12 juillet 2014

La brouette sur le toit. (Fairywen)

 

 

La brouette sur le toit.

 

« Gaspard ! Regarde, mais regarde … !

-Quoi ENCORE, Fred ?

-Là, en bas, sur le toit des voisins… Mais regaaaaaaaaaaaaaaaarde, quoi !

-Fred, tu m’ennuies.

-Mais enfin regarde, je te dis… !

-Fred, tu sais bien que tant que je n’ai pas pris mon petit déjeuner, je n’aime pas qu’on me casse les serres…

-Mais Gaspard, ils ont mis une brouette sur le toit !

-Et tu crois que c’est ça qui va révolutionner les courants ascendants ?

-Mais Gaspard…

-Fred, tu commences à me courir sur les rémiges…

-Mais enfin, Gaspard, une brouette sur le toit… !

-Tu sais où tu peux te la mettre, ta brouette, Fred ?

-Enfin, quoi, il faut être dingue, pour mettre une brouette sur le toit !

-Fred…

-Bon, d’accord, moi j’dis ça, j’dis rien, mais quand même…

-Fred…

-Tu ne peux pas nier qu’ils sont bizarres, quand même, les voisins… Une brouette sur le toit… Non mais je te demande un peu… »

 

Fred ne vit rien venir lorsque Gaspard, exaspéré, plongea sur lui à près de 400 km/heure et le heurta brutalement. Assommé, il s’étala sur la brouette, allergique aux bavards (d’ailleurs, c’était pour ça qu’elle était montée sur le toit durant la nuit : pour échapper aux bavards), et qui se chargea de l’achever. Enfin débarrassé de l’insupportable péroreur, Gaspard s’éleva paresseusement par le premier courant ascendant qu’il croisa, plus haut, toujours plus haut, son œil de faucon à la recherche de ce petit déjeuner qu’il allait pouvoir déguster dans la tranquillité retrouvée de ce samedi de juillet.

 

Quelques jours plus tard, en repassant au-dessus de la brouette, il y aperçut un Fred empaillé, avec un air féroce que cet ahuri de faucon n’avait jamais eu de son vivant, surtout, surtout, silencieux malgré son bec grand ouvert…

 

Défi 306 du samedi 5 juillet 2014

 

 

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05 juillet 2014

Défi #306

Chers amis défiants voici revenu le temps des

 "Défis de l'été"

pour juillet et août

autrement dit pendant ces deux mois

une photo

vous sera présentée chaque semaine

afin qu'elle vous inspire

à votre guise ...

Voici la première :

 

Charrette fleurie sur le toit

En haut, toujours plus haut ! :-)

Nous attendons vos participations à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt

et bel été à vous !

 

 

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Les pointilleux (par joye)

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Leçon de ponctuation (Célestine)

 

Cé01

 

- Maîtresse, parle-nous de la ponctuation.

- Eh bien, la ponctuation, voyez-vous, c'est le sel et le poivre. Si vous l'oubliez, votre texte sera fade.
J'aime la  ponctuation particulière que la vie pose sur nos phrases.
Les phrases que nous choisissons afin de remplir la page blanche dont chaque jour nous fait cadeau.
Ne froncez pas les sourcils, voyons! C'est évident...
La vie est faite de pleins et de déliés, de longues phrases et de mots isolés, d'exclamations  joyeuses ou effrayées et d'interrogations curieuses ou inquiètes, de pauses ténues comme des virgules,et de points sur les i. L'avenir est suspendu au-dessus de nos têtes comme au bout de trois points de... suspension, comme un souffle momentanément retenu. Jusqu'au point final.
- Pas tout de suite, le point final, maîtresse!
- Non, pas tout de suite, mes chers enfants. Il vous faudra d'abord développer de longues années votre sujet...
Et de temps en temps, ouvrir une parenthèse. Ce mot est un peu austère.  Il recèle pourtant des trésors et sa musique est douce à mon oreille. 
On dirait deux jolis bras arrondis levés vers le ciel.
Avec elle, la vie prend du sens, la vie prend du sel.
 
Parfois, au hasard d'une promenade, on tombe en arrêt devant deux mouettes qui picorent insouciantes sur le sable mouillé. Ou un arbre centenaire. Ou une fourmilière qui s'agite. Le temps s'arrête. On rêve une demi-heure devant un tableau, seul dans le Musée, les yeux noyés de brume. Quand on se "réveille", on a l'impression de ne plus savoir l'heure qu'il est.
 
Les parenthèses, il faut se les octroyer, se les offrir comme une récompense, parce qu'il est bon de se cajoler soi-même.

