J’ai gagné au loto (Val)
Dans ma commune il y a un CAT, qui accueille et emploie des personnes handicapées mentales. Chaque soir, à partir de 16h30, ils ont fini leur journée et alors ils viennent dans le bourg acheter leurs cigarettes, boire un café ou deux, ou faire quelques achats.
Il y a sept ou huit ans, je n’avais pas d’enfants, alors moi aussi, le soir, après le travail, j’allais boire un café ou deux au bar tabac quand j’allais acheter mes cigarettes.
Parmi les handicapés, il y avait un petit monsieur que je trouvais attachant. C’était un tout petit monsieur, très rond, qui venait toujours pour faire son loto. Ce petit monsieur n’avait pas d’âge. S’il est déjà difficile de donner un âge approximatif aux gens que l’on croise, c’était encore bien plus compliqué pour ce petit monsieur. Il était tout petit, très jovial, il riait tout le temps et on pouvait avoir avec lui les conversations que l’on a avec un enfant de sept ans. Ce petit monsieur avait des traits communs avec l’enfance, et pourtant ses cheveux grisonnants et quelques rides laissaient supposer qu’il avait au moins quarante cinq ans.
Le temps n’avait que très peu de répercussions sur lui : il avait beau vieillir, les gens du village lui parlaient éternellement comme à un enfant.
Un jour –il y a sept ou huit ans, déjà- ce petit monsieur a gagné au loto. Il n’a pas gagné une grosse somme…si mes souvenirs sont bons son gain dépassait un peu les 700 euros. Mais il a gagné au loto ! Ce jour-là le patron lui a offert ses consommations, et quelques jours après le gain, il y avait une pancarte de la Française des jeux, bien en vue dans le bar : « Ici, un gagnant de 700 euros ».
Il était tout fier, le petit monsieur. A chaque fois que quelqu’un levait les yeux sur la pancarte, il lui disait en riant : « C’est moi ! J’ai gagné au loto ! ». Et les clients le questionnaient : « Ah oui ? C’est vous ? Félicitations ! ». Parfois, la conversation s’engageait, et certains lui causaient un bon petit moment. Je pense que les gens étaient comme moi : ils avaient envie de s’attacher à ce petit homme qui riait tout le temps, ils étaient curieux de lui et aimaient le faire parler. Lui, il semblait très content. Avoir gagné au loto lui donnait de l’importance.
Les mois et les années se sont écoulés, la pancarte a été remplacée, et pourtant le petit monsieur a continué de se réjouir et de dire aux gens « J’ai gagné au loto ! ». La plupart lui répondait : « Quoi ? Encore ? Mais vous êtes un chanceux, c’est pas possible ! ». Le petit monsieur n’avait pas regagné un centime depuis, mais il se réjouissait toujours de son gain passé. Depuis le gain, il vivait chaque jour comme s’il avait gagné au loto la veille. Il souriait à la vie. Une minute d’éternité qui dure une éternité…
Chaque soir, au bar, il parvenait –à un moment ou à un autre- à placer sa phrase fétiche dans la conversation : « J’ai gagné au loto ! ». Peu à peu, les gens s’en sont gentiment amusés. Personne ne lui a jamais demandé de ne plus le dire, ou suggéré de passer à autre chose à présent. Je pense que son comportement émerveillait tout le monde. Savoir se réjouir, chaque jour encore, sans jamais se lasser, d’un évènement aussi heureux que ponctuel, arrivé il y a longtemps, qui sait le faire ? Gagner au loto était pour lui la joie qui alimente toute une vie…
Il y a peu je suis revenue au village. Je n’ai plus le temps de boire des cafés au bar, mais je fume encore. L’autre jour, je l’ai reconnu, le petit monsieur. Il était devant moi dans la file d’attente, toujours avec son éternelle grille de loto.
Le temps n’a pas la mainmise sur tout son être : physiquement, il a vieilli bien sûr, il doit avoir plus de cinquante ans, mais il rit toujours autant et s’exprime encore comme un enfant. Le temps passe sur lui comme le vent souffle sur les gens. Il le décoiffe à peine.
Je l’ai guetté, le petit monsieur. Et puis j’ai mentalement balayé mes attentes, en me disant : « Huit ans après, quand-même pas ! ».
