Je m'éclate (Rose)
Elle tourne tourne tourne en boucle dans ma tête.
Je m'éclate les tympans pour ne pas entendre.
Je m'éclate les poings sur le reste du mur.
Purée, j'ai trop de rage en moi si tu savais.
Je ferme les yeux. Attends.
Je remets la chanson au début.
Je m'éclate les tympans à écouter cette musique si tu savais.
Elle tourne tourne tourne en boucle dans ma tête.
Dans mes oreilles
Et dans mon coeur.
Je m'en fous de la ponctuation, qu'est-ce que tu vas me faire.
Moi je casse tout. Je casse tout je te dis.
Les murs, les vitres.
On me l'a pris. On me l'a pris !
Comment tu veux que je reste calme.
Attends.
Attends.
Non c'est pas pour me calmer.
Enfin si
Enfin non
Je la casse ta table basse moi.
Je le casse ton frigo. MOI.
Pourquoi je me calmerais ?
Des années que je me calme, que je me tais devant tant de bêtises.
Tu veux que je me calme.
Que je nous regarde creuver.
Trouer par les balles, trouer par la tristesse.
Je m'éclate la tête sur le reste du mur.
Purée j'ai trop de rage en moi si tu savais.
Je ferme les yeux. Attends.
Je sème le trouble dans mes mots.
Je suis troublé par mes maux.
Désolé pour tes vitres.
Désolé pour ce vide.
Je peux pas les réparer
Je peux pas me réparer.

Ça pétille ! (Rose)
Elle avance lentement. Que sont devenus les jours où les larmes ne coulaient plus ?
Des questions incessantes qui lui engourdissent l'esprit, qui le tabassent.
Tout scintille. Tout l'aveugle. Ses yeux se plissent.
Un silence.
Il n'est pas pesant.
C'est celui de l'Univers je dirais. Celui qui nous permet de hurler sans se faire entendre.
Chut. Ecoute ce silence.
Tout scintille si fort. Ici la grande ourse, là-bas c'est Vénus et puis tout au fond, on voit Pluton.
Parfois une météorite la frôle. C'est si chaud, ça pétille. Comme la bouteille de Perrier au déjeuner.

Deux temps (Rose)
On me dit que tout vient à point
A qui sait attendre
J'ai su attendre
Tu es venu
Virgule,
Je ferme les yeux et mon cœur se vide
Il se vide de tous les souvenirs
La douceur de ta peau sous mes doigts qui la parcourent
La douceur de ton odeur lorsque je me cachais dans ton cou
La douceur de ton regard qui se posait sur moi
La douceur de tes lèvres quand elles m'embrassaient
Je regarde le vent et mon cœur se vide
Il se vide de toutes sensations
La sensation de t'aimer
La sensation que peu importe ce qui arrivera on le passera
La sensation de ta main qui me caresse
La sensation de ta langue qui me chatouille
Je sens le soleil et mon cœur se vide
Il se vide de toutes mes émotions
La tristesse de cette nouvelle
La tristesse de ne pouvoir rien y faire
La tristesse de ce qu'on ne connaitra pas
La tristesse de l'impossible
Je touche les draps et mon cœur se vide
Il se vide de tout espoir
Le choc de notre rencontre
Le choc de ce que je croyais ne jamais plus ressentir
Le choc d'une nouvelle perte
Le choc de la solitude
Je m'observe dans le miroir et mon cœur se vide
Il se vide de mes sourires
La douleur de s'être trompé
La douleur de ne plus jamais aimer
La douleur de se renfermer
La douleur de vivre
On me disait que tout venait à point
A qui savait attendre
J'ai su attendre
Tu es parti
Point.
Elle existe (Rose)
Puis le silence. Le silence m'apaise.
Je m'enfonce dans les profondeurs. Mon ventre, mon grain de beauté, mes seins, mes épaules. J'ai froid. Trois petits coups. Le froid m'assaille. Je passe ma main de mon cœur à ma ventre.
Puis le silence. Le silence m'apaise.
Personne n'y croyait.
Je vais bientôt pouvoir la toucher. Le vent souffle de plus en plus fort comme pour m'inciter à le suivre. Du fond, je la vois arriver tout comme la vague qui la précède. Elle m'emporte et coupe ma respiration. Mes doigts transpercent le rien. Mes orteils s'emmêlent. Je pousse. Mon corps est éprouvé. Je suffoque.
Je pousse une dernière fois. L'air s'engageant dans nos poumons. Ma vue troublée par la fatigue ne m'offre qu'un spectacle flouté. Je l'entends. Je la touche. Elle existe.
Personne n'y croyait.
Non mais... (Rose)
J'aime le vent.
Le vent glacial qui te coupe les membres
Et le vent chaud qui te caresse l'intimité.
Comme une caresse d'amant dans le cou.
Un baiser rapide sur le sein.
