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Le défi du samedi
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20 mai 2009

Icks ou Zède ? (Martine27)

Chère Madame,

Je viens de recevoir votre courrier et il me rend fort perplexe.

Effectivement, ma famille a bien connu une Madame Mireille, mais elle s'appelait Zède et non Icks.

L'adresse à laquelle vous avez envoyé votre courrier est celle de la maison familiale depuis près de 200 ans, donc je suppose que la personne qui a rempli ce carnet connaissait effectivement notre famille.

Cette Madame Mireille, quelque soit son nom de famille, est entrée dans ce que je me plais à appeler "les légendes familiales".

C'est mon arrière grand mère qui m'a parlé pour la première fois de cette dame avec laquelle elle avait été amie un long moment.

C'était une personne très étonnante qui lisait dans les cartes et préparait d'étranges philtres. Elle était très prisée à l'époque par les bourgeois de notre petite ville.

Toutefois mon arrière grande mère était la seule à être proche d'elle, elles échangeaient, m'a-t-elle dit, de petits secrets, se soutenaient dans l'adversité, bref il s'agissait d'une belle amitié, d'autant que Madame Mireille avait prédit à mon arrière grand mère une vie heureuse à elle et à sa descendance et je dois dire que c'est bien ce qui se produit.

Et puis, un jour sans que rien ne le laisse présager, cette dame a disparu sans laisser la moindre trace. Mon arrière grand mère a bien essayé de la faire retrouver, mais à l'époque vous vous doutez bien que les moyens d'investigation étaient fort limités.

Pour en revenir à ce qui m'étonne le plus et je suppose que vous devez avoir compris, c'est l'âge que vous donnez à Madame Icks, 95 ans.

Or lorsque mon arrière grand mère l'a rencontrée pour la première fois, Madame Mireille avait déjà près d'une cinquantaine d'années. J'ai donc fait un rapide calcul, votre Madame Mireille aurait donc eu plus de 150 ans, ce qui vous en conviendrez est un peu excessif même pour une personne avec ses dons.

Votre Madame Icks devait probablement être la petite fille de notre Madame Zède.

Juste un dernier détail, notre Madame Mireille avait, aux dires de mon arrière grand mère, une tâche de naissance en forme d'étoile au poignet, ce serait fort étonnant que votre Madame Mireille ait présenté la même caractéristique, non ?

En souvenir de notre Madame Mireille, je me permets de vous adresser, en remerciement pour votre dévouement, un chèque qui vous permettra de fleurir la tombe de cette personne et de vous offrir un petit cadeau à titre amical.

Cordialement

Martine Vingtsept

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16 mai 2009

Acidité (Martine 27)

"Assis" dit Thé la maîtresse (pardon la professeure des écoles) en entrant dans la classe des petits Défiants.

"Aujourd'hui rédaction"

"Ah non" s'exclament-ils tous en choeur.

"Ah si !" dit Thé "Le thème sera l'Acidité et vous êtes priés d'écrire en Arial taille 12, allez sortez vos feuilles et au travail"

Ca grommelle dans les rangs.

"Comment veux-tu arriver à faire des bons mots avec ça"

"Et puis moi j'aime pas Arial"

"Et d'abord comment veux-tu qu'on arrive à écrire en Arial, moi je sais écrire qu'en Script"

"J'aime pas le citron"

"J'aime pas le vinaigre"

"Je m'en vais retourner dans les grandes plaines du far-west"

"Et les montages photos comment on les fait en Arial je vous le demande"

"Et moi qui aime mettre des petites images partout ben je vois pas comment ça va passer inaperçu"

"Vous croyez que je vais arriver à caser Miss Chasseriaux là-dedans ?"

"Et les vidéos vous en avez vu beaucoup vous en Arial"

Bref, c'est la révolution dans la classe des Défiants, ils râlent après la 60ème consigne, faut dire que Thé la prof leur en donne à faire des rédacs, c'est de l'acharnement, au moins une toutes les semaines, comment voulez-vous ne pas être un peu acide après ça.

"Acidité, acidité est-ce que j'ai une gueule d'acidité"

"Ah si dit Te(b), il y a un truc auquel elle n'a pas pensé la prof, elle a pas dit s'il fallait écrire justifié, centré, à gauche ou à droite"

"Ouais pas bon jusqu'à maintenant on est pas des masses à avoir écrit en centré"

"T'es pas positif toi tiens !"

"Non, je suis acide voilà"

"Alors les enfants" dit assise Thé "ça avance ?"

"On réfléchit"

"De toutes façons nous on est pas acide on est tout doux et gentil"

"Je ramasse les copies" dit Thé à ses élèves "Mais c'est quoi ça, c'est la révolution ? Il n'y a rien d'écrit sur vos feuilles"

"Ah si" disent-ils "regardez en deuxième page"

Et Thé la prof voit écrit en Arial taille 12 bien appliquée le même mot sur toute les copies "Acidité".

Ca ne va pas être facile à noter ça !

9 mai 2009

EUX (Martine27)

                                                                 

« Ils m’attendent !
Je sais qu’un jour ils viendront me chercher.
Comment tout cela a-t-il commencé ?
Une nuit d’insomnie je me suis approchée de la fenêtre de mon salon, attirée par une vive lumière.
En face de chez moi, j’ai découvert ce bar brillamment éclairé et ses occupants, deux hommes, une femme et le barman.
Curieusement, ils ne bougeaient presque pas.
Je les ai observés un moment puis j’ai été me recoucher sans plus y penser.
Le lendemain matin, je suis passé devant le bar sans même m’en rendre compte.
La nuit suivante, comme un papillon j’ai à nouveau été fascinée par la lumière émanant de cet étrange endroit et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir la même scène que la veille.
Perturbée, je retournai me coucher bien décidée à en savoir plus le lendemain en m’arrêtant à ce bar pour prendre un café en revenant du travail.
Mais à nouveau, je passai dans la rue sans même me souvenir de ma décision.
Etonnamment personne dans mon immeuble ne semblait connaître cet endroit, pourtant d’autres fenêtres que les miennes donnaient sur ce lieu énigmatique !
Et ainsi, nuit après nuit, j’ai épié cet étrange endroit figé dans un instant toujours identique.
Etais-je angoissée ?
Franchement, j’étais plutôt curieuse et furieuse chaque nuit de constater que je n’avais pas profité de mon passage dans la rue pour étudier de plus près cet endroit.
Et une nuit tout bascula.
A nouveau, j’étais à ma fenêtre guettant la scène immuable qui s’offrait à mes yeux curieux.
Tout à coup, pour la première fois, quelqu’un entra dans le bar, un homme manifestement déjà saoul tituba jusqu’au comptoir.
Les autres se tournèrent vers lui et alors, je vous jure que je n’invente rien, les quatre étranges personnages se mirent à se métamorphoser, leurs silhouettes se brouillaient, ondulaient, changeaient de couleur. Leurs bras se transformèrent en ailes, leurs visages se parèrent d’un énorme bec et des plumes noires vinrent remplacer leurs vêtements. En revanche leur taille resta la même.
Le poivrot se trouva brusquement pris au milieu d’une tornade de plumes, il disparut quelques instants à ma vue. Je restai figée à ma fenêtre, tremblant de tous mes membres, me disant que je devais rêver.
Puis les immenses oiseaux se retirèrent et à la place de l’ivrogne virevoltait une plume rouge que l’un d’entre eux attrapa.
Ensuite, à nouveau j’eus devant moi la même scène que d’habitude, la femme avait simplement maintenant cette plume rouge glissée dans ses cheveux roux.
Haletante, je n’arrivais pas à me détacher de cette vue.
Alors, les quatre tournèrent leurs yeux jaunes vers moi.
Ce n’était pas possible, ils ne pouvaient pas me voir ! J’étais dans le noir, de l’autre côté de la rue, mais pourtant leur regard sembla me transpercer.
Je reculai en trébuchant et m’évanouis.
Le lendemain matin, je me réveillai dans le fauteuil dans lequel je m’étais écroulée, courbatue et morte de peur.
En sortant pour me rendre au travail, alors que jusqu’à maintenant j’avais été incapable de le faire, je réussis à m’approcher du bar et je tombai sur un mur de briques.
Avais-je passé toutes ces nuits à halluciner ?
Le soir même en rentrant, je trouvais sur mon paillasson une plume noire abandonnée, ne voulant pas la toucher je mis des gants et la jetai dans le vide-ordure.
Cette même nuit, une fois de plus, je me levai.
Mais rien, de l’autre côté de la rue, il n’y avait rien, rien qu’un mur de briques et des silhouettes noires figées devant que je ne pouvais que deviner.
Ils m’attendent !
Je sais qu’un jour les oiseaux de nuit viendront me chercher. »

                   

« Mon Dieu » s’exclama la jeune femme qui lisait ce texte.
Elle le tendit à son compagnon, un officier de police qui l’avait accompagnée au domicile de sa tante après qu’elle eut signalé sa disparition.
« Lisez ceci, est-ce possible ? »
L’homme prit le carnet, survola le texte et le lui rendit.
« Mais non voyons, votre tante devait écrire des contes voilà tout ».
Ils fouillèrent l’appartement, ne trouvant rien.
Le policier entraîna la jeune femme paniquée à l’extérieur, lui assurant que tout allait être fait pour retrouver sa parente.
Il la regarda s’éloigner, une lueur amusée dans ses yeux jaunes, ses doigts jouant avec une plume noire.
Ils attendent.
Les oiseaux de nuit vous attendent !

 
2 mai 2009

CIVILS OU INCIVILS ? (Martine27)

CIVILS OU INCIVILS ?

 

 

 

Quatrième de couverture : Dans ce petit album « Civils ou incivils ? » nous poserons des questions de savoir-vivre simples et nous verrons comment y réagissent d’une part Mimi et son inséparable chat de gouttière Tom et d’autre part l’affreux jojo du coin Totor flanqué de Terreur son chat d’égout.