Ce sont des instants volés à la routine, aux conventions, à la lassitude, aux devoirs. De petits grains de poivre dans le plat un peu fade des jours gris. Des étincelles de magie pure dans un monde rectiligne et qui manque parfois sérieusement de fantaisie. Il n'est que de regarder la tête triste du présentateur du journal télévisé pour avoir envie de partir très loin...  dans un champ de coquelicots, courir au milieu des fleurs, les cheveux défaits avec dans l'air un parfum de foin coupé, de bergamote et de pin cembro, à respirer en riant comme  un gaz hilarant, en sentant les abeilles vous frôler doucement et tout l'univers se pencher pour vous faire une révérence... 
Voilà, c'est cela, une parenthèse.
Quelques grammes de poésie qui ne demandent qu'à jaillir.
Il est des parenthèses enchantées, des parenthèses étoilées, des parenthèses secrètes. Cela demande parfois un peu de courage, de l'audace même, et une bonne ouverture d'esprit. Quelque part, cela se mérite.
Personnellement, certaines parenthèses m'ont laissé un souvenir ébloui, et, par une sorte de persistance rétinienne, l'empreinte de ces bonheurs furtifs reste à jamais gravé sous  mes paupières.
Je ne saurais trop vous conseiller d'ouvrir des parenthèses, avec bonheur, avec fougue, avec joie. Et sans l'ombre d'une hésitation, ou l'once d'un sentiment coupable. Simplement parce que vous le valez bien...
Et quand vous les refermerez, je vous l'assure, il vous semblera que l'air s'est empli soudain de menthe et d'aneth. 
On respire. On repart plus jeune. Et en même temps, grandi. 
Alors vous avez compris, les enfants ?

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L'entrepreneur (Epamine)

point ironie

Monsieur Abel PONCTU, à Sion (54), est entrepreneur.

Et comme il est entrepreneur, dès le point du jour, voyez-vous, il entreprend...!

C'est que depuis toujours, l'Abel met un point d'honneur à faire de la belle ouvrage.

Chaque jour, ce sont des p'tites mises au point par-ci, une p'tite vérification de l'appoint des machines par-là, la validation vite-fait, bien-fait des points de repère...

Chez l'Abel, tout doit être au point !

Exigeant et pointilleux sur l'essentiel, il mène les réunions du conseil d'administration sans jamais atteindre le point d'ébullition et ce, grâce à ses pointes d'humour et à son usage coutumier du point d'ironie. Cependant, quand il sent que le point de non retour est imminent, lorsque les points de l'ordre du jour sont bien loin des points diplomatiques, Abel sait mettre les points sur les i ou taper du point poing sur la table.

C'est qu'au sein de son entreprise, lorsqu'Abel entrevoit de belles perspectives, il cherche immédiatement le point de fuite au bout de l'horizon et il le trouve. Il contrecarre alors les éventuels points faibles et prend en compte tous les points de vue de ses associés pour présenter, point par point, son projet.

Homme d'affaires émérite, point de mire de nombre de ses concurrents, il crée régulièrement de nouveaux points de vente aux quatre points cardinaux et ces quelques points de chute supplémentaires arrivent à point nommé.

Il n'a pas vraiment l'impression d'avoir atteint le point culminant de sa carrière, et pourtant, dernièrement, il a accepté l'interview demandé par un magazine (non, pas "Le Point") pour présenter quelques points clés de son parcours.

Il s'est donc rendu au point de rendez-vous avec sa voiture, hélas, aux heures de pointe. A un rond-point, alors qu'il était au point mort, le véhicule qui le suivait l'a percuté. Sa Titine était bien mal en point et elle a eu besoin de quelques points de suture soudure. Par contre, aucun point de côté ni point de compression pour l'Abel.

Avec un peu de retard mais tout à fait au point, il honora son rendez-vous et put présenter sa collection de points: point S (sans stress), point P (vive les BTP), point A (pour alterner), point G (aucune coordonnée GPS), points x et y (pour enquiquiner les lycéens!), un point C tout, point E (pour emballer), point I (pour s'informer), point d'interrogation, point d'exclamation, deux points, points de suspension...

L'Abel PONCTU à Sion est au point!

.