Eh ben si ! Le bar tabac a changé de propriétaires. Au nouveau buraliste, il a dit, en riant :
« Je prends un flash. Je m’en fiche de perdre : moi, un jour, j’avais gagné au loto ! ».
Et j’ai souri.
Le temps est désarmé, face à lui. Un jour, il y a huit ans, il a gagné 700 euros au loto. Il est plus que probable qu’il ait tout dépensé depuis longtemps. Là n’est pas l’important. Un jour il a gagné au loto, et ce gain a inondé de joie tout le reste de sa vie.
L’horloge céleste (Venise)
Mattéo est né dans un cri d’oiseau.
Dehors l’aube est encore noire, l’étable encombrée de paille se dénude devant les mains de cette femme dont la souffrance célèbre toutes les mères qui enfantent dans ce pauvre monde.
Une nébuleuse rouge amas de vie et d’hydrogène ballotte en son sein tout le destin de Mattéo en germination.
C’est un beau paysan de France qui pousse son cri dans la grande maison de Savoie.
Alors qu’au même instant Thomas premier comte de Savoie perd son onzième enfant,
la famille Jacquard de par cette naissance sort victorieuse de huit deuils en couche.
Mattéo balaie par ses cris la noirceur de l’étable.
L’enfant est sale et frais comme une poire piquée de fientes de pigeon.
Il montre son cul au sinistre de ce monde, gorgé d’espoir il sera plus fort que la mort.
Un grand saladier de vin chaud rit sur la table.
Le père Jacquard le tient dans ses mains maintenant comme une flamme qui vacille, fragile et fort comme la vie.
L’enfant prend la parole sans demander la permission à la grande maison de Savoie.
Assis sur son tas d’ordures le père entonne un chant qui raconte la paix, la lumière, la frayeur des moineaux.
Mattéo dort maintenant.
A coté de son âne, sur un long sentier de terre le vieil homme marche pieds nus dans ses sandales. Ici il n’y a qu’une saison.
C’’est l’hiver.
Il y a des ours et des loups qui rodent dans la vallée.
Les fermes ont poussé un peu partout.
Mattéo appelle les vaches du haut de sa dix septième année. Alors que des femmes passent sans bruit Mattéo songe.
Il avait été frappé par la découverte fortuite de deux marque-temps travaillés à la mode italienne que détenait son Seigneur cousin de Béatrice de Genève.
Il avait fait ses classes d’écuyer dans cette seigneurie. Alors tel un enfant devant un jouet Mattéo s’était promis de s’instruire à l’art de l’horlogerie.
C’était sans connaitre la colère du père Jacquard qui ne l’entendait pas de cette oreille.
Mais le sublime, comme les grandes œuvres qui dompteront le temps, réclament un enfant.
Jeanne la pucelle n’avait que 20 ans, Alençon 22 ans, le roi de France 24 ans, Gilles de Rais 19 ans en cette saison.
Le monde appartenait à la jeunesse bouillonnante de sève et pour qui l’inaction est un hiver. Dans son tempérament de feu et dans sa chair qui était toute santé Mattéo passait ses nuits à construire son horloge astronomique.
Cette horloge céleste était inconcevable en cette période ; c’était comme frapper monnaie, installer une controverse en Dieu et les plans divins.
Sa maison natale était tournée vers l’éternel.
La bible grande ouverte enluminée de marguerites lui rappelait qu’il ne pesait pas plus que quatre grains de sable.
Il était écrit que si l’enfant se fâchait c’était l’hiver pour tous.
Pour le père Jacquard le bonheur était là à portée de main sur fond d’arbres et d’oiseaux, il tenait dans sa main tremblante comme l’eau claire un petit bonheur.
Mais voila que son fils s’entichait pour une gâte-minutes. On arriverait tous ensemble au nouvel an, bon dieu !! s’entendait-il dire.
Son fils était en train de se faire avoir pour un monde carré bossu qui ne vaudrait pas pipette.
Il ferait bien de se décuchaiser avant qu’il y ait le feu au lac.
J’ai eu une rude journée Mattéo, dit le père en s’adressant au fils.
Je ne veux plus que tu me causes de ton horloge et que tu parles comme à Paris.
Voici de vieux outils faits à notre main, la berclure, la cradzette, le rongeon, j’voudrais pas qu’ils s’évanouissent comme la brume en mai.
