-carotte et haut comme trois pommes qui nous précédait se fendit la poire à la vue d'un vieillard en chapeau melon qui sucrait les fraises dans la file d'attente.
« Les carottes sont cuites » me souffla Germaine à qui les moqueries du rouquin commençaient à courir sur le haricot.   
Mi-figue mi-raisin, je prenais mon mal en patience tandis que derrière nous – pressés comme des citrons – les candidats au navet poussaient comme des champignons !
Germaine voulait absolument voir ce chef-d'oeuvre quand moi je voulais juste aller folâtrer sous la couette. Le gamin qui espionnait notre discussion en pouffant est allé s'occuper de ses oignons avant qu'il se prenne un marron.
Alors on a coupé la poire en deux histoire de ne pas se prendre le chou plus longtemps: on irait prendre un pot chez Gégène et – cerise sur le gâteau – une banana split à l'encre de seiche !
De retour à la voiture un papillon virevoltait sur le pare-brise … on s'était pris une quetsche.

22 janvier 2022

J'ai dû ronfler trop fort (Vegas sur sarthe)

 

Il y a des lustres que Germaine et moi possédons chacun notre oreiller, c'est plus commode quand on fait chambre à part (je parle d'oreiller et non pas de lustre ni de commode).

Si je me contente d'un oreiller basique – 9.70€ chez Amazon – Germaine a eu l'idée saugrenue d'investir dans un oreiller ergonomique, microfibre anti-acariens et à mémoire de forme !
Ça me fait marrer cette expression « Mémoire de forme », comme s'il existait des oreillers pour Alzheimer ...
Si Germaine en a besoin pour se souvenir de ses formes, en tant que conjoint je m'en souviens très bien après toutes ces années.
Anatole France disait qu'une femme sans poitrine est un lit sans oreiller … je peux dire qu'avec Germaine je n'avais nullement besoin d'oreiller.
Ah ses formes ! Je me souviens de l'époque où – jeunes mariés – on faisait traversin commun, c'était un grand polochon en duvet de canard eider comme on n'en fait plus guère.
Je reste persuadé que c'est le duvet de canard eider prélevé quand la femelle incube qui lui flanquait des fantasmes libidineux dans le cervelet.
Faute de rideaux pour y grimper lors de nos ébats effrénés, elle en a mangé du polochon ma Germaine.
Plus tard on a été assez riches pour s'acheter des rideaux et on a remisé le polochon à la cave avec son bouquet de mariée desséché et mon costume trois pièces.

Bien plus tard elle a eu encore des formes et des migraines aussi, alors que moi je n 'ai pas changé d'un poil.
A ce tournant de notre vie de couple – à ce virage à 180° qu'elle m'imposait – je pensais qu'on se comprendrait car on dit que sur l'oreiller on se comprend mais quand chacun possède le sien c'est plus compliqué.
« J'ai dû ronfler trop fort » comme chantait Bashung.
J'ai fait des pieds et des mains pour lui trouver un oreiller anti-migraines mais je n'en ai trouvé nulle part; alors en guise de clin d'oeil à nos jeunes années, comme un appel du pied (alors que le pied n'a rien à faire là-dedans) j'ai remonté notre polochon de la cave comme on remonterait un vieux cru poussiéreux et millésimé.

Il avait une forte odeur de moisi qui n'incitait pas à la bagatelle – comme bouchonné, tire-bouchonné – mais je l'ai quand même déposé religieusement sur le lit de Germaine.
Le lendemain je l'ai retrouvé dans la poubelle du jardin. J'ai donc compris le message : il n'y a pas de marche arrière sur un polochon et toutes nos belles années sont rangées dans la naphtaline au rayon Souvenirs.
J'ai bien envie de lancer un #balance-ton-polochon sur les réseaux.

Le passé c'est le passé et j'en ai la preuve depuis que j'ai tenté l'ultime expérience : un soir j'ai mis mon dentier sous l'oreiller pour attirer la petite souris.
Le lendemain matin la petite souris avait bouffé l'oreiller et c'est Amazon qui a eu l'argent.

Je t'en foutrais des mémoires de forme, moi !

