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19 juillet 2014

Trois pas de plus (tiniak)

Un pas de plus dans la foulée aléatoire...
Trop tard t'aurais-je méconnue ?
Je viens; tu vas; ils vont et viennent...
Ne serai jamais tien, pas plus que ne fus mienne

Je vois tes yeux fermés à la vérité nue...
Humble dans ce crâne boudoir
je fais les cent pas dans le noir
en rognant à l'aveugle une amertume inerte

Des mélodies charrient des sourires à perte
et, sans fin, des silences
amenant la grand voile
à ce mât d'acajou cargué devant le sort

À deux pas du vieux port, tu t'enivres d'oubli...
L'ombre à qui tu souris
ne me ressemble pas
puisque tu n'entends pas mon chant ni ses débords

Cette douleur, au vrai, je ne veux rien en perdre
et bois son vin de cèdre
au goulot, sous le ciel
où je sais l'hydromel qui nous a rassemblés

Trois derniers pas lancés sur le monde incertain
me traversent les mains
de pleurs bien inutiles
sauf à croire fertile un amour absolu

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12 juillet 2014

Opéra bouffe - tiniak

 

Plus haut la garde, mon amour !
Je crains pour ton noble visage...
Vois, comme la montagne est sage
et maintient fermes ses contours...

Plus haut, le rideau sur la tringle !
si tu veux occulter ici
l'intime jeu de nos partis
pris au modèle de la jungle

Plus haut ! Plus haut ! Nos yeux ensemble
vers notre festin amoureux
assis à la table des cieux
où rêvons comme bon nous semble

Plus haut, le bonheur attendu
de se goûter la carne folle
d'être à deux une farandole
et résoudre notre inconnue

Plus hauts, nos bras nus dans le ciel
plaidant le délai quotidien
arguant de notre rachidien
comme du plus pur hydromel

Plus haut, mon sexe dans ton ventre
pour t'entendre crier mon nom
et raccorder mon diapason
à ce qui nous ramène au centre

Plus haut ! Toujours plus haut que là
où s'agrègent les imbéciles
qu'ils soient de campagne ou de ville
et réfutent notre opéra

Plus haut, plus haut ! Je t'aime toute
en ce rêve esseulé, sans doute
Mais chut, ne le répète pas.

22 mars 2014

À PAREILLE, DEUX FORTUNES (tiniak)

Nul à nulle autre pareille
en son plus simple appareil
eu égard à son régal
ne trouva meilleure égale

Ornementalement point
le délicieux embonpoint
qu'il nous plaira d'aboucher
- ainsi, chacun sa goulée !

Universatilement
cantilènes se mêlant
d'être l'Un vain, l'Autre tous
d'eux deux en un, faisons Noûs

S'il se peut que se rassemble
- ce dont nous somme l'ensemble,
notre extrémité comme Une
honorons cette fortune :

Mes marrons dans ses noisettes
Mirouettes ! Mirouettes !
Sa main dans la mienne qui fond
- un joyeux Armaggedon !
Elle entre où je vais sortir
(dans l'ombre de son bouquet)
mène mon cœur à l'arrêt
feutre au front, ourle un soupir… en jouer !
Manger les débris du ciel
que j'ai rhabillé pour elle
aux couleurs de nos maisons
flanquées de fleuve et de jonc
Et - pour ne pas trop en dire,
quand tout s'endort à nos pieds
délassés nos galibiers
déforestons nos désirs entiers
Solidaires alias
miroitant nos silhouettes
marrons frits dans ses noisettes
similaire face à face en fête

 

30 novembre 2013

Blonde heure (tiniak)

J'ouvre mes paupières
grand comme des sacs
seul au bord du lac
pour choper au vol
quelques billets de lumière
que l'automne affole

***

Trahison ! Trahison !
Ces feuilles maudites
trahissent ma fuite
loin de la maison

Canopée des canopées !
Je voulais tant m'évader...

C'est pas du jeu, ces façons
d'avoir couvert, dans la nuit
la clairière d'un tapis
d'embuches rouge et marron !