Ça faisait pas rêver Mattéo qui avait renoncé à rejoindre son seigneur pour partir en terre sainte. Son père lui demandait de sacrifier ses rêves et de regarder ses ecaffes beuses de godasses infâmes, de parler de brises nouilles en parlant de dentier et choper la courante en buvant cette piquette.
Mattéo ne renoncerait plus à rien et tiendrait tête à son vieux.
Le néant ou l’inventivité sont de la même race.
Mattéo les avait chevillés au corps ; c’était son seul bien qui donne force et présence à sa vie.
Être vivant c’est être soi, seul dans son genre.
Alors Mattéo brise la roche bientôt du haut du clocher de ton village et du beffroi d’alentour. Ton horloge s’imposera aux riches comme aux pauvres en partage.
Même à ceux qui n’ont aucune raison personnelle de prêter attention aux heures. C’est peu de dire qu’il fait beau dans la tête de Mattéo ce matin.
Ont tricoté le temps
Venise ; Val ; Vegas sur Sarthe ; enfolie ; Droufn ; Poupoune ; Walrus ; Brigou ; Lorraine ; Claudio ; Didier ; trainmusical ; Old_Papistache ; Virgibri ; Sol-eille ; Flo ; Stipe ; Adrienne ; Joe Krapov ; Joye ; rsylvie ; Oncle Dan ; Captaine Lili ; Caro_carito ; MAP ; Zigmund ; Vanina ; Tiphaine, Jaqlin...
Défi #98
Le thème de ce 98ème défi :
Le TEMPS
(celui qui passe et non pas celui qu'il fait)
A vos aiguilles ...
Envoyez vos tours de cadran à samedidefi@hotmail.fr
A tantôt !
L’avenir de Clém (Caro_Carito)
Clém leva les yeux de ses notes. Plus que trois minutes avant la pause sandwich et quelques longueurs, piscine Molitor. D'une charge de patron conquérant, Jean-Alban franchit la porte et précipita quelques phrases. Elle avait à peine eu le temps de regarder le dossier rouge qui venait d’atterrir sur son clavier, qu’elle se trouvait à nouveau seule dans son réduit sans lumière. Elle frissonna - pas tant que ça - si elle tenait compte du souvenir odorant du fils du boss, ses pellicules, les taches grasses sur ses chemises et les vociférations, chaque lundi matin sur le répondeur, de ses maîtresses délaissées.
Elle lut en diagonale la dépêche. Un nounours offensif posé dans un endroit stratégique pour une poignée de péquenots américains. Le scoop du siècle. L’ordre de mission était clair, ramener un papier de là-bas. Il était temps pour Clém, stagiaire à l’avenir journalistique incertain, de boire une pression cuivrée comme ses taches de rousseur, histoire de faire passer l’odeur faisandée de « Uno, le journal de toutes les Une » des Margouillers Père et fils et de mettre ses idées à plat. Elle fourra le dossier dans son baggy d’occase et dévala les trois étages qui la séparaient de l’esplanade.
Elle avait avalé la moitié de son sandwich quand elle se décida à sortir le maigre feuillet. La saveur amère de sa Grimbergen et les cornichons qu’elle croquait comme des bonbons avaient chassé l’odeur aigrelette des locaux où elle s’étiolait. Un ourson borgne la contemplait depuis un fax baveux avec un rapport de police rédigé en mauvais anglais alarmiste. Le shérif local avait réussi – oh exploit ! – à glisser Al-Qaida dans ce qui ressemblait plus à une blague de potache qu’autre chose. Dépitée, Clémentine se rabattit sur Le Parisien, le seul journal à avoir échappé à la mauvaise passe qui vidait le Paltoquet de ses clients et de ses lectures. Une crise qui avait pour nom Starbucks et un goût de café lavasse imbibé de carton. Elle venait d’ouvrir au hasard le quotidien: en troisième page où elle put contempler le portrait grimaçant du Commissaire Rappaport. Elle l’entrevit aussi, juste derrière l’épaule de l’épais personnage. La photo ne lui rendait pas justice : pas un sourire, les sourcils froncés, plutôt grand mais légèrement vouté. Fabien Despinasse.
