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Le défi du samedi
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22 novembre 2008

BIZARRE ! VOUS AVEZ DIT BIZARRE ! (Martine27)


Madame Suzanne est bien embêtée.

Il y a un paquet sur son paillasson.

Or, elle n'a rien commandé et en plus le facteur ne monte jamais dans les étages.

En plus, il est bizarre ce paquet, il y a simplement l'adresse de l'immeuble et Madame S en destinataire.

Bon, à bien se creuser la tête, il n'y a qu'elle avec cette initiale ici.

Un cadeau surprise peut-être.

Elle le prend sous le bras et rentre chez elle.

Curieuse, elle commence par l'examiner sous toutes les coutures, mais rien, aucun indice ne vient l'éclairer sur l'expéditeur ou sur le contenu.

Alors, elle fait ce que tout le monde fait.

Elle le secoue.

"Aïe" braille le paquet

De saisissement Madame Suzanne laisse tomber le colis.

"Ouille, ouille, ouille" laisse échapper le sus-dit "pourriez pas faire attention, je suis fragile quand même".

"Vous êtes un pa pa qui pa pa" bredouille Madame Suzanne fixant avec horreur le paquet à ses pieds.

"Un quoi qui quoi" lui renvoie son nouveau compagnon.

"Un paquet qui parle"

"Ben oui, pouviez-pas le dire clairement la première fois" bougonne le paquet (si vous le voulez bien pour la suite du récit, histoire de ne pas me creuser la tête à trouver des synonymes au mot paquet, nous l'appellerons maintenant Paquet, avec un grand P)

"Mais, faut me comprendre c'est la première fois qu'un colis me parle !" s'indigne Madame Suzanne.

"Chez moi, les paquets parlent, les humains se taisent, voyez on est à égalité"

"A égalité ? Mais les paquets ne parlent pas !"

"Si, ils parlent la preuve"

"Non, ils ne parlent pas !"

"Si, ils parlent !"

"Non, ils ne parlent pas"

"Stop" braille Paquet toujours vautré par terre "on ne va pas continuer comme ça jusqu'à la fin du rouleau de papier kraft"

"La fin du rouleau de papier kraft ?"

"Ben oui, quoi jusqu'à la Saint Glin-Glin, si vous préférez"

"La Saint Glin-Glin"

"Et ho, vous avez fini de répéter ce que je dis, c'est lassant à la fin"

"Excusez-moi, mais c'est la première fois que…"

"Je sais" l'interrompt Paquet "c'est la première fois que vous parlez à un paquet parlant, j'ai compris l'idée, c'est bon, arrêtez de radoter".

"Désolée, mais c'est drôlement perturbant de parler à … Euh, bref, vous faites quoi ici au juste ?"

"J'étudie" répond doctement Paquet.

"Vous étudiez quoi, si ce n'est pas indiscret"

"Les hommes et leurs coutumes bien sûr"

"Et vous êtes sûrs que de leur flanquer la frousse ça va aider pour votre étude, et vous venez d'où et vous en venez comment d'ailleurs"

"Oh, oh, ça fait beaucoup de questions tout ça. Je viens d'une dimension parallèle. Comment ? Pas la peine de vous le dire, je sens bien que vous n'y comprendriez rien. Et pourquoi ? Pour voir si votre monde traite bien les paquets. Mais manifestement par ici, vos colis ont la tête vide, pas de coopération possible entre eux et non, dommage"

Pendant toute la péroraison de Paquet, Madame Suzanne n'a pas arrêté de le regarder d'un regard suspicieux.

Brusquement, elle le ramasse et se dirige vers la sortie.

"Eh vous allez où là ?"

"Ca ne vous regarde pas !"

"Ah, non je vous vois venir vous voulez me balancer à la poubelle, pas question. De toutes façons même si vous le faites je reviendrai, alors pas la peine de vous fatiguer".

Madame Suzanne s'arrête et pose Paquet sur la table de la cuisine.

"Vous bricolez quoi là ?" interroge Paquet un rien inquiet.

"C'est une blague, ça y est j'ai compris. En réalité, il y a un talkie walkie planqué là dedans et à l'autre bout des gosses qui se fichent de ma pomme ! C'est ça, hein sales mômes !" Madame Suzanne est hors d'elle ! Elle attrape de grands ciseaux et se dirige d'un pas menaçant vers Paquet.

"Non, non, je vous assure je viens bien d'une autre dimension, ne faites pas ça vous vous en mordriez les doigts"

"M'en fiche, faut pas me prendre pour une pomme"

Et vlan, de grands coups de ciseaux dans le ruban adhésif et dans le papier.

Et, ET

PAF, ZOU, BANG.

"Ah, voilà c'est malin ! Je vous avais dit de ne pas le faire" maugrée Paquet

"On est où là ?" demande Madame Suzanne d'une toute petite voix "Je ne vois rien"

"Où on est, entre nos deux mondes, voilà où on est grâce à vous, et ça va pas être coton de rentrer à la maison, je vous le dis moi ! Vous n'avez rien de trop urgent à faire j'espère ! Parce que là, on va devoir attendre que le Grand Facteur s'occupe de nous et pour savoir où on se situe sur sa tournée c'est une autre paire de manches"

"Et on fait quoi en attendant ?" s'inquiète Madame Suzanne.

"Et si on faisait vraiment connaissance ?" propose Paquet d'une voix guillerette.

"Oh non" gémit Madame Suzanne "coincée je ne sais où, pour je ne sais combien de temps, avec un paquet bizarre et bavard, pauvre de moi !"

"Bon, je commence. Alors voilà je suis né ….

 

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15 novembre 2008

Danse (Martine27)

La petite personne surveille le jardin, elle a été désignée comme sentinelle pour cette lunaison.

Alors elle scrute bien l'espace autour d'elle, il ne faudrait pas que ses frères et sœurs se fassent surprendre en plein travail. Par des enfants ou des animaux ce ne serait pas trop grave, mais si c'était un des grands il pourrait les prendre pour des nuisibles et leur faire du mal.

Il va être temps, le soleil commence doucement à poindre à l'horizon.

Tout est calme.

La petite personne roucoule une invitation.

Aussitôt surgissent de partout lutines et lutins qui courent avec elle vers le centre du jardin.

Ils se prennent par la main et se lancent dans une ronde bondissante.

De leurs gorges montent un chant très doux qui mêle chagrin de voir la nuit disparaître et bonheur de voir le soleil se lever.

Ce chant monte dans l'air.

Chagrin et bonheur se mêlent, deviennent larmes.

Et ces larmes tournoyant dans l'espace viennent doucement se poser sur le jardin lui offrant une couverture chatoyante de rosée.

Les petits êtres continuent encore un peu leur ronde, faisant jaillir la rosée sous leurs petits pieds, s'en aspergeant en riant.

