Le rythme lancinant du train dans la nuit Comme dans un tunnel dans la montagne enfoui, On se laisse bercer dans les wagons-lits Par les courbes des rails évanouis Aux aiguillages souvent alanguis.
Les vitres tremblent parfois Lorsque prises de désarroi, Siffle en sens inverse, Un vapeur qui, comme l'averse, Semble filer à toute vitesse. Mais si cela nous paraît hallucinant son rythme est tout aussi lancinant
Que le rythme de notre train de nuit Qui, son chemin dans les étoiles, poursuit ; D'une voie à l'autre se fait tout ouï Comme l'écho d'une sirène infinie Résonne au-delà des douze coups de minuit.
Et dans le rythme lancinant de ce train de nuits Voguent finalement nos corps assoupis, Car la force des heurs nous a endormi, De l'acier qui frotte contre l'acier qui crie, Qui crisse tandis que la lune gémit Et que dans les nuages noirs, le vent frémit.
Le rythme l'eurythmie Le calme le vertige Le rythme l'heure amie Les songes les vestiges
Le rythme l'eurythmie Le calme le vertige Le rythme l'heure amie Les songes les vestiges...
Depuis plusieurs décennies – déjà ! - je profite des grands rendez-vous sportifs pour m'y mettre à fond ! Que ce soit Roland-Garros, la Coupe du monde de football, le Vendée Globe, Le tournoi des six nations, l'euro de Basket, le tournoi de pétanque de Québriac ou encore le concours de fléchettes du Celtic à la Guerche-de-Bretagne, je ne rate pas une occasion de me plonger littéralement dans le sport. Et cela explose lors des Jeux Olympiques. De l'or au bronze, j'en vois de toutes les couleurs et j'envoie de tous les coups-leurres. Pendant deux mois, je suis en état de grâce et cela fut particulièrement vrai lors des dernières olympiades qui ont eu lieu à Londres en 2012...
LES JO de LondoN
A passer tout l'été devant sa télévision Sans même quitter le fauteuil de son salon Car c'est les JO, les JO de London Car c'est les JO, les JO de London
A ce petit jeu, qui sera le plus en forme Et gravira les marches du podium Quel sera le meilleur aux JO C'est Jojo Le plus fort aux anneaux C'est Jeannot Le plus marteau au marteau C'est Sebarjo Le plus rapide en papillon C'est Papy, voyons !
C'est les JO, les JO de London C'est les JO, les JO de London Du cent mètres au marathon Du saut à la perche au décathlon Du kayak à l'aviron Du tir à l'arc au badminton
C'est les JO, les JO de London C'est les JO, les JO de London Du judo au cheval d'arçon Du hockey à l'équitation De la voile aux jeux de ballon Du tennis de table au tennis sur gazon
C'est les JO, les JO de London C'est les JO, les JO de London De la boxe à la natation Du javelot aux courses de fonds De la gym au sol au plafond De la lutte gréco-romaine à l'accordéon on on on...
C'est les JO, les JO de London C'est les JO, les JO de London C'est les JO, les JO de London...
C'était le premier 33 tours que je m'étais acheté. J'avais hésité entre celui-ci et une compilation intitulée Voilà les hits ! qui comprenaient notamment des tubes de Chris de Burgh, Lloyd Cole, Jimmy Cliff , Wham et même... Jean-luc Lahaye, bref que du bon ! Finalement, la pochette d'un joli jaune et représentant un guitariste un peu naïf, genre Gaston Lagaffe première génération, m'avait aidé à prendre ma décision...
C'était à l'époque où j'étais un jeune collégien qui commençait à sélectionner lui-même la musique qu'il écoutait. Mes oreilles, jusque depuis peu, avaient été bercées et aguerries par le choix de mes parents, plutôt francophone : Brassens, Brel, Tri Yann, Escudero, Servat, Ferré, Lavilliers, Béranger, Budet et un peu de Beatles quand même ! Je sortais tout juste de ma première phase marquée par les Forbans qui sont chouettes et sympas et de la Compagnie Créole qui ne fait rire que de bien drôles d'oiseaux. Je me débarrassai de ces vieilleries et pris véritablement mon indépendance musicale en entrant en sixième et en quittant l'école primaire et avec elle, le temps des billes et scoubidous. Bien vite, vint alors le temps du walkman, des clips et des 45 tours. Je me mis à aduler Thriller et Cendrillon. Et parce que j'aimais bien cette dernière chanson, j'optais définitivement pour Un autre monde, le dernier album de Téléphone, qui venait tout juste de sortir (et qui restera l'ultime).