Elle l’avait rencontré pendant l’affaire qui l’avait rendu célèbre. Il n’était pas encore inspecteur. Pourtant, il avait réussi à dénouer le complot ourdi par les Nez rouges, une association à première vue inoffensive. Elle se souvenait de la terreur que ses vengeurs déguisés avaient semée dans toute la ville : attaque systématique de fumeurs impénitents, agression sur automobilistes irresponsables. En bref, représailles contre tout citoyen qui s'accomodait un peu trop des lois et qui portaie préjudice à la communauté tout entière. D’ailleurs, le schéma de départ des deux menaces terroristes semblait être strictement similaire. Un nez rouge assez volumineux déposé devant la gare Saint-Lazare. Un nounours idiot mis en évidence…
Mais… Bien sûr elle le tenait son papier! Elle sortit son portable antédiluvien et tapa les chiffres qu’elle avait souvent caressés du regard sans jamais avoir osé les composer. Pourtant, elle avait failli croire que quelque chose se passait, ce jour où elle couvrait l’arrestation de tous ces redresseurs d’ordre social au tarin rubicond. Il avait griffonné son numéro perso au dos d’une carte et avait enregistré le sien au cas où … Au final, pas le moindre bip. Silence radio. Elle avait laissé choir tout espoir.
Elle s’apprêtait à laisser un message quand il décrocha. Elle lui expliqua brièvement la situation. Il parut intéressé et convint d’un RV vers 16h. Clém avait juste le temps de régler les formalités et les impératifs pratiques du voyage. Le vol décollait d’Orly à 21h48 le soir même.
Fabien Despinasse arriva avec ses cinq minutes réglementaires de retard et lui offrit un café au comptoir du Paltoquet. S’enquit des évènements. Il parut réfléchir pendant un temps interminable et lui demanda de le contacter en cas de nouvelle appartition d'une menace pelucheuse. Elle sentit diffusément qu’il se moquait d’elle, mais jugea inutile de relever. Il ne lui restait plus qu’à rentrer et laisser son bureau en ordre et commencer à suer sang et eau pour pondre un article sensassss – venait de préciser le fils Margouiller en levant haut ses longs bras maigres emprisonnés dans une chemise marronnasse qui accusaient deux superbes auréoles sous les aisselles.
Dans le taxi qui l’amenait à l’aéroport, un SMS s’inscrivit en lettres digitales, « autre nounours, urgence article. » Est-ce son imagination, mais elle jura que le conducteur avala d’une traite, dès réception de ce message sibyllin, les kilomètres restants. Elle appela le Uno, qui n’avait aucun détail supplémentaire à lui fournir. Le taxi la déposa face au guichet de l’enregistrement des bagages. Une demi-heure plus tard, elle s’apprêtait à subir la désagréable fouille de ses effets quand elle entendit une voix, trop proche pour être réelle. Elle tourna la tête, c’était lui. En un mot, il lui expliqua la situation plus clairement qu’une dépêche de l’AFP. Oui il avait mis au courant le commissaire Rappaport. L’arrivée de la deuxième bestiole poilue avait décidé de l’envoi d’un spécialiste. Il s’était alors proposé et avait pris un billet. Quelle coïncidence ! Vol identique à celui de l’apprentie-reporter rousse et compagnie idem, jusqu’aux horaires… . Ils embarquèrent côte à côte et atterrirent au bout de plusieurs heures sur le sol oregonais. Ils purent constater que le deuxième nounours avait fait évacuer les immeubles des alentours. Au milieu de la nuit, la bestiole s’avéra anodine, elle-aussi.
Vers 2h du mat, heure locale, l’inspecteur Despinasse et celle qu'il avait promue coéquipière se retrouvèrent exténués dans la seule chambre disponible de la ville. Elle s’endormit dans l’étroit lit et lui sur le canapé, dès qu'il eurent rédigé l’article assassin demandé. Exit par fax vers la salle de presse parnassienne où les mains aux ongles rongés de Jean-Alban les saisirent illico.