 

 

 

Hors album

 

Note de la rédactrice pour le futur dessinateur des aventures de Mimi, Tom, Totor et Terreur.

 

Merci de partager chaque feuille par la diagonale, d’un côté nous trouverons le « Recommandé » avec Mimi et Tom, de l’autre côté le « A éviter » avec Totor et Terreur. Si cela ne vous dérange pas trop nous vous désignerons maintenant par le sigle CD pour Cher Dessinateur)

 

Mimi est une charmante fillette rousse aux yeux verts (mais n’en faites quand même pas CD une mijaurée à qui on a envie de balancer des baffes) et Tom un chat bleu (oui bleu, ça ne vous pose pas de problème j’espère CD) aux yeux dorés. Totor est un affreux morveux avec le nez cassé, les cheveux d’une couleur indéfinissables car rarement lavés et Terreur un chat qui n’a de chat que le nom (aucune classe quoi, et disons d’un blanc sale, enfin vous faites comme vous le sentez CD).

 

 

 

1er planche. Dans le bus.

 

Une vieille dame (ou un vieux monsieur ou éventuellement une mère et son bébé je vous laisse CD toutes latitudes pour décider) monte dans le bus, il n’y a plus de place. Que fais-tu ?

 

Mimi : « Je prends Tom dans mes bras et j’offre ma place à la vielle dame (ou vieux monsieur ou etc…) »

 

Tom « Je râle parce que j’étais parfaitement bien installé sur les genoux de Mimi, mais bon, paraît qu’il faut pas être égoïste »

 

Totor : « Non seulement je ne bouge pas, mais je laisse mon sac à dos sur la place à côté de moi, et en plus je mets mes pieds boueux sur le siège en face »

 

Terreur : « Il a raison, on aime avoir nos aises et puis les anciens (ou les mères avec mioches) ils n’ont qu’à prendre le bus aux heures creuses »

 

 

 

2ème planche. Chez le dentiste.

 

Tu dois aller chez le dentiste, comment t’y prépares-tu ? (Note pour mon CD, pas trop gore hein le cabinet du dentiste, il ne faut pas que nos jeunes lecteurs refusent d’y aller ensuite)

 

Mimi : « Je me lave les dents avant d’y aller et je prends un livre pour penser à autre chose en attendant mon tour »

 

Tom : « Cool, j’ai pas besoin d’aller chez le dentiste, mes croquettes suffisent à me laver les dents, comment ça on peut aussi laver les dents de son chat, venez-y un peu pour voir (ici CD j’aimerais bien que vous montriez Tom un peu énervé par l’idée d’un éventuel brossage de quenottes)

 

Totor : « Je bouffe de l’ail tant et plus, je me lave pas les dents pendant au moins une semaine avant et je le mords quand il approche la main » (allez-y CD éclatez vous avec ça)

 

Terreur : « Pendant que le patron mord le mec, moi je lui détruit son papier peint à coup de griffes »

 

 

 

3ème planche. A la piscine.

 

C’est mercredi, jour de piscine, comment gères-tu ce moment de loisir ?

 

Mimi : « Je me mets en maillot de bain, je passe aux toilettes et je prends une douche. Après je nage en suivant le parcours (on part à droite, on revient à gauche) pour ne gêner personne ou je m’amuse avec mes amis en évitant d’éclabousser ceux qui ne savent pas bien nager »

 

Tom : « Ca va pas la tête non, là moi je reste peinard à la maison »

 

Totor : « Je mets mon maillot de bain dès le matin et je traîne avec toute la matinée. Je fais semblant de prendre une douche, si j’ai envie de faire pipi, zou dans l’eau en la remuant bien histoire que ça se voit pas trop, je tire par les pieds tous ceux qui passent pas loin, j’éclabousse les autres et je fais la bombe pour sauter dans l’eau, l’éclate quoi »

 

Terreur : « Pour une fois je suis d’accord avec l’autre pelé de Tom, je reste tranquille dans mon coin de terrain vague »

 

(Pour mon CD carte blanche, simplement un maillot de bain vert pour Mimi, c’est plus seyant avec des cheveux roux)

 

 

 

4ème planche. Dans l’hypermarché

 

Tu accompagnes ta mère pour faire les courses à l’hypermarché, comment te conduis-tu ?

 

Mimi : « Je pousse le caddy et j’attends que Maman mette les courses dedans, éventuellement, si elle est de bonne humeur je lui demande un paquet de bonbons ou un livre et si elle est de très bonne humeur un jouet en plus pour Tom. Si elle est de mauvaise humeur, je me tiens à carreau »

 

Tom : « Même pas drôle les chats sont interdits dans ces bidules, je reste au chaud dans la voiture et j’attends tranquillement que mes deux pattes reviennent tout en espérant qu’elles n’auront pas oublié mes croquettes préférées »

 

Totor : « Top génial, je fais du stock car avec le caddy, je fiche en l’air un maximum de piles de conserves, je braille pour que ma mère m’achète des trucs inutiles »

 

Terreur : « Je me glisse dans l’hyper en catimini et je dépiaute tout ce qui me passe à portée de griffes, éventuellement, je fais un petit pipi ou deux et dégustation de bouffe sur place »

 

 (Allez y CD défoulez-vous, je suis sûre que ça va vous rappeler votre jeune temps. Pardon ? Vous dites ? Comment ça c’est plus marrant d’être du côté des « A éviter » que des « Recommandé », il me serait très désagréable d’avoir à changer de dessinateur maintenant, reprenez-vous voulez-vous ! Nous avons un ouvrage sérieux à écrire et un message important à délivrer à notre belle jeunesse).

 

 

 

Voilà chers lecteur des Défis du Samedi les 4 premières planches de mon ouvrage éducatif pour enfants, vous pouvez bien sûr varier les motifs à l’infini, je suis bien sûre que vous vous souvenez des âneries que vous faisiez à cet âge à l’école, à la bibliothèque, à l’église (pour ceux qui ont été enfants de chœur), chez le coiffeur, dans la voiture parentale en partance pour les vacances, je vous laisse donc à votre nostalgie.

 
25 avril 2009

Fournée 2 (Martine27)

Lettre d'adieu de la mante religieuse : "Tu m'as fait perdre la tête, désolée pour la tienne"
Lettre d'adieu à un pompier : "Plus de combustible, adieu"
Lettre d'adieu à un plombier : "Je n'avais plus qu'une solution, la fuite"
Lettre d'adieu à un gendarme : "Passez votre chemin, il n'y a rien à voir"
Lettre d'adieu à un journaliste : "Un scoop pour toi, je te quitte"

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25 avril 2009

Cinq Post-it (Martine27)

Lettre d'adieu à un cruciverbiste : "Je n'ai qu'une définition pour toi : Un peu plus définitif qu'au revoir"

 

Lettre d'adieu à un pêcheur : "Pas la peine de sortir l'épuisette, je n'ai pas la taille requise il faut me relâcher"

 

Lettre d'adieu à un dentiste : "Arrête de jouer avec ta roulette, je n'ai plus besoin de détartrage"

 

Lettre d'adieu à un bibliothécaire (ou à un cinéphile) : "Désolée ton roman (ou ton film) vient d'afficher le mot fin"

 

Lettre d'adieu à un plongeur sous-marin : "Arrête de me pomper mon oxygène"

11 avril 2009

LES SECS ET LES HUMIDES (Martine27)

Depuis longtemps déjà la tribu de Secs avait soif.
Il faut dire que la tribu des Humides avait fait main basse sur la totalité de l’eau courante, l’enfermant dans des réservoirs et des canalisations. Les Secs n’avaient accès qu’à l’eau de pluie quand elle voulait bien tomber.
Ca ne pouvait plus durer ainsi, les Secs avaient de plus en plus soif. Ils se desséchaient, les plus durement touchés étaient les jeunes. Assez curieusement, les plus petits avaient été pris en charge par les Humides qui leur donnaient régulièrement de l’eau. Mais pour les Secs, ils n’étaient ni plus ni moins que des esclaves, d’ailleurs ils en payaient souvent le prix en disparaissant purement et simplement dans les maisons des Humides pour n’en ressortir que sous forme de cadavres.
Il était temps de réagir, les Secs ne pouvaient plus se laisser ainsi assoiffer.
Alors, la guérilla fut lancée.
Des espions commencèrent leur quête.
Il fallait savoir comment les Humides acheminaient l’eau des immenses réservoirs jusqu’à chez eux.
Les Secs sentaient cette eau et cette senteur les rendait fous.
L’apaisement de leur soif dévorante était si proche et en même temps si lointaine.
Il fallut du temps aux espions pour remonter jusqu’aux diverses voies de diffusion du précieux liquide.
Mais bientôt, de partout dans la région les informations affluèrent jusqu’aux représentants des tribus des Secs.
Petit à petit, la carte des flux d’eau fut dressée.
Il fallait maintenant agir de concert.
Les plus forts d’entre eux entrèrent en action.
Perçant la terre sèche, ils forèrent des tunnels jusqu’à atteindre enfin les sources multiples de leur désir.
Ils attendaient maintenant le feu vert du Grand Sec pour lancer l’attaque finale.
Et une nuit, l’ordre tant attendu retentit.
Dans un dernier effort, les forts percèrent les canalisations.
L’eau enfin libérée se rua au travers de la terre sèche et les racines purent enfin se gorger du liquide nourricier et l’envoyer nourrir les arbres, enfin ils allaient à nouveau pouvoir développer des bourgeons et des feuilles.
Le lendemain, au réveil, les tribus des Humides s’aperçurent que l’eau n’arrivait plus à leurs robinets, ils découvrirent que les racines des grands arbres de la forêt environnante avaient dévasté les canalisations et que l’eau précieuse qu’ils ne voulaient plus partager se répandait tout autour des leurs habitations.
L’herbe commençait à perdre sa teinte jaune pour retrouver un vert éclatant, les arbres paraissaient plus forts, presque menaçants, les mettant au défi de voler à nouveau le sang de la terre pour leur seul profit.