Bientôt il est temps de repartir pour mener à bien d'autres tâches.

Comme de petits filaments de lumières les voilà qui filent tous vers la forêt.

La petite sentinelle reste encore un moment en arrière pour admirer leur travail.

Remarquant du coin de l'œil un mouvement à l'une des fenêtres de la petite maison, elle lève la tête et aperçoit une fillette dont le visage rayonne du plaisir d'admirer son jardin transformé en arc-en-ciel.

La petite lutine l'a déjà vue cette enfant et elle lui plait bien.

Cachée derrière quelques herbes elle l'observe un moment, s'émerveille de son sourire de joie, et doucement trois dernières petites gouttes de rosée s'échappent des ses yeux pour venir illuminer un autre petit brin d'herbe.

Ce nouveau scintillement attire le regard de l'enfant qui se met à rire de ravissement et sans trop savoir pourquoi lance un baiser dans les airs vers ce miroitement.

Une petite lutine s'en saisit, le niche sur son cœur, et s'en va d'un pas dansant rejoindre ses frères et sœurs.

8 novembre 2008

RECETTE DE GATEAU AU CHOCOLAT VITE FAIT (Martine27)

Faire visiter ma cuisine ?


Ben, même si elle est relativement grande on en a vite fait le tour quand même, je vais plutôt vous proposer une recette de cuisine.

En fait, un des rares que je sache faire sans consulter la recette toutes les 30 secondes.


Vous prenez dans la "machine à glagla" du beurre et des œufs, en principe c'est bien là que vous les rangez non ?


Ensuite dans le placard vous sortez, sans vous faire tomber un tas de trucs sur la figure, de la farine, du sucre, de la levure et du bon chocolat à cuire et c'est tout !


Bien entrons dans le vif du sujet.


Toujours du placard vous extrayez deux "verduriers" et un "c'est juste ce qu'il faut mettre".


En dessous dans le tiroir vous prenez une "quatre dents" voire un "tourbillon" si vous voulez travaillez à l'ancienne, si vous êtes un adepte du mécanique vous extrayez de sous l'évier (je sais, mes rangements sont bizarres) le "chat à neuf queues" électrique. Vous vous munissez également d'un "tranchant" pour couper le beurre, d'un "racle à fond" pour ne pas perdre une miette de votre préparation.


Bon, dans un des verduriers (le plus grand) vous mélangez avec énergie 2 œufs et 125 grammes de sucre, vous ajoutez 75 grammes de farine et ½ sachet de levure, et vous mélangez encore, allez un peu de nerfs, ça doit vous faire mal dans le biceps, sauf si vous avez opté pour le chat à neuf queues, mais là ça gicle dans tous les coins.


Avant de reprendre votre travail de musculation vous mettez dans le "Bernard Werber" le deuxième verdurier dans lequel vous avez cassé 125 grammes (pour tout dire moi j'en mets à l'aise 150) de chocolat à cuire avec un peu d'eau (j'ai oublié une fois, le chocolat n'a pas apprécié) et zou 2 minutes à fond les manettes.


Quand Bernard bip, vous ajoutez à votre beurre préalablement coupé en petits morceaux avec votre tranchant, ça uniquement si vous n'avez pas un de ces merveilleux beurres qui fondent dès qu'ils sortent du glagla. Vous mélangez jusqu'à obtenir une belle mixture bien mousseuse dans laquelle vous êtes priés de ne pas plonger un doigt gourmand, vous pourrez lécher le verdurier plus tard.


Vous ajoutez ce beurre chocolaté à votre autre préparation et vous mélangez.


Bon, comme la vaisselle n'est pas mon occupation favorite, je fais cuire dans le verdurier de base mais avant je finis de bien touiller avec le racle à fond pour que le mélange soit aux petits oignons. Avant d'enfourner 9 minutes puissance maxi dans Bernard, j'ajoute en pluie des pépites de chocolat que je conserve dans le compartiment super-glagla pour éviter qu'ils ne fondent trop à la cuisson.


Et au bout de 9 minutes, bip vous avez un délicieux gâteau au chocolat dont vous me direz des nouvelles.

1 novembre 2008

Le chasseur - Martine27

L'homme marche à grands pas, écrasant les feuilles sous ses pieds. Pourtant, il se déplace presque sans bruit, tel un grand prédateur.

Son visage serait beau s'il n'arborait pas une mâchoire crispée et des traits furieux.

C'est l'aube, il avance dans la forêt, son fusil serré entre ses mains. Il n'a qu'une idée en tête, toujours la même, tuer, tuer, faire mal, faire le Mal.

Tout à coup dans le silence des arbres, il lui semble entendre une cavalcade. Là, oui, là, un peu plus loin dans la légère brume qui stagne encore entre les arbres, il perçoit le silhouette d'un cerf suivi d'une biche et de son faon. Il s'arrête net, épaule et vise le petit, heureux déjà à la perspective de détruire une jeune vie.

Mais dans le viseur plus rien.

Il maugrée, aurait-il eu une hallucination ?

Serrant encore plus fort les mâchoires, les sourcils froncés, il s'enfonce plus loin dans la forêt.

Tuer, tuer encore et encore, c'est là son credo. Tirer sur les cervidés, tirer sur les lièvres, tirer sur les faisans et quand la saison de la chasse est terminée, braconner, tirer ou écraser les chats, les chiens où n'importe quelle sale bestiole qui croise son chemin.

Et imaginer les maîtres de ces malheureux animaux se lamenter, fantasmer sur les pleurs des enfants privés de leurs compagnons, savoir que derrière lui il laisse une traînée de souffrances humaine et animale lui fait du bien, c'est pour lui une jouissance sans limite.

Un sourire glacé né sur ses lèvres au souvenir de ses exactions, au souvenir des corps pantelants et sanglants qui jonchent son chemin.

Un jour peut-être, rêve-t-il, il s'attaquera à la proie suprême, une jeune fille pleine de vie et de joie qu'il croise parfois.

Pris dans ses évocations, il ne s'aperçoit pas qu'il n'a pas emprunté le chemin habituel. Ici le bois se fait plus sombre, bruissant de mille voix. La brume s'élance à l'assaut des arbres.

Lorsque, enfin, il reprend pied dans la réalité, il se trouve à quelques pas d'une chaumière qui se tapit au milieu des ronces.

Tout autour de lui, ce n'est plus que geignements, aboiements, miaulements, sifflements plaintifs.

Agacé, puis vaguement effrayé par ces sons qui l'assaillent, il tourne le dos à la maisonnette et regarde autour de lui.

Et là, il les voit, ils s'approchent de toutes parts de lui à pas feutrés, leurs blessures saignantes, leurs gueules pleines de gémissements, ils sont comme évanescents.