Au bout d’une journée et d’une nuit à se morfondre, pas l’ombre d’un troisième nounours, ou alors à l’abri d’un landau... Il était temps pour le duo de plier bagages. Pour calmer la terreur qui s’emparait de Clém à l’idée de prendre l’avion, Fabine Lespinasse tendit un petit sac en carton. La jeune femme en extirpa un doudou plantigrade, rigoureusement identique à ceux photographiés sur les mises en scène de faux attentats. « Mignon, non ? » Elle contemplait incrédule le nounours. « Je suis désolé pour votre rigueur journalistique, mais j’ai sauté sur l’occasion pour vous approcher ! Vous ne m’en voudrez pas ? » Elle faillit lâcher un mot bien senti, mais finalement se ravisa. Après tout… il avait toujours eu l’air tendre, ce jeune teddy bear.
Rivalité mortelle entre deux vedettes de l'écran (Joe Krapov)
N° 2806 du 11 septembre 2011
Magazine féminin et féministe furieusement tendance
SOMMAIRE
Scoop
Oursama Bear Laden retrouvé congelé dans un réfrigérateur de la même marque !
Voir en page 3
Anniversaire
11 septembre : Tout va très bien madame la banquise !
Voir en page 5
Horoscope :
Les prévisions de madame Nina pour l’élection de l’Empereur en 2012
Voir en page 23
People
Les folles nuits de l’Elysée par Isaure Chassériau :
Carla y enregistre son prochain disque !
Notre reporter a obtenu un entretien exclusif de la première dame de France
Voir en page 27
Mode Hiver 2011
Le retour de la fourrure
mais pas du fou-rire en Islande
par Val' Kidnap
Voir en page 32
Littérature
On a retrouvé un poème inédit
et salé de Charles à Camilla !
Voir en page 35
Littérature
Un nouveau feuilleton de Joe Krapov sur les vedettes du petit écran et une interview de Toncrate :
« Plus je lis Joe Krapov, plus j’ai l’impression que cet homme est fou !»
« Et si c’était une femme ? » interroge Papistache
Voir notre supplément littéraire
Poupoune obtient le Grand prix du roman policier
au festival de Cognac :
"Je trouve l’inspiration au petit matin de mes nuits d’insomnie en croisant les éboueurs malins et maliens !""
Voir notre supplément littéraireMusique
Neil Young plagiaire de Dalida :
Son tube « Words » sur l’album « Harvest » n’est qu’un plagiat de "Paroles Paroles" !
Voir en page 43
N'hésitez pas à cliquer sur les liens de notre revue électronique pour lire les pages intérieures du journal !
consigne ourson contre attaque (rsylvie)
J’avais horreur
quand il m’appellait de la sorte
! Mais bon,
depuis 7 ans que nous travaillions ensemble, ce n’était plus la peine
que je perde mon temps à lui rappeler combien cela m’est pénible de
l’entendre déforme ce doux prénom Corinne ! Toute au récit
que me fait le boss, je pense déjà au personnage que j’allais interpréter afin de me
fondre dans le décor et récolter le plus d’infos possible. Un ours en
peluche… un commissariat… dans l’Oregon des States… Lors de ma
dernière mission, grâce à anglais très scolaire, j’avais sympathisé avec
Dona, fille d’un riche propriétaire terrien. J’allais lui téléphoner.
