Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 270
Derniers commentaires
Archives
18 août 2018

David Albert Lynch (Vegas sur sarthe)


Comment Germaine avait-elle fait pour m'entraîner dans le grenier familial ?
C'est fou ce qu'on peut garder comme cochonneries dans ces musées de vieilleries qui sentent le vieux cuir et le patchouli.  
En éternuant je sortis la croûte de l'étui poussiéreux qu'elle m'avait désigné d'un doigt tremblant; la tête abandonnée sur mon épaule, Germaine défaillait et pour une fois ne disait rien, ce qui mérite d'être souligné.
La toile apparut et je poussai un sifflement admiratif :"Tes vieux se sont pas fichus d'toi, ma poule"
"C'est tout c'qui m'reste d'elle" souffla t-elle et elle ajouta avant de s'évanouir : "M'man était belle, hein ?"

Ses pâmoisons ne duraient jamais longtemps, dans dix secondes j'allais savoir ; je demandai : "C'est qui qu't'appelles M'man ?"
"Ben ma mère, Paulette... ta belle-mère quoi! Tu r'connais pas ta belle-mère ?"
Les deux femmes du portrait évoquaient plus des gourgandines en goguette que des mères de famille.
Si j'avais rencontré une belle-mère comme ça, je m'en serais souvenu, je n'aurais même pas eu un regard pour sa fille et donc elle n'aurait pas pu être ma belle-mère et bref... tout ça commençait à me prendre le chou.
"Ta mère... ma belle-mère... c'est la rousse qui pose masquée ?"
Germaine avait vite repris des couleurs : "Mais non! Elle est en blanc dans sa robe de mariée en satin avec les perles assorties, celle-là même que j'ai portée à mon tour pour notre mariage mais Môssieur était bien trop pressé de m'la retirer pour s'en souvenir aujourd'hui !"
Elle sanglotait.
Là, Môssieur n'avait plus qu'à s'raccrocher aux branches pour ne pas s'enfoncer un peu plus comme d'habitude : "Maint'nant que tu l'dis, c'est vrai qu'vous vous ressemblez... elle était vachement belle à l'époque"
C'est vrai que le "à l'époque" était de trop mais c'était la vérité et puis j'ai jamais su me raccrocher aux branches.
"Normal" lança t-elle, furibonde "c'était la Belle Epoque"
Il fallait faire diversion : "et la grande rouquine qui s'cache derrière alors ?"
"Oh celle-là c'était l'Angèle Lupin, une copine d'enfance mais on n'a pas l'droit d'en parler vu qu'elle avait débauché mon père"
J'insistai pourtant : "Lupin, d'la famille d'Arsène Lupin ?"
Germaine me dévisageait : "Pourquoi ? Toi aussi tu connais une Lupin ?"
"Non, chérie... c'est juste à cause du masque, ça fait ringard, limite chelou"
Germaine explosa : "Chelou ? Un Lynch chelou ? Tu réalises que t'es devant un Lynch ?"
Je poussai un second sifflement admiratif : "Lynch ? Celui qu'a fait Elephant Man ? J'te crois pas... ta mère a fréquenté David Lynch, elle qu'avait jamais quitté Chateauroux ?"
Comme moi, Germaine s'était arrêtée de respirer.
Elle astiqua ses lunettes et se pencha sur le tableau, y cherchant la signature de celui qui avait immortalisé la sublime Paulette et la mystérieuse rouquine Angèle Lupin briseuse de couples.
"Albert Lynch !" hurla t-elle "Albert... pas David"
J'étais pourtant sûr que Lynch se prénommait David et je sentis qu'on allait encore se prendre la tête pour rien, déjà que son Angèle n'était pas une vraie Lupin, de la vraie famille de détrousseurs mondains.
J'avais du mal à imaginer Lynch barbouillant des toiles et encore moins pour des modèles comme ma belle-mère et sa rivale.
Germaine revenait à la charge : "Et le chapeau ? Tu t'souviens au moins d'mon chapeau à plume ? Tu l'avais rajouté dans ma corbeille avec la jarretière pour faire monter les enchères! Dès ce moment-là j'ai cerné l'bonhomme que j'épousais!"
Le bonhomme  – c'est à dire moi – se souvenait surtout du mousseux éventé de chez Félix Potin, des chaussures André trop neuves et de l'accordéoniste, de ses canards et de sa danse des canards... et trop peu de sa belle-mère.
On dit qu'avant d'épouser une femme il faut regarder sa mère ; on dit aussi que le mariage est la première cause de divorce mais on n'en était pas tout à fait là avec Germaine.
Des farfelus ont même inventé une météo des mariages, mariage pluvieux, venteux ou soleilleux comme si l'érection du mercure dans le thermomètre garantissait un bonheur durable et sans nuages!
Le bonhomme n'avait plus qu'une envie, remballer le Lynch, la belle-doche et la rouquine ravageuse et aller faire un tour au parc.
J'aime bien les tours au parc, on y réfléchit sur soi, sur l'autre et sur les autres ; on s'assied côte à côte cinq minutes pour regarder bouffer deux pigeons idiots et ces jeunes couples aussi idiots qui s'bécotent sans voir les pigeons. J'crois qu'c'est un poète qui raconte ça... Mistral ou Mistral Gagnant, ou Brassens, un nom comme ça.

Bon, fallait faire retomber la pression, désamorcer le conflit alors j'ai enlacé Germaine en ajoutant : "T'as raison ma poule, il était doué ce David Albert Lynch mais il aurait tout aussi bien pu les filmer"


Publicité
23 juin 2018

Parce qu'on le schtroumpfe bien (Vegas sur sarthe)


Troupch
Non

Choump
Non

Tourch
Non

Proutch
Non

Chtourm
Non

Schmourf
Allez... Laisse tomber

Schtroumpf !
C'est trop tard

 

16 juin 2018

Le Ragtime pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


Fils de Virginie et de X, Ragtime est né aux Etats-Unis.
Dès son plus jeune âge ragtime joue seul, c'est un genre musical joué uniquement par des noires (les touches noires du piano) car après la guerre de Sécession – qui a cessé ça c'est sûr – les touches blanches furent décimées à la bataille d'Appomattox.
Le ragtime s'inspire et s'expire de la marche des Cakes (Cake walk) surnom chelou donné par les Noirs à la danse de salon de leurs maîtres, à ne pas confondre avec le Pudding walk anglais, le Profiteroles walk français et le Wok walk chinois.

Les musiciens de ragtime savent lire les partitions en noir et blanc contrairement aux musiciens de blues qui ne savent lire que le bleu comme les Bleus Brothers.
Le compositeur de ragtime Scott Joplin – Scott comme Scott Janis et Joplin comme Joplin Janis ou l'inverse – était mi-pianiste mi-souris puisque originaire du Middle West.
Il s'est rendu célèbre avec le morceau "Maple Leaf rag" qui n'est rien d'autre qu'un morceau de feuille d'érable qu'il tentera de chasser de son clavier du revers de la main jusqu'à s'évanouir; cette technique prendra donc le nom de syncope pour donner plus tard le funk et le jazz.

Les mauvaise langues diront qu'il cherchait à chasser un morceau de cake ou de pudding ou de profiterole selon la nationalité de la mauvaise langue.

