Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Le défi du samedi

Visiteurs
Depuis la création 1 049 951
Derniers commentaires
Archives
19 septembre 2009

Participation de Borsolina

Une plaquette de beurre de 250 grammes a disparu du réfrigérateur de l'internat. L'enquête est confiée à Mademoiselle Aufray, l'intendante.

Tous les petits garçons connaissaient bien mademoiselle Aufray, l’intendante en chef de l’internat de l’Ecole Primaire de l’Institut Familial de Montauban. On n’aurait su définir son âge, la plupart des pères des enfants avaient été pensionnaires dans cette école et la connaissaient déjà. Il parait que certains grands-pères l’avaient connue aussi à ses débuts alors qu’elle n’était qu’une toute jeune surveillante. Et pourtant, malgré son âge incertain, elle avait la peau du visage bien lisse, ses joues poudrées rose dragée lui donnant bonne mine. Elle était toute petite et toute fine, tirée à quatre épingles, et avait pour habitude d’emprisonner ses longs cheveux cendrées dans un chignon. Ses garçons, comme elle les appelait, et qui se retrouvaient éloignés durant plusieurs semaines de leur famille qu’ils ne retrouvaient que pour les vacances, l’aimaient beaucoup. Elle était une sorte de maman de substitution, très douce et toujours juste. Lorsqu’un enfant faisait une bêtise, elle ne criait jamais. Néanmoins elle n’hésitait pas à le punir et ce n’était pas tant la punition qui vexait le gamin, mais plutôt la honte d’avoir déçue mademoiselle Aufray.

Un jour, une plaquette de beurre de 250 grammes disparut du réfrigérateur de l’internat. La cuisinière prévint immédiatement l’intendante et accusa rapidement les petits pensionnaires.

Mademoiselle Aufray était bien embêtée… C’était le second vol, si tant est que l’on puisse parler de « vol », en deux jours. Cela avait commencé par un sachet de farine. En ces temps de restrictions, ces denrées étaient devenues rares, et ces disparitions ne pouvaient pas continuer. Elle décida alors de convoquer chaque enfant dans son bureau. Elle savait y faire pour voir si un enfant lui mentait. Mais ce jour-là, après avoir auditionné chaque garçon, elle eut l’impression d’avoir fait chou blanc. Elle n’avait pas réussi à déceler la moindre espièglerie. Que faire ? Les punir tous ? Cela n’était pas utile, elle savait que de toute façon ils allaient être privés du gâteau qu’elle avait prévu de faire faire à la cuisinière pour l’anniversaire du petit Paul qui devait avoir lieu le surlendemain. Heureusement, il lui restait trois tablettes de chocolat d’avant-guerre qu’elle avait précieusement mises de côté. Elle pourrait alors distribuer un carré cacaoté à chaque enfant lors de la petite fête.

Néanmoins, elle monta quand même dans le grand dortoir des enfants et ouvrit chaque petite armoire se trouvant à droite de chacun des lits bien alignés. Elle n’aimait pas fouiller, elle avait l’impression de violer l’espace privé des garçons. Mais son sentiment s’estompait bien vite en voyant que les billes de verre, les frondes en bois qu’elle confisquait immédiatement et les insectes morts étaient les seuls trésors qu’il pouvait y avoir dans ces placards. Mais pas de trace de farine, ni de beurre ou plutôt de flaque d’huile vu la chaleur de ce mois de juin. Le mystère restait entier.

L’anniversaire de Paul arriva. Tous les enfants étaient réunis dans le réfectoire et se mirent à chanter un joyeux anniversaire à leur petit camarade. Paul était le plus petit du pensionnat. Il fêtait ses six ans aujourd’hui et se faisait une joie de déguster son gâteau d’anniversaire. Lorsque mademoiselle Aufray s’approcha de lui et lui expliqua qu’il n’y aurait pas de gâteau, les yeux du petit garçon se remplirent de larmes. Seule la promesse de manger un bout de chocolat calma les spasmes de ses sanglots. Mademoiselle Aufray était vraiment triste, et tout en arpentant le long couloir qui la menait à la cuisine afin de prendre les plaques de chocolat, elle se disait que ces petits bouts ne méritaient pas la folie des hommes. Elle alla machinalement vers le grand vaisselier en bois, et ouvrit la porte vitrée du haut qui grinça à lui faire hérisser les poils, comme à chaque fois ! Elle attrapa la boite en fer, mais de suite elle comprit : la boite était vide. Elle revint livide dans la grande salle où les garçons l’attendaient, impatients. Les mots restaient coincés dans sa gorge, mais elle devait pourtant annoncer la mauvaise nouvelle. Les enfants la regardaient avec de grands yeux lorsqu’elle les fit sursauter en poussant un grand cri et pointant son doigt : « Aaaaaaaah des souris !!!!!! » Tous les enfants se retournèrent vers le fond de la pièce et virent une horde de souris, mulots, et rats des champs ainsi qu’un gros gâteau au chocolat quand le petit Paul, un grand sourire jusqu’aux oreilles, s’écria : « C’est Ratatouille !!!! Il m’a fait mon gâteau d’anniversaire !!!! ».

