04 décembre 2010

j'ai tout mon temps (Mouna)‏

Si j’avais le temps : faire mes carreaux, arroser mes plantes, trier mes photos, téléphoner à Irma, vider la cave, faire un vide grenier, téléphoner au dentiste, écrire aux impôts, envoyer une carte à Joséphine, prendre des nouvelles de Gaston, recoller le carrelage qui bouge, porter la voiture au garage, récurer la gouttière qui déborde, laver et relaver, passer et repasser, ranger, ranger, et ranger…

Heureusement, Dieu merci, je n’ai pas le temps

Parce que j’ai encore tout mon temps,

Parce que je vis, parce que j’aime, parce que je me délecte de tant vivre et de tant aimer

Parce que je ne connais pas la taille de mon sablier, ni son débit, ni sa durée

 

Si demain je ne devais plus avoir de temps

Parce que j’aurais tout consommé

Trop vécu, tant aimé

Parce que mon sablier m’aurait averti des derniers grains de sable à passer

Si demain …

Je n’ose y penser

Je serais sûrement tétanisée

Je maudirais le temps tout simplement d’exister

Je pleurerais mon temps d’avant

Je rejetterais mon temps d’après

 

Si j’avais le temps, le temps des intentions

C’est simple, il serait toujours trop tôt

Si j’avais eu le temps, le temps des remords

C’est terrible, il serait déjà trop tard

 

Installée à la fenêtre je me plais à regarder sur le terre-plein le petit lapin blanc assis sur son derrière

Tandis que je repousse nonchalamment du pied les vieux journaux à déblayer, les poils du chien à ramasser …

Sale temps pour les miettes encore aujourd’hui

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20 novembre 2010

mon trésor à moi (Mouna‏)

Mon trésor à moi, c’est mon fond d’écran

 

    Je le charge à volonté

Tantôt j’y positionne des visages aimés

Tantôt j’y installe de doux paysages

    Je n’ai ni priorité ni exclusivité

Tantôt ça sent le siècle passé

Tantôt c’était hier ou avant-hier

    Je ne me soucie pas de chronologie

Tantôt je garde l’image et m’y installe un moment

Tantôt je la bascule rapidement

    Je n’ai pas de rythme établi

Souvent je souris

Je pars en voyage dans le train des souvenirs ou dans la barque des rêves

    Je n’ai rien défini

Je suis riche de mille et une images, qui me parlent, me promènent, me rassurent, me questionnent

 

Mon trésor à moi c’est mon fond d’écran

 

C’est un écrin au fond de mes yeux

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06 novembre 2010

Défi de Mouna

La petite fille sage et studieuse venait d’être appelée par le maire de la ville pour la remise des prix. « Edwige Romano » entendit-elle dans le haut parleur. Prix d’honneur.

La petite fille sérieuse, sous le regard fier de ses parents, monta sur l’estrade et alla se faire remettre son prix des mains de Mr le Maire : un beau livre d’enfants comme toutes les années.

Edwige était impatiente ; elle n’oubliait pas que le dernier livre qu’elle avait « lu », c’était celui qu’elle avait volé chez le libraire. Elle se souvient : c’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour regarder de nouvelles images, déchiffrer de nouveaux mots, et ainsi partir en voyage… Quand ses parents s’étaient finalement aperçus du larcin, il avait fallu rendre le livre. Quelle honte mais quel déchirement aussi que cette séparation d’un livre devenu son ami.

« Perlette goutte d’eau » tel était le titre de son livre prix d’honneur

C’est l’histoire d’une petite goutte d’eau qui vit avec toutes ses sœurs sur un nuage. Elle s’ennuie, elle est curieuse et impatiente; elle veut partir tout de suite pour aller visiter la terre ; elle ne veut pas attendre la pluie ; ses sœurs tentent toutes de l’en dissuader.

En vain. Perlette s’approche du bord du nuage et saute, en poussant un cri de plaisir.

Si la petite Edwige Romano se découvre et reste fascinée par toutes les aventures terrestres et humaines qui se présentent à Perlette, elle engrange inconsciemment tout un imaginaire sur la vie des nuages qui va l’accompagner longtemps.

Après Perlette, jamais plus de sa vie d’enfant, Edwige ne saura regarder les nuages comme des nuages. Et surtout pas comme des cumulus, nimbus et autres cirrus…

Chaque nuage est un grand coussin moelleux qui abrite une colonie de petites gouttes translucides, toutes délurées, bavardes, sans cesse en rires et en chamailles.

Dès qu’elle peut, Edwige regarde le ciel et guette les nuages

Nuage indolent promenant mille perlettes orangées au soleil couchant,

Nuage électrique aux perlettes noires et grondantes à l’approche d’un orage,

Nuages blancs, nuages gris, nuages roses …  des millions de perlettes et des milliers d’histoires pour une seule toute petite fille.