Le ragtime de Scott Joplin est utilisé pour les musiques de film de Charlie Chaplin dont le petit-fils Mark Joplin a la particularité de n'avoir aucun rapport avec Scott Joplin, ce que beaucoup ignorent à juste titre.

On ne peut enseigner le ragtime aux Nuls sans ce petit air au kazou :
Ça c’est le ragtime
Oui c’est le ragtime du kazoo
Dans un tuyau en plastique pas trop mou
A trois ou quatre centimètres du bout
Fais un trou et mets du papier par-dessus le trou
Et chante un coup dans ton kazoo

9 juin 2018

J'ai tout lu Helen Rowland (Vegas sur sarthe)

 

"L'amour, la quête. Le mariage, la conquête. La nuit de noces, la quéquette. Le divorce, l'enquête." (Helen Rowland)

 Tout gamin avec Bébert, on feuilletait les magazines de cinéma pour se délecter des nénés de Gina Lollobrigida ou de Sophia Loren, alors forcément on mesurait l'amour à la profondeur des bonnets et à des considérations purements géométriques où pis valait largement trois quatorze.
La seule quête qui m'importait alors c'était celle de la messe de dix heures où j'officiais avec Bébert en tant qu'enfant de choeur et qui nous permettait au passage de pincer les fesses des gamines.
Bien plus tard j'ai fait la connaissance de Germaine; elle avait déjà quarante piges, callipyge derrière et pas jalouse devant, alors sans perdre plus de temps j'ai foncé comme un Don qui chotte, chevalier généreux et idéaliste sauf qu'elle n'était ni Gina ni Sophia, même pas Germaina.
Le pince-fesses fonctionna merveilleusement bien et c'était tant mieux car je n'avais pas d'autre méthode de drague en rayon; c'est ainsi qu'on s'est mis en ménage.
Si vous avez lu la citation d'Helen Rowland vous devez être impatients que je raconte notre nuit de noces alors que je n'ai pas encore évoqué le mariage.

Quand on sait que le mariage est la cause principale de divorce on y réfléchit à deux fois, même si on est deux pour y réfléchir.
Germaine rêvait d'une bagouze sertie de diams et d'une robe de mousseline blanche de chez La Redoute, moi je rêvais d'une belle américaine décapotable – une voiture bien sûr – avec des casseroles à l'arrière et un joli "Just married" pour faire comme les ricains.
On a réussi à s'offrir un pacs entre deux témoins, mon pote avec qui je feuilletais les magazines de cinéma et la copine de Germaine avec qui elle feuilletait Salut les Copains.
On a fini tous les quatre à Montmartre à La Bonne Franquette autour d 'une estouffade de boeuf au Beaujolais et c'était bien.
Ah oui, la nuit de noces, vous y tenez à la quéquette, hein ?
Sauf que les hommes sont faits pour raconter leurs exploits, pas leurs fiascos ni leurs naufrages.
Bien sûr ni pour elle ni pour moi ça n'était la toute première fois – toute toute première fois comme brâme Jeanne Mas – mais quand on s'amuse au jeu des comparaisons en rêvassant à nos quêtes et nos conquêtes passées... on se plante en beauté surtout quand on ne digère pas l'estouffade de boeuf.
On s'était plantés tous les deux et je nous revois encore pantelants au bord du lit; je n'étais pas Mike Brant et Germaine – native de Verdun – était plus lorraine que Sophia, alors vous comprendrez qu'il n'y a rien de plus à avouer.

Nos témoins respectifs s'étaient rapprochés et filaient le parfait amour au point qu'on s'est mis à les jalouser, même si la définition du parfait amour reste vague.
Parait qu'ils s'aimaient plus qu'hier et moins que demain, enfin c'est ce qu'ils s'étaient fait tatouer sur le bras et qu'ils lisaient chaque matin pour ne pas le dire à l'envers...
C'était nos témoins ! Témoins de quoi ? Qui a inventé ce mot pour désigner deux guignols qui n'ont pour but que de vouloir figurer en bonne place sur les photos du mariage et au plus près de la pièce montée ?
Tous les week-ends nos témoins venaient témoigner de leur amour en s'invitant pour l'apéro sans crier gare et nous coller leur bonheur sous le nez entre le picon-bière et les Knacki Herta !
Je trouve que le bonheur des autres ça a des relents doucereux qui gachent l'amertume du picon-bière. dois reconnaître qu'ils nous ont quand même sauvés du divorce en offrant un canard vibrant connecté à Germaine et en m'abonnant à Canal Foot !
Sur ce coup-là, on leur doit une fière chandelle car côté divorce on n'avait aucune expérience et surtout pas un rond pour ça.
Pas de divorce, pas d'enquête, pas de détective privé, pas de flagrant du lit... pourtant ça aurait eu un petit côté ricain qui ne m'aurait pas déplu.
J'aurais peut-être découvert que Germaine n'allait pas à ses réunions Tupperware chaque mercredi; elle aurait peut-être découvert qu'il n'y avait rien à découvrir de mon côté mis à part que je joue tout seul au loto et que je vote MoDem.

Aujourd'hui, après avoir tout lu Helen Rowland – journaliste et humoriste américaine – je réalise que je suis passé à côté de bien des choses.
N'a t-elle pas écrit "Les folies qu'un homme regrette le plus dans sa vie sont celles qu'il n'a pas commises quand il en avait l'occasion" ?
Il est trop tard pour que je parte en quête de ces folies, je vais me contenter de regarder Canal Foot... sans stress, sans surprise, sans déboires, je sais que PSG va encore gagner.

 

 

2 juin 2018

Phil Acter (Vegas sur sarthe)


"Bougre d'olibrius! Ne la laisse pas filer"
    ̶  Qu'est-ce qui s'passe là, Germaine ?
    ̶  C'est rien Marcel, c'est une bulle
    ̶  Une bulle de quoi ?
    ̶  Une bulle... notre fils fait des bulles
    ̶  Depuis quand y fait des bulles ?
    ̶  C'est tout récent. Il fait partie de la bande des Cinés... Il a même un pseudo : Phil Acter !
    ̶  Phil Acter ? N'importe quoi. Y f'rait mieux d'réviser son bachot
"Je dirais même plus : c'est une aventure... heu... bizarre"
    ̶  Le bac ? Une aventure bizarre ?
    ̶  Mais non, Marcel. C'est encore une bulle de notre fils
    ̶  J'y comprends rien. Il en a encore beaucoup comme ça des bulles ?
"Czesztot on klebcz!"
    ̶  Combien ?
    ̶  Non, c'est encore une de ses bulles, ça doit être du serbe ou du croate
    ̶  J'lui en foutrais du serbe au croate, moi. Y f'rait mieux d'apprendre son anglais
"Pouah!"
    ̶  Pouah! Môssieur fait l'dégoûté par dessus l'marché ?
    ̶  Marcel... ça c'est ses onomatopées, il en a tout un tas dans sa chambre, des Blam, des Plaf, des Crouiic, des Beeek!
    ̶  Et ça sert à quoi des Beeek ?
    ̶  Ça sert à faire des bruits, comme un Cui-cui ou un Hi-Han
    ̶  Les Hi-Han ça lui va bien à cet âne bâté !
"Ah! je ris de me voir si be-e-elle en ce miroir!..."
    ̶  Ne m'dis pas qu'c'est encore une de ses bulles !
    ̶  Marcel, c'est pas une bulle, je suis en train de rire de me voir si belle en ce miroir
    ̶  Si tu pouvais éviter de t'admirer pendant que j'te parle sérieusement de l'avenir de not' âne bâté de fils !
"Et pendant ce temps-là, à des kilomètres de là..."
    ̶  C'est ça! Détourne la conversation à des kilomètres !
    ̶  Je ne détourne rien, c'est encore une de ses bulles
"SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZZZZ !"
    ̶  Germaine! Tu peux demander à TON fils d'arrêter ses conneries ?
    ̶  Excuse-moi mais si on ne peut plus chantonner dans cette maison...
"Brian is in the kitchen"
    ̶  Ah! Enfin une bulle intelligente
    ̶  Non Marcel... là il est vraiment en train de réviser son anglais
    ̶  Et ben, s'il en est encore à Brian... pour le bac... c'est pas gagné... il a pris de bonnes options au moins ?
    ̶  Oui il a pris Arts Appliqués
    ̶  Arts Appliqués ? Encore un truc pour coincer la bulle !
 