 

15 janvier 2022

Tout ça c'est des histoires (Vegas sur sarthe)

 

 

« Dis maman, pourquoi l'ogre bouffe les petits enfants ? »
« Parce que l'avaleur n'attend pas le nombre des années, mon chéri »
« C'est qui çui qu'a dit ça ? »
« C'est Corneille, mon chéri »
« Les chanteurs sont relou des fois, non ? »
« C'était pas un chanteur, mon chéri c'était un poète »
« Et c'est quoi un ogre qui mange des figues et des canards de Barbarie ? »
« C'est un ogre de Barbarie, mon chéri »
« C'est pour ça qu'il fait de la musique ? »
« Non, ça c'est l'ogre qui mange trop de haricots »
« Pouah ! C'est gore »
« Non mon chéri, on dit ogre »

« Et c'est quoi un petit poucet ? »
« Je pense que c'est un enfant qui envoie des SMS avec ses deux pouces »
«Mais t'en es pas sûre »
« Euh … non mon chéri »
« Donc t'es pas sûre pour le petit poucet mais t'es sûre pour l'ogre de Barbarie qui mange des fayots ? »
« C'est ça »

« Je vois. Et c'est quoi des pompes de sept lieues ? »
« Ce sont des bottes qui permettent de parcourir trente kilomètres en une enjambée »
« Bon, je te remercie bien. Je crois que je vais lancer un hashtag Balance ton Perrault ... »

 

 

8 janvier 2022

Vieux routard que j'aimais (Vegas sur sarthe)

 

En ces temps dérangés il faut être nomade
voler par la pensée vers des contrées plus vertes
faire au fond de nos lits de belles découvertes
sentir nos cœurs ardents qui battent la chamade

Courir le guilledou au rythme des saisons
fourrager au buisson sans souci des épines
surprendre à son terrier l'agile salopine
ou l'oie blanche alanguie jusqu'à la plumaison

Oublier d'où l'on vient pour mieux y revenir
et jouer les routards sans guide ni contrainte
sur la carte du tendre ouvrir des labyrinthes

Jalonner nos parcours d'intrépides conquêtes
et quand nous aurons bien éculé nos baskets
rentrer fiers et repus, gavés de souvenirs

 

1 janvier 2022

Un truc en béton (Vegas sur sarthe)

 

À Noël l'empereur Claudius, Claude de son prénom et non pas Noël – imbécile notoire, bègue, boiteux, épileptique et tyran indigne – avait décidé de s'offrir un aqueduc pour sa bonne ville de Nemausus (Nîmes pour les incultes), « un truc mastoc en béton romain » disait-il en se poilant car boire de l'eau était le cadet de ses soucis.
A sa mise en service, le truc devait débiter 400 litres d'eau par seconde mais il fuyait tellement qu'au bout du truc appelé Castellum divisorium (le bout du truc pour les incultes) on n'y voyait goutte; alors on fit venir de Castoramus et du lointain royaume de Merlin les plus grands spécialistes de l'étanchéité afin de remédier au problème.

D'après Rutilius Taurus Palladius – dit simplement Palladius – il fallait colmater les fuites avec un enduit qu'il appelait maltha, fait de chaux éteinte dans du vin de l'AOC Costières de Nîmes, et incorporée avec de la poix fondue et des figues fraîches qu'on financerait facilement avec un impôt figues. Mais Claude refusa le projet, prétextant que c'était balancer le vin pour rien.

Selon Pline – dit le Pipe Pline – ce maltha qu'il nommait malthe pour se distinguer devait être constitué de chaux fraîche éteinte avec du vin des Côtes du Rhône et broyée aussitôt avec de la graisse de porc et des figues qu'on financerait tout aussi facilement avec un impôt porc. Mais Claude refusa le projet, prétextant que c'était balancer son porc.

C'est finalement le roi Merlin (dit l'Enchanteur) qui l'emporta – celui par qui les envies prennent vie – avec son Mastic de fleur de chaux et d'huile du moulin de Fontvieille (moulin de Daudet pour les incultes, Daudet qui écrivit des lettres à son moulin pour les mêmes incultes), additionné de mâchefer et de sang de bœuf, dopé à la gomme ammoniaque et au soufre fondu mais c'est surtout sa belle couleur rouge qui plut au sanguinaire Claude.
Le projet fut voté ainsi que le très impopulaire Impôt bœuf (même si l'on sait le sort réservé aux mécontents).
Le mastic était né et Claude bientôt mort ...