Publicité
19 septembre 2009

Avec beurre et (presque) sans reproche (Zigmund)

Mademoiselle Aufray tournait en rond dans l’office.
Au début,  croyant que seule une plaquette de beurre   des touyous *(demi sel  what else ?) avait disparu,  elle s’était orientée vers une vengeance de bas étage. Premier suspect :  Berthold, élève militant pour l’abolition du sport à l’école, qui avait eu des mots avec  le professeur de gymnastique lequel avait tenté de lui faire courir le 100mètres ; d’aucuns l’avaient entendu marmonner  que le prof ferait moins le fier quand  les agrès flambant neufs de la salle de gymn (les agrès   Agré *, « les agrès qui m’agréent »meilleurs que les agrès  DeKanarre*)  se retrouveraient tous enduits de graisse …mais non, Berthold  avait un alibi en béton : il était à l’isolement, enfermé  dans son dortoir, avec une bonne grippe qu’on espérait normale saisonnière et  surtout pas « A ».(le tata miflu*, était prêt  sur sa table de nuit  pour parer à cette éventualité.)
On avait rapidement constaté que la plaquette de beurre n’était pas seule à s’être évaporée, et qu’un paquet de sucre entamé (il restait 200 gr) un paquet  de farine (500gr), et un sachet de  levure (levure sainte Honorine* le gonflant…), s’étaient également fait la malle.
Donc peu d’indices, mais ces emprunts,  à moins d’être l’annonce d’une bagarre en dortoir avec armes non conventionnelles (surtout la levure !) sentaient le plan gâteau non autorisé.
Elle  se demandait comment le ou les coupables  s’y prendraient  pour faire cuire un gâteau sans  four, car elle avait modifié tous les codes d’accès  aux cuisines et offices…
Il était tard,  et mademoiselle Aufray ne dormait pas, presque  immobile devant son ordinateur, elle se « creusait » pour  répondre à la consigne #73 du  défi du samedi* (attention ! site extrêmement addictif : ne commencez pas !)…quand soudain une sensation inhabituelle lui fit lever le nez… Les « mousquetaires », (sympathique « bande des quatre ») du  dortoir voisin  ne dormaient pas et s’offraient une sortie  dans le couloir. Discrète et silencieuse, elle  les suivit à distance. Au deuxième étage ils avaient ouvert  presque sans bruit le laboratoire de chimie. L’intendante tendit l’oreille : se croyant seuls, les gamins discutaient :
-An Wei, tu es sûr de ta pâte à pain ?
-Ben oui, j’ai fait comme c’est dit : levure, farine, eau, et huile de coude, pétrir une pâte à pain  çà vous muscle.  Après, je l’ai laissée lever, planquée sous mon lit.
-Pas à côté de tes Nike* qui puent quand même ?
-mais non, Mamadou, j’ai préféré la recouvrir  avec tout notre linge sale, andouille….bon, j’ai étalé la pâte  comme j’ai pu avec une canette de  Breizh Cola* maintenant, c’est l’heure de vérité…Mouloud, en tant que seul beur du groupe, c’est à toi de fournir le « des touyous » demi sel…David, passe lui le tube à essais… bien sûr qu’il faut le nettoyer… ! Voilà on étale la moitié du beurre sur la galette de pâte à pain, on recouvre de sucre, on plie en soudant les bords on laisse reposer 10 minutes, au frais…un petit  coup de console pour patienter…Mamadou, tu allumes le four,  essaie d’atteindre le thermostat 6-7  qu’ils disent
-Bon on refait pareil : aplatir en galette, beurre fondu,  sucre, refermer, plier  aplatir, plier (plions mes frères !)  Mettre le reste du sucre…
- grand moment les gars ! On met au four, c’est parti pour une demi-heure, dommage qu’on n’ait pas pu voler un œuf pour dorer le dessus…
C’est cet instant que choisit mademoiselle Aufray pour faire sursauter  les mousquetaires : elle entra dans la salle de chimie et leur  tendit un verre contenant  un jaune d’œuf. «  ceci est ma contribution personnelle »,   c’est  ce qui manque à  votre Kouign aman  clandestin qui va bientôt sentir bon dans tout le bâtiment...


Ce texte n’est pas sponsorisé par
-le conseil général de Normandie (car si le Mont St Michel est en Normandie, le Kouign Aman  reste  breton  …na !
-la ligue des diététiciennes et  nutritionnistes filiformes.
-Nous avons refusé l’offre de sponsoring de la pilule Lilli* supposée effacer les effets du kouign aman  sur les formes et les courbes.

La recette light  est empruntée à
http://www.750g.com/750g.htm

19 septembre 2009

Consigne #73 (vegas sur sarthe)

Une plaquette de beurre
de 250 grammes a disparu
du réfrigérateur de l'internat.
L'enquête est confiée
à Mademoiselle Aufray, l'intendante.

