Se sont prosterné·e·s
maryline18 ; Laura ; Lecrilibriste ; tiniak ; Pascal ;
Walrus ; Vanina ; JAK ; Kate ; Vegas sur sarthe ;
Adrienne ; bongopinot ; joye ; Ilonat ; Joe Krapov ;
Ah, les idoles ! (Walrus)
Je me rappelle avoir lu, aux temps lointains de ma jeunesse, deux bouquins d'Isha Schwaller de Lubicz : "Her-Bak Pois chiche" et "Her-Bak Disciple".
Ils racontent l'histoire d'un petit garçon appelé "Her-Bak", ce qui signifie à la fois "pois chiche" et "face d'Horus".
Repéré par les prêtres, il suit d'abord un chemin de formation passant par un ensemble de métiers divers (il débute comme "porteur de sandales" pour un personnage important), puis un autre d'initiation puisqu'on le destine à être un prêtre.
Ce qui m'avait frappé, au milieu du récit, c'est qu'on le laisse pour une nuit seul, face à face avec la statue du neter (dieu) auquel le temple est consacré. À force de réflexion, il finit par cracher sur l'idole. Quand il s'en accuse très inquiet le lendemain à son mentor, celui-ci ne crie pas au sacrilège mais le félicite d'avoir compris que l'image du dieu n'est pas le dieu.
Un lointain prédécesseur sans doute de notre Magritte national et de son célèbre "Ceci n'est pas une pipe" !
Personnellement, si j'avais à élire une idole au sein du panthéon égyptien, je voterais sans hésiter pour Bastet, la déesse-chat !
On ne se refait pas : j'adore les femmes et les chats !
Vishnou de visu (maryline18)
Morphée me berçait encore quand le réveil sonna. Mes réflexes, entraînés à prendre les commandes en l'absence d'ordres émanant de mon cerveau (ce dernier, dérivant encore parmi des détritus en tous genres), jetèrent l'objet hurlant au sol. Je m'extirpai à contre coeur de la chaleur des draps, bien que soulagée d'interrompre mon rêve : J'assistais à l'immersion des restes d'une crémation humaine dans le Gange. Je n'aurais pas du visionner cette vidéo avant de m'endormir : "L'Inde : mystification et intoxication, les eaux maudites du Gange"
C'était une belle journée qui s'annonçait, l'aube étirait ses nuées roses, écartant au passage quelques nuages épars déjà traversés de soleil. L'air frais terminait de me réveiller, c'était bon...J'en absorbais de grandes goulées, par le nez et la bouche, comme pour me régénérer. Le printemps venait de débarquer avec ses piaillements, ces envolés de moineaux, ses jonquilles, ses primevères...Il ne manquait que le rire des enfants dans les rues, les écoles.
Je roulais depuis une vingtaine de minutes quand " l'incroyable " se produisit : Alors que deux biches bondirent subitement à ma gauche, cherchant à rejoindre le bois longeant la route, un sanglier leur interdit le passage. Je n'aperçus que sa tête sortant des fourrés, mais quel tête ! Elle était si brune et tellement énorme ! Dans ses yeux, j'y lus en un éclair, une détermination de géant, une force de super héro ! Par sa seule présence, il m'évita l'accident.
Je m'arrêtai quelques mètres plus loin, tremblante, les yeux rivés sur le rétroviseur. La bête avait disparu. Les biches poursuivèrent leur course aérienne. Je fermai les yeux. Des bribes de mon rêve et du fameux reportages se croisaient dans mon esprit troublé. Quelque chose d'important venait de se passer, de ces choses si belles que l'on n'ose tenter de les expliquer avec des mots, de peur de mal les choisir. Je pensai soudain à ces indiens vénérant leurs Dieux, parfois différents. Je me rappelai ces statues faites de pierre où de marbre qui donnaient corps à leurs idoles.
Une pluie fine nettoya mon visage de toute la fatigue collante du passé. Une voix, annoncée par le bruit d'une amulette que l'on secoue, me chuchota : < Tout va vien, tout va bien... >. Quel réconfort dans ces mots simples que j'ai répété à mon tour, comme une prière. La tention se relachait. Ce n'étaient pas des larmes de tristesse qui coulaient, non, c'était curieux. Mes chakras allaient peut-être pouvoir s'ouvrir et me permettre d'envisager l'avenir plus sereinement. Ce sanglier ne pouvait-être que l'un des dix avatars de Vishnou. Oui, ce miracle ne pouvait-être qu'un appel de ce Dieu protecteur faisant partie de la Trinité hindoue : création, protection, renaissance. Il venait me protéger pour m'aider à renaître bientôt. Il venait me réveiller en m'envoyant l'homme sanglier.
