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Le défi du samedi

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23 mai 2015

Participation de Venise

J’aspire à ce qu’il m’ouvre la porte à mon retour  à la maison

Qu’il me sourie

Qu’il me prenne dans ses bras

Qu’il s’informe de ma journée

Qu’il me prépare des œufs à la coque avec des mouillettes de pain grillé.

Qu’il me chante des berceuses peuplées de cinq petits canards ou de trois souris aveugles

Qu’il  rie sottement avec moi en faisant la vaisselle

Attelés au même joug   comme de bêtes dépareillées tirant une charrue

Mais voilà ce très beau garçon a rongé son harnais et je me tire la charrue toute seule

Je suis plantée là dans ce champ si vaste à porter ce fardeau de la vie sans que je n’aie rien demandé

J’en ai marre, marre marre .

Je vais faire en sorte que la force publique le cueille à son réveil un matin

J’en ai assez  d’avoir une tête comme un grenier où il pleut à longueur d’année.

Va rejoindre la valise dans le couloir et va –t-en

J’en ai marre

Mais je n’ai pas pu je lui ai tendu ma main  légère  comme une aquarelle

Il s’est inoculé dans mon corps  comme un venin

J’en ai marre.

C’est parce que je l’aimais toujours que j’ai épousé son fils vingt ans plus jeune que lui.

Mais il était si beau si jeune qu’on me l’a volé sur un parking en plein mois d’aôut.

J’ai vu une jeune fille qui agitait ses bras comme des ailes d’un moulin en venant vers lui.

Depuis j’ai trouvé la sérénité j’ai pris deux chats.

 

ve01

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23 mai 2015

Marre, moi ? (Walrus)

Jamais !

Enfin... en gros.

Parce que si on entre dans les détails...

Mais j'vais pas vous emmerder avec ça, hein, vous en auriez vite marre.

23 mai 2015

En avoir marre, cela arrive à tout le monde (par joye)

23 mai 2015

Minutes du Greffe (Pascal)

« La chienne du voisin a aboyé toute la nuit, Monsieur le procureur. La veille au soir, vers vingt-trois heures, je suis allé sonner chez lui : pas de réponse. J’ai insisté : toujours pas de réponse. A la pluie, coincée sur une sorte de terrasse « emprisonnante », de loin, la pauvre bête me faisait des fêtes. Belle qu’elle s’appelle. Désespérée d’être esseulée, elle gémissait toute sa solitude au vent et aboyait dans la nuit, au moindre bruissement ; seuls ses échos revenants, ses nuisances sonores exaspérantes répondaient à ses appels inconsolables entre les murs du lotissement. J’ai encore sonné, j’ai apporté une poignée de sucres au clebs, j’ai attendu vainement le plus petit signe de vie dans la maison, une minuscule lumière, un bruit, j’en avais marre…  

Ces aboiements me vrillaient les tympans ; c’était pire qu’une punition, c’était  une exécution capitale, la terrible sentence du Bruit. Quand je me recouchais, au moindre jappement, j’avais une sueur pénible qui me submergeait le front ; j’étais comme un otage désespéré. Je concoctais mille plans machiavéliques pour faire taire la bête. Piège, poison, coups de fusil, noyade, rien n’était à la hauteur de toute la folie qui m’envahissait. Je voulais la voler, la charger dans ma bagnole et la perdre loin dans la nature. Je voulais soudoyer quelques tueurs à gages pour s’occuper de la besogne. Je voulais dézinguer le maître pour qu’on donne la source du bruit à quelqu’un d’autre. J’étais un ours en cage, un fauve rugissant, un loup blessé. Abruti de colère et d’impuissance, je repartais sonner chez lui avec une vindicte de bourreau…

Ce n’est pas la première fois que j’allais le voir pour lui demander de calmer son animal, Monsieur le procureur. Pendant l’été dernier, après un échange de civilités aigres-douces, le ton était monté très vite sur une partition d’algarade, surtout qu’il était deux heures du matin ! Enfin, il a daigné rentrer son animal. Il faut dire qu’il avait sa façon de se faire obéir ; je l’observais à travers les volets de ma chambre.  Il lui jetait tout ce qui lui tombait sous la main ! Des pierres, des bouteilles, jusqu’à un lourd madrier qu’il tenait comme un gourdin ! A deux heures du matin, ce pauvre vieux bonhomme en train de donner une leçon de dressage à sa Belle ! Une autre fois, il m’a traité de taré quand j’ai ouvert mes volets à minuit pour lui signifier vertement d’arrêter les aboiements intempestifs de son animal ! ...  

Atteint d’un troisième âge accaparant, il a hérité de ce chien par je ne sais quel hasard de cadeau empoisonné. J’ai entendu dire que c’est sa fille qui l’a sauvé in extremis d’un chenil où il était normalement prévu pour l’euthanasie. Comme son père venait de perdre son vieux clébard, elle en a profité pour lui refourguer celui-là. Avec son geste, elle faisait d’une pierre deux coups ! Elle sauvait la bête de son terrible destin et elle redonnait à son père la saine occupation de s’occuper d’un autre chien. Elle pouvait se ceindre d’une auréole de sainte, la fifille ! ... Depuis, c’est l’enfer dans cette rue du lotissement. Il me semble être le seul dérangé par tous ces glapissements. Boules Quies, somnifères, casques anti-bruit, surdité, tolérance au-delà de l’indulgence, patience, faiblesse, peur : je ne sais pas comment les habitants gèrent ces agressions sonores au quotidien.

