Pépette (Yvanne)
Je vous ai parlé il y a peu de Léontine, vous vous souvenez : la maï capel. Je vous ai dit que son cheptel comptait en plus de quelques poules et lapins, un bouc (Degaule) et trois ou quatre chèvres. Ses mignonnes avaient pour nom : Brunette, Blanchette, Noiraude et Pépette. Cela ne variait jamais. Les chèvres passaient et trépassaient, leurs noms subsistaient.
Léontine ne s'était pas fatiguée pour baptiser ses biquettes quand elle en avait fait l'acquisition tout au début. La couleur de leur poil avait été déterminante en la matière et ensuite qu'importe si cela ne convenait plus. Elle avait juste fait une exception pour Pépette. Un compte à régler.
Comme vous le savez la Léontine avait été très marquée par la perte de son mari Marcel au début de la dernière guerre mondiale. Il lui en restait des séquelles sévères. Et elle n'avait pas besoin de ça pourtant. Bref. Elle avait appelé sa chèvre « Pépette » parce que, disait-elle, c'était une cavaleuse. Entendons-nous bien : dans sa bouche ce mot était une injure reflétant la méchanceté de la bonne femme. Et pour cause ! Elle faisait référence, là, à la vraie Pépette, une fille du village qui avait fricoté avec des Allemands. Cette dernière, Simone à l'état civil – mais tout le village l'appelait Pépette - avait d'ailleurs été tondue à la Libération. Personne n'en parlait. Sauf Léontine. Elle ne loupait pas une occasion de mettre la pauvre fille sur le tapis avec haine en faisant mine de parler de sa chèvre.
Curieusement, toutes les « Pépette » qui se succédaient ne faisaient pas mentir la maï capel. Elles s'évadaient très souvent, non pour chercher une aventure amoureuse – elles avaient ce qu'il fallait à l'étable – mais pour jouir d'une vraie liberté comme les petites protégées du père Seguin.
La « Pépette » que j'ai connue était particulièrement hardie et avait une lubie bien précise et récurrente : aller se gorger de chardons bleus d'ornement chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Ces plantes poussaient à profusion dans le fond du jardin du presbytère. Et c'est bien sûr là que l'on retrouvait Pépette quand elle avait décidé de fausser compagnie à sa maîtresse. Elle sautait allègrement la haie qui séparait la place du village du jardin de la cure pour aller déguster ses friandises préférées.
Un jeudi après midi, jour de catéchisme, nous étions tous autour de notre vieux curé, sourd et malvoyant, dans la sacristie. Le brave homme tentait de nous apprendre quelques prières et cantiques en prévision de notre communion solennelle. Il avait bien du mérite : personne ne l'écoutait. C'était comme à chaque séance, le chahut. Des cris stridents nous firent soudain dresser l'oreille. Ni une, ni deux, nous faussâmes compagnie au prêtre pour aller voir ce qui se passait tout près.
Quel tableau ! La Léontine et la « curette » - c'est le nom irrévérencieux que nous donnions à la sœur du curé – s'affrontaient sous la charmille. Léontine en avait perdu son éternel galurin. Quant à la curette, qui détestait les animaux, elle s'acharnait à donner du bâton à Pépette pour qu'elle débarrasse le plancher, enfin le terrain. Cette dernière, nullement impressionnée, se déplaçait au fur et à mesure pour esquiver les coups et continuait de se régaler de ses chardons . Léontine hurlait comme une folle pendant que la demoiselle braillait « vade retro satanas ». Elle s'adressait évidemment autant à Léontine qu'à sa chèvre.
Monsieur le curé avait fini par s'apercevoir de notre désertion et nous cherchait pour une punition bien méritée. Comme à chaque fois, trois pater et deux ave à genoux dans le confessionnal après l'acte de contrition. Impuissant en découvrant le spectable, il se mit dérechef à lever les bras pour implorer le Ciel : « mon Dieu, mon Dieu, ces bougresses de femmes et cet animal du diable ! Quelle idée, je vous demande un peu de nous avoir fichu ces créatures ! Pardon Seigneur, voilà que je blasphème mais quelle idée aussi... » Est-ce la soutane noire, l'aide du Créateur, toujours est-il que Pépette, tout à coup prise de peur décampa fissa suivie par la Léontine et ses imprécations. Ce qui se passa ensuite à la cure, Dieu seul le sait...