Comment cela se peut-il ? Il lui semble reconnaître, mais c'est impossible, toutes les victimes qui ont jalonné sa route de tueur impitoyable, animaux sauvages, animaux domestiques, les yeux brillant de haine, s'approchent de lui.

Il se met à tirer n'importe comment, rechargeant encore et encore son instrument de mort.

Mais en face de lui les victimes devenues vengeresses le cernent.

En désespoir de cause, les insultes à la bouche, il se rue dans la cabane, coince la porte comme il le peut et se réfugie dans un coin, tremblant comme ce faon qu'il avait acculé, pleurant de détresse comme ces chats et ces chiens torturés par plaisir.

A l'extérieur, les cris des animaux viennent en vagues successives se heurter aux murs de la masure, les corps se frottent contre la porte, les volets, une odeur de sang plane dans l'air.

La journée passe ainsi, il ne sait plus qui il est, plus ce qu'il fait, ce qu'il doit faire.

Et brusquement c'est le noir, il s'évanouit de peur, lui le cruel chasseur.

La nuit est tombée quand il revient à lui.

Il n'entend plus rien !

Ses agresseurs semblent être partis.

Alors, il se redresse, un grand rire le secoue, il montre le poing et hurle "Je vais vous tuer tous !". Alors, une lueur embrase la petit maison, une voix désincarnée s'élève "Tu n'as rien compris, tans pis pour toi !".

Et la porte s'ouvre seule, et les animaux fantômes qui attendaient dehors se ruent à l'intérieur et ensevelissent leur tortionnaire sous leurs corps torturés, crocs, griffes, becs prêts à le déchiqueter.

Un hurlement sans fin s'échappe de sa gorge tandis qu'il succombe à l'assaut.

Quelques jours plus tard, des promeneurs égarés trouvent le corps du chasseur.

Mis à part son visage tordu par une peur sans nom, son cadavre ne présente aucune blessure.

Et tandis que les secours l'emmènent vers sa dernière demeure, de la chaumière s'élance vers l'azur du ciel une brume impalpable.

Peut-être que si les témoins regardaient mieux, ils pourraient distinguer au cœur de cette nuée les silhouettes joyeuses et apaisées des animaux enfin redevenus indemnes.

Et là-bas, dans la plaine, une jeune fille respire à plein poumons, heureuse de se sentir vivante comme jamais auparavant. L'étrange poids qui accablait ses épaules depuis quelques temps vient de s'envoler.

25 octobre 2008

La petite invention de Mémé Celestine (martine27)

Mais Madame, ce concours est réservé aux JEUNES inventeurs !

M'en fiche, vous n'aurez qu'à vous dire que vous avez devant vous 3 ou 4 jeunes inventeuses-trices de 20 ans. C'est quoi cette manie du jeunisme ?

Face à Mémé Célestine le jury n'a aucune chance.

Mémé est donc priée de présenter son invention.

Je vous présenter le dentier, râtelier, berlingue multi-fonctions.

Et tandis que les mâchoires du jury bées, Mémé se lance.

Voilà donc un dentier qui va rendre les personnes âgés beaucoup plus indépendantes.

Les diverses fonctions sont actionnées par une pression sur une dent définie.

Canine gauche le dentier devient taille crayon, très pratique quand vous faîtes des mots croisés, que la mine casse et qu'il n'y a personne pour vous le tailler, le crayon !

Canine droite le dentier devient broyeur indispensable quand on vous sert de la carne à la cantoche.

Incisive gauche le dentier mord l'infirmière qui vous parle comme si vous étiez un demeuré ou un bébé dans les langes.

Incisive droite le dentier planque les médicaments qu'on vous force à ingurgiter pour que vous vous teniez peinard.

Bien sûr tous les déchets sont broyés et stockés pour élimination ultérieure.

Molaire gauche libération d'un petit cachet goût et effet Calva.

Molaire droite libération d'un petit cachet goût et effet caféïne.

Ouais, même principe que la capsule de cyanure planquée pendant les opérations de résistance, mais en plus fun et vous pouvez bien sûr choisir le parfum. Maintenant en cas d'acharnement thérapeutique à vous de voir !

Voyez, il a tout pour plaire mon dentier, il peut même faire radio et lampe de poche pour lire au pieu c'est vous dire, encore que dans ce cas là c'est pas facile de ne pas baver, mais bon ça peut s'améliorer.

Enfin pas besoin de piles, tous les soirs un petit coup de manivelle et la dynamo repart pour un tour.

J'oubliais pas besoin de le mettre dans un verre d'eau pendant la nuit, il est bien sûr auto-nettoyant.

Je ne sais pas si Mémé Célestine et son dentier vont gagner un prix, mais en tout cas, le jury lui en a avalé sa langue.

2047 caractères

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18 octobre 2008

Madame la Comtesse (Martine 27)

Messire le Comte s'est longuement entraîné dans sa chambre. Le troubadour le lui a affirmé, pour obtenir monts et merveilles de la Comtesse, que Messire le Comte vient juste de retrouver après 10 ans à guerroyer de-ci de-là, il lui faut la flatter.

Il faut dire que Madame la Comtesse, depuis si longtemps délaissée, est un peu de mauvaise humeur et pas trop portée sur la bagatelle, il faut bien le reconnaître.

Bref, avant de rejoindre sa douce moitié dans sa chambre, il a répété encore et encore le texte que le troubadour a écrit pour lui (et donc pour elle).

Ma chère votre beauté m'éblouit (tu parles avec 10 ans de plus ma chère épouse vous n'êtes plus guère une galinette de l'année, mais bon si pour en arriver à mes fils, il me faut en passer par là, courage allons-y).

Bon donc, ma chère votre beauté m'éblouit, elle resplendit telle la cassette du joaillier (dans laquelle vous fîtes disparaître une partie de ma fortune pendant la courte absence).

Vos cheveux d'oryx, palsembleu non, d'onyx (quoi que soit ce truc, et encore le troubadour proposait obsidienne encore plus difficile ça) ruissellent sur vos épaules de nacre (l'une d'ailleurs un tantinet plus haute que l'autre).

Vos yeux d'ambre rehaussent votre teint d'ivoire (jauni l'ivoire, mais passons).

Vos lèvres tels des rubis mettent le feu à mon cœur (bon très franchement un peu plus bas, mais le troubadour affirme que ces compliments de soudard s'ils conviennent aux filles d'auberge ne sont pas pour les dames bien nées).

Vos doux seins (qui commencent hélas ma mie à pendouiller) sont deux merveilleuses perles (baroques quant à la forme pas de doute) embellis par deux délicats tétons de… de… (pas rubis déjà utilisé, il a dit quoi ce maraud de troubadour) de… de…, ah oui, semblables à des grenats (que je vais arracher à coups de dents je le sens bien si ça dure trop longtemps cette ineptie).

Votre taille d'albâtre ondoie comme un roseau (ah ben oui, le troubadour n'a pas trouvé de pierre précieuse qui ondoie).