Oui, je continue ma déposition, Monsieur le procureur… Cette nuit-là, il n’a pas ouvert et le chien a aboyé toute la nuit. Le matin, je sonnais même chez sa voisine d’en face pour avoir son opinion sur cette nuit désastreuse. J’appris le numéro de tel de sa fille, qu’il avait une pile au cœur avec des problèmes cardiaques et qu’il n’avait peut-être pas envie d’ouvrir sa porte…  

Je partais faire quelques courses ; à mon retour, la situation n’avait pas évolué. Les aboiements du chien continuaient sans fléchir de perturber la quiétude de la rue.

Sa voiture était là ; il avait peut-être pris une attaque, le dresseur nocturne. Je sonnais à sa porte, je téléphonais à la fille : pas de réponse, j’appelais. A part le clebs qui me faisait ses fêtes, tout était silencieux dans la baraque…  

Alors, j’ai mobilisé la cavalerie et à tout le bataclan : j’ai composé le 17. Ils sont venus, ils étaient tous là ! Police Municipale, pompiers, SAMU ! Ils sont passés par-dessus le portail, libéré le chien qui s’est aussitôt enfui, tambouriné à la porte d’entrée ! Ils ont fait le tour de la maison, cherché un passage, défoncé une fenêtre ! Ils ont inspecté les pièces, fouillé le garage, la cave, la chaufferie, le grenier : il n’y avait personne. Des coups de fil s’échangeaient avec des interlocuteurs invisibles, mais j’entendais leurs voix dans les hauts-parleurs des radios. Il n’était pas chez lui, cet enfoiré ! Après enquête, monsieur s’était fait hospitaliser vingt-quatre heures pour qu’on règle sa pile et il avait laissé son chien dehors ! Tu parles d’un maître ! ...  

En fin de matinée, la queue entre les jambes, la chienne est revenue de sa balade. La bonne samaritaine était là. Une autre voisine discutait avec elle. Je me suis approché. Dans la conversation, j’entendais des : « On va s’en occuper ! ... » « Au moindre problème, nous serons toujours là pour lui ! ... » « On le prendra avec nous, le temps qu’il faudra, et surtout qu’il ne se gêne pas ! ... » Décidément, cette dévouée voisine était vraiment une ambulancière, que dis-je : une véritable sainte pour prendre en charge ce vieux monsieur ! ... En fait, elle parlait du chien… Je m’en suis aperçu quand elles ont parlé de croquettes, d’eau et de gamelle…  

Comme si de rien n’était, le vieux Wonderman est rentré chez lui avec sa pile toute neuve. Pas d’excuses au voisinage, pas d’amélioration quant aux aboiements de sa Belle, rien qui puisse justifier un quelconque apaisement.

J’y viens, Monsieur le procureur… Ce fameux jour, très matinal, son clébard y est allé de tous ses trémolos les plus appliqués de chien aboyeur. J’ai appelé le dresseur au tel, je lui demandais poliment de calmer son animal ; j’ai tenté de lui expliquer que le droit de chacun s’arrêtait où commence celui des autres, les rudiments de la politesse, les diverses actions en justice que je pourrais entreprendre avec ses troubles du voisinage, etc. Savez-vous ce qu’il m’a répondu, le old cardiaque ?... « Mon chien s’exprime… » Avant qu’il ne pète sa pile, j’ai pété un plomb, comme on dit ! ...

Voyez-vous, Monsieur le procureur, moi aussi je me suis exprimé ! Ha, ha ! ... J’ai décroché le fusil de chasse, mis deux cartouches dedans et j’ai foncé jusqu’à son portail ! Au premier aboiement, j’ai fumé le clébard ! La Belle connaissait la Bête ! Ha, ha ! ... Quand le vieux a mis le nez à sa fenêtre, je l’ai fumé aussi ! Un carnage ! Du sang partout ! J’ai sauté par-dessus le portillon et j’ai achevé le clebs qui couinait, à coups de crosse ! Le vieux con avait la main sur le cœur comme s’il cherchait la marche forcée de sa pile ! Il respirait en alternatif ! Il m’implorait ! Il me réclamait de la pitié ! Je faisais la sourde oreille !  Ha, ha ! ... J’ai rechargé mon flingue avec des balles pour sangliers ! J’y ai mis deux coups dans la tête. C’est dur à crever, les vieux cons ! Avec les restes de sa trogne, il dégoulinait, le pépé ! ... L’était à plat de sa pile ! ‘Tain, j’aurais bien aimé que la voisine charitable se pointe pour réclamer des nouvelles du chien ; je lui aurais donné un pot de confiture de cervelle du Médor ! Ha, ha ! ... Mais non, elle est restée chez elle ; elle devait regarder Trente Millions d’Amis, cette conne… Sur la terrasse, je me suis installé dans le fauteuil du vieux. Si vous aviez entendu le Silence ! ... Je me suis endormi d’un sommeil de bienheureux ! Et c’est là que vos archets m’ont récupéré, monsieur le procureur… »

Pascal. 