"Nom d'une pipe charento-poitevine!" Les yeux fixés sur la clayette vide du réfrigérateur, Ségolène Aufray crut bien s'évanouir.
Mille deux cent soixante dix sept ans après l'exploit planétaire de Charles Martel, le lycée Louis Pasteur de Poitiers venait d'être victime de haute trahison: le vol de son emblème ancestral si pieusement conservé à quatre degrés depuis tant d'années.
Le larcin ne pouvait avoir été commis que par un truand de petite envergure, un demi-sel incapable de différencier un Président d'une vulgaire margarine, un minable ignorant tout des saveurs d'un escargot de Bourgogne ou d'une aile de raie, un sagouin qui méritait d'être farci à la crème d'ail afin d'apprendre les bonnes manières, un effronté croyant faire son beurre d'une relique inestimable qui ne lui rapporterait pas plus d'argent que le sourire de la crémière...   
L'intendante s'appuya un instant au réfrigérateur pour reprendre ses esprits.
(De beurre) D'ordinaire, elle pardonnait facilement aux gaspilleurs qui entravaient la bonne gestion de l'établissement, mais cette félonie dépassait l'entendement.
Si ce voleur à la noix était encore dans les murs, elle devait prévenir sur le champ le directeur Monsieur Vire qui diligenterait une enquête à la mesure du vol.
Elle et Vire devaient réagir promptement, avant que la précieuse plaquette ne fonde comme neige au soleil ou finisse lamentablement étalée sur la tranche de jambon d'un hamburger qu'elle imagina assez bourratif pour étouffer le voleur dans d'atroces souffrances.
Malgré l'heure incongrue elle tambourina à la porte de la loge directoriale jusqu'à ce qu'on lui ouvre.
"Monsieur, le Président a disparu!"
Vire qui avait ouvert et virait au vert, faillit répliquer "Et ta soeur?" mais se contenta d'un "Remettez-vous Aufray!"
Comme elle ne trouvait aucun endroit assez frais pour se remettre, elle tomba dans le premier fauteuil qui lui tendait les bras; Vire virait noisette maintenant et la pressa de détails sur l'enlèvement présidentiel, évitant de justesse un quiproquo qui l'eut fait réveiller le recteur, le député et même le ministre.
A voix basse pour l'intendante et en caleçon molletonné pour le directeur, ils établirent un plan d'action.
Vire suggérait de cuisiner les deux boucs émissaires de l'internat, ceux qui savent tout et par qui les ennuis arrivent toujours... l'intendante buvait du petit lait et traduisit aussitôt: Bridel et Plantafin, leurs ennemis jurés.
En voilà deux qui, avec ou sans beurre allaient devoir se mettre à table...   

La rédaction du procès verbal de cette affaire, en ce qui concerne les aspects pathogènes
est confiée au Pôle BF (la Baratte en Folie) de l'Institut Pasteur.
Amis lecteurs conscients du préjudice causé à l'internat, vous pouvez envoyer vos dons à:
Pasteurdon 2009


19 septembre 2009

Le pensionnat malade de la crise (Anthom)

(une fable sponsorisée par Monsieur de La Fontaine)

Un mal qui répand sa rigueur,
Surtout quand, du déjeuner, c'est l'heure,
Au pensionnat Sainte Gudule démoralisait les pensionnaires,
La crise (puisqu'il faut l'appeler par son nom),
Capable de remplir en un jour les prisons,
Faisait aux élèves la guerre.
Ils ne jeûnaient pas tous, mais tous étaient affamés:
On n'en voyait point en train de distribuer
Bonbons, chewing-gum ou autres gâteries;
A la cantine nulle fantaisie,
Ni gâteau, ni fruits on ne mastique.
Or, un matin, la domestique, 
Dans le frigo, la plaquette de beurre ne trouva!
Dame Aufray, intendante de son état,
Aussitôt elle appela.
La comptable tint conseil, et dit: « Chers collègues,
Il faut livrer une enquête,
Que tous, élèves ou maîtres,on suspecte...
Que le fautif enfin
Soit immédiatement puni de son larcin.
Les caisses de l'internat sont vides
Il faut une enquête rapide:
Devant l'état de nos finances,
Ce vol est intolérable
Point de quartier pour le coupable!
Soyons sans complaisance.
Il nous appartient de restaurer la morale,
Examinons notre conscience:
Qui peut s'être emparé de la plaquette de beurre
Sinon d'entre nous le plus vénal?
Pour moi, je l'avoue, satisfaisant mes désirs  gloutons,
J'ai détourné depuis des mois des fonds.
Avais-je besoin d'argent? Certes non,
Mais, mes comptes bancaires, il faut bien alimenter
pour  vivre selon mon gré.
Je fais donc amende honorable, mais je pense
Qu'il est bon que chacun ainsi que moi fasse pénitence,
Car on doit souhaiter, selon toute justice,
Que ce soit le plus vénal qu'on punisse.
Et tous, aussitôt de se récrier:
Dame Aufray, intendante clairvoyante,
De tout le personnel était la meilleure, la plus compétente!
On rendait grâce à ses scrupules,
Elle était estimée entre tous à Sainte Gudule!
Mon Dieu, avoir un peu de bien, souhaiter l'accroître, était-ce mauvais penchant?
N'était-ce pas ce que l'on attendait d'un intendant?
Elle était certes dure en affaire
N'était-ce pas une qualité,
Pouvait-on parler de vénalité?
Et tous, du premier secrétaire au directeur,            
Du principal surveillant à chaque  professeur
D'orienter aussitôt ailleurs leur colère.
Il fallait interroger tous les pensionnaires!
Et chacun de dire ses rancoeurs:   
Qui avait bien pu dérober cette plaquette de beurre
Rendant ainsi encore plus fade
Un ordinaire qui n'avait plus rien d'une régalade!
On fit venir tous les élèves du pensionnat:          
Le plus fort en langues, le meilleur en maths,
Le fils du député, celui du conseiller, nul n'y échappa!
On écouta même le champion d'échecs...
Chacun de se plaindre d'être au régime sec!
Au regard de ce qu'ils offraient comme promesses,
On leur pardonna sans hésiter leur petites faiblesses:
Tricherie, racket, dopage, trahison...
Toute défaillance trouva bien vite sa justification!
Le cancre de la classe fut enfin appelé, toujours le dernier, bien sûr,
Mal habillé, le visage ingrat, il faisait fort mauvaise figure!
On l'aurait bien envoyé traîner ailleurs sa carcasse d'échalas
Mais il fallait bien respecter les quotas!
Pressé de questions,
A peine passé la porte,
Il restait les bras ballants,
Reconnaissant qu'au demeurant,
la faim le tenaillant, et l'ennui, et puis qu'importe!
Il avait bien dérobé en cuisine quelque croûton...
Il n'en fallut pas plus!
Tous en étaient convaincus:
Ce larcin le condamnait sur l'heure,
C'était lui qui avait volé la plaquette de beurre!
Le cancre, c'était évident, avait tous les torts,
Sans plus de façons, on le jeta dehors!
Dame Aufray cessa dès lors toute investigation, on retourna à ses affaires,
On avait un bouc émissaire!