14 mars 2009

UNE IDEE GENIALE (Martine27)

UNE IDEE GENIALE
Bon ce matin là je m'étais retrouvée, allez savoir pourquoi, à quatre pattes devant mon meuble de salle de bain en train de faire du tri dans tout le bazar amoncelé depuis un certain temps, pour ne pas dire un temps certain. J'étais donc à la bourre lorsque je tombai sur un bizarre flacon de parfum que je ne me souvenais pas avoir acheté ou reçu en cadeau.

     Bref, erreur fatale, je le débouchai et alors flooouf un nuage quasi asphyxiant de parfum se répandit dans la salle de bain, les yeux larmoyants, je réussis à me traîner dehors et en me retournant je vis, à ma grande stupéfaction, un truc, une chose, un bidule, enfin quelque chose qui paraissait humain au dessus de la ceinture et qui ressemblait à un culbuto en dessous, tranquillement installé sur le rebord de ma baignoire.
     "Bien le     bonjour gente dame" me dit le, la, enfin bon l'individu ?
     Je réussis à croasser "Z'êt ki ?"
     Ce qu'il réussit à traduire par "Qui êtes-vous"
     "Votre génie personnel, Chère, très Chère sauveteuse qui m'avez extirpé de ce flaçon dans lequel je marinais à mon grand dam depuis fort longtemps"
     "Un g'nie" bredouillai-je pas trop rassurée.
     "Mais oui, un génie pur jus, prêt à vous servir"
     'C'ta dire" je sais mon vocabulaire et mon élocution ne s'arrangeaient     pas.
     "Je vais Très Chère petite Madame rester attaché à vos charmants pas jusqu'à ce que vous ayiez fait 4 voeux, deux gentils, deux moins gentils".
     J'aspirai un grand coup d'air et réussi enfin à reprendre le contrôle de ma voix.
     "Comment ça deux gentils et deux moins gentils, je croyais que le tarif syndical     c'était trois voeux".
     "Les temps changent que voulez-vous. Bien que puis-je pour     vous ?"
     "Désolée, on verra ça ce soir, parce que là je suis en     retard".
     Je pris la poudre d'escampette, grimpai dans ma voiture et manquai d'emboutir le premier réverbère lorsque discernant du coin de l'oeil un mouvement à côté de moi, je m'aperçus que le génie était installé près de moi.
     "Je crains, Chère petite Madame que vous n'ayiez pas bien compris la situation, je dois rester près de vous jusqu'à l'accomplissement de vos voeux"
     Ahurie, sans piper mot, je repris le contrôle de ma voiture, plus ou moins celui de mes nerfs et mon chemin     jusqu'au boulot.
     Bien sûr étant plus tard que d'habitude, la circulation était fortement ralentie.
     "Et zut " m'exclamai-je fort imprudemment "ils ne pourraient pas être déjà arrivés tout ceux-là ?"
     "Mais pas de problème" sussura mon génie.
     Et hop, le chemin se retrouva dégagé devant moi.
     "Vous voyez Chère Petite Madame, en voilà déjà un d'accompli, grâce à vous tous ces braves gens sont déjà arrivés à leur destination, plus que trois !"
     Une idée machiavélique me traversa l'esprit.
     "Hem, vous pourriez-vous arranger pour que ma chef reste coincée dans sa salle de     bains toute la matinée ?"
     J'eus le droit à un sourire rayonnant.
     "Pas de problème, la clenche de la porte vient de casser, pas de chance pour elle     !"
     Eh, mais en fin de compte ce n'était peut-être pas si mal que ça d'avoir un génie dans les     pattes.
     La matinée se passa tranquillement, pas d'interférences hiérarchiques  ce qui me permit d'abattre bien plus de travail que prévu. Mais je me méfiais et tournais 7 fois ma langue dans ma bouche avant de parler, le génie m'épiant du coin de l'oeil.
     Ceci étant, ce n'était pas facile de se concentrer avec ce culbutos dans les parages.
     Que souhaiter, pas évident du tout !
     Il me restait un gentil et un moins gentil voeu à formuler. Et franchement je ne savais pas trop quoi demander. Bon, un peu d'argent à la banque ne serait pas de trop, mais allez savoir ce que les impôts penseraient d'un compte qui grossit sans prévenir.
     En fin de compte je me décidai.
     En rentrant à la maison, toujours encombrée de mon culbutos génial, je lui demandai de repeindre tous les murs intérieurs et d'installer un parcours de santé le long des murs pour Mademoiselle Thalis ma chatoune.
     Ce fut fait dans la seconde à mon grand plaisir, et hop un paquet de corvées en moins.
     Bon dommage plus qu'un vilain voeu à trouver.
     La soirée se passa, je ne dirai pas tranquillement, il faut dire qu'il commençait à me chauffer les oreilles ce génie à me regarder avec des yeux de merlan frit.
     "Vous ne pourriez pas me laisser un peu tranquille ?"
     "Hélas non, j'attends votre dernier voeu"
     "Vous savez que vous êtes un tantinet fatigant ?"
     "C'est ce qui fait tout mon charme non ?"
     J'allai me coucher remettant au lendemain la formulation du dernier voeu, comme on dit la nuit porte     conseil.
     Le lendemain matin, mon génie était toujours là solide au poste.
     "Pas moyen que vous me laissiez hein ?" demandai-je ?
     "Eh non, Chère Petite Madame, eh non !"
     "Bon tant pis pour vous alors, voilà mon dernier voeu"
     Je le lui murmurai à l'oreille et le vis pâlir avec un plaisir indicible.
     Sereine, je repartis au travail. Je savais que ma chef resterait bloquée toute la journée dans ses toilettes, encore une clenche en carafe ! Dommage ! Et en rentrant, ma pelouse et mes arbres seraient nickels ainsi que le ménage fait.
     Pour tout vous dire, j'avais décidé d'enquiquiner un peu mon génie. Mon dernier voeu pas gentil consistait en 2 voeux gentils supplémentaires et deux voeux moins gentils en prime !
     Le pauvre était bien marri, parce qu'il n'avait pas trouvé le moyen de tourner la difficulté et mon voeu qui il faut le reconnaître n'était pas sympa pour lui puisqu'il le gardait prisonnier au moins un jour de plus.
     Je pense que je vais continuer encore comme ça quelques temps, quand toutes mes petites corvées seront terminées et que toutes les clenches de chez ma chef seront changées, je me ferais un plaisir de lui souhaiter bon vent avec comme dernière condition pas gentille qu'il arrête d'embêter les gens !

28 février 2009

LAP'ACHE (Martine27)

LAP'ACHE


Bon pour tout dire je ne sais pas trop ce qui s'est passé.

Depuis un sacré paquet de temps j'étais peinard, liquide, à sorguer tranquillement dans un petit flacon.

Et puis hier, quelqu'un a oringué le-dit flacon, l'a secoué et m'a fait tomber sur un morceau de papier.

J'ai donc fait floc et je me suis fait aplatir sévère dans le pli.

Résultat, me voilà transformé en Lap'ache (pour Lapin et un mot que celle qui folichonne à écrire ce texte n'a pas le droit d'utiliser).

Bon, ça encore ça peut aller, je me suis entre-aperçu lorsqu'elle m'a photographié, je ne suis pas trop mal.

Non le problème c'est ce qu'elle appelle mes oreilles.

Je ne peux que croupionner dans les brancards, mais y en a marre de ces deux trucs qui n'arrêtent pas de jacasser là-haut.

Et vas-y que je vétille sur l'allure que j'ai, et que ce serait sympa de se licher un petit quelque chose et que je queute sur les copines qui sont restées dans le flacon et qui vont sûrement y moisir encore longtemps.

Bref, même en les secouant, en les pliant pas moyen de les faire taire les deux jumeaux à tête d'obus qui orne ma tête, c'est pénible et en plus si je les houssine c'est en fait moi qui vais avoir mal.

Et l'autre, là devant le clavier qui se pajote le crane en se demandant ce qu'elle va bien arriver encore à écrire sur son test de Rosarch, moi en l'occurrence, ne m'est d'aucune utilité, et puis il faut reconnaître que si elle m'ébousine les oreilles je ne ressemblerai plus à rien..

Bon, si j'ai bien compris la photo qu'elle a prise elle va la mettre sur son ordinateur et l'envoyer à un truc qui s'appelle "Défi du Samedi", en fait le vrai responsable de mes ennuis, me faire sortir de mon flacon, étaler sur du papier et subir les bla-bla de mes appendices auriculaires. Donc, dès que j'arrive là-bas, je me transforme en Lap'virus et je fiche la pagaille chez lui, ça lui apprendra à faire tellement bouillir le cervelet de ma rédactrice qu'elle a du le moitir de toute sa Contrex d'un coup.


Lap_ache

21 février 2009

Doute raisonnable? - Martine27

L'avocat commence sa plaidoirie

"Mon client a commis des crimes abominables, néanmoins je vais vous demander de l'acquitter"

Dans le tribunal c'est le tollé général.

Le président a bien du mal à ramener le calme dans son tribunal.

Nous, les jurés ne pouvons nous empêcher de nous lancer des coups d'œil outrés. Oui, bien sûr on nous a dit que nous devions être parfaitement impartiaux, de laisser le bénéfice du doute à l'accusé, etc, etc. Il n'empêche que depuis près d'une semaine on nous abreuve des horreurs que ce monstre a fait subir à d'innocentes victimes et voilà que son avocat nous demande de l'acquitter. On croit rêver !

Pour ma part je regarde un homme en particulier assis dans la partie réservée aux familles. C'est le père d'une des jeunes filles. Elle avait miraculeusement survécu aux sévices subis et après avoir identifié son agresseur, malgré l'amour de sa famille, elle s'était laissé sombrer et s'était suicidée. Et là je vois ce père perdre une fois encore son enfant à cause des propos de ce… non essayons de rester calme.

Le chahut s'étant enfin calmé, l'avocat reprend.