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Deux temps (Rose)

On me dit que tout vient à point
A qui sait attendre
J'ai su attendre
Tu es venu
Virgule,

Je ferme les yeux et mon cœur se vide
Il se vide de tous les souvenirs
La douceur de ta peau sous mes doigts qui la parcourent
La douceur de ton odeur lorsque je me cachais dans ton cou
La douceur de ton regard qui se posait sur moi
La douceur de tes lèvres quand elles m'embrassaient

Je regarde le vent et mon cœur se vide
Il se vide de toutes sensations
La sensation de t'aimer
La sensation que peu importe ce qui arrivera on le passera
La sensation de ta main qui me caresse
La sensation de ta langue qui me chatouille

Je sens le soleil et mon cœur se vide
Il se vide de toutes mes émotions
La tristesse de cette nouvelle
La tristesse de ne pouvoir rien y faire
La tristesse de ce qu'on ne connaitra pas
La tristesse de l'impossible

Je touche les draps et mon cœur se vide
Il se vide de tout espoir
Le choc de notre rencontre
Le choc de ce que je croyais ne jamais plus ressentir
Le choc d'une nouvelle perte
Le choc de la solitude

Je m'observe dans le miroir et mon cœur se vide
Il se vide de mes sourires
La douleur de s'être trompé
La douleur de ne plus jamais aimer
La douleur de se renfermer
La douleur de vivre

On me disait que tout venait à point
A qui savait attendre
J'ai su attendre
Tu es parti
Point.

tr01

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Chien fatigué Maître fatigant (Sebarjo)

 

 

 

chien_fatigu_

 

 

Il fallait encore sortir, le collier autour du cou, la laisse au bout, lui laissant trois à quatre mètres de liberté pour gambader, mais il ne voulait pas marcher, il ne voulait pas sortir dehors, il voulait simplement rester allongé sur son tapis au pied du canapé, mais son maître avait trop peur qu’il s’ennuie, alors voilà, il le sortait dans le parc pour qu’il se dégourdisse les pattes, qu’il joue comme un chien se doit de le faire, il va falloir courir et se rouler dans l’herbe, ramener les bouts de bois jetés au loin comme des javelots inoffensifs, puis viendra le ballon, son maître adore le ballon, le foot et compagnie, mais qu’est-ce qu’il en a à foutre, lui le chien, de ces hommes qui se disputent une balle et s’étalent sans arrêt sur des pelouses toujours parfaitement tondues et parfaitement rectangulaires, non lui, il voudrait dormir se reposer, ah si son maître travaillait au moins, il resterait tranquille dans le grand appartement, abruti à roupiller, tranquille pépère, le chien, mais non voilà, voilà, son maître ne travaille pas et l’emmène au parc, ah oui, il va falloir aussi renifler les derrières des autres chiens, leur aboyer dessus, selon l’humeur, jouer son rôle de chien quoi, tout ceci est éreintant, il halète le chien, vous voyez bien qu’en lisant ceci, il n’a même pas le temps de respirer, il n’a pas le droit à la moindre pause, non, point de suspension, il s'essouffle, la langue pend de plus en plus, caresse la poussière et les graviers, l’échine se courbe, mais il faut tenir, courir encore courir, toujours courir, sa vie c’est métro boulot sans dodo, vivement la nuit, seul moment où il peut dormir quelques heures, tout en courant c’est le crépuscule qu’il poursuit, guettant, les mouvements du soleil, ah on peut pas dire qu’il se bouge beaucoup celui-là, il avance lentement, lentement, et encore plus vite, plus gaiement, lui, doit courir, s’épuiser, allez la pâtée et au dodo, on rentre maintenant mon cher maître, assis sur le banc en train de me lancer la balle ou des bâtons, mais pourquoi y a-t-il des arbres, ah il ne se crève pas trop lui, juste le bras qui meuve, ah mais enfin voilà, on rentre car enfin une vrai pause, voilà la nuit qui,certes, sera une nuit courte mais noire et profonde, alors les paupières, les yeux fermés, le chien va enfin pouvoir rêver, oui, regardez-le comme il rêve qu'il dort, à point fermé .

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Céleste est mal barrée ! (Joe Krapov)

(E-specially dedicated to my dear oncle Walrus)

