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Le défi du samedi
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11 décembre 2010

Carré comme un cube... (Pivoine)

C'est une expression que tu emploies souvent, cela, "je suis carré comme un cube".

    D'ailleurs, tu dessines souvent les côtés du cube ou d'un dé. Avec des ailes, néanmoins, pour préserver la magie. Donc, le carré, c'est certainement un aspect de ta personnalité que j'apprécie. Et, lors de nos séances de dessin du jeudi soir, on te charrie assez sur les croquis que tu inscris... Dans un carré. Le carré, c'est sécurisant. C'est l'image de BéDé que tu aimes. C'est toi. C'est aussi le carré du quartier, de ta cité brabançonne entre son lac et sa place Communale, c'est du connu, du tangible, du solide, de l'inébranlable.

    Moi, la louvoyante, la compliquée (j'assume), toute en sinusoïdales et tangento-concentriques -comme le Ring de Bruxelles, un cauchemar de close-combat- vers le sud ou vers le nord, ou plutôt, l'ouest et le sud... Bref, le carré, le cube, je trouve cela plutôt rassurant.    

    Et puis, c'est simple aussi. Surtout pour nous qui avons toujours ramassé des bulles en math et en géométrie. Et des examens de passage, genre, chimie organique, physique ou math (ou néerlandais aussi). De sorte que nous avons passé un mois d'août entier, après nos terminales respectives, à faire des maths, de la géométrie dans l'espace, des intégrales qui se métamorphosaient en figures de géométrie (mais lesquelles?) et des probabilités (les dés étaient-ils pipés? Sûrement...)

    Les bulles, les sinus bouchés, les dés pipés, la championne des tangentes, ça, c'est moi.

    Le carré, le dernier carré, l'as de carreau, mais ce serait trop simple, c'est toi...

    Oui, ce serait trop simple de te ramener à un carré, tu es beaucoup plus que cela, et c'est sans doute pour cela que je t'aime. Après tout, tu t'es aussi dessiné en éponge de forme parallélépipédique rectangulaire (ça se dit, ça?), et comme chacun sait, les éponges, c'est aussi du végétal très doux, très moelleux sous les doigts, très léger quand c'est sec mais soudain très lourd quand elles ont absorbé trop de liquide au sens propre et toute la vie des hommes au sens figuré....


piv127

    Illustration: "nous, les dessinateurs" (c) Vanu, 2010.

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6 novembre 2010

Incarnations (Pivoine)

    Merveilleux nuages
    Floconneux zéphyrins
    Tout rosés
    Dans mon imaginaire
    Etes-vous d'aquarelle ou sensationnel pastel ?

    Et pour ce vieil ami qui s'appelle "Nuages"
    Pour ses mots, ses ciels orangés étrangers
    Américains roumains
    Ses nuages d'ici et ses paysages d'ailleurs
    Aurai-je quelques mots une pensée
    Une écharpe de brume

    Ô mes pluvieux nuages belgicains
    Lourds et noirs comme un zinc un Assommoir
    Quand la fange des forêts s'enfonce sous mes pas
    Et que le pavé gras de la ville luit dans le soir

    Comptez aussi
    Les vaporeux mètres de tulle des coiffes de mariée
    Les voilettes d'ivoire des élégantes sur les podiums
    Ces ports de reine ces saluts orgueilleux
    Ce maquillage de femme
    Tout en velours

    Et plus prosaïquement
    Un nuage de lait pour mon café-crème
    S'il vous plaît
    Faites-moi le cadeau
    D'un solide arabica dans ma tasse aux oiseaux

    Que ma Tournée de vie
    Telle un cheval fougueux
    Lancé au grand galop
    S'enflamme de couleurs

    Et de parfums brûlés

    ***
    piv

    Illustration : Le parc de La Hulpe, pastel, 2006.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

2 octobre 2010

Guillaume et Elisabeth (Pivoine)

Dehors, le verger, le cerisier, la ferme, le château, la villa, le pays, les champs et les forêts, le vallon sauvage, le labeur de tous les jours, la rivière blanche, l'Abbaye ouvrière. Parfums et saveurs acides des poissons d'eau douce, du vinaigre et du vin, bouillonnement des cuves, cuivre des cuves. Le halètement d'un train.