Cette chanson-mirage m'a tout de suite plu. Forcément, à cet âge-là, on rêve tous d'un autre monde ! On veut tout casser, tout changer, tout révolutionner ! A se demander si Téléphone était un groupe réel ou une fantasmagorie. Ils m'avaient transporté, c'est sûr. Bien des années plus tard, je savais bien évidemment que ce n'était pas qu'un rêve*.
Et, même si je me dis parfois encore que ce Téléphone ancestral qui crachait dans l'Hygiaphone – bien loin des Android et autres smartphones qui envahissent notre autre monde d'aujourd'hui – c'est juste une illusion, ils ont chanté, ils ont existé. Leur musique a explosé dans mes oreilles comme une Bombe humaine ! Ils ont fait vibrer le Cœur de la nuit En crachant leur venin... C'était quelque chose tout de même... Je crois qu'ils vont me manquer...
Mais non, je n'ai pas rêvé, ma réalité m'a juste alité et même si comme ce bon vieux Téléphone, je perds le fil, je dois regarder la réalité en face : un autre monde est bien là...
*extrait des paroles de Le Jour s'est levé, dernière chanson de Téléphone
Alors tous les arbres frémissent, le grand véréfour qui porte le nid retient son souffle ; se referment les tapinoufles et les ronils à pois bleus s'évanouissent.
Les prunels de leurs battements d'ailes Égaient les haisselles et les taillissons, Virevoletant de mauviettes en luzerons. Et sous les fougerolles, les chanterelles Ocrent harmonieusement l'humus tapi De la forêt, reposant comme à l'an gui.
Y glissent les vipeuvres discrètes Rampant après les crapouilles vertes Qui cocassent à tue-tête Leurs mélopées inertes.
Les chevrolets batifolent avec des bichons Tandis que des sangliers-lions Déviolinent l'automne Aux couleurs autochtones.
Les hirondiaux laissent là ce décor, S'emplanant pour quitter le nord Et rejoindre le beau Sphore, La Corne d'or ou les açores. Mais comme ils ont tort De délaisser alors un tel trésor !
Car ce lieu fantasmagique c'est mon reinaume : Mes bosses et landes brétiliennes, Les mystères que chiffrent mon génome La sève qui roucoule dans mes veines.
Alors, que tous les arbres frémissent, Que le grand véréfour qui porte le nid Retiennent son souffle ; Que se referment les tapinoufles Et que les ronils à pois bleus s'évanouissent !
J'ai pas d'cambouis sur mes affaires J'ai pas d'taches d'huile sur mes velours Je change souvent d'tenue vestimentaire
Je turbine pas à 8000 tours Je respire sans filtre à air Je suis à l'aise dans mes boxers
Je m'déplace jamais en Rover J'ai pas besoin de roue d'secours Je passe même pas la première
Vos autos ne sont que tas d'fer Moi j'ai l'volant qui tape à l'envers Les pots d'échapp'ments me désespèrent
Au moins veux-tu d'un pneu ? J'veux pas de pneu ni d'chambre à air Mas ça roule, tout va comm' je veux Pour démarrer, j'ai pas besoin d'starter
Les quatre roues j'en ai rien à faire Le turbo n'a rien d'spectaculaire J'vous laisse les bielles et j'prends les bières
Qu'est-ce que tu veux mon vieux Dans la vie on avance avec des pneus Pas comme on veut
J'aurais pas voulu être un pompiste J'aurais pas trouvé ça super Ni même un garagiste C'est d'une essence trop ordinaire
J'aurais pas eu l'air d'un idéaliste En vous mettant du sans plomb dans l'aile Vous seriez restés automobilistes Sans devenir huile essentielle Sans devenir huile essentielle
J'aurais pas voulu être un pompiste Dans une station Total ou Shell De nous polluer comme un jean-foutiste Au GPL ou au diesel Au GPL ou au diesel
J'aurais pas voulu être un pompiste J'aurais pas trouvé ça super Ni même un garagiste C'est d'une essence trop ordinaire
Pour le piéton ou le cycliste que je suis, c'eût été vraiment improbable d'être pompiste ! Mais comme vous l'avez certainement remarqué, j'ai quand même pompé l'air de cette chanson ! Merci à Starmania !!!