La robe qui se soulève et le vent qui glisse,
Les cheveux en bataille.
J'aime le soleil aussi et la pluie.
J'aime quand il m'aveugle.
J'aime quand elle me brouille la vue.
Qu'elle tombe en grosses gouttes.
Plus jeune, j'allais sous la pluie.
C'était drôle.
Tout le monde se cachait sous son parapluie.
Et mes cheveux me collaient à la figure.
Ils avaient bon goûts.
J'aime aussi les oiseaux qui chantent à quatre heures du matin.
J'aime le chocolat qui brûle les lèvres et la langue
Qui me fait regretter d'être gourmande
A chaque fois je me dis que je le mérite.
Je n'avais qu'à souffler avant.
J'aime pleurer aussi.
Tous mes soucis coulent hors de mon coeur.
J'aime quand je me réveille.
Que mes pieds se frottent contre les draps.
Qu'ils sentent un coup le tissu frais,
Un coup le tissu chauffé par le soleil.
Oups pardon. (Rose)
J'y suis rentrée par inadvertance comme lorsqu'on ouvre la porte des toilettes d'un restaurant et qu'un homme,les mains chargées de son avenir, nous regarde étonné. Oups pardon.
Je me fondais un peu dans le paysage. Faut dire que j'étais encore en pyjama. Je pensais pas que je rentrerais là. D'ailleurs, je pensais pas que j'allais sortir de chez moi.
J'y suis rentrée avec fracas comme lorsque j'ai cassé le vase de maman et qu'elle m'a répétée, les mains chargées à pêtrir la pâte que j'étais maladroite. Oups pardon.
J'ai avancé avec crainte. Faut pas oublier qu'on est pas ici pour rigoler. La magie c'est sérieux. J'ai été victime d'un sort. Faut me croire vous savez.
J'y suis rentrée inconsciente comme lorsqu'un bébé pousse son premier cri et qu'on le regarde, les mains crispées et entremêlées, paniqué à l'idée qu'il lui manque un doigt de pied. Oups pardon.
J'aime pas comment on me regarde. Moi je fais pas de la magie vous savez. J'ai juste été victime d'un sort. Je viens ici pour comprendre. On m'a dit que c'est bien de comprendre ce qui nous arrive.
J'y suis rentrée sur la pointe des pieds comme lorsque je me lève la nuit pour un bout de chocolat et qu'une main chargée de souvenirs m'intercepte dans ma quête. Oups pardon.
J'ai bien compris. Comment ça la magie ça n'existe pas ? Mais si regardez, je ne vois plus rien. Mais si écoutez, mon coeur bat. Mais si sentez, je suis en émoi.
J'y suis rentrée le coeur plein d'espoir comme lorsque j'ai cru en lui et que les mains chargées de violence. Oups pardon.
Je vous l'ai bien dit, regardez ! Ecoutez ! Ecoutez ! Je ne sais plus parler. Il me manque des bouts à. Mais si écoutez ! Regardez ! Sentez ! J'ai le coeur qui palpite.
J'y suis rentrée pour tout changer comme lorsque le changement c'est maintenant et que, levant la main pour prendre la parole... Euh le chant, je mens ? Oups pardon.
Je vous l'avez bien dit. Plus aucune cohérence. Donnez-moi cette baguette que je retrouve mes esprits. Mais si ça marche. Har.ry.Pot.ter. Hey les gars ? Qui est-ce qui bosse dans un magasin de magie ?
J'y suis rentrée en souriant comme lorsque tu me prenais dans tes bras et que, la main sur mon sein, tu me disais que tu ne serais plus. Oups pardon.
Je le vois bien. Vous vous riez de moi ! Je m'en fiche, tout ce que j'avais à perdre, je l'ai déjà perdu.
J'y suis rentrée en pleurant comme lorsque j'ai compris que ce n'était qu'illusion et que d'un coup de baguette magique, lovée dans ta main, tu as disparu. Oups pardon.
Je sens plus rien. Ca empire, les mecs. Vous avez pas une tite potion sous la main, là ? Je pense que le moment est propice à la chose, vous comprenez.
Puis je suis sortie, l'air de rien comme lorsque je suis passée au-dessus de cette bouche de métro et qu'un homme, le téléphone à la main, m'a regardé d'un air étonné. Oups pardon.
Puis vous savez, c'est la vie hein ! Vous croyez pas à la magie, vous y croyez pas. C'est comme tout. Pour que ça fonctionne, faut y croire.
J'entends (Rose)
J'entends marcher dehors, Tout est clos. Il est tard.
Ma lampe seule veille. Le silence dissone d'avec les battements de mon coeur. Les ombres s'effacent et la neige fond. Je le serre tout contre mon coeur.
J'entends pleurer dehors. Tout est clos. Il est encore plus tard.
Mon chagrin seul veille. Le silence me transperce le coeur. Les souvenirs s'effacent et les larmes sèchent. Je le serre tout contre mon corps.