C'est la saison, diable ! diable !
C'est la saison, tour pendable !
C'est la saison Mille Feux
C'est la saison qui le veut

***

Je te vois, je te respire
comme l'humus flamboyant
de l'octobre finissant
d'étaler son frais empire

Tu chemines devant moi
dans ce bois qui se déplume
ta rousse blondeur allume
un feu au bout de tes doigts

Elle embrase jusqu'aux cieux
des nuées la course molle
et m'arrache des paroles
que réciteront tes yeux

Il est temps que je t'appelle
par le nom que je te donne
quand je rêve ta personne
où loge une heure nouvelle

Nous allons, dans le vent froid
bientôt hurler nos ivresses
les fondre en un vin de messe
et célébrer nos émois

Vous saurez nous laisser faire
esprits discrets, faune, flore
goûtant que l'on s'aimât fort
quand déjà menace Hiver

Ils chantent, déjà plus vifs
les vents du septentrion
mais notre conjugaison
ignore leur subjonctif

Elles passent près de nous
chaque année, les saisonnières
sans égaler ta crinière
ni, pour toi, mon amour fou !

ti

23 novembre 2013

La maison violée (tiniak)

La maison les yeux clos, la bouche entrebaillée
figée dans la stupeur, m'a fait lever le nez
sous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.
D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuille
que j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,
de me jeter au fond, d'aller lui déflorer
tous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offert
comme on se connaissaît - pas tout-à-fait d'hier,
et qu'il ne pleuvait plus.

J'avançais mollement dans la gorge nouée
de la maison glacée qui ne respirait pas
ni l'air dans les cheveux défaits de la voisine
(la forêt de Perseigne avec son vin mauvais
depuis qu'on lui a tué son loup, sans grand corbeau
et le petit mulot qui lui fisait les pieds)
ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.
Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteau
une écharpe et des gants.

Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors
- et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!
Ça filait droit devant, sur la maison livide
et je distinguais bien comme ça soufflait fort.
C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peu
J'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !
C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,
un vilain sanglier fuyant devant la courre
et puis, ça disparut.

Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?
Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branches
après avoir foulé le potager couvert,
au dos de la maison qui pleurait en silence.
En emportant plus loin son étonnant vacarme,
ça ravageait l'hiver avec obstination
Je restai interdit, un moment, sans raison
caressant la maison, apaisant sa souffrance
et son cœur en alarme.

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19 octobre 2013

Participation de tiniak

tin

Donnez le meilleur de vous-même, il vous sera rendu au quintuple

15 juin 2013

COLO'RIEUR (tiniak)

Après avoir mâché de moissons insondables
les bienfaits ignorés, bercé d'un vent d'automne
je me regarderai le fond de ma personne
où me découvrirai ce métier improbable
et très providentiel de peintre enjoliveur

J'aurai ce tablier saturé de nuances
qui se porte ceintré de noir sur un fond bleu
Irai, palette au poing, promener en des lieux
où l'Ignoble dispute aux humbles espérances
un siège réputé aux louables ardeurs

Mettrai mon chevalet contre le drapé jaune
qu'un sable sans marée d'un océan perdu
à jeté sous les pieds de nomades sans but
qui ne leur fût dicté par une obscure faune
et sa haine avérée des intimes langueurs

Puisque je serai nu sous mon bleu de travail
ne fermerai les yeux sur nulle crudité
Y tremperai la pointe aiguë de mon stilet
tel Rémi Caritey menant libre bataille
avec son OEil-village, en aurai du bonheur

Et, comme L'Arbre en nous réclame son partage
me mettrai à genoux devant la graine en germe
qu'elle soit d'autre sang ou de mon épiderme
je lui peindrai des ciels dignes de son courage
tant que l'Humanité n'écoute pas son coeur

Je peindrai des oiseaux sur les Hôtels de Ville
brouillerai d'indigo les partis incendiaires
rougirai les drapeaux des ombres délétères
pour rendre aux Saligauds ce que nous vaut leur bile
et leur vaine entreprise aux morbides ferveurs

Je ne finirai pas ! Passerai le flambeau
à d'autres comme moi qui aiment l'omelette
que l'on dire des champs, des bois, à la sauvette
et désireux, et francs, et portant leur fardeau
comme un éclat de rire arrogant et sans peur !