Refrain : Coucou coucou coucou Coucou coucou coucou Niet ! Coucou coucou coucou Coucou coucou coucou Niet !
Ah ! Comme je suis inquiète Quand je vous vois Monsieur Labitt Vous vous êtes cogné la tête Et vos yeux sortent de leur orbite
Refrain
J'ignore ce que vous avez en tête Ni ce qui vous habite Mais de mes hanches que vous dites parfaites Ôtez vos mains qui s'y précipitent.
Refrain
Arrêtez, ne soyez pas bête Car chez moi rien ne vous invite Vous vous êtes pris le coin d'ma fenêt' Mais pour vous stopper y'avait une vit' !
Refrain
Non, je n's'rai pas votre jour de fête Rentrez la queue basse, Monsieur Labitt Allons, n'ayez point cette mine défaite Désormais plus rien ne vous agite !
Sans faire d'une mouche un éléphant, je peux vous assurer que lorsque l'on me pose une devinette sur ce mammifère (laissez papy faire!), je me trompe rarement. J'en connais des centaines. Par exemple, comment fait-on pour mettre quatre éléphants dans une 2 CV (elle date un peu celle-là, on dirait plutôt dans une Twingo ou une C1 aujourd'hui ! Mais peu importe, la réponse est la même !), combien de temps faut-il pour mettre un éléphant dans un frigo, comment empêche-t-on un éléphant de passer par le trou de la serrure, pourquoi un éléphant ne passe-t-il pas à travers le chas d'une aiguille, pourquoi les éléphants se peignent ils les ongles en rouge ?... etc... etc....
Mais un jour, alors que j'étais assis sur un Elmer que ma fille avait laissé traîner là (c'est la jungle chez moi), tout engoncé dans mon fauteuil comme un pachyderme en train de rêvasser, je fixais le plafond de mon living-room, semblant y entrevoir des éléphants roses. Alors que j'étais en première phase digestive, enfermé dans ma tour d'ivoire et me sentant donc comme un être sans défense, SOUDAINEMENT ! Surgit mon fils qui, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, m'interrompit :
- Dis papa, j'en ai une bonne.
- Ah... Encore une devinette trouvé sur l’emballage d'un carambar !
- Ah non, celle-là c'est une bonne ! Une colle sur les éléphants !!!
- Alors, vas-y ! Je connais tout sur cet animal ! Et je retiens tout, avec ma mémoire...d'éléphant !!!
(je me marre tout seul tandis que mon fils fait une mine consternée)
- Bon... Quand tu auras fini de barrir en voulant rire...
- Eh oh ça va... Bon allez vas-y...
- D'ac. Que prend un éléphant quand il rentre dans un bar ?
-...
- Alors ?
- …Euh... attends attends, je sais... euh...
- Alors ? Alors ? Monsieur l'incollable on reste coi ???
- Attends, je te dis ! … Eh bien hmmm... Mais bien sûr, j'ai trouvé ! (triomphant) Un thé éléphant !
- (Ironique) Wouah ! Comment t'as fait pour trouver tout de suite ???
- Boah fastoche comme je te...
- Pfff. N'importe quoi, c'est pas du tout ça !!!
- Ah ? Alors euh...
- Ah ! Ah ! J't'ai baillé hein ?
- Oui bon ça va... Hey !!! Ça y est je sais ! Il ne prend rien ! Parce qu'il est écrit dans le bar : Défense de boire avec sa trompe !
- Alors là... T'y es pas du tout !!! Bon allez, tu donnes encore ta langue au chat ???
- Attends, j'essaie un dernier truc : une Elephant beer ?
- Pff. De pire en pire !!!
- Bon allez okay, tu as gagné, vas-y dis-moi !
- Tu donnes ta langue ?
- Mais oui puisque j'te l'dis !
- En fait il PREND de la place !!! Et aucune boisson, espèce de bois-sans-soif !!!
Et il me plante là, me laissant complètement abasourdi...Ah ! On peut dire qu'il m'en fait voir de toutes les couleurs ! Me voici bariolé comme Elmer et complètement égaré... Comme le bébé éléphant de Dick Annegarn !