 

PS : Tout est fiction : je n’ai pas encore de fusil de chasse… 

 

23 mai 2015

j'en ai marre par bongopinot

 

Moi j’en ai marre

Est-ce le cafard

Ou ce brouillard

Qui me rend hagard

 

Par-dessus la tête

De mes défaites

Je suis imparfaite

On me maltraite

 

Plein les guiboles

De cette piaule

Du chat qui miaule

Rien n’est plus drôle

 

J’en ai plein le dos

De ce boulot

Et du métro

Je suis ramollo

 

Et puis ras-le-bol

Un petit alcool

Qui me console

Je tombe au sol

 

J’en ai ma claque

De ces arnaques

Alors je craque

Coup de matraque

 

J’en ai ma dose

Des ecchymoses

Besoin d’une pause

Mon corps repose

 

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23 mai 2015

Participation de Nhand

C'EN EST ASSEZ !

 

 

Je ne serai plus ce mouton
Qui t'obéissait sans se plaindre,
Marchait sous tes coups de bâton...
Car c'en est assez de te craindre !

Je ne serai plus ton soumis
De perroquet dans cette cage,
Rabaissé devant tes amis
Chaque jour un peu davantage !

Je ne serai plus ce jouet
Sur lequel se vengeaient tes vices,
Offert à tes coups de fouet,
Malmené par tant de sévices !

Je ne serai plus ton robot
En forme de brosse à reluire ;
Las de te cirer le sabot,
Je redeviens un dur à cuire,
Je te reprends ma liberté,
Ma voix, mon indocilité...
Tu ne pourras plus me conduire !

Vois-tu, le piètre paillasson
En un tapis volant se change...
T'emmener ? Merci, sans façon,
Pas de place à bord pour la fange !

 

 

LOGO NH-PF

23 mai 2015

Le cheval à bascule (Vegas sur sarthe)

Pourtant tout avait bien commencé.

Cette année là - alors qu'Al Capone et son mythe disparaissaient à la fleur de l'âge - naquirent David Bowie, Carlos Santana, Elton John et moi.

Fort heureusement ils n'avaient pas encore la notoriété qu'on leur reconnait aujourd'hui et donc ils ne firent pas d'ombre à mon arrivée.

A propos d'ombre, cette année là on la chercha beaucoup car ce fut une année de canicule, une année comme on les aime en Bourgogne, promesse de grands millésimes avec juste ce qu'il faut d'orages d'été pour relancer la végétation et obtenir une maturité inégalée des raisins.

Pas folle la guêpe, j'avais attendu début novembre et la fin des vendanges - cramponné à mon cordon ombilical - pour pointer ma tronche au sein de ma mère.

Ce n'est peut-être pas ce que j'ai têté de meilleur dans ma vie mais je n'ai pas protesté ni fait la fine bouche, d'abord parce qu'on ne parle pas la bouche pleine et parce que je ne parlais pas encore.

Quand j'ai commencé à le faire, tout le monde s'est pâmé, extasié alors que je n'avais rien d'important à formuler sinon quelques borborygmes qui signifiaient que j'avais faim ou sommeil ou les deux à la fois.

Déjà à l'époque une grande agitation régnait autour de moi, des choses que les grands appelaient des évènements et qui prouvaient qu'on était bien vivants.

Ainsi Fausto Coppi remportait son premier tour de France tandis que dans une autre discipline mais également en jaune Mao Tsé-toung proclamait la république chinoise alors que Boris Vian venait goujatement de cracher sur nos tombes... mais encore une fois je n'avais rien dit car on ne coupait pas la parole aux grands et puis je n'étais pas en âge d'avoir une tombe.

Je n'étais pas du genre à m'insurger et je suis resté assez longtemps ainsi d'humeur égale, flegmatique face aux petits et grands évènements qui survenaient, jusqu'à ce qu'on m'offre ce foutu cheval à bascule en sapin des Vosges.

Malgré bien des tentatives suivies de chutes spectaculaires je n'ai jamais réussi à le dompter, même en tentant de l'étrangler avec la corde de mon bilboquet tout aussi sauvage que lui puisque sa tige ne tomba jamais en face du trou!

A cet instant j'avais senti monter à l'intérieur de moi quelque chose de sauvage, une sorte d'agacement, d'irritation comme une vague d'exaspération venue du ventre et qui venait exploser jusqu'au sommet du crâne... alors j'ai jeté mon foutu cheval sauvage et mon bilboquet aux oubliettes, dans la cave comme on dit chez nous.

 

Le psy me regardait bizarrement: “Continuez”.

Plus tard, ça a été le tour de Margot.

Elle avait fait irruption dans ma vie avec le printemps et mes premiers boutons d'acné; ça faisait beaucoup de bouleversements à la fois et comme je ne pouvais rien contre le printemps et pas grand chose contre ces affreuses pustules (à l'époque l'acné se soignait avec du froid mais chez nous on ignorait les glaçons) c'est cette foutue Margot qui en a fait les frais.