Voulait-il que j'aille l'honorer de ma présence, les bras chargés d'offrandes ? Que je me présente à lui, tant démunie qu'il me faudrait accepter de me faire tondre la tête pour revendre ma chevelure afin de poursuivre mon ascension jusqu'au sommet du temple de Tirupati ? forte et fragile, je m'agenouillerai devant lui, aussi démunie qu'une " intouchable " parmi les Dalits.
Et moi, qui avais cru déceler dans ce drôle de rêve de serpents, un sens érotique...
Mon ourson Cajole par bongopinot
Une simple peluche
Un ourson tout doux
A la fourrure blanche
Que je trainais partout
Je n’étais pas bien grande
Mais j’avais mon idole
Mon ourson Cajole
Qui sentait la lavande
Il était mon refuge
Mon cher confident
Il calmait mes tourments
En ami de mes songes
Il était doux et chaud
Il savait me rassurer
Et aussi m’amuser
Et adoucir mes maux
Les années ont passé
Et il est toujours là
Fatigué et las
Mais je vais le bichonner
Pour qu’il ait une nouvelle vie
Je vais aussi le recoudre
Pour ma petite Cassandre
Pour qu'il partage ses nuits
Herman (participation d'Adrienne)
Il y avait plusieurs Mariette dans la vie de grand-mère Adrienne, aussi leur prénom s'accompagnait-il toujours de précisions du genre "Mariette-van-nevens-de-deur" ou "Mariette-van-tante-Palmyre".
Pourquoi Herman Van Springel, vous demandez-vous.
Et vous n'êtes pas les seuls.
Malgré ses questions à sa grand-mère et ses propres observations, la petite n'a jamais pu percer ce mystère: il n'était ni né dans le même coin de Flandre, ni beau, ni le plus grand champion du pays.
La poupée (Vegas sur sarthe)
Elle était mon e-doll, ma poupée virtuelle
sur les réseaux sociaux, moi je ne voyais qu'elle
je copiais ses postures et sniffais tous ses mots
les murs de ma chambrette en faisaient la promo
Et puis ce fut le drame, l'horrible tragédie
comment a t-elle chopé ma carte de crédit ?
En tombant tout à coup de son grand piédestal
elle a brisé ma vie et ma carte Vitale
J'ai fini à l'hosto au rayon Grabataires
le nez dans le ruisseau c'est la faute à ???
depuis je suis accro à l'halopéridol
c'est pas ma faute à moi, c'est celle à mon e-doll
L’idole (Lecrilibriste)
Vous êtes-vous jamais demandé
Dans quel coin de nos cerveaux embrumés
Se logeait l’image magnifiée de l’idole,
dont nous nous sommes entichés
à avoir des frissons jusque dans les guibolles
quand il ou elle apparait
Mais qu’est-ce qui nous accroche donc là ?
L’allure, le regard, l‘étincelle des yeux
La couleur flambante des cheveux
Les mots, l’émotion provoquée,
la voix ? Ou ce, je ne sais quoi
que nous sommes les seuls à percevoir , ou pas !
Car il y a notre idole, l’idole des masses et l’idole des jeunes
Mais qu’est-ce qu’elle diffuse, qu’est-ce qu’elle envoie
dans nos imaginaires débridés
cette idole, pour être tous galvanisés
devant le même énergumène projeté ?
l’image d’une perfection qui n’existe pas ?
mais que l’on trimballe cependant en soi ?
Moi, je me souviens de mes premiers émois
Avec les films de Gérard Philippe
Cet homme qui m’émerveillait, c’est cela
Aujourd’hui, je ne saurais pas dire pourquoi
De quelle image en moi était-il le reflet ?
D’un amour dans une autre vie ?
D’un désir fou et inaccompli ?
Des paroles à sa belle, prononcées
D’un amour impossible ou
De l’impossibilité à se laisser aimer ?