J'étais assis comme un pacha dans mon fauteuil en train de lire une bonne bande dessinée, tout en ronronnant et grognant fortement car j'avais comme un chat de coincé dans la gorge, quand soudain, surgit mon fils qui me lance :
- Dis papa, il paraît que les chats, dans un futur très proche, sauront parler.
- Ah bon ? Comme le Chat du rabbin ou le Chat de Geluck alors ???
- Je les connais pas ceux-là mais oui comme les Aristochats par exemple. C'est fou non ?
- Ah oui c'est sûr... Je devrais même dire : « chat alors ! »
- C'est ça moque-toi de moi ! Je parie que tu sais même pas pourquoi ?
- Hein ? Pourquoi... Quoi ?
- M'enfin, essaye de suivre un peu ! Je parie que tu sais même pas pourquoi ils pourront bientôt parler ???
- Ben non, évidemment...
- Ah ! Ah ! Je m'en doutais !... Alors Tu es bien sûr, tu ne le sais pas ???
- Ben non je ne sais toujours pas...
- Eh bien voilà pourquoi !
- Hein ???
- Ben oui, c'est parce que tu viens de donner ta langue aux chats !!! Comme ça maintenant ils peuvent parler !!!
(Rires qui s'éloignent. Mon fils est parti en courant, tout fier de lui)
Dans la cheminée de mon salon, j'ai trouvé une valise. Dans cette, valise, je n'ai rien trouvé, à part une bouteille en verre transparent. Dans cette bouteille, j'ai trouvé une feuille de papier. Sur cette feuille de papier, j'ai pu lire : « Cette année, je pose mes RTT. J'en profite pour partir en vacances. Ton Père, Noël » Je me souviens c'était un 24 décembre. Je venais d'avoir 8 ans et j'étais loin d'être fort comme un homme.
Quelques années plus tard, sur Internet, sur le site d'écriture s en tout genre du défi du samedi, j'ai trouvé
une cheminée
une valise
puis une bouteille en verre contenant un mystérieux message.
Je me souviens c'était en 2013. Je venais d'avoir un certain âge... Mais restais incertain.
Quand j'étais petit garçon, Mes toutes premières leçons, Je les ai apprises à l'école, Pour prendre mon envol, En lisant mon premier livre, J'allais savoir ce qu'était vivre. On m'avait dit mon enfant, C'est en lisant et en écrivant, Que tu traceras ton chemin, Que tu tisseras des liens. Rien ne sert d'être une teigne, Tais-toi et retiens ce que l'on t'enseigne.
J'avoue que d'abord le goût fut plutôt du dégoût, Que je n'ai pas eu presto illico L'ivresse du livre. Il a fallu que je mette un peu d'eau Dans ma détresse de l'ivre. J'étais alors le roi des aveugles, A trop me regarder le nombril, A trop croire que j'étais le seul En ce monde, à perdre le fil, Comme un pied-bot Au pays des funambules, Une patate ramollo Au milieu des tubercules.
Mais un jour je suis tombé sur ce bouquin, Oui-Oui et le magicien. Les mots se sont enfin révélés, J'ai lu les phrases en entier, Sans même m'arrêter. Ce fut une onde de choc, Et estomaqué par ce coup d'estoc, J'ai lu un autre bouquin, Puis encore un et encore un autre. Et j'ai compris que pour être quelqu'un, Il fallait être aussi quelqu'un d'autre, Être à la fois Oui-Oui et le magicien.
Les livres m'ont donné une bonne leçon, Et c'est grâce à eux si j'écris des chansons, Si aujourd'hui ne ressemble plus à hier Et hier plus à avant-hier. C'est grâce à eux si ma vie Au jour d'aujourd'hui, C'est trop d'la balle Et que j'fais des slams à deux balles. Vous m'direz des slams à deux balles Ca vaut pas bien cher, On n'y gagne moins qu'on y perd, Que c'est vraiment pas du lourd Et que ça vaut pas l'détour.
Okay, Mais si c'est pas Du lourd, Mieux vaut entendre ça Que d'être sourd, Car il faut qu'tu saches, brother, Que si mon slam est pas tagué au marquer, Pas aseptisé au karcher, Pas ciselé au cutter, Pas fondu dans du beurre, Pas dit avec des fleurs, Il faut qu'tu saches, brother, Que c'est écrit avec le cœur. Alors okay c'est pas du lourd, Mais mon slam c'est de l'amour.