Publicité
26 mai 2018

L'Origami pour les Nuls (Vegas sur sarthe)

 

O rientez une feuille A5 de manière à ce que la droite passant par l'angle supérieur droit et l'angle inférieur gauche soit orienté sur un axe Paris-Shanghai.
Attention: si votre feuille A5 n'a pas d'angles, changez de feuille.
Conseil: La couleur de la feuille s'accordera au motif à réaliser (vert pour une souris, rose pour un éléphant, écossais pour un monstre du Loch Ness, et-cetera pour un et-cetera, etc...)

R epliez bord à bord les bords opposés soit environ 4 bords pour une feuille A5.
Remarque: si votre feuille A5 n'a pas de bords, essayez avec une feuille A4

I nversez les bords: un bord du centre devient bord d'aile et vice-versa.
Remarque: si votre feuille A5 n'a pas de vice-versa, retournez là recto-verso ou verso-recto

G rattouillez chaque pli afin d'éliminer les faux-plis. Si vous Frattouillez au lieu de Grattouiller, vous êtes en train de faire un oriFami et non pas un oriGami; dans ce cas, arrêtez tout de suite

A ppliquez 4 plis pétale aplatis suivis de 4 plis pétale pas aplatis puis 2 plis en double oreille de lapin sur la base de la grenouille. Vous y êtes ? Pas moi.

M arquez chaque pli avec votre ongle droit ou gauche selon votre latéralisation ou tout autre ongle (conjoint, descendant, ascendant, oncle ou tiers)
Remarque: Si vous utilisez l'ongle d'un tiers, répéter trois fois l'opération

I nscrire un chiffre de 1 à 8 sur chaque triangle ainsi formé: Bravo ! Vous venez de réaliser une salière ou coin-coin ou pouce-pouce ou pouet-pouet ou "Combien t'en veux?" c'est à dire une cocotte en papier.

 

19 mai 2018

Par ici la monnaie (Vegas sur sarthe)


J'avais hérité de mon grand oncle Hubert d'une belle pièce montée sur la bague de fiançailles de ma grand tante Anastazia représentant la décapitation du grand vizir Kara Mustapha en 1683 sous les murs de Vienne par le sultan Ibrahim 1er; il était grand temps de la monnayer et d'en tirer de quoi offrir à Germaine cette suspension baroque à pampilles dont elle rêvait depuis des lustres.

J'avise donc le guichet d'une officine où quelqu'un avait pris soin d'inscrire les horaires de fermeture ce qui me permet d'en déduire les horaires d'ouverture... à moins qu'on ne nous cache un troisième horaire.
Le guichet est sensé ouvrir à quatorze heures et comme il est quatorze heures et des poussières vu que le ménage laisse à désirer, je me permets de frapper au susdit guichet.

Dans la poussière un vieux rond-de-cuir déboule du fond de la pièce par une porte dérobée.
On reconnait les portes dérobées aux espèces de vieux gonds qui la tiennent et les vieux rond-de-cuir à leur blues rapiécé.
Celui-ci a l'air d'avoir un sacré blues et me lance avec un fort accent turc un "On n'est pas aux pièces!" que je rattrape au vol.
Histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce, je lui rétorque que s'il n'est pas aux pièces je me demande bien qui d'autre peut l'être ici.
C'est qu'il a son franc parler le préposé, il est à l'emporte-pièce le bachi-bouzouk !

Je lui soumets mon bijou de famille, pièce à l'appui car mon grand oncle Hubert ne faisait pas les choses à moitié tout comme sa moitié... ma grand tante.
On n'avait jamais trop aimé les pièces rapportées dans ma famille mais cette grand tante avait du bien et du coup toute la famille trouvait ça très bien.  

Le vieux rond-de-cuir s'empare de mes pièces, s'endort dessus un bon moment avant d'émettre un grognement de désapprobation.
Il a consulté ses archives dorées sur tranche, disséqué ma pièce rapportée et mon bijou de famille... je n'aime pas me faire tripoter !
"Ce faux-document a été créé de toute pièce" bougonne t-il en me rendant le certificat d'authenticité.
"Quoi ma pièce ? Qu'est-ce qu'elle a ma pièce ?" fulmine-je.
(Oui, je sais, ça n'est pas facile de dire fulmine-je)
"Je constate que Kara Mustapha n'a pas été décapité en 1683 par Ibrahim 1er comme vous le prétendez" insinue le vieux débris "mais étranglé par le fils d' Ibrahim 1er, le sultan Mehmed IV qui lui succéda à l'âge de 6 ans" et il referme son foutoir et son guichet sans se soucier des horaires de fermeture.
J'ai envie d'en étrangler un qui n'est pas grand vizir mais le guichet est imprenable, taillé d'une pièce dans du bois d'arbre, du tremble ou du frêne mais surement pas du charme...
Je trouve le lieu approprié pour le mettre en pièces, si seulement je pouvais passer la barrière du comptoir.
Le vieux en profite pour se dérober par la porte du même nom en faisant geindre les espèces de vieux gonds.
Pour la seconde fois je fulmine :"Qu'est-ce que ça peut bien foutre que ce Mustapha se soit fait dessouder par Ibrahim ou par Mehmed ? Je vous demande la valeur de cette pièce montée... c'est pas sorcier !"
La porte se dérobe brutalement sous le coup d'épaule d'un sorcier patibulaire qui vient droit sur moi.
Les espèces de vieux gonds sont restés coi et je décide de les imiter.
Le costaud s'empare de mon bijou et y croque un grand coup:  si sa mâchoire est d'acier, le silence est d'or mais pas ma pièce démontée !
"C'est du toc" aboie t-il d'une voix de mutant en me balançant ce qui reste de mon bijou de famille: Mustapha a morflé, décapité pour de bon.
Ma grand tante Anastazia nous aurait tous entôlés ?
Je sors de l'officine en me retournant une dernière fois.
Sur l'enseigne je peux lire "Par ici la monnaie" et en dessous "Ibrahim & Fils depuis 1650"
 

12 mai 2018

Vers de mirliton (Vegas sur sarthe)

 

D'un tube de carton feras ton mirliton
pour en boucher le bout des pelures d'oignon
une fente au mitan, les lèvres tremblotant
Trou la la Trou la la, la flûte que voilà

Beugle dans ton pipeau, souffle dans ta trompette
ne t'étouffe pas trop, ne crache ni ne pète
il est des vents sournois issus du flageolet
qui pétaradent plus qu'un simple pistolet

Oublie le baryton, les dièses et demi-tons
nasille tout ton soûl, c'est juste un mirliton
joue leur Casse-noisette, le flûtiau enchanté
avant qu'une souillon ne vienne s'y planter

Fais du gazou gazou et aussi du Tut-tut
Invite les catins, les fées de la turlute
quand s'époumonera ton vibrant chalumeau
sonnera l'hallali piano... pianissimo

 

 

Les vers de mirliton (rien à voir avec les lombrics) sont des vers faciles, peu recherchés, dans lesquels le lecteur décèle immédiatement nombre de mots qui ne sont là que pour la rime, ou pour obtenir le bon compte de syllabes. Qui plus est, le texte en question n'a souvent aucune ambition poétique.

