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Le défi du samedi

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29 juillet 2023

Défi #779

779

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29 juillet 2023

Ont eu la tête près du bonnet

pas cons

P1000122

 

joye ; Kate ; Walrus ; Joe Krapov ;

 

 

 

 

 

29 juillet 2023

Pas encore tout à fait amnésique. 4, Bilan carbone et poudre blanche (Joe Krapov)

DDS 778 bonhomme de neige familial

Dans l’histoire de l’humanité, parmi les huit milliards d’êtres humains que porte cette planète, nous n’avons pas plus d’importance, les un·e·s et les autres, que le bonhomme de neige qui figure sur cette vieille photo en noir et blanc.

Mais à écouter les bavards impénitents des radios et télés, les Savonarole modernes, les contempteurs , les accusatrices, les imprécateurs, nous sommes quand même les responsables et coupables du réchauffement climatique. Surtout si nous sommes nés avant 1980 !

Alors oui, il est temps de passer aux aveux : j’ai, moi aussi, un bilan carbone !

Je ne suis pas là pour raconter ma vie mais le travail de numérisation de photos et de diapositives auquel je me livre depuis que je dispose de plus de temps libre m’en apporte la preuve ultime : j’ai voyagé.

« J’ai voyagé de Brest à Besançon, Depuis La Rochelle jusqu’en Avignon, De Nantes jusqu’à Monaco, En passant par Metz et Saint-Malo » chantait déjà Graeme Allwright alors que Greta Thunberg était tout sauf née et que le seul type intéressé par les soulèvements de la terre s’appelait Haroun Tazieff. Il était volcanologue.

Il se trouve que je suis passé par Longchaumois, Tignes et La Bourboule et j’en viens à me demander si ces vacances d’hiver que nous prenions au siècle dernier n’étaient pas, outre une réponse à une incitation sociétale à la consommation de séjours dans des contrées montagneuses autant qu’enneigées, une recherche inconsciente de cette magie blanche de 1963 ou de cette aventure liée au premier voyage effectué en dehors de la famille : la classe de neige du collège Franklin de Lille.

Classe de neige du lycée Franklin (Philippe

Quoi qu’il en soit et quoi qu’il m’en coûte je vais recourir à mon aide-mémoire préféré pour ce "plaider coupable", pour cette autocritique rigolarde d’aérodromophobique n’ayant jamais pris l’avion. Dans ma liste de négatifs noir et blanc et couleurs et de boîtes de diapositives, voici, mesdames et messieurs les juré·e·s, les années et les endroits où je suis allé, en voiture ou en train, pratiquer le ski de descente, le ski de fond, la raquette, la raclette – autant celle qui consiste à déglacer le pare-brise que le plat régional savoyard renommé - et le gadin dans la poudreuse :

1966 Tignes Les Brévières (Savoie)
1967 Entremont (Haute-Savoie)
1977 Bogros par Messeix (Puy-de-Dôme) avec ski sur le plateau de Charlannes au-dessus de La Bourboule)
1978 idem
1979 idem
1980 idem
1981 idem
1981 Le Grand Bornand (Haute-Savoie)
1982 Bogros par Messeix (Puy-de-Dôme)
1984 Longchaumois (Jura)
1985 Longchaumois (Jura)
1987 Les Rousses (Jura)
1989 Lans-en-Vercors (Isère)
1991 Compains (Puy-de-Dôme)
1992 La Garandie (Puy-de-Dôme)
1994 Longchaumois (Jura)
1995 Serre-Eyraud (Hautes-Alpes)
2000 Prémanon (Jura)
2001 Les Rousses (Jura)
2002 Puget par Saint-Eustache près du lac d’Annecy (Haute-Savoie)

En attendant mon prochain procès relatif à mes oedipiens « déplacements pour voir la mer » vous pouvez désormais, mesdames et messieurs les juré·e·s, vous retirer pour délibérer sur mon pendable cas. Le temps que vous preniez une décision, juste ou pas, j’aurai, comme les trois enfants et le bonhomme de neige de la photo, disparu ou fondu !

Que je sois coupable où non, qu’on m’envoie « ballader » ou qu’on m’envoie me faire pendre, ça n’est pas ça qui vous dira où elles sont passées, les neiges d’antan ! 

29 juillet 2023

De septembre à décembre (Kate)

De septembre à décembre

- Valérie !

- Chéri !

- Tu es dans la cuisine ?

- Oui, je bouquine...

- Cerise est partie ?

- Chez une amie.

- C'est bientôt son anniversaire...

- Simon, c'est en septembre !

- Qu'est-ce qu'on va faire ?

- On avait parlé du voyage en Laponie...

- En décembre ?

- Ben oui !

- Mais elle croit plus au Père Noël,

Elle va avoir huit ans, la belle !

- Elle adore les rennes, la neige, la nuit...

- Mais pas le froid !

- Écoute, j'ai trouvé, je crois...

- Huit ans déjà

Que je suis son papa !

- Tu as pensé à une idée de gâteau ?

- Justement je regardais des photos.

0-3

0-2

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- Celles-ci ?

Mais tu les as faites ici ?

0-5

- Dans la chambre de Cerise

Quand elle est partie chez Élise.

- Ah, ses stylos,

elle les trouve beaux.

Attends, je cherche sur internet...

Regarde ce gâteau, il est chouette !

- Avec cette foule

de bonhommes de neige, de boules ?

- Sûrement remplies de chocolat !

- Et elle adore ça !

- Je vais appeler Ernest.

- Ton frère ?

- Oui, il saura faire...

- Le même que sur Pinterest ?

Pour ses huit ans

Ça sera géant !