Bon, allez, que diantre j'y vais, je verrais bien sur place pour la suite.

Et voilà Messire le Comte qui, tout sourire et idées libidineuses, se rend chez Madame la Comtesse pas plus heureuse que ça de récupérer un époux quelque peu défraîchi il faut bien le dire.

Or donc, Messire le Comte, très concentré, régurgite le laïus du troubadour tout en se demandant in petto si celui-ci n'en saurait pas un peu trop sur son épouse.

Il risque quelques caresses, fait glisser strate après strate les étoffes qui couvrent son épouse.

Et enfin, il touche au but (si je puis m'exprimer ainsi). Le dernier jupon tombe et Madame la Comtesse, un sourire narquois sur les lèvres de rubis (voir plus haut) se laisse contempler par son époux proche de la syncope.

Un gémissement monte aux lèvres de celui-ci. Il se revoit faire du tri dans son escarcelle et jeter une clé dont il ne voyait plus l'usage.

Horreur, il s'agissait de celle qui ouvrait la splendide ceinture de chasteté ruisselante d'émeraudes, de rubis, de saphirs, de diamants, qui ceint et protège la délicate intimité de sa Dame.

Hélas pour lui, il ne pourra poursuivre ses comparaisons bijoutières plus loin, tout au moins pas avant d'avoir fait venir un forgeron !

 

4 octobre 2008

Meurtre en salle pleine (Martine 27)

Ce samedi avait mal commencée. Il s'était disputé avec sa femme, au début pour un motif futile dont il ne se souvenait même plus. Puis cela avait dégénéré. Elle souhaitait aller faire des courses, lui assister à une rétrospective qu'il attendait depuis longtemps au cinéma. Bien sûr, elle l'avait accusé de vouloir en fait rejoindre "sa poule", non mais franchement ce terme ringard. Il avait beau lui dire qu'il n'avait pas de "poule" rien à faire, elle s'y accrochait. Il avait donc pris son manteau et avait filé direct au cinéma. Cela faisait déjà un bon moment qu'il s'étalait voluptueusement dans son fauteuil, la salle est quasiment pleine. Il restait encore une place près de lui. Après s'être délecté de Dumbo, voilà Bambi qui commençait. Une rétrospective Disney, c'était trop bon, ben oui même et surtout à 50 balais. Bref, il s'apprêtait à fixer toute son attention sur l'écran, quand il y eut un peu de remue-ménage à côté de lui, il entendit le doux froissement du nylon quand la femme vint s'asseoir près de lui. Et puis, et puis … Au moment où la maman de Bambi se fait tuer, comme d'habitude il ne put retenir une petite larme et il sentit dans le même temps la femme près de lui basculer doucement contre son épaule et un liquide chaud imprégner sa chemise. La pauvre, pensa-t-il, comme elle est sensible. A la fois gêné et flatté il la laissa s'alanguir contre lui. Puis le film se termina, la suite de la rétrospective était prévue pour l'après-midi. La femme était toujours appuyée contre son épaule, là il commença à se sentir un peu mal à l'aise quand même. Et quand, la lumière se ralluma, les gens autour de lui se mirent à hurler. Il jeta un coup d'œil à sa compagne, ce qu'il avait pris pour des larmes était en fait du sang. Du sang qui maculait le visage de l'inconnue qui fixait l'écran d'un œil maintenant vide. Plus tard, assis dans la salle d'interrogatoire du commissariat, il cherchait à reprendre pied. Bien sûr, personne n'avait voulu croire qu'il n'y était pour rien. Personne ne s'était levé, ni n'était parti précipitamment pendant la projection de Bambi. Les voisins avaient dit à la police qu'il n'arrêtait pas de se disputer avec sa femme et que celle-ci était sûre qu'il la trompait, peut-être avec cette inconnue allez savoir. Et le pire, on avait retrouvé l'épingle à chapeau acérée qui avait servi à percer le cerveau de la femme (en passant par l'oreille) coincée sur son fauteuil à lui, près de sa cuisse. Avec tout ça, comment voulez-vous que le flic de base le croit innocent, c'est humain ! Par qui et comment le meurtre avait-il été perpétré, et surtout pourquoi l'avoir désigné comme bouc émissaire ? C'était le noir le plus complet pour lui.

27 septembre 2008

Persistance de la mémoire (Martine27)


Non mais quelle idée j'ai eu d'entrer au Muséum d'Art Moderne de New York. Complètement dingues ces fichus Yankees d'offrir une œuvre par tirage au sort et moi qui n'ai jamais de chance au jeu, voilà que j'ai gagné, enfin, je me suis aperçue après coup qu'en fait de chance, ça a été un sacré coup de poisse oui !

J'avais donc gagné le droit de choisir une œuvre parmi toutes celles du Musée et j'ai jeté mon dévolu sur "Persistance de la mémoire" enfin moi personnellement je préfère le titre "les Montres molles" de l'ami Dali.

Bon, pourquoi ce tableau là en particulier, allez savoir, il m'a toujours amusée même si, il faut bien le reconnaître le paysage n'engendre pas une franche rigolade, mais ces montres qui dégoulinent me "parlent". Ah ça pour me parler, elles me parlent les bougresses.

Me voilà donc revenue en France avec ce tableau.

Et là les ennuis ont commencé, d'abord à la douane, malgré les papiers fournis par le Musée j'ai failli me retrouver en taule pour vol. Ensuite, elle jure abominablement avec mon papier peint et comme les assurances me piquent quasiment l'intégralité de mon salaire pour assurer ce fichu petit bout de toile je n'ai pas les moyens d'en poser du neuf.

Ah ne pas oublier que je vis maintenant dans un bunker, avec des barreaux aux fenêtres et des alarmes dans tous les coins, je ne vous dis pas il y a même un code pour aller aux toilettes, alors quand j'ai une petite envie la nuit et que je me souviens plus de ces !§=£$*µ d'alarmes je réveille tout le quartier, je déplace la société de gardiennage et je n'arrive pas à me rendormir avec l'afflux d'adrénaline qui m'a envahie, en prime il faut que je décroche ma minette perchée en haut de la moquette murale et qui feule de fureur.

Mais ce n'est pas encore le pire. Non !

Faut dire qu'avec un personnage comme Dali, j'aurais du me méfier.

Figurez vous que pendant la nuit ses montres se mettent à fonctionner. Seulement au lieu de faire un honnête tic-tac comme toutes montres qui se respectent, non elles font des bruits bizarres des plic-plac, flic-floc, blic-bloc, clip-clap, bling-bling et jamais en rythme bien sûr, parfois c'est toutes les secondes comme ce doit être réglementairement le cas, et parfois, vlan une fois toutes les minutes ou une seconde sur deux. Donc pas moyen de dormir correctement même avec des boules quies et trois oreillers par-dessus, ce son s'infiltre et m'emballe le cœur.