 

5 mai 2018

Idée reçue (Vegas sur sarthe)


"Si on te coupe en deux les deux moitiés repoussent"
lui avait assuré un fieffé asticot.
Le lombric alléché fonça au massicot
innocent et tout droit sorti de sa cambrousse

Le perfide asticot s'en tortille de rire
appelle ses copains qui peuplaient le lisier
certains s'en apitoient, on veut l'anesthésier
mais le lombric est preux, à quoi bon discourir ?

Il tâte le tranchant, le voici convaincu
offre son intestin à la lame affûtée
qu'actionne un gros ténia du genre azimuté

Le lombric tronçonné pousse un cri de bâtard
regarde derrière lui et comprent un peu tard
qu'il a tout comme nous une tête et un cul

7 avril 2018

Historique d'une consultation ordinaire (Vegas sur sarthe)


"Bonjour Monsieur Vegas. Qu'est-ce qui vous amène cette fois-ci à part le bus 36 ?"
"Euh... je suis venu à pied, docteur... à cause de ces fichues grèves des transports"
"J'ai compris... grève des transports... amoureux. Problème de couple"
"Non docteur, c'est rapport à Germaine..."
"Des rapports consentis ?"
"Vous n'y êtes pas docteur, je crois que Germaine est hystérique"
"Ah ! Dites-moi ce qui vous amène à penser qu'elle est hystérique"

"Tout d'abord elle angoisse, Germaine voit sa mère partout... et forcément, moi je cherche ! Rendez-vous compte ! Je cherche sa mère..."
"Et vous la trouvez ?"
"Euh... non, fort heureusement mais elle angoisse encore plus si je ne la trouve pas"
"Et à part le fait que votre belle-mère ne soit pas là, quoi d'autre ?"
"Elle est au bord de la crise de nerf, docteur"
"Quel bord au juste ?"
"Elle est au bord de la crise de nerf et elle se cramponne à moi pour ne pas tomber dedans"
"C'est bien normal, elle a peur de tomber dans une dépression. Autre chose ?"

"Germaine a des convulsions, des spasmes, des tremblements, des crampes, des frissons, des..."
"N'en jetez plus, Monsieur Vegas. Je vais être direct avec vous : c'est de l'hystérie"
"Euh... c'est moi qui vous l'ai dit, docteur"
"Je vous demande pardon. Vous m'avez dit que vous croyez que votre femme est hystérique"
"Et c'est quoi la différence ?"
"C'est qu'en tant que praticien, je vous l'annonce officiellement, votre femme présente des troubles somatoformes et ça c'est payant"

"J'ai oublié de vous dire gratuitement quelque chose : il arrive à Germaine de cesser de jacasser pendant plusieurs heures"
"Et vous y voyez un inconvénient ?"
"C'est que je n'ai pas l'habitude et que ça fait beaucoup de bruit quand elle retrouve la parole pour appeler sa mère"
"Vous devriez profiter de ces moments de calme, Monsieur Vegas"
"Justement non, c'est quand il s'agit de passer l'aspirateur ou de sortir la poubelle qu'elle est comme paralysée !"

"Bon. Je vais vous donner l'adresse d'un psychothérapeute"
"D'accord mais il faudrait qu'il ne soit pas trop beau gosse"
"Pour quelle raison ?"
"Parce qu'elle a un énorme besoin de séduire"
"C'est plutôt flatteur, non ?"
"Euh... c'est les autres qu'elle séduit. Moi, ça fait belle lurette qu'elle ne fait plus rien pour me séduire"
"Peut-être s'est-elle lassée de ne pas y parvenir et qu'elle se tourne vers les autres ?"
"Euh... qu'elle se tourne oui, mais faut pas passer les bornes quand même"
"Et selon vous quelles sont les bornes à ne pas franchir ? Vous avez un souci avec les bornes ?"

"Euh... je ne suis pas là pour moi, docteur. Je suis là parce que Germaine est hystérique"
"Historique, Monsieur Vegas. Je dirais plutôt historique"
"Comment ça ?"
"Germaine est un moment important dans votre histoire et dans votre vie... donc elle est historique"
"Et c'est grave ça... historique ?"
"Je ne sais pas Monsieur Vegas. Je suis médecin, pas historien"
"Bon. Donc c'est gratuit ?"
"Je n'ai pas dit ça, Monsieur Vegas"
"Alors si c'est payant, on peut peut-être envisager une hospitalisation, par sécurité... disons une quinzaine de jours... non ?"

"Je n'osais pas vous le proposer. Vous seriez disposé pour un internement de courte durée ?"
"Qui ça, moi ?"
"Oui, je parle de vous, Monsieur Vegas !"

 

31 mars 2018

La guimbarde pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


La guimbarde est un engin bruyant qui utilise une lamelle accélératrice actionnée avec le pied – et au mieux au doigt et à l'oeil – et encouragée avec la bouche pour donner une sorte de ronronnement de satisfaction.
La guimbarde fait partie des idiophones c'est à dire des engins de percussion; c'est pourquoi on l'équipe de pare-chocs contre les utilisateurs plus idiophones que les autres.
Les plus anciennes guimbardes ont été trouvées près de la mer Caspienne ou "Mère casse-pieds" en référence à son bruit horripilant.

La guimbarde occidentale est faite d'acier ou d'aluminium; les chassis en métal embouti évitent à l'idiophone d'avoir à le faire lui-même.
Une fois mise en branle la guimbarde peut vibrer à des fréquences jusqu'à quelques centaines de Hertz excepté la guimbarde diesel qui vibre plus grave.
L'étude acoustique du son de la guimbarde est complexe car il est accompagné de bruits parasites émis par l'idiophone tels que: "Va donc Hé connasse" ou encore "T'as eu ton diplôme dans une pochette surprise".
On peut aussi s'en servir en serrant les dents ce qui donne une intéressante diversité de sons; la cavité de résonance est dite "grande gueule" ou "pauvre con" ou plus simplement "espèce d'idiophone".
On remarquera le chantant "Figlio di puta" des propriétaires de guimbardes Ferrari et le plus guttural "Schwantzkopf "(tête de noeud) des amateurs de guimbardes Audi.
Au Québec on l'appelle bombarde puisqu'au Québec on n'est pas fichu d'appeler les choses par leur vrai nom; la bombarde a son propre chant dit "Suce ma graine" et intraduisible en français.
Il serait fastidieux d'énumérer tous les autres noms utilisés dans le monde; citons pour l'exemple le Scacciapensieri italien évoqué plus haut, la Trump anglaise quoi qu'on en pense, le Kōkin japonais plus coquin qu'on ne le pense.
Selon les pays la guimbarde se pratique à droite ou à gauche mais jamais au milieu; dans tous les cas on délivre un permis de guimbarder muni de points.
Privée de ses points, la guimbarde est muette... on n'entend plus alors que le célèbre cri du guimbardier "Mort aux vaches!"