Et le rouge est sa couleur

préférée...

- Celle du bonheur

Simon, pas vrai ?

- Je réserve le voyage chez les Lapons

Beau cadeau, non ?

- On emmène ton père ?

- Je le préviens à temps

dès maintenant

pour qu'il se libère.

- Allez, en piste,

J'ai trouvé une playlist

Pas triste !

 

 

 

 

29 juillet 2023

L'été en poésie : le limerick (joye)

Un limerick est un poème humoristique, à l'origine en anglais, de 5 vers rimés (rimes aabba), de caractère souvent grivois, irrévérencieux ou irréligieux. Le rythme du limerick se fonde sur les accents toniques, et est totalement indépendant du nombre de syllabes. Les deux premiers vers ont trois accents, et riment entre eux ; Les deux suivants ont deux accents, et riment entre eux. Le dernier a trois accents, et rime avec les deux premiers. C'est généralement dans ce dernier vers que se trouve la « pique » irrévérencieuse ou paradoxale, à laquelle les premiers vers préparent le terrain.

IV.

À Noël, il faut un dessert
Qui épate, comme il faut, l'insincère !
Un joli manège
De bonhommes de neige ?
Doux Jésus ! Heureux anniversaire !

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29 juillet 2023

Ah, les gadgets ! (Walrus)

 
Dans le coin supérieur droit de l'écran de mon ordinateur, une petite fenêtre fait défiler des images pêchées de façon aléatoire dans mon classeur "images". Le programme qui gère cet affichage s'appelle un "gadget". Il en existe toute une série qui affichent des choses aussi aussi étonnantes qu'inutiles.

Bref c'est le gadget dont question ci-dessus qui a affiché la photo que j'ai choisi de publier pour ce défi. Par parenthèses, la façon dont le machin génère le choix "aléatoire" d'affichage laisse un brin à désirer : ce sont régulièrement les mêmes images qui sont élues. Assez normal : ce n'est pas évident pour un programme de générer une série de nombres vraiment "aléatoires".

Mais passons !

Me voici donc avec ma photo et je vous la propose. Tout simple...

Sauf que (c'est bien moi ça) il me prend l'idée de compter les boules de chocolat blanc fabriquées par Émilie, l'aînée de mes petites-filles.

Huit !

Bizarre...

Généralement nous sommes dix ou onze (selon que Borys ait une petite amie ou non à ce moment-là) pour le rassemblement familial de fin d'année.

Du coup, il m'a fallu localiser l'endroit où cette photo avait été stockée, consulter les autres pour constater qu'effectivement en 2016, Borys et sa grand-mère Malgorzata étaient absents de la fête. Là, j'aurais dû enquêter pour retrouver les raisons de leur absence, mais j'y ai renoncé : ça me foutait les boules !

 

22 juillet 2023

Défi #778

 

778

22 juillet 2023

Ont scruté l'horizon

22 juillet 2023

Ah, la photo ! (Walrus)

 
Sur la photo-sujet 777, on pourrait croire que ce petit édifice sur son tas de granit est proche du rideau d'arbres de l'arrière-plan, mais il n'en est rien comme on peut le constater sur celle de la liste des participants 7772 .

On s'aperçoit également que le tas de granit est plus important que prévu. Bref, la photo, on lui fait dire ce qu'on veut. Et encore, ici, il n'est question que de position et d'angle de prise de vue... alors je vous dis pas avec les programmes de traitement d'images modernes !  Faut pas croire tout ce que montrent les photos !

Nous vivons bien à l'époque des fake news et tromperies en tous genres !

Même le français semble avoir perdu toute sa proverbiale rigueur ! Parce que dans ma phrase là-haut, vous pouvez me dire si ce sont les images ou les programmes qui sont "modernes" ? Hein ?

Quoi ? C'est mon français qui est bancal ? Vous n'avez peut-être pas tort, j'aurais dû me rappeler l'injonction de Boileau : "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" ! mais que voulez-vous, j'aime pas le petit Nicolas.

Bien sûr, en tant que scientifique, je ne puis trouver son conseil que plein de bon sens, mais que peut bien faire ce machin dans un ouvrage dédié à l'art poétique ? Je ne vois aucune poésie là-dedans !

Je m'en vais vous écrire un alexandrin à la mode Boileau :

"Veux-tu mon pied au cul, ou mon poing sur la gueule ?"

Je me demande si je vais grimper au Parnasse avec ça...

Quoi ? C'est bancal aussi ? Le "e" final de gueule ne serait pas muet ? T'as jamais écouté Johnny toi ? Mais bon, allez remplaçons  "la gueule" par "le pif "(ouais, là, ça fait gadget mais c'est toi qui l'as voulu), ça augmente mes chances ?

 

Oui, joye ?...

Où c'est ?

Cet édicule s'appelle "La sentinelle", c'est de là qu'on surveillait la mer depuis Port Blanc (Côtes d'Armor). Devenu inutile, on l'a transformé en oratoire.

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P.S. : Vous voyez sur la vue satellite que les arbres dont je parlais au début se situent à l'amorce de la langue de terre séparant la plage de Port Blanc de celle du Voleur.

 

 

22 juillet 2023

LE CHRETIEN (TOKYO)

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Quand j’ai vu la lumière, j’ai su qu’un chemin se dessinait. ce sont ces premiers mots. Puis il s’est assis sur ce banc. Je n’avais pas cessé de l’observer.

 La nuit dernière un rocher entier s’était effondré. ENSEVELI SOUS DES GROS ROCHERS il était arrive jusqu ‘ici .

On avait soi-disant sauvé tous les habitants des décombres.