Alors okay c'est du p'tit slam Mais c'est le reflet de mon âme. C'est pas du lourd, Mais mon slam c'est de l'amour.
Je vous imagine, échoué là par hasard, sur cet îlot ridiculement étroit et désert, après le naufrage de votre navire aérodynamique, lors d'une costa-croisière...
Vous êtes là sur la plage, depuis plusieurs jours déjà. Vous survivez grâce à la substance gélatineuse de fruits monstrueux, parsemant l'ocre magnifique d'un sable fin sur lequel vous vous allongez.
Vous êtes coupés du monde. Vous avez bien votre portable mais, il ne capte plus rien.
Et puis, depuis plusieurs jours déjà, sa batterie est morte.
Aucun message n'est alors possible. Les SMS, les chat, les e-mails, les blogs, Skype, Tweeter, Facebook et autres googoleries, tout ça s'est envolé. Pfffuit !!! Evaporé soudainement ! Rayé d''un grand trait de crayon rageur de la carte du monde.
Et pourtant, vous existez. Vous le sentez mais ne pouvez pas vous empêcher de vous époumonner : Où est l'antenne relais ? La zone wifi ? Vous criez à l'aide ! Oui, vous criez à tue-tête ces mots insensés que personne n'entendra : Mon génome pour une clé 3G !!!
Puis une semaine s'est écoulée. Vous vous la coulez douce, il n'y a rien d'autre à faire. Vous vous êtes assagi. Vous réalisez que c'était vraiment que de la connerie, tous ces réseaux, ces contacts, Cette fiction électronique.
Futilités. Que du vent. Vous avez balancé le Computing clouds par les Windows comme du vulgaire Computing wind...
Le temps passe lentement comme un sablier qui s'écoule tranquillement... Sur cette plage ensoleillée. Vous avez pris un coup de soleil sur le bras gauche ou sur l'omoplate droite. Le bout de votre nez pèle mais vos bras dorent.
C'est alors qu'un matin, comme chaque matin depuis plusieurs semaines déjà, vous vous réveillez au bord de cette plage sous ces palmiers aux fruits globuleux et aux eaux turquoises, en ce paradis dont vous rêviez tant jadis... avant. (Il n'y a pas si longtemps et pourtant cela semble si loin, si vague... Comme un mirage à l'horizon.)
Ce matin donc, soudainement contre toute attente, étrangement contre vos pieds, bute une bouteille vide de tout liquide, ramenée par les vagues qui semblent si lointaines... Comme un mirage horizontal.
Il y a un message à l'intérieur.
Enfin ! Écriiez-vous tout agité par cette anormalité, alors que depuis quelques temps, vous aviez réussi à vous apaiser. Un contact avec le monde !
J'imagine votre joie fiévreuse, votre excitation fébrile... Maladroitement vous saisissez cette bouteille et la brisez contre un rocher poli par les eaux joliment moirées de votre eden.
Au fond de cette bouteille, roulé comme un parchemin, j’imagine votre déception immense, votre détresse infime, votre rire nerveux, au bord de la postitite, lorsque vous découvrez que ce message merveilleux ne contenait que l’une des nombreuses formules spirituelles de Ben...
A votre convenance, ce pourrait être :
ou
ou de même
ou encore
ou également
ou si vous préférez
ou toujours
ou enfin
Et si vous n'arrivez pas à choisir dans votre délire ilien, je vous livre le tout qui compose un poème :
Ceci est un faux !
Rien à dire, je tourne en rond.
Et après ça ? Je ne suis pas fou,
Bientôt il n'ybaura plus de place
Sur terre...
Et pendant ce temps là,
Le Nouveau est arrivé !
Dans tous les cas, je vous conseille de ne pas quitter le plancher
Bien qu'elle fut quelquefois une voyelle très joyeuse et si souvent (dé)criée trois fois de suite, cette lettre première s'est définitivement envolée et s'est enf(o)ui de notre monde, le onze d'un septembre noir ou le douze d'un octobre gris, je ne me souviens plus. Toutefois c'est sûr, elle qui fut triplement le symbole de l'immense union européenne, fondit comme neige, telle une fusée meurtrie file vers des météores en feu. Tombée en un gouffre profond, limbes de l'oubli, rejetée comme une dette grecque qui enfle, elle est pour toujours lettre morte.
