04 janvier 2014

Description d'une carte de vœux qui aurait pu voir le jour (Papistache)

J’aurais gribouillé quelques traits à la va-vite, en haut à gauche de mon espace de travail ; une soubrette d’un autre siècle serait venue prendre la pose juste à côté d’un énigmatique profil affublé d’un pif alphabétique du meilleur aloi.

Un rappel, lui aussi venu du fond des âges, dans un cartouche ligné, pour évoquer l’année 2007 où chacune de mes chroniques ridées s’ouvrait d’une numérotation romaine, pour clore la première phrase de mon rébus de vœux.

Un clin d’œil au mot le plus long du monde — élastique, comme chacun sait — pour entamer la seconde moitié du logogriphe ; et, pour ajouter au mystère, quelques cartes d’un jeu de tarot sorti d‘un tiroir pour l‘occasion.

Ensuite, pour parfaire la liaison, et en solidarité avec les riverains de la Vilaine, attentifs à surveiller la montée des eaux, un panonceau circulaire près d’une majuscule enfarinée sans croûte aucune.

Et j’aurais terminé sur la répétition de deux petits cubes aux angles arrondis, puis signé de la contraction affectueuse de mon prénom de tous les jours, celui-là même dont use Épouse-Aux-Rondes-Épaules lorsqu’elle souhaite que je fonde à ses pieds menus.

C’est là la carte que vous auriez trouvée sur le dessus de votre boîte aux lettres — pourquoi toujours redouter qu’elle atterrisse au fond ? — si j’avais pris la peine de répondre à ce premier défi de l’an.

Et si, chiche, je me lançais à moi-même le défi de répondre à ce défi-ci ?

defi de l'an 14

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17 novembre 2012

Lisez-vous les modes d'emploi, Papistache ?

Oui.


Mais lire, c’est comprendre ; alors, non.
Mais « non », aussi, c’est excessif ; disons : parfois.
Quoique je les lise toujours.
Du moins, à chaque fois que l’occasion se présente.
« Toujours » est imprécis, il laisse entendre plus que «  à chaque fois ». Trop, en fait.
En aurais-je lu deux en soixante ans, « toujours » serait-il approprié ? Tandis que « à chaque fois »…
Cependant, j’en ai lu plus de deux. Bien plus.


Encore que « lu » ne rend pas intelligible la réalité, ni ne garantit la performance optimale de l’objet dont la lecture du mode d’emploi aurait dû assurer l‘utilisateur.
Connaissez-vous l’histoire du gars mécontent qui rapporte sa tronçonneuse au magasin au prétexte qu’elle ne lui a permis — au prix de force courbatures — de ne couper qu’un seul arbre dans la journée, et qui, voyant le vendeur tirer sur le lanceur, s’écrie : « Mais, attendez, c’est quoi ce bruit ? »
Vous ne la connaissez pas ? Dommage, moi non plus ; sinon, je vous l’aurais racontée.


Pour conclure, et reprendre mon introduction, la vraie problématique ne serait-elle pas de proposer, pour désigner l’action de suivre des yeux des caractères sans leur attribuer de sens, un autre verbe que « lire », car si « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » alors qu’est-ce que lire sans comprendre ? Et je ne parle pas des traductions absconses qui réjouissent plus l’âme qu’elles ne la ruinent, je parle du mode d’emploi, rédigé comme Molière l’eût souhaité — s’il eût jamais eu à passer le fronton de son théâtre au nettoyeur à pression fabriqué en Germany : « Selon les directives en vigueur, l’appareil ne doit jamais être exploité sans séparateur système sur le réseau d’eau potable. »

Une idée, Jean-Bapt’ ?

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30 juin 2012

Deux-cents mots sur leur trente-et-un (Papistache)

Les mots sont en habits de fête.
200e défi du samedi.
En smokings de cérémonie ! Mais ils défilent à pied.
Pieds nus.
Sur le macadam.

Mollets glabres que  le soleil réchauffe.
Cuisses à l’air que le vent chatouille.
Fesses nues ondoyant sous la brise.
Reins découverts où la peau frissonne.
Dos cambrés, épaules musculeuses,
Nuque rasée, crâne chauve, sourcils épilés.
Bras blancs, seins ronds, mamelons gonflés,
Ventre svelte, conque sinueuse du nombril,
Pubis razibus satiné et poli.
Cuisses à l’air qu’un pas balancé meut
et émeut qui assiste au défilé.