Utilisée dans l'art musical populaire et folklorique sur route, la guimbarde est un signe extérieur de richesse; des concertos de guimbarde sont organisés traditionnellement aux périodes de transhumance estivale.
Elle permet aussi bien aux jeunes branleurs de chauffer de la cougar qu'aux vieux beaux de draguer la minette.

On ne peut clore le sujet sans évoquer la e-guimbarde, résultat d'une recherche prometteuse, un engin du futur non polluant puisque anti-bave.

 

24 mars 2018

La piste aux étoiles (Vegas sur sarthe)

 

Quand j'ai rencontré Germaine, elle jouait les casse-cous sur le fil à linge de ses vieux, enjamant les culottes de mamie et les collants de flanelle du pépé.
Moi je faisais déjà de la mobylette sur mon vélo avec un bout de carton et deux pinces à linge en guise de moteur.
On avait treize ans chacun et je crois bien que c'est l'amour des pinces à linge qui nous avait réunis... et les gamelles aussi.
On en a pris des gadins chacun de son côté, elle dans sa buanderie à un mètre du sol et moi dans la descente du garage qui jouxtait leur maison.
Alors tels deux combattants de retour du front on a commencé à comparer nos blessures, nos genoux couronnés peints au mercurochrome, on a confronté notre résistance à la douleur, aux machins qui piquent et au sparadrap indécollable... et puis à force de se toucher les genoux on est passés à autre chose, on est passés du genre thérapeutique au genre concupiscent mais en un seul mot... 

Dans le salon des vieux de Germaine il y avait un trésor inestimable : la première chaîne de l'ORTF et sa Piste aux Etoiles chaque mercredi soir, alors on se délectait des trapézistes volants, des clowns Alex et Francini et des funambules, collés-serrés sur le canapé à s'empiffrer des carambars.
A force de se faire des niches et des chatouilles ça dégénérait souvent sous le plaid mais on faisait gaffe à cause de la mamie qui nous espionnait derrière ses lorgnons en rafistolant sa pauvre corde à linge.
Si elle avait su qu'on avait déjà fait la chose... c'est à dire qu'on s'était embrassés avec la langue sans respirer pendant au moins cinq secondes ! 

Ainsi j'avais connu le grand vertige, ma piste aux étoiles à moi, ma voie lactée, cette sensation à la fois exaltante et terrifiante de tomber dans un abîme insondable tandis que Germaine – visiblement rompue à l'exercice – maîtrisait l'apnée en toute décontraction.
J'avais affaire à une pro de l'équilibre, à une funambule de la rapeuse qui prenait son pied en me laissant pantelant après l'exercice.
Germaine montrait des dispositions précoces à en juger par les anecdotes que me racontait Bébert, un voisin de quatorze ans qui se l'était "faite" l'année d'avant. 

Il faut dire que pour une future funambule, elle avait déjà le mollet dur et la fesse ferme, autant qu'elle me laissait en juger.
Combien de fois remit-elle dans le droit chemin une main exploratrice par trop aventureuse qui s'évertuait à chercher l'origine du monde...
Faut dire que j'ai toujours été un manuel mais à cet âge on est plus système D que point G.

Elle ne voulait pas d'enfant avant ses seize ans ce qui m'arrangeait bien car j'avais encore de l'occupation à perfectionner mon moteur de mobylette à pinces à linges.
Comme j'étais prêt d'aboutir dans mon projet d'augmentation de cylindrée, Germaine choisit ce tournant crucial dans ma carrière pour tomber amoureuse... de Zavatta ! Elle comptait même le suivre en Russie où il partait en tournée avec le Cirque français et sa troupe de voltigeurs. 

La mamie à la corde à linge ayant haussé les épaules, j'en conclus qu'il ne s'agissait que d'une passade comme doivent souvent en avoir les filles et qu'il me suffirait simplement d'être patient.
Quant à la suite, certains la connaissent... les autres devront patienter

 

 

17 mars 2018

Rince-bouteille (Vegas sur sarthe)

 

Au bourg tout le monde l'appelait Rince-bouteille à cause que son nom c'était Goupillon, Ernest Goupillon de la dynastie des Goupillon, une grosse famille de viticulteurs qui refoulait du goulot et crachait à dix pas mais pétait dans la soie les jours de la saint Vincent tournante. 

Fallait le voir l'Ernest sauter sur le cheptel féminin, frémissant du hérisson et jamais avare de flatteries; pourtant certaines disaient qu'il s' y prenait comme un manche et que son bidule tenait plus de la queue-de-renard que de la tête-de-loup.
Personnellement je n'en savais rien car je n'avais fréquenté l'Ernest qu'à l'école primaire à l'heure où on joue à celui qui pissera le plus haut mais sans jamais montrer la Chose à l'adversaire. 

L'affaire avait fait grand bruit quand il avait engrossé la Jeanne, la fille du maire – nous on disait la dame-Jeanne à cause qu'elle était dix fois plus dodue que les autres – et les Goupillon réunis en commission extraordinaire avaient dû négocier le "torpillage" du futur batard auprès du maire qui depuis ce jour roulait avec madame le maire en cabriolet Citroën DS !
La dame-Jeanne était restée en carafe quelque temps histoire de décanter son amertume pour entrer finalement chez les petites soeurs de la Providence où elle aurait tout loisir de maudire l'Ernest et son hérisson fouineur. 

Et puis un beau jour elle a débarqué, celle qui allait le soumettre, le dompter, lui faire traîner la langue par terre et embobiner dans son sillage capiteux toute la dynastie Goupillon.
Certains disaient qu'elle avait perverti le père, l'oncle et même la mère, mais ce sont les jaloux qui disent ça, tous ceux qui auraient aimé avoir chez eux cette callipyge beauté sortie d'on ne sait où, capable de créer un embouteillage dans un village où il n'y a que cinq voitures dont le cabriolet du maire, capable de faire sonner trois fois l'angelus au bedeau rien qu'en passant devant l'église mais surtout capable de dilapider tout un patrimoine ...
On n'avait jamais rien vu ici d'aussi bien carrossé depuis cette "Sugar" dans Certains l'aiment chaud projeté en 65 à la salle paroissiale, d'ailleurs elle se prénommait Marylin sans le 'e' comme aux Amériques! 

Rince-bouteille avait pris un teint rubicond et l'air idiot des amoureux éperdus jusqu'à ce qu'ils officialisent leur union et que la callipyge beauté devienne Marylin Goupillon de la dynastie Goupillon; là, il devint encore plus cramoisi et plus idiot tandis que la cave commençait à se vider de ses meilleurs crus.
Non pas que la belle eut le gosier en pente autant que sa chute de reins mais à cause de cette camionnette qui partait la nuit pour Paris avec des caisses de précieux nectars, des Vosne Romanée, des Corton, des Chambertin et autres petits-Jesus-en-culotte-de-velours... mais ce sont les jaloux qui disent ça, ceux qui n'en ont jamais eu et n'en auront jamais dans leur cave. 