Eh Eh Eh !
Et voyez présentement, ce petit b qui s'y croit ! Il veut lui succéder ! Oui observez comme il redouble d'efforts pour croître ! Quel joli bébé ! Quel toupet ! Il tourne, tourne et veut nous dévorer, telle une hyène omnivore qui jeûne depuis trop longtemps et qui mime le peso doble d'un condor énervé, comme s'il fut réveillé fortuitement.
hI hI hI !
Ne tremblez point ! Les peurs bleues, les sueurs froides iront twister bien plus loin ! Moscou, Pékin, Tombouctou, qu'importe ! Que ce soit loin de Berlin et de London ! Les poussières qui recouvrent le sol stérile de nos cultures les verront tournoyer en des Hip-hops désespérés. Puis elles fuiront, les vents les porteront comme des typhons étiques. Oui, il est de bon ton de dire qu'elles ont des dents pointues, fin prêtes pour grignoter les péninsules intersectionnelles de l'horizon et des lignes méridiennes. Ne vous y fiez donc point. Qu'Eole les souffle comme de ridicules bougies ! Nous voulons respirer, être libres. Dieu du meltem et père de Zéphyr, boute-les ! Pousse-les vers des déserts mineurs !
hUe hUe hUe !
Remettons un tigre en notre moteur ! Réglons nos bicyclettes, unissons nos forces vives ! Fonçons sur nos vélos et oublions tout droit de véto ! Oui, un nouvel essor est possible ! Fonçons ! En trombe, directement en cinquième, brûlons les stops et ne rongeons plus nos freins. Délivrons-nous de nos mots. Retrouvons ces signets prisonniers entre deux feuillets de livres oubliés et dépensons les sterlings qui nous stressent et nous oppressent. Voici : une quiétude retrouvée. Une envolée de notes de musique. Des mélodies voluptueuses scintillent et nos oreilles sont éblouies. Triple fois oui, vidons nos poubelles et remplissons nos cervelles !
Yek Yek Yek !
Non, trois fois Non ! Ne croyez nullement que ce sont les i grecs qui feront choir définitivement le vieux continent, notre Europe incontinente !!! Je préfère mettre les points sur les i, c'est une idiotie de penser ceci. Enfin non quoi ! Remercions-les plutôt ! Oui trois fois oui, vénérons-les.
Ils sont une invite, le rêve d'un exode touristique, une quête de tourbillons sensoriels. Un oubli de toute crise économique qui coûte trop et qui enfin nous importe peu. Ils sont un chemin neuf vers Troie qui gomme tous nos chemins de croix. Un nouvel Ilion et un songe d'Odyssée fertile, un périple qui ignore tout péril. Une société puérile. Nous sommes tous mômes. Jouons tous ensemble.
Croyez-le, très chers, les i grecs sont îles grecques, ensoleillées comme de belles héllènes, ensommeillées comme en mer ionienne. Ils sont ces siestes si longtemps espérées, ces silences fertiles, si riches qu'on les dit d'or. Ils sont l'été infini, douze mois de juillet puis une île ensoleillée, puis deux puis trois... Ils sont un possible, notre futur et notre venir.
Que du pipeau cette histoire de fin du monde ! Encore un coup de Paco Rabanne et Maya l'abeille !!! faut qu'ils arrêtent de planer comme ça, les mecs !!! On n'est pas dans les Cités d'or. Non sérieusement, ici, tout est normal. Comme d'habitude de toute façon. Dans ce trou c'est toujours la même histoire.
Y'a jamais rien qui se pa...AAAFFFfuit ................................... ............................................... .............................................. ............ .................... .............. ..... ... .. .
Et pour retrouver les paroles de la chanson, c'est ICI-MEME !
Les allées, recouvertes à l'automne de feuilles mortes, sont de merveilleux terrains de jeux pour les enfants de 7 à 77 ans. Et, langoureusement, ils résonnent jusque dans les haïkus de saison :
Descente sur feuilles
Les toboggans en folie
Les enfants ravis !