Pourtant, on pouvait observer du plâtre sur sa veste usée. Il ne paraissait pas convenable que je l’aborde de front.

Sans nul doute il venait de vivre un évènement qui avait mis sa vie en péril.

Le recours à une langue ne me paraissait plus du tout approprié. On aurait dit que toutes ses journées s’étaient évanouies dans l’air et que cette dernière journée avant la nuit le retenait prisonnier. Les heures que j’ai passées à ces côtés dans ce silence retenaient les mots comme on garde dans un musée un objet d’art.

Cette nécessité de faire silence s’imposait d’emblée, comme si ce fracas avait cassé sa mémoire.

Pourtant ce qui s’était produit était derrière lui, mais j’ai tout de suite eu l’intuition que cette explication ne serait pas suffisante pour le faire parler. Le récit de l’effondrement du rocher contenait peut-être une partie de sa vie, mais ce calme recouvrait bien autre chose que j’avais décidé de découvrir.

Il m’est venu alors une idée un peu folle. Je me suis tournée vers lui et je lui ai dit je vous crois.

 Je savais que cette affirmation n’était pas neutre, mais elle lui permettrait de récupérer du vertige que le temps avait produit sur lui .je traquais son regard, le tremblement de ses mains j’obtiendrai sans doute un silence rebelle. Mais je savais que rien dire ne ne signifiait pas ne pas entendre.

Quelque chose d’un éclat enveloppait sa présence. Une sorte de grâce, capricieuse, mais fidèle.

Au Fur et à mesure que le temps passait sa mémoire, lacunaire ne cessait de me jouait des tours.

 Je me suis levée devant lui et je lui ai demandé s’il croyait en Dieu .je l’ai entendu murmurer d’une voix grave/ je distingue des corps allongés sur la bas coté ce sont des croisés.

Était-il possible qu’un homme n’oublie rien de la route qu’ont prise les chrétiens ?

 On aurait dit qu’aucune réalité des croisés n’avait péri en lui. Était-il possible que je sois assise à côté d’un chevalier de malte sorti des décombres de l’histoire.

 Que pouvais-je faire de ce que cet homme avait métabolisé dans cet effondrement ?

Son récit serait-il audible ? Fallait-il que je refuse son récit, mais alors il arrêtait de parler. Et si l’intelligibilité du monde passait par ce que nous refusons de nous représenter ?

 Il ne se suffisait pas que cet homme se mette à parler, il fallait que j’accepte de l’entendre.

 Alors je l’ai cru et ce qu’il m’a dit m’a sidérée.

Il se sentait tout à fait étranger à l’agitation ambiante, comme si la question de sa survie n’avait à ses yeux aucun intérêt. C’est à cet instant que j’ai remarqué une pochette de velours bleu qu’il avait gardé sous son bras .Il me dévisagea d’un air surpris . je voyais bien son hésitation à parler , mais il finit par dire le linceul et le sang du christ .

Nous sommes peu à être les dépositaires de ce sang. Mon cœur battait à tout rompre, je mémorisais les détails dont était fait son récit. Quand une voiture de la police est arrivée sur les lieux de l’effondrement. Ils se sont approché de l’homme et lui ont demandé s’il souhaitait  aller à l’hôpital , je suis intervenu et j’ai dit sans réfléchir oui c’est nécessaire je vais l’accompagner .Il était si singulier , si impénétrable , que je me suis imaginé un instant que la science verrait plus clair que moi sur cet homme .

 Le troisième jour de son hospitalisation j’ai été appelée par le professeur Claudel du CHU deBretagne. Il était préoccupe par ce cas et me demandait de venir de tout urgence.

 Quand je suis rentrée dans la chambre j’ai immédiatement ressenti le malaise de l’équipe médicale.

Nous avons fait des analyses de sang de ce patient. Elles sont tres surprenantes dit le professeur . Elles n’appartiennent à aucun genre humain connu sur notre planète .Il semblerait que l’ADN ait été modifiée . Comment avez-vous rencontré cet homme me dit une infirmière.Je n’ai pas souhaite répondre à leur questions , je trouvais qu’ils empruntaient une mauvaise voie .

 J’ai demandé alors s’ils avaient déterminé son âge.

Il aurait d’après lui 2023 ans. Il dit être né à la naissance du christ à Bethleem .C’est lors d’une transfusion sanguine que jésus christ aurait d’après lui donné son sang pour une assistance médicale connu des nazaréen .

 Il m’a pris le bras , il souriait amusé de créer autant d’effervescence .Je m’appele Pierre dit il d’une voix douce , son mutisme avait laissait la place enfin à une parole . La muraille s’effritait en ma présence . il vous a choisi dit le professeur , vraisemblablement il ne souhaite pas être hospitalisé mais son cas est si précieux que nous souhaitons conserver quelques flacons de son sang .

Je ne pouvais répondre pour lui .Pierre se leva dechira les pansement qui retenait son bras . il regarda le professeur et lui dt . je sais ce que vous rechercher le GRAAL . mais vous n’êtes pas en mesure de recevoir cette immortalité .

 Votre ADN est incompatible avec le sang du christ.

 

22 juillet 2023

L'été en poésie : le sonnet (joye)

Le sonnet doit respecter plusieurs règles strictes :

Il doit être composé de 14 vers. Il doit contenir deux quatrains (strophe de quatre vers) suivis de deux tercets (strophe de trois vers), entièrement formés d'alexandrins (vers de douze syllabes). La disposition des rimes composant la finale de chacun des vers doit épouser la structure suivante : ABBA ABBA CCD EDE. Les rimes masculines et les rimes féminines doivent alterner et ne devraient pas se répéter. Toutes les rimes doivent absolument être riches.