11 mai 2013

Piano, las ? (tiniak)

Mol éclat pâlissant de l'harmonie finale

précédant le salut d'enthousiastes bravi

du tragique destin de la note investi

est tombé le dernier accord professoral

 

Le silence ne tient qu'au repos de son geste

C'est, le poignet cassé au-dessus du piano

qu'en l'artiste peine est contenu le tempo

destiné à se rendre à l'heure et tout le reste

 

Voilà, c'est fait ! Ça claque ! Et tout est consommé...

Bien fini le miracle, en scène et dans la fosse

L'humilité ployée, l'échine blanc de Causse

elle offre le spectacle attendu des comblés

 

Mais de cet oratoire elle n'est pas la dupe

Le clavier blanc et noir lui est plus authentique

Même la partition liée à sa métrique

aurait quelque leçon à prendre de sa jupe

 

Car elle a tout donné aux sévères mesures

de sa chair insatiable et de son feu nourri

pour traduire l'élan méconnu de Satie

en intime défi jeté à l'Aventure

 

« Oh, Rideau, ferme-toi et allons nous coucher

mon dos cassé, mes doigts, ma parure d'un soir

qu'il me faut parader sur les vastes trottoirs

où je n'aurai pas l'heur d'un rire énamouré »

 

Tous les rideaux tirés sur ses piètres fenêtres

toute porte fermée sur son enfermement

la pianiste recluse en son appartement

s'offre le seul secret pour quoi vibre son être

 

« Je t'aime. Tu le sais, Maudite Confidence !

Tu me veux. Tu m'auras. Vois, mes doigts te parcourent

mon tyran sans pareil et sans égal amour

Instrument de la joie de ma Chère Évidence ! »

 

C'est l'hiver à nouveau plein de sombres accords

Nulle oreille, nul œil et pour aucun partage...

Enfin seule avec l'Art et son brut apanage

à jouter le défi quotidien sans effort

 

Elle attaque

une sincérité libertaire et foutraque : Dvořák !

6 avril 2013

Râ, lonely (tiniak)

Voici l'heure à nouveau des histoires sans fin
des histoires sans cou, des histoires sans main
sur le cours de leur vie petitement notable
pour n'y jamais chercher de trésor véritable
et ça va, sous mon nez, par les rues

Oh, c'est trop de fatigue (y porter intérêt)
puisque c'est tout pareil (gavade et satiété)
et que j'ai du sommeil à solder en passif
et rien qui ne m'éveille un œil compréhensif
Allez, c'est le ballet bien connu

Y aura-t-il un pas, hésitant quelque peu ?
Une lumière neuve à l'ourlet d'un cheveu ?
Bon, quoi ! quelque spectacle, incongru et futile
qui me semble sincère, amène et indocile
que j'en aie, s'il-vous-plaît, de l'amour ?

Embellie, ton secret ignore mes sarcasmes
Je ne sais où donner de l'or ni du fantasme
Ah, voici ma sœurette en nuisette étoilée
qui va tourner la tête à des énamourés
liant leurs vanités, pour Toujours

Une valise, tiens ? Au milieu de la foule !
Seule, en ce va-et-vient qui peste, qui roucoule
elle baille aux corneilles, répand ses effets
Adieu morne sommeil ; je suis tout intrigué
et de l'âme, et du cœur, et alors !