Au repos les feuilles
étendues et allongées
Sur un banc public
Jour d'automne au parc
Tapis ocre déroulé
Escalier de feuilles
Sous-bois miniature
ma cachette dans le parc
Antre d'Halloween !
Ensuite, l'âge de raison véritable choit et nous les écoutons, ces feuilles mortes, les oreilles grand ouvertes. Puis nous chantons avec Serge Gainsbourg, La Chanson de Prévert :
-Bonjour. Je suis Monsieur RV le depanneur de la societe CKC. Je viens pour votre probleme de PC.
-Ah TB ! Entrez, entrez c'est ici.
-Ouh la ! Il n'est pas d'IR votre engin.
-Il est AG, mais tout de meme, c'est un IBM !
-Merveilleux ! A-t-il un IP au - ?
- Ah ah ! Au - j'ai C++ ! Vous etes un comique vous ! Internet n'existait pas encore lorsque j'en ai fait l'acquisition !!! Mais cela va vous sembler incroyable, car en le boostant, j'arrive a aller sur Google... ! Et je crois que bientot, je pourrai faire une recherche qui aboutit !!! Donc IPeut l'avoir quand il veut son IP !
-Ah ah ah ! Oui je vois !... Hmmm... ! Quel est votre probleme exactement ? Enfin je veux dire, avec votre ordinateur ?
-Le disque dur... Il ne lit plus les disquettes molles.
-Aie aie aie !!! Je ne suis depanneur que depuis 20 ans ! C'est de l'histoire ancienne votre truc ! Bon, permettez que je jette un oeil... Vous n'avez pas de souris j'imagine...
-Non evidemment. Mais j'ai un clavier. Avec pave numerique integre, s'il vous plait !
-Je vois je vois... Bon. Votre disque dur systeme, c'est bien le disque C... ?
-Bien sur !
-Je ne le trouve pas.
-Normal, puisque mon disque C est HS.
-Logique.
-En fait, je crois qu'il s'est plante de chemin et qu'il s'est perdu sur mon peripherique Q. Et depuis il tourne en rond...
-Eh bien ca ne va pas etre simple ! Bon et votre systeme d'exploitation ??? C'est meme pas du DOS et encore - du MS-DOS, ca ??? C'est quoi ???
Souvenez-vous, il avait plu tout le week-end... et nous nous occupâmes comme nous pûmes, bercés par les marionnettes de Christophe...
Finalement, le miracle arriva. Après la pluie, le beau temps.
Quelques rayons de soleil épars nous chauffèrent l'échine ce lundi matin, jusque vers quatorze heures environ.
Et, après la pluie et le beau temps, les champignons.
Aussi dès que cela me fut possible, je chaussai mes bottes de survie et m'enfonçai dans l'épaisseur touffue de la forêt de Rennes. J'allais comme à la chasse - non aux papillons - mais aux champignons.
Et comme il avait plu plusieurs semaines durant précédant ce long week-end plus vieux de quelques jours, je fredonnai machinalement et incessamment cet air de Brassens :
Au bout de deux ou trois kilomètres, mes lèvres épuisées formaient une sorte de cul-de-poule qui faisait le grand huit à moitié. Et surtout, j'avais suffisamment rempli mon panier de specimens assurément comestibles, se composant essentiellement de trois espèces aisément identifiables : coulemelles, petits violets et quelques bolets communs (ou pour les puristes : lépiotes, clitocybes améthystes et xerocomi communes). Nulle amanite panthère, nul tricholome tigré, nulle plutée couleur de lion et autres fongus félins félons n'y trouvèrent place. Et même si elle était plutôt savoureuse, la vesse-de-loup avait une bien trop grande gueule pour y loger !
J'en avais plein le panier mais également plein les bottes. Je ressentis un peu de lassitude et de fatigue, certainement dûes au manque d'exercice, au repos forcé par les récentes intempéries, poussant à l'enfermement et à l'immobilisme.
C'est alors que j'eus la chance et l'agréable surprise de trouver cette chaise pour cueilleur exténué ou promeneur bucolique :
Je m'assoupis quelques minutes réparatrices et, m'endormant finalement, me mis à rêver, sans pourtant avoir ingéré d'échantillons hallucinogènes, ces haïkus champignonesques :
Petit moucheron
Appuie sur le champignon
Vite, c'est l'automne !