Aucun mot ne doit apparaître plus d'une fois (sauf les pronoms, les prépositions, les conjonctions et les interjections); la richesse du vocabulaire est primordiale.

III.

Là-haut sur un rocher nichait une maison
Qui gardait toute seule en triste habillage
Les gloires de son vécu, les pleurs de son grand âge,
Et les vieux souvenirs de sa belle saison.

Elle abritait ses hôtes en chaude liaison :
On y naissait heureux, on y mourrait sage.
On y rentrait joyeux après un long voyage,
Lors d’une longue époque de rage et de raison.

La noble abandonnée fait encore sa fière
Son passé oublié, son présent ordinaire.
Là-haut, elle surveille son royaume audacieux.

Or, ce maudit chemin où, seul, ne piétine
Qu’un pèlerin amer, ses regards silencieux.
Elle l’attend au bout de la voie serpentine.

777 pic

22 juillet 2023

Du Puy à la Normandie (Kate)

Du Puy à la Normandie

- Valérie !

- Chéri ?

- Mon père envoie un SMS

avec une photo

mais sans un mot...

- Il nous stresse

avec ses devinettes.

- C'est plutôt une espèce

de maladresse,

de jeu un peu bête...

- Il nous dirait juste où il est,

ce qu'il fait...

Et surtout avec qui !

- Chérie !

- Où il passe l'été,

s'il va à la messe...

- Quelle femme lui tresse

des couronnes de laurier...

- C'est vrai Simon !

- Mon père,

- Pierre !

- Oui, c'est son prénom.

- Et dieu sait s'il en est fier !

Jusqu'à te le donner

presque dupliqué...

- Oui, bon..

- Regarde, au fond,

on dirait la mer

derrière cette pierre...

- Plutôt ce rocher

surmonté d'une sorte de clocher...

- Il devait pas aller en Espagne ?

- Non, plutôt en Bretagne !

- Toujours cette passion des églises :

récemment la Vierge du Puy...

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- Pour accompagner Maryse

et son amie

qui partaient pour Saint Jacques de Compostelle.

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- Et le Rocher de la Vierge ?

- Avec son amie Muriel

originaire du Pays Basque.

- Celle qui fabrique des cierges

et est toujours pendue à ses basques ?

- Ma foi... Mais il devait partir avec Jeanne

Au Mont Saint-Michel...

- Après leur rando à dos d'âne ?

- Ça y est !

J'ai trouvé !

Sur Google !

- Simon, te fous pas de ma gueule !

- Il est au Cap Blanc,

Ce galant !

- Excellent !

- Épatant !

- Alors chéri, en piste,

On part pour Biarritz

Je change la playlist !

 

 

22 juillet 2023

La chapelle haut perchée (Lecrilibriste)


Cet édicule poétique, haut perché
Où le lierre s’accroche vivace et obstiné
est sans doute une minuscule chapelle
dédiée à Marie
Rendant grâce pour un vœu exaucé
gagné de haute lutte
par des suppliques répétées

Perché sur son éperon rocheux
A l’instar des monastères grecs
Grimpés sur les pitons inaccessibles
Peut-être encore est-ce l’Hermitage
D’un sage qui reste enfermé, seul,
Plus près du ciel et loin de la terre
Reclus du monde et de ses passions
Pour prier

Brave est celui qui s’élance
Qui escalade les rochers
Pour atteindre ce lieu de silence
Où il pourra réfléchir ou méditer
Loin de la folie des hommes
Sans être jamais dérangé

22 juillet 2023

Pas encore tout à fait amnésique. 3, Granit rose (Joe Krapov)

DDS 777 Aquarelle de Bugueles

Buguélès !

Ce n’est pas là le nom d’une ville espagnole ni celui du groupe qui interpréta jadis le tube « Video killed the radio star » dont j’avais acheté le 45 tours : eux, c’étaient les Buggles.

C’est juste un nom sur une carte de Bretagne, un souvenir de l’époque toujours bénie où je vivais – j’y vis encore – au paradis.

Ce fut en fait, pendant longtemps, une aquarelle mystérieuse, réalisée, à l’époque où j’en peignais, - 1992 ! - d’après une photographie prise lors d’une randonnée en pays de Trégor.

Vu que je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais que, en gros, c’est ce que tout le monde fait sur le web, posons en préambule que cela fait quarante ans cette année que nous rendons visite, une ou deux fois par an, à notre amie Anita qui réside à Lannion et que nous allons marcher avec elle sur le sentier des douaniers – où l’on n’en rencontre guère – et admirer la mer qui vient se jeter ou se fracasser parfois, sur la côte de granit rose.

Je ne sais pas combien de fois nous avons fait, par tous les temps excepté celui de neige, le tour de l’Île Renote ou celui de l’Île grande ! Ce ne sont en fait que des presqu’îles où l’on croise quelquefois, sur l’étroit chemin de la dernière, le PPDA qui fait son jogging, information inintéressante au possible, j’en conviens, mais ça nous est arrivé au moins une fois.

DDS 777 210516 Nikon 093Quelle fortune n’avons nous pas laissée à la librairie Gwalarn de Lannion et au Restaurant des Rochers à Ploumanac’h ? Combien de photos ai-je prises du phare de Mean Ruz, du château de Costaeres où fut écrit le roman « Quo vadis » par l’auteur Henryk Sienkiewicz que je n’ai toujours pas lu ? Combien de fois ai-je photographié l’oratoire de Saint-Guirec où le pauvre religieux se fait piquer le nez plutôt que la ruche par de sadiques épingleuses qui rêvent de trouver mari ? Quelle idée idiote, ces jeux de l’amour et du hasard, quand on sait ce qu’un mari vaut !