L'écriture. Le pays aimé.       

Dedans, une chambre de jeune homme, une chambre de jeune-fille, au choix, des meubles, des livres, des couleurs, des parfums, lavande, bois de rose et santal, des cours profondément dans des armoires, le souvenir des heures d'étude, celui des longs jours de l'enfance, des voiles bleus, la trace des peintures renouvelées, la maison, le home, la chaleur.

L'amour. L'intimité.

Et eux. Lui, elle. Petite fille jadis, capricieuse et curieuse, adolescente hier, visage menu, longues tresses de velours, rubans mordorés, robes et tabliers rouges, chaussures usagées, des rires dans la campagne, lectures de quinze ans, révolution pop, Pink Floyd à Pompéi, et puis un jour, la transformation.

L'âge. La liberté.

La jeune fille, la femme, un coin coquin, une coquetterie éclatante, un soleil dans tout le visage, une gorge comme le roucoulement des tourterelles. Et lui, le piège, l'amitié la métamorphose, les sentiments confus, la violence intérieure, l'expérience des années, le contact avec la terre, la vie là-bas, ici, le blé, un domaine, une propriété. Lui, elle, au centre de tout cela, main dans la main. Murmure de conversations. Poignets nus l'un contre l'autre, émouvants, membrane de douceur, approche timide, éternelle jeunesse.

La sensualité. Le partage. 

L'homme, attentif. Regard d'émeraude, dans la lumière et la chaleur de dix-sept heures. Avant le vacarme de la fin de journée, heure de sieste bénie. Douceur. Moiteur. Percale ivoire et lisse du drap. Moelleux de la couette indienne. Soupirs après l'amour. Brûlure. Vacillement du coeur, orages de l'esprit, attachement de tout le corps, quête des parfums obscurs. Le vertige de la passion. Le rêve dans les cendres. Danger.

La confusion. L'engagement irrémédiable.


25 septembre 2010

Déclaration enrouée dans une jachère chantante (Pivoine)

L'écriture a mal au cunéiforme
Et au signal alphabétique
L'écritoire a mal au bec
L'ordinateur crachote toutes ses puces
Le sculpteur a une épaule arthritique
L'esprit se vide de sa substance

L'herbe croît au milieu du bon grain et de l'ivraie
L'oiseau a ses artères handicapées
Il est ce coeur en forme de crampons rouillés
Un coeur vêtu à l'as de pique
Comme un roi nu mais que l'on croit vêtu
Avec une perruque de cheveux mouillés

Pauvre hère  Tel
L'écrivain poussif dans sa poussière de bulles
Perdu dans le clinquant de la boîte à outils

Et comme chacun s'en doute
Voilà la fin
De mots humains rêvés pour l'âme soeur
Triste ou indifférente  Cette faim
D'une histoire de pics parallèles
Qui ne se rejoindront hélas jamais...
29 mai 2010

Comment écrire sur des bougies qui brûlent ? (Pivoine)‏

J'ai si peu de patience, en ce moment... Je dois réunir tout mon courage...

Pourtant, écrire là-dessus est possible... Il y a peu, mon quartier dans le grand Bruxelles s'est trouvé plongé dans une obscurité absolue.
Dehors, c'était le crépuscule, un crépuscule d'avril, avec des nuages courant dans le ciel rouge orangé violet.
Il y avait encore assez de lueur pour allumer ma première bougie et chercher ma torche électrique.

Ce n'était pas une panne dans l'immeuble, c'était bien une panne de quartier. Le noir complet dans une bonne partie de la commune.