"Oui, Monsieur le Juge, Monsieur l'Avocat Général, Mesdames et Messieurs les jurés. Un fait important vient d'être porté à ma connaissance, juste avant le début de cette audience et il me faut en référer dès maintenant pour que justice soit vraiment rendue à mon client"

Bien sûr les parties civiles s'insurgent, comment un nouvel élément dont elles n'ont pas eu connaissance, c'est inacceptable.

Après un bref débat, le Président accepte que l'avocat de la défense poursuive son argumentation.

Alors dans un grand effet de manches, celui-ci demande au greffier d'introduire son témoin.

Et là devant les yeux ahuris de l'assistance entre un homme en tous points semblables à l'accusé.

"Monsieur le Juge, Monsieur l'Avocat Général, Mesdames et Messieurs les jurés, je vous présente le frère jumeau de mon client. Comment pouvez-vous affirmer que c'est bien mon client qui a commis ces abominations et non son frère ? Certes une des victimes l'a reconnu, mais qui a-t-elle reconnu, mon client ou son frère ?"

Je vois le père de la jeune suicidée s'effondrer un peu plus.

Un des avocats des parties civiles prend la parole.

"Mais nous avons relevé son ADN, il n'y a aucun doute"

"Seulement voilà" pérore, très satisfait de lui l'avocat de la défense "les vrais jumeaux, ce qui est le cas de mon client et de son frère ont des ADN absolument semblables. Seules leurs empreintes digitales pourraient permettre de les identifier formellement. Or, vous n'avez pas trouvé une seule empreinte sur les lieux des crimes. Je demande donc, au nom du principe selon lequel le doute doit bénéficier au prévenu de relaxer purement et simplement mon client".

Tandis que la tempête fait à nouveau rage dans le prétoire, l'avocat se rengorge, les deux frères échangent des regards satisfaits, les familles des victimes ne savent plus si elles doivent hurler de rage ou s'écrouler en larmes.

Je regarde le juge, manifestement l'argument avancé porte.

Non ce n'est pas possible, ce monstre ne va quand même pas arriver à s'en tirer, parce qu'il paraît évident à tout le monde que ce frère sorti par miracle du néant est un complice, peut-être même a-t-il aidé à commettre tous ces meurtres !

La justice ça ne peut pas être ça ! La justice non, mais la loi oui, c'est bien ce qui se peint sur le visage des avocats des parties civiles et du juge.

Au-dessus de nous, la statue de la justice doit verser des larmes sous son bandeau !

Brusquement, je me rends compte que dans le remue-ménage généré par ce rebondissement, le père solitaire a disparu, il doit être aller pleurer de désespoir loin de tout ce simulacre de justice.

Peu à peu le calme revient, le juge et les avocats se concertent pour savoir comment faire pour éviter de relâcher un monstre, non deux monstres dans la nature.

Et voilà que le Père revient, il semble étrangement calme.

Il avance jusqu'au banc des familles et poursuit, sans être arrêté, sa marche vers le banc des accusés.

Là, toujours calmement il brandit une arme et comme au stand de tir, il tire. Une fois. Deux fois. Trois fois. Les jumeaux et leur avocat s'écroulent une fleur rouge en plein milieu du front.

Puis parfaitement serein le Père dépose l'arme, lève les mains, se retourne et adresse un grand sourire libéré aux familles des victimes.

La justice vient d'être rendue. Même si la loi elle n'y trouve pas son compte.

Au-dessus de nous, je suis sûre que la statue de la Justice sourit.

 

PS – Cette petite histoire m'a été inspirée d'un fait réel dont j'ai eu connaissance il y a maintenant très longtemps et qui m'avait particulièrement choquée à l'époque. Un homme reconnu par la victime qu'il avait manquée avait été relâché parce qu'il n'avait pas été possible de déterminer quel était le jumeau responsable de l'agression. Il y a peut-être maintenant des méthodes pour distinguer un jumeau d'un autre en dehors des empreintes digitales, je n'en sais rien. De même que n'étant pas juriste je n'ai guère de connaissance sur les textes de loi concernant le doute bien fondé et autres joyeusetés.

14 février 2009

COURRIER DIFFÉRÉ (Martine27)

Grand-Oncle, depuis qu'il a perdu Chère Grand-Tante, n'est plus que l'ombre de lui-même.

A tel point qu'il fait venir près de lui Jeune Facteur son petit neveu le seul à avoir repris le flambeau familial de la poste pour une confession. Ce qu'il dit à Jeune Facteur lui fait dresser les cheveux sur la tête.

Grand-Oncle lui avoue que lorsqu'il était jeune il a commis l'irréparable pour un facteur. Il a volé du courrier. Eh oui !

A l'époque il venait de se faire congédier par la jeune fille qu'il aimait, il en fut tellement malheureux qu'il jugea que les autres n'avaient pas le droit au bonheur non plus et pendant deux ans à la Saint Valentin il subtilisa dans le courrier toutes les lettres qui lui semblaient parler d'amour, celles avec des baisers, celles qui sentaient bon, celles qui disaient "vite facteur, l'amour n'attend pas".

Ensuite, ah ensuite, il rencontra Chère Grand-Tante et ses griefs s'envolèrent, sa mémoire aussi parce qu'elle préféra lui faire oublier sa vilenie.

Seulement voilà, après la disparition de Chère Grand-Tante pour tuer le temps, il fit du rangement et il tomba sur un sac contenant le fruit de ses larcins.

"Et maintenant" interroge Jeune Facteur outré.

"Maintenant, j'aimerais que tu distribue ce courrier" soupire Grand-Oncle.

Jeune Facteur en reste bouché bée, distribuer du courrier qui a quoi, 30/40 ans !!!

"Absolument, il faut le distribuer" piaille une petite voix venue de nulle part.

Les deux hommes ahuris regardent autour d'eux.

Et voilà qu'apparaît une toute petite bonne femme, vêtue d'une courte tunique rose, avec un arc et un carquois en travers du dos. Parée de deux minuscules ailes blanches elle volette devant le regard éberlué des deux facteurs.

"Qui êtes-vous ?" s'étrangle Jeune Facteur.

"Une cupidone ça se voit bien non !" s'indigne la donzelle.

"Mais ça n'existe pas, ce sont les Cupidons qui sont censés exister" bafouille Jeune Facteur un peu dépassé par les évènements.

"Ah c'est bien une idée de macho ça, et pourquoi les filles feraient-elles de plus mauvais Cupidons que les garçons, hein !"

"Vous avez raison, il n'y a pas de raison. Euh, que pouvons nous pour vous ?"

"Comment ça, ce que vous pouvez pour moi ? trépigne (enfin si on peut trépigner tout en voletant) la Cupidone. "Vous ne vous rendez pas compte qu'à cause de votre Grand-Oncle je n'ai pas rempli mon quota de couples moi, c'est pas bon pour mon avancement, alors hop, on file distribuer le courrier en instance".

"Mais vous vous rendez bien compte qu'après tout ce temps on ne va sûrement pas trouver grand monde"

"Je sais, j'ai déjà fait mon enquête, j'ai eu le temps" rétorque-t-elle en lançant un regard furibond à Grand-Oncle qui se fait tout petit dans son coin.

"En fait, entre les décès, ceux qui ont trouvé mieux ailleurs, ceux qui ont mis, à raison, la perte de leur courrier sur le dos de la poste et se sont mariés, il reste une personne à qui il faut absolument distribuer sa lettre. Allez hop on fouille dans le paquet et on trouve le courrier pour Mademoiselle Rose qui est devenue Madame Lerouge et qui ça tombe bien habite toujours dans le coin, allez hop, hop"

Et sous la férule de la Cupidone nos deux facteurs trient (ça ils savent faire) le courrier d'amour stocké dans le sac.

Bientôt ils ont en main la lettre un peu jaunie dont l'adresse est écrite d'une belle écriture calligraphiée.

Jeune Facteur vérifie dans l'annuaire l'adresse de Madame Lerouge et accompagné de la Cupidone qui tournoie au dessus de sa tête, pas trop fier quand même, il se rend chez l'amoureuse lésée.

Il frappe à la porte d'une coquette petite maison, une petite grand-mère lui ouvre avec un bon sourire.

"Bonjour Facteur que puis-je pour vous ?"

"Bonjour Madame, je suis…, il y a…. en réalité voilà…." Bref Jeune Facteur ne sait pas trop comment cracher le morceau. Finalement sous le regard indulgent de la vieille dame, il finit par lui tendre la lettre en balbutiant.

"Voilà la Poste vient de retrouver ce courrier envoyé il y a longtemps et que nous avons le plaisir de vous remettre maintenant"

La vieille dame se saisit de la lettre, regarde étonnée la date d'envoi, l'ouvre et des larmes se mêlant à un doux rire elle s'exclame "Mais c'est un courrier de la Saint Valentin envoyé par mon époux décédé il y a quelques temps, quel merveilleux cadeau vous me faites là jeune homme, je vous en prie entrez donc prendre un thé et manger un morceau de gâteau"

Avant d'entrer Jeune Facteur se tourne avec désapprobation vers la Cupidone "Mais vous aviez dit que ce n'était pas la peine de donner les lettres à ceux qui s'étaient de toute façon unis, c'est quoi ce pataquès ?"

La petite Cupidone lui fait un clin d'œil et l'invite à entrer dans la maison.

Pendant qu'il a le dos tourné, elle attrape son arc, encoche une flèche et le bande.

Brusquement une voix juvénile se fait entendre.

"Que se passe-t-il Grand-Mère ?"

"Un miracle ma chérie, une lettre de Saint Valentin de ton Grand-Père qui vient d'arriver"

Et devant les yeux éblouis de Jeune Facteur déboule une gracieuse demoiselle qui le regarde bien dans les yeux et lui décoche (en même temps que la Cupidone sa flèche) un sourire qui le transperce d'amour. La Grand-Mère s'en aperçoit et avec un sourire tremblant aux lèvres remercie son défunt époux du petit miracle qui vient de s'accomplir sous ses yeux.

