30 janvier 2021

Zut! (Marco Québec)


Perdre aux cartes
Perdre un pari
Perdre de l’argent
Perdre ses clés
Perdre son chemin
Perdre son temps
C’est zut

Perdre son chat
Perdre un ami
Perdre des appuis
Perdre son emploi
Perdre la face
C’est zut et rezut

Perdre un enfant
Perdre la mémoire
Perdre le fil de l’histoire
Perdre la santé
Perdre la dignité
C’est vraiment plus que zut

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23 janvier 2021

Le yo-yo (Marco Québec)



Y’a plus d’papier d’toilette
Sur aucune des tablettes
Le pharmacien a dit :
« C’est que la pandémie
Est entrée au pays »

Fermeture des écoles
Et puis réouverture
Les cours en présentiel
Ou bien en distanciel
On forme des bulles d’élèves
Puis ce sont des bulles classes
Avec couvre-visage
Non, masque de procédure

Ma mère télétravaille
Mon père nous fait la classe
Grand-mère n’a plus le droit
Qu’on aille la visiter
Nous avons annulé
Le voyage à Disney
C’est aux États-Unis
Le pire d’la pandémie
Mais paraît qu’la télé
Va bientôt diffuser
Les parties de hockey
C’est au moins ça d’gagné

Les restos sont fermés
Mais on peut commander
Et aller ramasser
Avant le couvre-feu
Mais il faut faire livrer
Dès qu’il est arrivé


Les commerces sont rouverts
Mais faut pas dépasser
Le nombre autorisé
D’clients au pied carré
Voilà que sont fermés
Commerces non essentiels
Il est possible d’acheter
Croustilles  et crème glacée
Mais la chemise carreautée
Il vaut mieux l’oublier

Nos bons gouvernements
Ont offert de l’argent
Pour aider les braves gens
Qui trouvent plus payant
D’encaisser le magot
Que d’aller au boulot

À Noël est permis
Que l’on soit réunis
Mais pas au Jour de l’An
Puis il y a un changement
Et tout est interdit
Restez à la maison
Faites-vous une raison
Il suffit de répéter
Que « Ça va bien aller »
Au yo-yo quotidien
Du gros lot covidien

 

En prime une vidéo produite par des humoristes du Québec.

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09 janvier 2021

Les catalogues (Marco Québec)

 

J’ai souvenir encore

Quand j’étais un gamin

Des catalogues des grands magasins

Eaton, maintenant disparue

Était à l’époque

La plus grande chaîne

De grands magasins au Canada

L’américaine Simpsons-Sears

A, pour sa part

Fermé tous ses magasins au pays

 

Le catalogue annuel

Avait un pouce et demi d’épaisseur

Celui de Noël

Devait faire trois quarts de pouce

C’était avant notre adoption tardive

Du système métrique

Qui a conduit nombre de personnes

Dont je suis

À ignorer encore aujourd’hui

Leur taille en mètre

Et leur poids en kilos

 

Que d’heures passées

À feuilleter ces pages

Remplies d’images

Dont les sections

Des sous-vêtements

Féminins et masculins

Ce qui m’aura révélé

Dès mon jeune âge

Que les hommes

Auraient ma préférence

 

Les catalogues m’ont servi d’imagier

Pour nommer meubles, vêtements

Et objets de toutes sortes

Ils ont été mon cahier d’exercice

Pour calculer le coût

De commandes simulées

Les catalogues de Noël brillaient

De toutes les déclinaisons de rouge

Et nous faisaient rêver

Ma grande sœur et moi

Aux cadeaux que nos parents

Allaient nous acheter

Ces pages, bien que très appréciées

Avaient cette propriété

D’éteindre toute croyance

En un quelconque Père Noël

 

Au fil des années

J’ai trouvé sous le sapin

Camion de pompier

Jeux de société

Garage avec élévateur

Pour mon plus grand bonheur

 

Je ne peux en dire autant

D’un équipement complet

De joueur de hockey

Cadeau d’un père à son fils

Qu’il souhaitait plus sportif

Si, au moins, il avait été

Aux couleurs des Canadiens de Montréal

Non ! Déception !

