Cinq variations (Toltek)
Uniquement vêtue de bas et d'un bijou
brillant autour du cou, elle est là, alanguie sur sa couche, tandis
que je laisse mes mains caresser sa peau de satin, parcourir ses
douces courbes, et que je m'attarde d'un baiser sur les aréoles
pêche couronnant deux collines que j'enserre. Elle se cambre alors,
se pâme tandis que je descends tranquillement vers son petit nid
d'amour pour rendre un ardent hommage à son désir
inassouvi.
Uniquement vêtue de nylon et d'un bijou somptueux
qui pend de son cou, elle est étendue, indolente, sur son lit, et je
cours lentement sur son corps de soie, je souligne ses douces
courbes, je pose mes lèvres sur les sommets pêche de deux collines
que j'enserre. Son corps se tend, elle ferme les yeux, et je descends
sereinement vers son petit nid intime pour honorer dignement son
désir intense.
Vêtue seulement de bas et d'un joyau
coruscant autour du cou, elle est étendue langoureusement sur sa
couche, et je caresse lentement sa peau soyeuse, je parcours ses
douces courbes, je pose mes lèvres sur les aréoles pêche
couronnant deux monts que j'enserre. Elle se cambre alors, se pâme
au moment où je descends calmement vers son trésor secret pour
rendre un ardent hommage à ses sens enflammés.
Uniquement
vêtue de bas et d'un pendentif brillant sur le buste, elle est là,
alanguie sur le lit, tandis que je laisse mes mains caresser sa peau
de satin, effleurer ses tendres galbes, et que je m'attarde d'un
baiser sur les iris pêche nimbant deux petits tertres que j'enserre.
Elle se cambre, se pâme
tandis que je descends tranquillement
vers le creux de ses cuisses afin de tenter d'apaiser ses sens
affamés.
Simplement habillée de bas et pendentif brillant à
la gorge, elle est là, allongée nonchalante à même le lit, et je
laisse mes mains caresser son corps de satin, épeler ses tendres
galbes, et je pose mes lèvres contre les aréoles pêche nimbant
cette paire de collines par mes menottes enserrées. Elle se cambre
alors, se pâme, et je descends paisiblement vers son petit nid
secret avec l'envie d'apaiser sa soif de désirs insatiable.
Bas
plus bijou brillant autour du cou, la voilà, corps lascif gisant sur
son lit, à l'instant où ma main court piano sur son cuir au goût
satin, parcourant un pays aux doux vallons, m'attardant, baisant
l'iris blond brun couronnant un duo aux monts par moi arrondis. Mais
la voilà, la pâmoison, alors qu'apparaît à l'horizon son mignon
nid d'amour, moi là donc apaisant à foison soif ou souhaits
inassouvis.
Un petit bémol à la clé (Toltek)
Les clés cliquettent, les gonds grincent, l'huis bée. Des fleuves d'effluves fourbus m'assaillent.
Des tentures d'ombres tombent, sombres comme dans une tombe. La poussière sourd, pure, et suppure des murs.
Point de repos ici quand pointent les souvenirs.
Ma main moite serre le sésame qui m'a permis d'entrer céans. Ces deux clés que j'ai décelées,
collées scotchées dans un cahier d'écolier.
C'est dans feu son fauteuil flapi que flotte le faux fantôme, présence rance et dense qui
remet en transes le petit faon craintif que je suis redevenu.
Mon coeur est gourd, mes sanglots lourds, et je cours, sans détour, vers le jour, vers aujourd'hui loin des squelettes pourris.
Clés décelées, réminiscences descellées et larmes salées.
Consigne 67 (Toltek)
Chapitre LXVI
« Alors, mon bon Trousse-Laine, quoi de mieux qu'un bon bain dans l'onde fraîche pour se remettre de ses émotions ?
- Ah, Messire, ce n'est point moi qui vous contredirai. J'ai cru retrouver dans cette eau la douceur du sein de ma mère, Dieu ait son âme.
- Diantre, Trousse-Laine, cela n'a pas dû bien te changer des ribaudes que tu as l'habitude de côtoyer d'assez près ! »
Le chevalier et son écuyer s'étalaient paresseusement dans l'herbe, sous les frondaisons d'un vieux chêne, nus sous les nues, séchant paisiblement leur corps repu de fraîcheur au soleil, tandis que leurs montures paissaient tranquillement non loin.
« Messire, visez un peu ce nuage ! Ne dirait-on pas la croupe vaillante de quelque gourgandine ?