Juste avant qu'elle ne disparaisse, la Cupidone s'approche de Jeune Facteur et lui murmure à l'oreille "C'était toi mon boulot d'aujourd'hui, allez bonne chance. Au fait, je m'appelle Céleste".


7 février 2009

BRANLE-BAS DE COMBAT (Martine27)

C'est un vrai branle-bas de combat à Moulinsart.
L'effervescence règne dans les rues.
Sous les yeux ahuris de la population toute une, un,…, enfin bref tout un attroupement hétéroclite est en train de se former dans la rue principale.
Les autochtones ne savent plus où donner de la tête.

Il y a là, allons y pour une énumération à la Prévert :

· Des guerriers turcs autrement dit des bachi-bozouks qui donnent la main à de ravissantes bayadères enveloppées dans un tissu du même nom.
· Des cannibales côtoyant des aztèques emplumés.
· Des babouins faisant les singes sur le dos de brontosaures.
· Des hérissons secouant des coloquintes.
· Un cyclone jouant au gyroscope.
· Des zoulous faisant du gringue à des fatmas.
· Des flibustiers devisant avec des porcs-épics.
· Des cornichons tenant des pots de sauce tartare.
· Des loups-garous nyctalopes peignant des mérinos.
· Des anthropopithèques analphabètes taillant une bavettes avec des papous.
· Un bulldozer transportant un oryctérope gobant des cloportes.
· Des diplodocus jouant de la cornemuse.
· Des souris traînant leur neurasthénie au milieu des coléoptères.
· Et puis des chameaux, des zapotèques, des zouaves, des arlequins, des ectoplasmes, des gangsters et autres gibiers de potence.
· Et également des macaques, des mamelouks, des naufrageurs, des ostrogoths, des ours mal ou bien léchés, des rats, des rapaces, des saltimbanques et des sapajous.
· Et j'en passe et des meilleurs, mais curieusement pas de raton-laveur.

Sous le scintillement des pyrophores qui s'enflamment joyeusement dans tous les coins le cortège finit par s'ébranler.
Direction le Château de Moulinsart où alerté par le boucher Sansos, le capitaine Haddock se terre en marmonnant dans sa barbe "Mille millions de sabords".
Le cortège défile avec des banderoles,

"Y en a marre"
"On est pas des Insultes"
"Rendez-nous notre dignité"
"Ras le bol du barbu"

Et par dessus le brouhaha les bachi-bouzouks braillent "Nous ne sommes plus des bachi-bouzouks, nous sommes des barbes d'Haddock"
"Ouais, et nous on est des trous du nez d'Haddock" surenchérissent les délicates bayadères.
"Et nous des oreilles d'Haddock" s'esclaffent d'autres participants.

Bref quand tout ce petit monde arrive à Moulinsart, ils ont tous changé de noms et font côtoyer le nom du Capitaine Haddock avec divers parties de son anatomie ou de son caractère.
Et voilà notre pauvre Capitaine qui s'exclame "Nom d'un Haddock poilu" "Bougre de crème d'emplâtre à la Haddock".

Bref c'est la crise.

Notre Capitaine est au bord des larmes.
La meneuse du cortège s'avance pour mener les négociations.
"Comprenez-bien cher Capitaine que nous n'avons rien contre vous-même, mais votre langage nous choque, vous utilisez le nom de tous ces braves gens, animaux, choses à mauvais escient, c'est mauvais pour leur image de marque"

Le Capitaine Haddock tout penaud baisse le nez.
"Je suis désolé, mais c'est ma façon de parler et vous le savez bien je suis soupe au lait".

Tandis que les manifestants s'installent dans le parc pour un petit pique-nique, la meneuse et le Capitaine, secondés par Tintin débattent du problème et finissent par se mettre d'accord.
Le Capitaine essayera de se désintoxiquer de ses insultes colorées et folkloriques pour se contenter de plus classiques "Barbe, flûte, crotte, éventuellement de Tonnerre de Brest et de sabords". Il aura le droit de se lâcher une fois par semaine.

Un peu déconfit mais n'ayant guère envie de continuer à s'insulter lui-même le Capitaine Haddock baisse pavillon et accepte le marché.
Et dans un tourbillon coloré les manifestants satisfaits disparaissent.

Pardon ?
Qui était la meneuse ?
Comment vous n'avez pas deviné ?
Qui aime les mots, qui aime donner des conseils et fourrer son nez partout ?
Qui ? Qui !

Sinon Mémé Célestine.

31 janvier 2009

voeux (Martine27)

"vous envoie mes voeux sincères mon minou. caresses."

"miaou, meow, miooouuuu, miiaouu, mrrrr"

24 janvier 2009

LA RENCONTRE (Martine27)

C'était un beau jour de 1933, bon d'accord quelque part en Europe commençait à s'agiter un vilain petit moustachu, mais n'empêche ce jour là il faisait bien beau.

Ce jour-là donc Mémé Célestine (NDLR qui n'est pas encore une mémé) doit livrer un superbe bibi à une bourgeoise du coin.

Voilà donc notre Célestine qui trotte en ce beau 22 juin de part la ville, respirant à plein poumons, se trouvant très heureuse de vivre et espérant rencontrer un jour, bientôt, l'homme de sa vie.

Allez savoir ce qui lui a pris d'emprunter cette ruelle mal famée, probablement que le nez au vent, des rêves plein la tête, elle n'a pas vu qu'elle se trompait d'itinéraire. (NDLR, oui jusqu'à présent vous avez toujours connu Mémé Célestine avec la tête solidement fixée aux épaules, mais voilà elle a été jeune et follette elle aussi).

Bref, la voilà qui tombe sur un apache dépenaillé qui la menace d'un couteau bien effilé.

Bip, bip, bip, chers lecteurs nous allons laisser quelques instants Mémé Célestine (qui n'est pas etc, etc) aux prises avec son agresseur pour vous permettre de lire notre petit encart publicitaire sur un excellent vin islandais.

Le vin Eric le Rouge est un délice, une cuisse ferme, très ferme, un bouquet boisé avec une petite touche de tourbe bienvenue, et s'il en reste un petit fond dans votre verre vous pourrez sans risque le jeter dans votre évier il débouchera en plus vos tuyauteries.

Bip, bip, bip, nous vous remercions chers lecteurs de votre complaisance, même si elle fut un peu forcée. Vous êtes donc autorisés à reprendre la lecture des aventures de Mémé Célestine (qui n'est, etc, etc).

Elle se sent bien niquedouille notre Célestine. La voilà donc qui braille au secours, tout en se mettant en position de combat, parce que faible femme d'accord, mais pas prête quand même à se laisser dépouiller sans réagir, non mais on est une Mémé Célestine en puissance ou on ne l'est pas.

Et voilà que tel Zorro (NDLR encore qu'à l'époque je ne crois pas que Zorro, renard rusé qu fait sa loi, existait déjà mais bon vous n'allez pas pinailler merci) Pépé Athanase (NDLR qui n'est pas encore un pépé) débarque, logique pour un marin en goguette, et vole au secours de notre damoiselle en détresse.

Dans un joli mouvement de métronome il balance un méchant coup de son havresac dans la vilaine bobine du malfrat (NDLR eh oui si la future Mémé Célestine était encore un peu tête en l'air à l'époque, le futur Pépé Athanase était lui un grand costaud)  lequel se débine sans demander son reste, le nez en capilotade, ce n'est pas encore un caïd celui-là.

Et, voici nos deux futurs aïeuls face à face.

Bip, bip, bip, chers lecteurs avant de voir ce qu'il va advenir de nos futurs Pépé et Mémé (bien que vous en ayez déjà une petite idée), nous vous invitons fermement à lire cette page de publicité concernant les crackers Eric le Rouge qui accompagneront avec bonheur le vin Eric le Rouge. Ils craqueront sous vos dents (voire même ils pourront les faire craquer, ce qui vous permettra d'aller voir votre dentiste, visite que vous repoussez de manière très imprudente) et mélangés à ce délicieux vin vous permettront de rester une bonne semaine sans rien avoir besoin de manger. Un plus pour ceux qui sont au régime. En prime avec les miettes et un peu d'eau vous obtiendrez un excellent ciment pour colmater les fissures.

Bip, bip, bip, nous vous remercions à nouveau chers lecteurs de votre patience et vous invitons à finir l'histoire de la rencontre de Mémé Célestine (qui etc, etc) et de Pépé Athanase (qui etc, etc).

C'est qu'il a de l'allure de grand flandrin avec son béret, dont Célestine pas bégueule se dépêche de toucher le pompon. "Pour me porter chance" lui envoie-t-elle avec un sourire à faire damner les saints, ce que n'est pas ce brave Athanase qui s'enflamme derechef.

Et donc les yeux presque sortis de leurs orbites, il ne peut s'empêcher d'admirer (NDLR attention ici je me permets d'intercaler, non pas une page de pub faut pas exagérer quand même, mais quelques mots d'une haute teneur intellectuelle et poétique) cette Vénus callipyge qui telle une statue chryséléphantine toute d'or et d'ivoire braque sur lui deux yeux céruléens et rieurs (NDLR bon ici soyons sincères, je pense plutôt que notre Pépé a du penser qu'elle était bien gironde la minotte plantée devant lui).

Galant, après avoir ramassé son paquetage, il lui tend le bras et la raccompagne.

Le lendemain, il l'attend à la sortie de son travail, et lui tend avec force salamalecs, rougissements et balbutiements divers, un petit paquet disparaissant sous les bolducs (NDLR Mémé Célestine s'est refusée à nous dire ce que contenait ce paquet, elle a ajouté péremptoire –très Mémé Célestine quoi- qu'il s'agissait de son jardin secret et que , bien que nous soyons la plume qui lui donne vie nous étions quand même priés de ne pas piétiner avec nos gros sabots, et toc).

Bref, pas de doute, entre eux deux pas d'entourloupes, Cupidon est passé par-là.