 

19 septembre 2009

Trouvez la coquille (Oncle Dan)

Dimanche matin 9H41
─  Où avez-vous mis le beurre Aufray ?
─  Au frais, Madame la Directrice.
─  Oui, mais où, Aufray ?
─  Au réfrigérateur, si vous préférez, Madame la Directrice.
─  Il n’y est plus. Des carottes et des concombres ont également disparu. J’aimerais que vous meniez une enquête discrète. C’est chaque fois la même chose.
─  Oui, Madame la Directrice. J’ai ma petite idée.
─  Aufray !
─  Oui, Madame la Directrice.
─  Discrète, l’enquête. Discrète. Je compte sur vous.

Lundi après-midi, 14H18
─  Alors, ce beurre, Aufray ?
─  L’enquête piétine, Madame la Directrice. Toutes les filles sont sans beurre ni reproche. Quant au concierge qui est rentré beurré avec un œil au beurre noir, c’était une fausse piste.
─  Ma pauvre fille, vous n’avez pas inventé le fil à couper le beurre. Suivez le concombre et vous trouverez le beurre.
─  Bien, Madame la Directrice.

Mardi soir, 22H00
─  Au fait, Aufray ?
─  C’est cuit, Madame la Directrice : le concombre est masqué. J’ai voulu ménager la chèvre et le chou et j’ai fait chou blanc.
─  Vous êtes une courge, Aufray. Vous ne savez pas tirer les marrons du feu. Avez-vous noté qu’il s’agit d’une plaquette de 250 grammes ? Ce détail ne compte pas pour du beurre.
─  Je vois, Madame la Directrice.
─  Aufray !
─  Oui, Madame la Directrice ?
─  Pour une fois, essayez de ne pas être à côté de la plaque.
─  Oui, Madame la Directrice.

Mercredi matin 6H32
─  Ça y est, Madame la Directrice, j’ai trouvé. C’est Pauline.
─  Vous avez vu l’heure, Aufray ?
─  Oh, pardon, Madame la Directrice.

Mercredi matin 9H04
─  C’est Pauline, Madame la Directrice.
─  Où est la plaque ?
─  Elle a voulu mettre du beurre dans ses épinards.
─  Je ne vois pas la plaque.
─  Elle a voulu faire son beurre, si vous préférez.
─  Ecoutez, Aufray, arrêtez de dire toujours « si vous préférez ». Je veux bien croire que Pauline a une tête à plaque mais cela ne me dit pas où est la plaque.
─  Il faut demander à Abdellatif, le copain de Pauline. C’est à lui qu’elle a vendu la plaquette. Il fait du trafic de plaquettes qu’il revend dans la rue en coquilles. Il est dealbeurre.
─  Dealer ?
─  Dealbeurre, Madame la Directrice. Il fait partie du cholestérolgang.

Publicité
19 septembre 2009

Mauvais choix (Walrus)

- Eh bien, Aufray, des nouvelles ?
- Oui, Madame la Directrice. Votre sponsor là, ce Monsieur Bertolucci, je savais que vous n'auriez jamais dû l'accepter. Projeter son film dans un internat, même sous couvert de culture, la razzia sur le beurre était inévitable !
Il s'en trouve toujours pour préférer les TP, n'est-ce pas...

Comme nous serons cinquante à avoir la même idée, j'ai voulu être le premier à la mettre en musique (sur un air de tango, bien sûr).

13 septembre 2009

Sous réserve de la caution des sponsors

beurre: Walrus ; Oncle Dan ; Anthom ; vegas sur sarthe ; Joye ; Zigmund ; MAP ; Borsolina ; Captaine Lili ; PHIL ; Joe Krapov ; rsylvie ; Alice ; Poupoune ; Jo Centrifuge ;

12 septembre 2009

La consigne #73

Une plaquette de beurre
de 250 grammes a disparu
du réfrigérateur de l'internat.
L'enquête est confiée
à Mademoiselle Aufray, l'intendante.



Cette semaine, à titre expérimental,
vous devrez vous trouver
un sponsor*
si vous voulez conserver
l'opportunité d'être édité(e)
le samedi 19 septembre.


