24 janvier 2009

Le signe du cormoran (Mariev)

Très tôt chaque matin elle fuit vers la belle eau,
Elle court à perdre haleine pour jouir du sable blanc,
Bondit dans le crachin fin, vif et gai des flots,
Boit le sel de sa peine et sort en défaillant.
Ce matin, elle a ouï le cri d'un cormoran.
Quand elle voit l'oiseau, il est déjà trop tard,
La fiente a chu sans bruit et git bien mollement
Sur son nez qu'elle a gros; voyez le traquenard !
Pas le temps de dire « ouf », surgit un beau gaillard,
Le cheveu dru et gris, la jambe souple et forte.
« Est-ce donc de la schnouffe? » s'enquiert-il goguenard.
« Oh, c'est drôle, je ris ... », elle voudrait être morte.
Un fou rire plus tard, sa main sur son poignet.
« Enchanté, moi c'est Paul! », « Et moi c'est Virginie ».
« Tiens, comme c'est bizarre ... » « … ah bon, vous y croyez ? »
Et sa main sur l'épaule … elle est toute étourdie.
A l'aube chaque jour, ils vont vers l'océan,
L'oeil vif et plein d'amour nourrir l'oiseau farceur.
Ils rient de tout, de rien, même de leurs tourments,
Parce qu'ils savent bien à quoi tient leur bonheur.

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12 juillet 2008

BANCO ! (Mariev)


En 2018 les enfants courront-ils encore à travers bois, rieurs, effrayés, goguenards, s’assurer que le loup n’y est pas ?

En 2018, y aura-t’il encore au détour d’un chemin de ces recoins ombragés où des amoureux se tiennent la main ?

En 2018, le rêveur solitaire pourra-t’il s’inventer des histoires de vents traversant le temps pour rafraîchir ses pensées ?

En 2018, cet homme d’affaires et cette femme affairée, pressés, sauront-ils seulement s’asseoir dans ce parc, se parler, s’écouter ?

En 2018, l’herbe sera-t’elle toujours verte et l’ombre encore fraîche pour un déjeuner sur l’herbe en famille, poulet froid et tarte aux pêches ?

En 2018, qu’en sera-t’il de ces promeneurs britanniques traçant, d’un « bench » épitaphe à l’autre, des itinéraires oniriques ?

En 2018, les vieilles personnes voudront-elles se reposer, fourbues mais sereines, au bord des fleuves et mirer leur éternité ?

En 2018, les Hommes sauront-ils enfin accueillir leurs frères sur un « bangku », un « azika », un « zaseki » de bois ou de fer ?

J’ai utilisé le mot « banc » habillé à l’anglaise (bench), à la malaise (bangku), en arabe (azika ; probablement littéraire car mon ami marocain ne l’a pas reconnu) et en japonais (zaseki, sachant qu’il existe aussi le mot koshikake). Enfin, pour le titre, il s'agit à la fois de l'espagnol et du portugais.

J’ai trouvé certains de ces mots sur le Net, en espérant qu’ils soient tous valables !

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05 juillet 2008

Les P’tits Bonheurs (Mariev)

Je m’en vais faire un inventaire

De toutes ces choses qui m’donnent de l’air

J’vais vous montrer c’qui m’met en joie

Tous ces p’tits trucs qui m’donnent la foi

Y’a les p’tites boîtes tout en fer blanc

Que m’avait données ma mère grand

J’y ai mis dedans des bons fruits secs

Du chocolat et des bonbecs

Y’a c’vieux cahier dit « de brouillon »

Où j’fais courir tous mes crayons

J’dessine, j’gribouille, je mets en prose

Mes humeurs noires, ma vie en rose

Y’a c’grand piano qui coince ses notes

Y m’suit partout depuis petiote

L’est tout marqué de mes coups de pieds

J’m’amuse encore à l’chatouiller

Y’a ma valise en carton vert

Où c’est que j’range ma vie d’hier

Et puis y’a celle tout en plastique

Pleine d’belles images et d’mots magiques

V’nez écouter tous mes cd

M’ont tous toujours accompagnée

M’ont fait pleurer, m’ont fait sourire

M’ont fait danser, éviter l’pire

Et j’vous en prie, feuill’tez un livre

Mieux qu’un whisky m’ont rendue ivre

« Dune » et K.Dick, Garfield, Voltaire

Récits d’voyages et pi Colette

Le bigophone et l’répondeur

Sèment à toute heure des cris du cœur

Papa, Maman, les bons amis

Tout c’petit monde est bien en vie

Ah v’là les fraises du potager

Et des p’tits pois à écosser

C’est bien meilleur, disait Mamie

Celle au grand cœur, celle qu’est partie

En parlant d’ça, y faut qu’j’vous dise

Qu’en vrai je crois qu’il y a méprise

La vraie p’tite boîte, l’est dans ma tête

Mes p’tits bonheurs y font la fête

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