 

10 janvier 2009

LES PETITS TRUCS DE MEME CELESTINE (Martine27)


Depuis que Mémé Célestine a donné à Val d'excellents trucs pour mener son mariage à bien, toutes les arrières petites filles et nièces de Mémé Célestine viennent régulièrement lui rendre visite pour lui exposer leurs problèmes sentimentaux et obtenir d'elle de précieux conseils.

Pendant que ces dames papotent autour d'une table de goûter bien garnie, Pépé Athanase mâchouille sa pipe (toujours éteinte) d'un air rêveur, un demi-sourire au coin des lèvres. Il faut dire que tous ces "trucs", il en a fait les frais dans son jeune temps et d'ailleurs il continue régulièrement à y avoir droit. Elle est terrible sa Célestine.

Donc, régulièrement chaque samedi après-midi, Mémé Célestine relève les défis fournis par sa descendance.

"Ma poulette le tien est un timide, il regarde ses pieds, pour qu'il relève le nez sur toi laisse tomber un mouchoir devant lui. Comment les mouchoirs ça n'existent plus vraiment, eh bien pas grave, un foulard, ou tiens votre truc à vous, ton portable. Tu verras il se forcera à le ramasser et à te le ramener, à toi ensuite de lui envoyer un sourire à le faire fondre". Et Pépé Athanase de voir tomber les mouchoirs tels des feuilles d'automne.

"Pour toi ma cocotte, ça va demander un peu plus de sacrifices, il aime le foot ton zigoto. Pas 36 solutions, il va falloir que tu fasses semblant de t'y intéresser le temps de le ferrer, tu n'as plus qu'à apprendre le nom des grands frimeurs, euh je veux dire des grands joueurs. Aïe, en plus il joue, alors là tu vas devoir assister à quelques matches. Après, tout doucement, commence à lui faire remarquer qu'il serait bien qu'il s'intéresse à tes activités, une petite réflexion par-ci, un œil humide par-là.. Et je peux te dire qu'avec le tir à l'arc rien que pour le plaisir d'admirer ta silhouette quand tu tires, il va craquer et que le foot il ira un peu moins souvent, sinon, il ne te restes plus qu'à saboter ses crampons pour qu'il s'esquinte un petit quelque chose en courant, bon, mais tu n'es pas encore mûre pour une solution extrême comme ça, je comprends bien, c'est plutôt réservé aux épouses excédées". Et Pépé Athanase se souvient d'une divine Mémé Célestine en costume de bain à grande jupette.

"Et toi ma biche ? Un gourmand. T'en fais pas je vais te préparer un ou deux gâteaux que tu pourras amener au bureau, tu verras si ton chef de service résiste longtemps. Ceci dit après, ce sera à toi de t'y mettre". Et Pépé Athanase de saliver rien qu'à l'idée du prochain repas.

"Le tien ma caille, un intellectuel. Suis le mine de rien à la bibliothèque et relève les titres qu'il prend, après facile tu n'as plus qu'à les lire et glisser une ou deux phrases sur le sujet en douceur, lors d'une conversation anodine, tu es une maligne, ça ne va pas poser de problème". Et Pépé Athanase se souvient de certaines soirées avec des amis où Mémé Célestine lui ôtait les mots de la bouche, laissant celle-ci béante d'admiration.

Bref, dans cette charmante volière du samedi chacune y trouve son compte. Seulement voilà, elles ont oublié la petite Sophie nichée près de Pépé Athanase et qui n'en perd pas une miette.

Et voilà qu'un mercredi, la petite Sophie débarque en larmes chez ses arrières grands parents.

"Ca marche pas, ça marche pas" braille-t-elle.

"Qu'est qui ne marche pas ma douceur" interroge Mémé Célestine.

"Tes trucs pour piéger les garçons"

"Pas piéger les garçons ma tourterelle, juste pour les amener à regarder les filles autrement"

"Ouais, bon si tu veux, mais avec moi ça marche pas"

"Vas-y ma colombe, raconte"

Sophie s'installe sur les genoux de Pépé Athanase, une part de gâteau dans une main, son doudou dans l'autre.

"Eh ben à l'école je voudrais bien que Damien, il soit mon amoureux alors j'ai fait ce que tu as dit aux autres. Je me suis bien mouchée dans mes kleenex et je les ai fait tomber devant lui, il les a pas ramassés et la maîtresse elle m'a punie. En sport, il fait de la patinette et ben, il y a pas de champions de patinette et puis maman elle veut pas m'en acheter une, et moi quand je me suis fabriqué un arc avec une branche et une ficelle et ben il a cassé et la maîtresse elle m'a encore punie parce qu'en cassant la branche elle a aussi cassé le carreau. J'ai ramené un des gâteaux de maman, mais il est allergique à je sais pas quoi et il a eu la figure pleine de boutons, la maîtresse elle a encore râlé. Et pis, les livres c'est nul parce qu'on sait pas encore lire ni l'un, ni l'autre et que les albums de contes de fées il s'en moque. C'est rien que des bêtises tes conseils". Sophie avale un grand coup d'air pour reprendre son souffle et regarde son arrière grand mère avec des grands yeux plein de reproche.

Celle-ci, durant tout le récit est restée le nez plongé dans une couture qui paraissait compliquée, tandis que Pépé Athanase proche de l'explosion mâchait avec ardeur le tuyau de sa pipe.

Tout le monde ayant repris son souffle, Mémé Célestine s'adresse à Sophie.

"Ma puce, tu sais les conseils que j'ai donné c'est surtout pour les grandes filles, pas pour les jeunes demoiselles comme toi qui sont encore au CP. Qu'est ce qu'il aime ton Damien ?"

Reniflant une dernière fois Sophie se lance "Ben, il aime les animaux, et puis le dessin, et puis les chewing-gum, et puis je sais pas"

"Et bien voilà mon canard, tu vas lui faire un beau dessin avec plein d'animaux et puis je vais te donner un tout petit peu d'argent pour lui acheter un beau paquet de sem-sem gums * tu lui offres tout ça avec un joli sourire comme tu sais si bien les faire et tout va aller comme sur des roulettes".

Rassénée par l'air d'autorité que dégage Mémé Célestine, Sophie pousse un grand soupir, fini d'avaler son gâteau et demande papier et crayons pour s'attaquer au chef d'œuvre qui lui ouvrira le cœur de Damien.

Mémé Célestine et Pépé Athanase échangent au-dessus de sa tête, un sourire plein de tendresse et de connivence, pas de doute la génération montante promet beaucoup.

(* NDLR : mon arrière grand mère à moi me donnait, quand j'allais la voir, de l'argent pour aller à l'épicerie du coin m'acheter des sem-sem gums, le mot chewing-gum n'était pas entré dans son vocabulaire)

3 janvier 2009

Un mini portrait chinois (Martine27)

Si j'étais une couleur, drôlement dur à deviner, s'pas (cette fixation doit être due à mes 11 premières années de vie passées dans une caserne de pompiers à Paris)

montagerouge
    
Si j'étais un animal, attention, accrochez-vous à vos claviers

martithalis
    
Ne voulant pas vous causer une attaque vous pouvez aussi préférer mon avatar de blog

    
    
Si j'étais un objet, hyper simple

    

    


Bon que vous dire d'autre ? J'aime donc les chats (plus de 300 à la maison), les livres, l'écriture (de plus en plus et en me demandant parfois qui prend le clavier à ma place), me promener avec mon APN dans mon sac, nager, faire du modelage, voyager sur internet.

     J'attends avec impatience la retraite pour avoir enfin le temps de faire tout ce que j'ai envie (ça se rapproche, pas vite, mais ça se rapproche)
     J'ai la chance de travailler avec les livres, je les soigne quand ils sont malades et comme j'aime partager mon savoir-faire je suis aussi formatrice auprès des bibliothécaires qui veulent faire la même chose (bon ça c'est la partie marrante de mon boulot, pour le reste je fais avec) et un jour peut-être je devrais reprendre mon travail de documentaliste, mais bon dans l'administration il faut laisser les choses aller leur rythme.
     Et maintenant pour me fixer sur la carte de France en ce qui me concerne, sachez que je suis Saint Mandéenne de naissance, Ch'ti et ardennaise de souche, que je fus ivryenne, bellifontaine (à mon corps défendant), clamartoise, balgencienne de coeur, ébroicienne avant de devenir un temps glisolloise pour redevenir ébroicienne et m'établir pour le moment en tant que Sébamorsentine.

    

Ne voulant pas que Janeczka fasse une dépression à chercher où placer sa petite épingle elle peut la piquer sur la capitale Euroise (oh eh c'est facile là).

    
27 décembre 2008

Une minute avant le Nouvel An (Martine27)

Le Maître du Temps est drôlement embêté.

Il voit bien qu'il y a un problème dans sa horloge à eau, il manque une goutte, une toute petite goutte.

Or cette toute petite goutte représente la minute avant le début de la nouvelle année.

Bon vous me direz une horloge à eau, ça fait un peu vieillot.

Certes, mais le Maître du Temps y est attaché. Ca fait des milliers d'années qu'il s'en sert et les inventions nouvelles comme les horloges atomiques et autres ne lui plaisent pas. Et puis, il faut le reconnaître elle a de l'allure cette horloge à eau.

Seulement voilà, il y a une toute petite brèche tout en haut et lorsque l'eau prévue pour l'année qui finit de s'écouler y a déversée, la petite goutte de la dernière minute en a profité pour prendre le large.

Et le voilà donc à une minute de la nouvelle année dans les premiers pays à changer d'année avec des gugusses qui restent coincés sur "plus qu'une minute, plus qu'une minute, plus…." Bref c'est agaçant.

Ailleurs, d'autres n'arrêtent pas de lever une jambe pour la poser hors du lit, ailleurs encore une bombe est sur le point d'éclater encore quelques instants à vivre pour les innocents de l'autre côté, ici un enfant cherche à naître tandis qu'un vieillard aspire au repos, là la voiture n'a pas encore embouti l'arbre, là les lèvres de la mère restent à quelques millimètres de la joue de son enfant. Bref le monde est bloqué à cause d'une toute petite goutte.