Lubie de bout en bout (Kate)
Lubie de bout en bout
Lubie des mots
En roue libre
-Ressentant les cahots
De la route, ils vibrent -
De bouts
Rimés
Si frêle
Entortillée
Fusez
Les idées
Flambez
En projets
Lubies
Pour les uns
Points d'appui
Pour les miens
Libérer son imagination
Utiliser son attention
Broder en digressions
Inspirer ses émotions
Explorer ses passions
Lubie
Bizarre
Mazurka
Kazatchok
Choke
Marabout
Bout d'ficelle...
Lubie de bout en bout !
KO debout (Walrus)
En inscrivant le mot de la semaine au menu du blog, je pensais vous faire ma pitrerie habituelle sur base de la chaîne knock-out, KO, Chaos et Cahots (OK ?) et me plaindre de ma tendance procrastinatoire (?) qui fait que bien que j'y aie pensé directement, Laura, malgré un envoi un brin tardif pour elle, semblerait l'avoir fait avant moi et que je passerais pour un pâle imitateur, un vulgaire copieur même...
Mais...
Hier, mon épouse a appelé R..., notre ami depuis cinquante-sept ans.
R..., c'est le genre de mec qui habite à cent kilomètres, que vous appelez au milieu de la nuit pour lui dire "Viens !" et qui ne vous demande pas pourquoi parce qu'il est déjà en train de se rhabiller pour courir vers sa voiture.
Avec lui et sa famille, nous avons pris des vacances des dizaines de fois, fait des séjours courts presque autant de fois, écumé les restaurants plus ou moins étoilés, nous avons même eu quelques accidents de voiture ensemble (chacun dans notre véhicule), nous avons été ses locataires pendant quarante ans et tout cela sans la moindre friction.
Lui et moi avons un point en commun en dehors du fait d'avoir œuvré quelques années dans le même laboratoire, joué au foot, à la pétanque et au tennis : nous sommes taiseux et un peu ours. La seule personne avec laquelle R... converse sans retenue, c'est mon épouse (parce qu'elle est comme ça : avec mes amis, ma famille, mes ex-collègues, mes anciens scouts, c'est elle qui maintient les liens, c'est elle qu'ils appellent, c'est avec elle qu'ils parlent).
Bref, notre ami et moi n'échangeons généralement que pour les choses pratiques, pour le reste, nous n'avons pas besoin de parler : nous savons...
Hier, pourtant, après leurs quelques minutes de conversation, ma femme a décidé de me le passer. Il m'a demandé si j'allais bien, lui qui est en phase terminale d'un cancer, puis il a commencé à évoquer la célèbre inscription des camps de concentration nazis (et autres goulags) "Arbeit macht frei". sa voix s'est brisée, il commencé à pleurer et a raccroché.
Mais j'ai compris : il voulait dire qu'il aura beau "travailler", ça ne le libérera pas et qu'il serait plus réaliste de faire référence à l'avertissement de Dante : "Vous qui entrez ici, laissez toute espérance".
Il espère néanmoins tenir jusqu'après juillet, pour ne pas gâcher les vacances de ses enfants... c'est tout lui, ça ! Et moi, je suis un peu "sonné".
99 dragons : exercices de style. 72, Anglicismes (Joe Krapov)
Elle n’est pas belle, la life ? Le week-end s’annonçait cool. Le temps était du genre caniculaire, à nous faire supporter d’enchaîner drinks et cocktails à la garden-party, de griller, en bermuda à couleurs kitsch, des steaks maousses sur le barbecue ou même d’arpenter un green si on se sentait courageux, dandy et snob. Mais pas de match de tennis, please ! Trop hot ! Trop speed de courir derrière la balle jaune ! Trop usant, les aces !
On allait fermer le snack quand un clown en jean et baskets a garé son spider sur le parking. Puis il est venu s’affaler au comptoir et a réclamé un banana-split à la barmaid. Il avait un joli look de supporter du Roazhon Park, d’amateur de hot-dogs et de galettes-saucisses plus que de pratiquant régulier de ce sport de gentlemen qu’on nomme le football. Ou alors son allure était celle d’un testeur de bière en micro-brasserie. Ou d’un ambassadeur du Gault et Millau chargé de tracer un viaduc entre tous les pubs de Bretagne sans modération. En même temps, comme dit Macron, c’était peut-être aussi juste un geek de la start-up nation. Sa carrure était celle d’un bûcheron et il arborait par-dessus son gros ventre un tee-shirt de « Trégor motoculture ». Sponsorisé par le boss de la tronçonneuse lannionnaise, le bad boy !