Ensuite rien de plus facile que d’enfiler un jean, une chemise à
carreaux, une paire de bottes et se faire passer pour une petite cousine
venue étudier l’agriculture intensive et la traite des vaches ! -29 décembre, 18heures- Sac en
bandoulière, le col de mon blouson cuir pleine peau retroussé, je
descends l’escalator du grand aéroport. A deux pas de là, un jeune
blondinet fait de grands signes en ma direction. -« Pas à dire, dans l’Oregon on sait recevoir » pensais-je en montant dans
le vieux pick-up bleu métallisé du frère cadet de Dona. La nuit
tombante, nous prenons enfin la direction de Salem (capitale de l'État) qui se trouve au centre de la fertile vallée
de la Willamette. Alors
que confortablement installée sur la banquette avant, je me remémore
les conseils du patron. -« ...pour pas
d’confusion, tu t’ appeleras Cerise. Facilité de communication entre
nous avec le C qui t’est déjà commun et puis…. pour rappeler leur
festival des cerises qui a lieu tous les ans » me dit-il fier d’étaler
sa science »- La sordide
histoire des sorcières de Salem me revient en mémoire. Je frissonne
d’effroi avant de m’endormir épuisée par le décalage horaire. -30 décembre, 11 heures- Quitter le
ranch des parents de Dona. Il avait été
décidé d’un commun accord, afin de faire plus crédible, que j’aurais
des corvées à faire matin et soir. Je devrais aider à la bonne gestion
du bétail à travers le coral et donner un coup d’main à la femme de
ménage dans les tâches quotidiennes de l’entretien des chambres. Après avoir fait mes travaux du matin, je retire rapidement mes
habits tout crottés qui puent la vache, et enfile une robe couleur
myrtille, applique un peu de brillant à lèvres, de quelques coup de
blush rehausse mes pommettes (pure coquetterie féminine dont je n’avais pas
besoin, me faisait toujours remarquer le boss), 3 gouttes de Shalimar et me dirige après
avoir enfilé mon manteau vers le garage, afin de prendre place dans le
vieux pick-up que Dona mettait à ma disposition, le temps de mon séjour
parmi eux. Salem étant la
deuxième ville en termes de population. Il m’est très facile de me
glisser dans la foule pour disparaître aux yeux des badauds et arriver
le plus naturellement du monde devant la porte de l’immeuble abritant
les services de police du conté de l’Oregon. Un coup d’œil
devant, un coup d’œil derrière, je suis dans la place. Devant moi, cela
grouille de partout. Ce soir c’est -...well Miss, do
not remain there thus go in runs
to seek what misses for the installation of the tables”! « Et bien
mademoiselle, ne restez pas là, allez donc dans la coure chercher ce qui
manque pour la mise en place des tables » ! » Le ton ne souffrant aucune répartie, je
m’exécute. D’autant mieux que cela sert mon enquête, étant de ce fait
tout naturellement introduite dans la place. Je m’affaire tant que ce
peut, quand soudain j’entends des éclats de voix en direction du bureau
de l’inspecteur Hary. - you were still
with your whores! All the pretexts are good for you to find
them You are only
one mental patient. And me which believed you to walk the baby! Do you think only of Junior when it sees you
behaving kind? You disgust me…
old ruined sexual…” -« tu étais
encore avec tes putains ! Tous les prétextes te sont bons pour les
retrouver Tu
n’es qu’un malade mental. Et moi qui te croyais à promener le bébé ! Penses-tu
seulement à Junior quand il te voit te comporter de la sorte ? Tu m’dégoutes
…vieux détraqué sexuel… » Vlan…..
fait la porte en claquant derrière une femme d’age
mure, qui s’enfuit
sans se retourner ! Sans plus
attendre, je me dirige vers la sortie et quitte l’immeuble, bien décidée
à rentrer illico en France. Cette année je ne serai pas le cul l’an de
l’agence. En moins qu’il ne fallait pour le dire, je venais de
comprendre et résoudre l’énigme de l’ours de l’Oregon. -31 décembre, 21 heures- -« Et ben coco
affaire rond’ment menée T’as
bien mérité la première page». Rouge de
confusion, car ce n’est pas souvent que le patron me félicite de la
sorte, je repose négligemment le journal du soir sur une table et tends
mon verre au boss ! feu d’artifice et repas de fin d’année. Alors pas une
minute à perdre. Le commissaire sur son 31, interpelle l’adjudant au
sujet de... et surtout de l’organisation de la soirée. Ce dernier hurle
aprés ses troupes et convoque tout le monde pour un dernier briefing
avant la mise en place du buffet de ce soir.
Presse régionale (Zigmund)
Patron,
Bien arrivé à Portland -Oregon. Sauté dans le premier avion mais la ligne Nantes-Portland n'est pas directe et à mon arrivée le soufflé était déjà retombé. Tu avais l'air d'y tenir à cette histoire d'ours ( je te joins les notes de frais) et finalement t'avais raison, parce que côté presse régionale, on va prendre une longueur d'avance, ( Ouais c'te France va faire une verdeur ). Je rentre bientôt à moins que tu aies une autre enquète à me confier.