C’était celles des Bruins de Boston

 

Marco Québec

Janvier 2021

 

Note : J’ai emprunté la première ligne de mon texte au titre de la chanson « J’ai souvenir encore » du chanteur québécois Claude Dubois.

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19 janvier 2019

Léo (Marco Québec)

 

Léo était assis dans son lit et pleurait à chaudes larmes.

 

-  Pourquoi es-tu si triste?, lui demanda son ourson.

-  Parce que maman dit que je suis trop grand pour te garder. Elle veut que je t’emballe et te donne pour la collecte des jouets de Noël.

-  Ah! Il me semble que je t’ai entendu dire que tu étais d’accord avec ta maman.

-  C’est ce que j’ai dit, mais ce n’est pas la vérité. Tu es mon ourson depuis toujours. Tu as connu toutes mes petites maladies. Je t’ai confié mes secrets, mes joies, mes peurs.

-  Mais tout ce que tu m’as confié ne va pas disparaître. Tout cela est bien vivant en  moi et y demeurera pour toujours.

-  Oh! Tu veux dire que tu ne m’oublieras pas quand tu appartiendras à un autre enfant.

-  Bien sûr que non! Les oursons sont capables de beaucoup beaucoup d’amour. Et nous avons une mémoire encore plus grande que celle des éléphants.

-  Je t’aime mon ourson.

-  Moi aussi Léo.

 

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24 février 2018

Participation de Marco Québec

 

Texte inspiré par le tableau réalisé par Edward Hopper, intitulé Automat

 

image[2]

 

Le café

 

Je suis dans un café. Je pourrais quasiment dire mon café, tellement cet endroit est le mien. Il est pour moi un refuge, un cocon depuis je ne sais combien d’années maintenant. Je m’y sens bien. L’ambiance est feutrée et ce n’est jamais bondé de monde. La musique joue en sourdine des chansons françaises, les seules que j’apprécie vraiment. Malgré les grandes vitrines de la pièce, il n’y fait pas froid en ce soir de novembre. Les calorifères à eau chaude diffusent une chaleur confortable qui me fait du bien, autant qu’il m’est possible d’être bien ce soir. J’ai mis mon manteau vert avec la fausse fourrure au col et aux manches. Je le garde sur moi, comme pour me protéger. Un cocon dans un cocon, en quelque sorte. J’ai gardé mon chapeau, il masquera mes yeux si l’émotion devient trop intense. Je m’assois toujours à la même table, la table ronde près de la porte. Sa position par rapport à l’entrée du restaurant me protège de l’air frais extérieur qui s’engouffre lors de l’arrivée d’un client. 

La propriétaire et le personnel me reconnaissent toujours et me permettent de m’asseoir à cette grande table, même si je suis seule. Je crois d’ailleurs que je ne suis jamais allée à cet endroit avec une autre personne. C’est ma place à moi. Sans rien demander, la serveuse m’apporte un double espresso allongé, mais pas noyé, avec sucre, crème et lait. Elle me demande si je souhaite l’accompagner d’un dessert. Non pas ce soir, je n’ai vraiment pas d’appétit, lui dis-je. 

Je repense aux grandes décisions que j’ai prises dans ce lieu : ma rupture avec Louis, une relation qui n’allait nulle part; mon retour aux études qui allait me permettre de quitter un emploi que je détestais… Et la décision que je dois prendre maintenant : ablation ou non d’un sein.  Le médecin a parlé d’un cancer virulent, à un stade très avancé. À son avis, il vaut mieux procéder à l’ablation pour diminuer les risques d’une récidive. 

C’est tellement facile à dire. Il doit avoir plus de 60 ans. Sa vie est à un stade avancé, alors que moi, je n’ai que 25 ans et toute la vie devant moi. Les larmes me montent aux yeux et coulent sur mes joues. Est-ce que je peux encore dire que j’ai toute la vie devant moi? Je suis désemparée. Comment une telle chose est-elle possible? Je laisse les larmes trouver le chemin jusqu’à mon cou. Un frisson me traverse. 