La Miss la lui a servie, sa glace à la Chantilly façon Lio, non sans lui signifier que ce n’était plus le moment de l’happy hour et qu’on allait procéder à la fermeture du drugstore. Le client est le king ici mais y a une deadline pour la sujétion. Un temps pour tout y compris pour dire stop au job. On n’aime pas trop le burn-out par ici. Je suis un manager libéral mais pas que.
- Ouais, ouais, on dit ça, qu’il a dit la brute épaisse. Moi je le crois pas. C’est que des fake-news, tout ça. Du bluff !
Une fois qu’il a eu englouti son ice-cream il s’est approché de notre antique juke-box et il a consulté la playlist à l’ancienne.
- Comment ? Vous avez le single de « Hurricane » de Bob Dylan ? Je veux l’entendre ! Qu’est-ce qu’on met comme pièce dans votre machine ?
- On ne met pas de pièces, monsieur.
- C’est quoi alors le business model ?
- Il est cassé, monsieur. C’est pour le fun. Décoratif, si vous voulez. C’est vintage.
- Désolé de faire le forcing mais je ne quitterai pas ces lieux sans avoir entendu « Hurricane »sur ce pick-up.
Georgia se tourna vers moi avec l’air désespéré de John Lennon pétant sa corde de mi aigu au moment d’interpréter le solo de « Help ».
- J’ai un très joli smartphone avec lequel je peux aller chercher le morceau sur Spotify et en utilisant les baffles…
- Moi aussi, tocard, j’ai ça ! OK ! Vous savez quoi ? Il me plaît bien votre fast-food ! Je crois que je vais m’y installer et en faire mon camping de base. Tant pis si votre baby-foot à musique est nase. La pom pom girl a de beaux airbags et les sandwichs ont l’air appétissants. Vous m’installerez un cosy corner dans le living-room. Je vais faire un super sit-in ici, mon gars. T’appelleras ça du racket si tu veux mais...
- Monsieur ? intervint Georgia.
Le type, qui m’avait agrippé par les revers de mon smoking et balancé son sketch de stand up les yeux right in the eyes, comme s’il allait ponctuer, au finale, son talk-show d’un coup de boule façon Zidane à Materazzi, me lâcha d’un coup et se tourna vers la Miss.
- Ça c’est pour le respect des trente-cinq heures de travail hebdomadaire ! Elle lui balança un premier uppercut qui lui fit éclater son bridge au-dessus de l’eau trouble de la vaisselle.
- Ça c’est de la part des Pom pom girls ! Un deuxième uppercut lui éclata le pif.
Le gars prit encore quelques mandales et s’écroula, knock-out.
- Bravo, Million dollar baby ! Ca lui apprendra a s’en prendre à la championne régionale des poids légers de boxe anglaise. Tu l’as bien customisé, le biker !
***
On l’a sorti sur un brancard, le kidnapper de rade freelance qui venait de subir un lifting gratuit en se faisant simplement remonter les bretelles. On l’a plié en trois et mis dans le coffre de son dragster. On n’est pas chiens, on est fair-play, même. On l’a emmené aux urgences au C.H.U de Pontchaillou et on a prévenu l’accueil qu’il y avait un auto-accidenté dans le coffre d’une bagnole achetée en leasing dont les warnings clignotaient à tout rompre sur le no man’s land de la rampe d’accès à leur club select.
Après, pour Georgia, je ne sais pas mais pour moi le week-end a été cool. Open bar, filles sexy, slows langoureux, jackpot au casino, la routine, quoi.
Non, en fait je déconne, j’ai juste terminé mon puzzle de 1000 pièces dont le modèle est le tableau « Les Patineurs » de Wiliot.
Ca me plaît beaucoup, moi l’inaction, le rocking-chair, la non-violence. Ça ou autre chose... Je suis très peace and love comme garçon ! De toute façon la life est toujours belle dans les best-sellers que j’écris à destination de moi tout seul !