Aujourd’hui, le défi du samedi
Me force à plonger dans ce délire
Mais le résultat ?
je ne vous le dirai pas !
Le crépuscule des idoles (Laura)
Comme je suis passionnée par les images, comme mon idole Baudelaire, quand paraît le nouveau défi du samedi (ou autre sujet d'atelier), je regarde d'abord l'image, donc, sans être influencée, je crois par le souhait négatif des maîtres, je n'ai pas pensé à l'"idole des jeunes" ou autre idole de ce genre
mais à l'idole des hébreux, le veau d'or, avant que Dieu s'en mêle par l'intermédiaire de MOISE. Le veau d'or imite le taureau Apis des Egyptiens.
J'ai aussi pensé aux idoles que j'ai étudiées en sociologie quand j'étais en prépa HEC.
C'était plus l'aspect "culture générale" qui m'intéressait que les maths. Je pense aux peuples évoqués par Lévi-Stauss et ceux qui seront mis à l'honneur au Musée du Quai Branly et qui ont beaucoup inspiré les surréalistes. Comment ne pas penser aux idoles des Marquises évoquées par Gauguin? Je terminerais avec les Moai de l'Ile de Paques.
Ah j'allais oublier d'expliquer mon titre qui est celui d'un livre de Nietzsche qui est une référence ironique au "Crépuscule des dieux" de Wagner.
Tout cela n'est-il pas à l'opposé de l'idéologie du président normal? Y a t-il encore des idoles dans le cinéma, la musique? N'en avons-nous pas besoin?
Dans les vieilles marmites (Joe Krapov)
Un parfum d’idole (Ilonat)
Idole Idole
Aujourd’hui Vendredi c’est le Vendredi Saint
Et il me semble que dans la Bible
The Holy Baïbole comme on dit en Anglais
Moïse le prophète interdisait l’adoration de ces symboles hérétiques
Et il me semble même qu’un certain Iésous Cristo, de Nazareth en Galilée
Chassa du Temple ces mercantiles qui osaient faire passer ces pacotilles enrubannées
Pour des biens essentiels.
Idole Idole
C’est chaque fois le Samedi la même chose la même faribole qui me laisse pantois
On me pose une colle avec un mot nouveau, j’hésite entre deux voies :
Je me triture les méninges ou bien je fais l’idiot, je batifole ?
Je m’élabore une savante glose ou je fais le mariolle avec des rimes de guingois ?
Je n’ai pas fait mon choix !
Attends attends ! ya du nouveau chez l’Amazone.
Une nouvelle idole, le parfum de Lancôme !
Un Paradis promis aux femmes de demain
« Croyez en l’incroyable ! vivez vos rêves en grand et devenez l’Idole de vous-même ! »
Et la boucle est bouclée…
On est parti de Dieu ou d’autres déités et on les a représentés :
Sculptures primitives, fétiches ou portraits qui chassaient le démon
Et promettaient le ciel en toute éternité
Et puis on est passé à d’autres objets d’adoration
Le culte du Veau d’or, les Dieux du stade et de l’Olympe
Plus près de nous les stars et les Déesses de l’écran
De la Sainte Bagnole et du dernier Smartphone
Car enfin nous y sommes !
Dieu nous a bien créés à son image : un p’tit coup de Lancôme
Un selfie réussi multiplié sur les roseaux
Nous sommes devenus la sacro sainte idole de nous-mêmes
On va nous adorer…
Passons… je vais botter en touche et laisser là tous ces symboles
Viens mon doudou à moi ma seule idole bien en chair
Et laissons là ces falbalas
Je t’invite là bas, sur cette petite Ile aux senteurs de girofle
À l’heure où l’on peut voir le soleil qui se couche
Au-delà du lagon
Sur les montagnes bleues
De la paix retrouvée
La plus belle de la Gendarmerie nationale (joye)
Laaaaaaaaaaaaaaaa
Capitaine, La Capitaine,
La Capitaine Marleau
C’est mon idole
Du tout frivole,
Ni puritaine
Ni incertaine.
Menant la farandole -
De Perpignan
Et près du Rhin -
Des enquêtes fofolles.
You-You !
La Capitaine, La Capitaine,
La Capitaine Marleau,
C’est mon idole.
Ses joyeux lol
Me raviv', ma parole !
