Paysages de houille (Laura)
J'ai quitté ma terre de textile, plus précisément de bonneterie pour suivre un homme de textile dans un pays qui l'était aussi, comme l'était toute la France... jadis. Cette terre était aussi un paysage de houille mais, si nous avons beaucoup circulé et visité , je suis passée à côté de ce passé du Nord jusqu'à ce que je visite le musée du Louvre-Lens alors que je n'étais plus dans cette région. Ce coin de France portait dans sa chair les traces de cette industrie et son absence en a fait un paysage triste et beau. C'est curieux que je me retrouve aujourd'hui vivre dans un autre paysage de houille, Saint-Etienne que j'imaginais d'ailleurs grise de charbon alors qu'à mon premier posé ici, je suis tombée amoureuse jusqu'à m'y réinstaller, y continuer ma vie professionnelles, de veuve aujourd'hui. Ces paysages de houille, je te les dois, toi, homme de textile, qui m'a confirmé que l'industrie était source de bonheur et de souffrance, oxymore de la vie même.
Nous ont fait entendre leur gazouillis... ou leur gargouillis
maryline18 ; Emma ; JAK ; Laura ; Vegas sur sarthe ;
Lecrilibriste ; TOKYO ; Walrus ; Yvanne ; Pascal ;
Kate ; Adrienne ; petitmoulin ; joye ; Vanina ;
Ilonat ; Joe Krapov ; bongopinot ;
Mon château en carton par bongopinot
J'ai pris un carton
Pour faire un château
Avec des tours des donjons
Que j’ai ciselé au couteau
Et pour le pont-levis
Des ficelles et des feuilles
Coupé avec minutie
J'ai aussi collé des gargouilles
Faites en papier maché
Et pour garder mon château
De beaux chevaliers
Portant des drapeaux
Et c’est là que mon frère est arrivé
Et d’un simple coup de pied
Il a tout cassé
Et tout écrasé
Mon château en carton
N'est plus qu’une ruine
Et mes chevaliers sans nom
Ont mis leurs drapeaux en berne
Projet d'architecte (Joe Krapov)
G rossièrement taillé dans la pierre, noirci
A force de toujours représenter le mal,
R egardez tout là haut cet étrange animal :
G argouille ! C’est le nom du monstre par ici.
O n aurait pu bien sûr représenter aussi
U n enfançon joufflu urinant sur la foule.
I l convient avant tout que l’eau de pluie s’écoule.
L a gouttière choisie eût été plus jolie.
L ’archevêque écarta cette idée trop nouvelle.
E lle revint, plus tard, moins grandiose, à Bruxelles !
Gargouilles photographiées à Nantes, Loc-Envel, Barcelone et Arques-la-Bataille.
Repentez vous, Cornegidouille ! (Ilonat)
C’est sûr, avec ce mot « gargouille »
On aurait pu se faire une belle tambouille
Ecrire un beau poème avec des rimes en nouilles
On aurait pu aussi gloser sur les sculptures de Notre Dame
Avec le Christ en Majesté et ses douze Apôtres
La Mort bandée sur son cheval
Et tous ces monstres fornicateurs
Sous la statue des Saints
Ou raconter l’histoire d’un incendie cauchemardesque
Avec ces gueux braillards massés sur le parvis
Montrant Quasimodo qui gesticule tout là haut
Pour éteindre les flammes qui l’entourent déjà.
« C’est lui, c’est de sa faute, c’est le Diable en personne
C’est la faute au Bossu avec sa tête de Gorgone ! »
Et pendant ce temps là mes gargouilles rigolent
Elles crachent du feu et de la poix brûlante
Elles se tordent de rire.
« Quasimodo, tu parles ! Ce pauvre écorché vif !
Mais non, c’est votre faute, votre très grande faute
Les flammes de l’enfer, ce sont vos turpitudes et vos fornications
Qui les ont attisées.
Et maintenant dansez, enlacez vous, étreignez vous
Forniquez, forniquez !
Ici et maintenant et pour l’éternité
Le Jour du Jugement Dernier est arrivé ! »
« Moi, la Gargouille en chef
Du haut de Notre Dame
Je crache et je dégueule à la face du monde
Je vomis mon dégoût
Regardez-vous ! Repentez vous !
Ces monstres grimaçants vous les portez en vous
Je vous tends le miroir de vos dépravations
Je suis le chien Cerbère qui protège le Temple !
Repentez vous, Cornegidouille
Mettez vous à genoux
Priez et implorez
Ubu vous sauvera peut être
En sa miséricorde »
Gargouille (petitmoulin)
Gargouille menaçante
suspendue à tes rêves
diluviens
le bleu du ciel
t'offense
empli de son silence caniculaire
Où portes-tu ton regard asséché
enclos dans une parcelle
de tes saisons hostiles
Gargouille engourdie
par le chant des cigales
hissée vers d'improbables
nuages
À gueule béante
tu feules ton désir impatient
Ta plainte vertigineuse
brusque la paresse
des cistes endormis
Gargouille altérée
viendra le vent marin
chargé de ses orages
et de ses pluies tonnantes
rafraîchir ta mémoire
Lavée de tes tourments
tu arroseras le regard
audacieux
des passants solidaires
V comme vocabulaire (Adrienne)
Petit frère, contrairement à mini-Adrienne, n'a pas été élevé par la grand-mère en patois flamand, mais par sa maman et en bon français.