 

26 décembre 2021

Charlatan (Vegas sur sarthe)

 

Quand l'ostéopathe m'a rabâché trois fois que j'avais dû faire un tour de Rhin alors que j'étais resté enfermé toute la semaine à bricoler à la maison, je n'ai pas pu m'empêcher de lui répondre de changer de disque.
Quand il m'a répondu que le remplacement d'un disque était une opération délicate et onéreuse – bien plus chère que chez Midas – j'ai récupéré ma carte vitale et je suis parti en courant ou plutôt je suis parti en rampant.
Quand je pense qu'il n'a même pas été fichu de préciser si c'était le Haut-Rhin ou le Bas-Rhin.
Vu l'endroit où j'ai mal je dirais – et je ne suis pas médecin – qu'il s'agissait du Bas-Rhin.
Quand je pense qu'après 5 ans d'études il est arrivé à un tel diagnostique, il aurait mieux fait d'apprendre la géographie.
Charlatan !

 

11 décembre 2021

Wikipedia m'a tué : (Vegas sur sarthe)

 

Attendu que le jitterbug peut être utilisé comme nom pour désigner un danseur de swing

Attendu que le swing est à l'origine des danses dansées sur le swing

Attendu que ce swing désigne une manière d'être essentielle du jazz

Attendu que le jazz est un genre musical créé au sein des communautés afro-américaines

Attendu que les afro-américains sont à grande majorité des descendants des esclaves déportés en Amérique Septentrionale

Attendu que l'Amérique Septentrionale est la région la plus au Nord des Amériques bien qu'elle se différencie de l'Amérique du Nord !

Attendu que … que j'en ai marre d'attendre, on peut dire pour résumer que le jitterbug c'est chouette

 

4 décembre 2021

Arrivage musclé (Vegas sur sarthe)

 

Le vacarme qui nous avait réveillés en sursaut fut suivi du beuglement de Germaine : «C'est quoi ce b..... ? T'as entendu ? Non, c'est vrai que t'entends jamais rien»
Avant qu'elle m'ait dit de me lever pour aller voir ce que c'était que ce b..... que je n'avais pas entendu, j'avais pris mon courage à deux mains et chaussé mes charentaises à deux pieds.
Ce b..... semblait être venu du salon.
Un long chuintement avait été suivi d'un coup sourd assez fort pour couvrir mes acouphènes persistants.
Armé d'un tisonnier je contournai le sapin « planté » de la veille pour me diriger vers un nuage de suie qui flottait à hauteur du manteau de la cheminée, masquant par bonheur le cadre en buste de tante Anastazia …

Germaine m'avait finalement rejoint devant l'âtre refroidi et contemplait le désastre au travers de cet épais masque de nuit hydratant dont elle s'enduit chaque soir jusqu'à la racine des cheveux.
Je faillis lui dire qu'elle était belle avec sa choucroute désordonnée à la Bardot et son déshabillé de pilou mais ça aurait sonné faux.
Elle répéta «C'est quoi ce souk ? ».
Dans sa bouche et après mûre réflexion le lupanar s'était changé en bazar maghrébin.
J'ai balayé la suie d'un revers de main. « Regarde ça Germaine. Y'a comme des paquets enrubannés là dessous » dis-je perplexe.
Déjà Germaine me poussait, ramassait à plein bras la demi douzaine de boîtes noircies pour les porter vivement dans la poubelle du garage.
Elle revint en soupirant, belle et inaccessible dans ce déshabillé de suie avec son masque de nuit … on eut dit Belphégor mais je me gardai bien de lui faire mon compliment.
« Marre de ces cadeaux publicitaires » bougonna t elle en reprenant le chemin du lit.

Dans la nuit, un père Noël grimaçant vint me hanter.
Demain matin, j'irais quand même jeter un oeil dans la poubelle ; il me tardait tant que le jour se lève, je n'avais pas été tous les jours très sage mais j'en demandais pardon.

 

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