Je partage avec le bien-aimé oncle Walrus le privilège d’avoir posé mes fesses sur la plage de Trestel à Trévou-Tréguignec. J’y ai joué du ukulélé rose et du jeu d’échecs électronique chinois sous le regard ébahi ou indifférent des baigneuses et des longe-côteuses qui s’échauffent au soleil en écoutant les ordres du bruyant Valentin, maître-nageur animateur de la séance d’aquagym tonique. Les mamy-boomeuses découvrent là ce qui leur a manqué tout au long des "Trente glorieuses" pour que leur bonheur de snober Greta Thunberg et Adele Van Reeth soit parfait : les aboiements d’un adjudant-chef ! 

DDS 777 200617 Nikon 045

C’est pourquoi je n’ai pas été étonné de voir proposée à notre écriture cette photographie de la guérite de Penvénan à Port-Blanc où le roi des gastronomes belges a certainement dégoté un restaurant de luxe qui n’a rien d’une gargote !

Et c’est là où la boucle se boucle. C’est en posant la voiture à Penvénan qu’on a fini par retrouver la maison de Buguélès qui avait fait l’objet de mon aquarelle.

Entre temps, exactement comme le disait Madame Raymonde à La Flèche la semaine dernière, on s’est pris trente ans dans la gueule ! Je n’ai même pas pu rephotographier la maison, toute masquée qu’elle est maintenant par la végétation qui a poussé devant.

C’est ça le problème, avec les religions : même au paradis, les choses changent tout le temps. C’est pourquoi il faut fabriquer nous-mêmes notre bonheur avec notre regard, nos sensations et les fabuleux trésors du Trégor et d’ailleurs qu’ont conservés notre mémoire et notre propension à accumuler des images et des noms dans notre poussiéreux grenier.

C’est sans doute là une philosophie un peu trop concon pour les concompliqué·e·s de France-Culture mais, comme disaient Bourvil et Laetitia Bonaparte : « Je suis content, je suis content, ça marche ! » et « Pourvou qué ça doure ! ». 

15 juillet 2023

Défi #777

777

15 juillet 2023

Ont foncé tête baissée

15 juillet 2023

Quoi ?!? (Walrus)

 
Encore une tête ! ... et toujours sans corps, tellement sans corps qu'on dirait un billet de Walrus dis donc !

Ici, c'est une tête de bois (ça aussi ça rappelle le dit Walrus). Au fait, il y a-t-il une différence entre "tête de bois" et "tête en bois"? Ça c'est une bonne question à soumettre à la sagacité et la finesse d'analyse de l'Adrienne. À moins que c'en soit une à poser à ChatGPT ? Mais bon, j'ai pas que ça à foutre, faut pondre de la copie pour ce maudit Défi ! Vous noterez au passage que je vous ai épargné la "gueule de bois", restons sobres.

Examinons la chose de plus près :

w776

Yeux exorbités (un ancêtre de Marty Feldman ?), trous de nez (ah, on dit "narines" chez vous ? Comme Dutronc ?), on pourrait suspecter un abus de cocaïne, sauf que de la coke à Amiens au "temps des cathédrales", c'est un peu boiteux, comme le bossu de Notre-Dame.

Faut donc trouver autre chose...

Voyons... yeux globuleux, nez épaté, lèvres épaisses, un petit côté négroïde non ? Amiens n'est pas très éloignée des ports négriers du nord : Dunkerque, Le Havre, Honfleur.  Mais ça, c'est le 18ème siècle...

N'empêche... au moment où je fais cette hypothèse, un commentaire de joye sous le défi de la semaine me demande où la photo a été prise, suggérant... Nantes ou Bordeaux ! Elle aussi, à l'instar de Thalassa, a pensé à cet épisode de l'histoire navale.

Tout de suite après, Lecrilibriste m'envoie son "devoir", titre : "L'ange noir".

Bon, tout le monde s'accorde donc : il s'agit d'une tête de nègre.

Nègre ! Mot prohibé aujourd'hui au même titre que handicapé (aucun lien entre les deux autre que le politiquement correct, rassurez-vous) et qui proscrit conséquemment le Negro spiritual cher à ma jeunesse pour le remplacer par Gospel (lequel n'est pourtant que l'aboutissement moderne du précédent) malgré le fait que dans son célèbre discours "I have a dream" Martin Luther King déclare  texto : "the words of an old negro spiritual : free at last !". Alors, on va déboulonner la statue du pasteur comme celles de Léopold II ?

Mais revenons à notre bout de bois...

En bon touriste pressé, je mitraille à tour de bras ce qui attire mon regard sans trop me soucier de savoir ce dont il retourne. J'ai donc dû fouiller un peu pour identifier correctement l'origine de la chose.

J'ai retrouvé la photo dans le sous-classeur "13" du niveau "Somme 2003" de ma collection de photos sur mon PC. Comme elle s'y trouve entourée de vues diverses de la cathédrale d'Amiens, j'en ai conclu que le lieu d'origine devait se trouver dans le même coin. J'ai alors repéré l'autre photo que voici :

PICT0022

En l'examinant à fort grossissement j'ai vérifié que la tête orne la poutre séparant le premier et le deuxième étage du bâtiment. Et en cherchant sur le net cette maison dans les photos d'Amiens, j'ai pu identifier le bâtiment qui se trouve en effet sur la place devant la cathédrale et apprendre, par la même occasion que mes supputations à propos du moyen-âge ou du 18ème siècle n'avaient strictement pas lieu d'être : le machin s'appelle "La maison du pélerin" et a été construite dans le style médiéval par l'architecte Edmond Douillet en... 1905 !

