G comme gabegie (participation d'Adrienne)
Le père chante dans une chorale de copains, ce qui signifie, selon la mère, qu'il ne suit la messe que de très loin, là-haut dans le jubé, où - elle en est sûre - il préfère papoter avec l'organiste plutôt qu'écouter le sermon du curé.
- Mais qu'est-ce que tu en sais, répond-il en haussant les épaules.
- Je le sais parce que je vous entends! On vous entend bavarder jusqu'en bas!
- Ça, dit le père, c'est José.
C'est vrai que l'ami José a une voix de stentor, alors que le père maîtrise l'art du chuchotement.
Deux ou trois dimanches dans l'année, le père est obligé de suivre la messe sans les copains: c'est quand la famille est en vacances au camping en France. Ces matins-là, le père, la mère, le fils et la fille sont toujours parmi les premiers arrivés et si assidument présents dans les premiers rangs, année après année, que le curé de la paroisse a demandé à la mère de bien vouloir faire la première lecture.
- Mais je suis Belge! a répondu la mère, comme s'il y avait un rapport.
- Et alors? a dit le curé, vous êtes Belge mais vous savez lire, je suppose?
Alors la mère a accepté, l'honneur de la patrie était en jeu.
Puis quand venait le moment de la quête, le père faisait rire la fille en lui chuchotant chaque fois cette petite phrase, au moment où il lui remettait la piécette à déposer dans le panier:
- Et ne pas tout dépenser en même temps, hein!