Pourtant à mesure que les caves se vidaient, Rince-bouteille pâlissait et chacun comprit que pour la bagatelle, l'Ernest devait se brosser.
Il s'en était ouvert en confession au jeune curé qui l'avait chuchoté aux bigottes qui l'avaient claironné au café des Sports et ainsi dans chaque oreille que comptait notre bourg.
Rince-bouteille dépérissait et ni les ventouses ni les cataplasmes de moutarde Grey Poupon et moût de raisin du Docteur Rougeot ne lui rendirent son teint d'amoureux transi.
Les mêmes bigottes racontaient que "la sorcière" – comme elles l'appelaient – avait envoûté le presbytère et son jeune curé, mais ce sont les jalouses qui disent ça, celles qui n'ont pas connu le loup et qui mouillent leurs dessous à l'eau bénite. 

L'Ernest eut des funérailles nationales enfin... cantonales avec procession, ostensoirs et des cierges gros comme... comme il aurait rêvé d'en avoir un mais ce sont les jaloux, les peine-à-jouir qui disent ça.
Dans le cortège certains crurent reconnaître soeur Jeanne, sortie de son couvent de la Providence pour la circonstance, marmonnant et maudissant feu l'Ernest et son hérisson désormais en deuil. 

Sur le caveau familial au devant de la plaque d'Ernest Goupillon, un petit malin ou une friponne avait déposé un pot de Callistemon citrinus aux fleurets d'un rouge flamboyant – comme qui dirait chez nous un rince-biberon – mais faute d'arrosage cette métaphore vivace se dessécha avant l'automne.

 

10 mars 2018

Shang contre Zhou (vegas sur sarthe)


"T'es de laquelle, toi ?"
"Je suis de celle des Shang"
"Les Shang de Zhengzhou ?"
"Non, y'a trop de 'z' et de 'h' dans Zhengzhou ... on est les Shang de Yin près d'Anyang dans la province de Henan"
"Ah... moi j'aime pas la province"
"Et toi, t'es de laquelle ?"
"J'suis de celle des Zhou... mais de l'Ouest"
"Parce qu'il y a aussi des Zhou à l'Est ?"
"Non mais on a toujours dit les Zhou de l'Ouest"
"Et pourquoi ça ?"
"J'en sais rien, on m'a dit que c'était les mystères de l'Ouest"
"Et vous êtes dans quoi, les Shang de Yin ?"
"On est dans la roue et dans les chars de combat et aussi les récipients en bronze pour le pinard... faut s'diversifier ! De nos jours, la roue a vite fait de tourner. Et vous les Zhou vous êtes dans quoi ?"
"On est dans la reconstruction de palais"
"Ah... orthodontistes ?"
"Non"
"Les métiers de bouche, alors ?"
"Non, la reconstruction de palais comme des cités dortoirs, des administrations, tout le toutim"
"Bof... tout ça c'est du chinois pour moi"
"Mais nous les Zhou on a aussi inventé la fonte et comme on avait fait un four on s'est reconvertis dans les tables de multiplication"
"Ah ouais! C'est vous qu'avez inventé ce tube bizarre : deux fois deux truc, na na na na nère, six fois huit quarante douze..."
"Euh... l'air ça va mais pas les paroles, et puis ça ne se chante pas, ça s'écrit! D'ailleurs vous devez vous en servir pour vos roues"
"Euh... pour nos roues on fait ça au pif; vu que la Terre est carrée il a bien fallu qu'on improvise"
"Au pif ? Chez les Zhou on écrit, au moins ça reste"
"C'est quoi un écrit ?"
"Vous connaissez pas l'écriture chez les Shang ?"
"Euh... non. On peut savoir ?"
"Hein ? Mais tout ce qui s'passe dans la dynastie reste dans la dynastie !"
"Bon, j'disais ça histoire de faire avancer..."
"Faire avancer quoi ?"
"Le schmilblick"
"C'est quoi ça ?"
"On pourrait envisager d'échanger mon schmilblick contre ton écriture mais je dois en référer à ma dir..."

(Haut-parleur) "Monsieur Chung Shang de Yin près d'Anyang dans la province de Henan ! Bureau N°3 !"

"Bon, ben salut... et bonne chance pour le poste"
"Merci. Tu sais, faire du porte à porte pour placer des boîtes de mahjong, c'est pas trop ma spécialité"
(Soupir)

 

3 mars 2018

Tournis (Vegas sur sarthe)

 

"Tournez, tournez, bons chevaux de bois...
Tournez, tournez au son des hautbois
"
Verlaine et son manège m'ont inspiré ce sonnet  

 

Tournez chevaux de bois, tourne beau carrousel
dans les joyeux flonflons de la fête à Neu-Neu
où frise et chérubins dansent,vertigineux.
Fais tourner les minois, emporte les donzelles 

Au beau mécanicien qui mène son diesel
et devance affairé la moindre des saccades
les filles délurées décochent des oeillades
retroussent leurs jupons en riant, font du zèle 

C'est l'heure où les vertus, les pudeurs de gazelle
se noient au tourbillon du manège en folie,
la tête tourne au risque d'un torticolis 

et le beau conducteur qui lui ne tourne pas
noyé dans l'océan agité des appâts
n'aura vu que damas, mousseline et giselle

 

24 février 2018

Les Marie-salopes (Vegas sur sarthe)


Si le troquet s'appelait Le Café des Sports on y rencontrait plus de pochetrons que de sportifs, des poivrots la dalle en pente et qui marchaient au communard – un rouge-cassis pas piqué des hannetons – dès neuf heures du matin en rabâchant les mêmes histoires de quartier.
Le taulier – pour ne pas dire taulard, un ancien repris de justesse pris en flagrant débit de boisson – vivait là, planté tel un meuble de sept heures du mat à minuit sans sourciller entre son zinc et la machine à caoua.
Nul doute que si son rade venait à couler il resterait le dernier à la barre, cramponné à son tiroir-caisse comme un digne commandant de bord.

J'avais commandé une roteuse qui se trouva fort entamée quand Germaine fut venue, poussant enfin la porte du boui-boui sous le regard lubrique des pochetrons.
Je la gratifiai d'un "Salut ma poulette" ponctué d'une main au panier digne de la réputation de l'établissement, un troquet qui logeait temporairement quelques "sportives" professionnelles honteusement expropriées du bois de Vincennes...

A vingt trois heures – heure où le loufiat filait son coup de cachemire sur le zinc en lorgnant sur sa tocante – il est mal vu de recommander une roteuse alors on s'est contentés de deux marie-salopes, des vodka-jus de tomate plus vodka que tomate, histoire de se mettre en jambes.
Je ne fréquentais Germaine que depuis une semaine et on avait envie de passer aux choses sérieuses après avoir épuisés les explorations préliminaires.
A la table voisine, un couple entre deux âges – plus près du deuxième que du premier – noyait sa routine dans le pastaga en remplissant un cendar de clopes à moitié grillées.
"On va quand même pas finir comme ceux-là" me souffla Germaine en glissant sa jambe entre les miennes.
Les pochetrons lorgnaient grave sur les roberts de Germaine et je me serais levé pour aller leur soigner leur strabisme si Germaine ne m'avait entrepris l'entrejambe.
Elle avait parait-il appris le langage des signes et parlait couramment des deux mains depuis sa puberté.
J'avais un besoin urgent de recharger les accus.
"On remet ça" lançai-je au taulier trop heureux de dégourdir sa patte folle.