Encore perdu une bonne occasion de me taire !

La prochaine fois,  je ne me creuse pas la tête, je botte en touche !

 

15 juillet 2023

L'ange noir (Lecrilibriste)

« je suis minuit entre l’aube et l’obscur
qui donc me frappera de sommeil
jamais l’exil loin ne m’emporte
je suis amarré à ce port d’équinoxe
à l’écoute de l’orgue et du balafon »*

*Edouard J. Maunick  « nouvelle poésie negro-africaine »

 

L’ange noir

crucifié entre deux bois d’oasis
ton regard tourné vers le ciel
tu implores la bouche fermée
ta soif de liberté
acharnée comme une promesse
jurée sur l’Evangile
nulle inquiétude ne l’altère
tu es le porteur du rêve
tu es celui qui prie
tu es celui qui sait
que tout peut arriver

15 juillet 2023

Pas encore tout à fait amnésique. 2, Les Mascarons de Beaumarchais (Joe Krapov)

DSC_0082Les Mascarons de Beaumarchais ! Je ne sais pas qui l'a inventé ce jeu de mots stupide mais il ne me fait pas rire. Il faut dire aussi qu'en matière de farce théâtrale, nous autres, les mascaranaons, on nous a joué un sacré tour de cochon !

Autant que vous en soyez averti(e)s : le paradis est un club privé ; n'y entre pas qui veut. Il y a une sacrée crise du logement, faut croire, chez les anges sans quéquette ! Et le restaurant-grill du père Lucifer, lui aussi, refuse du monde.

Alors ces Messieurs ont trouvé la solution : ils nous ont condamnés à l'immortalité et, partant, à l'immobilité. Dès lors que nous avons une représentation sur terre, photographie, sculpture, tableaux, nos âmes s'y retrouvent attachées à jamais et nous devenons des anaons. Voilà pourquoi certaines peuplades primitives ont toujours refusé de se laisser photographier. Le repos éternel est certainement plus doux dans les prairies sacrées du grand Wakonda que dans une boîte de clichés pris par Hugues Krafft, gastronome-voyageur rémois dont il faut visiter le musée Le Vergeur, place du Forum à Reims. On ne peut guère faire autrement vu que tous les autres établissements culturels de la ville sont fermés ou emballés pour travaux de réfection. C'est mon "hôte" qui m'a dit ça.

Je peux avoir l’air de me plaindre comme ça au nom d'un collectif de mascaronistes mécontents mais en fait, nous, ici, à La Flèche, ville du Sud de la Sarthe où siègent un prytanée militaire et l'imprimerie Brodart et Taupin, qui réalisa longtemps les fameux livres de poche, nous les mascarons de pierre, nous sommes depuis trente ans d'horribles privilégiés.

Depuis trente années maintenant on nous a affranchis. Libérés de la condamnation à notre purgatoire ! Mais pour deux jours dans l’année seulement. Ce n'est certes pas beaucoup mais c'est la rareté qui fait le prix des choses, pas vrai ?

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Deux jours dans l’année, en juillet, quand a lieu le festival de théâtre de rue des Affranchis, nous redevenons vivants. De la même façon que les tiques se laissent tomber de l'arbre et pénètrent la peau d'un animal à sang chaud, pansu ou non, nos âmes se glissent dans les corps de touristes en goguette qui viennent festoyer sur la place Henri IV, à l'îlot aux moutons, dans la cour de l'école Descartes ou dans celle de l’école Pape-Carpentier, à l'hôtel Huger ou au parc des Carmes. Cette année dans le corps de mon nouvel hôte, j'ai encore découvert plein de nouveaux spectacles très amusants. J’ai aimé surtout Jacqueline et Marcel qui ont fait le pari de nous lire les 175 lettres des "Liaisons dangereuses" de Choderlos de Laclos. En vérité, la lecture ne commence pour ainsi dire jamais tant les comédiens ont pondu de préambule digressifs et de dialogues drôles avec les otages du public pour se faire offrir bière ou vin blanc – ils y parviennent ! - ou pour le draguer effrontément, Jacqueline avouant qu’elle occupe la Chambre 7 de l'hôtel Henri IV pour ceux que ça intéresserait.

Le lendemain pour le spectacle musical de Jean-Luc Lagarce, par les mêmes, elle a annoncé qu’elle ne portait pas de culotte ! Elle nous a raconté ses démêlés avec les régisseurs de divers théâtres en vue d’obtenir un tabouret sur lequel elle puisse pivoter. Et là c’est Marcel – quel prénom, vraiment ! - qui est allé draguer un bonhomme dans le public ! Vous comprenez maintenant pourquoi ce festival s’appelle les Affranchis ? Cette introduction du graveleux et du trivial dans l'interprétation de pièces littéraires, quelle joie collective cela procure !
- Jean-Luc Lagarce est le dramaturge français le plus joué en France, fait remarquer Marcel.
Mais il n'y avait qu'une quinzaine de personnes ce soir-là à avouer le connaître.
- Tu vois, Jacqueline, nous sommes plus connus que Jean-Luc Lagarce maintenant !
Le fait est et ils le valent bien.

Il faisait très chaud le samedi. Mon hote et sa compagne sont allés boire une bière au café “L’Entracte”. 363 jours que je n'avais pas éprouvé cette sensation de désaltération ! Un mascaron, ça reçoit l'eau du ciel sur la gueule quand il pleut, le soleil dans les yeux quand il daigne briller et quelquefois hélas aussi le guano des oiseaux s’ils viennent à nicher dans un recoin du toit par-dessus le pignon où nous sommes sculptés.