Bon remarquez j'aurais choisi une autre œuvre allez savoir ce qui se serait passé : le discobole m'aurait envoyé son disque dans toutes mes vitrines et mes carreaux, la Joconde n'aurait pas arrêté de marmonner dans sa barbe, le radeau de la Méduse m'aurait inondée et j'en passe et des meilleures.

Bref, je suis sur les genoux et j'envisage de détruire cet instrument de torture. Et quitte à avoir des montres molles à la maison je crois que je préfèrerais opter pour celles de Claude Ponti et de Monsieur Monsieur.

Pardon ? Je pourrais le revendre ! Mais dites donc c'est une super idée ça ! Je n'y avais pas pensé. Ca ne vous intéresserait pas par hasard ?

20 septembre 2008

Promotion ( Martine 27)


"Bonjour, ici Charline Octavo. Bienvenue à notre émission "Parlons d'eux". Vous en connaissez le principe, nous allons parler de et avec vos auteurs favoris de leurs derniers personnages. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Monsieur Tex Folio. Comment allez-vous cher auteur ?"

"Très bien Charline, très bien et merci de me recevoir dans votre émission."

"Mais je vous en prie. Entrons tout de suite dans le vif du sujet, c'est le cas de le dire, parlez-nous donc de votre dernier personnage. Pourquoi lui avoir inventé une petite vie aussi étriquée, vous nous aviez habitués aux héros."

"Justement. Franchement dans la population humaine en rencontrez-vous souvent des héros, des êtres hors du commun ? Non, bien sûr. La quasi totalité des humain est banale et peu intéressante il faut le reconnaître. J'ai donc choisi de raconter la vie d'une non-personne si je puis m'exprimer ainsi"

"Et vous avez eu raison, il faut le reconnaître on s'ennuie merveilleusement durant les 30 jours que durent l'intrigue, enfin si on peut parler d'intrigue, Tex ?"

"Eh non Charline, on ne peut pas, il s'agit de la non-histoire, d'un non-personnage. Il est seul, même pas un chat ou un chien, divorcé, sans enfant, pas d'ami, un travail inintéressant, des finances difficiles, une santé précaire, aucun loisir, aucune passion. Bref, il se lève, va travailler, mange, revient chez lui, effectue ses tâches ménagères, regarde la télé et va se coucher et cela pendant 30 jours."

"Non, quand même pas pendant 30 jours"

"Effectivement, les samedis et dimanches il va faire les courses, une petite sieste et il se saoule de télé mais à part ça, il ne se passe rien"

"En effet, et c'est ce qui nous tient accrochés jusqu'au dernier jour où on espère qu'il va enfin se passer quelque chose"

"Mais il ne se passe rien de plus"

"Alors, pourquoi nous avoir fait découvrir ce personnage"

"Mais parce qu'il est reposant, il ne lui arrive rien, c'est bien moins fatigant pour l'observateur de la vie humaine que je suis que de devoir cavaler après un héros qui bondit dans tous les coins, reconnaissez-le. Pour tout vous dire Charline, j'avais besoin de ce temps de repos"

"Eh bien Tex, je peux vous dire qu'il a été très bien utilisé, je ne me suis jamais autant embêtée en suivant un personnage. Une idée pour votre prochain sujet d'observation ?"

"Oui, je pense me pencher sur une carmélite, une vie réglée au papier millimétré et un minimum de dialogue, vous devriez attendre des sommets dans l'ennui mortel"

"C'est merveilleux. Voilà chers téléspectateurs, c'est ainsi que s'achève notre émission "Parlons d'eux" où j'ai eu le plaisir de recevoir le talentueux Tex Folio qui nous présentait sa dernière œuvre intitulée, j'avais oublié de le préciser, "Un humain".

Dernier clap de fin. La présentatrice et l'auteur se lèvent, se remercient, secouent leurs feuilles et leurs couvertures et s'en vont tranquillement rejoindre leurs bibliothèques respectives pour observer le monde et les humains qui grouillent à leurs pieds, euh pardon, à leurs pages.

13 septembre 2008

DONS A LA DEMANDE (Martine 27)


On m'a souvent demandé d'où venaient ma voix de rossignol, ma capacité à la moduler sur plusieur octaves, à pousser un contre-ut à briser le cristal.
C'est simple, je suis une vampire.
Non, ne filez pas ventre à terre, je ne me nourris pas de sang, d'ailleurs vous voyez bien il fait soleil et je me reflète dans les miroirs.
En fait, je possède un très étrange don.
Lorsque je veux quelque chose, attention, il faut que je le veuille vraiment, il me suffit de mettre la main sur un objet de la personne dont je convoite la faculté et hop, j'absorbe sa capacité.
Pour moi, cela s'arrête au chant et puis ce n'est pas toujours facile de mettre la main sur les possessions des plus grandes cantatrices. Mais, bon, on fait avec.
Oui, je disais donc que dans mon cas ce phénomène se limite au chant, mais j'ai certains congénères... Comment ?
Oui, nous sommes relativement nombreux, parfois on nous traite même de plagiaires ou d'imitateurs, non mais je vous jure !
Bon bref, vous me faites perdre le fil, je disais donc que ça fonctionne aussi avec la peinture, l'écriture, la sculpture, enfin tous les arts.
Allez disons que le terme de vampire est un peu exagéré, nous ne tuons personne.
Nous sommes plutôt des éponges, des buv-arts, nous nous imbibons et nous restituons ensuite.
C'est grâce à nous que l'art se perpétue et s'enrichit, parce que bien sûr nos propres objets stockent aussi nos dons pour nos semblables.
Voilà, vous pouvez le dire, nous sommes des bienfaiteurs de l'humanité.
Voulez-vous que je vous chante mon plus grand succès "l'air des bijoux".
Pourquoi vous enfuyez-vous Tintin ? Vous connaissez bien la voix de velours de la Castafiore voyons !

6 septembre 2008

UN BATEAU INSOLITE (Martine27)


Ce matin là, tels les Pieds Nickelés, Janeczka, Val et Papistache se promenaient sur la marina en quête d'un mauvais coup.

Brusquement, les voilà qui tombent en arrêt devant un vieux voilier mis en vente. Tous trois le détaillent sous toutes les coutures et comme les larrons qu'ils sont, pas besoin de se parler. Un clin d'œil du chef de la troupe le vénérable et barbu Papistache et les voilà qui embarquent sans plus s'en faire et larguent les amarres.

Mais ils ne savent pas qu'embusqués près d'un ponton deux yeux (enfin la personne à qui ces yeux appartiennent) tout sauf bienveillants les observent.

Ah, il faudrait peut-être que je vous présente ces trois malfrats et les rôles respectifs qu'ils décident d'assumer sur ce vieux rafiot.