Elle était gironde avec ses nattes blondes et ses grands yeux étonnés mais j'ai vite réalisé qu'elle aussi était indomptable, alors je l'ai rangée à la cave avec mon cheval d'où mes vieux sont venus la sortir en l'entendant chouiner.

Plus je grandissais et plus les vagues d'exaspération se rapprochaient et s'amplifiaient comme si mon ventre avait du mal à contenir une mer en furie.

Puis j'ai été appelé à troquer mes boutons d'acné contre ceux d'un treillis du 42ème régiment de transmissions à Rastatt en Allemagne où je passai une année à contenir mes vagues, bien aidé par cette infâme mixture qu'on appelle caoua mais qui contient avant tout des sédatifs.

Je contenais mes vagues et c'est tant mieux car j'étais trop éloigné de ma chère cave pour pouvoir y séquestrer tout ce qui m'exaspérait: rangers, MAS 36, casque lourd, tout un barda et aussi cette meute de sous-officiers qui aboyait comme de mauvais chiens et que j'aurais volontiers mis au trou.

On disait MAS 36 pour le fusil car parait-il les abréviations font moins peur aux appelés.

Enfin je fus libéré - comme on libère un esclave de ses chaînes - et, retrouvant ma chère cave j'entrai aussitôt dans la vie active après ces douze mois d'inaction.

 

La vie active est une manoeuvre compliquée qui consiste à se lever le matin et à se coucher le soir avec au milieu une alternance de moments d'agitation et de somnolence, de métro et de marche à pied, de grandes contrariétés et d'infimes satisfactions, comme le flux et le reflux des vagues d'un océan qu'on appelle carrière professionnelle.

Dans ce labyrinthe je croisais du matin au soir des Margot de tout poil - je veux dire des blondes, des brunes et des indéfinissables - des sténodactylos, des psychos, des intellos et des chefaillons, sortes de sous-officiers en uniformes d'actifs qui aboyaient comme de mauvais chiens ainsi que des tonnes de paperasses que j'étais censé trier selon d'improbables critères.

Autant dire que mes vagues d'exaspération avaient repris de plus belle et qu'on m'envoya souvent voir ailleurs si on y était!

Le psy avait l'air de dormir, pourtant il répéta: “Continuez”.

 

Pour calmer mes pulsions je trouvais un certain réconfort à “détourner” les plus belles paperasses que j'entreposais au fil des années dans ma chère cave, des bordereaux, des inventaires, des bilans, des tableaux d'amortissement, des récépissés, des fac-similés, autant de noms bizarres qui constituent le langage codé des actifs.

A chaque disparition de document c'était des suspicions, des remontrances et à chaque remontrance, c'était un dossier de plus qui venait alourdir mes étagères parmi les caisses de Chambertin et de Pouilly-Fuissé au point que la place vint à manquer dans ma chère cave.

C'était un signe. Il était temps pour moi de prendre ma retraite, comme on prend le dernier bateau du soir pour l'île d'Alcatraz, temps de quitter la vie active pour cette mer d'huile qu'est la non-activité.

Finies les contrariétés, les brimades, les ricanements mais finies aussi ces vagues d'exaspération sorties de mon ventre et qui venaient exploser jusqu'au sommet du crâne pour mon plus grand bien.

 

Cette fois le psy dormait tout à fait.

Depuis des mois et quand j'eus fini de brûler toute cette paperasse je commençai à m'ennuyer, j'étais comme mort.

Vous comprenez, je suis mort, MORT!!”

J'avais dû crier car le psy ouvrit les yeux, stupéfait de cette rafale soudaine dans le calme plat de son cabinet.

Je lui sautai à la gorge :”J'en ai marre!!”

Il se cabra comme l'avait fait jadis mon cheval sauvage en sapin des Vosges et tout en lançant quelques ruades pour me désarçonner il tenta de hennir, enfin... de crier, alors je serrai du mieux que je pus.

Combien de gens s'évertuent à couper le cordon avec leur psy, ce lien d'accoutumance, de dépendance, un piège, une foutue drogue.

Moi au contraire je serrais comme je pouvais l'invisible cordon de mes doigts.

On devrait toujours avoir une corde de bilboquet sur soi...

 

23 mai 2015

Participation de Fairywen

Marre.

J’en marre… mare aux canards… canard de bain… bain de mer… Mer de la Tranquillité… tranquillité volée…

J’en ai marre… d’en avoir marre !!

Illustration défi 351 du samedi 16 mai 2015

16 mai 2015

Défi #351

J'en ai MARRE !!!!

J'en ai marre

Ça peut arriver à tout le monde !

Confiez vos récriminations à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

 

16 mai 2015

Sont passés à la caisse

16 mai 2015

Surprise (MAP)

Ernst fit halte lui aussi, un peu à l'écart,

derrière un rideau d'arbres

  et observa l'homme qui,

une fois la caisse déchargée du camion,

l'installa dans la prairie.

Ce dernier en souleva alors doucement

le couvercle  ...

..............

Un mouton en sortit et commença

à brouter avec appétit l'herbe haute et drue !

Cela ne fut pas sans rappeler à Ernst Kuzirra

une histoire bien connue ...

Etait-ce le même mouton  ???

 

Mouton

 

Clin d'oeil

16 mai 2015

Qu'est-ce qu'on encaisse ici !

Quelques jours après avoir pris possession de sa somptueuse villa, Ernst Kazirra, rentrant chez lui, aperçut de loin un homme qui sortait, une caisse sur le dos, d'une porte secondaire du mur d'enceinte, et chargeait la caisse sur un camion.

Il n'eut pas le temps de le rattraper avant son départ. Alors il le suivit en auto. Et le camion roula longtemps, jusquà l'extrême périphérie de la ville, et s'arrêta au bord d'un vallon.

L'homme quitta la cabine du véhicule, le contourna et ouvrit la ridelle. Il s'empara de la caisse et la balança sur la pente d'une poussée vigoureuse. Tandis qu'il rejoignait le véhicule, la caisse dévalait le flanc du vallon en rebondissant de ci de là. Elle finit par s'écraser contre le tronc d'un aulne.

Le camion disparu, Ernst quitta sa voiture et descendit la pente, prudemment car elle était assez forte. La caisse avait souffert et ses planches s'étaent disjointes. Ernst acheva d'en arracher quelques unes : que pouvait bien contenir cette caisse ?

Des boîtes ! Des dizaines de boîtes, des centaines de boîtes ! Toutes pareilles : des boîtes contenant des casse-tête chinois, ces tas de bouts de bois qui s'emboîtent et se déboîtent et qui, malgré tous vos efforts vous laissent toujours avec d'un côté un assemblage incertain et de l'autre, l'une ou l'autre pièce apparemment surnuméraire.

Des casse-tête chinois! Des casse-tête chinois fabriqués en Finlande, dans un bois dont on ne faisait manifestement pas des flûtes.

"Juste bon à brûler" pensa Ernst et il sortit son briquet pour concrétiser son idée. La matière était parfaitement sèche et le feu prit facilement puis se propagea rapidement à l'ensemble du colis.

De hautes flammes claires s'élevaient maintenant, Ernst ébloui commençait à voir la vie sous un autre éclairage. Il tourna le dos au brasier, devant lui, les flammes projetaient au sol un ombre immense, l'ombre d'un géant !

Le Roi des aulnes !

Un destin qui, somme toute, en valait bien un autre

Qui chevauche si tard dans la nuit et le vent ?
C'est le père avec son enfant... "

Mais, il n'avait pas d'enfant...

 

Bah, il en volerait un !

Erlkönig_Carl_Gottlieb_Peschel_1840_Goethe

 

16 mai 2015

Vous l'aurez voulu (Vegas sur sarthe)

Quelques jours après avoir pris possession de sa somptueuse villa,

Ernst Kazirra, rentrant chez lui, aperçut de loin un homme qui sortait,

une caisse sur le dos, d'une porte secondaire du mur d'enceinte,

et chargeait la caisse sur un camion.

Il n'eut pas le temps de le rattraper avant son départ.

Alors il le suivit en auto. Et le camion roula longtemps,

jusquà l'extrême périphérie de la ville,

et s'arrêta au bord d'un vallon.

 

(Dino Buzzati "Les journées perdues" in "Les nuits difficiles")

 

La caisse semblait lourde à porter, si lourde que l'homme dut la poser et s'asseoir dessus pour reprendre son souffle.

Comme il s'épongeait le front avec un grand mouchoir à carreaux en soufflant bruyamment, Ernst s'approcha de lui : “Je peux vous aider?”

C'était un petit homme ordinaire, bâti de guingois et très poussiéreux tout comme la caisse qui le supportait.

Le petit homme toisa Ernst, s'attarda sur l'élégant costume trois pièces et les chaussures vernies avant de bredouiller: “Euh... c'est mon défi”.

Il avait insisté sur le 'mon' avec un fort accent d'un pays d'Europe centrale... “croate ou serbe” songea Ernst.

Quel défi pouvait bien s'imposer ce petit homme ordinaire au point d'être obligé de charrier cette caisse assurément sortie de chez lui?

Et que contient-elle de si pesant?” demanda Ernst en décrivant un cercle circonscrit autour d'elle puisqu'elle était rectangulaire comme bien des caisses.

Le petit homme s'était cramponné à sa caisse comme à un radeau de survie avec ce réflexe qu'ont les gamins à qui l'on s'apprète à confisquer leur jouet.

C'est mon défi de la semaine passée qui a fait des petits” dit-il d'une voix basse, comme si on venait de lui arracher un inavouable secret.

Je ne comprends rien à tout ça” répondit Ernst, agacé par tant de mystère.

Le petit homme se glissa sur un bord de la caisse qui en comptait justement quatre: “Assieds-toi là sur un bord” dit-il “je vais tout t'expliquer”.

Le tutoiement surprit Ernst mais il s'assit tout de même sur un bord à côté du petit homme ordinaire, trop impatient de connaître son secret pour s'offusquer de tant d'impolitesse.

 

Ainsi le petit homme venait d'hériter par malheur d'une géode de Célestite qu'on appelle “Pierre des anges”, une pierre magique qui s'était mise à se reproduire à chaque lever du soleil.

Aux dires du garçonnet qui lui avait confiée, la pierre s'était “fâchée” alors qu'il tentait d'entrer en contact avec les anges au moyen de son smartphone... une sombre histoire de mise à jour d'un logiciel androïde à laquelle il n'avait rien compris?

Avant de risquer d'être enseveli sous une montagne de pierres ensorcelées le petit homme les tenait enfermées dans l'obscurité de la cave qu'il squattait jusqu'à ce qu'il apprenne la vente de la villa.

Il avait alors dû charger à la hâte toute cette encombrante famille et tentait maintenant de la mettre au frais mais surtout dans le noir en un autre lieu hospitalier.

Vous ne connaîtriez pas une villa inoccupée dans la région?” demanda le petit homme ordinaire sans se démonter, tout comme sa caisse.

Ernst n'en croyait pas ses oreilles, pas plus la gauche que la droite :”Et où ce garçon a t-il trouvé une telle pierre?” demanda t-il.

Le petit homme se gratta longuement le menton, fourrageant sa barbe de trois jours d'où quelques souvenirs finiraient bien par remonter en surface. Ernst s'impatientait, peu enclin à la pêche aux souvenirs.

Il a parlé d'un marchand... naturaliste... un certain Hertz... ou Hartz” finit-il par dire.

Ernst éclata :”Hartz? Alexis Hartz? Incroyable! Mais c'est mon beau-frère!”

Le petit homme avait fini de se gratter le menton, observait curieusement ce dandy en costume trois pièces et chaussures vernies qui gesticulait au bord du vallon et dont le beau-frère commerçait d'étranges pierres.

 

Le soir allait tomber sur les deux hommes singulièrement assis aux bords de la caisse quand Monsieur Hartz arriva sur un vélo d'un autre âge, un de ces vélos qu'on juge aux plaintes qui s'en échappent à chaque laborieux coup de pédale et qu'on s'attend à voir tomber en poussière...

Jetant à terre le vieux clou, il retira vivement les pinces qui emprisonnaient ses maigres mollets et tenta de recoiffer l'unique mêche de cheveux gris :”Ouvrez-moi vite cette caisse!” ordonna t-il au petit homme ordinaire.

Vous l'aurez voulu” dit ce dernier en jetant un regard inquiet vers le soleil toujours présent.

Pendant qu'il s'acharnait à déclouer un bord de caisse avec les moyens du bord, M. Hartz avait sorti d'une sacoche un bol de cuivre - peut-être de bronze - et une mailloche en bois, assurément de bois.

Que vas-tu faire?” demanda Ernst à son beau-frère tout en restant à distance respectable comme le font les gens en costume trois pièces et chaussures vernies.

Déjà le maillet tournait doucement sur l'arête du bol qui - vibrant sous le geste précis, circulaire et méthodique - libéra un son étrange, à la fois harmonique et inharmonieux.

Je dois nous réconcilier avec les pierres des anges” murmura M. Hartz en tournant le maillet d'une main comme pas deux...

 

Quiconque serait venu au bord du vallon ce soir là aurait pu observer l'étrange scène de trois hommes penchés sur une caisse d'où sortaient des fulgurances bleutées au son d'une singulière musique d'une richesse incomparable.

Sur l'horizon rougi du soleil couchant, un minuscule point noir se détachait, la maigre silhouette d'un gamin occupé à tapoter sur son smartphone.

Alors la musique mourut... un ange passait.

 

16 mai 2015

Mais qu'est-ce qu'il y a dans ces caisses ? par bongopinot

bo01

 

Quelques jours après avoir pris possession de sa somptueuse villa,

Qu’il avait découverte un jour d’été où il vadrouillait rue des lilas

Ernst Kazirra, rentrant chez lui, aperçut de loin un homme

A l'allure athlétique aux pas assurés et aux muscles énormes,

 

        Qui sortait, une caisse sur le dos, d'une porte secondaire, 

Du mur d'enceinte, en véritable homme des lieux, en expert.

Et chargeait la caisse sur un camion avant de s’apprêter à partir.

Ernst hagard se demandant ce que cet individu faisait, se mit à courir

 

Il n'eut pas le temps de le rattraper avant son départ.

Il finit par se retrouver près de son véhicule, alluma un cigare.

C'est alors qu'il le suivit en auto. Et le camion roula longtemps,

Jusqu’à l'extrême périphérie de la ville, là il ralentit un instant

 

Et s'arrêta au bord d'un vallon. Ernst sortit de son auto

 Et se rendit vers le camion et se posta près d'un petit écriteau

Il observa l'homme qui semblait heureux de jeter la caisse dans le ravin

Il s'en suivit un lourd fracas et un amas de poussières dans le matin

 

Ernst rejoignit l'homme qui souriait, pour comprendre ce geste

L'homme prénommé monsieur Pierre était un manutentionnaire modeste

Monsieur Kazirra était quant à lui un bien triste homme d'affaires

Rien ne les prédestinait à cette rencontre loin de la ville de lumière

 

Ils se retrouvèrent et il s'en suivit une discussion un peu houleuse

Pierre expliqua que toutes les années les plus venteuses

Il récupérait ses caisses dissimulées chez tous les habitants

Il reprenait ce qui lui appartenait, qu'il n'y avait là rien d’inquiétant

 