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Mon couple de touristes rennais a éprouvé ensuite beaucoup d’émotion dans ses retrouvailles avec Madame Raymonde, une chanteuse de la Compagnie du Tapis Franc. C’est elle, avec Philippe Bilheur, Geneviève Delanné et plein d’autres gens dont elle a cité les noms qui a créé le festival il y a trente ans et en est devenue la mascotte. Ce samedi lis ont chanté “La Java” “Les Amis de monsieur”, “Le Pinard (c’est de la vinasse)”, du Bernard Dimey et une chanson que Jean Ferrat a écrite pour Zizi Jeanmaire et qui fait un peu pendant à “Ma môme”.

Sur le coup de 19 heures mes touristes sont allés manger des chinoiseries au parc des Carmes mais il y avait trop de monde à faire la queue pour des bières alors ils sont revenus dans ce même troquet de la place Henri IV et lui a bu, plutôt qu’une Grimbergen, une Pelforth alors qu’elle à choisi une Blanche hermine à la place d’un Perrier rondelle.

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Après, tout s’est mélangé pour moi. Plus l’habitude de boire, trop de kilomètres sans avoir mis le podomètre, le souvenir d’avoir trop ri à "Zaï Zaï Zaï", très drôle, de Fabcaro, d’avoir apprécié l’acrobate muet qui fait monter son mât de cocagne par le public, d’avoir boudé une pièce-concert de rap anti-boomers, d’avoir vu le montage et l’envol d’une montgolfière déjantée - parce que belge peut-être ? – au stade Montréal.

Et si la tête ne m’avait pas tourné autant j'aurais pu enregistrer la scène de ménage des voisins au camping. Où c'est la femme qui est rentrée complètement saoule toquer à la porte du camping-car à 01h30 du matin. Mam Goudig à l'envers !

DSC_0337Maintenant, il faut que je vous raconte l’essentiel, mon choc émotionnel à moi que ça me concerne personnellement. Le dimanche à midi, mon couple de Rennais s'est retrouvé au restaurant “L’Etoile du Maroc” avec des blogamis. J'ignore ce que signifie ce terme mais j'ai appris que Joe, c'est le prénom de mon hôte et le docteur Z avaient autrefois l'habitude de se lancer des défis d'écriture le samedi ou quelque chose comme ça.

J'ai écouté d'une oreille distraite les récits de voyages et les projets de publication d'archives familiales du docteur parce que l'autre, j’étais tout occupé de la conversation entre Marina B. et la belle Gabrielle, la compagne du docteur.

Outre que son élégance et sa beauté relâchée en séduiraient plus d'un, cette jolie dame s'est lancée dans un cours d'histoire des croisades puis a parlé de ses cultures de plantes exotiques. Les dames d'aujourd'hui ont toutes les pouces verts, semble-t-il. Et puis elle a parlé du jeu d'échecs auquel elle joue régulièrement.

Et à un moment, elle a lâché LE morceau : il existerait selon elle une chatière à la porte du paradis ! Et là, malgré l'effet du kir à la mûre que j'avais pris en apéritif, malgré l'enchaînement des verres de Boulaouane par-dessus le couscous Merguez, j'ai compris que nous étions bel et bien quatre anaons autour du thé à la menthe clôturant le repas annuel des blogamis.

Alors évidemment, nous l'avons interrogée, la belle Gabrielle. D’après elle, ça se passerait à l'heure où nous quittons les dépouilles vivantes de nos hôtes. Il suffirait de se remémorer puis de réciter la suite des coups gagnants de la variante avec 4. e3 du Contre-gambit Albin pour nous retrouver avec juste nos têtes de mascarons devant la chatière. Et là, comme un vulgaire matou domestique, il n’y aurait plus qu’à rouler pour entrer discrètement dans le domaine de Saint Pierre.

Sur mon programme du festival j'ai noté la suite de coups magique. Je me la suis répétée tout l'après-midi en regardant d'autres spectacles dont une excellente version de “L’Ours” de Tchekhov, du cirque et deux fanfares spectaculaires.

Et le soir au camping, au moment de quitter les deux pseudo-intellos rennais, j'ai commencé la litanie des coups. Mais les voisins du camping-car d'à côté ont fait à nouveau un barouf d'enfer : elle a mis du rap à fond en cuisinant des courgettes. Le mec, un ex-taulard sans doute, a téléphoné à quelqu'un pour lui raconter sa dernière entrevue avec les flics.

Résultat, j'ai raté la chatière ! La preuve : je suis de retour avec mes huit potes sur le mur latéral de l'Église de La Flèche.

Et en apercevant mon reflet dans la vitre d'en face, je peux bien vous le dire : j'ai une sacrée gueule de bois ! C’en est au point que je me demande si je n'ai pas rêvé tout cela !

15 juillet 2023

Au temps des sépultures (TOKYO)

 

J’habite, un grand cimetière. Je suis une tombe qui date de 1810, entourée d’un grand jardin et de majestueux peupliers.

Certainement, l’une des plus belles tombes, que la commune a en son sein.

 Les propriétaires tous défunts à ce jour n’ont pas lésiné à la dépense. Une grosse gargouille sur le fronton , le marbre noir, venu tout droit du sud de l’Italie, recouvre la dalle centrale.

Au-dessus de l’édifice, trône, un chapeau ornementé de volutes. Cette mise en scène est, je crois, le geste le plus savoureux de cette famille. Il met en relief mon esprit souverain face à toutes ses petites morts, et ces destins invisibles. Cela peut sembler prétentieux, mais étant la tombe la plus haute, chapeautant toutes les autres, je revendique cette

Prédominance intellectuelle. Outre cette position élevée et cette autorité naturelle, je

Suis aussi la mémoire du lieu de par les nombreux objets entreposés au fil des ans sur ma tombe.