J'adore les bougies. Je les collectionne: bougies d'anniversaire, torsadées, argentées, longue durée rouge et or; bougie énorme peinte et gravée par une amie artiste; (celle-là, je ne l'allumerai jamais!); bougies d'Amnesty International; bougies en forme de framboises dans des feuilles - parce que naguère, on me surnommait aussi Framboise, bref, j'avais de quoi illuminer mon appartement. Finalement, huit ou neuf bougies brûlaient sur la table du salon, sur le secrétaire, dans la chambre- bureau, à la cuisine. Il ne faudrait pas que j'oublie d'éteindre le tout, quand la panne serait finie, car j'ai gardé de mon enfance anxieuse dans une vieille maison une vraie phobie des incendies. La lumière était jolie, ça oui. Mais l'atmosphère était étrange - il n'y avait plus aucun bruit non plus, puisque l'ordinateur avait cessé de ronronner, le téléphone était mort, et le frigo, à l'arrêt. Plus de musique, plus de télé... Le creux des bougies absorbait silencieusement les premières gouttes de cire fondue. Et je pensais à toutes les horloges, micro-ondes, réveil dans ma chambre, que j'allais devoir remettre à l'heure - après.

Je ne faisais plus rien. Je me suis assise dans mon canapé, et j'ai décidé d'attendre. Et je me suis mise à rêver. Autour de deux idées: comment les peintres de jadis ont-ils fait pour poursuivre leur travail dans les conditions d'inconfort qui étaient les leurs: ni chauffage central, ni électricité, ni ascenseurs, aucune des facilités dont on bénéficie aujourd'hui. En été, cela va - les journées sont longues, bien que parfois grises et pluvieuses, mais en hiver et pendant les longs changements de saison?

Et même pour l'écriture. Ecrire à la lueur d'une bougie? Et encore ! Nous avons des bougies de bonne qualité !  Mais que valait la chandelle, combien de sous fallait-il pour se fournir en éclairage, au XVIIIème, au XVIIème?  J'imaginais Balzac, à côté de sa cafetière nocturne, (je la voyais en émail bleu), mais écrivant peut-être à l'aide d'une lampe déjà plus évoluée qu'un simple chandelier. Et j'imaginais les vastes coins d'ombre dans les maisons - comme dans un tableau fantastique.

Et c'est vrai que l'atmosphère était lourde. En plus de la panne d'électricité - des sirènes de pompier et de police, dans les rues avoisinantes, - il faisait trop froid pour que j'ouvre les fenêtres afin de dissiper l'odeur et la fumée. Mais finalement, deux heures après, la panne était réparée. La chaussée la plus proche et le quartier jusqu'à l'église de A*** était de nouveau illuminé - je voyais les néons rouges et bleus du garage et marchand de pneus, un peu plus loin. Puis, ça a été à notre tour.

J'ai éteint mes bougies progressivement (j'avais un peu peur que la panne ne recommence), mais décidément, tout fonctionnait.

Quand j'ai éteint la dernière bougie, les marteaux ont commencé à résonner dans ma tête - sous la tempe gauche - ou droite, je ne sais plus. L'odeur de cire fondue et de fumée me soulevait le coeur... Le lendemain, ce ne serait plus jour de panne, mais jour de lit, car assurément, j'aurais la migraine...

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22 mai 2010

Le pays de "Birīt Nārim" (Pivoine)


Il s'était tu ce vent aveuglant d'Orient
Quand je m'enivrais de silence
De caravanes  De fleuves fondateurs
D'hiéroglyphes secrets  De galeries
Bleu de cobalt et céramiques en feu

Quand je traquais  Dénombrais
entre les stèles et la pénombre des tentes
Des parchemins d'une pâleur de sable
L'arithmétique des savants antiques
Les Ecritures  Leur illusoire miel

La source des déluges et les monts asiatiques 
Les dunes vagues et les colonnes de sel
Tant de tiares de Majestés embaumées
Main dans la main des épouses fidèles

Ô mon souffle contenu qui priait
Pour que dénudé de ses toiles de soie
Sortît l'unique visage  Que j'avais tant imaginé...