Comme Germaine filait aux gogues se refaire une beauté, le taulier revint clopin clopant – surtout clopant – avec trois verres vu qu'il ne perdait pas une occasion de s'en jeter un derrière la cravate en compagnie du client.
"Aux Marie et aux salopes" dit-il en s'envoyant la sienne d'un trait.
Il prit pour lui les sifflets d'admiration qui ne faisaient que ponctuer le retour de Germaine munie de ses appâts.
Il était temps qu'on file avant que les soiffards n'aient des attaques cardiaques en chaîne. Si le SAMU connaissait le chemin, je ne voulais pas qu'on soient tenus responsables d'une hécatombe.
Je gratifiai Germaine d'un "Viens ma poule, on change de crèmerie"
J'envoyai la soudure; "T'as du pourliche ?" minauda t-elle.
"Du pourliche, bébé ?" dis-je à la cantonnade "tu crois pas qu'tu leur en as largement refilé en nature ?"
Le loufiat nous avait ouvert la porte, la main tendue en chistera mais rien ne tomba, ni dix balles ni même une seule... les temps sont durs pour tout le monde.
Dehors, ça caillait un max et la pointe des tétons de Germaine pouvait en témoigner; on s'engouffra à la hâte à l'Hôtel des Sports où l'on n'y croisait guère que des "sportives" professionnelles honteusement expropriées du bois de Vincennes...
Il était grand temps d'aller se réchauffer sous la couette.

 

17 février 2018

La rate au court-bouillon (Vegas sur sarthe)


"Alors, qu'est-ce qui vous amène Monsieur Vegas ?"
"Un 18, Docteur"
"Oui, je sais... vous m'avez déjà fait le coup la dernière fois. Et à part l'autobus, qu'est-ce qui vous amène ?"
"Je m'fais de la bile, Docteur"
"C'est normal, nous sommes au XXIème siècle. Vous ne voudriez pas avoir le moral quand même ?"
"Oui mais j'ai la bile bien noire"
"Elle est noire, noire ?"
"Je ne savais pas qu'il existait différents noirs. Toujours est-il qu'elle n'est pas blanche"
"Je vous explique: Si elle est noire vous faites de la mélancolie et si elle est noire, noire vous êtes hypocondriaque"
"Euh... et c'est quoi le mieux, Docteur ?"
"Le mieux c'est de ne rien avoir, mais je serais au chômage. Alors vous allez vous mettre au régime de la rate au court-bouillon, vous m'en direz des nouvelles! Ma mère faisait ça avec une branche de céleri et du laurier avec..."
"C'est à dire qu'à la maison c'est Germaine qui cuisine et surtout pas moi"
"Et où est le problème, Monsieur Vegas ?"
"La spécialité de Germaine c'est le foie de veau au vinaigre balsamique. Voyez-vous, elle caramélise au sucre avant de déglacer ce qui fait que..."
"D'accord ! Je ne mets pas en doute ses talents culinaires et..."
"Vous avez bien raison Docteur. Celui qui critique la cuisine de Germaine est un homme mort car quand elle est de mauvaise humeur..."
"Ah ? Elle aussi a des soucis de rate ?"
"Non Docteur. Pas de rate, c'est du foie, elle le fait tremper la veille dans du lait pour qu'il soit moelleux et..."
"D'accord ! On va devoir transiger... vous lui demanderez de vous cuisiner une rate au vinaigre balsamique en remplaçant le vinaigre balsamique par un court-bouillon"
"Bon... et comme accompagnement, Docteur ?"
"L'accompagnement habituel Monsieur Vegas... ordonnance, carte vitale, sécu et mutuelle"
"Euh... je voulais dire... on mange quoi avec votre rate ?"
"Ah... des rattes du Touquet, par exemple"
"C'est mieux au Touquet ?"
"Non. Vous les mangez chez vous tout simplement mais en gardant la peau, c'est plus facile"
"Ca m'arrange, Docteur. On n'a pas de bon dermato dans le quartier... ou alors il faut prendre le 25"
"Je vois, Monsieur Vegas. Gardez le 18, comme d'habitude et transmettez mes hommages à Madame Vegas"

 

10 février 2018

Le zébu pour les Nuls... et les bois-sans-soif (Vegas sur sarthe)

 

Le zébu est un bovidé mais il est plus beau encore quand il n'est pas vidé.
Quand il est vidé on l'appelle romazava ou plus simplement pot-au-feu ou encore le ravitoto qui ravit Toto et tout le monde. 

Le zébu descend de l'auroch et des pentes de l'Himalaya, comme le yéti.
C'est à la fois un sacré animal d'un côté et un animal sacré d'un autre côté puisqu'il possède deux côtés.
Né en Inde il serait arrivé en Afrique par l'Egypte ou l'Ethiopie ou la Somalie ou par les Arabes ou par des missionnaires italiens ou des tirailleurs sénégalais... mais ils ne sont jamais arrivés à pied par la Chine contrairement à ce qu'affirme une célèbre contrepéterie. 

Si ses oreilles sont grandes et pendantes elles s'arrêtent au bout d'un moment comme la queue du chat.
La peau de son cou est flasque et lui sert de chasse-mouches, de chasse-taons, de chasse-neige et de chasse-bestioles-en-général.
La corne du zébu sert à faire des manches de couteau qui servent eux-mêmes à vider les bovidés: on appelle ça la chaîne alimentaire.
Si la bosse du zébu est pendante on l'offre malgré tout aux parents de la mariée pour exorciser l'éventuelle impuissance du futur époux. 

Le zébu est un animal domestique comme l'homme et ceci depuis Adam et le serpent. 

A Madagascar le "savika" ou corrida malgache est pratiqué par des "zébus boys"; on y pratique aussi le vol de zébu – car il est très convoité – mais à basse altitude. On a constaté que le vol de zébus de moins de 300 kilos est plus gracieux. 

Le zébu vaut 15 points au scrabble alors que le chameau qui possède deux fois plus de bosses ne vaut que 13 points; c'est pourquoi on dit que la valeur n'attend point le nombre de bosses. 

Quand un zébu croise un yak qui fait 21 points au scrabble, on appelle ça faire zopiok; le zopiok est un hybride comme le Volveau ou le Ford Taurus. 

Chez les Massaï, on mesure la richesse des familles au nombre de zébus, c'est à dire au nombre de quinzaines de points déposés à la banque du scrabble; on dit aussi que le zébu est l'attribut de la tribu. 

Le zébu sert à porter des choses très variées et avariées comme des vieux proverbes :
Tu ne mordras pas de zébu vivant, même si tu meurs de faim. 

Les zébus qui dorment ensemble ne se lèvent pas forcément en même temps, etc... 

Un zébu peut en cacher un autre 

Pour terminer, interrogeons nous sur le fait que le mot zébu est proche du mot début alors qu'il commence par la fin de l'alphabet... étrange, non ? 