(comme son footing)
Sous sa chapka
Aucun fracas,
La capitaine sait tout !
Et même les stars
Soixante-huitards
Dupent jamais mon doudou !
Camarades !
La Capitaine, la Capitaine,
La Capitaine Marleau
C’est ma fétiche
Car elle est chiche
Ma capitaine-héros !
Tcho !
(Vous ne la connaissez pas ? Ne vous mettez pas Martel en Charles !)
Pour faire la capture d'une idole (Kate)
Imaginer d'abord un podium
Sans socle de marbre
Genre truc en aluminium
Rien à voir avec un arbre
Quelque chose de rare
Quelque chose de cher
Quelque chose qui valorise
Votre tendre et chère
Idole qui vous idiotise
Vous faisant passer pour un nullard
Mais tant pis
D'après le programme télé
Le jour J
Est arrivé
Placer vos yeux
Devant le camaïeu
De l'écran de votre téléviseur
Qui fait trop battre votre coeur
Bien vérifier qu'il fonctionne
(Pas votre palpitant,
L'appareil, j'entends)
Mettre un pied
(Ou la table de la salle à manger
Soigneusement calée)
Pour que la photo soit bonne
Et pas toute floutée
Se préparer à mitrailler
(Pas votre belle idole,
Que trop vous adorez)
Mais son image d'une valeur folle
Ensuite sur votre radio-cassettes
Aux aguets
Si vous l'entendez
Interviewée
Appuyez à fond les manettes
Sur les touches dédiées
Maintes fois vérifiées
Sinon prendre un crayon
Un bout de papier
Et chaque mot noter
Une bribe de religion
Enfin en toute tranquillité
Vos photos développées
Admirées
L'interview réécouter
Relire les idées
Les projets
Et cette proximité
Avec votre idole
Sera votre secret
Quand vous rentrerez de l'école.
(Inspiré par Jacques Prévert, "Pour faire le portrait d'un oiseau", Paroles)
(Livre dont sont extraites les photos de la télévision et du radio-cassettes... et la photo des bottes)
Idole or not Idole (JAK)
Les gens l’appellent Gogole l’empoté foiré de la toile
Mais il n’y en a pas qui l’envie car sa bêtise n’ a pas de fin
Mais ils ne savent pas que souvent
dans la vie, dans sa p’tite tête mal farcie
Il cherche des idées à filouter qu’il fait siennes
En faisant de les copier/coller de wiki
Sur son ordi obstinément , il s'entraîne
mais il ne fait que bêtement scribouiller et
Et souvent tard dans la nuit ,il insomniaque
Gogole est une nouille qui toujours glandouille
Quelle infortune ! on ne le reconnaît jamais dans rue
et ça le chagrine
Pourtant depuis longtemps, avidement, il cherche à être notoire.
Il aimerait bien faire la conquête des bloginautes de la sphère
Mais niet, ceux-ci ne lui laissent que de polis commentaires
-
Et pourtant, et pourtant ♪ ♫…
Et pourtant, pourtant Il a tout essayé pour sortir du nombre,
Mais il demeure bien ancré un fantôme dans l'ombre
C’est pt’ être ben que son style n’a jamais été compris
Et pourtant, et pourtant ♪ ♫…
S’il n’est pas l’idole des jeunes
Aujourd’hui la sagesse des ans l’a guéri
Il renonce à plaire à tout prix
Il ne sera jamais une idole
Et tant-pis c’est bien mieux ainsi
Sans un remords, sans un regret, il partira
Droit devant lui sans espoir de retour
Nota
Un certain Charles et un dénommé Johny m’ont inspirée
Neil Young (Pascal)
Vous parler de lui, avec seulement quelques mots jetés à l’emporte-pièce sur cette feuille, est un bien pénible tourment ; c’est comme demander à un peintre d’exprimer un paysage sans qu’il puisse tremper son pinceau dans la couleur, à un poète de négliger ses vers, à un musicien de taire ses meilleurs arpèges. Comme je ne suis ni peintre, ni poète, ni musicien, je vais essayer, tout au long de cette dissertation, de vous le faire mieux connaître. Et n’en déplaise aux détracteurs, la longueur de ce texte est proportionnelle à l’Amitié inextinguible que j’ai pour mon pote.
