Contribution de Séb B
J'écrirais des poèmes
J'écrirais des chansons
On m'appellerait le fou écrivant
J'écrirais pour les enfants
J'écrirais pour les prisons
J'écrirais pour qu'on m'aime
Je jetterais aux curieux
Ces personnages qui sonnent creux
Là seuls dans mon crâne
Je tricoterais des brouillons d'âmes
Au verso des pages
A chaque alinéa
Je cesserais d'être sage
Et j'oublierais les frimas
De roman en roman
De nouvelle en nouvelle
De paragraphe en paragraphe
Je créerais destins et héros
Je soufflerais surprise et poussière
Je briserais coutumes et circuits
Je passerais de mon bureau
Aux salles de Dubaï et Pluton
Et les théâtres en pâmoison
Écouteraient mes mots
Haïraient mes personnages
Pleureraient de leur sort
Et en tournant la page
Regagneraient leur port
Ma gloire sur les lèvres
Mais tout cela n'est qu'un rêve
Car je ne suis pas riche
Et de ma vie en friche
Dois chaque jour sans refrain
Aller gagner le pain !
contribution de Séb B qui a trouvé le temps, Alleluia !!!!
A celle qui lui et qui se reconnaitra
Si je n'avais pas dans mes poches
ces minutes en sacoches de pierres
si je n'avais pas dans mes bronches
ces secondes en grains de sable vert
si je pouvais un seul matin
porter vers le ciel un œil juste un
œil
voir se peindre au creux de ma main
cette journée qui sans un mot se
cueille
si je pouvais un seul midi
briser ma nuque aux doux baisers de
celle...
si je pouvais aux raviolis
substituer son ombre et ses ombrelles
alors oui ce temps qui s'enfuit
ces sabliers sans fond qui nous
absorbent
au contact de celle qui luit
ne serviraient qu'à lui ôter sa robe
Poudre d'escampette (Séb B)
Peter Pan m'a confié sa poudre d'escampette
or
j'ai soufflé sur les toits mes mines de crayon
comme on soufflerait la neige dans la tempête
- donc tout m'est revenu, ailes sans papillon.
J'ai relevé le crâne ourlé des solitudes
vers ce monde où jadis Peter Pan étirait
mes regards et j'ai vu dans cette multitude
ton regard déposé plein d'or par une fée
j'ai entrouvert le ciel téméraire orphelin
des amours humaines pour enrouler ton sein
sur ma peau oubliée des bises et du temps
et le brouillard s'est mû en ton visage ardent
les nuages alors sur les toboggans qu'hier
encore Jacob prit pour de durs escaliers
devinrent nos jouets nos zélés messagers
et l'axe de nos yeux depuis crée l'univers
Poème écrit pour Koala, mon nuage mi-brouillard boudeur, mi-nuée vivifiante.
Etymologie (Séb B)
Un frêle troubadour aux démarches oblongues
S'est tout entortillé autour d'un pot de choux
les jambes et les pieds les bras et tous les ongles
la bouche cramoisie a rendu le chef fou
« Ah il n'a pas tourné autour du pot, ce couard ! »
Et depuis nous apprend ce facétieux Larousse
Le pot a bien grossi et les choux aux frimousses
Nouvelles ont offert sans hésiter leur art.
Témoin muet du progrès (Séb B)
J'ai vu courir les modes
Sur les marches du monde
Comme un enfant aboie
Ses rires et ses joies.
*
Des culottes aux strings
Des sabots aux tri-bandes
J'ai aimé tous ces rings
De folles sarabandes
*
J'ai rayé mes visages
J'ai fissuré mes os
Aux hivers sans herbages
Aux étés sans repos
*
Les enfants ont grandi
J'ai surpris leurs secrets
Les parents ont péri
Et je suis leur trajet
*
J'aurais dû me douter
Que l'heure avait sonné
Quand au-dessus de moi
La baie souffrait du froid
*
Et depuis ce matin
plus aucun escarpin
Juste des coups bien forts
Au goût d'escalator.
Roucoule, racole (Séb B)
source : http://www.ladepeche.fr/content/photo/biz/2007/10/01/prostitution_h192.jpg
Roucoule, racole...
Dans ce ciel irisé d'or ou de pics d'ozone
Alouette, tu pars, le gosier tout gonflé
De rire et de terreur, nue comme l'Amazone
Qui trahie par la Ville exhibe aux mal-famés
De jeunes mélodies
Pour un peu de sursis
De farouches épaules
Pour échanger son rôle
Et tu vas saluer le jour renouvelé
Après ta nuit de rouille au bord de gros trapus
Dans le matin froissé comme un espoir gâté
Et d'une aile sans phare on te jette à la rue
De jeunes mélodies
Pour un peu de sursis
De farouches épaules
Pour échanger ton rôle
week-end (Séb B)
Oh un hôtel surpris en sa pleine tempête
la pinède alentour ses poumons plein de frites
comme un prince maya dévidant ses vieux rites
un couple voltigeur dans sa chambre fluette
la nuit observatrice à ses douces lucarnes
qui au bord d'un ruisseau qui au lit – quel vacarme !
traîneau de souvenirs corbillard des amants
le couple en raccommodages et jurements
le ciel machine à aube et les oiseaux à fientes
sur les verres et draps dévoreurs de sommeil
lorsqu’à midi service en rafales saignantes
vapeurs sous porcelaine au milieu des abeilles
fin de week-end sans joie en ses haillons de soie
car le soir apparu pour tous retour chez soi !