Nous avons donc le doyen Papistache et sa jambe de bois, en raison de son expérience il sera le capitaine, Janeczka et sa main artificielle (qui remplace le crochet depuis peu) sera à elle seule les membres d'équipage et enfin Val la benjamine encore peu aguerrie à la mer et comme disent les deux autres en plaisantant à peine, jeune, tendre et n'ayant ja-ja-jamais navigué elle sera le mousse et servira éventuellement d'en-cas si les vivres viennent à manquer.

Voilà donc les trois acolytes qui prennent la mer très satisfaits de leur mauvaise action.

Le vieux voilier, même s'il ne paye pas de mine, tient plutôt bien l'eau. Papistache se dresse fièrement à la proue et la main en visière admire le large, Janeczka tient ferme la barre, Val se débrouille tant bien que mal avec les voiles.

La matinée se passe dans la joie et la bonne humeur. Nos pirates s'amusent comme des petits fous en imaginant la tête du propriétaire spolié.

Seulement voilà, brusquement le temps change, la mer grossit, le vent forcit. Il faut toute la force de Papistache et de Val pour affaler les voiles, tandis que Janeczka s'arque boute sur la barre, sa main artificielle fait des miracles.

La mer se déchaîne, le voilier embarque paquet de mer après paquet de mer. Les trois compères sont trempés comme des soupes et Val commence à prendre une délicate couleur vert tendre. Mais en vrais pirates ils serrent les dents et le reste, font face à l'adversité et prient qui ils peuvent pour ne pas couler.

Aussi brusquement qu'elle est apparut la tempête disparaît laissant nos forbans dégoulinants et fort marris.

Il est temps de cesser la plaisanterie et de regagner le port.

Sur les indications de Papistache, Val étant hors course toute occupée qu'elle est à calmer son estomac mis à mal, Janeczka met le cap sur la côte.

Mais là un fait surprenant se produit, chaque fois qu'ils arrivent en vue du port, le voilier se déporte et repart en pleine mer, ils ont beau faire ils n'arrivent pas à se rapprocher de la côte.

En désespoir de cause ils tentent de héler les bateaux qui passent à proximité pour se faire remorquer, mais aucun ne semble (enfin, les barreurs) les remarquer.

Les voilà bien perplexes, mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises.

Une grand lumière explose à la proue du bateau et un étonnant personnage arrivé d'on ne sait où se dresse devant eux.

Il les regarde en ricanant. Ce rire et son aspect (deux jambes de bois, un crochet, un bandeau sur l'œil, quelques dents en moins et un ridicule déguisement de pirate) sont tout sauf rassurants.

Nos trois fripons tremblants se regroupent à la poupe essayant de mettre le plus de distance entre eux et l'inquiétant nouveau venu.

"Ah mes gaillards" s'exclame celui-ci avec un rire satanique "Je me présente Capitaine Joe Krapov, propriétaire de ce voilier que vous avez jugé bon de me voler et je vous en remercie vivement"

Papistache, Janecska et Val échangent des coups d'œil interloqués.

"Oui, je vous remercie, tel mon frère aîné fièr capitaine du Hollandais volant, je suis maudit. Contraint de naviguer sans fin sur la "Sardine volante, enfin" nouveau ricanement sarcastique "j'étais maudit, mon bateau invisible de tous ne pouvait apparaître qu'une fois tous les 100 ans, pendant une journée et si par bonheur j'arrivais à le vendre ou à me le faire voler ce jour là, devinez mes agneaux ???"

Les agneaux en question commencent à se douter du coup à venir et à trembler dans leurs chausses.

"Oui vous avez deviné, maintenant grâce à vous je suis libre et vous prenez ma place, vous voilà partis pour au moins 100 ans de navigation. Mais je suis bon garçon" et avant de disparaître dans un nuage de fumée laissant nos trois apprentis fantômes bien embêtés, il lance quelque chose sur le pont.

Val s'en approche, c'est une boite de Dramamine contre le mal des transports, elle l'empoche avec vélocité.

"Bon" dit d'une voix morne le nouveau capitaine de la Sardine Volante "on est dans le pétrin jusqu'au cou, va pas falloir louper le coche dans 100 ans".

Et tel le poor lonesome cowboy, la Sardine Volante et son équipage se dirigent vers le soleil couchant et disparaissent définitivement (enfin pour 100 ans) dans un scintillement d'arc-en-ciel.

Moralité : Attention à vous acheteur ou voleur potentiel de vieux bateaux renseignez-vous bien avant de vous lancer dans l'aventure !

30 août 2008

SALLE D'ATTENTE EN FOLIE (Martine27)


Aujourd'hui avec mon jeune homme nous sommes tombés sur de sacrés numéros.
Visite chez l'ophtalmo ce matin.
Rendez-vous à 11 h 45 en sachant bien qu'il y aurait du retard comme d'hab.
Dans la salle d'attente il y avait déjà un couple de personnes âgées, un monsieur et son bambin de 5/6 ans. Tout d'abord calme plat, mon fiston et moi nous plongeons dans nos bouquins (je l'ai contaminé à la naissance avec les livres), à côté de moi le petit feuillette gentiment son magazine.
Et tout à coup, BOUM la perturbation s'abat sur la salle tranquille et elle ne vient pas du petit bonhomme comme on pourrait s'y attendre, les gosses n'aiment pas attendre, mais non ce n'est pas lui qui se manifeste. Ce sont papy et mamy qui se lancent à voix bien haute histoire que tout le monde en profite, bon restons concentrés sur nos bouquins.
BANG les 4 saisons, tiens à son âge manifestement la dame ne sait pas qu'il est impoli de laisser son portable allumé dans une salle d'attente. C'était Kévin, ben ouais mais elle connaît pas de Kévin, ça peut pas être le vitrificateur quand même, il aurait pas annoncé Kévin, et puis il aurait pû s'excuser d'avoir fait un faux numéro le Kévin c'est vrai quoi il dérange tout le monde (tiens, c'est pas le portable qui dérange). Bref, c'était Kévin, ce qui nous fait une belle jambe à tous.
L'ophtalmo arrive et appelle le petit garçon et son papa, aïe, aïe, aïe, caramba branle-bas de combat du côté du 3ème voire 4ème âge, de quoi on était arrivé avant eux, pourquoi ils passent avant nous, Madame se lève file le train au toubib, et rebelote on était arrivé avant et gnia et gnia et gnia. Oui Madame, mais ces personnes avaient le rendez-vous précédant le vôtre. Retour salle d'attente, c'est inadmissible, sont arrivés après, donc ils sont arrivés en retard (alors que manifestement eux étaient arrivés plus qu'en avance puisque plusieurs personnes arrivées après eux étaient passées avant eux, vous me suivez là ???) donc ils auraient dû passer après et eux avant et puis même que des fois chez les toubibs eh bien il y en a qui attendent à côté de la porte pour pouvoir passer devant tout le monde, c'est pas inadmissible ça, parce que quand même là ils étaient arrivés avant les autres.
Brefffff, pendant la tirade une dame arrive avec sa fille, dans nos âges à Jérôme et à moi, voyant l'ambiance elles commencent à parler stages et études.
Pendant ce temps, je tente de rester concentrée sur mon bouquin, mais grave erreur je lève le nez et je me retrouve devant le large sourire de mon gamin qui est assis à côté de papy et mamy en face de moi, faut dire que ce gosse tient de moi un sens de l'humour un peu tordu. Nous nous regardons et tant bien que mal nous gardons notre sérieux avec des sourires en coin quand même.
Et ça continue comme ça, que Thérèse elle exagère elle profite des sorties mais elle a pas payé sa carte, que la prochaine fois eh bien la Thèrèse ils vont la prendre entre 4 zieux histoire de lui expliquer que si on profite des sorties eh bien il faut payer la carte. De plus en plus dur de garder son sérieux.
Et enfin, le docteur les appelle, alors là explosion de joie et de rires dans la salle d'attente où nous sommes 4 à nous bidonner, à mon avis je pense qu'à côté ils ont dû entendre.
Bref, nous étions tombés sur le type de retraités qui va faire ses courses aux heures d'affluence et qui râle parce qu'il n'y a pas assez de caisses d'ouvertes, qui veut absolument passer devant vous parce que, hein ils n'ont que trois articles alors que votre caddy est plein, qui profitant de leur cheveux blancs vous passent devant dans les queues. En un mot les Em....eurs avec des majuscules dans tous les coins. C'est terrible quand même ces personnes qui partant du principe qu'elles sont âgées estiment avoir le droit d'enquiquiner tout le monde. Le pire c'est que nous bonnes poires nous n'osons rien dire, la faute à qui, la faute à l'éducation. Que Dieu me préserve de virer comme ça, pourtant des cheveux blancs j'en ai déjà !!

23 août 2008

Houpert-Brone - Martine27

Demain, c'est brocante au village.

Je vais encore me laisser aller, c'est sûr.

Il faut dire que ça fait tellement de temps que je cherche un Houpert-brone qu'il va bien falloir un jour où l'autre que je le trouve.

Pardon, qu'est-ce qu'un Houpert-brone ?

Si je le savais je me ferais un plaisir de vous le dire.

Là gît le problème.

Je suis tombée un jour sur ce nom dans un livre et il était dit que cet objet extraordinaire pouvait exaucer un vœu.

L'ennui c'est que dès que j'ai vu ce mot, j'ai été comme ensorcelée.

IL FALLAIT que je trouve un Houpert-brone et ça fait maintenant 20 ans que j'écume les brocantes et foires à tout, la galère je vous le dis, et le gouffre financier.

Au début, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un récipient. Vous savez qu'on trouve beaucoup de génie dans les bouteilles.

J'ai donc commencé à acheter des bols, des bouteilles, des lampes à huile ou à pétrole, des vases, des théières et vas-y que je te les frotte, encore que le mode d'emploi n'était pas donné dans le livre.

Bref, il y a chez moi une sacrée collection de contenants en tous genres et super astiqués je vous le dit. J'ai même, c'est vous dire, un crâne dans lequel les vikings buvaient leur boisson sacrée (je me demande si je ne me suis pas fait avoir quand même, il m'a semblé voir gravé en dessous Made in quelque chose, pas sûre que ce soit du viking ça).

Bon, bref.

Ensuite j'ai enchaîné sur l'achat de toutes les choses qui me paraissaient de bonnes candidates pour être un Houpert-brone. Des livres, des porte-clés, des assiettes, des miroirs, des casseroles, des réveils, des vieilles fringues, des godasses déglinguées, des pots de chambre, des miniatures, des poupées et même, même un raton laveur empaillé. Rien à faire j'ai beau multiplier les achats, essayer un tas de rituels aussi bizarres que variés du style danser à poil sous la lune avec le dernier objet en date, ou me rouler dans la rosée avec lui. Rien à faire, si ce n'est me taper des crèves mémorables quand on est en plein hiver.

Je commence à me décourager et il serait bien que je le trouve ce fichu bidule, parce que si au début je n'avais pas trop d'idées sur le vœu à formuler, voyez le genre être riche, être célèbre, vivre longtemps en bonne santé, maintenant je n'ai plus qu'un seul vœu en tête, vous voulez savoir lequel ?

Simple, si je mets la main sur un Houpert-brone je lui demande de me débarrasser de tout le bric-à-brac qui encombre ma maison, faut dire que c'est tout juste si je peux encore y entrer sans me faire écraser par tout ce qui y est empilé !

PS – Au fait Houpert-brone, vous avez deviné le mot qui se cache derrière ?

 

9 août 2008

C'est extra (Martine27)

Le soleil dardait ses rayons.
La plage était noire de monde.
J’étais en train d’oindre de crème solaire mon ami étalé là telle une amibe géante.
Quand soudain, une ombre immense recouvrit la plage.
Une voix synthétique s’éleva :

« Terriens ? si vous ne bougez pas aucun mal ne vous sera fait »

Bien sûr, ce qu’il ne fallait pas dire. Vous avez remarqué n’est-ce pas ? Les extra-terrestres ne savent jamais dire ce qu’il faut pour que les indigènes bornés de la planète envahie se tiennent tranquilles.

Bref, ce fut la débandade sur la plage.
Hurlant, la plupart des touristes en train de se faire frire la couenne se levèrent et filèrent ventre à terre, mon ami y compris me laissant seule les mains dégoulinantes de cette saleté de crème solaire, moi qui reste toujours prudemment à l’ombre du parasol.

Bon d’accord, je ne faisais pas vraiment preuve de courage, j’étais juste tétanisée.

Evidemment, ils (les étrangers) n’attendaient que ça, et zip, un rayon de la mort par ici, un rayon de la mort par là et la plage était nettement moins noire de monde je vous le dis. En plus, drôlement propre le rayon de la mort, écologique et tout, un coup de zip et plus rien qu’un peu de vapeur, non vraiment très propre.

Après, qu’ont-ils fait des survivants dont j’étais une des bien involontaires représentants (encore que je préférais nettement faire partie des survivants que des zappés, comme on dit mieux vaut un lâche vivant qu’un héros mort). Eh bien, mollement étalée sur la serviette laissée par mon défunt ami (il a d’ailleurs fait un très beau zap) je me laisse oindre avec délectation de crème solaire par quelques unes des 8 tentacules de mon nouvel ami.

Voulez-vous que je vous dise, rien ne vaut les tentacules pour étaler la crème, ça vous enveloppe, ça vous caresse, ça vous masse, hmmmm, un vrai plaisir, j’en redemande.

Pardon ? Pourquoi je pactise avec les envahisseurs plutôt que de lutter jusqu’à la mort pour les renvoyer dans leur galaxie ? Je ne vois vraiment pas pourquoi je renverrais chez eux ces charmants touristes (bien qu’un peu bizarres physiquement, je veux bien le reconnaître) ils demandaient simplement qu’on leur laisse un peu de place sur la plage (bien sûr la formulation de leur demande laissait un peu à désirer, nous sommes d’accord).

Est-ce ma faute à moi si sur notre planète leur rayon transporteur se transforme en rayon de la mort ? Non, n’est-ce pas ? Alors laissez-moi déguster tranquillement ce divin moment d’entente intergalactique !

2 août 2008

Le MLV (Martine27)

Un jour cela devait bien arriver, depuis le temps que cela pendait au nez des hommes.

 

Plus une goutte de pétrole.

 

Bon, certes on s’y attendait un peu quand même, si, si, un peu quand même !

 

Bien sûr au début ça a été dur, il a fallu se décider à trouver et à développer des énergies parallèles, le vent, l’eau, le soleil, la traction animale.

 

Forcément, il y a eu des paniques, des révoltes, des émeutes, des famines, rien que de très normal n’est-ce pas ?

 

Ensuite, la race humaine étant cabocharde, elle a repris pied et a fait face. Le génie humain a pu se laisser aller sans rien craindre des menaces des grandes compagnies pétrolières qui ne voulaient pas, dans les temps reculés, que de nouvelles énergies voient le jour.

 

Et un monde sans essence est né, la couche d’ozone n’en a pas cru ses trous, les mers la légèreté rendue à ses vagues, l’homme en a un peu plus bavé forcément, les poumons humains ont du muter pour supporter tout cet oxygène, il y a d’ailleurs eu beaucoup de décès à cause de ce nouveau mode de vie. En plus, le rythme de vie s’est ralenti, les hommes ont du réapprendre aussi à prendre leur temps, l’horreur pour certains.

 

Mais les hommes étant des hommes, ils ont fait au plus simple et ont décidé de tout miser sur le vent, allez savoir pourquoi le vent ? Bon c’est vrai que le soleil il n’y en a pas partout. Le vent est un peu plus répandu d’accord. Donc, banco, tout sur le vent, en plus ce n’était pas trop cher, bref tout allait bien.

 

Et ce qui devait advenir, advint, forcément.

 

Un jour, il y eu du remue-ménage sur une petite île perdue au milieu de nulle part.

 

Et un communiqué fut diffusé sur toutes les ondes.

 

« Ici, le MLV, Mouvement de Libération des Vents. Ils n’ont pas à travailler comme des malades pour vous sans rémunération décente. Nous avons donc décidé de prendre les intérêts de Monsieur Eole et de ses enfants, Aquilon, Zéphyr, Sirocco, Brise, Bise, Tornade, Typhon, Mistral, Tramontane et apparentés en main. A partir de maintenant, ils ne souffleront plus que contre rétribution de votre part. Cette rétribution s’élèvera à la moitié de vos salaires. Inutile d’essayer de nous déloger de force, l’Ile des vents est piégée. »

 

Eh oui, que voulez-vous, l’homme est incorrigible, dès qu’il y a possibilité d’amasser des bénéfices sans trop se fatiguer et de préférence sur le dos des autres, il n’hésite pas.

 

Désolé, population terrestre, il va vous falloir trouver une autre source d’énergie pour remplacer le vent. Essayez de faire dans le diversifié cette fois. Souvenez-vous vos ancêtres, ceux qui avaient du pétrole et quelques idées le disaient « Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier ».

 
12 juillet 2008

Mon petit délire (Martine27)

En 2018, enfin à la retraite je profite(rai) d'un moment de soleil pour m'installer sur ce long siège avec ou sans dossier (mais avec c'est mieux) où peuvent s'asseoir plusieurs personnes, pour bouquiner et profiter de la vie. Que c'est bon d'être enfin libre de faire ce qui plait et uniquement ce qui plait, même si parfois quelques obligations viennent s'immiscer, mais bon, il faut se dire que d'autres aussi s'installent sur des sièges réservés à certaines personnes dans une assemblée, un tribunal, une école et ce n'est pas toujours rigolo non plus.

Tiens d'ailleurs, en 2018, lorsque je rédigerai ce petit texte j'en profiterai pour apprendre que mon siège était à l'église autrefois réservé aux marguilliers, tant mieux pour eux.

En 2018, mon fils d'ailleurs devrait être en mesure de mettre au point ce bâti en bois ou en métal, utilisé par de nombreux corps de métiers et autre installation permettant de déterminer les caractéristiques d'un moteur, d'une machine.

En 2018, je suis toujours aussi fière de lui, mais j'aimerais bien qu'il se consacre un peu moins à son boulot et qu'il me fasse avec sa compagne un ou deux petits enfants.

En 2018, s'ils avaient déjà été là ces bambins (s'ils étaient déjà là), j'aurais pu (je pourrais, ouille je m'emmêle dans les temps là) les emmener au bord de la mer admirer les amas de matière formant un dépôt ou constituant un obstacle, notamment par élévation du fond de la mer ou d'un cours d'eau, amas sur lesquels batifoleront encore je l'espère des réunions en nombre de poissons d'une même espèce. Nous pourrions aussi jouer à nous perdre au milieu des concentrations de brouillard, je suis sûre qu'en 2018 (s'il n'est pas trop pollué) ce sera toujours un jeu amusant.

Bon, pour le moment nous ne sommes pas encore en 2018, alors je réintègre mon époque, j'abandonne mon long siège je remercie vivement Larousse pour son petit coup de main, et je retourne au boulot.

5 juillet 2008

Ma boite à petits bonheurs (Martine27)

Ma boite à petits bonheurs contient

 

Des saveurs, celles des Mistrals gagnants et de la poudre de coco dans ses petites boites vivement colorées.

 

Des odeurs, celles de la poudre de riz de ma grand-mère et du petit appartement de mon arrière grand-mère.

 

Des sensations, celles râpeuses pour le palais des roudoudous nichés dans leurs coquilles, toute douce du pelage de ma petite chatte, réconfortantes des genoux de mon père, soyeuse des cheveux de ma grand-mère, de bulle glissant dans mon ventre de mon bébé, de moelleux de l’édredon de mon arrière grand mère

 

Des sons, la cloche de sortie de l'école, le son de la mer et du vent, le carillon big-ben de ma grand tante, la mer dans ce grand coquillage chez ma grand-mère

 

Des images, les fleurs de givre sur les fenêtres, l’éclat d’arc en ciel de perles de cristal

 

Et surtout, ma boite à petits bonheurs contient les visages de tous mes aimés encore ici ou disparus.

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Le défi du samedi
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