Les petits violets
couchés sur les coulemelles
Automne gourmet
La forêt de Rennes n'est peut-être pas aussi mystique et mythique que celle de Brocéliande, néanmoins, elle cache en sein bien des mystères !
Il avait plu tout le week-end. Une pluie presque tiède.
C'était octobre, période, non pas de l'été indien, en nos contrées, mais de la mousson bretonne qui prend à la gorge et engorge les fossés où, sous les feuilles mortes, se cachent châtaignes et cèpes.
Mais si dehors ça tombait, dedans ça montait.
La pression, l'ambiance.
Les enfants n'en pouvaient plus de rester enfermés. Comme cloîtrés. Et au remède de l'enfermement et de l'ennui, le DVD n'est pas une solution. Juste une illusion pour d'amères désillusions. Même ET, Bach to the future, Beethoven... et encore moins Amadeus n'y pourront rien ! Vous connaissez la musique... Passer les trois quart d'heure, ça monte, ça monte. On s'énerve et les cinq dernières minutes deviennent infernales !
J'ai donc dit à ET et à ses petits amis musiciens, to phone home (cinéma!) and go out !
Et au lieu de s'user les nerfs optiques et les nerfs tout court sur un écran, j'ai sorti les pastels, les crayons de couleurs, les feutres, l'encre de Chine, les plumes, les pinceaux et le papier canson des grandes occasions. Toute la petite famille s'est attablée et on a dessiné. J'ai lancé un thème : Les bonhommes. Un classique. Bien sûr, on avait le droit aux arbres, aux fleurs, aux voitures et aux maisons ! Mais uniquement pour le décor.
Chacun s'est alors concentré, occupé à noircir et à iriser ses quelques centimètres carrés de papier blanc, bercé par le clapotis de la pluie contre la porte-fenêtre du salon. Personnellement, j'étais pris en étau par une bise intestinale tenace et un crachin tout aussi tenace qui glougloutait dans mon estomac... Comme si le poulet rôti du dimanche midi piaulait encore !
Pour ne plus l'entendre, j'ai décidé de mettre de la musique. J'ai alors farfouillé dans mes vieux vinyls. C'est alors que j'ai re-découvert les 45 tours, planqués derrière ma trentaine de 33. Plus petits mais plus véloces sur les platines. Plus aériens.
J'ai zappé les années 80 et j'ai pioché quelques sixties. Et pour rigoler, je les ai fait tourner chacun à leur tour. Toutes les six à dix minutes, je me levais pour changer de face ou de disque. Comme quoi, il est possible de marcher même lorsqu'il pleut.
les enfants ont tout de suite apprécié ces vieilles chanson et les craquements du diamant sur les spirales des microsillons qui accompagnent joliment la langueur automnale.
J'ai d'abord passé les quelques titres anglo-saxons, vestiges de ma maigre collection : Eight days a week, We love you, Nights in white satin, Massachussets...
Et puis je me suis lâché ! J'ai sorti quelques chanteurs français, presque oubliés. Adamo et Sa nuit, Guy Mardel qui N'avoue jamais, Leny Escudero et sa Ballade à Sylvie, Claude François et ses Même si tu revenais, Jean Ferrat et Sa montagne, Eddy Mitchell et son Good bye prêcheur...
Et puis sont arrivées Les Marionnettes de Christophe...
Tout s'est alors enchaîné. On s'est déchaîné.
Oui, sans préambule ni concertation, on s'est tous mis à chanter à tue-tête comme un seul choeur vibrato-wah wah. Et en plus de bonshommes en papier, on a sorti de la ficelle, du carton, de la colle... Nos bonshommes ont pris forme, car tout en chantant, on les a transformés en marionnettes.
Il avait plu tout le week-end mais comme ce week-end fut joyeux ! Ce dimanche, Christophe nous avait fait tourné la tête des dizaines de fois avec ces marionnettes !
Jusqu'au moment où, au-dessus de nos têtes, on a vu suspendue à son fil, comme une marionnette, une araignée qui descendait du plafond... Et nous ? Quels fils, quel marionnettiste au-dessus de nos têtes ?
...
Mais loin de perdre le fil et notre feeling, sans se défiler, on a recommencé de plus belle.
J'ai fini par empoigner ma guitare chantant jusqu'au soir :