J'entends gémir dehors. Tout est clos. Il est bientôt l'heure de l'aurore.
Mon désespoir me tient en veille. Le silence est mon quotidien. Les cris ne résonnent plus. La douleur a eu raison de mes hurlements. Je ne le serre plus tout contre mon coeur, ni mon corps.
J'entends hurler dehors. Tout est ouvert. Il est tôt.
Mon souvenir seul veille. Le silence a fait taire mon coeur. Les ombres s'affairent autour de nous. Je te serrais tout contre mon coeur, je te tenais au creux de mon ventre.
Je n'entends plus. On m'ouvre le corps. Elle est là.

Avec trois fois fausses notes (Rose)
Avec trois fois fausses notes,
Je sème la discordance
Qui m'emporte, qui m'entraine
Qui m'apaise et me fait rêver.
Branle-bas de combat au piano.
Branle-bas de combat dans ma vie.
Silence
Serait-ce la fin d'une mesure ou d'un morceau ?
Enchainement de notes.
Mes doigts se crispent.
Mon coeur bat plus fort.
Mon pied accélère la cadence.
Ma tête chante.
Silence
Le piano tremble,
Le sol tremble,
Mon coeur tremble,
Mes yeux brillent,
Enchainement de rythmes,
Blanche. Noire. Blanche. Noire.
Silence
Je tape, je tape encore sur ce piano qu'est ma vie.
J'enchaine les mesures,
J'enchaine les âges.
Mes doigts s'emmêlent,
Mes doigts glissent,
Mon coeur s'emmele.
La mélodie m'échappe.
Silence
Le rythme ralenti.
Je suffoque.
Mes yeux brillent toujours,
Les astres brillent toujours,
Mon coeur bat toujours.
Tout va bien.
Silence
Le ciel est si sombre.
Tout comme les notes que j'effleure,
Tout comme la tristesse qui m'effleure.
Avec trois fois fausses notes,
Je me fabrique ma force.
Je me fabrique mes rêves.
Silence
Avec trois fois fausses notes,
Je fabrique la mélodie.
Je tape, je tape, sur ce piano qu'est ma tristesse.
Je tape, je tape sur ces tristesses.
J'enchaine les mesures.
Mes larmes m'enchainent.
Silence
Tout va bien.
Voila qui est bien.
Tout va bien.
Tout
Va
Bien
J'apprends à marcher (Rose)
Lentement mes pas tracent cette route dont j'ai toujours rêvé.
Je n'ai pas forcément suivi le chemin qu'il fallait. Nous avons eu de nombreuses pertes. Minute de silence pour toutes ces larmes tombées sur ce champs de bataille qu'est la vie.
Non, je n'oublierai pas tous ces moments. Oui, chaque souvenir me transperce le coeur d'une pointe affutée arrosée de poison. Que c'est doux de se souvenir et douloureux à la fois. Les bons se mélangent aux mauvais. Le blanc n'existe que grâce au noir.
Je me souviens de cette sieste sous la tente. J'ai cette petite voix qui me murmure toute mon enfance en l'espace d'un rêve : mes nombreuses cicatrices sur les genoux, les actions man de mon frère, la pâte que je pétrissais avec maman ...
Qu'il parait loin le temps de l'enfance et l'insconcience.
Je marche, je monte, je grandis.
Je me fixe des buts dans la vie. Je tiens un carnet avec toutes les missions à accomplir dans la journée.
Je me dis que la fin n'approchera pas tant que je n'aurais pas tout coché. Alors, chaque jour, je rajoute de plus en plus de choses : penser à rendre son livre à la médiathèque, imprimer son mémoire, faire sa maquette, l'anniversaire de J., notre week-end, se souvenir.
Se souvenir, de tout ce qui a fait que je suis cette personne d'aujourd'hui. Pleurer en regardant Titanic pour la 5ème fois, se réveiller en pleine nuit pour avoir rêver d'un éléphant qui kidnappait toutes vos peluches, se jeter sur le chocolat quand les nuages se montrent, fermer les yeux en marchant et sentir le soleil carresser son teint pâle et danser en attendant l'ascenceur.
Alors, je monte, je monte. On me dit qu'on m'attend là-haut. On me dit que c'est de là-bas que les gens que j'aime me regardent et prennent soin de moi. Mais pour arriver en-haut : il faut le mériter. Une bonne action équivaut à une marche.
Ecouter sa maman, soutenir son frère, passer son bac, faire les études qu'on aime, aider ses amis, s'amuser, pleurer, rire, se marier, avoir des enfants, les protéger, les gronder, faire des gâteaux au chocolat, râter son soufflet au fromage, nos premiers moments, nos derniers moments, avoir des souvenirs.
Parce que les souvenirs sont ma vie.
Comme un bébé qui apprend à marcher, j'apprends à vivre.