Peu à peu la tristesse fait place à l’épuisement. Je me sens plus calme. Je fais signe à la serveuse de m’apporter l’addition. Je quitte le café, mon café, mon cocon.

 

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10 juin 2017

Yaka, yakapa (Marco Québec)

 

Yaka signer un papier
Et les frontières sont fermées
Pour ceux qui incarnent le danger

Yaka se retirer de l’Accord de Paris
Les changements climatiques, c’est une lubie
Qui ne concerne pas notre pays

Yaka bombarder les méchants
Et vlan dans les dents
De tous ces tyrans

Yaka répéter cent fois
Pour qu’au mensonge on prête foi

Yakapa baisser les bras
Devant un tel dégât

Yakapa lui laisser le plancher
À cet ego démesuré

Et surtout yakapa le réélire
Vivement la fin de ce délire

 

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04 février 2017

Dictionnaire du Goinfre (Marco Québec)


Galantine
Galette
Gambas
Gargantua
Gâteau
Gâteries
Gaufre
Gaufrette
Gaver
Gelée
Généreux
Génoise
Girolle
Glaces
Glouton
Gnocchi
Gober
Goret
Goulu
Gourmandise
Goûter
Graillon
Grassouillet
Grillade
Griotte
Guimauve

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14 janvier 2017

Derrière les murs (Marco Québec)

 

Derrière le mur
La censure
Et la dictature
Que le peuple endure

Derrière le mur
Des blessures
Des égratignures
Des coups durs

Derrière le mur
La pourriture
Des ordures
Pour nourriture

Derrière le mur
Les engelures
Et la morsure
De la froidure

Derrière le mur
La cassure
De ton armure
Belle imposture

Derrière le mur
La rupture
D’une aventure
Qui avait belle allure

Derrière le mur
Des écritures
Des ratures
Des relectures

Derrière le mur
Des mots purs
Que tu susurres
Comme un murmure

 

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31 décembre 2016

Les couronnements (Marco Québec)


On couronne
Un roi
Une impératrice
Un duc
Une baronne
Un prince
Un héritier
Un pape
Le Christ
Une jeune mariée
Un vainqueur
Un lauréat
 

Et pour couronner le tout
Un ouvrage
Une carrière
Des efforts
Et même une vie peuvent se voir couronnés
 

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17 décembre 2016

Participation de Marco Québec

Coup de théâtre

 

 

Il était arrivé un peu pompette
Et se produisit un incident
Un banal événement
Il manquait de cigarettes

Parti avec mon auto
Ses papiers sur le piano
Je fouillai pour vérifier
Si son permis il avait emporté

Puis voilà l’ennui
Je ne trouvai
Qu’un permis d’apprenti
Qui était expiré
Par-dessus le marché

Lorsque j’osai lui demander
S’il possédait le précieux papier
Ce fut la première levée du rideau
Et la belle affaire
Ce ne serait pas la dernière
Il me mena en bateau
« Tu es comme ma mère
Tu ne me fais pas confiance
Il vaudrait mieux que tu prennes tes affaires
Et qu’on oublie notre romance »

Le calme revint
Je rongeai mon frein

Quelques mois plus tard
Au volant de mon auto
Il fit une fausse manœuvre
Mais il n’y a pas de hasard
La police ayant vu l’œuvre
Intercepta le malheureux

Ce fut la seconde levée du rideau
Et il monta tout un bateau
Au policier soupçonneux
Fouillant énergiquement
Le dehors et le dedans
Le derrière et le devant
Afin de présenter
Le papier tant recherché
À l’officier impatienté

« Je fais une crise d’angoisse
Je ne peux continuer le voyage
Je prends le prochain bus qui passe
Avec tout mon bagage »

Le calme revint
Je rongeai mon frein

Au fil du temps
Au fil des ans
Il devint évident
Qu’il n’avait pas le dit papier
Mais un rapport à la vérité
Passablement étriqué

Jamais confiance trahie
Ne reprit vie
Ce qui eut finalement raison
De notre relation

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