En habits de fête.
200e défi.
No smokings de cérémonie !
Ni une, ni deux, balancement cadencé :


 « oripeaux, galimatias, pétulance, arboretum, crédulité, coup de sang, pneumatique, mignon, gâte-sauce, ingambe, clabauder, panacée, tom-pouce, quintessence, chevêtre, éructation, géhenne, trucider, baroufle, pissoter, débauché, mandibule, roussi, dégouliner, se pieuter, pittoresque, corpuscule, gousse, clique, ghilde, obligeant, compère, godillot, hongre, bannière, chemisette, caner, sarcophage, biscornu, asphalte, bisbille, bassiner, ouvrier, asepsie, soûler, ravir, sanguinolent, déni, inadvertance, Javanais, abouter, flanquer, orgasme, vacherie, cerise, mollasse, pif, gourde, païen, procès-verbal, Cénobite, dos-vert, beurrée, prévarication, embobeliner, vache, bouffi, folliculaire, cavalcade, Rossinante, ronchon, potage, drille, mandrill, culotté, gynécée, ourdir, bilatéral, pige, périphérie, maroufler... »

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21 janvier 2012

Ensevelie (Papistache)

   Étaient-ce les huîtres ou le foie gras ? Cette nuit-là, je sortis de mon sommeil. Celui de mon épouse était profond —elle n‘avait bu que de l’eau et peut-être léché au bout de son index une goutte de citron—, toutefois, en quête de la tiédeur apaisante de mon flanc, elle se tourna sur le côté et chuta au creux de mon sommeil délaissé. Il se referma sur elle.

    Je ne dors plus ; mon sommeil a pris mon épouse. Je n’en avais qu’un, je n’en eus jamais qu’Une. L’Une est dans l’un ; et moi, pour avoir quitté l’un et sans l’avoir abandonnée, Elle, je me retourne les ongles à tenter, en vain, et de jour et de nuit, à l’arracher à mon sommeil. Sommeil qui s’empara d’Elle, un soir où trois huîtres et deux canapés m’avaient tiré hors de lui.


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25 décembre 2010

WalrusLeaks.SRGS.be (Papistache)

galanterie

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10 juillet 2010

Les nuits dans le désert saharien sont glaciales (Papistache)

Défi #113 :
Cette semaine c'est KatyL qui nous propose un défi
d'après un de ses propres tableaux.                
2_enfants_perdus
Elle nous demande :
"Où vont ces enfants ?"

Alors, réfléchissez, cherchez, entraînez-nous à la suite
de ce garçonnet et de cette petite fille ...
Ne vous perdez pas en chemin et envoyez vos
compte-rendus à
samedidefi@hotmail.fr

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Les nuits, dans le désert saharien, sont glaciales

« Alors, le petit moulin, tout au fond de la mer, depuis ce jour, inlassablement, continue à moudre du sel et c’est pourquoi... »

Gentil — mais ignorant — narrateur, permets que je coupe une rémige à ton aile.
— Qui es-tu ?
— Je suis le professeur Théodore Monod  et je voudrais te dire qu’ [ il faut rompre avec cette croyance que le sel vient de la mer ; il y va ! ]

« Oh, merci professeur !
                   Tout s’éclaire.
                            Les enfants ne vont pas où l’image laisse penser qu’ils se dirigent. 
Ils en reviennent !

Bien sûr :  ce déhanchement  !
                   Le poids du corps sur le talon plutôt que sur la pointe du pied.
Ils marchent à reculons !

Ils marchent ?

L’illusion aurait pu tenir si — gentil, mais niais, narrateur — tu avais rendu ta copie la semaine passée.  Sers-toi de tes yeux !
Ces enfants n’ont pas bougé d’un millimètre depuis quinze jours !

Ils ne vont ni ne reviennent : ils jouent !

D’ailleurs monte le son et tends l’oreille ! »


Découvrez la playlist Comptines avec Les Momes Du Ce2

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19 juin 2010

Ma cabane à rêves est ici... (Papistache)

cabane
et chacun
de vous
en possède
la clé :
à quelque heure
que je
pousse
la porte,
vous m'y
attendez.

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12 juin 2010

Distraction dommageable (Papistache)

 Paula Reine n'avait jamais eu de bonheur avec ses amants.

Elle les perdait tous de la même façon : un beau matin, ils cassaient leur pipe, s'en allaient au champ d‘naviots, et là-bas les vers les mangeaient. Ni ses caresses, ni la peur du marbre du tombeau, rien ne les retenait. C'était, paraît-il, des amants incontrôlables, voulant à tout prix en finir avec l’existence et le sel de la vie.