Que toutes ces caisses renfermaient tous les combats, les malheurs,

Et aussi les moments heureux, tous ces petits instants de bonheurs

Et quand il jetait toutes ces caisses le mauvais était de suite englouti

Et tout le bon s’envolait pour être redistribué dans d'autres logis

 

Pour que l’existence soit plus douce et qu'il n'y ait plus de nuits difficiles

Ni même de journées perdues à la recherche de choses impossibles

Pour que chacun ait des moments joyeux ou un destin d'exception

Mais certains endroits du monde sont oubliés et c'est la désolation

 

16 mai 2015

Participation de Venise

A cet instant je me suis rendue compte à quel point ma vie merveilleuse n’avait été qu’un long supplice.

L’urne de ma mère venait d’être volée.

Étant donné les dangers que représentaient les sépultures, j’avais opté pour l’incinération.

On m’avait déconseillé un investissement lourd.

Dés mon enfance ma mère me répétait à longueur de journée

 tu  perds  tout tu ne sais rien garder !!!!

Pour une fois je ne pouvais pas lui donner tort.

Au lieu de voler cette urne cet abruti n’avait qu’à frauder le fisc comme moi

Qui magouille ma feuille d’impôt avec mon avocat.

Ça parait idiot mais il doit avoir un revenu à la mesure de son intelligence  pour voler un tas de cendre.

Quand le conducteur sortit de son véhicule, je me suis surprise comme une conne à lui dire.

Vous avez de la chance de tomber sur moi. Pensez à celui qui aurait pu vous trouer le corps avec son chargeur.

 Le type se mit à rire et me dit qu’il était grec.

Comme le hasard est astucieux, ma mère voulait que je répande ses cendres sur l’acropole.

Je n’ai rien dit j’ai fais marche arrière en me disant que je venais de faire l’économie d’un  billet d’avion et j’ai disparu  comme dans un nuage de lait. .

 

ve01

 

16 mai 2015

Instruzione al dente, ne fût-ce Al-Jazeera (par joye)

Obsession-Eau-de-Parfum-SprayQuelques jours après, et non pas avant…

avoir pris possession, ne fût-ce Obsession…pour mieux vous mettre au parfum...

 

mme Pancho Villa

 

de sa somptueuse villa, et non pas la somptueuse madame Pancho Villa,

qui ne portait pas de parfum, dit-on…

 

 

 

Ernst Kazirra,à ne pas confondre avec Al-Jazeera…

aljazeera

rentrant chez lui, et non pas chez Luigi…

luigi 

 

un_chien_andalou01aperçut de loin, parce qu’on n’aperçoit pas de près, même quand ça crève les yeux…

un homme, si c’est un homme, vaudra mieux demander à Primo Levi…

Primo-Levi-007

qui sortait...(c’était son sort, cette sortie)…

une caisse – qu’est-ce, vous pouvez vous le demander…

 

 

 

 sur le dos, de sa clarinette, cela va de sol...

 

zik

 

d'une porte secondaire, car une porte au primaire, c’est élémentaire…

holmes

 

 

pregnant wall du mur d'enceinte, et ça de neuf mois, au moins,

 

et chargeait la caisse maintenant cassée parce que caisse cassée est une question de base…

sur un camion. Un seul, voyez-vous, car c’est en camiant que nous camions. CQFD

 

 

Il n'eut pas le temps de le rattraper avant son départ.

Eh oui, on dit ça…c’est comme écrire « J’aurais mis ci-joint les vingt euros que je te dois,

mais j’ai oublié de le faire avant de sceller l’enveloppe…

 

Alors il le suivit en auto, car l’auto Pilote…

pilote

Et le camion roula longtemps – bah oui, c’était un camion Bontan, et tout le monde sait qu’il faut laisser rouler le Bontan…

jusqu’à l'extrême périphérie de la ville – c’est ça, le Front National, plus extrême que ça, tu crèves un pneu, voire beaucoup…

et s'arrêta au bord d'un vallon…car s’arrêter plus loin au milieu du vallon aurait été trop tard...

***

P.-S. :

Oh dis donc, je viens de m'arpercevoir que je devais terminer l'histoire...

Mais, hélas, trop tard !

J'aurais mis ci-joint ma fin, mais j'ai déjà scellé l'enveloppe...

16 mai 2015

Participation de Droufn

Si Ernst retrouve le type qui a pris une caisse prévenez moi, j'aimerai bien savoir s'il avait la gueule de bois.

Merci

16 mai 2015

Reconversion (Célestine)

Quelques jours après avoir pris possession de sa somptueuse villa, Ernst Kazirra, rentrant chez lui, aperçut de loin un homme qui sortait, une caisse sur le dos, d'une porte secondaire du mur d'enceinte, et chargeait la caisse sur un camion.

Il n'eut pas le temps de le rattraper avant son départ. Alors il le suivit en auto. Et le camion roula longtemps, jusqu’à l'extrême périphérie de la ville, et s'arrêta au bord d'un vallon. 