8 mai 2010

Parlez-nous de vous (Pivoine)

Et pourquoi pas de trois jours majeurs dans ma vie ?

Quand, dans la grande salle Art Nouveau de "l'Ecole normale de l'Etat", au carrefour de deux avenues, ixelloise, uccloise et forestoise, le 25 juin 1981; quand, dans le silence le plus complet, le coeur battant sous mon petit tailleur de jeune fille chic, et complètement ignorante de moi-même, - et pas que de moi-même, d'ailleurs- j'ai entendu que j'avais obtenu mon diplôme de futur prof de français avec une mention.

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Quand, au terme d'un certain nombre d'heures qu'on appelle le travail, j'ai passé une porte et suis entrée en salle d'accouchement. Quand j'ai vu la tête du bébé, dans un miroir et quand, dans cet ultime effort qu'on ne peut pas décrire, qui vous conduit à la fois au plus profond et au-delà de vous-même, l'enfant a atterri dans les mains du médecin, des infirmières, du papa; quand les lumières se sont brusquement éteintes; quand le silence s'est enfin fait; quand on a posé l'enfant contre mon épaule, et enfin, quand j'ai senti ses paupières veloutées ourlées des plus longs cils que j'aie jamais vus... glisser le long de mes joues...

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Quand, en mars 2002, dans le cabinet d'un sénologue, je ne pouvais que regarder le mur en face de moi. Et la silhouette du médecin qui se découpait sur ce mur. Quand il m'a expliqué que j'avais une tumeur et qu'on allait m'opérer, faire de la radiothérapie et, peut-être, une chimiothérapie (parce que j'étais jeune). Je ne pouvais que regarder le mur en face de moi. En l'espace d'un instant, j'ai vu ma propre mort, je suis passée par ce "direct" sur la mort - pour naître aussitôt à une vie où il me faudrait travailler la guérison -ou non- de la maladie.

Mais ce que j'allais laborieusement découvrir, c'est que dans cette vie-là, je serais toujours accompagnée.

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31 mars 2010

Le désir (Pivoine)

Lui arrête ses discours, les platitudes que l'on échange.
Il la prend dans ses bras, comme ça, avec ses mains sales, la couleur,
le tablier, les babouches ou les sandales, elle ne sait pas, et il
l'embrasse.
Un entonnoir se creuse jusqu'à ses reins. Tout se liquéfie en elle.
Le désir. Si totalement oublié, celui-là.
Comme il vous inonde, image de symphonie, tout Beethoven dans ses reins,
gonflement des chairs qu’elle sent rougies, striées, violacées, gorgées
de sang.
Elle se crispe, tous muscles resserrés sur cette chair élastique et
molle, chuintante, et soudainement sortie de sa torpeur.

31 mars 2010

La marche de Radetzki (Pivoine)

Brutalement, elle a fini de fuir. Elle a reculé l’échéance autant que 
possible. Juste se maudire d’avoir considéré ce rapprochement comme une
échéance. Ce soir, elle est. Seulement joyeuse. Elle a envie d’oublier
sa vie, la couleur noire, ses principes, ses chaînes, l’ami, même… Elle
qui ne croit plus à l’amour, en aucune façon, seulement en l’amitié…
Alors qu’elle valse au temps de la Vienne impériale, elle ne peut
imaginer qu’il vient juste de se matérialiser.

Pour le meilleur des lendemains.

Elle qui, jadis, a buté sur le pire et n’en finissait pas de guérir.

31 mars 2010

La rencontre (Pivoine)

Il s’assoit à la table familiale, c’est comme une corne d’abondance qui s’offre au passant famélique. Croissants, miche tiède, confitures maison, miel blanc, fruits frais, et l’odeur, l'exquise chaleur de l’Arabica qui se mélange au lointain parfum du Clan. Rassuré – parce que réconcilié avec l’ami, il observe la famille étrangère. Et son regard revient toujours sur cette femme souriante et épanouie ; blonde, d’un blond presque blanc, qui lui rappelle les blés de son Ukraine. Elle sourit, malgré le noir qui la vêt. Malgré l’ombre mélancolique qui bleuit ses paupières…  Il la trouve belle, belle. Emouvante et

Splendide.