Perte d'emploi par bongopinot
À deux ans de la retraite
L'annonce vient de tomber
Je n’aurais pu imaginer
Cette violence cette défaite
Ce fut comme un coup de massue
Ma tête bouleversée est en friche
Je suis partie pour devenir une quiche
Je cherche désespérément une issue
Mes raisonnements d'hier
Ne sont plus qu'illusion
Mes pensées brouillons
Ne me rendent pas fière
J'ai donc mis ma tête en jachère
Il faut du temps pour avaler
Tout autant pour digérer
Certains moments fort amers
Vous me direz c’est de l’hyperbole
Ça frappe pour rendre knock-out
Et ça avant le mois d’août
Non c’est seulement que je n’ai pas de bol
Laver son linge sale... (Yvanne)
Suzanne et Colette étaient amies d'enfance. En épousant les frères Brun elles avaient consolidé leurs liens en devenant belles sœurs. Les deux couples avaient repris ensemble l'exploitation agricole familiale après la retraite des parents Brun. Chaque ménage avait construit sa maison sur leurs terres communes. Ces habitations étant très proches, les femmes étaient devenues de surcroît, voisines. Elles avaient coutume de s'acquitter de leurs taches ensemble, qu'elles aient trait aux travaux de la ferme ou bien qu'elles soient ménagères. Par exemple, le lundi matin de chaque semaine elles allaient rincer leurs lessives au lavoir communal. Pas encore de machine à laver le linge dans tous les foyers dans les années 60.
Ce jour là les deux amies et donc parentes avaient déposé leurs corbeilles respectives bien remplies et encore fumantes sur la pierre du bassin. Suzanne, que tout le monde appelait « la belle Suzon » était agréable à regarder et surtout à vivre. Toujours de bonne humeur, un mot aimable pour chacun quand elle rencontrait les gens du village. Une grande fille blonde, bien bâtie, vive et bien en chair qui s'acquittait sans problème de son travail à la ferme sans jamais rechigner, même pour les travaux les plus pénibles.
On dit que les contraires s'attirent et c'était le cas pour ces femmes très différentes et cependant inséparables. Colette était petite, brune, tout en os mais nerveuse, facilement irritable et soupe au lait. Tout comme Suzanne, elle abattait sa besogne, souvent ingrate et peu valorisante sans se plaindre. Une taiseuse, dure à la tache.
Suzanne, comme d'habitude faisait les questions et les réponses sans s'occuper de Colette. Elle ne s'avisa pas tout de suite du mutisme prolongé et de la mine boudeuse de sa compagne. Elle finit quand même par se redresser et lever la tête pour observer Colette qui ne broncha pas.
- Oh, tu es malade ? Pourquoi fais-tu cette tronche d'enterrement ?
Pas de réponse. Pas un regard . Mais des grands gestes de brassage dans l'eau du lavoir. Suzanne reprit son travail, songeuse. Il fallait qu'elle tire les vers du nez à sa belle sœur. Les cachotteries et la rancœur entre elles, ça n'existait pas. Elle revint à la charge, bien décidée à en savoir un peu plus.
- Bon Colette, tu ne t'en tireras pas comme ça. Pourquoi tu me fais la gueule ? Qu'est ce qui se passe à la fin ? Tu sais bien que tu peux tout me dire.
Colette lui fit soudain face, rouge de colère.
- Tu le sais bien ce qui se passe. Je ne t'aurais pas crue capable d'une telle saloperie.
- Une saloperie ? Une saloperie ? Quelle saloperie ? Allez vide ton sac un peu qu'on trie.
- Tu crois que je ne vois pas tes manigances ? Qu'est ce que tu faisais samedi derrière une meule de foin ? Et ...en compagnie ?
- Ah ça, c'est la meilleure. Derrière une meule ? Et avec qui ?
- Pas avec Joe sûrement !
Joe, un chouette type dont elles étaient toutes les deux tombées amoureuses il fut un temps. Un chouette type qui savait les charmer de sa belle voix et pas que, certainement. Il n'était pas de chez nous. Il me semble qu'il avait de la famille en Belgique.
Suzanne, interloquée et ne comprenant plus, dit en haussant les épaules :
- Alors va au bout de ton délire. Qui as-tu vu avec moi ? Je crois que tu ne vas pas bien.
- Tu étais avec mon homme. Ne fais pas semblant de tomber des nues.
- Ton homme ? Tu divagues ma pauvre fille. Je faisais pipi et il n'y avait personne avec moi. Tu as dû confondre avec mon ombre. Achète-toi des lunettes.
Alerté par les cris et les invectives, le petit Jeannot qui pêchait un peu plus loin dans le ruisseau, posa précipitamment sa canne et courut jusqu'au village.