Quand il commençait à se battre avec son oreiller, à constater qu’il s’était mis au lit trop tôt, à décortiquer les phases de son endormissement et ses impressions de rêve éveillé ou pas, elle arrivait pour le soutenir, pour l’abrutir, l’embrouiller, l’embrumer mais elle faisait pis que tout car malgré son homosexualité, elle voyait bien qu’il ne voulait pas se laisser aller dans les bras de Morphée et c’est donc elle qui, hachée de points-virgules, souillée de subjonctifs plus que parfaits mais fortement chargés en miasmes et en chiasmes, étirée jusqu'à plus soif en vue de perturber la compréhension du lecteur éventuel, récupérait les symptômes de l’écrivain asthmatique et se trouvait comme aspirée dans le tourbillon de la douche mémorielle projetée à jet continu sur les parois du souvenir et la nostalgie crasse se détachait par bribes, l’encalminait au point que tout un univers de jeunes filles en fleurs, de barons, de causeurs, d’aristocrates, de salonnards et de gloseurs, avec un art certain de ventiler le snobisme et la pseudo-modernité au sein d’un classicisme verbeux et pédantesque l’envahissait, lui donnait le tournis, lui faisait oublier sa justification première, à savoir la joie de communiquer simplement une idée, une émotion, une douleur, une banalité, un échange de politesses, du genre « Si le nez de Cléopâtre avait été plus long on n'en s'rait pas là !», « Tiens tiens tiens c’est le printemps qui vient !» « Et l’on dit merde en se pinçant les doigts », « Tout va très bien madame la marquise », «Vous permettez que j’déballe mes outils ? Oui mais faites vite qu’on lui a dit» et c’en était au point qu’elle avait des velléités grossières de soulager son maître, son auteur, de lui suggérer les mêmes pratiques physiques que celles qu’il faisait subir à l’intellect patient de ses lecteurs intellectuels et elle riait sous cape en imaginant que le petit Marcel eût pu, plutôt que de perdre son temps à s’agiter les neurones dans le noir, étrangler frénétiquement le borgne, recourir à la veuve Poignet, dessiner dans ses draps fins une carte de France animée sur laquelle le hasard lui eût fait disposer, d’un jet ou de plusieurs, Jouy-en-Josas, Gif-sur-Yvette, Bourg-la-Reine et Tremblay-les-Gonzesses dans un même alignement géographique surréaliste mais elle savait bien que chez ces gens-là, monsieur, ça ne se fait pas et que cet humour de garçon boucher ou de troisième mi-temps de match de rugby qu’elle tenait de son mari chauffeur de taxi, s’il avait eu sur l’insomniaque l’effet d’endormissement béat souhaité, n’eût pas été goûté de la postérité admirative pour qui elle-même, tirant à la ligne, usant de ficelles grosses comme celles qui soutiennent au-dessus de la rue populeuse le funambule somnambule, faisait tout son cirque ce soir, bien qu’elle ne fût qu’une modeste servante dévouée à l’accomplissement de l’œuvre majeur, se fatiguant au bout du compte de ce qu’on pût passer ainsi sa vie à causer, gloser, dégoiser sur un monde si étriqué alors que l’on sortait d’une énorme boucherie, 14-18 qui eût dû logiquement faire agir, réagir et lutter contre le même système qui avait permis cela, et rêvant du moment où, à la phrase alambiquée, tortueuse et finalement très amusante qu’elle était, Marcel, malgré qu’il en ait, consentirait à mettre un terme en posant, à l’issue d’une dernière aspiration d’air frais à la fenêtre ou au terme d’une énième relecture, son stylo et un point final qui lui eût permis à elle-même, pauvre phrase céleste égarée dans un océan de papier prétentieux comme une humble prolétaire ne comptant que pour beurre dans un magma de sept milliards d’individus, de se terminer à sa façon, ou plutôt à celle de Charles Trénet qui chantait que « Les jours de repassage, Dans la maison qui dort, La bonne n'est pas sage Mais on la garde encore : On l'a trouvée hier soir, Derrière la porte de bois, Avec une passoire Se donnant de la joie".

DDS305 Céleste Albaret

Céleste Albaret par Jean Claude Fourneau (1957)

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Participation de Sable du temps

Points

 

Parler de point, moi, ah bon ?

Vous voulez dire, mettre un point sur les i, une virgule au point, ou quelque suspension pour aller à la ligne ?

Je m’exclame !

Mais de quelle façon ? Timide en pointillé, brodeuse au point compté de tige et de croix, écolière en bon point, musicienne en contrepoint ou, en point d'orgue, sensuelle, ah ! le point G !

Permettez, je m’interroge.

Vous insistez ? Bien !

Alors faisons le point, et reprenons le sujet point par point, tout simplement.

J'attire cependant votre attention sur un point crucial ; j'affirme : l'essentiel est de mettre un point d’honneur à arriver toujours à point nommé mais, naturellement, sans atteindre le point de non retour.

L’exercice est difficile et pointilleux je l'avoue, mais bon, sur ce thème, chacun son point de vue, un point c’est tout !

Point trop n'en faut, n'est-ce pas ?

A l’heure où j’écris ces quelques mots, le soleil pointe son nez au point cardinal d'Orient et moi, je me sauve sur la pointe des pieds, pour le point … final.

...

 

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