Ernst se dit qu’il allait peut-être trouver là de quoi racheter sa vie d’ancien patron de la pègre. Et  que, s’il livrait aux condés cette petite frappe, qui venait de lui tirer le joyau de sa « collection privée », une œuvre qu’il avait subtilisée des années auparavant au musée de Nice, il deviendrait un héros national en restituant l’œuvre aux autorités. 

A vrai dire, il voulait se ranger des voitures. Il en avait sa claque des trafics louches, des soirées interlopes et des règlements de comptes dans des bains d’hémoglobine. Celui qu’on appelait « le Boss» ne rêvait plus que d’une chose : couler des jours paisibles dans sa villa de Cap Martin, sans être obligé de garder contre son cœur son calibre à canon scié, et des as de pique dans les manches.

L’homme à la caisse s’approcha du vallon et sortit précautionneusement la statue qui jeta des éclairs d’or mauve dans l’air du soir. Un splendide bronze du XVII° siècle représentant un enfant tenant un poisson. Tout à sa jouissance d’admirer l’objet convoité, l’homme n’eut pas le temps de dire ouf. Ou plutôt si. Il fit ouf sous la violence du crochet au foie que lui dégota Ernst. Celui-ci avait gardé de bons reflexes et savait encore surprendre par-derrière n’importe quel adversaire.

 Pour une fois, tout se passa selon ses plans.

Bien des années plus tard, Ernst Kazirra se remémorait ces derniers événements de son ancienne vie, tout en tirant sur un havane avec une mine de nabab. C’était bon d’être un rentier honnête, finalement. Il ouvrit son ordinateur. C’était l’heure où il officiait sur un site en tant que webmaster. Il distribuait les sujets et gérait les participations sous le pseudo de Walrus. Et il n’y avait guère qu’une obscure blogueuse de seconde zone pour l'appeler encore « le Boss ».

16 mai 2015

Participation de Fairywen

 

Étrange voleur.

 

Avec difficultés, l’homme sortit la caisse du camion. Il la manipulait avec précautions, comme si elle contenait tout un service en porcelaine. Essoufflé, il s’arrêta un instant et essuya la sueur qui coulait sur son visage. Puis il ouvrit précautionneusement l’avant de la caisse ? Ernst ouvrit de grands yeux stupéfaits en voyant des dizaines, des centaines de papillons s’en échapper. Abasourdi, il s’avança d’un pas. Le spectacle était si captivant qu’il ne s’aperçut pas que l’homme le regardait et sursauta lorsqu’il l’interpella.

— Eh bien, monsieur Kazirra, ne restez pas planté là, venez plutôt m’aider ! C’est que cette fichue caisse est diablement lourde, vous savez.

— Mais… d’où viennent ces papillons ?

— Comment ? Vous ne les reconnaissez pas ? Mais ce sont tous ces malheureux papillons épinglés dans des boîtes sur les murs de la maison de votre oncle ! Vous savez, la magnifique villa dont vous avez héritée. Ils sont quand même mieux dans la nature, vous ne trouvez pas ?

— Mais… ces papillons… ils étaient morts…

— Et moi je suis là pour leur redonner la vie. M’aiderez-vous, vous qui aimez tant les animaux ?

— Oui, bien sûr…

Un peu dépassé par les évènements, Ernst aida l’étrange voleur à remettre la caisse dans le camion avant de remonter dans sa voiture et de reprendre le chemin de sa maison. Comme dans un rêve, il aida son visiteur à mettre d’autres boîtes à papillons dans la caisse magique pour les emmener au vallon enchanté.

 

Le soir venu, Ernst était fourbu, mais ravi. Juste après le dernier voyage, le magicien avait disparu avec sa caisse et son camion. Assis sur un rocking-chair sous sa pergola fleurie, un chat sur les genoux et deux autres sur le dossier de son siège, il profitait l’esprit en paix de la douceur de cette belle soirée d’été.

 

Illustration défi 350 du samedi 9 mai 2015

 

 

16 mai 2015

La caisse (Lorraine)

Quelques jours après avoir pris possession de sa somptueuse villa,
Ernst Kazirra, rentrant chez lui, aperçut de loin un homme qui sortait,
une caisse sur le dos, d'une porte secondaire du mur d'enceinte,
et chargeait la caisse sur un camion.
Il n'eut pas le temps de le rattraper avant son départ.
Alors il le suivit en auto. Et le camion roula longtemps,
Jusqu’ à l'extrême périphérie de la ville,
et s'arrêta au bord d'un vallon.

Là, il descendit, s’étira longuement avec délices, écouta un instant les trilles d’un pinson puis se mit à l’ouvrage.

Il sortit la caisse du camion., l’ouvrit, eut le sourire : la superbe table des comtes de Lapoudrière , achetée à prix d’or par Ernst Kazzira, avait bien supporté le voyage. Il l’installa dans le pré,  la revêtit d’une nappe à carreaux, dressa le couvert, déballa son pique-nique et ouvrit le litron de rouge. Ensuite il déjeuna.

Ernst Kazzira , stupéfait, assistait à la réalisation d’un rêve : une heure d’illusion volée au quotidien monotone, devenir, le temps d’un repas, ce comte de Lapoudrière et manger à sa table. Comme une revanche.

Après ? Qu’importait l’après ?...

 

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