- Venez vite. Y a les femmes Brun qui se battent au lavoir. Venez voir un peu ça ! Je crois que la Colette a mis KO la belle Suzon.
Incrédules, les quelques vieux qui n'étaient pas aux champs se précipitèrent, qui en boitant, qui en traînant la patte, qui en courbant l'échine, pour ne rien louper du spectacle. Vous pensez ! Les Brun, ces arrogants avec leur argent ! Ça leur fera les pieds cette honte.
Arrivés au lavoir, tout le monde s'arrêta net. Les deux belles sœurs avaient sauté dans le bassin et s'éclaboussaient comme des gamines en riant. Les regards se tournèrent vers Jeannot qui baissait la tête, bien marri. Il jura mais un peu tard...
Le knock-out du Dr Knock ? (Lecrilibriste)
Le Docteur Knock fut un médecin
Avec la fibre d’un sacré comédien
Pour remplir son cabinet à souhait
De patients qui le désertaient
Il avait élaboré la stratégie
De faire peur de la maladie
A tous les gens de Saint Maurice
Que le bon docteur Parpalaid
S’efforçait de les rassurer
Et les assurer de leur bonne santé
Le Docteur Knock tambour battant
Fit annoncer aux habitants
Que la visite était gratuite
Tout le monde se risqua à consulter
Et le Dr Knock alarmant et menaçant
Avec son visage sinistre
Ses questions folles et redoutables
Et ses sous-entendus impérieux, les affolait
« ça vous gratouille ou ça vous chatouille »
Il disait ça avec sérieux, authentique
Avec l’austérité d’un préposé aux pompes funèbres
Tous ils sortaient KO debout et revenaient,
Bien trop inquiets, se prêter à son diagnostic
Et se laisser manipuler, sans résister
C’est ainsi que le Docteur Knock a triomphé
Jules Romains a campé ce personnage haut en couleurs. L’incomparable Louis Jouvet est resté dans ma mémoire « Le » Docteur Knock inoubliable.
Paysages de K(cha)O(s) (Laura)
Mon grand-père paternel avait fait de la boxe mais je ne sais pas si on l’avait mis K.O. Un jour que, petite fille, je m’étonnais un peu de sa « gueule », il m’a dit que ça venait de la boxe.
Cannelle, quand elle s’était installée, chez Pierre, son premier cul-ocataire, ils fréquentaient tous deux un bar proche de chez lui. Il était tenu par des frères dont l’un était boxeur. Comme Cannelle y allait parfois seule pour d’autres activités que boire un verre avec son amant, elle ne se souvient pas si elle est allée voir le match de boxe seule ou avec Pierre. Elle se rappelle surtout qu’à la Bourse du travail, un boxeur est tombé K.O lors de l’un des premiers matchs. Cannelle a cru qu’il était mort. Elle n’a plus assisté à un combat de boxe.
Avec Daniel, son futur mari, elle est allée voir du catch, avec des paysages de K.O scénarisés : intéressant à voir une fois mais pas au point de renouveler l’expérience. Le plus chaotique avait été les combats de femmes, forcément sexy.
Plusieurs fois, j’ai vu des paysages de chaos qui m’ont mis un peu K.O : mon ancien immeuble écroulé, une ancienne maison incendiée, mes affaires coincées pendant trois ans au Maroc étalées dans une salle de l’usine de mon mari, ma bibliothèque en tas de sacs instables dans mon nouvel appartement.
Maintenant que la douleur et la fatigue (en cercle vicieux) me mette souvent K.O, j’essaie d’ordonner des années d’errance paysagères.
J’espère un jour, pouvoir visiter la demeure du chaos 1 .
1 https://www.demeureduchaos.com/?gclid=EAIaIQobChMIoO-Up-Cs-AIV7pBoCR3RXQLnEAAYASAAEgLzjPD_BwE
Défi #720
Jachère (TOKYO)
Je suis en jachère, ma vie entière est en dormance.
Alors ce matin j’ai voulu me réinventer ;
Séchée, poudrée crémée, parée de sous vêtement DIOR couleur or d’une jupe Perry ELLIS noire mie longue et d’un pull Ralph Lauren bleu marine sur un chemisier de soie blanche je descends l’escalier pour affronter le soleil le vent et recevoir l’ensemencement du monde.
Et là nez à nez avec deux policiers en uniforme l’air très sérieux.