Où est-elle donc passée ?

Ah, la voilà qui zigzague tous azimuts cette petite friponne.

Au début de cette année elle a bien vu qu'elle pouvait passer une année à se promener, plutôt que de rester enfermée avec ses sœurs dans ce bidule bizarre, alors elle en a profité.

Elle s'est étirée, et plop elle s'est évadée du château du Temps.

Et depuis elle se balade dans le monde.

Elle en a vu des choses, des belles, des moches. Elle s'est amusée avec ses frères et sœurs de l'extérieur, pluie, neige, grêle. Elle s'est baignée avec ceux des rivières et des mers, même si parfois (enfin même souvent) ils n'étaient pas vraiment propres. Elle s'est attardée sur les fleurs avec ses cousines rosée. Elle s'est mêlée aux pleurs d'un enfant battu. Elle a glissé quelques instants sur les lèvres du soldat mourant pour le soulager. Elle a joué à créer des arcs-en-ciel. Bref, elle a profité des beautés et des horreurs du monde.

Maintenant, il est temps pour elle de rentrer à la maison. Elle sait que le Maître du Temps l'attend avec impatience pour que l'ancienne année s'achève et que la nouvelle commence. Elle est d'ailleurs un peu en retard, mais si peu. Une chose est sûre, pourvu que la petite brèche ne soit pas rebouchée pour qu'une petite minute de temps puisse être libre l'année prochaine de parcourir le monde à son tour.

Voilà le château du temps est là, elle se glisse dans la horloge à eau et dégringole jusqu'au fond, son rôle est rempli et elle emporte pleins de souvenirs à raconter là où elle va.

"Zéro, 2009 bravo"

"Allez au boulot il faut tout préparer pour ce soir"

"Déflagration… le sang gicle, la mort s'invite"

"Ouinnnnnn, bravo Madame voilà un beau petit garçon et attention voilà votre petite fille qui s'annonce"

"Adieu à tous, j'ai bien vécu"

"Bon sang quel choc ! Heureusement que j'étais attaché"

"Oui mon amour, un gros bisou, viens vite"

Bonne année à tous.

Clepsydre

20 décembre 2008

MERE NOELLE A LA RESCOUSSE (Martine27)

La Mère Noëlle fulmine (oui Mère Noëlle j'ai bien le droit de féminiser le nom me semble-t-il).

Où peut bien être passé son zigoto de mari.

En paréo, elle sort de la paillote pour le chercher.

(Pardon ? Ah vous, vous interrogez, la Mère Noëlle en paréo, dans une paillote, depuis quand fait-il si chaud au Pôle Nord. Non en fait, les Noël se sont délocalisés, ils en avaient marre de la neige et du froid, ils ont donc acheté une île des Mers du Sud. Bon au début, les lutins ont un peu récriminé, faisait trop chaud, les ours polaires allaient s'ennuyer d'eux, etc, etc… Mais depuis un an qu'ils sont arrivés tout va pour le mieux.)

A part, à part qu'il est 18 h 30 et que le Père Noël manque à l'appel alors qu'il est censé partir au boulot dans quelques heures.

Confiant le chargement des derniers paquets aux lutins, Mère Noëlle s'enroule plus étroitement dans son paréo et part à la recherche du déserteur. Sa disparition est d'autant plus étonnante que son costume a également disparu, or, il ne le met qu'au dernier moment.

Mère Noëlle file vers la plage où Père Noël aime à se délasser.

Et là sur le sable humide, elle découvre des traces de bottes, des bottes grande taille, celles de son époux pas de doute là dessus.

Seulement voilà ce qui est inquiétant c'est que ces traces se dirigent droit vers la mer, pas normal, pas normal du tout !!!

Mère Noëlle repart vers sa paillote et troque le paréo contre une tenue de plongée et la voilà qui s'en va barboter dans l'eau bleue.

Très curieusement et pas du tout naturellement, les traces de bottes continuent sous l'eau.

Notre courageuse Mère Noëlle les suit.

Bientôt les traces plongent plus profondément et la lumière diminue un peu.

Mère Noëlle s'interroge de plus en plus. Que peut-il bien se passer ? Pourquoi le Père Noël marche-t-il ainsi au fond de l'eau et sans que cela lui pose le moindre problème de respiration semble-t-il bien.

Après quelques minutes de nage intensive, Mère Noëlle arrive devant un grand rocher devant lequel les traces s'arrêtent, le Père Noël aurait-il été absorbé par ce roc ?

Mère Noëlle tapote dans tous les coins, rien. Alors furieuse (oui pour tout vous dire Mère Noëlle est un peu soupe au lait) elle saisit un caillou qui passait bêtement à proximité et se met à taper comme une dingue contre le mur de pierre qui la sépare de son cher et tendre.

Ce déchaînement de furie porte ses fruits car brusquement une porte s'ouvre.

Mère Noëlle pénètre dans la grotte qui vient de s'ouvrir et là, stupéfaction !

Devant elle se dresse un superbe palais sous-marin (bon histoire de faire court et de faire travailler votre imagination, je vous laisse vous faire votre propre image du-dit palais) autour duquel nagent poissons (normal), dauphins (normal), tritons et sirènes (beaucoup plus bizarre encore que Mère Noëlle vivant au milieu de lutins ne devrait s'étonner de rien).

L'une de ses jeunes péronnelles s'approche de Mère Noëlle et lui fait signe de la suivre. A la voir onduler devant elle, Mère Noëlle se retient de lui envoyer un bon coup de palme dans le croupion, si elle a osé faire ça devant Père Noël elle va la faire cuire au court-bouillon (on peut être Mère Noëlle et être jalouse non mais).

L'une suivant l'autre, elles pénètrent dans le superbe palais sous-marin (voir parenthèse ci-dessus mais pour l'intérieur cette fois-ci).

Elles arrivent dans la grande salle du trône où siègent le Roi et la Reine de la Mer et à côté d'eux, dans un état second se tient Père Noël.

Le sang de Mère Noëlle ne fait qu'un tour, et le couteau à poisson entre les dents (au figuré bien sûr), elle attaque.

"Qu'avez-vous fait à mon mari ? Pourquoi est-il là ? Vous vous rendez compte que vous êtes en train de saboter Noël ?". (Oui elle a enlevé le détendeur de sa bouteille d'oxygène et elle peut respirer sous l'eau c'est comme ça, ne cherchez pas à comprendre, c'est un conte de Noël oui ou non ?)

Le Roi lève une main pacificatrice "Une question à la fois, Chère Madame. Votre mari a juste un petit peu de mal à se remettre du chant de nos sirènes qui est, vous le savez, très persuasif mais parfois un peu hypnotisant. Ensuite s'il est là c'est parce que nos enfants le réclament. Parce que permettez moi de vous le dire, mais depuis qu'il fait sa tournée, pas une fois, mais pas une seule fois, il ne s'est préoccupé de nos petits bigorneaux d'amour. Donc pour une fois, sa tournée il la fera sous l'eau et par sur terre"

"Mais c'est hors de question, les enfants humains l'attendent avec impatience"

"Et nos crevettes à nous vous croyez qu'ils ne méritent pas de cadeaux ?"

"Si certainement, mais vous n'avez qu'à désigner un Triton de Noël et qu'on en parle plus, chacun son élément"

"Eh bien, justement Chère Madame (le roi est très poli, logique, c'est un roi) votre époux ne parait pas du tout dans son élément parmi nous. Vous en revanche, passez mon l'expression, vous semblez comme un poisson dans l'eau".

Et effectivement Mère Noëlle se comporte au fond de l'eau comme si elle était en plein air. Elle voit avec inquiétude un fin sourire entendu se dessiner sur les lèvres du Roi.

"Mais la voilà la solution, je suis sûre qu'elle vous agréera très Chère Madame".

Et nous voilà arrivé à 11 h 55.

Le Père Noël fin prêt, tout beau dans son costume, tient fermement en main les rênes de ses rennes (désolée je n'y suis pour rien si ces mots se prononcent pareil). Il s'est parfaitement remis de son incursion sous-marine et debout dans son traîneau il s'apprête à démarrer sa tournée.

La Mère Noëlle fin prête, toute belle dans son costume de sirène, tient fermement les rênes de ses hippocampes géants (dont l'un a un museau un peu rouge). Elle s'est parfaitement mise d'accord avec le Roi et la Reine des mers, et debout dans sa conque marine, elle s'apprête à démarrer sa première tournée de distribution de cadeaux sous les mers.

 

6 décembre 2008

Règlement des comptes au paradis (Martine27)

REGLEMENT DES COMPTES AU PARADIS

Il se sent bien fatigué ce matin Saint Matthieu (NDLR : Pour bien comprendre la suite de l'histoire et pour les ignorants en hagiographie, sachez que Saint Matthieu est le saint patron des comptables, des banquiers et des changeurs). Il faut dire q'uil vient de consulter le planning et il a un sacré boulot qui l'attend aujourd'hui.

Il entasse sur son diable (NDLR : Je n'y suis pour rien si ça s'appelle comme ça) les dossiers du jour et se dirige en soupirant vers son bureau.

Il s'installe au milieu de son capharnaüm (NDLR : C'est au poste de douane de Capharnaüm que Matthieu exerçait son boulot et c'est là que Jésus l'a recruté. Et si ce mot désigne aussi un gros bazar c'est qu'il doit y avoir une raison), il allume son ordinateur, se branche sur sa session et appuie sur le bouton d'appel des clients.

Le panneau d'affichage de la salle d'attente indique "n° 53 bureau SM" (NDLR : Non pas pour sado-maso, mais pour Saint Matthieu faut tout vous expliquer).

Arrive une pétillante vieille dame, elle présente ses papiers et décroche à Saint Matthieu un sourire radieux bien qu'édenté.