De notre envoyé spécial à Portland
La Mayenne s'exporte à Portland USA
Cet ours déposé devant un immeuble abritant des services de police était inoffensif :ours moyen de la tribu des ours en peluche.Sa propriétaire a été retrouvée : il s'agit d'une petite Judith, franco américaine, dont le papa policier travaille dans ce poste de police.Ce lundi 28 décembre,accompagnée de son grand frère, elle est venue chercher son papa à la sortie de son travail ; la famille partait pour quelques jours en Iowa chez des amis. Au moment de mettre l'enfant au lit, le papa a constaté que Tom, le nounours manquait à l'appel.Judith a expliqué qu'elle avait demandé à Tom de faire le travail de son papa en son absence et qu'il allait surveiller l'immeuble.
Pendant ce temps, à Portland, l'enquète piétinait, d'autant plus qu'une obscure organisation révolutionnaire :"l'armée des douze ours" avait revendiqué l'acte sous un pretexte délirant.Douze ours disséminés dans la ville en divers endroits(dans les bras du clouwn-enseigne d'un fast food, à l'entrée du cercle des "pires rennais d'Oregon"...)sont passés aux rayons X. Tous ces ours étaient inoffensifs, mais Tom, véritable ours en peluche à l'ancienne, était beau et remarquable .
Le lendemain à Portland eut lieu l'explosion ...de colère du chef du poste de police, quand il reçut le coup de fil du papa expliquant et demandant que l'ours de sa fille soit gardé au chaud.
Quelques jours plus tard, la petite Judith a récupéré son cher Tom, avec quelques cicatrices dues aux manipulations des démineurs.
Tom est le plus célèbre des 1" ours disséminés dans la ville, non seulement pour avoir fait évacuer un immeuble mais nous, ligériens, sarthois et mayennais pouvons être fiers car cet ours ést fabriqué chez nous dans l'usine de jouets "TomTom" qui emploie une centaine d'ouvriers dans la belle ville de Mayenne.
.
Et si un canard s’occupait de l’ours… (Vanina)
Je suis le jeune policier, observateur attentif, qui se tient derrière la vitre sans tain d’une salle d’interrogatoires, dans les bureaux de l’immeuble devant lequel a été retrouvé le fameux nounours. Je vous livre le fond de ma pensée, ma version des faits…
* * *
Sans doute les policiers avaient-ils été prudents : la peur probablement de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Car, avant même que ne paraisse la dépêche, ils interrogeaient un homme ramassé à quelques dizaines de mètres de la porte de l’immeuble abritant les services de la police. Cet homme en pyjama n’avait rien d’un ours mal léché malgré, à l’évidence, son alcoolémie élevée. Lorsque les policiers l’avaient arrêté, l’homme souffrait du tic de l’ours, il ne cessait de se balancer d’un pied sur l’autre, répétant, pour lui-même, être à la recherche de son doudou...
Il tentait de répondre depuis plus d'une heure maintenant aux questions de la police, pendant que son ours lui avait-on dit allait passer aux rayons X. Il semblait ne pas comprendre leur histoire d’attentat.
Il se souvenait être allé en pyjama sous son imperméable, le nounours sous le bras, à une fête thématique, « Retour en enfance », chez d’anciens camarades de classe retrouvés grâce au site Internet « copains d’avant »… Ils avaient écouté de vieux tubes, musiques de leur jeunesse, Led Zep, Franck Zappa, etc. ; lui revenait en mémoire « Teddy bear »… Bien que les évènements de la soirée lui soient flous, il se doutait que pris par l’alcool, la nuit étant douce, il avait dû oublier de récupérer son imperméable en partant de chez ses amis ; c’est pourquoi il n’avait pas ses papiers. Mais, il ne se souvenait plus du tout à quel moment il avait perdu son ours au retour de cette soirée bien arrosée de Bear Beer entre autres. Peut-être l’avait-il posé, au moment où il avait uriné, dans la rue, le long d'un mur en renfoncement...
Le commissaire commençait à tourner comme un ours en cage sentant bien que cette histoire allait le rendre ridicule : il risquait d’être montré comme un ours de foire.
Il commençait à imaginer la presse satirique s’emparant de l’affaire… et titrer :
- « Un ours chez les poulets »
- « Face au petit ours, la police perd le nord »
- « La commissaire épluche la peluche »
- « Dure, dure, d’être doudou… »
- « Bear Beer contre nounours »
- « Ours court ! »
- « Il allait faire la bombe chez des amis avec son ours »
- « Il ne faut pas confondre "faire la bombe" et "aller à une boum" »
- etc.