Envoyez vos textes à samedidefi@hotmail.fr,
on vous écrira.

* Si vous en aviez plusieurs, vous pourriez rêver** à l'édition de luxe...
** Le rêve n'est-il pas le compagnon de l'écrivain ?

12 septembre 2009

L’heure la plus courte… (Oncle Dan)

C’était un dimanche. On sortait de boite. On était bourrés complets et on tirait à la courte paille celui qui allait prendre le volant. C’est Paul qu’avait tiré la paille la plus longue. Fallait qui s’y colle. René qui était le proprio de la caisse lui a lancé les clés.
Ben, vrai de vrai, René lui a lancé les clés à 2 heures et Paul les a attrapées à 3 heures. Bourré complet qu’il était.
Après, il a dit que c’était pas vrai ; qu’il n’avait bu que de l’eau ; qu’on était le dernier dimanche de mars et qu’on venait de passer à l’heure d’été.

12 septembre 2009

L'heure vide (Tiphaine)

Je ne saurai jamais ce qui s'est passé le mardi 7 octobre 2008 entre 14 et 15 heures.

Je suis arrivée dans ma classe à 13H55, comme chaque mardi. J'avais fait rentrer les élèves. Ils étaient douze. Neuf garçons, trois filles. Pendant l'appel, l'un d'entre eux s'est levé puis a pris soudain ses jambes à son cou. Je suis sortie de la salle à sa poursuite.

Je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite, on me l'a raconté.
Les gosses de la salle d'en face m'ont vue traînant doucement le gosse par les pieds, dans le plus grand silence, un sourire figé sur le visage. L'enfant s'est caché sous une table, j'ai refermé la porte.

Je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite, on me l'a raconté.
Les élèves ont recommencé à chahuter, puis c'est devenu un immense bazar. Il paraît que j'étais comme une automate, je ne réagissais pas, je ne les voyais plus.
Une première bagarre a éclaté. Je me suis précipitée, j'ai séparé les deux ados et je me suis pris un coup. Sans doute qu'il ne m'était pas destiné…

Je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite, on me l'a raconté.
Je suis retournée à mon bureau, une deuxième rixe avait déjà recommencé. J'ai marché vers eux sans émotion, j'ai séparé les belligérants avec une violence qu'ils ne me connaissaient pas, j'ai pris un deuxième coup. Une gifle. J'ai gardé la marque sur mon visage. Sans doute qu'elle ne m'était pas destinée…

Je ne sais pas ce qui s'est passé ensuite, on me l'a raconté.
Je suis restée assise un moment. Les insultes continuaient à fuser. Ça criait, ça hurlait autour de moi et je n'avais pas l'air de m'en rendre compte.
Encore une bagarre, plus violente encore que les précédentes. Je me lève, je me jette contre les deux corps, je sépare brutalement. Dernier coup. Une gifle encore. Sans doute encore ne m'était-elle pas destinée…
Je m'assois. Je baisse la tête.

Sonnerie de 15 heures. Je suis seule dans ma salle de classe, les élèves sont partis, je ne les ai pas vus partir… Je n'ai aucun souvenir de l'heure qui vient de se passer. Aucun souvenir. Une heure vide…
Une nouvelle classe arrive. "Vous n'avez pas l'air bien madame…" Je prends mes affaires, et, pour la première fois de ma vie d'enseignante, je quitte les lieux pendant un cours sans rien dire à personne. Question de vie ou de mort.

12 septembre 2009

Capable de pitié ? (Joe Krapov)

Une heure c’est court ou  bien  c’est  long

C’est ceci cela, c’est selon

Qu’on est au lupanar ou  bien  chez  le  docteur,

Qu’on a ou pas un pantalon,

Qu’on  est  sur  le  billard ou bien dans un salon,

Qu’on  est  dans  l’autocar ou bien dans un avion,

C’est court ou  bien  c’est  long, saucissonnée, une heure.

 

Une  heure  c’est  vraiment  long

Pour  l’éjaculateur  des  prés  d’Ecosse

Mais ça n’est vraiment rien pour le lapin et les gars de Rennes :

Il suffit d’offrir ses hommages à plusieurs lapines à la suite

Du coup l’heure devient très petite.

On voit à peine le temps passer qu’il est déjà l’heure de rentrer

Pour dire un madrigal,

Prendre un repas frugal,

Remplir de bonne humeur le terrier familial

Et le devoir conjugal.

 

Une  heure  c’est  long  quand  tu  attends

Le  départ  d’un  enterrement,

La  fin  du  règne  du  Président,

Le  moment  du  débarquement,

Une  distribution  de  diamants,

L’début d’une  éclipse  à  Shangaï

Ou  l’réparateur  d’Internet.

 

Les heures passent trop vite

Quand on est à Venise, à Jersey, en vacances.

Elles  durent  chacune  trois  plombes

Quand  l’boulot  recommence.

 

Une  heure  c’est  long  quand  tu  poireautes,

Que  tu  espères  comme  une  poire  blette

Un  bus  4  à  l’arrêt  du  Mail,

Une  fille  sous  la pluie  sans  chandail,

Quand  tu  veux  régenter  la  fête,

Que  tu  voudrais  les  cons  moins  bêtes

Ou  bien  même  qu’Henri  IV  arrête

De  mâchonner  des gousses d’ail.