Et puis un jour Edwige Romano connut son premier émoi. Elle s’aperçut soudain qu’elle ne pouvait plus jouer avec son petit voisin Philippe, qu’elle ne pouvait plus lui parler, le bousculer, se moquer de lui avec ses copines. Elle le guettait au bout du chemin, et détournait son regard quand elle le voyait ; au fond d’elle, elle avait de drôles de sensations, des pincements, des frissons, des petites caresses.

Sans s’en apercevoir, elle oublia le petit monde animé, bruyant, coloré et joyeux de ses nuages d’enfant.

Son nouveau plaisir solitaire était maintenant de s’allonger dans la prairie, et de laisser les dessins des nuages s’imprégner de ses désirs : un visage, des mains, un cœur, un frôlement, une rencontre. Si le nuage lune va se fondre dans le nuage fleur, alors c’est sûr, il m’aime, il m’aimera.

Elle ne devait surtout pas les perdre des yeux ; il lui fallait les soutenir, les aider, les convaincre.

Parfois elle trichait un peu et s’arrangeait avec les formes et les trajectoires ; mais qu’importe. Philippe l’aimerait. Philippe l’aima. Ensemble ils composèrent de beaux  tableaux célestes et quelques enfants aussi.

Aujourd’hui qu’elle est une vieille dame, que de nombreux êtres chers l’ont définitivement quittée, Edwige guette  l’éternel dans le ciel, elle guette le rayon divin, celui qui va scintiller de tous ses feux entre les nuages ; quand il vient, quand il brille, quand il éclate et se duplique, elle est émue, elle se sent toute petite, toute fragile.

Elle sait qu’un jour, dans la chaleur de l’été elle aussi partira, aspirée vers là-bas ; comme Perlette, toute évaporée, qui est, au terme de son aventure, remontée sur son nuage. De tout cela Edwige se souvient et elle sourit.

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30 octobre 2010

Défi 121 (Mouna)

Tourner autour du pot tourner tourner

Tourner autour du pot

tournant tourment

Tour ment menteur !

Tourner autour du pot tourner tourner

Tourner autour du pot

Tour sans dire

Etourdir tyran tour

Tourner autour du pot tourner tourner

Tourner autour du pot

Tour du pot, sans dépôt

Que détour, passe ton tour

Tourner autour du pot tourner tourner

Tourner autour du pot

Potiche, pastiche

Postiche, chiche ?

Tourner autour du pot, tourner tourner

Tourner autour du pot

Ou bien y aller

Par les 4 chemins

Pour ne pas y aller

Et ne pas dire

L’indicible

L’indisible

Tourner autour du pot tourner tourner

Tournis tour nié

Ni tour, ni route

Sainte ni touche

- Je te quitte -

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23 octobre 2010

un galop d'essai ... (Mouna)

L’ai-je bien descendu ?

Sous les projecteurs toutes les stars sont là.

Se propulser de bas en haut ou se refreiner de haut en bas,

Telle va être aujourd’hui leur tâche devant les caméras.

Outre le jeu du drapé dans le vêtement, l’éclat du sourire, le port de tête, le lancer de jambe seront scrutés, de même que le mouvement de la croupe et les sursauts indicibles de la poitrine.

L’escalier sera pour quelques jours encore l’unité de lieu, de temps et d’action, pour une piste aux étoiles, de renommée internationale.



L’escalier pour l’occasion  s’est une nouvelle fois travesti : ses 43 marches ont été recouvertes du tapis rouge ; déguisées, cachées, aveuglées, mises sous silence ... les marches.

A nouveau, sous leur pelure, elles ne participeront pas aux grincements qu’elles ont l’art de répercuter comme un secret qui se propage ; elles n’émettront pas les langoureuses vibrations censées épouser les pas graciles ou patauds qui se posent en rythme ;  elles ne connaîtront pas ce spectacle secret un peu coquin, quand l’allure se ralentit, et que les jeux impatients de jambes dévoilent sous les jupons des Abymes inconnues



L’ai-je bien descendu ?

Un car de japonais vient de débarquer en cet automne ensoleillé.

Encore une fois il y a plus d’appareils photos que de touristes;

A croire que ces voyageurs se déplacent toujours avec leur double incognito.

En 5 minutes que dure la visite de ce mémorial dédié aux stars ;

L’escalier est photographié pas moins de 178 fois :

Droit, en enfilade, en perspective, en plongée, en gros plan, en détail, en haut, en bas, en contre jour, avec ou sans le flash, avec ou sans un japonais planté là, rieur.

C’est l’escalier, la star du jour, qui se retrouve ainsi sous la convoitise des objectifs nippons.

Pour l’occasion, pas de tapis rouge d’orient ;

Mais  pour les 43 marches, qu’importent  maintenant les grincements, les vibrations, les vues plongeantes renversées.



L’ai-je bien descendu ?

Décidément, nul n’est jamais content

Tout se joue toujours à contre temps, à contre-champ

Circulez, vous dis-je, y a rien à voir.

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