Certaines tombes dans mon dos murmurent que j’ai fait mon temps et que la Révolution française étant passée par là je devrai avoir moins d’arrogance.

Elles ne supportent pas ces vas et viens, ces commémorations et ses couronnes de fleurs qui devraient leur être destinées et qui atterrissent toujours sur la mienne.

Inutile de s’attarder sur ces mesquineries, je préfère me concentrer sur la réunion de ce soir.

J’ai en effet convoqué en urgence tous les esprits du cimetière, y compris les plus insignifiants, comme ceux des basses extractions.

Leur basse fonction, leur quotidien honteux, le bruit et les odeurs subies tout au long de leur vie ne leur ont jamais permis de prendre la moindre hauteur dans un débat, mais bon, comme la démocratie prévaut chez nous, il est donc normal qu’ils soient de la réunion. J’entends que l’on frappe à ma trappe d’accès, les esprits sont donc là.

Un à un, ils prennent place et comme à leur habitude les mauvais esprits des tombes oubliées ne peuvent s’empêcher de cancaner, médire et ricaner sottement.

Leur centre d’intérêt s’élève rarement au-dessus de la ceinture, et les petites habitudes

Sexuelles des visiteurs du soir restent leur grand sujet de conversation. J’apprends.

Que certains viennent se tripoter tous les soirs sur leur tombe. Ce qui fait glousser d’un rire

Crétin la tombe du préfet. Je finis par demander le silence, heureusement aidée par

 Une sépulture d’une vieille dame inconnue qui déteste le brouhaha, et préfère les conversations censées et si possible de bon ton.

 

— Bien, je vous ai réuni pour vous annoncer un événement aussi décisif que le

Jour où notre maison est passée des lampes à pétrole à l’électricité, du charbon au

Gaz et j’en passe. Un événement d'importance va chambouler notre quotidien.

 Après un bref silence qui scotche leur attention, je leur annonce que   le cimetière va être déplacé et qu’il faut s’attendre à un grand chamboulement et qu’il va falloir se mettre d’accord sur ceux qui acceptent cette deuxième mort, , s’ils veulent faire acte de candidature, ou s’y opposer avec radicalité.

 

Leur surprise est totale et j’ai un mal fou à mettre un peu d’ordre dans la rumeur qui s’ensuit.

 — Alors, il s’agit d’une destruction dit la tombe de la famille Vidal. Mais cela va être affreux, cela va détruire toute l’harmonie du cimetière.

 — C’est en effet une transformation totale. Mais à quel endroit doit-on aller, crient certaines.

 Les intéressés restent bouche bée. Après deux siècles de tranquillités et de cohabitation !

C’est une fantaisie de ces nouveaux riches qui disent certaines. Mais enfin crie l’une d’elles, les gens aimaient se retrouver ici, y  bavarder . Ce changement va nous faire bien du tort.

 Une petite tombe ne semble pas concernée et a un fou rire qui tombe mal. Elle rit et dit enfin quoi ? ne me dites pas que vous avez peur d’un déclassement !! . Ignorez-vous que vous êtes quelconques. Parle pour toi dit la tombe art déco qui cherche à rivaliser avec moi depuis le début de la réunion. Devant tant de parti pris, j’essaye de faire diversion en interpellant, les tombes qui regardent la mer. Je sais qu’elles ont tout à perdre dans cette réurbanisation. Les vivants n’ont qu’à prendre leur responsabilité, disent-elles d’une seule voix. D’ailleurs nous n’y croyons pas une seconde et elles se défilent dans un silence de tombe contrariée comme à leur habitude.

 C’est désolant ce côté prout prout dit la tombe du maréchal ferrant déjà de leurs vivants c’était des dissidentes. Jamais concernées. Certaines rient aux larmes. Ces fous rires sont déplacés et tombent mal, dis-je. Je ressens un malaise face à la tombe de Monsieur le Curé. Je me rappelle très bien le jour où sa tombe déclara toute en dédain, réjouie qu’elle était quelque part notre inconscient et qu’il ne faudrait pas trop la chatouiller.

Alors pour qu’elle ne déballe sur les uns et les autres quelques révélations bien croustillantes je ne lui donne pas la parole. Du coup d’une voix doucereuse, je propose qu’on puisse s’entendre sur un accord pour échapper à cette aberration.

On dirait que cette proposition d’alliance les tétanise. Je ne comprends pas cette hostilité. Tes raisons sont faciles à deviner, dit une vieille tombe ; Tu vas avoir une deuxième chance quant à moi je peux dire adieu à ma présence parmi vous. Tu te trompes petite tombe, notre union fera la

Force. Il nous sera facile de nous opposer à ces travaux. C’est scandaleux, crient certaines veux-tu que nous devenions un cimetière hanté ? Jamais je ne m’associerai à cette secte crie la tombe du préfet.

À ce moment-là personne ne sait encore qu’elles viennent de signer leur arrêt de mort.

 Notre désaccord nous a perdus. Nous avons été destituées par le conseil municipal. Nous ne sommes plus dans la ville, le cerveau et la mémoire des vivants. L’incinération a suppléé nos insuffisances à nous rassembler. J’ai été abasourdie, j’ai longtemps balbutié que ce n’était pas dans l’ordre des choses. Même morts les hommes sont seuls et n’en rajoutez pas vous lecteurs vos fous rires tomberaient mal aujourd’hui. Notre cimetière a disparu.

 

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Le défi du samedi
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