13 février 2010

La gourmandise d’épices et l’alchimiste (Pivoine)

Elle n’avait pas le charme en dentelle grise de Bruges.

Ni la majesté des villes portuaires et commerçantes.

Encore moins la morgue des capitales.

Mais elle tenait, honnêtement assise, ramassée autour de ses canaux couleur de suif, de son castel comtal, de son Palais de Justice et de ses collèges pour filles et garçons, d’où s’égaillaient chaque soir des bandes d’adolescents rimailleurs et bien emmitouflés.

Le veilleur de nuit entamait sa ronde dans Sint Baafs Kathedraal (1), l’Agneau mystique luisait doucement, gardant ses secrets d’atelier, ses souvenirs de guerre, et ses sensations de vernis craquelant…  Les cheminées branlantes du Patershol  (2) crachotaient leurs billes de suif.  Noir de l’anthracite et des boulets. Bloch (3) enfournait ses premières pâtes à brioche, craquelins et couques aux raisins… Le Docteur de Mt-St-Amand saluait la maîtresse du Grand Béguinage…  Et fouette ! Cocher ! Gand, toute repliée sur ses velours gris, ses ouvroirs, ses borborygmes, la bière tiède et les filles à la cuisse moelleuse,  déroulait ses volets, un à un, fracassant des brumes hivernales…

Au 33 de la Parochiestraat (4), les servantes  avaient regagné, qui,  leurs cellules sous les toits, qui, un amant, souvenir de la Brasserie, tandis que dans la grande chambre du premier étage, récurée, cirée de la veille, toute trace de sanie et d’accouchement avait disparu, cédant la place au repos de la mère et aux soupirs vagues du bébé…

Au fur et à mesure qu’il s’éloigne de la bulle translucide et  du tunnel  blanc qui l’a propulsé dans un monde dont il ne mesure rien,  l’être démesuré se refait à la taille d’un enfant vagissant dans son berceau. Son amplitude sans fin se recroqueville. Les cloches des couvents se taisent ; les métairies,  le hurlement des fabriques, le givre sur les champs, les routes et le labeur du passé, toute mémoire  s’incarne dans  l’épaisseur d’une  vie à inventer…

C’est comme une main, inconnue, qui se serait emparée  d’ossements amoncelés là-bas, dans un verrou du temps, pour leur insuffler parole et couleur ici, dans ce coin oublieux, opulent et replié de la Flandre Orientale.

***

      (1) Cathédrale St Bavon, à Gand.
      (2) Le Patershol : quartier ancien de Gand.
      (3) Bloch, pâtisserie et salon de thé à Gand.
      (4) Rue de la Paroisse (adresse imaginaire, bien sûr !)

29 mai 2009

Pivoine

Quintettes aigus

Sang sous  les doigts humains

Quintettes roides



Tempête blanche

Entends ces brillances et

Ces trains tibétains
10 janvier 2009

Amante, poétesse, prédatrice (Pivoine)

Cette fois, je le sais, j’en suis sûre, c’est lui que j’aime, je l’aime 
à la folie ! Je l’aime et je l’aurai.

Même si des fois, je doute, je l’aurai, je le veux. Parce que nous
sommes faits l’un pour l’autre. Ne me demandez pas comment je le sais,
ni pourquoi je le pense, c’est comme ça, je le sens, je l’ai toujours
su. Dès que je l’ai vu. Je suis égoïste je le sais. Juste aujourd’hui!
Pour la première fois de ma vie, je ne me préoccupe ni des conséquences
de mes actes, ni des autres, ces autres! –Je les redoute simplement,
seront-ils des amis ou des ennemis? S’ils nous surveillent… Que sais-je
moi?