Ruée dans l'escalier, bousculade à l'aveugle
en dépit du cheptel qui s'insurge, qui beugle
Je déploie mes rayons pour nettoyer la place
sans prêter attention à qui jure ou menace
à genou, devant Toi, mon trésor

Ici et maintenant, l'univers à m'épier
je fouille à pleines mains ton linge familier
comme une peau chérie, fragile et lumineuse,
au supplice odorant, à la lie délicieuse
je tremble, je défaille et jubile

Savourer ce plaisir parmi tous ces mortels
après avoir usé tout le pain, tout le sel
à me crever les yeux derrière tes ris d'eau
ça valait donc le coup d'être épinglé là-haut
chaque jour, sur la toile infertile

Mon bel insaisissable et fabuleux trésor
que j'ai tant admiré arrimé au dehors
dont j'ai tant désiré la souplesse indolente
à qui j'ai consacré tant de fébrile attente
c'est fini, mon métier de lampiste

Et, quoi que tu aies dû sacrifier - je le vois !
à ce monde imbécile, aux éphémères lois
de ton séjour ici, je garde témoignage
Ondine, mon amour, à nouveau seule et sage
en serai le gardien fétichiste

30 mars 2013

échos logiques - (tiniak)

Je t'ai connue plus sobre et moins sujette au vent
ma rage, au demeurant prête à jeter l'opprobre
- et comme !
sur l'impudent écu d'outrages anonymes

Quelle paix d'apparat, tel un vol d'étourneaux
entre des cardinaux négociant leurs climats
chez l'Homme
dévoya le lent flux des cycles en abyme ?

Tandis que la saison s'octroie quelque douceur
chargée de ces humeurs favorables aux fièvres
sous un ciel de laiton qui s'est mordu la lèvre
une journée sans nom étale ses langueurs
en fumées indociles...

Septentrion s'ennuie près de l'Ourse Polaire
Ils attendent la nuit pour lancer des clins d’œil
dans l'idée qu'ici-bas une âme les recueille
puisque c'est notre lot dans ce coin d'univers
et pour cause !

(Quoi ! Vous je ne sais pas, mais regarder le ciel
jamais ne me suffit à me donner ma dose
d'éternel
mais j'en cause)

L’Austral en prend aussi, vlan ! derrière la nuque
et mange sa perruque aux crins blancs, déjà roux
Tu nous l'auras prédit, mais jusqu'à quand, Guru
pourrons-nous déguiser sa tragédie de stucs ?
Ah, sentences !
qu'on ignore à vouloir trop se flatter la panse !

Tandis que l'oraison s'attribue des hauteurs
l'ineffable primeur de respirer l'air pur
une journée sans nom s'arroge des voilures
dérobées à des ponts d'escales sans valeur
au blason mercantile...

Et quoi ! mettre à l'amende un monde industrieux
crachant des miséreux sur d'impropres séquelles ?
Parlez-moi de vœux pieux ! En ai plein la sébile
À nous, Fatalités; l'espoir est trop aux dieux !
Piétinons dans la file

Et quoi ! choper Untel en le priant « Môssieu
ce papier tant graisseux mérite la poubelle »
et s'attirer - au mieux ! un regard imbécile
un juron - « va au pire !..." » : un geste belliqueux
suivant l'autre, puéril ?

Je t'ai connue plus faste et mûre, cependant
ma verve réfutant l'idée qu'on n'est que nombre
- et sombres !
et pas foutus de chanter de concert

Perdure, Anonymat ! Eh, Planète, sanglote !
Moi, les nerfs en pelote, ai cessé le combat
M'en va
soldé mon dévolu, m'être, les yeux au Vers
et Ça ira !

2 mars 2013

L’Enfant-Sage (tiniak)


Ecoulé de la nuit aqueuse, orange et douce
où tu suçais ton pouce à l'abri des regards
te rêvais-tu déjà sage et humble vieillard
choyant de ton jardin les arbres et les pousses ?

Nourri de floralies sanguines et charnelles
encore ivre du miel de ton premier séjour
tu t'offres comme un fruit gorgé de bel amour
dont tu tiens fermement le fanal éternel

Feras-tu basculer le monde sur ses bases
par cette vive extase où tu nous as plongés ?
Soyeuse pandémie, ton cri de nouveau-né
saura-t-il inspirer de symphoniques jazz ?

Avec toi rejaillit des forces oubliées
cette vitalité que renferment les pierres
la valse des marées, les orgues du désert
et le puissant mystère agitant les sommets

Ni la peur, ni la mort ne te sont étrangères
mais volent, papillons aux frêles coloris
que le simple revers de ta main sans souci
égayera, nuées aux reflets parcellaires

Tu es, possiblement, le prochain bâtisseur
du Rêve confondant l'esprit et la nature
s'y fera d'aujourd'hui la nouvelle aventure
dans un règne de joie, d'amour et de bonheur

S'il se peut que ton nom soit la somme de tous
(ceux qui furent gâchés, ceux qui furent meurtris)
le premier qui l'entende ait aussitôt compris
qu'enfin raison prévaut que signe ta frimousse

Aucune fée sur toi, ni prodige, ni sort
que l'ample densité de ton pas sur la terre
que la mélodie née du souffle salutaire
à quoi se rallieront les vents de tous les bords

Garant d'aucun autel, sans maître sur le dos
pour la légèreté d'être sans avantage
l'ombre de la sagesse étalant son partage
et de rive en rivage apaisant l'air et l'eau

Défi du samediEnfant, vois comme dort à tes pieds le futur
aussi timidement que ton sourire aux anges
retourne au vieux Chaos ses pelures d'orange
avant d'y ajouter son carré de vert pur

3 novembre 2012

Silence (tiniak)

Vaste Oh Là Là ! Fantasque plaine !
Vasque vide à demi...
Plage ouverte, à l'aube; scène !
Acte doux et contrit...

Gorgeant les lents tissus bleu clair
de parfums maritimes
aussi les musculeuses chairs
de hurlements intimes

Silence... Tu panses
avec élégance
les plaies à l'encol du vacarme
que font les bris
et les petits cris
quand tombent sur le sol mes larmes

Je te désire et, cependant
t'invoquer, c'est t'anéantir
Une caresse te déchire
Un soupir lève l'ouragan
à l'horizon de ton empire

Embrasse-moi de l'intérieur
Pensées, sentiments, taisez-vous !
Vous aussi, mes rires, mes pleurs
que j'entende le baiser doux
qu'il me dispense

J'avoue n'aspirer, désormais
plus qu'au silence

12 mai 2012

À fleur, le temps (tiniak)

Le temps, c'est du vent, mais la pierre ?...

J'étais là, pour ma promenade
- un jeu pas loin de la parade;
au front logé quelque mystère
accaparé par l'atmosphère

J'observais dans mon entourage
les bâtiments plus ou moins vieux
au mitoiement pas très heureux
mais dont je tirais avantage

Et puis, j'ai regardé mes pieds
A l'endroit où je m'arrêtai
je découvris cette insolence :
la nature et sa résistance !

D'entre les pavés jaillissait
une banale touffe d'herbe
(pas de quoi en faire une gerbe,
 mais assez pour m'interpeler)

Pour ajouter à ma surprise
le hasard jeta sur le sol
quelques vestiges de corolle
soufflés par l'automnale bise

Je révisais mon jugement :
le temps ne donne pas mesure
par nos œuvres d'investiture
mais son naturel évident

Je finis donc ma promenade
sans jamais plus lever le nez
mais à surveiller qu'à mes pieds
ne se trouvât quelque boutade

Depuis, je ne vois dans la pierre
qu'une cynique et vaine injure
à ce que peut faire nature
sans prétendre à quelque carrière

Demeure le temps, son passage
Y cherche quel est mon courage.

28 avril 2012

Et l'effet m'aime (Tiniak)

Les gens d'ici vous le diront pas
Que c'est chose que l'on garde, à taire
La paupière alourdie de mystère
l'instant d'après, vous planteront là

Faut juste savoir comment ça vient
Qu'il y a qu'à être disposé pour
Comm' qui dirait un peu comm' l'amour
Suffit pour ça d'y mettre du sien

Mort ou vivant, c'est pas la question
Que ça c'est bien des trucs de la ville !
Qui n'a jamais tendu la sébile
peut pas distinguer le bien du bon

Magie se touche du bout du rêve
Que s'en est difficile à savoir
qui rêve l'autre dans le grimoire
d'où nous lisons sur les genoux d'Ève

Léi deds
Fu del
Mia
Magio

« - Les quoi ?!
« - Léi deds fu del mia, magio...  » Je répète.

Lo me dévisageait avec des yeux qui ne seraient jamais ronds comme des billes (et c'est tant mieux !), mais dont les paupières inclinées vers la tempe concentraient le regard qui me sondait maintenant avec intensité. Et puis, un nuage passa sur sa rétine (une mouche dans son champ de vision ?), comme souvent avec Lo, il fut déjà temps de passer à autre chose.
« - Alors, toi ! Je te laisse cinq minutes dans ma cambrousse et tu te fais promener par le premier cul-terreux qui croise ton chemin. Bravo, monsieur même-pas-peur-d’aller-me-promener-en-pleine-cambrousse-alors-que-pour-moi-une-pelouse-de-parc-est-un-champ-remembré !
« - Oui bon… mais tu ne sais pas ce que ça veut dire, alors, ce… truc en patois ?
« - Patois ? ben, c’est pas du patelin de chez nous; ça, je peux te l’assurer. Allez, viens ! J’ai des tas d’affaires à remballer dans le garage. Tu veux bien ? »
Les paupières inclinées vers la tempe, c’est fait pour ce genre de requête.

Plus tard, dans le silence crépitant d’une fin de partie de scrabble disputée près de la cheminée du salon, je m’aperçus que le borborygme, local ou non, avait élu domicile dans un recoin sensiblement actif de mon cerveau. De là, il me gênait. M’encombrait. M’embrouillait les anagrammes, et zut ! encore un triple qui me passait sous le nez. Je perdis (j’allais devoir me fendre d’un massage attentionné, c’était l’enjeu). Lo exultait avec retenue. Ça peut aussi avoir son utilité pour ce faire, son genre de paupières.
« Tu veux pas ranger le scrabble pendant que je vais nous faire une tisane ? clarinetta-t-elle, et après, fffuit ! au lit monsieur-mon-masseur-particulier. » J’acquiesçai, un rien distrait. Elle s’en inquiéta un peu, mis ça sur le compte de ma défaite et partit vers la cuisine.

Au lieu de ranger les lettres dans le sachet, je me mis à recomposer devant moi la transcription de l’étrange injonction, telle que je me la figurais possible. Je ne tardai pas à sentir se mobiliser en moi toutes
les ressources qui m’eussent été bien utiles naguère. Je sentais venir quelque chose. Quelque chose qui aurait une cohérence. Bientôt !
« Comment tu m’as dit que se nommait l’endroit où je suis allé promener, chou ? » demandais-je à la Reine de la Soirée qui reparut prendre une cigarette méritoire.
« Le Val Russe, pourquoi ? »
J’allais dire « pour rien », quand une autre question me vint à l’esprit :
« - Et le gars, là, qui m’a vendu ce gros bouquin ? C’est quoi son nom déjà ?
« - Eustache. Tu sais, je t’ai dit comment, chaque fois qu’il met des nœuds pap’…
« - I’ s’tache… oui, oui… »
Je l’avais sur le bout de la langue. C’était là devant moi, c’était sûr.
Lo était repartie dans la cuisine, en me disant de me « magner de ranger le scrabble, quand même; on n’a pas que ça à faire, ce soir; ne l’oublie pas ».
Puis, je ne sais pour quelle raison (mais avec Lo, ’faut pas trop en chercher), elle me demanda depuis la cuisine ;
« Chéri, on est quel jour demain ? »
Je lui répondis dans un cri de victoire : « samedi !!! ».

24 mars 2012

Coutures (tiniak)

Files filiales, filiations !
Dites-moi, sans compromission
quel est de ma pensée le fil
qui la sauve de l'Imbécile
et renoue
avec l'essence les Rien z'et les Tout ?

Sur ma pelote hebdomadaire
se pourrait-il qu'un dromadaire
arguant du pagne d'Osiris
me refusât son oasis ?

Sur le parvis des cathédrales
offert au vide sidéral
tricottent des veuves sans faim
la laine de nos Lents Demains

Dois-je y comprendre
ce que les noeuds des Cieux Seuls cherchent à m'apprendre
de la vie
comme de fil en aiguille âme s'en soucie ?

Crochets, plaidez vos canevas
au tribunal des entrelacs
je n'en ai cure !
préférant tisser dans le vent mon aventure

Oui, au hasard
d'une aube bayadère
de l'air d'un ciel jacquard

De cette chaussette orpheline
qui me laisse perplexe devant la machine

14 janvier 2012

Poussières à la moutonnière (tiniak)

 

Titanesques oublis fourmillant sous la terre
ou moutons gris tapis sous mon lit de misère
Poussières, poussières, poussières !

Comme votre sommaire, humble et sans prétention
rappelle à son destin la nôtre condition
de pas sages
quand vous marchons dessus sans prêter davantage
attention ! aux voltiges
que nos empressements (de mourir ?) vous infligent

Je deviens qui je suis à mieux considérer
dudit Bel Aujourd'hui la sade vanité
pour l'avoir
cependant clamé haut et fort à mon histoire
ainsi voulu, écrit, vomi, couru, venté
en omettant, chez moi, de passer le balai
la toile, le chiffon
préférant massacrer des nuées de moutons
qui dansaient
imitant les étoiles dans un soudain rais
de lumière
plongeant par la fenêtre encore bouche bée
sa ruée cavalière au galop printanier

Calcaire !
Calvaire des baignoires
écorche mes statuts
Éclabousse au miroir
mes carrières perdues
mes caprices
aux encéphalogrammes plats de tourne-vice
Que me revienne vite au sens, à l'oraison
pour ma belle amanite une tendre passion
granitique et sincère
que nous lapiderons à coups de pousse-hier

Poussières, poussières, poussières...

Puis, dans ce Lent Demain où nous ne serons plus
qu'éparpillés en grains, je logerai mon dû
dans un cul de bass'-fosse
le nez coulant d'un gosse
l'œil pleureux d'un sentimental
sur le carreau fendu d'une lunette sale
ou sous l'ongle crasseux
du dernier abandon d'un monde industrieux

Mais ferais-tu de même
toi qui de mon vivant me poudrais de "je t'aime" ?

Qu'importe !
taquine la poussière en passant sous ma porte

Il faut donc - ah, bourdon ! canaille, que je sorte
arborant à la boutonnière, en broche
un mouton de poussière
Qui trouverait ça moche
Moi, j’en suis plutôt fier

13 août 2011

Manque de nez (tiniak)


Et puis, l'aube venant,
je ne sentis plus rien qui flottât dans le vent
ni tilleul, ni jasmin, ni marines senteurs
Le passage à demain s'était fait sans odeurs
pas même les voitures
n'encombraient l'air ambiant de leurs hydrocarbures

Je me fouillai le nez pour en être certain
Il était dégagé - pas moins que de coutume
et comme ne souffrais d'angine ni de rhume
je dus m'y résigner : rien n'avait de parfum !

Allant chez le voisin pour le solliciter
d'un avis tiers, serein, d'un mot d'explication
je trouvais porte ouverte et sur son paillasson
une lettre pliée
J'en lus le contenu, reculant, effaré
à chaque affirmation :

Demain, c'est le futur ! Pleurez, bande de nazes !
Vous vous découvrirez dépourvus de tout blase...
Ne pouvant me sentir, disiez-vous, et bien chiche !
Vous priverez de nez ! Mon billet ? Je t'en fiche !
 
Ah ouiche, et c'est pas tout : "blase" est dans tous les sens
qui se puissent partout entendre et reconnaître
Quand, demain, pointerez le votre à la fenêtre
paraîtrez inconnus, sans nom et sans essence
aux yeux de Nul Pardon

J'ajoute à ce désastre un dernier pied de nez
plus aucun carburant ne pourra davantage
alimenter le train où vous précipitez
- sans vous en alarmer ! vers son dernier naufrage
la civilisation

A la question "Qui suis-je ?" aurez-vous répondu
quand vous aurez fini de pleurer vos vestiges ?
Ai regagné mon siège au-delà de ces nues
où vous n'aurez cherché qu'à dompter le vertige...
Tout est dit, adieu donc !

Consolez-vous quand même...
Vous reste ce confort : à manquer d'odorat
aucun éternuement ne sent plus le colza

 

4 juin 2011

tempi (tiniak)


Le temps... Le temps... mais qu'est-ce ?
Considérant celui d'une vague caresse
polissant la surface au dos d'un galet rond
celui du météore au flanc de l'horizon
passant inaperçu dans le jour qui paresse
où vivre ?
À ce moment près d'elle seule ? dans son livre ?

Temps passés ou futurs n'êtes à l'aujourd'hui
que reliquats obscurs, rêves inassouvis
- mêmes, imaginaires...
C'est d'ici, maintenant, que je prends le parti
d'en faire
un endroit familier où je vais prendre l'air
du temps
tel qu’il me plaît vraiment

Me voici dans Paris croisant un éléphant
connu de mes amis et de moi seulement
à cette heure
(où l'On craint le hulan cantonné à demeure)
et qui sera bientôt des plus problématiques
quand l'ère aura versé d'Empire à République

Trois Jules vont venir au devant de la scène
arracher les marmots à la mine et aux champs
pour les jeter sitôt brailler "Allons z'enfants !"
sur les chemins de gloareu...
Sans faire autant d'Histoire de France
moi, je n'en aime qu'un pour tout ce qu'il balance
et prône au Décadent sur les quais de la sienne
de Cène

L'à-présent me taillade et son vent libertaire
me prêtera sa main pour entrer en enfer
comme on va d'un bon coup achever la semaine
passant à la revue des deux mondes le seul
qui vaille
de souiller nos linceuls aux fruits de nos entrailles

Sorties des toits bourgeois dont les cheminées fument
grisant le ciel joufflu, des colonnes d'écume
plombent, empestent
l'âpre souper frugal des demeures sans restes
la voisine repue sous son mari trop gras
le paternel inceste
la poularde
qu'arrose de son jus la bonne - campagnarde !
la suée des dortoirs
et le vieux saucisson pourrissant sous les draps
qui finiront charpies paquetées aux armoires
sanitaires
et panseront les plaies de trop pauvres misères

Des fenêtres les pianos las
pleurent des doigtés réfractaires
à ces mélodies populaires
qui romancent les célibats

Dans cette vaste fourmilière
au quotidien
je bade un art à son affaire
aussi mon chien
relevant la piste tracée
par les humeurs
d’artistes battant le pavé
jusqu’à pas d’heure

C’en est fini du bon Parnasse
levons haut le vers libéré
sur le boulevard Montparnasse
les apaches vont défiler

Jusqu’à pas d’heure, alors c’est dit
tandis qu'auprès de moi tu lis
je rêve encore et reste ici

14 mai 2011

Attentions fragiles (tiniak)

Vos sirupeuses verroteries
   langues habiles
   aux mots graciles
qu'au prix fort vous nous aurez servies
   battant faux-cils
   de sex-appeal
sous couvert d'une folie soudaine
   à l'organique
   dithyrambique
ne sont de nos comédies humaines
   que vains déclics
   et vilains tics

Car notre nature est si fragile
qu'elle cède aux sons des violons
va décoller comme papillon
qu'abuse l'araignée sur son fil

Tant qu'à aimer la chose futile
veillons à n'être pas trop idiots
la beauté ne suffit pas aux mots
plus que la chemise au mois d'avril

23 avril 2011

Averto (tiniak)

J'écoutais dans son regard vert
la petite voix métronome
me remembrer tous les atomes
qui s'étaient égaillés dans l'air
   l'année passée

J'ai goûté de son regard bleu
le jus des pommes abyssales
qu'offrent au bout de leur caudale
des monstres moins calamiteux
   qu'il n'y paraît

J'écourtai de son regard noir
les reproches fort à propos
n'osant plus jeter mon mégot
dans le dernier bassin du square
   Ambroise Paré

J'ai compris de ses rondes billes
que le monde est là, devant elle
comme elle y déploierait ses ailes
ainsi font un matin les filles
   à leur papa

"Tu fais l'malin, mais tu l'aimes propre ton drap"
   bien vu poupée !

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