Nous étions amis depuis l’enfance ; je passais mon temps à adoucir ses angles si vifs et, lui, de son côté, me refilait un peu de son courage et de sa folie ; c’était notre équilibre pour tout ce que nous entreprenions. Au fil des années, nous avions bâti une solide amitié, et nous n’avions pas de secret l’un pour l’autre. Quand je lui expliquais mes problèmes, il ne disait pas : « Comment t’es-tu débrouillé pour te foutre dans pareilles emmerdes ?... », non, c’était : « Comment vais-je procéder pour t’en sortir… » qui l’occupait. Là est toute la différence entre un copain et un ami. Il tentait de les résoudre, il établissait des véritables stratégies, il entretenait mes souvenirs pour que je ne pardonne pas trop facilement ; jamais il ne se moquait. Quand c’est lui qui m’exposait ses soucis sentimentaux ou autres, ils devenaient les miens. Tous les deux, on partageait des grandes heures de discussion, de celles qui parlent des astres fabuleux, intouchables, et de la seule chance qui peut les relier ; de celles encore qui animent les illusions jusqu’à ce qu’elles deviennent réelles ; devant une bonne bouteille, on refaisait le monde avec nos plans de comète, aux finitions naturellement sensationnelles…
Divorcé, il vivait une passion amoureuse, épisodique et compliquée, avec une femme en instance de séparation. En coup de vent, quand elle venait chez lui, comme les écoutilles d’un bateau avant une bataille, il fermait tous les volets, et malheur à celui ou à ceux qui venaient le déranger ; pendant quelques heures, même ses enfants étaient persona non grata. De toute façon son portail restait clos, il ne répondait pas au téléphone, ni aux hypothétiques sollicitations qui eussent pu activer sa sonnette d’entrée. Dans son antre cadenassé, l’après-midi était entièrement consacré à sa dulcinée. Pour compliquer l’affaire, pendant l’hiver, il avait perdu son chien qu’il adorait tant et, comble de malédiction, sa maman était décédée en début d’année. C’était comme si son destin s’acharnait sur lui pour connaître ses limites.
Aussi, avec le début de sa cinquantaine sonnant, il battait de l’aile, mon pote, ne sachant plus trop où se situer, avec tous ses repères qu’il retenait avec des bouts de ficelle ou qui se détachaient irrémédiablement. Pourtant, cachant sa véritable image et son désarroi latent, il était sur tous les fronts, tel un preux chevalier guerroyant sur ses champs de bataille. Au boulot, il tenait une place à responsabilité qui réclamait toutes ses compétences ; avec ses médicaments et ses antidépresseurs, il était en surdosage ; il surveillait de près la scolarité de ses enfants de vingt ans. Et sa chérie… sa chérie, malgré son éblouissement, il savait bien qu’elle n’avait pas le même grand amour que le sien. Toujours sur le fil du rasoir, éternel écorché vif, avec lui, jamais rien n’était simple…
Vivant encore dans le Var, j’appris fortuitement par une de mes filles que Neil Young passait à la Halle Tony Garnier, à Lyon ; elle avait vu une affiche collée, ici ou là, vantant la présence du folk singer sur le sol français. L’idée ne fit qu’un tour dans ma tête ; on vérifia la véracité de cette publicité sur Internet : les dates correspondaient. Telle une étoile filante en tournée mondiale, le guitariste canadien était effectivement de passage dans notre pays…
Neil Young, c’était toute notre jeunesse ! À seize ans, le vinyle de l’album « Harvest », on l’avait usé sous le saphir de nos tourne-disques ! Pendant des heures, on tentait les barrés, les majeurs et les diminués sur nos pauvres guitares ! Sans bien comprendre la traduction des paroles, on connaissait les chansons par cœur ! C’était l’âge tendre, celui des accords parfaits, celui de l’inconscience musicienne et des illusions en partance. Plus tard, toujours sous l’addiction quasi fétichiste du country rocker, l’un et l’autre, nous avions sur nos étagères toute sa discographie, sur les murs de nos chambres, tous ses posters et dans les tiroirs, tous ses magazines…
Mon pote avait un faible pour « Cortez The Killer » qu’il écoutait dans son monde de réflexions sans réponse. Le tempo de ce morceau d’anthologie l’adoucissait, un peu comme si chaque note avait sur lui l’effet d’une caresse apaisante. Quand on revenait de la pêche et de la rivière dansante, « Zuma » envahissait la bagnole, et le grand air, et les paysages, et les clins d’yeux du soleil comparse, et ses réverbérations sensationnelles, c’était des moments extraordinaires. Le temps passant, je me suis aperçu que Neil Young nous avait accompagnés comme un grand frère musical. Ici et là, petits cailloux blancs, « On the Beach, Comes a Time, Freedom, Silver and Gold, Chrome Dreams », etc., nous avaient montré le chemin…
Sachant que mon pote était « occupé », je me décidai pourtant à l’appeler ; tant pis pour les dommages collatéraux. À l’avance, je savais, de par la seule intonation de sa voix, tout le dérangement que j’allais créer dans son emploi du temps, au cas où il me répondrait ; quitte à subir ses foudres, j’osai compromettre son samedi après-midi.
Je fis sonner son téléphone… VIP de son amitié, je savais au fond de moi que j’avais mes entrées personnelles chez lui, qu’elles étaient du domaine de cette fameuse complicité indéfectible, celle où l’on partageait tous nos sentiments véridiques dans ce même creuset d’Amitié sans faille ; je savais qu’il m’écoutait encore, quand il n’entendait plus personne. Parce qu’il reconnut mon numéro de téléphone affiché, il décrocha son portable…
J’entendis qu’il se raclait la gorge ; avant qu’il me balançât sa contrariété dans les dents, j’y allai de mon couplet sur Neil Young et de son inimaginable et inespéré passage à Lyon. Je compris bien vite que j’avais touché dans le mille, je le connaissais tellement ; il savait de son côté que je ne l’aurais jamais appelé pour rien. Bien sûr qu’il était d’accord pour aller au concert ! Je sentis son enthousiasme enfler dans sa voix ! C’était comme si, tout à coup, j’avais plus qu’embelli son après-midi, mieux que sa gonzesse et ses simagrées !
En deux coups de cuillère à pot, nous eûmes les réservations ! Un mercredi soir de fin juin 2008, comblés de frissons, nous assistâmes au concert de Neil Young ; guitare, harmonica, piano, il ne manquait rien. À seulement quelques mètres, il chanta : « Mother Earth ». Au milieu de la foule, mon pote était au garde-à-vous, ne cachant même pas ses larmes ; les yeux plantés dans le plafond, il voyait le ciel et ses étoiles ; il me murmura que c’était la chanson pour sa maman…
Dix ans plus tard, dans la petite église du village, soudain, j’entendis une voix s’élever et se confondre d’Amour avec les échos des voûtes et les couleurs des vitraux ; c’était Neil Young. Devant l’autel froid et ses fleurs en plastique, sur deux tréteaux, il y avait mon pote allongé dans son cercueil en bois d’éternité. Tout à coup, venu d’une jeunesse désormais vieille, ce « Old man » me traversa le corps et me transperça l’âme…
Toute idole passe à table (tiniak)
Indolent et folâtre
Dans ses habits trop blancs
Oublieux opiniâtre
L'olive entre les dents
Attaché à s'ébattre
Tant qu'il y aura du vent
Tourbillonnant théâtre
Riant ses rêves grands
A se plier en quatre
Pour se moucher dedans
Il gâche des emplâtres
Souliers gris patouillant
Turbulent idolâtre
En poche, le présent !
"A taaable !"
Tout finit dans l'instant
Aliens feux ? ranatres !
Berge aux sables mouvants...
Le chant surgi de l'âtre
Est de plus doux serment
Défi #657
Sont allés au charbon
(comme mon épouse qui est allée chercher ce morceau
à - 700m à Zolder )
Laura ; Walrus ; maryline18 ; Lecrilibriste ; Vegas
sur sarthe ; JAK ; Kate ; joye ; Adrienne ;
bongopinot ; Vanina ; Ilonat ; petitmoulin ; Joe
Un torrent d'émotion par bongopinot
J’admire ce cours d’eau
Et son chant d’émotion
Une cascade de mots
M'arrive comme une vision
Je sors donc ma plume
Et note tous ces trésors
Qui déferlent et écument
Dans un torrent de lettres
Une étincelle de tendresse
Une vague de richesse
Me plonge dans ma rêverie
Et dans un élan de vie
Je puise mon énergie
Dans cette houille blanche