 

Prochainement : Le chou de Bruxelles pour les Nuls

 

 

3 février 2018

Yéti avec un Y (Vegas sur sarthe)

 

Germaine et moi on s'était chicanés à propos du yéti qui selon moi rapportait 13 points au scrabble alors qu'elle contestait mon 'y'... et puis on n'en a pas reparlé jusqu'à ce foutu week-end où j'avais emmené Madame s'oxygéner à Courchevel. 

De l'oxygène à 635€ si ça c'est pas un beau cadeau... pourtant elle avait fait la gueule au prétexte que les pistes bleues où elle apprend à descendre ne desservent pas le chalet où on sert le génépi et le vin chaud à volonté !
Bref ce soir-là je remontais de la station où j'étais allé nous chercher deux parts de tartiflette quand je l'ai entendue hurler avant même d'avoir ouvert la porte.
J'ai tout juste le temps de poser mes deux parts de tartiflette, la monnaie de mon billet de 50€ et de retirer mes après-skis, mes gants, mon écharpe et ma parka que la voilà se traînant en titubant vers la kitchenette, échevelée et le visage rubicond (en un mot) comme une combinaison de moniteur de l'ESF... 

"J'ai vu le iéti ! J'ai vu le iéti !" beugle t-elle en agitant les bras comme on a tenté de lui apprendre à le faire le matin même pour le planter-de-bâton mais là heureusement elle a oublié les bâtons.
Je lui demande de s'assagir, d'adopter la position chasse-neige – rapport au voisinage – puis de mettre des 'Y' à ses yétis pour qu'on comprenne mieux et c'est ce qu'elle fait en s'affalant sur le lit.
Pour 635€, n'imaginez pas qu'on puisse mettre le lit ailleurs que dans une kitchenette, bref.
Orthographiquement parlant, ses quatre mots se tiennent mais j'essaie de la convaincre qu'on trouve plus surement cette bestiole sur les plateaux de scrabble que sur ceux du Tibet, ce à quoi elle me répond "Puisque je te dis que j'ai vu un yéti comme je te vois, en chair et en os mais carrément plus poilu".
Le glabre que je suis écoute attentivement la description d'un répugnant homme des neiges – musclé comme Tarzan et à poils comme lui, éructant un patois local – qui aurait hésité selon Germaine entre sa vertu et un restant de reblochon abandonné sur la table.
Je scrute Germaine puis la table et – le restant de reblochon ayant disparu – j'en conclus que la vertu de Germaine n'a pas souffert; pourtant une touffe de longs poils ou plutôt de cheveux d'un roux incertain est restée collée sur sa joue et sème le doute dans mon esprit.
"Tu t'es battue avec lui, c'est ça ?"
"Non! Contre lui"
"Comment ça, contre lui ?"
"Ben... quand une montagne te tombe dessus, forcément tu peux pas faire autrement qu'être tout contre"
"Et il a eu... ce qu'il voulait, ton yéti ?"
Germaine regarde vers la porte-fenêtre grande ouverte :"S'il n'avait pas aimé le reblochon, j'imagine ce qu'il aurait goûté, mangé, dégusté, dévoré, dé..."
"Ca va, ça va... arrête d'imaginer et ne me fais surtout pas un dessin. Dis-moi qu'il a sauté"
"Sauté ? Puisque j't'ai dit qu'il ne m'a rien fait"
Je fulmine :"Il s'est barré par là ? Mais on est au troisième étage"
Germaine se recroqueville sur le lit : "Cette montagne de muscles bandés a sauté sans élan, sans même dire au revoir"
J'explose : "Parce qu'il t'avait dit bonjour ?"
Comme Germaine reste muette je vais à la fenêtre.
Trois étages plus bas dans la neige j'aperçois deux chaussures de ski abandonnées, deux immenses paquebots rouges !
Je reviens vers Germaine qui sanglote : "T'inquiète. Demain matin j'irai voir à l'école de ski s'il n'y aurait pas un moniteur rouquin qui chausse du 50..." 

 

27 janvier 2018

Historia del vinagre (Vegas sur sarthe)

 

Il y a bien longtemps au sud de la Jalousie dans les méandres du Guadalquivir qui vire un coup à droite un coup à gauche, un vieux et noble vigneron nommé Palomino Xérès de la Frontera y Villaverde del Rio y Juan del Barapute – Jerez pour les intimes – rencontra lors de la fête des vendanges une "buena chica" aux yeux de velours, la belle Maria de Cadix de la belle province de Chica-Chica-Chic-Aye-Aye-Aye.
Il fallait la voir dans la cuve en tenue folklorique fouler la récolte de ses jolis pieds nus avec son beau sourire et son air engageant.
Jerez la trouva belle puisqu'elle l'était et qu'il n'avait pas les deux yeux dans le même sabot; aussi lui fit-il rapido-presto visiter ses chais de vin blanc car il n'existe pas d'estampes japonaises en Jalousie.
Il l'emmena donc à sa bodega où elle put constater ses beaux dégâts de visu mais "qu'importe le flacon" lui dit-elle – conquise tas d'or – on va se marida car je ne veux pas d'un amant et connaissant la musique elle ajouta Chica-Chica-Chic-Aye-Aye-Aye !
Jerez y mit deux conditions : "Tu cesseras ces Chica-Chica-Chic-Aye-Aye-Aye qui encombrent le récit et tu m'appelleras Mon sherry en toute circonstance" et c'est ce qu'elle fit car les circonstances ne manquaient pas en Jalousie.

Ayant convolé – surtout par avion – en justes noces aux quatre coins de la planète il fallut se résoudre à regagner la bodega.
Mais après six mois de fût, Jerez (dit Mon sherry) fut surpris quand la bise andalouse fut venue de constater que son vin avait tourné au vinaigre; il en fut amer, d'humeur noire limite balsamique et Maria en fut de même car elle faisait tout comme son sherry.
En Jalousie les langues vont bon train et Jerez accusa aussitôt son proche voisin – un certain Pedro y Dario Moreno ya Mustapha y BrigitteBardo – d'avoir gâté sa récolte en leur absence.
Il faut dire que Pedro lorgnait depuis longtemps sur Maria et avait vu ce mariage d'un mauvais oeil car à force de lorgner il en avait perdu un comme bien des hommes de Jalousie.

Par une nuit plus noire que les autres limite balsamique, Jerez organisa une expédition punitive sur les terres de son ennemi Pedro qui ne dormait que d'un oeil mais le mauvais.
Il lui perça ses cent fûts et s'en fut dans la nuit noire limite balsamique.

De retour à sa bodega il trouva la belle Maria en extase devant un gaspacho copieusement arrosé de leur vinaigre; "Vois cette couleur ambrée presque noire Mon sherry, goûte-moi cet arôme puissant et boisé Mon sherry, c'est une tuerie Mon sherry !" dit-elle en se pâmant.
Jerez – dit et redit Mon sherry – goûta, eut-il le temps de dire "What else ?" et se pâma lui aussi car il le valait bien.
Une fois dépâmés ils décidèrent d'appeler ce truc le vinaigre by Palomino Xérès de la Frontera y Villaverde del Rio y Juan del Barapute ou plus simplement le vinaigre de Xérès afin que l'appellation rentre sur les étiquettes des bouteilles... et ça rentra.
L'argent aussi rentra, ils firent fortune en pesetas et eurent beaucoup de niños et aussi de niñas pour respecter la parité et c'est tout.

 

Publicité
<< < 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 30 > >>
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité