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Le défi du samedi
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14 août 2010

Le train de Beauvais (Sebarjo)

Le Train de Beauvais


train_de_beauvais

Flush
Push

la porte se referme,
Le vieux train ferrailleux de Beauvais
M’emmène vers notre petit nid
sans encore de nichées
Mais,
Véritable petit paradis
Couché
Sur une plage de l’Ile de France.

J’allume une cigarette,
La fumée, tourbillonne
Au-dessus de ma tête,
Buffles et fées chantonnent
Et déchantent.

Une goutte de sueur
Glisse
Sur le verre maladroit
de mes lunettes.

Le train ne fume plus
Et moi Non plus,
Les rails grincent :

Push push flush
Push push flush

A rêver,
Voilà
L’arrivée.

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5 juin 2010

Un bibliophile chez les bouquinistes (Sebarjo)


bouquinistes1


On ne peut aller à Paris sans faire un détour du côté des bouquinistes...

C'est ce que se disait J.-S. K., qui passait le plus clair de son temps dans les bibliothèques, étant bibliothécaire de son état.

Même loin de son environnement professionnel, les livres occupaient toujours une part importante dans la vie de J.-S. K, à tel point qu'on aurait pu croire que ce grand collectionneur bibliophile cherchait à en posséder plus chez lui que la bibliothèque dans laquelle il sévissait...

Il aimait à toucher le grain du papier, qu'il soit de velin enrubanné de peau de chagrin, de chiffon parfois froissé ou simple pâte industriel. Il se laissait emporter par les mélodies harmonieuses composées par le bruissement fragile des pages que l'on tourne. Il se régalait, en fin gourmet, de toutes ces nourritures célestes. Le contact avec l'encre et les feuilles tantôt candides, tantôt jaunies par les siècles, lui manquait... J.-S. K. n'avait plus un seul livre dans son bureau. Un comble ! Surnommé par ces amis DJ Ska, il était un crack de la fête électronique et, ironie du sort, son labeur consistait en l'achat de livres et revues ... électroniques ! Il en connaissait un rayon en la matière. Mais un rayon sans étagères. Du virtuel, du flan, du vent, du flux RSS. Du téléchargement PDF en direct sur PC ou clé USB. Du charabia, des mots évanouis comme essaimisés. Disparus tous ces cahiers reliés, encartés, l'odeur des colles émanant des reliures. Nul besoin de papier ! Vive la fête électronique, DJ Ska !

Dans de telles circonstances, flâner le long des quais du bord de Seine était un véritable plaisir pour J.-S. K. Quelle liberté de pouvoir naviguer entre deux rives en sifflotant Le Vent de Georges Brassens ou en le chantonnant : si par hasard, sur l'pont des Arts... Chiner dans ces vieilles caisses de bois vert bouteille, toutes alignées en rang d'oignons, le divertissait avec sérieux.

D'autant plus qu'on nous promettait pour demain, des bibliothèques sans livres. La mort du codex, l'avènement du pixel. Un coup dur pour un collectionneur bibliophile, un ramasseur de vieux papiers chiffon. La Révolution Gutenberg est bien loin. Elle courbe l'échine et ses enfants deviennent poussières, pixels ou mégabits. Ne resteront plus que les Archives, musées pour mammifères papivores.

Les bouquinistes lui rappelaient un autre temps, celui de sa jeunesse. Ils étaient pour lui comme une respiration profonde au coeur de la ville, un silence dans la folie numérique qui gagnait le monde, sa rêverie de promeneur solitaire. Il aimait observer ces iguanodons du livre, ces diplodocus encyclopédiques, ces bêtes rares et curieuses mais si précieuses.

Celui qui lui faisait actuellement face, avait une gueule comme l'aurait dit Lautner. Avec sa casquette bleu de Chine, sa barbe folle et sa vieille pipe en bois dans le bec, il ressemblait à un marin de la fin des terres armoricaines. L'illusion était presque parfaite, avec ces quelques goélands qui survolaient le fleuve derrière lui. Un vent soudain, un vent maraud, ravivait les joues de J.-S. K. Une chaleur mêlée d'un frisson monta en lui. Il était heureux. Tout simplement.

J.-S. K. farfouillait dans une des barques à livres et caressait avec précautions des vieux papiers qui se cassent si l'on y prend garde, se brûlant les doigts. Quelle ivresse ! Quelle intensité ! Ce qui est amusant lorsqu'on prend le temps de fouiner, c'est qu'en général, on trouve tout ce qu'on ne cherche pas, parce qu'on n'y a pas pensé. Suivant cette logique inconsciemment, J.-S. K. réalisa qu'il avait entre les mains, des vieux guides touristiques désuets, illustrés de photographies aux couleurs criardes qui donnaient aux lieux à visiter des airs surréalistes. Amusant. Certes...

Toutefois, il recherchait plutôt des recueils de poésie de maîtres illustres ou de rimeurs inconnus. De barque en barque, il naviguait sur une mer de livres et papiers en tout genre. Ainsi, il tomba sur ce curieux fascicule : Vertus médicinales des herbes folles en pays de Brocéliande, d'Erik Azarail. Editions Ouest- Eklair de 1922. C'était drôle encore une fois, car J.-S. K. se rappelait en avoir vu, au début de sa carrière en bibliothèque, des centaines d'exemplaires oubliées sur une étagère en chêne au fin fond d'un magasin en sous-sol. Il se souvenait de l'ambiance de ces lieux. Mystérieuse. Une voûte de pierres était au centre de cette pièce et les recoins dans l'ombre dévoilaient d'anciens passages secrets éboulés, débouchant jadis au coin d'une rue étroite ou au pied d'une église mystique, de l'autre côté de la rivière. Retrouver ce petit florilège de plantes communes déclencha en J.-S. K. une émotion minuscule et inattendue, d'autant plus lorsqu'il vit le prix auquel il était vendu...Majuscule !

De page en page, de couverture en couverture, il attaqua un bac rempli de vieilles partitions en tout genre. Et se cachant derrière les derniers succès de Maurice Chevalier, Berthe Sylva, Georges Guétary, Lucienne Delyle et autres vedettes du music-hall, d'autres curiosités l'attendaient encore. Il se retrouva nez à nez avec des compositions de Gus Viseur. C'était pour de l'accordéon, du musette d'accord, mais qui vire manouche. Il y avait du swing chez Gus. Le jazz manouche a longtemps été très lié à l'accordéon. J.-S. K. n'oubliait pas que le grand Django avait fait ses premiers accords en public sur un banjo, pour accompagner des maîtres du flonflon, dans des bistrots du 13 ème. Flambée montalbanaise, Soir de dispute, Swing valse...Que de petites merveilles ! J.-S. K. se délectait et se dit qu'il essaierait bien de les mettre dans sa guitare. Il les mit donc de côté et farfouilla encore et encore, espérant trouver d'autres perles. Emporté par les mélodies de tous ces vieux papiers, il ne vit pas que la nuit commençait à tomber. Les coffres à trésor se refermaient pourtant les uns après les autres et faillirent croquer ses petites mains curieuses. Ce n'est que lorsque  le bouquiniste lui spécifia qu'il fermait, que J.-S. K. sortit de son rêve éveillé. Il paya ses petites merveilles musicales, les rangea soigneusement dans son sac en bandoulière et partit. Il fallait qu'il se dépêche pour ne pas rater son train. Car, J.-S. K. n'était pas parisien, ni même banlieusard. Il habitait beaucoup plus loin, là-bas tout là-bas où le soleil se couche, à la pointe ... de la technologie.


 

22 mai 2010

Mon vieux biclou (Sebarjo)


Un clou qui en vaut deux


Prelude_au_tour_2010



Mon vieux biclou est rongé par la rouille,

Ce vieux débris déniché dans une farfouille.

Son guidon a l'allure dégingandée

D'un col d'amphore brisée.


La selle au régime, dont ne ressort

Qu'un squelettique ressort,

N'a plus comme pâle éclat

Que celui du silex sans mica.


On le croirait né avec la roue

Il y a bien des millénaires,

Caché sous l'argile et la boue

Au temps de Sumer.


On le dirait assemblé

Mystérieusement

Avec des matériaux arrachés

Furieusement


Au secret des entrailles,

Du coeur de la terre,

Au pied du portail

Du temple de Lucifer.


Il a beau ne pas être beau,

Mon vélo se ballade piano

Et m'emmène partout,

Pendant le Tour, en Haïkus.


 

8 mai 2010

Trois fois rien (Sebarjo)

Trois fois rien

poème en trois vers


Rien,

Rien,

rien...



10 avril 2010

Ouf ! (sebarjo)

L'oeuf est comme un grand vin, issu de notre terroir. Il peut être de plein air comme de cage, de poule comme à la coq , d'autruche comme de caille selon l'appétit de chacun. (concernant l'oeuf de caille qui est froid, il est conseillé de se prémunir de poule-over) Par exemple comme pour un Saint-Estèphe, on pourra dire d'un oeuf mollet qu'il a de la cuisse... Et ce qui est magique avec ce grand ponte gastronomique, c'est de pouvoir l'utiliser même lorsqu'il a disparu. Effectivement, pour faire une omelette sans oeufs, orthographiez simplement omlet !

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2 avril 2010

Cent mots pour faire une bonne conférence (Sebarjo)

En quelques mots, même si c'est congrès mal gré, je vais vous dévoiler le secret pour réussir à  supporter les colloques comme vos coloc'...

Le principe est enfantin : pour faire une bonne conférence, il faut avant tout avoir de bonnes poires... Ensuite, examinez ces mines ahuries de séminaristes qui vous entourent et une fois justement notés les pépins qui semblent se dégager de toutes ces pommes d'à Pi, mesurez-en la cir-conférence.

Après ça, j'en fais sarment, à coup sûr, on vous noix sous les compliments, sans vous mettre à l'amande !

2 avril 2010

Cent mots pour écrire une chanson (Sebarjo)

D'abord s'équiper. Papier, crayon. Gomme pour les maniaques. Puis, les indispensables dictionnaires de rimes et de synonymes. Eventuellement, vous pouvez vous procurer un petit Larousse en complément. Commencez par chercher les mots rimant avec Amour. Rejetez labour, calembour et Fribourg. Prélevez jour, tour, cour et surtout toujours ! Puis poursuivez en collectant ceux qui s'uniront avec Je t'aime. Eliminez blême, flemme et brême. Sélectionnez Requiem pour le tragique, Crème pour le sucré, Diadème pour l'étincelant et enfin Suprême pour le sublime. Mélangez-le tout à votre convenance et vous obtiendrez peut-être votre premier tube.

1 avril 2010

Cent mots pour remplacer une ampoule (Sebarjo)

Vous me direz qu'il est inutile d'être une lumière ! Encore que... A force de visser et dévisser et de s'énerver car la lumière se tamise - le soleil couchant se reflétant sur la Seine - on finit par l'avoir sur la main en nombre, l'ampoule. Quand, au bout de plusieurs heures, tout s'éclaire ! C'est un vieux modèle et il ne sert à rien de le serrer, tourner dans tous les sens ! Car depuis le début, vous étiez en train de guerroyer contre une ampoule à baïonnette. Quel culot !

31 mars 2010

Cent mots pour ne faire qu'un (Sebarjo)

Il était une fois dans notre vaste monde un petit os qui fit sensation et la une de bien des colonnes... vertébrales. Son succès provoqua une hausse de la consommation d'os. Il fut découvert par un certain Vassilileki Môse, aussi le nomma-t-on simplement Os Môse. Cependant il arriva qu'un savant plus étourdi qu'érudit se trompît lourdement en ne l'appelant qu'Os Môss, préférant fortement suçoter que zézayer. Depuis ce jour de bévue, cet os sur l'os, l'homme aime ne faire qu'un avec l'univers, ce qu'on dit être en osmose avec le Cosmos...

30 mars 2010

Cent mots pour faire du boucan (Sebarjo)

Pour fêter la centième consigne de ce défi, nous voici presqu'en avril, et sous le signe et l'écorniflure barbe-art du Bélier...

Si cette nouvelle ne fait pas beaucoup de bruit, avouez tout de même que cela créé pas mal de petits bouc-ans ! Et qu'on soit à l'ouest ou que l'on perde le nord, les poissons d'Havre Lille (souvent à l'orthographe arêtée « avril ») feront parler d'eux, revenant comme une harangue ! Sans bruit évidemment, muets comme des carpes d'Ems (il faudra alors bien saisir le jour !) rangés en bang !

30 mars 2010

Filer comme un zèbre (sebarjo)

Filer comme un zèbre, c'est tout simplement faire le tri dans ses stries et devenir nu comme neige, sans même un slip kangourou à enfiler...dépêche ! C'est se faire la raie au milieu mais plusieurs fois, sur toute sa longueur d'ongulé, de façon équidable. A en perdre son milieu naturel ! Mais chut ! On se pavane toujours dans la savane. Et quand tu as bien filé – comme un zèbre – c'est du cousu, te voilà rayé de la liste des abonnés absents. Et contre les rayures rien de tel qu'un bon poncif !

30 mars 2010

Cent mots pour l'équipe du défi du samedi (Sebarjo)

L entement très lentement au départ

E t soudain comme des fous furieux furibards...

 

D are dare, on file dare dare

E h oui, on ne veut pas arriver en retard

F aut y aller quand faut y aller !

I l ne faut pas en route trop flâner.

 

D are dare, on file dare dare

U n peu plus vite chauffard !

 

S i tu veux que tes cents mots

A rrivent bien vite assez tôt.

M élange-les, mixe-les, mange-les

E t tu obtiendras un texte canular !

D are dare, on file dare dare

I l ne faut pas arriver en retard !

29 mars 2010

Retour de Prévert (Sebarjo)

Je vous salue Marie
Je vous salis ma rue

Ce n'est pas moi qui l'ai écrit
Mais Prévert, l'aurais-tu cru,
Qu'un jour cette jolie phrase
Serait autant en phase
Avec le monde dans lequel tu vis
La France d'ailleurs, et d'ailleurs d'ici.

Je vous nettoie ma rue
Et je salis votre avenue

Car la France d'en bas
Bientôt nettoiera les rues,
Faisant entendre sa voix,
Chantant le refrain du refus
De vivre dans un monde où la loi
Ne la concerne plus.

En ombre sommes venus
Demander le prix de la vie,
Son coup sans préavis.

29 mars 2010

100 mots pour renaître !!! (redevenir enfant...) (Sebarjo)

Ça vit par terre
Ça vire debout
Ça ver de terre
Ça s'couche partout

Ça s'andouille de Vire
Ça pouffe de rire
Ça s'bille de terre
A l'endroit à l'envers

Ça roule parfois dans l'herbe
Ça s'libère et ça s'la coule
Ça s'poile, fossettes imberbes,
Ça ronfle et ça s'met en boule

Ça roucoule à donf'
Ça s'gonfle et se dégonfle
Puis ça bip comme une alarme
Avec des pleurs sans jamais de larmes.

Ça hoche la tête
Ça tête de pioche
Ça s'pelle en miettes
C'est chouette un mioche !

29 mars 2010

Défi 100 (Sebarjo)

Des Mots de ci de là,

Morte-saison et Mosaïques (Sebarjo)

 

 

Jetés de ci de là,

Ces quelques mots griffonnés

Sur de vieux papiers chiffonnés

Pour en faire des feux de joie.

 

Des mots vivants inflammables

Loin des mots ribonds invivables

Et des mots zaulés, des mots notones !

Non, des mots incendiaires autochtones.


Des mots pour faire dure le plaisir,

Pour prolonger la partie et ne plus partir,

Modelés, mots de l'âge infini,

Sans mots dulés, vieilles momies.


Ramassés de ci de là,

Les mots de défi sans dédain,

Les mots (r)alités, mots (r)aux rats

Les mots nomaniaques des lendemains.

 

27 mars 2010

Trésor (Sebarjo)

Ce pauvre ver,

tout un poème, tout un trésor


Hier soir, en essayant de faire un peu de tri dans tous mes papiers, ce qui n'est pas une mince affaire tant j'entasse tel un archiviste acharné, j'ai trouvé au fond d'une boîte et une épaisse couche de poussière, une chemise cartonnée... Bleu. Ni outremer, ni indigo, ni de Matisse. Bleu. Tout simplement. Peut-être un petit peu passé, virant à un turquoise plutôt défraîchi... Forcément, avec le temps tout se salit et se délave.


Et dans cette pochette en bleu de travail, qui commençait sérieusement à s'émietter, il y avait une feuille. Une seule. Mais quelle feuille !

C'était une unique planche de bande dessinée. Sans paroles. Composée de carrés égaux, tracés à l'aide d'un basique feutre. C'était la première planche qui annonçait une grande série, tout un parquet !... Mais hélas qui ne s'était jamais poursuivi.


J'avais complètement oublié ces quelques cases dans lequel l'absurde se jouait de l'invertébré; qui me replongeaient vingt ans en arrière. Ce pauvre ver, tout un poème, tout un trésor pour moi...

vie_d_un_ver


27 février 2010

Mon sacre à la tronçonneuse (Sebarjo)

J'aimerais écrire un truc qui vous mette l'arme à la tronche et les larmes aux yeux. J'aimerais que les maux sous votre langue se transforment en mots, que les pleurs sous vos rétines se métamorphosent en peurs irisées. J'aimerais que vos feuilles, au lieu de bourdonner, fleurissent et captent le pollen du silence, que les pétochers deviennent pétales. J'aimerais que vos narines respirent l'iode marine, que vos envolées nasales partent plus profondément que les vols programmés de la Nasa. Que vos sinus s'insinuent dans votre gueule d'atmosphère.

J'aimerais que vos joues rougissent et jouent avec le feu, que vos focettes soient vraisemblables,  que votre menton s'incline enfin et dise vrai. Que chacun de nos lobes passent au-dessus de nos têtes et que nous nous retrouvons avec le cerveau au fond des chaussettes. Enfin le pied.

J'aimerais tant que l'on me dise après cela – même si l'on me classe dans la famille nombreuse des porte-mentaux - cinq fois chapeau !

Ah... Je vous promets, jamais je n'aurais le melon. Je reste un planeur sur vos cieux nuageux, vos esprits torturés et ombrageux. Cet aéroglisseur qui file droit et insouciant sur les bleus océans au céans outremer. Oui, je demeure un bob qui ne se dérobe ni au zéphyr ni aux airs vifs...

Mais hélas, maintenant que vous vient l'eau à la bouche, voici la perfide douche, au fil d'une réminiscence psychotique cinéphile... car la file du temps n'est ni élastique ni excentrique, ni caoutchouteuse ni carambarolesque. Dans notre réalité. Il nous sangle que demain n'en sera qu'une... main. Même si la mousse tâche, est-ce humain ???

Car, malgré sa physionomie, le récit s'achève et tel un petit beurre nantais, rancit. J'ai bien senti sous l'huile de ma peinture - et vous l'avez LU avec moi - que le vernis s'écorçait et que l'olivier commençait à trouver le temps un peu long...

13 février 2010

Ce qui s'appelle en voir de toutes les couleurs au Nain jaune (Sebarjo)

La nuit était tombée et il faisait un sale temps. Une averse de grêle succédait à une pluie neigeuse, rarement rencontrées dans ces contrées armoricaines. Comme abandonné, dans cette chaumière échouée au milieu des champs de maïs, je frissonnais soudain. Non, pas à cause de cette ambiance lugubre mais plutôt au contact de cette main épaisse et énorme.

 

M'ayant défait au nain jaune, le géant vert me serrait la main, scellant ainsi sa victoire. J'étais aussi vert que lui, d'être marron.

Penaud, j'allais m'asseoir au coin de l'âtre, ravalant ainsi ma colère noire. Il faut dire que j'avais tout de suite été dans le rouge et plus d'une fois, je m'étais laissé rouler comme un bleu.

Je ruminais tout en remettant une bûche dans le feu pour me réchauffer alors que le géant vert me chauffait déjà sérieusement ! Il fanfaronnait. Ce grand dadais hulkesque fêtait sa victoire en dansant et en fumant avec deux gitanes (-maïs, évidemment), l'une collée à son bec et l'autre suspendue à son cou et jouant des castagnettes... Et pis zut ! J'eusse tout de même  préféré me faire battre par un éléphant rose ! Cet espèce de concombre masqué ne m'amusait pas du tout .

Ma seule consolation était que j'allais pouvoir tout de même me vanter auprès de mes amis avant qu'ils ne me mettent en boîte...

Sans mentir, je pourrai toujours leur dire que, face au Géant vert, je n'ai pas eu beaucoup les jetons...

6 février 2010

L'arbre magique (Sebarjo)

Il était environ vingt heures quinze lorsque je finis de racler le fond ferrailleux de ma boîte de crème Mont-blanc au chocolat. C'était l'heure à laquelle, emmitouflé dans son lit, mon fils m'attendait impatiemment, mais bien sagement pelotonné contre son nounours beanesque. Il se calait contre le cocon cotonneux que forme son édredon moelleux, les doigts de pieds en éventail.

 

Enfin, j'entrais dans sa chambre plongée dans une semi-pénombre. Seule une lampe magique faisant tournoyer jusqu'au plafond des formes polychromes improbables éclairait son antre secrète. Il me tendit tout de suite un livre :

 

-Dis papa, tu me la racontes ?

J'examinais son choix avec une grimace que je m'efforçais de masquer.

 

-Oh non mon chéri, écoute plutôt celle-ci, c'est une histoire tellement amusante ! Tu vas voir, ouvre grand tes o...

-Oh non !!! Y'en a assez de tes histoires soi-disant drôles !!! Tes blagues nulles !!! tes jeux de mots débiles !!! Nous, on veut une vraie histoire !!!

-Ah... et c'est quoi une Vraie histoire ?

-Une histoire qui fait peur !!! Avec un loup ou un ogre ou plein de méchantes sorcières !!!

-Oui et des vampires et tout plein de monstres... Désolé, fiston, mais je ne cultive pas l'horreur. Je ne suis ni Jack ni Fritz qui nont pas leur Lang dans leur poche ! Je n'ai pas leur éloquence pour te narrer ce genre de...billevesées ! Je vais donc te souhaiter une bonne nuit et on se passera de l'histoire pour ce soir. Allez ! dors bien ! Et vite ! Bon sang de bois !!!

 

Et je sortis, un peu fâché et surtout énormément vexé !!!

 

Mon fils se retrouva un peu abasourdi, seul avec son nounours, lorsqu'il entendit une voix qui sortait de son lit !!!

 

-Moi j'ai une histoire à te raconter.

 

Il se pencha et vit que c'était son lit tout en bois qui lui adressait la parole ainsi.

 

-Mais... Tu parles ???

-Eh oui qu'est-ce que tu crois !!! J'étais un arbre auparavant !!! Un beau chêne majestueux !!! Et même les hêtres de piètre condition n'ignorent pas que nous, les chênes, avons le privi-liège de discourir !!! Tu n'entends certainement que des grincements lorsque je m'exprime, car les humains, tout comme les glands, n'ont pas le pouvoir de comprendre notre langage.

-Ca alors !!!

-Il suffit de savoir écouter. Ce que tu viens certainement de faire, car ton père a su te montrer de quel bois il pouvait se chauffer !!! (Rires en chêne..) Hum... Bon si tu veux, moi, je peux te raconter une histoire... Qu'en dis-tu ???

-D'accord.

-Eh bien voilà, il était une fois... Moâ ! Le roi des chênes - celui qu'aucun de mes semblables ne zappait - qui vivait et trônait majestueusement au milieu d'une immense et joyeuse forêt. J'avais un de ces sourires !!! Tu aurais vu ma bouille... Un tronc joyeux et ouvert, bien loin de ceux qui larmoient dans les cathédrales !!!

J'avais plein d'amis et on m'adulait. Insectes, rongeurs et passereaux, tous me faisaient fête ! J'accueillis en mon sein plusieurs couples de geais, piverts, écureuils qui avaient élu domicile sur mes plus hautes branches. J'admirais les saisons qui défilaient, humant le vent de l'hiver en chantant avec les sapins verts ; me chauffant les bourgeons le lundi au doux soleil de printemps ; tapissant le sol pour l'égayer de mes écritures folles, ô mes feuilles mortes, à l'automne venu ; me dénudant dès l'été caniculaire pour bronzer un peu. Ainsi, je vécus heureux plusieurs siècles qui me paraissent des minutes depuis ce jour où je fus réduit en un ridicule lit... Car vois-tu, un beau matin, des hommes casqués envahirent notre forêt et je fus de ceux qui furent décimés par ces chevaliers massacreurs à la tronçonneuse... On me coupa, on me trancha. On me démembra. Puis, mes restes valides furent emportées dans un immense camion, étouffant sous la charge de mes congénères et furent déposés dans une scierie. C'était un endroit aux stères !!! Une horrible et gigantesque guillotine qui me révoltait !!! Quelle bûche de devoir finir ainsi !!!

Et l'on finit par me transformer en misérable couche pour humain !!! Voilà comment j'ai atterri par malchance ici, dans ce coin pourri !!! Dans cet endroit terriblement ennuyeux !!!

-Hein ???

-Eh oui mon pauvre petit ... On ne peut pas dire que tu sois particulièrement gai !!!

-Mais...

-Tu ne ris jamais ici !!! Tu ne viens que pour dormir ou faire tes devoirs !!! Ta joie, tu la réserves seulement à ce maudit écran qui encombre le salon !!! Ma seule distraction était d'entendre avec plaisir les histoires loufoques de ton père !!! La seule chose qui me retenait. Mais Môssieur veut du thriller et boude le gag !!! Que tu ailles au diable et tu en auras pour ton argent !!! Moi je m'en vais !!! Et j'emmène ta table de chevet avec moi car jadis ce fut une partie de moi-même !

 

 

Librement inspiré d'un merveilleux album pour enfants de Philippe Corentin

 

 

30 janvier 2010

Au cimétière de la Mère Tabouret (Sebarjo)

Au cimetière de la Mère Tabouret

Haiku_sur_pierre_Keisuke_Mutoh


Au cimetière de la Mère Tabouret, tel un DJ vampirique, je suis allé scratché sur vos tombes.

Puis, sur une stèle instable, entre le trépied bancal et le dolmen érodé, je me suis assis et ai pris la forme statufiée du Penseur de Rodin.

Dans les allées de ce square macabre, les tombes poussent et s'alignent tel un champ de maïs où l'on trouve de jolis grains sous leurs épi-taphes...

J'en ai collecté une hante-au-logis gravée sur le granit rose, le marbre gris, le bois noir ébène qui forment les écueils ceignant les cercueils de ce parc ombragé. Me voici comme un haijin fossoyeur car chaque épi de ces staffs, est une épitaphe sous forme de haïku.

Je vous en livre ici un florilège :


Ami souviens-toi

Du feu maréchal Putain

Qui tua sans merci


Père, grand-père

Des enfants du marais, seuls,

Sous les fleurs d'Honfleur


Etouffé Jimi

Ta guitare s'est évanouie

Putain de vomi


On te voit danser

Le long des nuages clairs

Chanteur de la mer


Te voici vieux loup

Près de ton petit garçon

Bien loin de Paris


Adieu l'ami

Tu es loin de tes Marquises

Mais sans nous quitter


Mais mon préféré, celui que je garde pour ma fin, le voici :

 

Faut pas trop s'presser

On a toute la vie

Pour pouvoir crever


A graver sur gravats quand l'allègre vie s'aigrira et s'aggravera...

C'est-à-dire au plus tard !!!

©Photographie de Keisuke Mutoh. Trouvée sur Wikipédia ici-même...


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