 

Une heure c’est court vraiment pour ce que j’ai à dire

Une fois que je délire :

Je pourrais vous en tartiner

Des soirées et des matinées !

C’est pourquoi, mes ami(e)s,

Pour épargner vos yeux qui ont besoin d’lunettes,

Comme disait le merlan qui trouva un bifteck

Sous une frite à la Mecque :

« Ben c’est ici que je m’arrête ».


090710A_partage_de_midi

12 septembre 2009

L'heure est un leurre ! (MAP)

DSCF7468

12 septembre 2009

Duel –tournoi de go (Zigmund)

Il s’est assis en face de moi. Il est très jeune et j’ai horreur de çà. Déjà, il m’a toisé d’un œil méprisant, et dans son « bonjour monsieur » pointe le vouvoiement futur qu’il réserve au « vieux  crouton ». Je le déteste déjà, je sais qu’il va gagner, et que non content de çà, il se prépare à m’humilier.

partie_de_go__72

Entre nous, sur le goban, il a disposé 9 pierres noires (l’équivalent d’une dame en plus aux échecs) ; j’ai réglé la pendule : une heure par joueur. D’un signe de tête il m’indique que mon réglage lui convient, puis déclare conformément à l’usage « bonne partie ! » en déclenchant sa pendule.

Le début de partie confirme mes craintes, cet ado sait jouer, et les 9 pierres d’avance aggravent sérieusement ma situation. Chaque coup qu’il joue est correct, je n’ai absolument pas le niveau pour résister et chaque claquement de mes pauvres pierres blanches sur le goban me rapproche de la défaite annoncée.

En cours de partie, un copain à lui, un gamin prétentieux vient nous observer, encourage mon adversaire et commente à haute voix le déroulement de la partie. Je devrais appeler l’arbitre, ou virer ce gosse mal élevé, mais je suis trop anéanti par mes efforts pour limiter la casse.

Enfin l’affreux gamin, est parti, il déconcentrait aussi les  joueurs voisins. Déjà vaincu, je réponds rapidement à ses coups, alors que lui, sadique, savoure et fait trainer ses réponses ; chacune me rapproche du désastre. Je suis « mort » partout ou presque ; « Zigmund, souviens toi  du proverbe : « le bon joueur c’est celui qui sait quand il doit abandonner ». Bon d’accord, je vais abandon…Non ! un miracle vient de se produire, là sur la pendule : tel le lapin de la fable, il a tellement trainé, que son heure est passée, il a perdu « au temps », il a perdu tout court, il le reconnait… Cette heure trop courte pour lui, m'offre une victoire, certes peu glorieuse, mais au moins le blanc-bec ne sourit plus.

Alors, je sors mon portefeuille et, sacrifiant à la coutume  : « viens, je t’offre un verre au bar ! »

12 septembre 2009

TRAGÉDIE AU FORUM DES ASSOCIATIONS (Jo Centrifuge)

-Vous ne devez pas sauter jeune homme!

-Non mais moi je ne suis pas venu pour le salon de la voyance et puis je ne sais pas de quoi vous me parlez.

-Ne sautez sous aucun prétexte, il en va de votre vie!

-...J'accompagne ma copine au forum des associations à côté là...

-Écoutez moi, jeune homme...

-'Pas le temps, Fabi m'attend!

Seb était en retard bien entendu. Au stand "Chorale Coincoin" Fabi fulminait.

-Ah ben quand même! Qu'est-ce que t'as foutu? Tout le monde t'attend!

-Quoi?

-T'as gagné à la loterie des assoces...

C'est à ce moment que, sorti de nulle part, un animateur hystérique lui ficha brutalement un micro sous le nez. Dents blanches et petite moustache :

-Le voilàaaa! Félicitations à vous mon cher Sébastien, vous avez gagné le premier lot offert par l'association "A plat ventre". Laissez moi vous serrez la maiiiin...sous vos applaudissements!

Des flash crépitaient alors qu'une foule de badauds commençait à s'agglutiner autour d'eux.

-Cher Sébastien, je vous donne rendez-vous dans une heure précise pour l'atterrissage. A tout à l'heure!

Comme la foule se dispersait, Seb sentait monter en lui une désagréable inquiétude :

-Fabi, je ne comprend rien. Qu'est-ce que j'ai gagné déjà?

-Un saut en parachute. Tu vas atterrir juste à côté sur le parking de l'aérodrome, devant tout la ville. Alors essaie de bien te tenir pour une fois!

-Quoi?.. Ah non, je ne pourrais pas. J'ai déjà le vertige sur un tabouret et en plus une voyante m'a...

Mais les yeux de Fabi s'assombrissaient dangereusement tandis que les commères de la chorale commençaient à ricaner:

-Tu ne vas pas me faire honte devant tout le monde, n'est-ce pas? menaça-t-elle les dents serrées.

Le piège se referma subitement lorsqu'un colosse se présenta à Seb en tant qu'ancien para-commando et lui apprit qu'il serait l'instructeur de son baptême de l'air.

Quelle étrange chose que le temps qui passe. Seb s'étonna de découvrir comment 90 kilos d'un entrain tout militaire et surtout la promesse d'une catastrophe prochaine peuvent faire s'évaporer 60 minutes. Brieffé, équipé, harnaché, embarqué dans un avion, il flottait à présent en pallier à 300 mètres.