- Ah ah, mon garçon, tu ne penses donc qu'à courir la gueuse ! Ne peux-tu point juste profiter de la caresse de la brise, plus douce que n'importe quelle main experte, ou de la chaleur des rayons de notre soleil, si réconfortants ?
- Messire, pardonnez-moi, mais j'aime les plaisirs simples, ceux qu'on peut toucher pour quelques pièces ou que l'on peut tenir entre ses doigts pour deux ou trois belles paroles.
- Tu as ton lyrisme et ta poésie, je te le concède bien volontiers, si prosaïques soient-ils.
- Oui-da, Messire. A ce propos, ne devrait-on point s'inquiéter de notre dîner ? Pensez-vous que nous puissions lever un lièvre ou quelqu'autre succulent gibier aux environs ?
-Je crains fort que nous devions nous passer de dîner, mon bon Trousse-Laine. Il faut nous vêtir sans tarder et lever le camp illico. Les Hommes du Guet sont à nos trousses, et je doute fort que Messire Alvain se laisse distancer trop longtemps après l'affront que nous lui avons fait la nuit dernière. »
Ainsi fut fait, tandis que les oiseaux piaillaient continûment dans l'air évanescent de ce début d'après-midi, et qu'au loin on devinait l'approche tonitruante de la troupe des poursuivants.
Consigne 66 (Toltek)
Mardi, 9h50
« Merde, j'avais pas sauvegardé depuis au moins une heure ! Oh non ! »
Les néons se sont éteints, le moniteur a brusquement cessé d'afficher quoi que ce soit, et c'est mon collègue Lucien que je viens d'entendre beugler du bureau d'à côté. Les onduleurs ont commencé leur perfusion d'électrons dans les veines des serveurs sur lesquels ils veillent : leur bip-bip ressemble à une sérénade mélancolique.
« Oh, ne vous inquiétez pas, ça ne durera pas plus de 10 ou 15 minutes, comme d'habitude » entends-je la secrétaire tenter de rassurer ce pauvre Lucien.
Moi, je m'en fiche, j'ai un portable. Je viens de l'éjecter de son socle. J'ai encore 3 heures d'autonomie. Je peux continuer à bosser tranquille.
Mardi, 11h45
Plus que 1h et 8 minutes d'autonomie, me dit M. Windoz avec une précision imbécile. Le courant n'est pas revenu. Mes collègues ont promené leur désoeuvrement dans les couloirs. La pause, au début si bienvenue, commence à s'éterniser. Quasiment plus personne ne peut travailler. Les téléphones ne fonctionnent plus non plus, j'apprends donc que la fée électricité s'est aussi infiltrée là-dedans. Le café est froid. Par la fenêtre, je vois bien 6 ou 7 groupes de gens dehors, en train de fumer ou discuter. Apparemment la panne touche au moins tout le quartier. Les onduleurs se sont vidés de leur sang il y a déjà un moment et un silence étonnant règne maintenant en salle serveurs. Je crois que je vais aller déjeuner. Mais je vais éteindre mon PC avant.
Mardi, 23h30
Je profite des derniers soubresauts de ma batterie pour écrire ces quelques phrases. Plus de courant depuis ce matin. Quand je suis sorti ce midi, il n'y avait pas de métro. Les feux tricolores me fixaient de leurs trois yeux morts. Le restaurant où j'ai mes habitudes servait des sandwichs. Les gens en parlaient, se posaient des questions. Je suis rentré chez moi. Pas de télé, pas d'Internet. J'ai ressorti mon vieux radio-cassettes à piles. Aucune émission sur aucune fréquence. Ils ne sont pas censés avoir des générateurs de secours ? Aucune des personnes que j'ai appelées avec mon téléphone portable n'avait de courant. Je n'ai pas eu le coeur à bouquiner. Je suis resté à regarder le congélateur dégeler lentement et emporter mes victuailles dans la débâcle.
La nuit est tombée, j'ai déstocké des bougies et pu dégotter le briquet que j'avais quand même gardé après avoir arrêté de fumer.
Et me voilà, en train de tapoter sur ce clavier, à la lueur livide de l'écran, qui s'éteindra inexorablement dans quelques minutes (vous devriez enregistrer tout travail en cours, oui, merci M. Windoz).
Je me fais l'effet d'un homme préhistorique blotti près de son feu mourant dans sa caverne noire et froide.
Et si demain ce n'est pas revenu ?