"Alors voyons : un mari mort à la guerre, a élevé seule ses 4 enfants, n'a jamais baissé les bras, à la retraite a fait du bénévolat. Bon, quelques petits larcins dans les magasins pour nourrir ses enfants, on ne va pas chicaner pour ça. Allez sur 100 je vous donne 90, voilà votre ticket pour l'entrée au Paradis, suivez les flèches dorées marquées au sol".

Remerciements émus de la première cliente.

Ensuite trois cas pas au top, de la lâcheté, de l'égoïsme, tout ça ce sont des points en moins et avec seulement 50 points un petit stage au purgatoire ne sera pas superflu.

"n° 1007" (NDLR : Eh oui, déjà faut pas croire ça dépote là-haut, même s'ils ont l'éternité devant eux).

Arrive un homme un peu rondouillard et une bonne bouille, il présente ses papiers.

Saint Matthieu épluche "Eh dites, il manque la fiche de l'année 1942, pas normal ça !"

Le monsieur pâlit un peu.

"Bon je contrôle sur ma base de données. Oh, oh, 1942 rafle du Vel d'hiv. Dites, non seulement vous avez raflé, mais vous avez drôlement fouillé pour que personne ne vous échappe. Désolé mais là vous perdez 80 points d'un coup".

"Mais" balbutie le monsieur "j'ai fait un bon mariage, j'ai bien éduqué mes enfants".

"Exact c'est par ça qu'il vous reste 20 points, mais les objets volés aux juifs et les enfants envoyés au massacre, ça se paye".

"Pourtant je n'ai pas été le seul à les emballer, et puis c'était les ordres, et j'ai vu que vous aviez laissé passer un collègue".

"Oui, mais lui il s'est arrangé pour laisser filer des enfants, ça lui a valu des points en plus. Désolé en ce qui vous concerne c'est le ticket direct pour les pays chauds".

Saint Matthieu appuie sur un bouton et une trappe s'ouvre sous les pieds du bonhomme.

"Chaud devant" rigole Saint Matthieu "amusez-vous bien avec celui-là".

"Merci Matt" lui répond-on.

Débarque ensuite une femme adultère qui n'en mène pas large.

"Je sais, je sais, je n'aurais pas du tromper mon mari".

"Bof, il vous délaissait et puis vos amants vous les choisissiez par amour. Vous savez ça, Jésus il apprécie et n'oubliez pas que Marie Madeleine est une bonne copine. Pour le reste on dira passable 60 points ça passe juste".

"Et mon mari ?" s'inquiète la dame "il a eu des maîtresses aussi, il est passé alors ?"

"Ah lui, non direct au sous-sol".

"Mais pourquoi ? Il a fait comme moi".

"Si on veut, mais lui pas d'amour là-dedans et des pratiques franchement ignobles notamment avec des enfants, alors ça n'a pas fait un pli, il est parti bronzer et comme en plus il vous maltraitait, ça lui a fait un paquet de points en moins".

Ensuite une petite pause autour de la machine à café où les Saintes et les Saints échangent potins et souvenirs.

"La tête à Torquemada quant on l'a envoyé se faire rôtir, trop drôle".

"Et Simon de Monfort quant il a croisé en descendant les Cathares qui montaient à mourir de rire".

Ils taillent aussi des bavettes avec les confrères des autres religions.

"Vous devez avoir du boulot avec tous ces attentats !"

"M'en parlez pas, ces sacrés fanatiques croient se retrouver nez à nez, enfin je me comprends, avec des houris et zou direct avec vos dingues à vous à la trappe. Et vous avec la crise financière pas trop de banquiers ?"

"Tu parles, on est plus en 1929, ils filent avec des parachutes dorés plutôt qu'avec une balle dans la tête, mais on les attend au virage".

Et la journée reprend.

Saint Matthieu voit passer un douanier. Bon, il n'est pas blanc-bleu, limite des 49, mais comme c'est un collègue il lui accorde un point de plus assorti quand même d'un long passage au purgatoire, on a ses faiblesses mais faut quand même pas exagérer.

Il accueille ensuite un jeune homme décédé suite à une longue maladie qui râle qu'il n'a pas fait tout ce qu'il voulait sur terre.

"Vous savez vous pouvez aller directement là-haut. Vous prenez un risque en redescendant".

Mais non, le jeune homme est prêt à tenter le coup.

Saint Matthieu l'adresse donc au chef de service Saint Pierre qui est seul habilité à traiter les cas complexes de réincarnation.

Et voilà des prêtres.

Celui-là a passé sa vie à se reprocher ses fantasmes vis-à-vis de ses belles paroissiennes, à s'infliger pénitence sur pénitence et à se venger sur ses ouailles en oubliant la simple charité. 25 malheureux points pour ses jeunes années et ouverture de la trappe.

Celui-ci en revanche, bien qu'ayant vécu dans le "péché" avec une femme a fait rayonner la joie et le bonheur autour de lui, 98 points et direct chez Saint Pierre pour des félicitations.

Le gros spéculateur mort sur un matelas de billet en laissant derrière lui malheur et désolation essaye bien d'acheter notre Saint Matthieu, mais inflexible il lui attribue zéro et direction le barbecue.

Cette femme malheureuse qui avoue avoir euthanasié son enfant qui souffrait, est consolée et envoyée par l'ascenseur express rejoindre celui qui lui a tant manqué.

La journée se termine enfin. Les chiffres de toutes ces vies qu'il a vu défiler jouent la sarabande dans la tête de Saint Matthieu.

"Mais quand comprendront-ils qu'un peu d'amour fait gagner un maximum de points et qu'on s'en fiche de presque tout le reste" se dit-il désabusé. Il baille, éteint son ordinateur et s'en va goûter un repos bien mérité dans son NLH (NDLR : Nuage à Loyer Modéré, mais vous aviez deviné), mais peut-être avant une petite sortie avec les collègues pour se boire un petit coup d'hydromel au bar du coin.

29 novembre 2008

RECLAMATION (Martine27)

A l'attention de Monsieur le Maire de Pedzouille les Bains

De la part de Madame la Baronne Cunégonde de Haute-Volaille - Neuilly

 

Cher Monsieur le Maire,

Mon époux le Baron et moi-même avions choisi votre si Charmante et si Pittoresque bourgade balnéaire pour nous ressourcer et nous reposer de notre Trépidante vie parisienne.

Nous avions, pour se faire, loué une Adorable petite bicoque de 100 m2 sise sur une île à l'écart des plages surpeuplées par le petit peuple et accessible uniquement par barque.

Nous pensions donc, en dépit du coût modeste de cette location (10.000 € la semaine) pouvoir bénéficier d'un minimum de quiétude qui nous eut permis, ainsi que je vous en entretenais plus haut, de nous aérer et de nous remettre de notre année consacrée aux conseils d'administration pour mon époux et aux bonnes œuvres et shopping pour votre servante.

Las !

Ce qui devait être une villégiature de rêve fut une catastrophe.

La chambre que nous avions choisie, pour reposer nos pauvres corps fourbus et nos âmes lasses, ne possédaient que de Modestes rideaux de soie qui n'occultaient point la lumière matutinale et nous obligeaient à nous lever à l'heure, vous en conviendrez aisément, Indécente de onze heures du matin.

Cet état de choses motive ma première plainte contre l'officine pharmaceutique de votre Charmant bourg.

Ayant oublié mon masque de repos, je fus horrifiée de constater que l'apothicaire de Pedzouille n'avait point en stock ce type d'article hautement Utile et Civilisé.

Bref !

Il me fallut bien faire contre mauvaise fortune bon cœur dans la mesure où la Civilisation n'était point arrivée à votre porte.

Non, ce qui motive ce courrier Indigné, voire Outré, vous me voyez fort Marrie d'employer des termes aussi Excessifs, c'est le sans-gêne Scandaleux de notre voisin le plus proche sis sur un escarpement rocheux en face de notre petit île.

Sachez Monsieur l'Edile que toutes les nuits ce Malfaisant, cet Ehonté, n'ayons pas peur des mots, s'amusait à faire clignoter une puissante lumière qui venait avec une régularité Horripilante éclairer notre chambre dépourvue, je vous le rappelle, de panneaux occultants.

De plus, étant des maîtres libéraux nous ne pouvions guère déloger nos domestiques des chambres que nous leur avions allouées et qui se trouvaient à l'opposé de ce Trublion.

Monsieur le Baron et moi-même pensâmes qu'il s'agissait d'un boite de nuit pour le vulgus pecum.

Nous cherchâmes donc à identifier ce Malappris !

Las à nouveau ! Nous nous heurtâmes à l'Incompréhension voire à l'Ignorance crasse et à l'Insolence de l'indigène tenant la poste, une certaine Madame Suzanne, ainsi qu'à ceux de votre propre secrétaire de mairie, vous me voyez profondément Navrée de devoir vous en réferer.

Je ne compris pas non plus pourquoi ces deux écervelées osèrent me rire au nez, oui Monsieur le Maire, me rire au nez !

Voilà Monsieur le Maire, j'espère de tout cœur que vous pourrez faire cesser cette nuisance qui troubla notre repos bien mérité et que vous sermonnerez d'importance l'employée territoriale sous votre responsabilité et la Dame de la poste par la même occasion pour leur manque de Courtoisie et d'Efficacité.

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes très sincères et très distingués sentiments.


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De Monsieur le Maire de Pedzouille les Bains

A Madame la Baronne Cunégonde de Haute-Volaille - Neuilly

 

Chère Baronne,

J'ai lu avec Intérêt votre Missive de Réclamations qui a retenu Toute mon Attention.

Je ne puis, malheureusement, lui donner suite.

L'édifice qui vous causa tant d'Inconfort est le phare de la commune et ne peut être éteint, vous nous en voyez désolé.

Si vous revenez parmi nous lors d'une prochaine Villégiature, je me ferai une Joie de vous offrir, sur mes deniers Personnels, le masque de repos qui vous manqua tant.

Je vous prie de bien vouloir agréer, Madame la Baronne, l'expression de mes sentiments Respectueux et Républicains.

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Le défi du samedi
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