Chaque mercredi matin, il vient à la ville en train. Je le sais parce
qu’un jour, il m’a demandé de le raccompagner jusqu’à la gare. Alors,
voilà le stratagème que j’ai imaginé. Je me lève à l’aurore, moi qui ai
toujours été une lève-tard, moi qui redoute l’hiver, les aubes grises,
la pluie qui fouette les frontons de la Grand-Place et les dorures du
Baroque comme les pavés glissants… Moi qui hais l’hiver, je suis là,
sortie des voyageurs, chaque mercredi matin, cachée derrière une colonne
Morris.

Facile ! Je connais à peu près l’horaire de son train, je surveille
l’arrivée des navetteurs, - cela me donne le vertige, tous ces hommes,
toutes ces femmes à la face pâle et inexpressive, accrochés à leur
serviette de travail, en imperméable beige, tous ces gens inodores,
incolores et silencieux, se peut-il qu’ils aient une vie de passion
comme moi, comme lui? Si j’arrive à mes fins? Moi, l’amante, la poétesse
et la prédatrice?

Le voilà. Dès qu’il sort du tunnel, dès qu’il se détache de ce tsunami
humain, je m’en vais légèrement, droit devant moi, vers la Grand-Place,
il ne peut pas savoir, j’ai quelques mètres d’avance sur lui et c’est
lui qui m’aperçoit, et c’est lui qui se hâte et c’est lui qui m’appelle
et je me retourne, faussement surprise. Et nous nous regardons, nous
nous disons bonjour, on s’embrasse, on se tutoie, on fait quelques pas,
on y va, la matinée est belle, la journée sera bonne, qu’il pleuve,
qu’il vente qu’il neige, je m’en fous, aujourd’hui, la Reine! C’est moi!

***

J'aurai vu l'or et la gloire
L'orgueilleux chant de l'histoire
Et nos pas et notre joie
Bleuir au front de ces maisons
Aujourd'hui solitaires


J'aurai vu toutes les heures
Et l'aurore et sa douceur
Et l'attente dans l'hiver
Rougir un coin de ces maisons
Aujourd'hui silencieuses


J'aurai reçu pour demain
D'une voix et d'une main
Ma cité comme un bijou
Blotti dans la nuit revenue
Aujourd'hui souveraine


J'aurai peint ces souvenirs
En un trait en un soupir
Et leur tain fidèle et sûr
Qui resplendit dès aujourd'hui
En deux miroirs

.Embrasés


3 janvier 2009

... (Pivoine)

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6 décembre 2008

Et c'est comme ça tous les soirs (Pivoine)

 
Sa conscience: 5 heures: tu vas au cours ?
Sa paresse: 5 heures en novembre ! Tu as vu le temps qu'il fait ?
Sa conscience: 6 heures, si tu mettais tes chaussures ?
Son fatalisme: 6 heures, elle cherche ses chaussures
Son impatience: 6 heures 5 minutes: pourquoi faut-il faire et défaire
des lacets ?
Son esprit logique: 6 heures 5 minutes 1 seconde: non, tu dénoues et tu
renoues tes lacets
Sa frilosité: 6 heures 10: il est temps de me dépêcher:
manteau, écharpes, gants, gsm dans la poche, clefs dans l'autre poche,
et en avant
Sa corvée quotidienne: 6 heures 15: le plastique dans les poubelles
bleues, le papier dans les poubelles jaunes,
la litière des chats dans la poubelle grise
Sa promenade nocturne dans les avenues: 6 heures 30: arrivée à l'atelier
Sa paresse à nouveau: 6 heures 30, 40, 50, 7 heures, se promener, dire
bonjour, admirer l'évolution des travaux, chouette, Yvane est là
Sa méfiance: 6 heures - et je ne compte plus - j'entends la voix du
prof, que va-t-il encore dire?
Son ouïe: 6, 7, 8 heures: ne bouchez pas votre peinture! Ne vous arrêtez
pas là! Pas de ligne! Pas de dessin! Pas de Dieu!
Son retour: 9 heures, elle n'a plus envie de s'en aller, elle peindrait
jusqu'à la fin des temps
Son écroulement: 9 heures 1/2, sauter dans le canapé pour apaiser son dos
Sa faim: 10 heures: un plat, une soupe à se réchauffer et se faire des
croûtons
Son addiction: 10 heures 30, 11 heures: ouvrir l'ordinateur, écrire,
lire, imailer, jouer à la guerre des gangs...
Son addiction - bis: 11, minuit, 1 heure... Se dire qu'il est temps
d'éteindre et d'aller dormir
Son addiction - fin: 1 heure, le chat vient s'accrocher à son pantalon
et miauler parce que, vraiment, il est temps d'aller dormir
Son angoisse nocturne: 1 heure, 2 heures, médicaments pris, oreillers
installés, livre sur les genoux,