"Vous ne devez pas sauter" Les mauvais augures de la voyante hantaient ses pensées : "...il en va de votre vie"

La porte de l'aéronef s'ouvrit et il fit face au vide. Etait-ce l'ivresse de l'altitude ou bien l'étrange sensation de vivre ses derniers instants, mais le temps paraissait maintenant s'étirer. Seb était comme transfiguré, il prenait conscience de tout ce qui l'entourait, l'air qui lui gifflait le visage, le soleil qui lui réchauffait les joues, la beauté du paysage, la poussée ferme mais amicale de son instructeur... Il bascula comme au ralenti, bras écartés, les yeux grands ouverts sur le monde en bas, avec un immense sourire.

Chacun de nous connaitra plusieurs vies.

La vie de Seb prit fin ce jour là. L'atterrissage se présentant assez mal, il se cassa une jambe sous le poids de son instructeur, le tout sous les yeux des commères de la chorale Coincoin et de la presse régionale. Fabi, morte de honte, mit bien vite fin à leur relation.

Mais dans sa nouvelle vie, Seb coule des jours heureux auprès d'une gentille fille. Il est désormais membre d'honneur de l'association "A plat ventre". Il saute régulièrement et gagne même quelques compétitions à l'occasion.

12 septembre 2009

Participation de Gilsoub

Le bip de son téléphone le tira de la profonde léthargie dans lesquels son travail l’avait plongé. C’était Irma et son étrange dialecte techno djeun’s :

« 1h 10po 2m1 rd kfé méri 16h »

Le temps de déchiffrer, de s’assurer de son auteur et déjà il ne tenait plus en place…

— Chef, je prends mon après-midi de demain, une urgence familiale !


À partir de ce moment-là, les minutes commencèrent à s’égrener lentement, très lentement, trop lentement ! Chaque geste du quotidien le rapprochait un peu plus du moment tant attendu…


Puis vint le temps de la préparation. La douche, avec inspection et récurage du moindre repli de peau, l’apparition de l’inénarrable bouton sur le nez, le triple rasage quadruple lames, l’astiquage de quenotte pour un sourire ultra-brillant !


Reste la scène de l’habillage et ses choix cornéliens : cool ou strict ? Rayure ou unis ? Avec ou sans veste ?

Dans le métro, le détail qui tue, deux pompes dépareillées !

Quinze heures trente, trois fois le tour du quartier pour calmer son stress. Ne surtout pas arriver en avance ; mais pas en retard !


Et puis… et puis la voilà, son sourire, ses beaux yeux, Irma dans toute sa splendeur ! Elle l’embrasse ...


c’est une heure qui dura une seconde d’éternité… 

12 septembre 2009

Une heure de repassage (rsylvie)

Une heure de repassage »! s’exclama-t-elle.

« comme vous y allez… Ché donc bien long, mAdame.

Mais chi ché comme vous l’dites, vais la faire » !



Nadine, nouvellement embauchée au manoir n’ose répondre que ce soir elle a rendez-vous avec son amoureux. Alors sans rien dire, la demoiselle tourne sur elle-même pour se diriger vers le tas de linge disposé dans d’énormes paniers d’osier, quand elle se rappelle avoir laisser quelques morceaux à peine secs sur l’étente, afin de profiter des derniers rayons du soleil automnale.


Ni une ni deux, la voilà en direction du jardinet quand

au détour de la grande bâtisse, elle se souvient devoir

contourner les écuries, là où travaille son prétendant.

Comment résister à l’appel de l’amour ?

ne pas regarder dans sa direction,

surtout ne pas penser à ce soir,

à sa main dans la sienne,

à ses épaules accueillantes,

à l’odeur de sa peau au travers de la chemise entr’ouverte,

ne pas penser….




Et Nadine de passer et repasser devant la sellerie, les bras chargés de linge, sans oser lever les yeux de peur de croiser le sourire envoutant de son amoureux. Quand l’horloge du clocher se met à sonner l’angélus du soir, la fin des corvées journalières au Domaine.

Quoi déjà », s’écrit Nadine sans regarder les autres blanchisseuses. Le tout, en rangeant le plus délicatement possible l’ouvrage qu’elle reprendrait le lendemain

avec tous tes aller-r’tourmurmure la Jeanette, d’une voix moqueuse.

La plus ancienne de toutes qui a bien compris le manège de la petite nouvelle,

C’est l’heure de passage et repassage la plus courte que j’connaisse »

12 septembre 2009

de la relativité du temps (Poupoune)

Après des années d’heures trop longues et de temps qui s’étire, les minutes et les secondes semblent maintenant me filer entre les doigts.

Une heure.

Rien qu’une heure pour savourer ce repas que j’ai mis tellement de temps à choisir ; j’ai envie de laisser chaque bouchée fondre sans mâcher et imprégner mes papilles de ses parfums délicats, mais j’ai peur de ne pas avoir le temps de finir mon assiette si je m’en délecte trop lentement.

Une heure.

Je devrais sans doute m’attarder sur des considérations plus… profondes ? intelligentes ? symboliques ? Mais mon esprit tout entier est concentré sur l’explosion de saveurs dans ma bouche.

Et pour ce que ça changerait…

Ne pas gâcher ma dernière gorgée de vin à me perdre en réflexions fumeuses. Il est trop tard. Juste le temps de boire mon café avant d’y aller.

