Jachère (TOKYO)
Je suis en jachère, ma vie entière est en dormance.
Alors ce matin j’ai voulu me réinventer ;
Séchée, poudrée crémée, parée de sous vêtement DIOR couleur or d’une jupe Perry ELLIS noire mie longue et d’un pull Ralph Lauren bleu marine sur un chemisier de soie blanche je descends l’escalier pour affronter le soleil le vent et recevoir l’ensemencement du monde.
Et là nez à nez avec deux policiers en uniforme l’air très sérieux.
La première chose qui me traverse l’esprit , c’est qu’ils recherchent un violeur et qu’ils vont me demander de rester chez moi de fermer ma porte à double tour.
Bonjour ma petite dame me dit l’un deux.
Vous connaissez votre voisin de palier.
Avez-vous déjà eu des problèmes avec cet homme me dit l’un des policiers ?
Je n’allais pas leur dire que ce voisin en question me fournissait en champignons hallucinogènes
Depuis des lustres et que depuis je ne cessais de voir des écureuils sautillaient sur mon balcon.
Alors tout en candeur je dis non messieurs aucun problème.
Comme je vous l’ai dit ma vie était en jachère
Avec des
s
Écureuils trop bavards.
Jachère amère (Kate)
- J'attends, ma chère
Que votre coeur sorte de sa jachère
Puisque je sais que j'ai eu l'heur
En dansant tout à l'heure
De vous plaire
- Mais Jacques, duc de Nemours
N'avez-vous pas promis votre amour
À la reine d'Angleterre
La Cour n'en fait pas mystère
Et j'en suis si amère
- J'affirme, très chère
Que je vais devoir défaire
Cette fausse rumeur
En temps et heure
Et libérer en retour
Mon coeur si lourd
- J'assume que votre beauté extraordinaire
Cher Duc, s'accorde avec votre galant caractère
Que je ne suis qu'une passion passagère
Qui s'évanouira dès que la chair
Sera repue, mystère aussitôt disparu
J'atteste que je préfère
Mon amour trop cher
Mener une vie austère
Mon coeur ainsi faire taire
À jamais mis en jachère
Dans son inaccessible désert
Plutôt que plaire
Au risque de déplaire
Défi #719, douze ans plus tard, même inspiration que pour le Défi #99...
Merci à tous pour votre merveilleux accueil !
La terre en jachère (maryline18)
La terre se repose,
Hôtel aux portes closes,
Pour qu'un tubercule ose
Le saut d'un virtuose .
Aucun ne s'y oppose,
Pas même, les diseurs de proses .
Elle risque la sténose,
S'assèche et s'ankylose,
Sans qu'il ose... La myose
Et puis la toxicose
Ferment son iris rose.
La terre fait une pause.
Quand elle se surexpose
Espérant la symbiose
Elle récolte l'écchymose .
Quelle âme trop myélose !
Quand elle se sous-expose
Alors sa tête explose,
Craquelle, vient la névrose
Et la voilà morose.
Ma Jachère insolite (Lecrilibriste)
Dans l’angle de ma cervelle en jachère
Des mots se sont posés résignés
Tout Tristes de ne servir à rien
Mais cette jachère insolite
Colorée comme les maisons
De St Pierre et Miquelon
N’attend que le défi du samedi
Pour surgir tout à fait indocile
Prompte à rêver, Difficile à dompter
Pour couvrir des pages encore inexplorées
De coquelicots et de calicot
De centaurées et de censuré
De cosmos et d’éros
De gypsophiles et chlorophylle
De fleurs de lin et de fifrelins
D’aneth et de clarinettes
Et après avoir explosé
Comme une grenade dégoupillée
En mille couleurs
En mille rimes
En mille odeurs
Tous s’en retournent rêver
Dans l’angle de ma cervelle en jachère
En attendant de ressurgir
Et de rosir de plaisir
D’ encore s’entendre interpeller
Dans cet incroyable glossaire
Crévindiou ! (Walrus)
Jachère, maintenant !
Parie qu'il est même pas foutu de faire la différence avec "friche" !
Mais c'est pas ça qui va l'empêcher de nous la coller dans les gencives !
Qu'on la lui laboure sa jachère !
De la jachère au potager ou les haricots magiques (Laura)
Le propriétaire de notre premier appartement commun avait un terrain attenant en jachère. Un jour, mon mari et notre voisin et meilleur ami demandèrent l'autorisation de travailler cette terre avant d'y semer. Un autre voisin qui avait aussi un terrain, nous avait dit qu'une terre qui n'avait pas été travaillée depuis longtemps devrait bien donner. Ce fut le cas. Je ne goûtais pas les tomates car j'y suis allergique. Par contre, nous eûmes une belle récolte de haricots verts. Mon mari partait le lundi, rentrait un soir de la semaine puis repartait et rentrait le week-end. En son absence, notre meilleur ami et moi, nous mangions des haricots verts chez lui ou chez nous: le midi, le soir, le midi, chauds, en salade, chaud etc. Ils étaient excellents mais ça lasse quand même. Alors quand mon mari rentrait et qu'il était impatient de manger nos bons haricots, nous nous mettions à rire tous les trois.
Ont perdu leurs illusions (ou pas...)
Laura ; Vegas sur sarthe ; Kate ; TOKYO ;
Lecrilibriste ; Emma ; maryline18 ; Walrus ;
Yvanne ; joye ; Joe Krapov ;
Balzac 00 01 l'illusion genre mineur qui touche le fond ! (Joe Krapov)
Je m’appelle Lucien et je crois que j’ai perdu toutes mes illusions.
Je n’étais pourtant pas ce qu’on appelle un grand rêveur, j’avais les pieds sur terre mais maintenant que je ne suis plus un perdreau de l’année je dois avouer que le bilan n’est pas terrible. Dressons-le en même temps que le couvert pour le dîner – ce soir j’attends Madeleine - :
Parfois votre cousine est plus bête qu’on ne croit.
Parfois votre cousine est moins bête qu’on ne croit : pendant que le cousin ponce elle s’envoie Pylade qui ne demande pas mieux au reste. Pylade, mais pas vous ! Et vous ne dites rien au cousin pour préserver la paix du ménage.
Ce qui mirouëte dans le miroir d’Ursule n’est pas forcément votre beau minois de minet. Dans la maison du chat-qui-pelote il se peut qu’habite une fausse maîtresse à qui peu chaut votre animal : Ursule est la vieille fille-type qui range tous les soirs sa virginité dans le cabinet des antiques. Accident notoire : vous avez encore une fois envoyé une passion dans le désert !
Toutes les menteries, les hypocrisies, les carambouilles, les entourloupettes de la vie, il arrive qu’on les gobe sec. Et il y en a ! Le modeste mignon cache parfois un vaniteux m’as-tu vu moche.
Si vous êtes victime d’un jaloux, d’un maître-chanteur, d’un huissier, si vous poursuit une vendetta, vendez tout et barrez-vous par la porte de derrière !
Si vous allez au bal de Sceaux et que tout le monde y semble intelligent, méfiez vous : c’est peut-être vous qu’on a invité pour le dîner de cons.
La splendeur des thés chez Madame Verdurin lorsqu’on est en cour débouche quelquefois sur la misère des tisanes de Tante Léonie où l’on n’a même pas le droit de tremper sa madeleine pour cause d’hygiène :
– Ca va pas non, Marcel, t’as un bol, trempe dedans, arrête de me chauffer !
A la bourse les actions de tante Yolande montent et descendent. Quel sera le montant de son héritage à Tata Yoyo ?
La princesse de Cadignan garde ses secrets pour elle. C’est d’autant plus égoïste qu’elle gagne au loto chaque semaine ! Je lui ai demandé si elle avait un truc pour abolir le hasard. Elle m’a répondu : « Pas un truc, un coup de main mais vous, Lucien, pour que vous ayez le génie, il faudrait un grand dé ». Je n’ai rien compris et je suis retourné danser avec Catherine, la duchesse de Langeais.
Ne tombez jamais amoureux de la fille aux yeux d’or, Marie Laforêt : il y a toujours un arbre qui la cache !
J’y suis allé dans la Vallée des larmes : y’a pas de lys hélas, c’est là qu’est l’os.
On veut rendre Esther heureuse, on croit savoir comment aiment les filles et paf, on se retrouve toujours là où mènent les mauvais chemins !
Même l’élixir de longue vie n’a plus les mérites qu’on lui prête. Ceux qui se croient immortels – j’en suis - voient, du fait des désillusions accumulées, leur optimisme se réduire comme de la peau de chagrin. Woody Allen n’a-t-il pas déclaré lui-même que « l’éternité, c’est long, surtout sur la fin » ?
Voilà, tout ça me déprime d’autant plus qu’on m’a toujours dit « Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, il va filer ». Quand j’y suis allé, moi, Lucien, dans le pré, je n’y ai trouvé que deux rubans.
Ce soir j’attends Madeleine pour les lui offrir mais j’ai l’impression qu’elle ne viendra pas.