Quand donc va-t-elle s'endormir ?
19 octobre 2008

Participation de Pivoine

"L'intimité de la femme est le chagrin de la boutique d'or et de velours 
que l'adolescente ne cambriole point"
27 avril 2008

Missives - Pivoine

Chère Amie, chère Pralinette,

Une caresse pour votre adorable chien Praline que vous promenez quotidiennement quand je sors de mon bureau, la tête vide et lasse de tous ces chiffres et de tous ces quémandeurs... Votre visage souriant m'encourage chaque fois, au moment de reprendre le train... Votre visage se dessine dans toutes les glaces des wagons, chère amie, je vous ai suivie, je vous trouve belle, j'ai trouvé votre précieuse boîte aux lettres, j'y dépose cette missive, pleine d'espoir et j'ose cette déclaration... Votre petit chemisier rose à pois rouges me semble un grand coeur noué d'un ruban de noël.
Je vous embrasse tout plein,

José du Samedi, percepteur de son état...

***

Ma chère et adorable patiente,

La vie est merveilleuse depuis que vous m'avez ouvert vos bras... Vous piquer est un plaisir, prendre votre tension est un honneur, écouter mon stéthoscope me renvoyer l'écho de votre coeur si doux m'est une ivresse, je vous aime et vous porte au pinacle ! Par Hippocrate qui reçut mon serment, je ne vous abandonnerai jamais ! Foi de carabin !

Docteur Percoeur.

***

Chère voisine,

La vie est un cadeau ! Un mouflet est venu me tirer de mon enlisement en remettant sa vie entre mes mains. Je garde et élève mon petit neveu. Il a lancé son gros ballon par-dessus le mur et vous l'avez ramené. Vous avez joué une partie avec lui et je vous en remercie... Ses parents m'ont dit: fais ça pour nous et "passe le relais". Je passe le relais et vous dis merci.
La vie est merveilleuse.

Bien à vous,

Cunégonde de Segonzac.

***

7 avril 2008

J'ajoute la participation de Pivoine

La marquise reposait sur son lit à courtines, visage, cou, bras, épaules
et jambes défigurés par d'atroces ulcérations rouges et pestilentielles...

Le commissaire Duboeuf de la Ville de Paris, à peine arrivé sur les
lieux, déclara, suspendant d'un geste tout mouvement chez ses hommes,
horrifiés et tout aussitôt statufiés:

"Messieurs, pas de vagues, pas de vagues, gardez vos mouchoirs sur vos
mentons et prenez des gants que nous brûlerons ensuite, car nous ne
pouvons augurer du poison que cette maudite Malvoisin aura encore été
chercher chez ses damnés suppôts de Satan... Et s'il se chuchote qu'il
s'agit d'un règlement de compte entre femmes jalouses, croyez-moi, cela
est encore préférable à ces bruits qui commencent à se répandre, au
sujet de messes noires auxquelles se livrerait la maîtresse du Roi pour
conserver Son Auguste Tendresse..." /

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