La brave Paula Reine qui ne comprenait rien au caractère de ses amants était affligée. Elle disait :

- C'est fini ; les hommes s'ennuient chez moi, je n'en garderai pas un.

Cependant, elle ne se découragea pas, et, après avoir perdu six amants de la même manière, elle en séduisit un septième ; seulement, cette fois, elle eut soin de le prendre tout jeune, pour qu'il s'habituât à demeurer chez elle.

Ah ! Gringoire, qu'il était joli le petit soupirant de Paula Reine  ! qu'il était joli avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses cheveux noirs et luisants, ses souliers zébrés et ses longues moustaches brunes qui lui ourlaient la lèvre ! C'était presque aussi charmant que le cabri d'Esméralda, tu te rappelles, Gringoire ? - et puis, docile, caressant, se laissant traire sans bouger, avec l’art de prendre son pied en gémissant à peine. Un amour de petit sigisbée.

Paula Reine avait dans son mas un lit clos tendu d'aubépines brodées. C'est là qu'elle mit le nouveau pensionnaire.

Elle l'attacha à son pieu, au plus bel endroit du divan, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps en temps, elle venait voir s’il était bien. Le soupirant se trouvait très heureux et la broutait de si bon cœur que Paula Reine était ravie.

- Enfin, pensait la brave femme, en voilà un qui ne s'ennuiera pas chez moi !

Paula Reine se trompait, son amant rendit l‘âme. Il repose sous le schiste.

Adieu, Gringoire !

L'histoire que tu as entendue n'est pas un conte de mon invention. Si jamais tu viens entre Maures et Esterel nos ménagers te parleront souvent du « petigo tourteraoú de Paúlà Arènaú , que fue estrangolado para la neui entréo lou soutiféo de sua doulcinéa y sua gargameléou, porque la  Paúlà Arènaú estabada particoulièramenta esdistraitéa quondá se habia esprisso lou piè suia ».

Tu m'entends bien, Gringoire.

Hommage à Paul Arène


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05 juin 2010

De passage (Papistache)

Monsieur Courlis collectionnait les buvards publicitaires. Des milliers, des dizaines de milliers de buvards, tantôt rangés dans des classeurs, tantôt dans de grandes boites rectangulaires, occupaient le moindre espace disponible de sa grande maison cévenole. Monsieur Courlis avait même fait ajouter une aile à l’imposante bâtisse pour stocker le fruit exponentiel de ses inlassables recherches.

Petites annonces, vide-greniers, brocantes, revues spécialisées — il était même abonné à deux magazines, l’un russe et l’autre japonais, dont il ne parlait pas la langue — et, depuis l’avènement de l’ère informatique, forums, sites et blogs, rien n’échappait à sa fièvre. Monsieur Courlis était LA référence internationale en matière de buvards publicitaires.

La nuit du 27 août 2009, un orage d’une ampleur exceptionnelle, creva dans les montagnes qui surplombaient son village ; une masse de plusieurs millions de m³ d’eau engorgea le lit du torrent qui traversait la bourgade.

Au petit matin, les secours dénombrèrent trois-cent-vingt-sept victimes. Monsieur Courlis était du nombre.

Quoi « les buvards  » ?
Ne me dites pas que vous avez cru que j’allais vous promener dans un conte de fées ?
Si ?
Vraiment ! Que lèvent le doigt tous ceux qui ont pensé que le Papistache oserait se fendre d’une histoire où une collection de buvards, même de référence, endiguerait la crue d’un torrent cévenole.

Non, je suis désolé de vous décevoir, mais un auteur est responsable de ses personnages (voyez combien nombre d’entre nous répugnent à faire souffrir leurs protagonistes), si j’avais laissé survivre Monsieur Courlis à la destruction de sa collection (fût-ce pour sauver la vie de ses concitoyens) je m’en serais profondément voulu, l’accablement dans lequel je l’aurais plongé m’aurait ôté le sommeil.

Certes, j’aurais pu vous bercer d’illusions en développant l’idée que Monsieur Courlis, pour avoir tant d’années accumulé ces milliers de buvards, aurait lui-même développé une faculté d’absorption phénoménale et je vous aurais dit comment, pour sauver sa collection, il aurait tant gonflé qu’il aurait obstrué la vallée et qu’incidemment, bien qu’égoïstement devenu hydrophile, il serait devenu le héros du Languedoc-Roussillon, que la population reconnaissante lui aurait élevé une statue de cellulose au sommet de l’Espinouse et que... pffff ! Comment voudriez-vous que j’aie eu ne serait-ce que le dixième de l’inspiration nécessaire à ce puéril fatras ?
Hum ?