A quelques kilomètres près, j’aurais été jugé au Nouveau-Mexique et non au Texas.

La vie tient parfois à peu de choses.

 

12 septembre 2009

S’il te plaisait (Captaine Lili)

Une heure

Dérobée à l'habitude

Livrée au coeur

Une heure, seule avec toi

Si courte !

Si pleine !

Une heure entre tes bras

A dévorer

Nos yeux, et puis le reste

3600 secondes qu'on ne compterait pas ...

Une heure

Sans solitude

Prise au temps ravageur

Une heure, sablier d'émois

Si courte !

Si pleine !

Une heure en de beau draps

A décorer

De nos faits et gestes

60 minutes qu'on n'oublierait pas

Une heure ...

Une heure sans faute

Une heure

Et puis une autre.

12 septembre 2009

La nuit s‘avance (Virgibri)

Sous un soleil de plomb Sur les marches glacées Mes pas résonnent Ma bouche est sèche J’ai mis mon habit d’oiseau noir Sans ailes Celui qui me ceint Les larmes se retiennent Et puis tout se restreint Regards portés vers les Autres Que je veux plein d’amour Mais tout est aveugle Tout est assourdi Il n’y a rien sur mes lèvres Juste le silence Parfois l’ébauche d’un sourire Je me retourne Tout le monde est là Les assis Les debout Les vivants Qui voudraient le rejoindre Et le mort Tellement vivant Que l’on entend son rire Taper contre les vitraux Ma voix s’élève Je dis des mots Auxquels je ne crois pas Je ne retiens que l’Amour C’est déjà trop Et pas assez Ma voix s’élève Et se fait plus sûre Ma voix assène Ma voix martèle Il faut aimer Nous devons aimer Face à la bière C’est dérisoire Et puis si vrai Ma voix s’arrête Les larmes coulent La gorge sèche J’enveloppe d’un regard Tous ceux qui l’aiment Tous ceux qu’il aime Le savent déjà trop C’est le manque qui est insupportable C’est l’absence Qui devient présence Et que l’on hait Quelques gouttes bénies Sur son corps meurtri Sur son corps éteint Au-dessus du portrait Au sourire immense Un défilé sans fin Un amour sans fin Une douleur sans fin La fin la fin Je ne veux pas achever Il le faut bien A-t-on le choix?

12 septembre 2009

Heure‏ (Martine 27)

Ouh, j'ai eu un sacré coup de barre là. J'ouvre les yeux, je papillote des paupières et je vois dressé devant moi un drôle de bonhomme habillé en noir et comme transparent.

"Bonjour" me dit-il "comment vous sentez-vous ?"

"Bonjour, un peu vaseuse je dois dire" ce à quoi j'ajoute la phrase culte "Où suis-je ?"

"Dans l'entre-deux" me répond-il "Etes-vous prête pour votre heure ?"

"Entre-deux, prête pour mon heure, de quoi parlez-vous exactement ?"

"Ah je vois que vous ne vous souveniez pas bien. Bon reprenons, vous venez de vous faire aplatir sur le passage piéton par un automobiliste rond comme une queue de pelle qui avait grillé le feu rouge. Pour faire bref, vous êtes morte, je suis votre ange de la mort et vous avez une heure devant vous pour faire vos adieux aux personnes qui vous tiennent à cœur"

Là j'en reste bouche bée, comment ça je suis morte, mais je me sens parfaitement en forme, même si j'ai un peu la tête qui tourne et puis ça un ange de la mort ? Quel langage franchement ça manque de classe.

"Bon arrêtez vos bêtises, c'est quoi l'entourloupe"

"Mais, il n'y a pas d'entourloupe, je dois vous emmener vers votre destination définitive mais avant vous avez le droit à une heure pour laisser une pensée de réconfort à vos proches, ou éventuellement pour botter les fesses de ceux qui vous ont enquiquinée. Bon autant vous le dire ce n'est pas évident, à vous de faire au mieux"

Je regarde autour de moi avec un peu plus d'attention, je suis environnée d'une sorte de brouillard dans lequel luisent quelques fanaux, c'est très étrange. Je jette un coup d'œil à mes mains et là, le choc, elles sont comme le gugusse que j'ai en face de moi comme évanescentes. Là plus de doute, je dois vraiment être morte.

"Je suppose que ces lumières sont les personnes que je dois aller visiter ?"

"Bravo, je constate avec plaisir que vous percutez vite et que vous n'allez pas gâcher votre dernière heure à discuter le bout de gras avec moi pour essayer de me convaincre que vous n'êtes pas morte. Vous êtes raisonnable"

"Mais je fais comment ?"

"Laissez vous porter par vos pensées, rappelez-vous des moments heureux et vous atteindrez les êtres aimés, ensuite eh bien à vous de décidez de ce que vous voulez leur laisser dans le cœur. Je vous attends ici dans une heure"

Et mon ..., enfin mon ..., bon disons mon guide disparaît dans un nuage avec un plouf que je trouve quand même un peu ostentatoire.

Je me tourne vers le brouillard et je vois une des lumières scintiller un peu plus que les autres. Je laisse mon corps, enfin ce qui m'en sert, flotter vers elle. Je sens que cette première heure de ma mort va me sembler drôlement courte.

Publicité
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité