Sans chenille sans papillon (Kate)
Sans chenille sans papillon
Ce soir cherchons la noctuelle... Facilement trouvée sur le site jardiner-malin.fr : "La noctuelle, un papillon inoffensif, une chenille vorace" : un vrai dilemme !
Nous obtenons : papillon, chenille.
Oublions "Le papillon" de Lamartine,
et ne retenons pas "La chenille" d'Apollinaire
C'est qu'ils parlent
Tous les deux d'eux...
Un et un deux
Et non d'oeufs !
Listons les quatre stades :
1) l'oeuf,
2) la larve (chenille),
3) la nymphe (chrysalide),
4) le papillon
Les points 1, 2, 4 considérés comme abordés,
Evoquons la chrysalide (point 3)
Et bien
Lautréamont dans "Les Chants de Maldoror" l'évoque (Chant II, 10).
juste après la sage citation du Chant II, 9 :
"L'éléphant se laisse caresser. Le pou, non."
Mais laissons les poux là et sautons, pour ainsi dire, du coq à l'âne, dans ce bestiaire qui se termine en chansons :
"Sans chenille sans papillon"
Vous me permettrez sans façon
De vous présenter ma chanson
Sans chenille sans papillon
Puisque l'on vient au monde tout nu
Tout le reste est du superflu
Les chenilles les papillons
Sont là des êtres mineurs
Qu'on ignore c'est un malheur...
Ça serait un timbre ? Merci Joe !)
Récapitulons :
1) l'oeuf,
2) la larve (chenille),
3) la nymphe (chrysalide),
4) le papillon
Un timbre... Et pourquoi pas un cours de philo phyllo ?
Les noctuelles sont-elles nyctalopes ? (Walrus)
Noctuelle ! Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Moi qui n'ai jamais de toute ma (trop ?) longue existence classifié les papillons de nuit, ces bestioles qui croient intelligent de se déguiser en écorce d'arbre pour essayer de passer inaperçus sur les murs beige-pâle de mon living, qu'en plus gros ou plus petits...
Le dernier qui nous ait visités se situait dans les plutôt gros. Noctuelle ou pas : mystère ! Je ne sais même pas à quoi on reconnait une noctuelle.
Ce que je peux affirmer par contre, c'est qu'il faisait partie de la classe des hyperactifs (très à la mode les hyperactifs aujourd'hui) : il ne se posait que quelques secondes (sans doute pour souffler un coup) avant de reprendre son vol vrombissant autant qu'affolé. On aurait cru avoir affaire à une escadrille de hannetons ("balouges" en wallon, "prinkère" en bruxellois).
Comment ? Les hannetons, ça ne vous dit rien ?
M... ! J'oubliais que je parlais à des djeunes !
Ben oui, je vous parle d'un temps... (vous connaissez la suite...)
Rencontrer un hanneton aujourd'hui, ça relève du miracle, ma dernière rencontre de ce (troisième) type c'était le 9 juin 2012 si j'en crois les métadonnées de la photo et l'animal ne semblait pas au mieux de sa forme (ni de ses formes, vous avez vu le coup dans sa carrosserie ?) :
Bon, ben si vous n'avez pas connu les hannetons, je doute que, comme beaucoup de jeunes d'aujourd'hui, vous compreniez où je voulais en venir dans un des posts de mon premier blog.
Une autre époque n'est-il pas ?
Noctambule au midi (Lecrilibriste)
Un papillon de nuit s’est perdu dans le jour
Son domaine est la nuit, il en a les couleurs
Il est né noctambule mais il voulait changer
Il rêvait de lumière, de chaleur et d’été
Par ses frères de couleur d’être considéré
A l’aube, il ne s’est pas caché, il est resté
Mais ses antennes brûlent dans ce bain de soleil
Fragiles, sombres et ternes ses ailes restent closes
Elles sont pourtant plumeuses et douces et veloutées
mais là, dans ce grand jour, ouvrir ses ailes, il n’ose
Il épie fort jaloux ses frères de lumière
Qui déploient largement leurs ailes constellées
Soulignées de dentelles, de coupes festonnées
Avec des couleurs telles qu’il n’oserait porter
Il les voit, papillonnant de fleur en fleur
quand posés sur les fleurs, ils ressemblent aux fleurs
éblouissants, par leur beauté ils rivalisent
Comment se comparer avec ces rois soleil
Lorsqu’on est né nocturne et beige et sans beauté
Sous des pâleurs de lune au profond de la nuit
Lorsqu’on ne distingue plus les couleurs de la vie
Le destin joue parfois des tours abominables
Il regarde tout triste ces stars éphémères
Papillonnant heureuses, joyeuses et légères
Il voudrait se parer de toute leur brillance
Mais suffocant soudain au soleil de midi
Il rêve maintenant d’ombre et de sombre nuit
Etouffant dans cette moiteur, voilà qu’il meurt
Papillon du soir, pour les couleurs, il est trop tard
Papillon de nuit, ton envie a sonné l’hallali
Ma noctuelle (Vegas sur sarthe)
Elle n'apprécie pas que je l'appelle ma noctuelle.
Pourtant je trouve que ça lui colle à la peau.
Toute petite, Germaine était parait-il vorace voire boulimique, la terreur du jardin d'enfants et des jardinières qui en avaient la garde et qui la surnommaient Vers gris.
Il fallait la voir grignoter le goûter de ses congénères en se cachant au pied des plantes ornementales.
Quand je l'ai connue elle était nymphe et désirable.
Aujourd'hui c'est encore un beau papillon inoffensif au corps massif, dodue et souvent grise … en résumé c'est ma noctuelle.
Jules Renard disait que le papillon est un billet doux plié qui cherche une adresse de fleur.
Germaine m'a trouvé; je suis sa fleur bien qu'elle affirme le contraire et qu'elle prétende que je l'ai sournoisement capturée dans mes filets.
Ça n'est pas ma faute si Germaine est insensible à la poésie de Jules Renard.
Je dis qu'un type qui a eu le courage d'écrire que la femme est un roseau dépensant ne peut pas être foncièrement mauvais.
A propos de dépenses il faut dire que Germaine a des mœurs nocturnes, dans la famille des noctuelles c'est une méticuleuse comme disent d'éminents lépidoptéristes.
J'ai découvert qu'à la tombée de la nuit elle pratiquait le vol furtif.
Ça peut être ma carte bancaire ou mon meilleur whisky, toutes ces choses que je retrouve au matin au pied du lit alors qu'elle dort du sommeil du juste.
Je regarde dormir ma noctuelle enroulée sur elle-même... et dire qu'au stade larvaire on dit qu'elle grignotait de jeunes tiges.
Ça laisse rêveur, alors je rêve.
On dit qu'un papillon sur cinq est une noctuelle, et il a fallu que ça tombe dans mes filets !
Défi n° 757 - Keizono

Paysage fabuleux de papillons (Laura)
Il lui en fallut de la patience et du courage
Pour se faire coiffer selon une scénographie
Digne des plus grands maîtres du paysage
Doublés de connaisseurs de l’entomologie.
Pendant les longues heures passées au salon
Elle se récitait « Les papillons » de Gérard de Nerval
Qui lui avait donné le goût de la poésie d’observation
De la nature qui se produisait là en festival.
Pour s’occuper les yeux, elle tournait les pages
D’un beau livre, une anthologie de peinture
De papillons en paysage, portrait ou nature morte
Il y avait par Pisanello une « princesse de la maison d’Este »
Environnée de papillons, le « Jupiter » de Dosso Dossi
Peignait devant Mercure et Vertu des lépidoptères.
Elle revoyait dans son cœur le «Jardin des délices » inouï
De Bosch qui y plaçait des créatures de Dieu et du Diable.
Dans son paysage d’âme de papillon, elle avait une place
Pour les poèmes d’Alphonse de Lamartine, le musée des Papillons
De Saint-Quentin dans l’Aisne, jolie ville picarde
Elle n’oubliait pas non plus la bise de Maurice Carême en forme de papillon.
Comme une étoile sur un sapin
Elle placa une une noctuelle de Paul-Louis Bessy
A moins qu'une des fleurs de Jacob van Walscapelle
Soit bien un des ces nocturnes, parfois crépusculaires.
Ont bouclé la boucle
Laura ; joye ; Keizono ; Kate ; Joe Krapov ;
Walrus ; Clio101 ; Lecrilibriste ; Cavalier ;
TOKYO ; Emma ; petitmoulin ;
Concerto (petitmoulin)
Concerto pour main
blessée
dans les méandres
de l'exil
Partition inachevée
compte les notes
et les possibles ciels
au cœur battant
Main de silence
ramasse un mot
qui ne dit rien
Derrière l'ombre
de la parole
perdue en mer
le jour a l'aile cassée
Entre les murs
de l'incertain
l'abri est rare
et le sommeil a des épines
dans les yeux
Concerto pour main
de solitude
dans les méandres
de l'exil
Concerto pour mains
tendues
à mains égales