Non, croyez-moi, la réalité, pour dure qu’elle soit — pour dure qu’elle est — en imposera toujours aux calembredaines. Ah ! Monsieur Courlis se fût nommé Perdreau, il eût collectionné les bouchons de liège, je ne dis pas, que peut-être, profitant de l’étranglement du vieux pont romain situé en amont de la première maison du bourg, un barrage se serait formé et que... mais il aurait fallu que, circonstance toute littéraire, la maison de monsieur Perdreau fût bâtie en dehors du bourg et précisément entre le sommet de l’Espinouse et le resserrement du pont romain, c’était solliciter de trop nombreux artifices et jamais l’idée ne m’en serait venue.

Non, tant pis. Monsieur Courlis est mort. C’est la vie !

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29 mai 2010

La taille N°0 est recommandée pour les bougies réalisées en paraffine/stéarine d'un diamètre maximum de 1.5 cm (Papistache)

J’ai réuni les conditions.
J’allume la bougie et j’éteins la lampe.
Deux secondes et j’y vois comme en plein jour. On s’éclairait à la bougie autrefois. C’était donc cela.
Le mur, les cadres, la porte,  le bureau, mes crayons...
Une étincelle jaillit à la base de la flamme. Petit éclair qui fuse vers la gauche.

Je le craignais, l’observation anesthésie mon imagination.

La mèche de coton est torsadée, je vois les fibres s’enrouler.
Une image remonte de mon passé. Mon livres de sciences naturelles. Un cerneau de noix est dévoré par une flamme jaune. Expérience destinée à mettre en évidence la présence d’un corps gras. Je n’ai pas tenté la manipulation, j’ai fait confiance. Parvient-on aisément à enflammer un cerneau de noix ? Se promettre d’essayer.

Mon souffle sur la flamme l’agite, les ombres dansent.
La flamme est aussi haute que la bougie.
La bougie raccourcit et la flamme reste toujours à la même taille.
La mèche dépasse de la flamme, elle ne tombe pas en cendres... ELLE TOURNE.
La mèche tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. Je ne regarde plus qu’elle. Lentement, elle tourne.

Une rotation autour de la bougie représente une minute de vie gagnée. Trois tours. A observer la bougie, ce soir, j’ai gagné trois minutes d’espérance de vie. Quel âne ! Si j’avais sacrifié à la tradition, lors de tous mes précédents anniversaires, j’effaçais Mathusalem des tablettes.
La mèche est démesurément longue, noire et grise, elle se replie, se courbe, s‘affaisse... ELLE FAIT UN NŒUD ! La mèche fait un nœud qui se serre, se serre... ELLE ÉTRANGLE LA FLAMME !

J’ai compris le mystère de la bougie... le bourreau de la lumière se cache en son sein ; la mèche, corde assassine, agent double et retorse porte la flamme et la garrotte à son extrême fin. Ce ne sont pas trois minutes de vie que j’ai gagnées, ce sont trois années qui me seront retranchées de mon capital.


Funestes chronomètres sur le gâteau d’anniversaire, mes enfants, j’ai bien raison de ne pas vouloir vous laisser les poser sur mes choux à la crème. Abrégez de qui vous voulez la vie d’autant d’années que de révolutions de cotonnades boudinées mais ne me souhaitez pas l’anniversaire de ma naissance. VOUS N’AUREZ PAS MON HÉRITAGE. NE COMPTEZ PAS MES JOURS. JE NE VEUX PAS PARTIR. PLANTEZ DES CANDÉLABRES DE MARBRE OU DES CAROTTES GLACIÈRES TRI-MILLÉNAIRES SUR MA TOMBE PÂTISSIÈRE ET OUBLIEZ QUE JE VOUS AI, UN JOUR, APPRIS À FROTTER DEUX SILEX.

JE N’AI JAMAIS INVENTÉ LE FEU, VOUS N’AVEZ RIEN APPRIS. OUBLIEZ QUE LA TERRE TOURNE. REDEVENEZ DES BÊTES. VOUS ÊTES DES BÊTES. VOUS N’ARTICULEZ PLUS. VOUS GRATTEZ LA TERRE DE VOS ONGLES NOIRS
. GRRRRAAAARRRRG !

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