Coutures (tiniak)
Files filiales, filiations !
Dites-moi, sans compromission
quel est de ma pensée le fil
qui la sauve de l'Imbécile
et renoue
avec l'essence les Rien z'et les Tout ?
Sur ma pelote hebdomadaire
se pourrait-il qu'un dromadaire
arguant du pagne d'Osiris
me refusât son oasis ?
Sur le parvis des cathédrales
offert au vide sidéral
tricottent des veuves sans faim
la laine de nos Lents Demains
Dois-je y comprendre
ce que les noeuds des Cieux Seuls cherchent à m'apprendre
de la vie
comme de fil en aiguille âme s'en soucie ?
Crochets, plaidez vos canevas
au tribunal des entrelacs
je n'en ai cure !
préférant tisser dans le vent mon aventure
Oui, au hasard
d'une aube bayadère
de l'air d'un ciel jacquard
De cette chaussette orpheline
qui me laisse perplexe devant la machine
99 dragons : exercices de style. VIII, Rêve (Joe Krapov)
Oui, bien sûr, j'ai enregistré « File la laine » et « La légende » hier soir. Mais ça n'explique pas tout. Ce n'est sans doute pas pour cela que j'ai fait ce rêve étrange qui m'a réveillé à trois heures du matin.
J'étais tombé en panne et j'avais dû poser mon avion dans le désert libyen. Pas trop de bobo à l'atterrissage mais il allait falloir que je me débrouille tout seul pour réparer et repartir.
J'étais donc en train de trifouiller dans le quadrimoteur avec mes deux fois cinq doigts quand tout à coup j'ai entendu une petite voix derrière moi qui demandait :
- S'il vous plaît, dessine-nous un bazooka ?!
Je me suis retourné et je me suis retrouvé face à deux moutons dont un noir et un à cinq pattes.
- Un bazooka ? Est-ce que vous saurez seulement vous en servir ?
- Aucun problème, Red baron ! On a fait nos classes. Je suis le lieutenant Pascal Panurge et celui-ci est le sergent Ovid D. Sheependale.
- Je ne suis pas le Red Baron, je suis le capitaine Georges Poujouly. Et d'abord, contre qui voulez-vous l'utiliser, ce bazooka, si je le dessine ?
- Contre le méchant dragon qui terrorise la contrée. Chaque jour il boulotte deux d'entre nous.
- Bêêênédicte, Bêêêlinda, Bêêêrnadette, Bêêêrthoise, Bêêêttina, Bêêêatrice, Bêêêrengère, Elisabêêêth, Bêêêthsabée, Robbêêêrta, Bêêêrénice et Bêêêrgamotte y sont déjà passées, ajouta le sergent. C'est la Bêêêrézina ! Nous ne sommes plus que deux pelés, trois tondus et une brebis galeuse. Et le roi de Silène s'inquiète, lui aussi !
- Pourquoi ? Le dragon bouffe aussi les rois et se tire avec la galette ?
- Quand tout le troupeau aura été décimé, il y a de fortes chances pour que le monstre réclame de bouffer ses jeunesses. Il aime tout ce qui gigote.
Tout en les écoutant dérouler leurs doléances de cette façon un peu bébêêête, j'avais continué mes réparations. Je fermai le capot, m'installai aux commande, tournai la clé. Miracle, les hélices se mirent à tourner. J'allais pouvoir repartir et mener « Le petit prince », mon avion chéri, vers d'autres aventures.
- Mon capitaine... Très saint Georges Poujouly... Ne nous abandonnez pas ! Vous êtes notre seul espoir. Tous ces bêêêllâtres de chevaliers qui entourent le roi n'oseront jamais aller affronter la Bêêête du Gévaudan.
- Montez ! leur dis-je, aux deux frisés défrisés. Pas besoin de long discours ni de petit dessin. Vous allez me guider vers l'endroit où sévit ce guignol, j'en fais mon affaire.
Dans son marécage boueux, il était vraiment bien hideux et si je n'étais pas intervenu, cela aurait été une plaie pour le roi de devoir donner sa fille à becqueter à cet effroyable animal.
En deux rafales de mitrailleuse, l'affaire fut réglée. On ne m'a pas surnommé l'allumeur de réverbêêêres pour des prunes - zut, voilà que j'ai attrapé le tic de langage de l'autre, maintenant - !
Le seul problème c'est que le bruit de la mitrailleuse me fit sortir de mon sommeil. Je jetai un œil au réveil à cristaux liquides de la chambre. Il indiqua deux heures, puis, tout aussitôt, trois heures. Ah oui, c'est vrai, on changeait d'heure ce week-end ! Allons bon ! Que de contrariétés ! Pourvu que je me rendorme ! J'ai horreur de découcher et d'aller lire « A la recherche du temps perdu » dans la chambre d'amis en vue de ne pas réveiller Françoise, mon épouse, et de retrouver mon cycle de sommeil.
- Ne te bile pas, Georges, me dirent Panurge et Sheependale, on va t'aider. Ca on sait faire !
Il y avait avec eux toutes leurs brebis ressuscitées. Leur laine avait repoussé et, au lieu d'être blanche, elle était devenue multicolore. Chaque épaule d'agneau était devenue un patchwork de fils de couleurs variées savamment emmêlés. Ils se mirent en file indienne et entreprirent de sauter par-dessus une haie.
- Compte nous !
Je les comptai et effectivement, je ne fis ni une, ni deux, je me rendormis.
Au matin, quand le radio-réveil se mit en route, j'entendis Françoise, déjà levée, qui pestait contre le chien :
- Une écharpe à 32 euros, complètement déchiquetée ! Décidément, Câline, tu fais tout pour qu'on te préfère les chats !
Mon dragon domestique allait encore venir me secouer les puces pour que je sorte de ce lit où je me sentais si bien. Je n'allais tout de même pas lui raconter ce dont j'avais rêvé pendant le reste de la nuit ! Parce que la fille du roi, son trikini à 129 euros, je crois que je lui avais fait subir un sort aussi peu enviable ! Qu'est-ce qu'elle était jolie la sirène de Silène ! Une rousse flamboyante ! Un vrai renard du désert ! Ce n'est pas toutes les nuits qu'on apprivoise un animal pareil ! Mmmh !
Et justement, en rejetant les draps, je l'aperçois. Le trikini en lambeaux est là, à la place qu'occupe d'habitude mon épouse. Je me rappelle alors la chanson « J'ai encore rêvé d'elle et j'ai rêvé si fort que les draps s'en souviennent » du groupe « Il était une fois ».
Si Françoise la voit, cette pièce de lingerie, ça va être le martyre toute la journée pour moi, car ma bergère, native du bélier – ça ne s'invente pas – est d'un naturel très jaloux.
C'est alors que je réagis. La femme que j'ai épousée ne s'appelle pas plus Françoise que je ne me prénomme Georges et, Câline ou pas, nous n'avons pas de chien, de chat ni de mouton chez nous. A part sous le lit peut-être. Et pourquoi est-ce qu'on aurait mis le réveil un dimanche ?
A ce moment-là, le réveil sonne et je me réveille réellement. Avec ce changement d'heure, je trouve qu'on est encore partis pour de beaux décalages !
[signé : Antoine de Saint-Exubêêêrant]
Ma femme est tricotophile (Sebarjo)
Ma femme est tricoto-fil
(et elle me le rend bien)
Il faut voir pour le croire... La bobine de ma femme. Quand elle cout ou tricote.
Très concentrée, elle ne perd jamais le fil. Car contrairement à Pénélope, elle ne veut surtout pas défaire pour refaire. Penchée sur son ouvrage, elle est méthodique et suis son fil d'Ariane à toute vitesse, cousant comme une fusée. Quand ça file, il faut que ça file. Et pour ne pas la déranger, mieux vaut se garer d'ici (et pas en double fil) !
Et de fil en aiguille, me voici avec un pull joliment rapiécé, des chaussettes sécu(risées) car elles n'ont plus de trous... et ainsi chaussé, je suis épinglé de sûreté. Je me sens bien, j'ai un super fil-ing...
Ce qui est vraiment fort, c'est qu'elle arrive à faire tout ça en buvant sa tisane dans sa jolie tasse, si petite qu'on dirait un dé à coudre. Et ce n'est pas un coup de fil qui l'arrête !
Allo allo... elle répond comme dans un fil-actère au téléphone, et tic tac tac tic le bruit des aiguilles reste incessant.... Sans blague, tout ça n'est pas un tissu de mensonges !!!
Et si ce n'est pas le téléphone qui sonne, il arrive qu'elle se connecte à internet pour surveiller ses fils rss, et tic tac tac tic le bruit des aiguilles continue toujours. Elle tricote comme elle tweete. Aussi passionnée par le chas de son aiguille qu'un chat sur je tricote.fr, je dirais qu'elle est tricotophile... ou tricotofil, comme vous voulez !
Durant ces soirées où elle se lance dans le surfilage, dans des point de croix endiablés, des points de fantaisie où ça ne rigole pas, je l'attends bien sagement assis dans mon fauteuil. Je regarde le temps qui file doucement. Je ne fais rien. Même pas de collection de timbres car je suis plus fil-osophe que fil-atéliste. Puis je me couche. Et je sais qu'elle viendra en découdre avec moi dans quelques heures, car en vérité, en matière de fil, c'est moi son fil-amant..
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L'âge de raison (Caro_Carito)
La brosse glisse sur les cheveux. Deux mains énergiques partagent les boucles brunes en deux parties égales et les tressent rapidement. Un élastique de part et d’autre. « Tu as les yeux tout rouges. C’est à cause de la poupée que tu as perdue ? » La fillette hoche la tête. « Chloé, tu es grande, tu as sept ans. Ce n’est pas malin de se mettre dans cet état pour une vieille poupée en tissu. »
Maintenant que la petite est prête, Laurence boutonne le manteau bleu ciel. « Tu m’écoutes ? » La gamine lève la tête. « Avant d’aller au marché, on va faire un tour dans le jardin, tu as dû la laisser traîner dehors. »
Chloé fixe la poussette où son cousin gesticule. Elle sait bien qu’en arrivant du parc hier, elle est tout de suite montée dans le bureau où on a tiré un lit pour elle. Elle a pris ses crayons de couleur. Elle n’aime pas le jardin, la pelouse est pleine de boue ; le chien lui tourne autour et la bouscule. Elle n’aime pas non plus que sa maman l’ait laissée pour les vacances chez sa sœur. Mais elle n’a pas le choix. Alors elle s’ennuie.
Chloé se tient dans l’entrée, son panier à la main. Elle aperçoit le chien, la truffe collée à la porte-fenêtre. Sa tante ouvre la porte. Julien qui a réussi à s’extirper de sa poussette s’élance. Il saisit soudain une poignée de fils multicolores et la brandit avec des cris de joie tandis que le chien sautille autour de lui.
« Chloé, je crois que l’on a retrouvé ta poupée. » Les mains de Julien s’ouvrent, des bouts de laine tombent par terre. C’est tout ce qui reste de la chevelure de Sidonie, la poupée en tissu que lui avait fabriquée Mamette. « Écoute, Chloé, tu ne vas pas encore te remettre à pleurer. Ça va bien, tu as sept ans, l’âge de raison. On ne pleure pas pour une vieille poupée rapiécée.» Laurence récupère son fils et le case dans la poussette. Chloé les suit. Elle se dit que Julien a dû lui prendre Sidonie quand elle dessinait et qu’il l’a jetée au chien comme une vulgaire balle en tissu.
Elle serre contre elle ce qui reste de son enfant chérie. Mamette avait confectionné ses cheveux avec des laines de toutes les couleurs tirées de sa précieuse boîte à ouvrage. Les yeux bleus taillés comme dans du verre bleu ont sûrement disparu quelque part dans le jardin. Quant au petit corps de tissu, aux habits de princesse… Chloé revoit les vieilles mains déformées broder avec application son nom sur le bord de la robe en liberty. Mamette lui avait ensuite tendu Sidonie. Ce furent les dernières vacances qu’elle passa avec la vieille dame.
« Chloé ». La fillette court vers le trottoir ; on l’attend.
Le lendemain, elle se réveille avant tous les autres, pousse la porte-fenêtre. Dans sa poche gauche, des cailloux qu’elle lance au chien pour qu’il ne s’approche pas. Elle va jusqu’au carré de roses. Elle préfère les jonquilles, mais il n’y en a plus et le vilain chien ne s’approche pas de ces petits buissons d’épines. Chloé se met à genou dans la terre grasse. Elle gratte et enterre les bouts de laine soigneusement enfermés dans du papier de soie. Elle recouvre la petite tombe d’une poignée d’herbe et de pâquerettes. Elle sent que les larmes reviennent avec force ; ses mains sont si sales, surtout ne pas se frotter les yeux. Elle soupire et les ferme très fort. Ne pas pleurer puisque, comme les grand-mères, les poupées meurent aussi et vous laissent toute seule… toute seule avec l’âge de raison.
Défi 186 (KatyL)
Le fil de ma pensée………………………………………………jusqu’à VOUS.
Tout a commencé par l’album de mon ancêtre retrouvé au grenier
Elle parlait de son amour pour la dentelle, et de l’homme de sa vie rencontré dans un bal…je me disais quelle midinette !De nos jours cela n’existe plus des histoires pareilles.
Le jour de mes 18 ans, je portais cette robe pour aller danser, il faisait beau, j’étais comme transportée par le tulle et la dentelle, mes pas étaient légers……j’avais dessous un beau jupon brodé de ma grand-mère remis en dentelle pour moi.
Le chat de la maison « Roseline » me regardait avec ses yeux d’amour, je l’avais installée sur un coussin brodé pour elle…
mon nounours de petite-fille posée près de ma trousse de couture semblait me dire « où vas –tu ainsi vêtue ? »
Je suis allée au bal, j’ai retrouvé mes amies, et un homme s’est approché pour m’inviter à danser.
J’ai levé mes yeux sur lui, j’ai rencontré son regard bleu, son sourire, et je n’ai vu que LUI, rien que LUI ! …..Mes jambes en coton, ma pensée emmêlée par des fils d’or qui venaient du profond de mon cœur, tout s’est mis à voler autour de moi….
Je suis partie en courant du bal, et j’en ai perdu ma chaussure dans l’herbe fraiche du petit matin…
Le lendemain j’ai voulu retourner chercher ma chaussure, je ne l’ai pas trouvée…
Il y avait des traces de sabots de cheval dans l’herbe, j’ai pensé qu’un cavalier était passé par là et avait pris ma chaussure !!!
Mais j’ai trouvé une pelote de soie blanche dont le bout du fil s’étendait à perte de vue…..
J’ai ramassé la pelote et j’ai commencé à la rembobiner en tirant sur le fil…Mais il n’en finissait pas de s’étirer ! Je posai donc la pelote au creux d’un arbre et je décidai de revenir mieux habillée le lendemain pour savoir où ce fil me conduirait ! J’avais pris la précaution de prélever quelques mètres de fil blanc comme de la soie, pour en faire une jolie broderie en rentrant chez moi
Ce que je fis le soir même avec mon nécessaire à couture
Je me mis à dessiner un « A » majuscule et pourvue de mon beau fil blanc je brodais….
Le lendemain je m’habillai chaudement pour aller récupérer ma pelote et voir jusqu’où ce fil allait me conduire, je traversai la forêt, une petite rivière, et un champ de fleurs, accompagnée par les oiseaux.
Mais je n’étais encore pas arrivée au bout, comme la veille je prélevai une bel échantillon et cette fois je m’attaquai à un voile de dentelle qui me prit plusieurs jours. Le résultat en valait la peine.
Je me dépêchai de retourner au point où j’avais caché mon écheveau , comme cela était assez loin et que je comptais poursuivre jusqu’au bout, je pris mon cheval.
Et tout en traversant village et vallée, ce fil devenait lourd. Heureusement le cheval participa grandement au transport. J’avais fait ma réserve de fil pour des années de broderie, j’étais heureuse, ce fil était magique ensorcelant, il me guidait , je ne savais pas où ?
Quand soudain en rembobinant le fil je sentis une résistance, je me suis dit il est cassé , bloqué sous un rocher sans doute ! Je descendis de cheval pour lever quelques brindilles et je vis le bout du fil enroulé sur une pierre turquoise, c’était la fin ! J’étais bien déçue mais sous la pierre il y avait un petit rouleau de papier avec ceci d’écrit dessus : « lorsque tu seras au bout du fil blanc qui partait de ta chaussure et que tu arriveras jusqu’ici tu auras eu beaucoup de patience et de ténacité, aussi je te donne l’endroit où tu pourras récupérer ta chaussure, ce n’est pas loin, il faut suivre le sentier, lorsque tu t’approcheras d’un rosier rose tout en fleurs, tu verras une belle maison dans un parc, viens ! je t’ouvrirais, si tu le veux bien, n’aie pas peur, tu n’as rien à craindre de moi? »
Alors je pris ce beau sentier, et j’arrivai au rosier qui sentait si bon.
Et à votre avis qui est venu m’ouvrir ?
LUI bien sûr ! il m’avait vu arriver il avauit ma chaussure à la main.
Le voile brodé servi à notre mariage, et il me vint à l’idée d’un seul coup que mon ancêtre lointaine, avait parlé de dentelle et d’une histoire presque semblable !!
Cela fait des années que nous sommes mariés, et je brode nos jours et nos nuits de dentelle, j’ai encore quelques écheveaux de fil blanc d’amour. A la tombée de la nuit, je ne peux m’empêcher de les caresser du regard.
Parfois je les éparpille sur mon lit et je brode sur ma chemise de nuit le fil de mes pensées pour LUI, avec un « A » comme amour.
Maille après maille, au fil du temps… (Mamido)
Je suis issue d’une longue lignée de tricoteuses.
Mon arrière-grand-mère tricotait, à la fin du dix-neuvième siècle, de délicats ouvrages à l’aiguille ou au crochet dont il me reste quelques pièces pieusement conservées dans une boîte, pliées dans du papier de soie.
Flo, ma fille, les a découvert il y a peu et a crié au scandale : « Comment ! A quoi bon tenir cachées de telles merveilles ? Ne pas les rendre à leur usage premier relève du crime !... »
Sur ce, elle s’en est emparé et les a emmené chez elle, tous ces jupons aux fines dentelles, ces caracos aux bretelles brodées, ces couvre-lits finement ajourés et ces rideaux aux délicats dessins dentelés. Sauf que les lits d’il y a deux siècles étaient bien plus petits que ceux de maintenant et que les fenêtres d’aujourd’hui sont bien plus grandes que celles d’hier et du coup, rien ne va plus pour ces vieilles dentelles ! Sans compter que les volumineux jupons ne sont guère pratiques ni bien adaptés à la vie moderne. Restent les caracos…
Ma grand-mère tricotait des chaussettes et des chemises de laine ou de coton, selon la saison, avec des aiguilles si fines qu’elle s’usait les yeux à l’ouvrage. C’était magnifique à voir, de vrai chef-d’oeuvres, vaporeux et légers comme des plumes. Mais les chemises de laine, à même la peau, qu’est-ce que ça grattait ! Et les chaussettes, non seulement elles grattaient mais impossible de les faire tenir haut sous le genou, elles tirebouchonnaient toujours lamentablement au-dessus des chaussures et on avait en permanence les jambes glacées.
Maman a toujours tricoté utile : pulls, robes, vestes et manteaux de laine. Mais elle y joignait l’esthétique en créant des modèles originaux, en variant les formes et les couleurs, en utilisant des points compliqués tels que le jacquard ou les torsades. Des ouvrages magnifiques, confortables, solides et intemporels que plusieurs générations se sont transmis. Ainsi les pulls tricotés pour mon frère Jean-Louis (cinquante ans à l’automne dernier) sont actuellement portés par mon petit-fils Louis (quatre ans au prochain printemps). Entre-temps, ils auront réchauffé d’autres épaules, celles de mes enfants et de mes neveux et nièces également.
Je me considère comme une piètre tricoteuse. Pour moi, petits ouvrages, points les plus simples possibles. Je me cantonne dans le point mousse et le jersey et quelques-unes de leurs variantes, les plus basiques. Je suis la reine des mailles endroits et envers et l’adepte du tout droit, sans augmentation ni diminution, ou le moins possible.
Côté taille, j’en reste à la layette et ne me risque jamais au-delà du trois ans. Quelques écharpes ou plaids tricotées avec les plus grosses aiguilles possible. Faut que ça aille vite !
Mais, je suis la championne du chausson, tricotés à quatre aiguilles, s’il vous plait ! J’en ai plusieurs modèles très « mimi » et cela reste mon cadeau de naissance préféré.
Flo a découvert le tricot sur le tard après avoir longtemps refusé de s’y intéresser. Elle a appris toute seule dans les livres et m’a d’ailleurs reproché à cette occasion de ne pas lui avoir appris. Reconnaissons là la mauvaise fois caractérisée des enfants et leur ingratitude à notre égard !
Comme moi, ma fille est une tricoteuse qui a du mal à terminer ses ouvrages. Chez elle, c’est le manque de temps qui en est la cause. Chez moi, ce serait plutôt de manque de velléité : je me lasse vite.
Le dada de Flo, ce sont les longues écharpes multicolores, qu’elle offre à Noël à toute la famille. Chaque année un modèle original. Belles-sœurs et belle-mère, frère, neveux et nièces, grand-mères et mère tout le monde y a droit. Et tout le monde les attend.
Fils et ficelles (EVP)
Monsieur Ledéfi,
Comment avez-vous pu vous procurer,
La dernière I.R.M. de mon cerveau ?
Croyez-vous que je sois flattée
De voir le capharnaüm du mien ciboulot
Et, ainsi étalées, mes synapses colorées ?
J’attends que cette photo soit retirée.
Vous avez une semaine : C’est assez !
Pour enlever cette image trop intime
De mes circonvolutions emmêlées,
Un peu d’égards pour ma pudeur légitime !
Je vais demander à mon radiologue,
D’inscrire un copyright à son catalogue,
Enfin j’attends pour la Saint Glin-glin,
Vos excuses et tout le tintouin.
Recevez, Monsieur Ledéfi,
Mes salutations alambiquées.
Construction textile (Anémone]
Rassurez-moi (Walrus)
C'est qui encore qu'avait écrit cette chanson :
"Elle avait des cheveux de laine, Madeleine
Elle avait deux jolis bas blonds, Madelon
Elle n'était pas comme toutes les Madeleines
Qui elles ont des bas de laine
Et de jolis cheveux blonds"
Pas Proust, quand même ?