La première chose qui me traverse l’esprit , c’est qu’ils recherchent un violeur et qu’ils vont me demander de rester chez moi de fermer ma porte à double tour.
Bonjour ma petite dame me dit l’un deux.
Vous connaissez votre voisin de palier.
Avez-vous déjà eu des problèmes avec cet homme me dit l’un des policiers ?
Je n’allais pas leur dire que ce voisin en question me fournissait en champignons hallucinogènes
Depuis des lustres et que depuis je ne cessais de voir des écureuils sautillaient sur mon balcon.
Alors tout en candeur je dis non messieurs aucun problème.
Comme je vous l’ai dit ma vie était en jachère
Avec des
s
Écureuils trop bavards.
De la jachère au potager ou les haricots magiques (Laura)
Le propriétaire de notre premier appartement commun avait un terrain attenant en jachère. Un jour, mon mari et notre voisin et meilleur ami demandèrent l'autorisation de travailler cette terre avant d'y semer. Un autre voisin qui avait aussi un terrain, nous avait dit qu'une terre qui n'avait pas été travaillée depuis longtemps devrait bien donner. Ce fut le cas. Je ne goûtais pas les tomates car j'y suis allergique. Par contre, nous eûmes une belle récolte de haricots verts. Mon mari partait le lundi, rentrait un soir de la semaine puis repartait et rentrait le week-end. En son absence, notre meilleur ami et moi, nous mangions des haricots verts chez lui ou chez nous: le midi, le soir, le midi, chauds, en salade, chaud etc. Ils étaient excellents mais ça lasse quand même. Alors quand mon mari rentrait et qu'il était impatient de manger nos bons haricots, nous nous mettions à rire tous les trois.
Jachère amère (Kate)
- J'attends, ma chère
Que votre coeur sorte de sa jachère
Puisque je sais que j'ai eu l'heur
En dansant tout à l'heure
De vous plaire
- Mais Jacques, duc de Nemours
N'avez-vous pas promis votre amour
À la reine d'Angleterre
La Cour n'en fait pas mystère
Et j'en suis si amère
- J'affirme, très chère
Que je vais devoir défaire
Cette fausse rumeur
En temps et heure
Et libérer en retour
Mon coeur si lourd
- J'assume que votre beauté extraordinaire
Cher Duc, s'accorde avec votre galant caractère
Que je ne suis qu'une passion passagère
Qui s'évanouira dès que la chair
Sera repue, mystère aussitôt disparu
J'atteste que je préfère
Mon amour trop cher
Mener une vie austère
Mon coeur ainsi faire taire
À jamais mis en jachère
Dans son inaccessible désert
Plutôt que plaire
Au risque de déplaire
Défi #719, douze ans plus tard, même inspiration que pour le Défi #99...
Merci à tous pour votre merveilleux accueil !
La terre en jachère (maryline18)
La terre se repose,
Hôtel aux portes closes,
Pour qu'un tubercule ose
Le saut d'un virtuose .
Aucun ne s'y oppose,
Pas même, les diseurs de proses .
Elle risque la sténose,
S'assèche et s'ankylose,
Sans qu'il ose... La myose
Et puis la toxicose
Ferment son iris rose.
La terre fait une pause.
Quand elle se surexpose
Espérant la symbiose
Elle récolte l'écchymose .
Quelle âme trop myélose !
Quand elle se sous-expose
Alors sa tête explose,
Craquelle, vient la névrose
Et la voilà morose.
Ma Jachère insolite (Lecrilibriste)
Dans l’angle de ma cervelle en jachère
Des mots se sont posés résignés
Tout Tristes de ne servir à rien
Mais cette jachère insolite
Colorée comme les maisons
De St Pierre et Miquelon
N’attend que le défi du samedi
Pour surgir tout à fait indocile
Prompte à rêver, Difficile à dompter
Pour couvrir des pages encore inexplorées
De coquelicots et de calicot
De centaurées et de censuré
De cosmos et d’éros
De gypsophiles et chlorophylle
De fleurs de lin et de fifrelins
D’aneth et de clarinettes
Et après avoir explosé
Comme une grenade dégoupillée
En mille couleurs
En mille rimes
En mille odeurs
Tous s’en retournent rêver
Dans l’angle de ma cervelle en jachère
En attendant de ressurgir
Et de rosir de plaisir
D’ encore s’entendre interpeller
Dans cet incroyable glossaire